Time For Explanations~ - {Shan'haron le Deuxième. Parce que le Premier il est mort.XD} - {TERMINÉ}

Dail n'avait jamais aimé les dilemmes, oh ça non. A vrai, il les détestait même cordialement. Se retrouver à devoir choisir entre deux propositions contradictoires mais toutes deux ou bien séduisantes ou bien terribles était le pire cauchemar de tout être normalement constitué. Dire oui, dire non ? Quelle proposition choisir ? Qui rendre triste, qui rendre heureux, agir pour son propre bien ou faire passer celui des autres avant ? Dail était constamment confronté à ce genre de problèmes. D'ordinaire il savait composer avec, il n'avait pas tellement le choix: On lui avait appris malgré tout à savoir se montrer responsable et posé quelle que soit la situation. Il rejetait son côté parfois rigide qui tendait à lui faire prendre des décisions trop carrées ou exagérées, et tempérait ses élans quand il savait cela nécessaire. Mais là, mais là, que faire, il ne cessait de se le répéter ! Ses pensées tournaient en rond, et même si la chaleur d'Hannibal l'aidait à rester calme, à l'intérieur il bouillonnait d'une frustration difficilement contenue. Son principal problème résidait dans le fait qu'il n'avait aucune expérience derrière lui pour l'aider à prendre une décision. C'était tout nouveau pour lui, comme situation, une première. Oh, il aurait bien du en arriver là un jour ou l'autre, ne serait-ce que pour se trouver une fiancée. Mais Hannibal était un homme, et pas une personne avec laquelle il devait juste se marier et avoir des enfants. Il était... Un homme, et ce que ressentait Dail pour lui était confus. Très confus. Demain, il rassemblerait ses pensées et les trierait du mieux qu'il le pourrait. Ce n'était pas un pari gagné d'avance, mais s'il ne parvenait pas à comprendre ses propres sentiments, qui le pourrait ? Il était le seul maître de ses pensées. Il lui revenait de comprendre et faire un choix. Dieu, songea-t-il, sentant l'affolement naître, pourquoi tout était-il aussi difficile en ce monde ?

L'étreinte d'Hannibal se fit plus lâche. Il finit par le lâcher, et reculer un peu. Dail leva les yeux pour croiser son regard, se demandant quelle attitude adopter. Celle impassible d'un Souverain, ou celle chaleureuse d'un homme ? Il finit par sourire maladroitement, ne sachant plus du tout quoi faire. Voilà, il était perdu, totalement perdu: Le comble, pour une personne de son statut.

« Vous laisser réfléchir est le moins que je puisse faire, j'imagine. Je préfère que vous soyez sûr de vous, de toute façon. »

Et ça même s'il décidait finalement de répondre non ? Dail admirait, d'une certaine façon, l'aplomb du Noble aux cheveux sombres. Aplomb qu'il aurait été sûr de ne jamais avoir pu garder s'il avait été à sa place. Lui avait la belle place, il n'avait pas à se déclarer ni à essuyer un potentiel et douloureux refus. Réfléchir était la tâche qui lui revenait dans ce face à face, mais elle était bien moindre en comparaison de ce qu'Hannibal avait fait. Le jeune homme aux yeux verts se senti soudain coupable. Il aurait voulu rassurer Hannibal, mais comment faire pour le rassurer ? Que dire ? S'il finissait par le rejeter, tout ce qu'il aurait pu dire sonnerait alors terriblement hypocrite. Ah. La vie n'était définitivement pas simple, et c'étaient les petits problèmes quotidiens qui nous le faisaient le mieux remarquer. Quelle ironie.

« Quand, demain ? »

Les yeux de Dail s'agrandirent sensiblement, avant que son visage n'arbore une mine sérieuse. Quand ? Eh bien, c'était tout à fait lui, d'être aussi vague dans ses propos ! Il se remit rapidement son emploi du temps du lendemain en tête. Réfléchir était le point fort du jeune Prince, et pourtant il lui arrivait tout de même de parler trop vite ou d'être tellement distrait qu'il venait à en faire de bêtes erreurs. Surtout ne pas lui donner une heure trop vite, de peur qu'elle n'empiète sur un de ses nombreux rendez-vous. Quelle catastrophe ce serait s'il arrivait en retard ! Il n'osait imaginer ce que pourrait en penser Hannibal. Non, il devait être à l'heure, cette fois-ci, et avec une réponse en tête. Il lui faisait déjà la grâce d'accepter de patienter jusqu'au lendemain, il était hors de question de le faire poireauter encore. Alors le mieux était...

Dail finit par relever la tête et déclara, d'un ton aussi naturel et détaché que possible:

« Ici, à la même heure. Du moins, si vous n'avez rien de prévu à cette heure là, bien évidemment. »

Car le déranger ne lui aurait pas du tout plu. Dail n'aimait jamais déranger les autres, cela lui donnait l'impression d'être une nuisance. En ce moment même, debout avec ce sourire stupide accroché aux lèvres, il priait qu'Hannibal ne le déteste pas. Il priait pour ne pas l'avoir blessé d'une quelconque manière. Cet homme était quelqu'un de bien, Dail en était persuadé. Sinon, jamais il ne lui aurait parlé avec ce tact et cette gentillesse. Le blond ferma les yeux l'espace d'un très court instant. Il faisait chaud, l'air sentait bon, et la brise tiède frôlait agréablement sa peau. Tout allait bien. Il voulait tant que cette sensation de paix dure toute une éternité.

« Je vous remercie, en tout cas, d'être aussi aimable avec moi. »Ajouta-t-il, le cœur serré.

[DOOOOOOOOOOOONE. Regarde, j'ai vaincu! Ah la romance... Grah. C'est mignon mais hilarant!XD]

{ Ahahahahahahahaha j'ai écris n'importe quoi et j'étais sous acides et j'ai faim. Fais avec.8DDD }

Une fois sa question posée, le Prince eut tôt fait de passer de la surprise à la réflexion. Hannibal, de son côté, ne jugea pas utile de faire de même. Ses journées avaient beau ne pas être vides, elles n'étaient pas non plus strictes ; libérer un créneau, quel qu'il soit, ne lui poserait sûrement aucun problème. Et s'il avait quelque chose de prévu à cette heure-là, eh bien il reporterait la chose en question à plus tard. Il n'en était plus à ça près. Ses yeux dorés quittèrent le paysage pour leur préférer le visage de Dail, dont l'air sérieux faillit lui arracher un éclat de rire. Lui qui n'arrivait pas à se souvenir du peu de choses qu'il avait à faire le lendemain, il ne s'imaginait pas retenir mille rendez-vous et obligations... Une telle position ne devait pas être de tout repos. Aussi intelligent et mature soit le jeune homme en face de lui, on ne pouvait décemment pas attendre de lui toute l'expérience et le savoir d'un adulte. Pourtant, c'était ce tout le monde faisait. Rien que de penser à toutes ces responsabilités, Hannibal en avait mal à la tête. Certaines personnes devaient être nées pour commander et d'autres pour suivre ; ce système lui convenait, ce système marchait – et il ne changerait certainement jamais. Parfait. Il espérait simplement que le système en question, qui plaçait un poids incroyable sur les épaules du Prince, ne le pousserait pas à lui répondre par la négative. S'ils avaient tout deux été de modeste naissance, les problèmes auraient été réduits au moins de moitié. Et pourtant, à choisir, jamais il n'aurait désiré vivre ailleurs que dans ce château. Il s'était fait à cette vie, tant et si bien qu'aucune autre ne lui semblait possible. Si Dail lui répondait que son statut et ses obligations lui empêchaient toute relation avec lui, il n'aurait d'autre choix que de l'accepter.

Ce n'était plus de son ressort, malheureusement.

« Ici, à la même heure. Du moins, si vous n'avez rien de prévu à cette heure là, bien évidemment. »

Histoire de faire bonne mesure, Hannibal chercha vaguement s'il avait quelque chose de prévu le lendemain. Rien ne lui revint en mémoire. Il avait forcément une ou deux choses importantes à faire, mais impossible de mettre le doigt dessus. Oh, qu'importe ; ça ne devait pas être à cette heure-là, de toute façon. Et si par le plus grand des hasards c'était le cas, il mettrait la théorie en pratique en remettant cette chose si importante à plus tard. Ça n'étonnerait personne, vu son manque maladif d'entrain dès qu'il s'agissait de faire quoi que ce soit. Procrastination était presque devenu son mot de prédilection. Il se plaindrait quand il devrait tout faire le même jour à force d'avoir repoussé mais, en attendant, cette façon de faire lui convenait.
Le jeune homme se contenta donc de secouer sa tête de gauche à droite, serein. Il serait là le lendemain à la même heure, aucun problème. Après avoir tant insisté, il ne pouvait décemment pas celui des deux qui éviterait l'autre. Le plus dur était fait ; le reste n'était presque qu'une formalité. Son avis ne serait certainement pas aussi mature et éclairé le lendemain, mais il faisait de son mieux. S'il parvenait à rester calme pour l'instant, autant en profiter. Il stresserait suffisamment devant le fait accompli pour s'infliger cela dès maintenant.

L'ignorance devait le mettre mal à l'aise. Quand tout serait mis au clair, que leur situation serait nette et précise, sa gêne disparaîtrait. Au profit de quoi, en revanche...

« Je vous remercie, en tout cas, d'être aussi aimable avec moi. »

Le jeune homme haussa les sourcils, surpris. Aimable ? Il n'avait pas eu l'impression de l'avoir vraiment été, pourtant... Ces dernières minutes ? Sans aucun doute. Il n'était pas stupide, jamais il ne se serait montré désagréable dans un moment pareil. N'importe quel enfant aurait été sage comme une image la veille de son anniversaire, et Hannibal appliquait sans même s'en rendre compte un procédé similaire. Mais à côté de ça il se souvenait lui avoir aimablement coupé la route dans le Parc, l'avoir aimablement poussé contre un arbre et l'avoir tout aussi aimablement embrassé – sans demander son accord, mais ça aussi il l'avait fait aimablement. A ce souvenir son sourire se fit tour à tour crispé et gêné, et c'est d'un geste nerveux qu'il passa une main dans ses cheveux. Ce qu'il pouvait être inconscient, parfois. Il avait connu mieux comme façon d'aborder les choses.

« Ce n'est rien, répondit-il après avoir pris une brève inspiration. Il est normal que je me montre aimable envers la personne que j'aime. »

Et cela ne semblait plus aussi ridicule ou gênant, une fois que ç'avait déjà été dit. Du reste, il n'avait pas menti. Se montrer gentil, avenant et poli était nécessaire pour se faire apprécier de quelqu'un ; il n'avait jamais compris ces personnes qui se montraient odieuses pour attirer l'attention de l'autre. Il savait être insupportable avec ceux qu'il aimait, oui, mais cela arrivait rarement avant qu'il se sente tout à fait habitué à la présence de l'autre. Mettre ses défauts en avant n'était certainement pas la meilleur tactique à adopter. Il préférait de loin mettre toutes les chances de son côté.

Son regard se déporta de nouveau sur le côté avant de ne reporter ses yeux sur Dail.

« Demain, au même endroit et à la même heure, ajouta-t-il avec un sourire. D'accord. Je pense rester ici encore un peu, mais si vous voulez y aller... »

Il laissa s'échapper un bref rire. Il l'aurait bien retenu ici toute la soirée mais quelque chose lui disait que cette idée, en plus d'être stupide, ne serait pas au goût du Prince. Ce n'était pas l'empêcher de dormir qui allait changer quoi que ce soit.

Allez, ça allait aller, songea Dail pour se redonner du courage et maintenir sur son visage une expression détendue. Il avait jusqu'au lendemain pour réfléchir et dénouer ce nœud, ce n'était pas rien. Il s'était sorti de situations bien plus dramatiques et compliquées qu'une simple déclaration, après tout. Rien n'aurait plus du l'impressionner, avec ce qu'il avait vécu. Pourtant, chaque jour lui apportait son lot de surprises, et il se retrouvait parfois tellement perdu qu'il se demandait s'il ne lui manquait pas quelque chose. Il voulait dire, comment cela se faisait-il que pour certains, éconduire ou répondre à des sentiments était une simple formalité, là ou pour lui il s'agissait d'une véritable épreuve ? Il ne devait pas être normal, décida-t-il soudain, ou bien il ne prenait pas les choses dans le bon sens, dans le bon ordre. Peut-être était-ce une sorte de punition pour avoir négligé sa vie amoureuse jusque là. Mais avait-il besoin d'une vie amoureuse quand il savait pertinemment qu'il devrait se marier pour le bien du Royaume ? Dail n'avait rien contre les mariages, il ne fallait pas s'y tromper ni tirer de hâtives conclusions qui n'amenaient qu'à l'erreur. Il trouvait ça normal que de s'unir selon les vœux de sa famille et non les siens. Cela avait un sens. Ce qui n'en avait pas pour lui, au contraire, était d'avoir des relations amoureuses avec des gens qui ne seraient jamais notre mari ou notre femme. Qu'est-ce que cela pouvait apporter à part de la tristesse et des faux espoirs ? Dail ne comprenait pas, vraiment pas. Mais s'il n'avait pas eu envie de comprendre, il aurait immédiatement dit non à Hannibal.

Or, il ne lui avait pas dit non. Il lui avait dit avoir besoin de temps pour lui donner une réponse, ce qui était vrai. Dail hésitait. Tellement de facteurs devaient rentrer en compte dans sa réponse, c'en était infernal. Y aurait-il plus de pour ou de contre ? Et lui, qu'aurait-il aimé répondre, s'il n'avait été qu'un homme banal et sans responsabilités ?

« Ce n'est rien. Il est normal que je me montre aimable envers la personne que j'aime. »

Eh... Dail détourna le regard, les joues rouges à la fois de honte et de confusion. S'il l'avait pu, il se serait frappé le front avec le plat de sa main, mais ça n'aurait servit qu'à le faire paraître encore plus ridicule. Évidemment qu'il se montrait aimable avec lui. Le brutaliser ou le presser à répondre ne l'aurait pas servit. Pour autant, le jeune homme aux yeux clairs ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la gratitude à son égard. Il aurait pu être plus brutale, comme la dernière fois, ou ne pas choisir les bons mots et le gêner encore plus. Il aurait pu se moquer de ses sentiments à lui, et n'en faire qu'à sa tête. Lui faire comprendre que ça l'embêtait qu'il ne lui réponde pas sur le champ, lui manquer implicitement de respect, que savait-il encore. Comme il l'avait dit déjà, Dail n'avait aucune expérience amoureuse, mais il pensait que la réussite d'un couple tenait avant tout dans le respect que les deux moitiés se portaient. Sans ça, rien ne pouvait coller, n'est-ce pas ? S'il disait oui à Hannibal, Dail se promit d'être le plus complaisant et respectueux possible. Pour le remercier d'avoir attendu et de ne pas l'avoir bousculé.

« Demain, au même endroit et à la même heure. D'accord. Je pense rester ici encore un peu, mais si vous voulez y aller... »

D'accord. Dail poussa un petit soupir de soulagement, tout en pensant à noter quelque part l'heure pour ne pas l'oublier. Demain, il reviendrait, et cette fois-ci avec une réponse mûrement réfléchie. Quelle qu'elle soit, il ne devrait pas être en retard. Son sourire se détendit visiblement. Il hocha la tête à l'intention de son semblable aux cheveux sombres. Il avait encore quelques petites choses à faire, et il devait réfléchir, surtout. Tout ceci allait lui prendre tellement de temps. Avant tout, il allait devoir calmer sa nervosité.

« Je vous remercie, je vais y aller. J'ai encore des choses à faire, et je dois... Réfléchir. Je vous souhaite une bonne soirée alors. »

Il fit un pas en arrière et se détourna, puis s'arrêta comme s'il avait oublié quelque chose. Il se retourna vers Hannibal, et lui lança avec un sourire:

« Cette fois-ci, j'y serais avant vous. »

Puis il se retourna et se hâta de se diriger vers le château. Du travail l'attendait, mais c'était tous les jours la même chose. Sauf que aujourd'hui, quelque chose de différent s'était produit. Et, pensa Dail en sentant son pas soudainement plus léger, pas quelque chose d'horrible. Non. Quelque chose d'agréable.

[OVER. WAH. Un miracle s'est produit! Je n'étais pas trop gogole en l'écrivant. Mais quand je pense à la suite... X'D]

{ Aha, finiiiii~~ Et j'étais pas gogole non plus. Bon, mon poste est nul mais c'était pour finir alors peu importe.

Oh, mais j'attends cela avec impatience, voyons... Mais franchement, finir des postes ça fait un de ces effets... 8D }

Peut-être pourrait-il rester ici encore quelques minutes ; en toute honnêteté, plus il pourrait gagner de temps avant de rentrer au château, mieux ce serait. Il n'aurait de toute façon pas voulu revenir en même temps que le Prince. Question de logique. Ils n'étaient pas connus pour être très proches, et les rendez-vous impromptus dans le parc n'avaient jamais été le propre des amis. Mais vraiment, quoi qu'il en soit, il ne tenait pas à repasser les portes du château sur le champ. Profiter de l'air frais de la soirée, ne rien faire, être seul – et véritablement seul, pas à quelques mètres seulement d'autres personnes.... Il n'aspirait qu'à cela, pour l'heure. Rien ne l'attendait à l'intérieur, personne ne devait taper du pied en se demandant où diable il avait bien pu passer ; rien ne le forçait donc à se hâter. Au contraire du jeune homme qui venait de soupirer juste en face de lui, il en avait bien peur. Ce n'était pas une mais plusieurs personnes qui allaient s'arracher les cheveux s'il disparaissait trop longtemps, il l'aurait parié. Pour avoir déjà causé du soucis à bien des servantes étant enfant – puisqu'elles avaient à charge sa surveillance, toute blessure ou vêtements tâchés leur serait retombé dessus – il n'osait imaginer de quoi il retournait pour le Prince. S'absenter comme bon lui chantait ne devait pas être dans la liste de ses permissions. Si tant est qu'une telle liste ait un jour été rédigée, bien sûr.
Comme ils devaient se retrouver le lendemain, cela dit, qu'il reste ici ou non ne devrait poser de problème à personne. Parfait, en somme. Il n'avait de toute façon plus de cigarettes sur lui, et donc aucun moyen de s’abîmer la santé plus qu'il ne le ferait une fois rentré. Il voulait juste décompresser, tranquillement, seul et en silence : rien de plus. Cela aurait pu faire rire ses proches, tant Hannibal n'était pas connu pour sa nature active et vive, mais peu lui importait. Il y avait un monde entre rester dans ses appartements à ne rien faire et marcher sans but près du labyrinthe, tout de même. Lui y voyait une immense différence, en tout cas – et c'était bien tout ce qui importait. Car à part lui-même et Dail Shan'haron, personne ne savait qu'il était ici en ce moment. Personne n'en soupçonnerait la raison, personne n'en devinerait les conséquences. C'était un secret, en quelque sorte.

Comme à chaque fois, d'ailleurs. A force de cacher des choses, il en avait presque oublié que tout le monde n'était pas dans son cas et que garder de trop lourds secrets pouvait gêner certaine personnes. Une relation pouvait être considérée comme telle, sûrement. Il aurait l'occasion d'apprendre le point de vue du Prince sur la question sous peu, de toute manière. Inutile d'ajouter des inquiétudes superflues à sa réflexion. D'autant plus que son sourire s'était détendu et que, en toute franchise, il le préférait ainsi.

« Je vous remercie, je vais y aller. J'ai encore des choses à faire, et je dois... Réfléchir. Je vous souhaite une bonne soirée alors. »

Hannibal sourit et hocha poliment la tête, en signe d'approbation mais aussi d'au-revoir. Des choses à faire, hein ? Comme il s'en était déjà fait la remarque, ses journées semblaient assez chargées. Il espérait simplement ne pas lui avoir posé une question qui l’empêcherait de se concentrer convenablement – car après tout, lui attirer des ennuis était bien la dernière de ses intentions. Mais qu'aurait-il pu faire d'autre ? Il fallait bien tirer cette situation au clair, et lui mentir n'aurait rien arrangé. Non, c'était vraiment la seule solution. Le laisser réfléchir et attendre une réponse clair et précise de sa part, qu'elle lui plaise ou non. Ce n'était pas la première fois qu'il était confronté à une attente, ce ne serait peut-être pas la dernière et malheureusement de nombreuses situations demandaient de la patience. Mieux valait apprendre à faire avec, et c'était l'option que ses parents avaient judicieusement décidé de lui enseigner. L'enjeu lui semblait important. Attendre ne serait pas un problème.
Le laisser partir, en revanche, lui laissa un curieux sentiment d'abandon. Il avait beau lui faire confiance, au moins à un certain degré, le souvenir de la persistance que le blond avait eu à l'éviter ne le quittait pas. Quand bien même il lui avait promis de ne pas recommencer... Hannibal se raccrocha à sa présence ce soir pour se retenir de saisir son bras et de le ramener près de lui. Il n'avait pas fui cette fois-ci, il n'y avait aucune raison pour qu'il le fasse la prochaine. Quitte à s'en tenir à des suppositions, autant être optimiste. Ça ne coûtait rien et, de toute façon, il s'était déjà retourné pour partir. Il avait à faire et il serait là le lendemain. Voilà tout, rien de moins.

Quand il s'arrêta, Hannibal avait déjà reposé son regard au sol ; aussi fut-il surpris de l'entendre s'adresser à lui de nouveau.

« Cette fois-ci, j'y serais avant vous. »

Et cette fois-ci, il partit pour de bon. Le jeune homme le regarda partir, un sourire amusé aux lèvres. Avant lui, hein ? Eh bien soit ; ils verraient bien. Tant qu'il était là, l'attendre ou le faire attendre lui importait peu. Il voulait juste qu'il soit là, qu'il lui réponde et qu'ils soient fixés. Ce n'était pas trop demander. La silhouette du Prince disparut peu à peu de son champ de vision, jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'une ombre anonyme puis, enfin, une absence. Le silence retomba bien vite sur le labyrinthe et ses alentours et, pour la première fois depuis de longues minutes, Hannibal sortit sa montre de sa poche. Allez, encore quelques minutes à ne rien faire et il rentrerait. Rester coincé ici ou s’engourdir les jambes ne lui disait trop rien.
La montre, fermée, retourna à sa place dans sa poche. Il avait beau dire que tout était simple et que quoi qu'il en soit il n'en ferait pas cas, la journée du lendemain promettait d'être extrêmement longue. C'était toujours comme ça, quand il attendait quelque chose. Au moins pouvait-il espérer passer une bonne nuit, à défaut d'une bonne journée ; dormir ne lui avait de mémoire jamais posé problème, anxieux ou non. Et, avec un peu de chance, l'air frais l'aurait mis en condition pour passer une nuit calme et reposante. Restait à espérer qu'il en serait de même pour le Prince.

» Solitude momentanée dans un endroit mort ... [libre]
» Quand tu rencontres ta reine et que tu lui jures allégeance-{MORT}
» Way To Go~!-{TERMINE}
» Sommeil... Où es-tu?-{TERMINE}
» In the weird woods...(Liibre.Oo) - {TERMINÉ}