Hush Hush [PV BaBe~]

Ace se demandait vraiment pourquoi il avait fait ce genre de pari stupide.

« Si tu perds, tu dois aller au château et nous ramener quelque chose qui nous prouve que tu y as été. ». Il avait été totalement berné par le fait que si c’était Krishna qui perdait, il devait courir nu pendant 5 minutes dans la ville. C’était trop beau pour être vrai. Sur le coup, Ace n’avait pas du tout réfléchis, et après tout, c’était un ace aux jeux de cartes, il n’avait rien à craindre, et dans 30 minutes, Krishna s’humilierait publiquement. Il n’avait pas prévu que Krishna s’était entrainé comme un malade et qu’il avait que des jeux GENIAUX. Honnêtement, si ça avait été son frère ou Kyle, il aurait tout de suite crié à la triche, mais là, c’était Krishna ! Krishna ne trichait pas ! Ace avait juste été incroyablement malchanceux sur le coup, et le pire, c’est que tout le monde se foutait de lui alors qu’il partait. Franchement, Ace aurait presque préféré courir dans la rue… Au moins, la rue, ce n’était pas vraiment dangereux, alors que le château… Rien que d’y penser, il en avait des frissons. Il est vrai qu’il aurait surement attrapé froid parce que bien que le temps se réchauffait très légèrement en vue du printemps, il faisait toujours un froid mordant à Hatès, et bien qu’il y soit bien habituer – il avait même passé des jours et des nuits entiers dehors en plein hiver-, il ne pouvait pas dire qu’il appréciait pleinement ce climat, et son corps ne le supportait pas aussi bien que le corps d’un démon, certainement. Alors oui, pour vous, certainement, il semblait moins catastrophique de se rendre au château d’Hatès bien habillé que de courir nu par moins de zéro degrés Celsius dans une rue remplie de personnes, mais pour Ace, c’était pratiquement la fin du monde. Il n’avait jamais vraiment apprécié ce grand château et le plus loin il s’en tenait, le mieux il se portait ! C’était une sorte de phobie, quelque chose d’insupportable pour lui, et ceci peut-être parce qu’il était à moitié-elfe et que l’on n’aimait pas vraiment les elfes, à Hatès, pour des raisons… Diverses et variés, disons. Mais bon, visiblement, comme on le lui disait, il ne ressemblait pas vraiment à un elfe, ses oreilles étant presque normales et n’ayant de vraiment distinct d’eux, il ressemblait presque en tout point à un grand humain. Quoi qu’il en soit, le château était quand même l’une de ses plus grandes hantises, et tous ses amis le savait par-fai-te-ment. Les petits bâtards. Il aurait dû savoir en voyant le grand sourire de Krishna que quelque chose clochait. La situation n’avait rien de normale à l’origine, et Ace se promit en voyant le château d’Hatès au loin qu’il ne parierait plus jamais RIEN aux cartes, et surtout pas avec Krishna. En revanche, il était temps d’imaginer un moyen de leur faire payer cet affront au grand Ace Whiterspoon, et c’était beaucoup plus amusant que de se demander comment il allait faire pour ramener quelque chose du château. Une herbe ne leur suffirait pas, les bâtards.

Franchement, le château avait un air morbide, selon Ace. Il n’inspirait pas la joie de vivre quoi ! Il était beau, certes, tout recouvert de neige et tout, et avec un sens esthétique certain, mais… Si cela avait été Ace, il y aurait plus de couleurs, ce serait grandiose ! Bon, après il doutait fortement que l’usage de ce château selon son dirigeant soit purement esthétique et juste pour qu’une centaine ou plus de personnes y vivent. Il y avait certainement plus une volonté de résister aux attaques et contre-attaquer efficacement qu’autre chose, et pour cela, Ace admirait les architectes et le boulot qu’ils avaient dû faire pour en arriver à cela. Ace n’avait jamais été aussi près du château en presque 6 ans d’existence à Hatès. En gros, cela voulait dire qu’il n’était jamais venu au château. Pourquoi viendrait-il, en temps normal ? il n’avait rien à demander du seigneur des lieux, et il doutait franchement que le Bellanca lui accorderait un second regard, de ce qu’il avait entendu. Il ne savait qu’à peine à quoi il ressemblait. Vaguement. Il en avait vu des dessins, peintures, trucs comme ça… Il savait deux ou trois trucs, mais il n’avait jamais été vraiment curieux du dirigeant : également au château, le plus loin il en était, le mieux il se portait !

Ace passa une main dans ses cheveux châtains et s’arrêta soudainement, soupirant lourdement. Il s’était habillé de façon à passer le plus inaperçu possible, comme un soldat s’habillerait s’il n’était pas de service, un pantalon, une chemise, une veste semi-militaire bien chaude et des bottes. Bon, il était un peu débraillé, mais on ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, Ace détestait être tiré aux quatre épingles, il trouvait qu’il avait l’air absolument ridicule, mais Emma disait tout le temps qu’il avait l’air bien, parce qu’il avait un truc, une élégance naturelle. Elle avait ajouté que son frère n’avait pas cela aussi, ce qui l’avait fait rire. Ah,Emma~… La saloperie. Il pensait qu’elle dirait que s’en était assez et qu’il n’avait pas à le faire, que le pari était beaucoup trop enfantin, mais noooon, elle avait ri et dit que prendre l’air lui ferait du bien ! Merci Emma, vraiment, espèce de sale sadique… Bon, il n’avait pas été très sympathique en échangeant le sucre et le sel dans la cuisine, mais… Ce n’était pas une raison ! Il risquait sa vie !... Il aurait bien voulu dire que c’était faux, mais c’était probablement vrai.
Il balaya du regard la zone et trouva un endroit qui pourrait l’intéressé. Potentiellement. Il devait faire attention, même s’il était un bon menteur, il préférait ne pas se faire attraper par un garde quelconque, à son jeu… Il ne savait pas vraiment si les paysans étés vraiment autorisés à venir et partir du château, il n’en avait jamais vraiment entendu parler, à vrai dire. Peut-être qu’il n’y avait pas de survivant ? AH ! Non. Ace, arrête de trop penser, tu ne vas jamais y arriver sinon, jamais… Il se frappa la tête doucement avec la main et se décida à passer à l’action. Si les gardes ne le laissait pas entrer, il… Il trouverait une solution ? La neige craquait sous ses pieds, et la tension montait à chaque pas qu’il faisait. Il était à présent à seulement quelques mètres des gardes, et la grandeur des murailles lui faisait tourner la tête.
Il salua les gardes de la manière la plus naturelle possible, et… Curieusement, ils le laissèrent passer ainsi, sans montrer aucun signe d’opposition.

PARDON ?

Il cligna des yeux un moment lorsqu’il se rendit compte qu’on le laissait passer ainsi et tourna à droite le plus vite possible. Il ne comptait absolument pas rentrer dans le château, mais il y avait une sorte de jardin qui l’entourait… Il comptait aller par-là, le plus loin possible des gardes. Il ne croyait pas vraiment à sa chance, il s’était fait un sang d’encre pour rien ! Evidemment, les soldats devaient entrer et sortir normalement, quel imbécile… Et Ace devait ressembler en tout point à l’un d’eux : il était grand et athlétique… Ou alors ils avaient été subjugués par son charme, c’était aussi possible, après tout, n’est-ce pas ?
C’est un grand sourire aux lèvres qu’il atteint une allée de pierre, et la beauté du spectacle le subjugua. Si on lui avait dit que le Parc du château était aussi magnifique, il n’y aurait pas cru. La neige y était pour beaucoup, pour être honnête. Il y avait pratiquement personne – en fait il n’y avait même personne, certainement à cause du froid, et Ace trouvait cela étrangement reposant… Et trop silencieux. VRAIMENT trop silencieux, mais crier en plein milieu d’un endroit comme celui-ci lui semblait représenter un ÉNORME risque, alors il se tu et tournoya un instant, s’extasiant de la grandeur de l’endroit. Il adorait ce parc ! Mission réussie !... Enfin non. S’il avait infiltré le château, il n’avait toujours rien ramené.

Mais que pourrait-il ramener ? Une pierre ?... Une pierre semblait être une bonne idée. Ou il pouvait ramener la Princesse, hein, tant qu’il y était !

[Mouahahah. Je suis diabolique. J'ai un peu galérer, s'il y a des trucs totalement incohérent, il faut me le dire, je corrigerais, j'avoue que je suis pommée avec le château. XD
Allez, BaBe... C'est bien, Ba.Be... Et j'avais pas de titre. Fuck. 8D]

Bara fit claquer ses talons sur le pavé d'un geste agacé. Elle avait semé ses amies plus loin en leur faisant comprendre qu'elle voulait être seule, et ces dernières l'avaient laissé partir sans trop rien dire. Il fallait dire qu'elles avaient plutôt intérêt à ne pas l'énerver plus qu'elle ne l'était déjà, Bara avait tendance à un peu trop élever sa voix -qu'elle avait aigüe- lorsqu'elle se mettait en colère. Personne ne voulait avoir les tympans transpercés, pas vrai ? Bien. Pour prévenir cela, Bara avait donc besoin de marcher seule un petit moment, et elle reviendrait apaisée et sereine. Au moins un peu plus. La blancheur de la neige qui recouvrait le parc avait toujours eu le don de le faire sourire, ce spectacle magnifique ne finissant jamais de la surprendre. Petite, elle s'était amusée à compter le nombre de fleurs que ses yeux violets croisaient, triste malgré tout de ne pas pouvoir en faire un bouquet à offrir à ses parents ou son frère. Mais là, ce blanc lui paraissait juste laid, et les fleurs qui perçaient à travers la neige insultantes. C'était simple, d'être un végétal ou un flocon de neige, on n'avait à s'inquiéter de rien, sinon de pousser ou de tomber. Sans conscience ni intelligence, les soucis ne nous atteignaient pas. Les bonheurs non plus, mais Bara n'était pas dans une humeur qui l'aidait à voir les bons côtés de sa vie. Car bon côtés il y avaient, évidemment, et n'importe qui aurait pu le dire. Même elle.

La jeune fille s'arrêta brusquement, rejetant un pan de son écharpe foncée derrière son dos. A sa droite se trouvait une fleur aux doux tons pastels, qu'elle fixa un moment avant de s'avancer vers elle. Si les jardiniers l'avaient vu faire, ils auraient certainement criés ! Il fallait laisser les quelques fleurs qui voulaient bien pousser agrémenter les promenades des Nobles gens. Pourtant, la fine main gantée de Bara arracha le végétal sans hésitation de son doux refuge. Elle recula, revenant sur le sentier de pierres clairs, la fleur dans ses mains. Elle reprit sa marche tout en observant les moindres détails de la fleur, songeuse. Elle n'aurait pas du se plaindre de la situation dans laquelle elle s'était mise. Elle avait tout dit à Dahrenn en son âme et conscience, mettant Christopher en danger. La moindre des choses était à présent de ne pas donner envie à son frère de le pendre en respectant les directives qu'il avait imposées: Ne plus le voir, ne plus lui parler. Oh, Bara s'arrangeait toujours pour le croiser dans un couloir et échanger quelques mots avec lui, mais les grandes discussions qu'ils avaient eu auparavant n'étaient plus. Tout ça à cause d'elle. Ah, mais mentir à son frère était hors de question... Ça avait été un horrible dilemme. Désobéir la tentait souvent, mais elle savait qu'elle risquait gros, et son ami roux encore plus. Elle n'était pas égoïste, pas au point de mettre Christopher au bout d'une corde pour ses petits caprices. Alors...

Son manteau bordeaux aux motifs noirs couvrant une robe bleue aux rayures argentées lui arrivant en dessous des genoux, Bara se fit la remarque que mettre des collants plus épais ne lui aurait pas fait de mal. Tant pis. Ses bottes étaient assez hautes et assez chaudes pour empêcher ses jambes de geler. La petite demoiselle aux couettes vertes s'avança encore un peu plus dans l'allée, avant de s'immobiliser lorsqu'elle aperçut une silhouette plus loin devant elle. Elle fronça les sourcils, interdite, tentant de deviner quel genre de personne se tenait là. Elle ne le voyait pas beaucoup... Un homme, sûrement, assez grand aussi. Pour le reste, il fallait qu'elle se rapproche. Un Noble, un soldat ? Curieuse, la Princesse, sa fleur toujours prisonnière de ses mains, s'avança jusqu'à se trouver à quelques mètres seulement de l'inconnu. Inconnu qui n'était de toute évidence pas un Noble, à en juger par la simplicité de sa tenue. Il ne portait pas non plus l'uniforme de l'armée. Un jardinier ? Il n'en avait pas l'air.

« Je pourrais savoir ce que vous faites ? » Finit-elle par demander, masquant sa curiosité derrière une façade sérieuse et digne. Une façade de Dame.

Quelque chose d'autre attira l'attention de Bara. Ce garçon était grand, mais dégageait en même temps une certaine souplesse, une certaine... Elle ne savait pas. C'était étrange. Il avait l'air Humain, mais elle aurait mit sa main à couper qu'il était métisse. Une impression, comme ça. Et Bara avait apprit à prendre en compte ses impressions, on ne savait jamais. Elles pouvaient être utiles, même quand on s'y attendait le moins.

[Ba.Be, c'est cool. Même si ça me fait penser à Babe, le petit cochon...X'D]

Ace n’aimerait pas être dans sa situation.

Mais il y était. Ah ah. Dommage pour lui, il n’était pas près de s’en sortir, visiblement. Il ne parlait pas seulement de sa situation là, dans le château, mais dans sa situation générale. Oh, il n’avait probablement pas la plus mauvaise situation, il ne se sentait pas menacé de mort à tout moment, ne se faisait pas frappé tous les jours… Oh attendez, si, en fait si, il était constamment en danger avec les gens de son entourage, on ne sait jamais ce qui leur passe par la tête et Emma le frappait tous les matins pour lui montrer son amour débordant pour lui. Jeremy aussi. Krishna aussi. Jay aussi. Ky-… bref, tout le monde l’aimait tellement qu’ils le frappaient tous quotidiennement. Il devrait porter plainte, il pourrait, non, pour ce genre de choses ? Violence domestique, c’était probablement un motif valable pour porter plainte… Mais eux l’accuseraient de harcèlement ou un truc du genre. Jay trouverait bien un truc super intelligent à sortir, comme à son habitude, le petit bâtard… Bâtard dans tous les sens du terme, d’ailleurs. Honnêtement, Ace n’avait toujours pas vraiment compris exactement ce que sa mère était, mais son père était un démon pur, de ce qu’il avait pu voir… Bah, ce n’était pas vraiment important, tant qu’il était une bonne personne lui-même, le reste importait peu.
Quoi qu’il en soit, même si Ace n’était pas dans la plus mauvaise situation, il n’était certainement pas dans le meilleur. Il avait vécu des choses qu’il aurait adoré ne pas avoir eu à vivre et fait des choses auxquelles il avait été contraint qu’il aurait également préféré éviter. Mais on ne faisait pas ce que l’on veut dans la vie, malheureusement, alors Ace se retrouvait scotché avec sa situation -qui n’allait certainement pas s’améliorée s’il continuait à faire des paris débiles- jusqu’à la fin de sa vie, qu’il espérait la plus longue possible. Mais bon, étant donné que sa mère était une elfe… Ah, mauvais exemple, sa pauvre mère était décédée tôt et il espérait sincèrement ne pas suivre son exemple pour cela, et d’autres choses également. Sa mère n’était pas une mauvaise mère, ni une mauvaise femme, mais elle était aussi loin d’être une bonne mère, ou une bonne femme, elle était loin, très loin d’être parfaite, mais elle vivait comme elle le pouvait avec sa situation, comme n’importe quel humain… Bon, ok, c’était une elfe, mais il ne faisait pas la différence entre les races, vraiment. Ace, en tant que métisse, ne voyait pas vraiment la différence entre lui, un démon, un humain… Enfin, si, il la voyait, maiiiis… Ce n’était pas vraiment ce qu’il cherchait à dire là.

Ace soupira profondément, regardant une nouvelle fois la grande étendue blanche autour de lui. C’était réellement magnifique, il fallait bien l’avouer. Ace trouvait forcement tout plus jolie lorsque c’était vert, mais il ne voulait pas revenir en été, il ne voulait pas revenir au château du tout. Cet endroit lui donnait la chair de poule malgré tout… Enfin, du moins, pas l’endroit précisément, mais le fait de savoir ce qui s’y trouvait et avoir entendu des rumeurs toutes plus horrible et étrange les unes que les autres… Et Ace, honnêtement, redoutait les nobles. Il ne redoutait même pas les soldats, non, juste les nobles. Lui-même venait d’un milieu aisé à l’origine, et il n’avait jamais aimé leur air supérieur. Il y avait quelque chose chez eux qui le dérangeaient. Peut-être qu’ils n’étaient pas tous à mettre dans le même panier, mais c’était tout de même un monde effrayant, selon lui, et cela n’aidait pas que les seuls nobles qu’il avait vu dans sa vie étaient aussi aimables que les portes des prisons… Quoi qu’Ace n’avait jamais essayé de faire la conversation à une porte de prison. Pas qu’il le veuille, il préférerait éviter de se retrouver derrière cette dite porte. D’ailleurs, il espérait que rentrer sans autorisation dans le château n’était pas un affront direct au royaume, parce qu’ii était jeune et avait beaucoup à vivre encore, hein…

« Je pourrais savoir ce que vous faites ? »

Oh, la crise cardiaque. Ace sursauta violemment en entendant retentir une voix féminine derrière lui. Il faillit faire volte-face, mais se garda bien de se tourner aussi violemment qu’il avait sursauté. Il ne vivrait pas vieux si l’on continuait de lui faire vivre des expériences comme celles-ci, ça pour sûr ! Il tenta de calmer son cœur qui cognait très fort contre ses côtes tout en analysant rapidement la situation. Bien. Il était sur un terrain inconnu et c’était probablement également une violation de propriété privé, il gambadait gaiement à la recherche d’un objet à ramener – du vol, en gros-, quelqu’un qui avait probablement tous les droits d’être ici et beaucoup plus de pouvoir que lui venait de le surprendre, il était seul, désarmé – bon, ok, il savait se battre sans arme, mais on ne frappe pas une fille, et de ce qu’il entendait, c’était une fille- et en plus il ne connaissait pas l’endroit. Il était fichu, non ? Ah, il ne devait pas partir perdant comme cela. Ace était quelqu’un plein de ressources, et un très bon acteur, il trouverait forcément quelque chose à dire…
Il se retourna doucement, un fin sourire sur ses lèvres et un air innocent et doux sur le visage. Il savait contrôler ses expressions, mais il n’empêchait que son cœur battait toujours aussi fort. Ses yeux verts tombèrent immédiatement… Eh bien, sur du vert. La jeune qui l’avait ainsi interpellé avait des cheveux verts et longs maintenus en deux longues couettes de chaque côté de sa petite tête. Elle était jolie, vraiment. Très pâle, les yeux violets, petite et très fine… Elle n’avait pas l’air très forte physiquement en tout cas, mais elle était jolie, à sa façon. En revanche, par ses vêtements riches et son air très fermé, Ace en déduisit que c’était une noble, et non pas une servante, qui se tenait devant lui, ce qui le fit intérieurement grimacer, bien que son visage resta impassible. Que lui répondre ? Le châtain ne daigna pas bouger de sa position mais exécuta une petite révérence. Hey, on ne sait jamais…

« Bien le bonjour, mademoiselle. » Il lui adressa un grand sourire, espérant que cela la dériderait, avant de continuer de sa voix suave et posée – Dieu merci qu’il était un excellent acteur, dieu merci… « Je me… Baladais, voyez-vous. Je prenais l’air, comme vous, j’imagine ? »

Bravo Ace. Très intelligent. Tu es fichu maintenant. Genre, totalement. Prit pour ton salut à présent...

[C'est cool, hein? Bara me fait penser à ça, un petit cochon... Cool

Bon, bah voilà. Ace se met dans la m*rde, et il aime ça. Kinda. 8D]

Bara observait le jeune homme qui s'était tourné vers elle d'un air égal. Intérieurement, pourtant, la curiosité la piquait, la poussant à détailler son interlocuteur dans les moindres détails. Il était grand, semblait fort, plutôt beau garçon, avec un joli sourire. Il avait l'air tranquille et posé, mais Bara savait qu'il était dangereux de se fier à une simple expression, aussi sincère puisse-t-elle sembler. Il y avait dans le monde bien des meilleurs acteurs qu'elle. Dans l'ensemble, il avait bien le physique du soldat idéal, ce qui faisait pencher la balance de ce côté plutôt que celui d'un quelconque domestique. Si tel était le cas et qu'il faisait parti de l'armée, la question était la suivante; Que faisait-il ici ? N'avait-il pas du travail quelque part, quelques corvées ou services à remplir ? Bara avait tendance à penser que les serviteurs et toutes les personnes en général qui travaillaient au château avaient toujours du travail. On les payait pour ça, après tout, songea-t-elle sans vraiment de mépris, alors ils faisaient bien de gagner leur salaire. Or, ce jeune homme semblait de toute évidence ne rien avoir à faire, sinon fixer la neige éclatante jusqu'à s'en rendre aveugle. Droite, elle le regarda faire sa révérence sans un commentaire, jugeant tout à fait normal qu'on s'incline devant elle. Elle ne se préoccupait plus depuis longtemps d'un geste qu'on lui accordait automatiquement depuis qu'elle était en âge de marcher sans aide. Alors oui, s'il n'avait pas parlé, son attitude aurait semblé correcte aux yeux de la jeune fille aux cheveux verts. Mais dès qu'il éleva la voix, Bara tiqua, sa surprise se traduisant par une petite mimique étonnée.

« Bien le bonjour, mademoiselle. Je me… Baladais, voyez-vous. Je prenais l’air, comme vous, j’imagine ? »

Mademoiselle ? Bara resta à le regarder, interdite, quelques secondes durant, avant d'imposer à son visage blanc un nouveau masque de neutralité. Ça, c'était quelque chose dont elle avait bien moins l'habitude. Votre Altesse était en général le titre qu'on lui accordait automatiquement, en tant que membre de la famille royale. Peut-être ce garçon ne l'avait-il pas reconnue ? Peu probable mais malgré tout possible, pensa-t-elle, tiraillée entre l'incrédulité et l'agacement. Il allait falloir que les soldats et le personnel apprennent à mémoriser le visage de leurs souverains, s'ils voulaient passer à côté de punitions exemplaires. Dahrenn aurait pu ne pas se montrer clément si quelqu'un avait fait l'erreur. Bara, elle, était plus modérée, et voulait avant tout s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'une méprise. Que quelqu'un laisse s'échapper 'Mademoiselle' pouvait arriver aussi, ce n'était pas la fin du monde. Tant qu'on lui montrait le respect nécessaire à une personne de son rang, elle consentait à ne pas hurler d'indignation. Crier n'aurait pas été digne d'une demoiselle, de plus. Quitte à devoir engager la conversation pour vérifier tout ça, autant avoir l'air aimable. Le visage de la Princesse se fendit donc d'un gentil sourire.

Sourire allait toujours mieux aux Dames. Et les hommes préféraient les femmes souriantes aux femmes renfrognées.

« Je me promenais, en effet. J'ai beaucoup de temps à perdre, mais je me demande si c'est également votre cas. »

Elle le regarda sans perdre son sourire, curieuse. Alors, était-ce le cas ? S'il était un feignant qui profitait d'un manque d'attention de la part de ses supérieurs pour flâner, ce n'était guère glorieux. Et disant cela, Bara se moquait bien d'avoir parfois agit de la sorte, simulant une brusque fatigue pour ne pas avoir à faire diverses choses qui encombraient selon elle son emploi du temps. Quand on se mettait au service de la nation, et cela elle le pensait avec une grande conviction, on se donnait corps et âme à son travail. On ne faisait plus qu'un avec son pays. Alors oui, fainéanter n'allait pas créer une Guerre, ou que savait-elle, mais tout de même. Cet homme n'avait-il aucune rigueur ? Enfin, se reprit-elle à temps, elle ne devait pas se laisser aller à ce genre de conclusions hâtives. Peut-être avait-il le droit de prendre l'air, elle devait avouer qu'elle n'en avait pas la moindre idée. A part attendre sa réponse en souriant, elle ne pouvait rien faire d'autre.

Ce qu'il pouvait être grand, quand même. Bara se savait relativement petite, mais ce mot ne prenait tout son sens qu'à côté de personnes de la taille du jeune homme. La taille ne déterminait pas la grandeur de l'esprit, toutefois, elle le savait bien. Son frère n'était pas grand, mais il avait plus d'esprit que tous les habitants d'Hatès réunit. Cet homme pouvait bien être un idiot comme un génie, quoi que pour l'instant elle penchait en faveur de l'idiot. Mine de rien, l'idée qu'il puisse ne pas l'avoir reconnue lui restait en travers de la gorge. Elle était habituée à ce qu'on la respecte, la reconnaisse, s'incline devant la moindre de ses envies. Car après tout, rares étaient ceux qui voulaient s'illustrer dans le mauvais sens du terme. Plaire était un réflexe naturel que l'on aimait bien posséder. Comme un instinct de survie. Dieu savait que dans ce monde, il était nécessaire.

[Un petit cochon... Pauvre Bara. Elle n'est pas rose pourtant! Pauvre Ace aussi remarque. Il doit aimer avoir des ennuis!XD]

Ace n’était pas l’Homme le plus stupide au monde, mais il était bien loin d’être le plus intelligent.

Pour des raisons diverses et variées, il en était venu à cette conclusion à cet instant. Enfin, surtout la dernière partie de cette conclusion. Fatalement, il s’en était aperçu alors qu’il se lamentait de son misérable cerveau qui ne trouvait pas quelque chose d’intelligent à répliquer, au lieu d’un « je me baladais ». Là, il se rapprochait plus de l’idiot que du génie, et il en mettrait sa main à couper qu’elle-même penchait plus à présent vers le côté ‘idiot’ dans sa description. De toute façon, on avait beaucoup plus souvent dit à Ace qu’il avait l’air d’un parfait crétin dans son ensemble que d’une personne intelligente. On lui disait aussi qu’il ressemblait à un tombeur. Ou à chien. Ou d’autres choses stupides comme celles-ci dont il ne voyait pas du tout la ressemblance avec lui. Non, vraiment. Il voulait bien dire qu’il n’était pas laid –voir même plutôt beau garçon, le plus souvent- mais il ne pensait pas non plus avoir l’air d’un tombeur. Honnêtement, non, les filles ne tombaient pas pour son sourire et il se prenait plus souvent un regard perturbé qu’admiratif. Les garçons en particulier semblaient toujours lui jeter un regard noir, mais Krishna lui avait dit que c’était normal, quand on était aussi grand et beau, ça attirait la jalousie… Enfin, il ne l’avait pas dit comme cela, mais c’était certainement ce qu’il avait voulu dire par « Crétin » et un regard noir. Ah, il connaissait si bien son ami…
La jeune fille devant lui ne lui adressa pas vraiment un regard noir, elle, même si l’espace d’un instant, il crut qu’elle allait le faire, en le fixant ainsi. Avait-il dit quelque chose de mal ? Ca ne l’aurait pas étonné plus que ça, mais ce serait problématique en somme. Ace sentait qu’à un moment ou à un autre, il allait dire une grosse boulette et regretter d’avoir fait ce pari de nouveau, mais si cela pouvait arriver le plus tard possible, il en serait très reconnaissant au destin… Pour l’instant, il priait n’importe quel dieu qui voulait bien l’écouter que la jeune fille ne soit pas d’humeur à hurler et alerter toute la garde si jamais elle découvrait qu’il n’avait pas l’autorisation d’entrer au château. Elle ne ferait pas cela, n’est-ce pas ?

En attendant, si jamais il lui en prenait l’envie, Ace évaluait la distance entre elle et lui, le temps qu’il prendrait pour la rejoindre, sa taille par rapport à la sienne, ainsi que le poids, la résistance qu’elle pourrait opposer s’il lui couvrait la bouche sans violence… Et au pire, le temps qu’il prendrait pour s’enfuir, en espérant être assez vif pour ne pas se faire choper… Ou le temps qu’il prendrait à perdre conscience et mourir si on le guillotinait, et donc le temps qu’il souffrirait…
Mais la jeune fille se mit à sourire, et immédiatement, Ace se sentit un peu plus calme. Mais juste un peu, puisque l’idée qu’elle puisse être aussi bonne actrice que lui le hantait. Si cela se trouvait, elle planifiait son cri à l’avance.

« Je me promenais, en effet. J'ai beaucoup de temps à perdre, mais je me demande si c'est également votre cas. »

Ace faillit lâcher un « hu ? » très distingué mais son cerveau garda miraculeusement sa bouche fermée et il continua simplement de sourire doucement à son interlocutrice aux beaux cheveux verts. Il aurait bien aimé avoir ses cheveux tiens ! Mais cela n’aurait pas aussi bien fait ressortir le vert de ses yeux que ses cheveux châtains le faisait, alors c’était un mal pour un bien. Elle, avec ses cheveux verts et ses yeux violets, c’était aussi très harmonieux, le vert de ses cheveux faisaient bien ressortir ses yeux… La nature fait bien les choses, elle ne se trompe que rarement pour ce genre de choses. Bon, après, il y avait les moins privilégiés avec les yeux de la même couleur que les cheveux, mais ça… Encore une fois, il s’estimait chanceux, mais il aurait préféré être laid comme un poux de naissance et avoir beaucoup de chance par la suite, cela aurait été plus rentable.

Ah, les nobles… Ils avaient vraiment la belle vie. Ils pouvaient être laids mais pleins de fric, et avoir beaucoup de temps libres, comme la jeune demoiselle venait de lui dire. Mais bon, elle était jolie, donc cela allait pour elle, la belle vie quoi. En revanche, il lui sembla déceler une sorte de reproche dans la réplique de la demoiselle et Ace la releva assez rapidement, ce qui n’effaça pas son sourire posé sur ses lèvres, alors qu’il paniquait intérieurement pour trouver une réponse à la petite noble. Que lui répondre ? Il était clair qu’il n’était pas un noble, alors elle devait le prendre pour un plus petit personnel… Selon sa carrure, il pouvait se faire passer pour un soldat, et donc elle lui reprocherait de ne pas travailler. Cela lui semblait être le cas, mais que répondre ?
Un soldat avait du temps libre, au moins ? Il pouvait faire passer cela pour un congé ? Ils avaient cela, non ? Peut-être… Il misait là-dessus, et ce serait dommage pour lui qu’elle soit une pro en ce qui concerne le rythme de vie d’un soldat. Ou si elle connaissait toutes les têtes de l’armée, mais là, ce serait vraiment, vraiment pas de chance.

« Ah, ce n’est malheureusement pas mon cas. En réalité, je profite là d’un temps plutôt rare ! »

Et il lui adressa un encore plus grand sourire blanc comme la neige, essayant de paraître toujours calme et composé, mais cela semblait fonctionner, pour l’instant.

Mais pour combien de temps ?

[Ace est un crétin, ovation! Il aime ça, les ennuies. 8D
Et Bara n'est pas rose, c'est sûr. Elle est plutôt blanche. XD]

Le garçon en face d'elle continuait de sourire, l'air d'être à sa place et nullement dans une quelconque combine peu honnête. Logique, pensa la petite Princesse aux yeux violets, la plupart des personnes qui se promenaient librement dans le château et ses environs avaient tout à fait le droit de fouler ce sol. Des serviteurs, des soldats, des Nobles, qu'ils fassent parti du petit peuple ou des hautes sphères de la société, rien ne les empêchaient de prendre l'air dans le parc. S'ils avaient une pause, quelques minutes à eux, personne ne pouvait leur reprocher de vouloir se reposer avant de reprendre un travail probablement éreintant. Pas même elle. Il ne lui serait de toute manière pas venu à l'idée de déranger des serviteurs en pleine conversation ou des soldats qui parlaient d'aller boire un verre le soir-même. Parler entre eux était leur droit le plus stricte, elle n'allait pas s'amuser à s'immiscer dans leur vie pour la leur rendre impossible. Malgré son caractère qui pouvait s'avérer capricieux, gâcher la bonne humeur de ses pairs n'était pas quelque chose qu'elle aimait faire, même involontairement. Alors pourquoi apostropher ce soldat qui de toute évidence avait tout à fait le droit d'être là et ne faisait que se dégourdir les jambes ? A vrai dire, Bara n'en avait pas la moindre idée. Peut-être car elle était de mauvaise humeur, peut-être car il était sur son chemin. Peut-être qu'elle avait désespérément besoin d'une conversation pour balayer tous ses soucis, ne serait-ce que de quelques mots échangés, une distraction de quelques minutes. Ses doigts fins raffermirent leur emprise sur la fleur qu'elle tenait toujours. Que devait-il penser d'elle, elle se le demandait. Qu'elle n'était qu'une Noble trop curieuse, une enquiquineuse qui n'avait rien de mieux à faire de sa vie que sermonner à mots couverts les bonnes gens ?

Tiens, maintenant qu'elle y pensait, il était vrai qu'il ne l'avait pas reconnue. Cette simple erreur méritait d'être étudiée en profondeur, se dit-elle comme pour se justifier de retenir le grand jeune homme. S'il n'avait pas su reconnaître sa Princesse au premier coup d'œil, il serait toujours intéressant de voir s'il la reconnaissait après avoir parlé avec elle. On ne savait jamais. Un éclair de lucidité pouvait toujours le frapper au dernier moment.

« Ah, ce n’est malheureusement pas mon cas. En réalité, je profite là d’un temps plutôt rare ! »

D'un temps plutôt rare ? Bara le détailla un instant avant de hocher doucement la tête, cherchant dans le paysage enneigé qui les entourait quoi redire à cette réponse en règle. Et quoi ? Elle ne pouvait tout de même pas l'accuser de mentir, ça n'aurait eu aucun sens. Il n'avait pas l'air stressé, il n'avait pas l'air pressé, il se fondait dans ce paysage qu'elle connaissait depuis toute petite. Elle aurait pu aller chercher son supérieur et lui demander si c'était là bien vrai qu'il profitait d'une pause, mais ça aurait été puérile et une perte de temps pour lui comme pour elle. Tant que son comportement ne laissait voir aucun mensonge, pourquoi aurait-elle du douter de sa parole ? Il n'était certes pas Noble, mais ça ne changeait pas la donne. Bon, s'il disait vrai, en tout cas, il ne devait pas être très futé pour ne pas avoir reconnu qui elle était. Malgré tout, Bara continuait de sourire, indulgente. Elle savait pertinemment que les sourires incitaient plus à la confiance que des sourcils froncés. Lui hurler dessus qu'il n'était qu'un impertinent pour oser s'adresser à la Princesse de la sorte ne ferait que créer des embrouilles pour au final peu de distraction. Comme elle l'avait déjà dit, ruiner la vie des autres n'était pas son activité favorite. Voir n'était pas une de ses activités tout court.

« Je vois, répondit-il elle finalement, et combien de temps avez vous devant vous ? Si bien sûr cela n'est pas trop indiscret... »

Simple formule de politesse, même si cela était indiscret, il était dans l'obligation de répondre. Quelqu'un comme lui n'était pas en mesure de contredire ou ignorer une personne de son rang. Bara jeta un regard à droite et à gauche, avant de reporter son regard améthyste sur l'homme qui lui faisait face. Si elle avait su ce qu'il était vraiment et pourquoi il était là, nulle doute qu'elle aurait appelé un garde pour qu'il le sorte prestement du parc. Ou bien lui aurait-elle demandé avec tout le tact dont elle était capable de prendre ses jambes à son cou avant que quelqu'un ne se rende compte qu'il n'avait rien à faire là. Mais en l'absence d'un quelconque élément qui puisse lui faire penser qu'il était un intrus, elle lui souriait en pensant sincèrement qu'il n'était qu'un simple soldat. Dans l'enceinte de ce bâtiment qui était sa maison, Bara ne craignait de toute manière rien du tout. Malgré les murs de pierres grises du château, les environs lui semblaient accueillants et vivants. Pour rien au monde elle n'aurait souhaité vivre ailleurs, pour rien au monde.

[Il a bien une tête à ça, oui. A aimer les ennuis et tout... Bara est d'une blancheur immaculée.>8D]