Poisson! [Pv Machin, Bidulle, Truc et Chouette XD]

Boire. C’était une activité passionnante à laquelle s’adonnait particulièrement Kim.

Peut-être parce que cela la soulageait. Ainsi, on ne pensait plus réellement, on était comme ailleurs. Un monde meilleur. A chaque fois, elle se sentait si légère, si bien… C’était une étrange sensation, réellement. Elle qui depuis peut-être deux ans- elle ne s’en souvenait plus réellement- ne ressentait plus d’émotion comme tout ces êtres plus ou moins normaux qu’elle côtoyait, elle se sentait presque comme les autres… Comme si l’alcool lui redonnait un sentiment d’humanité. Oui, car pour elle, boire, ce n’était pas un verre d’eau, ce serait trop stupide. Et le vin lui semblait peu gouteux à coté d’un bon whisky pur malt… Kim n’était pas une alcoolique et ne passait pas son temps à boire. De un, ce serait très mauvais pour son travail, de deux, elle ne se voyait pas faire cela tout les soirs quand elle n’avait rien à évacuer, et de trois, elle ne voulait pas que cela devienne une habitude et que cela ne lui fasse plus rien ressentir. Ce serait stupide, selon elle. Il n’y avait que les gens stupides et désespéré qui buvaient à en perdre la raison, jour et nuit sans arrêt, sans répits à par lorsqu’ils s’endorment dans un carton… Pathétique. Tout ces gens là étaient pathétiques. Comme des chiens errants, exactement la même chose. Ils n’avaient aucune importance à ses yeux et ne mériteraient même pas qu’elle abrège leurs souffrances. Cela pourrait paraître gentil, qu’elle les épargne… Mais c’était tout le contraire ! Kim pensait que les personnes qu’elle tuait, ou disons pour parler plus gentiment, dont elle hottait la vie, devait soit l’avoir mérité, soit l’avoir réellement dégouté et énervé. Elle était assez sélective de ces victimes. C’est pour cela que la guerre n’était pas forcement ce qu’elle appréciait le plus, malgré les apparences… Foncé dans le tas et faire le plus de victime, ce n’était pas très délicat et distingué. Pas assez, de ce qu’elle pensait. Tout le monde méritait une mort qui ne passe pas inaperçu… tuer était un bel art dont il ne faudrait pas gâcher… L’envergure, la beauté ? Il n’y avait pas de mot pour cela. C’est ce que la cruelle Antarr pensait. De tout manière, elle ne pensait pas être cruelle non plus. C’était un euphémisme peut-être, mais cruelle, elle n’y croyait pas. Il y avait bien plus cruelle qu’elle, elle le savait. Il y avait beaucoup de manière de faire mal aux autres, autres que physiquement. Elle le savait, elle en connaissant même un rayon.

Pas forcément un rayon qu’elle aille utiliser elle. Mais que l’on aille user sur elle, oui.

Il ne faut pas croire que la jeune fille ai toujours été ainsi. Forte, dure, insensible, belle… Tout cela n’avait pas été comme cela depuis longtemps. Tout c’était acquis… En particulier à cause du Kara-Xanthe… Mais quand elle était plus jeune, Kim n’était pas très jolie, ni très courageuse ou téméraire. En réalité, elle était plutôt normale, d’un physique très banal, plutôt timide qui n’osait pas s’imposer, du genre à ne rien endurer et pleurer dès qu’elle le pouvait, mais réservé qui ne voulait jamais en parler à personne… D’ailleurs, la dernière partie est toujours présente. Kim ne parle jamais d’elle à personne. Ni de ce qu’elle était avant, ni de pourquoi elle est devenue ainsi, ni de son vraie nom, d’ailleurs. Il ne devait y avoir plus qu’une personne qui savait cela. Une personne qu’elle avait omis de railler de sa vie, malheureusement. Elle aurait du, pourtant… Si elle le revoyait, elle n’y manquerait certainement pas. Enfin, elle n’était pas prête de le revoir, lui… Sinon, la première chose qu’elle ferait, c’était lui sauter à la gorge, et pas amicalement ou… D’une autre façon. Pour le tuer, oui… Mais en fait, elle disait cela, ou le pensait plutôt, sans réellement savoir pourquoi. Il ne lui avait rien fait, elle ne le voyait pas, tout allait bien. Tant que personne n’allait hurler au quatre coin de la rue que Kim Shanraon se nommait en réalité… [Ah, ah ! xD] Non, c’était sans importance finalement… Il n’irait pas le hurler. Elle le savait, elle s’en persuadait…

Enfin, c’était ce qu’elle se disait finalement en reposant la bouteille d’alcool qu’elle tenait dans sa main sur un plan de travail de la cuisine, au milieu de quatre autres. Ce soir, on devait être quelque chose comme le 1 Avril. Elle ne savait plus. Ce devait être le matin, disons… Kim s’était réfugiée dans une cuisine peu utilisé. Il était aux alentours de 2 heures du matin. Et depuis environ 45 minutes, elle ruminait ses sombres pensées. Et autant dire qu’elle en avait. Et au bout de quatre bouteilles d’un alcool fort, on n’avait pas non plus la même façon de pensée.
La jeune blonde s’était assise sur une quelconque table ou plan de travail- appelé ça comme vous voulez XD- à balancer ses jambes dans le vide en buvant toutes les bouteilles qu’elle avait pu trouver. Et c’est dire qu’il y en avait beaucoup. Bah… Elle ne pourrait pas tous les boires, au moins… Une bonne chose, il en resterait. Elle n’aurait pas la mauvaise conscience… Qu’elle n’avait de toute manière, jamais. Kim n’avait jamais mauvaise conscience. Pas qu’elle se souvienne en tout cas. Encore mieux quand elle buvait.

Se rendant compte qu’elle n’avait plus rien à boire et qu’elle voyait encore bien, la blonde se pencha en avant pour tenter d’attraper une cinquième bouteille. Mais voila, son corps fit un grand bond en avant et elle se retrouva affaler sur le plan de travail de devant. Décidément… Mais ainsi, elle pu prendre sa précieuse bouteille. Elle se hissa de nouveau sur le plan de travail. Elle avait déjà un peu plus de mal. Ses talons semblaient d’un coup beaucoup plus haut. Et il faisait chaud aussi. Ce n’était pas habituel, pour elle, d’avoir chaud. Elle avait toujours tiède ou froid… Cette sensation de chaleur lui faisait plaisir. Elle avait l’impression de redevenir comme avant, plus humaine, plus elle-même… Sans pour autant changer. Bien que deux bouteilles plus tard, son caractère serait probablement métamorphoser, plus du tout le même. Jusqu’à présent, jamais personne ne l’avait surprise ainsi et elle se demandait vaguement si elle aurait des problèmes si cela arrivait. Parce qu’elle-même ne savait pas franchement ce qu’elle pouvait bien être, ivre. Joyeuse, agressive, gentille, douce… Elle ne savait pas du tout. A la fin de celle-ci, elle ne se souviendrait pas réellement de ce qui se passerait ensuite. Vagues souvenirs, point.

Et encore, si elle avait des souvenirs… Parfois, c’est le grand trou…

Kim eu vide fait de « descendre » la moitié de sa bouteille. Peut-être avait-elle été trop vite. Soudainement, la chaleur se faisait plus intense et tout semblait tourner légèrement. Mais c’est là qu’elle se sentait bien, qu’elle pouvait réellement se lâcher. Du coup, elle s’était mit à fredonner un petit air de musique. Une musique qu’elle avait apprise, au piano. Ah, oui, la seule qu’elle n’avait jamais appréciée… Elle ne se souvenait plus du nom, mais elle était jolie. Douce et misérable… D’habitude, elle détestait, mais là, elle adorait.
Elle se sentait ailleurs. Elle reprit une gorgée du délicieux mélange. Un mélange presque interdit, oui… Kim avait arrêté d’agiter ses jambes et fredonnait presque joyeusement la chanson. Un grand sourire s’était étendu sur son visage fin alors que ses joues d’habitude plutôt blanches avaient pris une teinte légèrement rouge. Ils seraient peut-être temps, après avoir bu tellement de bouteille… Tellement de gens seraient déjà effondrés. Mais elle supposait que sa nature d’Antarr la faisant plus endurante. Elle ne savait sincèrement pas et n’avait ni le temps, ni l’envie d’y répondre. Par quel moyen, de toute manière ?

A cet instant même la seule chose que Kim fut capable de penser était une plage pleine de palmier, avec une douce chaleur équatoriale… Et un canasson. Pourquoi ? Elle ne savait absolument pas ce que le canasson venait faire là… Si elle avait faim ou qu’elle voulait se balader ? Non… Peut-être parce qu’elle fixait obstinément une petite figurine d’un cheval posé devant elle. C’était même certainement cela. Non parce qu’elle n’avait jamais réellement aimé les chevaux, alors…

La blonde regarda la bouteille encore une fois. Et soudainement, prise d’une brusque envie, elle sauta à terre et se mit à boire la bouteille d’une traite. Une pulsion, comme cela. En finissant sa bouteille, elle la posa à coté des autres. Elle tituba un instant, ce qui était parfaitement normal. Mais justement, elle heurta une bouteille sur le plan de travail. Celle-ci roula et alla directement se briser au sol. Arf… Le verre n’était réellement pas résistant. Mince alors.

Kim tomba volontairement à genoux. Ce soir, elle n’était pas habiller en jupe ou quoi que ce soit. Quand elle buvait, elle s’habillait différemment, toujours. Du coup, elle était en short avec des collants et une paire de chaussure à talon. Le haut n’était pas important. C’était un simple débardeur avec une veste. Débardeur blanc, short noir, collants bleus, chaussures noirs et veste blanches. Simple mais bien mieux qu’une jupe ou robe. Surtout qu’elle finissait toujours à genoux dans la cuisine pour une quelconque raison. L’autre jour, elle avait perdu sa pince à cheveux par exemple. Elle qui devait boire autant une fois tout les… Tout les 3, 4 mois. Elle aurait été incapable de le dire maintenant.
Au moment ou elle allait ramasser un morceau de verre plus entier que les autres, elle se coupa le doigt. Une petite coupure mais le sang perlait déjà. Aie… Elle en avait vu des pires. Mais sur le coup, elle cru qu’elle allait se mettre à pleurer. Et d’ailleurs, des larmes perlaient déjà le long de ses joues. Pas comme si elle ressentait réellement un sentiment. Mais elle pouvait ressentir la douleur et amplifié par l’effet de l’alcool, cela la faisait pleurer. Mais on aurait pu lui verser des gouttes d’eau sur le visage, cela aurait été la même chose !

Son visage exprimait au moins autant d’expression que d’habitude. A part le rouge sur ses joues, c’était la même chose. Elle rejeta une mèche rebelle de ces longs cheveux blonds et fixa son doigt un moment en s’asseyant sur le sol froid. Elle replia légèrement ses jambes et cligna plusieurs fois des yeux. L’eau qui s’écoulait des ses yeux bleu lui piquait justement les yeux. Et en plus, c’était salé et s’échouait soit sur ses lèvres, soit sur sa peau. Elle n’aimait pas du tout cela. De plus, elle était tellement perdue qu’elle n’entendit pas le bruit, comme si quelqu’un venait.

Franchement, elle ne savait pas si l’alcool faisait plus de mal que de bien…

[HS:.... D'accord, j'étais sous l'emprise du Coca pour écrire ça XD. Mais ça faisait longtemps que je voulais faire une soirée picole xD.
Et puis... Machin, Bidulle, Truc et Chouette devraient se reconnaitre XD]

[Palmier, canasson..., bravo, j'admire. J'aurais pas fait mieux. Brrrrava, Ayu.XDDDD

Et tu nous fais ch*er avec machin, bidule, truc et chouette!XDDD

Et pour ceux qui se demanderaient, J'AI un problème avec les personnes saouls.u__u]

Très tard. Oui, sans aucun doute il était très tard.

C'était une certitude, et pourtant ça n'avait pas empêché Lawrence Dylhan de se lever. A la vérité, il avait toujours eu le sommeil assez léger : un rien le réveillait et il avait toujours du mal à s'endormir, le soir. Alors autant le dire tout de suite, quand il se réveillait une fois se rendormir était une vraie épreuve à laquelle il échouait parfois. Dans ces cas là lutter contre l'éveil et rechercher inlassablement le sommeil ne servait généralement à rien ; il fallait attendre bien sagement que Morphée se décide, voilà tout. En attendant, il fallait juste s'occuper. Et autant trouver quoi faire en début de soirée était aisé, autant arrivé à plus de minuit ça devenait nettement plus compliqué. De un, parce qu'il ne fallait pas faire de bruit de peur de troubler le sommeil de personnes importantes ou de Nobles-les autres, ce devait être moins grave. De deux, parce qu'il n'y avait personne de réveillé à cette heure-ci justement. Et s'occuper seul était nettement plus compliqué que lorsque l'on était à plusieurs, c'était certain. C'était précisément pour ça que le jeune homme errait comme une âme en peine dans le château, en profitant pour apprécier le silence rare qui y régnait. En journée il y avait parfois tant d'agitation et de bruits en tout genre qu'il en était venu à douter parfois que cet endroit puisse réellement être plongé dans une telle quiétude, et ce même passé minuit. Mais à l'évidence, tout le monde avait ses limites ; et généralement à cette heure-ci celles de beaucoup étaient dépassées. Il jeta quelques coups d'œil autour de lui, se repérant sans mal dans les couloirs sombres du château d'Hatès. Ça avait beau être grand, c'était comme partout : au bout d'un certain temps tout devenait familier et vous n'aviez pas besoin de réfléchir aux directions que vous preniez tant cela vous paraissait évident. De là à se diriger les yeux fermés, le jeune homme aux yeux bleus n'en était pas pleinement certain. Mais après tout il serait difficile aussi pour un habitant d'une ville quelconque d'aller partout les yeux bandés avec la certitude d'être précisément là où il voulait être. Et puis là, il ne voulait aller nul part en particulier : du coup peu importait les couloirs ou les portes qu'il empruntait, tant qu'il ne se perdait pas. Oui, tant qu'il pouvait revenir à sa chambre il se fichait bien de là où il atterrissait. Est-ce qu'il se promenait du côté des luxueux Appartements des Nobles, était-il près des chambres plus sommaires des serviteurs, se rapprochait-il des cuisines ou de la grande Salle à Manger, de la salle de torture-quoi qu'il aurait préféré éviter-tout cela n'avait pas une grande importance. Bha, il suffisait juste qu'il marche, c'était le but même de son 'escapade nocturne', non? De marcher, histoire de se dégourdir les jambes et de trouver le sommeil. S'il ne se trouvait pas dans sa chambre, peut-être le croiserait-il au détour d'un couloir sombre? Tant qu'il ne croisait pas la Mort ou quelqu'un d'un peu étrange aimant se promener seul dans les couloirs mal éclairés la nuit, rien ne pouvait lui arriver d'autre que de se fatiguer. Aller, encore quelques minutes et il ferait demi-tour et se mettrait à rechercher où pouvait bien être passée sa chambre sans réveiller aucun des autres soldats qui dormaient alentours. Il ne tenait pas particulièrement à s'attirer des ennuis en réveillant la moitié de ses compagnons d'armes, à vrai dire..., non, ce n'était pas une bonne idée du tout. Ils n'étaient pas tous forcément d'humeur à rire, à plus d'une heure du matin...

Lawrence passa sa main dans ses cheveux et jeta un bref regard à plusieurs portes devant lesquelles il passa. S'il avait eu quelques années de moins-ou qu'il avait su précisément ce qu'il y avait là-peut-être aurait-il été tenté de frapper et de s'enfuir. Qui n'a pas déjà fait ça? Pas lui, en tout cas. Si ce n'était bien sûr pas au château, il se souvenait d'avoir dérangé certains de ses voisins régulièrement en allant sonner et en se cachant un peu plus loin ensuite pour ne pas se faire attraper. Oh, pas trop loin bien sûr : voir la réaction dudit voisin faisait parti de ces petites choses qu'il trouvait absolument hilarantes. Une des raisons majeur qui faisait qu'il agissait ainsi, finalement. Il lui était arrivé et lui arrivait encore bien sûr d'agir sans attendre quoi que ce soit de son acte, sans espérer quelque chose en particulier, mais en général il ne faisait rien pour rien. Bien entendu il pouvait aider ou offrir sans attendre qu'on lui rende la pareille ; mais il détestait les actes qui n'avaient aucune signification. Et puis il avait grandi, murit depuis l'époque où il embêtait ses voisins en frappant à leur porte ; le jeune soldat laissa s'échapper un léger sourire et poursuivit son chemin, sans cesser d'observer alentours. Pour être honnête il aurait préféré être dans son lit, en train de se reposer comme presque tout le monde ici : seulement ce n'était pas possible, il fallait attendre. Encore, juste le temps qu'il se fatigue. Qu'il ait envie de dormir-ou plutôt que son corps ait envie de dormir, puisque lui ne demandait que ça. Parti comme il l'était, il allait avoir une tête à faire peur le lendemain au réveil. Sans doute que ce serait source de 'gentils sous-entendus' de la part de ses amis, mais il ne s'en faisait pas de ce côté là. Si l'on ne pouvait plus rire même avec des amis, l'ennui aurait gagné du terrain chez tout le monde, c'était certain. Et rester tout le temps seul ou tout prendre au pied de la lettre aurait été très ennuyant. Quelqu'un qui s'énervait à la moindre parole pouvant contenir un double-sens, à chaque gentil reproche ou à la moindre blague au goût un peu douteux ne devait pas être très populaire avec les autres. Mais après tout, entouré de personnes nous ressemblant on se serait tout autant ennuyé ; la diversité était nécessaire, comme on disait.

Le jeune homme aux cheveux bleus sursauta brusquement en entendant comme un bruit de verre brisé. Quelque chose qui se casse, en tout cas. Immédiatement et sans vraiment prendre la peine de réfléchir il passa sa main dans son dos, ce qui n'eut à vrai dire pas d'effet flagrant puisqu'il n'était-évidemment-pas armé. Se promener avec sa faux à deux heures du matin dans les couloirs du château ne lui avait pas parut une bonne idée quand il était partit, surtout étant donné le peu de risques qu'il courait dans des couloirs à une heure pareille ; et puis il ne partait pas pour longtemps. Maintenant et bien qu'il ne soit pas franchement peureux, il aurait tout de même bien aimé avoir sa seule compagne avec lui. C'était rassurant, tout de même. Il se retourna doucement, observant attentivement autour de lui. Non, ça ne venait pas de là. Rien ne semblait cassé et il n'avait pas eu l'impression d'être suivi ou même que quelqu'un d'autre ne marche à proximité. Pourtant il n'était pas fou et entendre des voix n'était pas dans ses habitudes, que ce soit celle d'un fantôme ou celle d'une bouteille en verre qui criait au secours. Rien que cette idée lui arracha un léger haussement de sourcil et une petite grimace. Bien sûr, une bouteille qui crie au secours. Il ne manquerait plus que ça, qu'elle n'ouvre sa bouche-inexistante d'aussi loin qu'il le savait-et qu'elle ne se mette à hurler. Enfin, bref. Le jeune soldat doutait fort que ce soit un cuisiner ou une servante quelconque, même eux avaient droit à un peu de sommeil, comme tout les braves gens. Alors c'était peut-être un voleur? Pas quelqu'un de très adroit, alors. Suffisamment malin pour attendre si tard mais pas assez pour regarder où il mettait les pieds ou les mains? Peu probable. Et puis une bouteille, un vase..., tch, oui, ça pouvait être une décoration, aussi. D'autant plus qu'il n'avait pas vraiment entendu d'où le bruit-étouffé-venait. Une pièce pas très loin, sans doute. Lawrence ne put retenir un très léger rire sarcastique mais un tant soit peu nerveux en se disant que c'était peut-être le tordu qui se promenait après minuit dans les couloirs, une cape sur la tête et un sourire trop large aux lèvres. Dans un léger mouvement de main il chassa toutes ces drôles d'idées, tenant à se concentrer sur des choses probables plutôt que sur des théories fantasques basées sur des préjugés grotesques. Bien, bien. C'était sans doute quelqu'un qui, comme lui, était parti marcher. Le garçon fut un instant pour hausser les épaules et rebrousser chemin pour aller dormir, mais il ne put s'y résoudre. Il n'aurait pas réussi à dormir avant d'avoir trouvé à qui ressemblait le tordu des couloirs du château d'Hatès, à présent.

Par là, non?

Lawrence avançait encore plus doucement qu'auparavant, tendant l'oreille pour chercher à savoir d'où provenait le bruit sourd qui avait attiré son attention quelques instants auparavant. Ce devait être quelque part dans les parages, s'il avait bien entendu..., oui, il en était presque sûr, c'était dans les parages. C'est à peu près à cet instant qu'il remarqua qu'il y avait de la lumière, provenant d'une pièce. Si sa mémoire était bonne-et il n'en aurait pas juré, il ne venait pas souvent par ici-ce devait être..., bha, la cuisine? Quelque chose dans ce goût là. Il voulait bien que les cuisiniers doivent travailler sans cesse pour nourrir tout ce petit monde, mais de là à ne jamais dormir, même la nuit..., non, douteux. Très peu probable si ce n'était impossible. Et quelqu'un qui aurait eu faim..., pas un Noble, dans ce cas. Et puis c'aurait été idiot, tout de même. Le jeune homme aux yeux bleu-violacés poussa un bref soupir, conscient que s'il poussait cette porte la personne à l'intérieur serait immédiatement averti de sa présence. Restait à espérer que ce ne soit pas quelqu'un de trop réactif ou nerveux, ni que ce soit deux personnes. Après tout, qu'est-ce qu'il en savait.., ça ressemblait un peu à une ronde, sauf que c'était officieux, en quelque sorte. Oui, l'idée était valable, juste au cas où. Et puis il ne s'était pas changé, dans tout les cas. C'est en se disant cela qu'il leva les yeux au ciel, et poussa la porte. Pas trop doucement, mais pas brutalement non plus. Il ne tenait pas à faire avoir une crise cardiaque à qui que ce soit, ni laisser le temps à la personne à l'intérieur éventuellement d'envisager de faire quoi que ce soit contre lui, par crainte de qui il pouvait être par exemple.

Et quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que le cinglé du château d'Hatès qui se promenait avec une cape noire et un sourire inquiétant avait de longs cheveux clairs et un air un peu perdu. Par terre.

Pour être tout à fait honnête, quand le jeune homme vit la demoiselle ainsi assise au sol, les morceaux de verre éparpillés et son air étrange, il crut qu'elle avait essayé de faire quelque chose de malheureux à l'encontre d'elle-même. Ce qui lui parut ridicule au bout de deux secondes-ce qui n'enleva rien à la surprise qu'il eut de la trouver là. A l'évidence, elle s'était coupée. Et d'après ce qu'il en voyait elle n'avait pas l'air 'net-net', comme on dit. Enfin..., il observa la pièce en silence un court instant, comptant le nombre de bouteilles vides qu'il voyait et qu'elle aurait pu boire. Après cette brève énumération, il secoua doucement sa tête de gauche à droite. Cette personne lui disait quelque chose, mais il n'avait jamais été doué pour se souvenir des gens-même les personnes importantes-desquelles il n'était pas proche. Alors..., en tout cas, difficile de croire qu'elle avait bu cela toute seule. Elle n'avait pas l'air bien grosse, et c'était une femme ; elle aurait du être dans les pommes depuis un petit moment, normalement. Bha..., qu'est-ce qu'il en savait, au fond.

«Mademoiselle, est-ce que ça va? Demanda-t-il en s'approchant prudemment et avec un léger sourire poli, ne pouvant pas plus répondre des réactions de la 'demoiselle' que des siennes. Qu'est-ce que vous faites là? Ce n'est pas une heure pour..., enfin..., hm, qu'est-ce que vous faites là? Si vous faites quelque chose en particulier bien sûr, ce dont je doute un peu.»

Oui, parce qu'il n'y avait pas vraiment d'heure pour boire, après tout.

[Je l'ai fait! xD. Au final, c'est pas si horrible que l'aurait cru^^.
Et je suis définitivement malade u____u.]

La nuit, le noir, les ombres, les ténèbres… Bien des choses inquiétantes…

Pourtant, la nuit était le moment fétiche de Kim. Y avait-il besoin d’une raison pour cela ? Quoi qu’il en soit, il y en avait bien une. Voir plusieurs. De un, elle vivait et frappait pratiquement continuellement la nuit. Ce n’était pas de sa faute, c’était plus ou moins stratégique. De deux, elle aimait le noir. Le monde inquiétant et sombre ne lui avait fait peur et elle s’y était toujours plongé avec allégresse, malgré le peu de discrétion que pouvait lui apporter son physique plutôt… Lumineux. Surtout pour une démone, être blonde platine, cela créait forcément un grand contraste ! Et troisième raison… La discrétion et le camouflage qu’offrait la nuit était imprenable. Et surtout, à l’origine, tout le monde dormait la nuit. Et Kim aimait avoir de l’espace, elle aimait pouvoir faire ce qu’elle voulait sans aucune contrainte. Ensuite, le matin venu, elle n’avait pas l’habitude d’assumer ce qu’elle avait fait et préférait même fuir à toutes jambes… Depuis qu’elle était toute petite, la belle jeune femme fuyait pas mal de choses qu’elle avait fait. Oh, on ne pouvait pas non plus la considérer comme lâche, elle ne l’était pas. Mais disons que si elle pouvait fuir tranquillement, ce serait toujours plus acceptable que de se faire enguirlander… Pour dire cela joliment. Quoi qu’il en soit, elle avait toujours aimé les nuits ténébreuses. Même si, il fallait l’avouer, elle en avait souvent été effrayée avant… En même temps, avec ses abrutis de frères, il y avait de quoi. Si elle mettait un pied dehors pendant la nuit, elle pouvait être certaine de frôler la crise cardiaque à cause d’une farce de l’un ou de l’autre… De toute manière, elle avait été longtemps une froussarde, que même un simple « bouh » aurait pu faire sauter au plafond ! A présent, c’était elle qui faisait peur, que l’on craignait… Malgré certaines personnes peu crédibles, bien entendu. Kim ne pouvait pas prétendre effrayer tout le monde, ce serait prétentieux ! Mais n’était-elle pas un peu prétentieux tout de même ? Qui ne le serait pas, dans son cas, orgueilleuse ? Il était clair que la jeune femme avait beaucoup de fierté et d’estime d’elle-même, et qu’il était dur de briser ceci. Pas impossible, mais plutôt compliqué.

Et justement, que l’on la voie ainsi effondrée sur le sol, complètement ivre… Peut-être n’aurait-elle pas du boire autant. Elle aurait du se rendre compte qu’en réalité, depuis la deuxième bouteille, elle ne voyait déjà pas très bien. Mais elle n’en avait encore fait qu’à sa tête. C’était sans doute l’un des plus gros défauts de Kim, n’en faire qu’à sa tête. Et c’était pourtant ce qui faisait tout d’elle. Enfin, maintenant, elle devait assumer…

Assumer, dites-vous ? Comment voulez-vous assumer quoi que ce soit lorsque vous ne voyez plus clair à cause de l’eau qui ne cessait de couler de ses deux magnifiques perles bleues ? Des larmes, ses pleurs, appelez cela comme vous le voulez, c’était de l’eau pour elle. Elle ne pouvait en tout cas pas détachez son regard troublé de larmes de la perle de sang qui roulait le long de son doigts, de sa paume, à présent. C’était un beau rouge… Cela la rendait si nostalgique, si perdue en elle-même. Malgré ces jolies phrases, dans la tête de Kim, il était compliqué d’expliquer ce qu’il pouvait bien se passer. Tout était au ralenti, elle ne comprenait plus rien. Elle se sentait juste si légère, si heureuse… En réalité, ressentir quelque chose lui manquait… Même si elle ne pouvait pas justement dire cela. Elle ne ressentait pas le manque de cela. Elle ne ressentait pas de manque. La jeune blonde ne ressentait absolument rien. C’était bien le problème, du coup. Elle ne serait probablement pas ici sinon. En réalité, malgré ce qu’il se disait, personne ne pouvait envier sa place, ni celle de n’importe quel Antarr. C’était une position trop atroce et dure à accepter. Même si on n’avait pas le choix. Si elle avait eu le choix, peut-être n’aurait-elle pas voulu… Même si elle doutait grandement. A ce moment là, elle était dans un tel état elle-même qu’elle aurait vendu son âme au diable pour s’en sortir. Et c’était ce qui était, par coïncidence, plus ou moins arrivé. Il n’y avait nul le temps pour les regrets à présent. C’était ironique, mais elle n’aurait tout de même pas pu les avoir, même si elle l’avait souhaité du fond de son cœur vite. D’ailleurs, son cœur battait… Mais pour plus rien. Elle ne souhaitait plus rien, elle était vidée de tout fardeau, de tout regret. Kim ne pouvait pas se sentir coupable, et si elle mourait, c’était assez malheureux à dire, mais elle ne ressentirait rien. Si sa vie devait se finir, ce n’était pas grave. Elle n’était rien. Juste une petite souris…

Cette pensée la fit légèrement sourire. Elle était amusante. La grande Kim Shanraon, la fière Kim, l’orgueilleuse Kim… Elle se traitait elle-même de petite et insignifiante souris. Quelle ironie… C’était tout à fait minable et pas son style. Mais elle se sentait si petite à présent que la cuisine lui semblait si grande… Tout tournait, c’était angoissant… Elle vivait dans un monde angoissant. Elle ne pouvait pas le changer, pas le moins du monde…

Soudainement, son regard dériva vers la porte, qui s’ouvrit à la volée. Trop rapidement pour elle. Elle sursauta et hoqueta de surprise. Elle se serait douté que la porte ne s’ouvrait jamais toute seule… A moins d’un coup de vent ou d’un fantôme. Mais comme la porte avait de toute manière été fermée et qu’il n’y avait pas de courant d’air, et qu’elle ne croyait pas plus aux fantômes qu’à son innocence, elle s’était obligatoirement douter que quelqu’un était derrière cela. Malgré tout, comprenez-bien qu’une personne saoule ne pouvait pas réfléchir aussi logiquement. De ce fait, la jolie blonde ne voulut pas y croire. Elle s’auto-persuada – et elle est très forte pour persuader xD- qu’il n’y avait personne… Donc que c’était un phénomène totalement anormal qu’elle devait comprendre. Elle en était tellement persuadé que même si elle voyait clairement les jambes d’une personne, le corps d’une personne et le visage d’une personne, elle ne la voyait pas. Kim pensa même que ce n’était qu’une statue ensorcelée… Et oui, cela volait très haut dans la tête d’une ivre… Cependant, elle fut bien obligée de se résoudre à penser qu’il y avait bel et bien quelqu’un ici. Surtout lorsque la voix d’un garçon se fit entendre, résonnant presque désagréablement dans sa tête.

«Mademoiselle, est-ce que ça va? Qu'est-ce que vous faites là? Ce n'est pas une heure pour..., enfin..., hm, qu'est-ce que vous faites là? Si vous faites quelque chose en particulier bien sûr, ce dont je doute un peu.»

Kim redressa soudainement la tête et fixa un moment celui qui venait de lui parler. Des yeux bleus, des cheveux bleus, une belle tête… C’était tout à fait clair pour elle. Était-ce donc un brave chevalier ou le Prince Charmant ? Les deux, sans aucun doute. Il venait la sauver de sa solitude et de ces pauvres pensés. Ce garçon était probablement son sauveteur envoyé d’on ne sait où… Et ça aussi, elle en était persuadée. Si bien qu’elle en oublia presque instantanément le fait qu’il aille pu lui parler. Il était si grand… En tout cas, assise par terre, elle le trouvait étrangement grand et intimidant. Et puis, il était beau aussi… La jeune fille cligna plusieurs fois des yeux, comme si elle voulait se réveiller d’un rêve. Mais rien n’arriva. Kim ne voyait que ce garçon. Oh… Elle voulut tester quelque chose. Pour cela, elle tenta de se hisser sur ses jambes. Ses biens trop grandes jambes, pour le coup. Elle qui en avait toujours été fière, pour une fois… Une fois qu’elle se fut correctement hissée sur son perchoir, elle posa une main sur la table pour se maintenir. Et, peut-être trop rapidement pour une personne dans ce genre d’état, elle fit quelques pas pour se retrouver face à ce « prince ». Tiens, c’était encore mieux d’ici…. Elle était pratiquement à sa taille.
Kim posa sa main blessé sur l’épaule du garçon. Comme si elle mesurait parfaitement ses gestes, alors que c’était totalement l’opposé. Son autre main s’appuyait toujours sur la table, alors que son coude lui faisait faux bonds quelques secondes de temps à autres. Quelques mèches de ses pâles cheveux la dérangeaient, mais elle n’en fit rien. Elle était certaine que si elle lâchait la table ou le garçon, ils s’en iraient… Et elle ne le voulait pas. Elle craignait de se retrouver encore seule avec le sol… Et d’un coup, comme ça, elle lui offrit un grand sourire, tandis que ses larmes ne semblaient pas décider à s’arrêter de couler. C’était ennuyeux, elle ne pouvait pas le voir très clairement… Sans crier gare, Kim fit soudainement, d’un ton étonnamment joyeux pour une fois :

« Qui êtes-vous ? Un ange ? Ou un beau Prince ? Vous venez me sauver ?! Comment êtes vous rentrer ici ?!»

Elle semblait elle-même surprise de ses paroles, donnant une intonation étrange à chacun de ses mots. La sauver ? Mais la sauver de quoi ? Si on lui avait demandé, elle n’aurait pas su quoi répondre. Y avait-il besoin d’une raison pour qu’on la sauve ? Elle était effrayée… Enfin, c’est ce qu’elle pensait, car elle ne pouvait pas l’être réellement… Et pourtant, à cet instant même, Kim détestait la solitude. Elle aurait tout fait pour ne pas rester seule. Seule dans cette trop grande cuisine, avec ce cheval effrayant sur une étagère et tous ces dangereux bouts de verres qui ne voulaient que lui sauter dessus et la blesser… Oui, elle aurait tout donné pour qu’il reste avec elle. La blonde ne voulait définitivement pas le laisser partir. Elle ne savait pas qui il était réellement et elle s’en fichait totalement. Il aurait très bien pu être un criminel venu pour la tuer, il n’y aurait pas eu de différence. Au final, elle ne serait pas morte seule, même si cela arrivait… Et puis, elle était elle-même une criminelle, même si à cet instant, elle devait plus ressembler à une enfant apeurée par les ténèbres….

L’alcool était réellement une étrange chose…

Bien, c'était chose faite. Il était entré, il avait poussé la porte. Pourquoi ne pas repartir, maintenant? Juste au cas où, après tout la personne ici n'avait peut-être pas envie d'être dérangée. Oui, ce n'était qu'une hypothèse mais juste au cas où, il aurait peut-être mieux valu reculer prudemment-faire une retraite stratégique, comme il l'aurait brillamment dit. Cela étant c'était un peu tard pour avoir ce genre de raisonnement, maintenant qu'il avait cherché d'où venait le bruit, trouvé d'où venait le bruit, et adressé la parole au bruit. Ou plutôt à la source du bruit, mais c'était à peu de détails près la même chose. Maudite curiosité qui le poussait à entrer un peu n'importe où..., le jour où il lui arriverait des bricoles serait sans doute un bienfait pour le monde entier-ou pour lui, au moins. Quoi qu'il n'était même pas sûr qu'une bonne leçon sur le fait d'entrer dans des pièces supposées vides en plein milieu de la nuit aurait changé quoi que ce soit. Non pas qu'il était borné ou masochiste, loin de là ; ce devait juste être son côté Saint-Bernard. Ou Soldat, au choix. S'il entendait un bruit, il aller vérifier si tout allait bien là-bas. C'était pour cela qu'il se tenait là, dans la cuisine, à deux heures du matin. Une heure parfaite pour une petite promenade de santé, n'est-ce pas? Il était persuadé que la jeune fille qui était assise un peu au milieu de tout serait complètement de son avis. Pour autant il ne lui demanda pas son opinion, jugeant cela peu pertinent et totalement hors sujet-si tant est qu'il y avait vraiment un quelconque sujet abordé pour le moment. Que pouvait-elle bien faire ici, à une heure pareille? Ou plus important, pourquoi buvait-elle, bien sûr. Même si ça, il doutait qu'il y ai vraiment de raison. Lui qui avait toujours pensé qu'une femme ne se saoulait pas, voilà qu'il était fort désappointé. Qu'est-ce qui pouvait bien pousser une jolie jeune femme à boire, si tard-ou tôt, peu importait-dans une cuisine vide et triste? Quelle tristesse, être ivre aurait du être un privilège réservé à la gente masculine. Ce n'était pas sexiste bien sûr, simplement que Lawrence jugeait qu'une femme n'aurait pas du se mettre dans de tels états. Oui, personne n'aurait du le faire, soit entendu. Mais tout de même..., enfin. Pourquoi buvait-elle, cela restait la grande interrogation qui s'immisça dans son esprit, mine de rien. Certes il aurait du l'aider sans chercher à comprendre, mais rien à faire, ça le titillait. Problème de cœur? Ou de famille? Ou peut-être quelque chose de plus grave. Ou une envie de boire passagère. Difficile à dire, elle ne l'avait pas écrit avec les débris de la bouteille sur le sol dur et froid, donc forcément...

Le jeune homme resta silencieux un instant, jaugeant la situation. Si ce n'avait été cette impression désagréable et presque effrayante qu'elle dégageait, elle aurait presque eu l'air d'une jeune fille un peu perdue, voire effrayée. Saoule, bien sûr. Mais quelqu'un de tout à fait normal en somme. De longs cheveux blonds, des yeux bleus...Et pourtant il avait l'impression qu'elle n'était pas humaine, ce qui était étonnant en soit puisque dans ce cas elle ne pouvait qu'être une Métisse ou une Démone. 'Trop' pour être une Métisse, donc sans doute une Démone. Intéressant, le soldat aux yeux bleu-violacés n'avait encore jamais vraiment croisé de Démone avec un tel physique. Elles étaient plutôt sombres en général, rien à voir avec la demoiselle au sol. L'exception qui confirme la règle, sans doute. Une petite exception bien mal en point, en l'occurrence. Il eut un sourire interloqué en la voyant le fixer, se demandant ce qui pouvait bien lui passer par la tête. Encore une fois, impossible à savoir puisqu'il n'était pas médium et qu'elle n'énonçait pas ses pensées à voix hautes, à l'évidence. Lawrence espérait simplement qu'elle ne se demandait pas le meilleur moyen de l'égorger, ou la manière la plus douloureuse de le tuer pour avoir osé déranger sa soirée boisson. Pour ce qu'il en savait les personnes ayant bu plus d'une bouteille d'alcool étaient en général beaucoup moins conciliantes quand elles se mettaient en colère, et il n'avait pas envi de s'engager dans une lutte pour sa survie à cette heure-ci. Enfin, il n'avait rien fait de mal, il ne voyait pas bien ce qu'elle aurait pu lui reprocher..., mais dans la tête de quelqu'un dont les pensées sont embrumées par les vapeurs d'alcool, difficile d'imaginer quelles répercussions peuvent avoir nos propres gestes. Alors il pouvait juste se contenter d'attendre une réaction plus claire, qui lui donnerait des indications sur ce à quoi elle pouvait bien penser, si tant est qu'elle pouvait encore penser. C'était effrayant, si elle avait bu autant qu'elle semblait avoir bu ; après cette dose d'alcool ingéré, Lawrence aurait sans doute été en train de dormir dans un coin, et ne se serait réveillé que beaucoup plus tard. Elle devait être drôlement résistante, ça s'applaudissait.

Enfin, non, non : boire, c'était mal. Des réprimandes auraient été plus utiles...

Soudain la jeune fille aux longs cheveux blonds sembla vouloir se lever, ce qu'elle réussit à faire-même si elle n'avait pas l'assurance que n'importe qui aurait du avoir dans d'autres circonstances. En la voyant ainsi debout, appuyée contre la table, il se rendit compte qu'elle était plus grande que ce qu'il aurait initialement cru. Elle devait dépasser le mètre soixante-dix, en tout cas-et pour une femme c'était déjà une bonne taille. Blonds, yeux bleus, grande, mince..., en fait, c'était une belle personne. D'un point de vue tout à fait objectif, en tout cas. Il ne se rappelait pas s'il l'avait déjà croisé au château, mais ça ne voulait rien dire de toute façon ; quand il traversait les couloirs il ne prêtait pas attention aux visages inconnus. Il passait sans les regarder, et s'il les voyait il oubliait leur visage très peu de temps plus tard.

La jeune inconnue avança quelque peu, pour poser sa main sur son épaule. Il ne recula pas, mais ne se sentait pas particulièrement à l'aise pour autant ; disons que malgré l'air qu'elle arborait, être dans la même pièce que quelqu'un ayant autant bu n'était jamais particulièrement rassurant. La blonde souriait à présent, mais elle continuait de pleurer-ce qui en soit donnait un mélange assez étrange.

« Qui êtes-vous ? Un ange ? Ou un beau Prince ? Vous venez me sauver ?! Comment êtes vous rentrer ici ?!»

En entendant cela, brusquement, Lawrence eut l'envie irrépressible de rire-chose qu'il ne fit pas, bien sûr. Il n'en laissa paraître qu'un sourire et un air interrogateur. Un ange ou un beau Prince? Oh, elle ne semblait pas avoir une trop mauvaise opinion de lui, c'était certain. Peut-être même un peu trop bonne, pour le coup. Être comparé à un Prince était tout-à-fait agréable bien sûr, mais en tant que Soldat la comparaison ne pouvait que le faire rire. C'était pire qu'une antithèse en l'occurrence ; il était tout sauf un Prince, et n'avait jamais eu l'impression d'en avoir l'allure. Beau, il concédait qu'il ne se trouvait pas laid, loin de là. Quant-à un ange..., non plus, manque de chance. S'il avait eu de grandes ailes blanches dans le dos et une auréole il voulait bien, mais pour le moment il n'était qu'un simple soldat qui parcourait le château à cause d'une insomnie.

Ah, honnêtement..., quelle tristesse que l'on doive être saoul pour reconnaître sa grandeur et son mérite, n'est-ce pas?

«Lawrence, répondit-il avec un léger sourire, jugeant inutile de lui donner son nom dans de telles circonstances. Je n'ai pas la prétention d'être un Prince ou un Ange, désolé.»

Le jeune homme regarda la pièce d'un mouvement circulaire du regard, et retint un soupir. Comment était-il censé faire, dans ce genre de cas? Il aurait bien aimé la ramener dans ses appartements mais encore fallait-il qu'elle se souvienne où ils étaient. Et qu'elle veuille bien partir d'ici, de plus. Pour avoir déjà eu affaire à des personnes dans ce genre d'état, il allait de son avis devoir attendre un petit moment avant d'obtenir quoi que ce soit de concret. Enfin : tant qu'elle ne le frappait pas, pour l'instant ce n'était pas grave. En tout cas il ne pouvait pas la laisser seule ici, c'était dangereux et irresponsable. Et puis, et puis..., elle aurait pu tomber sur quelqu'un de mal intentionné, et il préférait éviter de n'avoir rien fait contre. Son seul objectif clair pour le moment était de ne pas attirer plus l'attention de qui que ce soit qui se serait levé, qui ferait une ronde dans le château ou qui aurait été alerté par le bruit. Donc silence maximum, finalement.

Ça non plus, il n'était pas certain que ça allait être simple.

«Vous sauver? Vous vous sentez en danger? A part tomber par terre, contre un coin de table ou vous couper avec la bouteille, vous ne risquez pas grand chose ici..., ajouta le jeune homme aux cheveux bleus en essuyant les larmes de la jeune fille avec le plat de son pouce, comme il pouvait. Et je suis rentré par la porte, là..., je serais bien passé par la fenêtre, mais comme je ne sais pas voler je me suis dit que ce n'était pas une bonne idée.»

Lawrence ponctua ses dernières paroles d'un léger hochement de tête, tout en se demandant ce qu'il allait bien pouvoir faire, maintenant. Remarque il n'avait pas sommeil, ce qui était plutôt une bonne chose en soit. S'il avait été mort de fatigue il ne savait même pas comment il s'y serait prit. Et de toute façon pour la ramener où que ce soit, il devait savoir où aller. Parce qu'à vrai dire il ne voyait pas très bien où il pourrait la laisser se reposer, sinon..., ça n'allait pas être simple. Enfin, tant qu'elle restait à peu près tranquille et qu'elle ne criait pas, ça devrait aller. Dans le cas contraire, il n'aurait plus eu qu'à espérer que tout les habitants du château s'étaient endormis à coup de calmant et qu'ils n'entendraient rien. Il espérait simplement que si quelqu'un devait arriver ce serait quelqu'un qu'il connaissait et à qui il pourrait expliquer la situation, auquel cas il n'était pas sûr de l'interprétation que d'autres pourraient en faire. Or il ne tenait pas à se retrouver embrigadé dans une histoire compliqué qui n'était même pas vraie, donc...

«Et qu'est-ce que vous faites là, Mademoiselle...?»

Juste au cas où cette fois il lui prendrait la fantaisie de répondre. Et Mademoiselle comment, d'ailleurs? Non pas que ça l'aiderait, mais il aurait bien aimé avoir son point de vue sur la situation.

Bien qu'à priori le sien devait être nettement plus prosaïque que celui de la jeune fille...

Pourquoi l'herbe était-elle verte? Pourquoi le ciel, en journée, était-il bleu?

Kim n'en savait rien. Elle ne savait même pas pourquoi elle se demandait quelque chose d'aussi inutile. A quoi cela lui servirait-il de savoir cela? Ceci n'allait probablement pas changer sa vie. Au mieux, cela lui apprendrait quelque chose, au pire, cela ne lui servirait strictement à rien. Alors elle n'était pas curieuse de ce genre de chose. Elle avait toujours était plus attiré par toute la partie 'pratique' que la partie 'écoute'. Ce n'était pas de sa faute, c'était sa nature. Tout ce qu'on le ne pouvait pas toucher, ce qui n'était palpable, elle n'aimait pas cela. C'était si ennuyeux... Tellement ennuyeux qu'elle pourrait s'endormir en posant elle-même ce genre de question. Et elle serait dégoutée d'elle même... Et elle racontait n'importe quoi. Elle ne comprenait que la moitié des mots auxquels elle pouvait bien penser. Si elle s'était trompé en mettant un mot à la place d'un autre, elle n'en serait pas étonnée. Heureusement qu'elle ne devait pas tenir une conférence de quoi que ce soit, n'est ce pas? Et à cette heure aussi avancée de la nuit, il serait étonnant qu'elle aille quoi que ce soit à faire... A part dormir, bien sûr. Mais à ce point là, elle ne pensait pas à dormir, non. Ce serait trop dangereux. Elle se sentait en danger, ce soir. Elle avait beau l'être constamment, elle se sentait particulièrement en danger ce soir. Peut-être était-ce à cause de cette salle qui tournait sans s'arrêter ou encore de cette porte qui c'était ouverte sans qu'elle ne comprenne pourquoi, mais elle se sentait menacée. Quelque chose ne tournait définitivement pas rond ce soir. Trop d'alcool, sans doute. Il fallait avouer que d'avoir bu autant, elle aurait du déjà être dans un coma éthylique profond, sans doute. Et pourtant, elle subsistait consciente. Et bien consciente, malgré tout. Kim avait beau tangué et ne plus voir très bien, elle savait parfaitement ce qu'il lui arrivait, n'est-ce pas? En tout cas, elle avait déjà eu la présence d'esprit d'arrêté de boire... Bon, elle n'avait pas eu le choix, après s'être coupée. Elle n'avait surtout pas eu le temps. Si elle n'avait pas fini de boire à se retrouver dans le coma, c'était grâce- ou à cause- de ce qu'il s'était déroulé, pour sûr. Alors, oui, elle n'était pas entièrement satisfaite. Du moins, elle ne l'aurait certainement pas été si elle avait du arrêter pour rien. Cependant, il y avait quelque chose de plus intéressant et plus mystérieux que de se noyer dans l'alcool à cet instant même.

Et cela attirait beaucoup, beaucoup plus l'attention de Kim.

Bon, d'accord, il ne fallait pas grand chose pour attirer son attention ce soir. Même un minuscule bruit- si cependant elle arrivait à l'entendre- l'aurait tout de suite captivé. Et pour un bon moment. Voilà pourquoi elle avait du fixer aussi longtemps de son regard bleu cette fichu porte. Déjà qu'à l'origine, ses yeux étaient pratiquement vidés d'émotions, à cet instant, elle avait du ressembler à une morte qui n'avait pas pu fermer les yeux avant que son cœur ne s'arrête. Curieuse comparaison, mais curieusement vraie, aussi. De toutes les manières, Kim ressemblait toujours plus à une morte qu'à une humaine normale. C'était ainsi, être Antarr. On était effrayant, on n'avait plus de sentiment, plus d'émotions à montrés... Et en plus de tout, ils ne pouvaient même pas savoir si cette transformation leur faisait peur ou leur faisait plaisir. C'était ennuyeux. Et c'était la seule chose à laquelle elle aurait bien pu penser si quelqu'un lui avait demandé ce que cela faisait d'être un Antarr. Il n'y avait pas d'excitation, c'était à peine si on pouvait comprendre ce que les autres ressentaient. Non, ce n'était pas à peine, on ne comprenait pas, tout simplement. Et cela ne pouvait pas nous manquer. Sincèrement, Kim ne comprenait plus grand chose à ce qu'il se passait autour d'elle. Comment pouvait-il y avoir une polémique sur le fait de tuer? Il n'y avait rien d'atroce, rien d'effrayant là dedans. La mort était quelque chose de totalement naturel que certaines personnes, dont elle faisait probablement partie, ne faisait qu'avancer. Faute de laisser les autres se détruire d'eux même ou de les laisser vivre une vie trop longue et ennuyante... C'était un service. Le dirigeant de Hatès, elle ne savait pas si il était sur cette longueur d'onde, mais il lui semblait que c'était un peu de cette façon qu'il ordonnait des meurtres ou qu'il faisait la guerre. Mais elle savait que ce n'était qu'une soif de pouvoir. Soif qu'elle ne comprenait pas. Et encore moins ce soir, visiblement. La seule soif qu'elle ressentait était la soif d'alcool. Une très grande soif qu'elle avait peu à peu étancher ce soir.

Quoi qu'elle veuille penser, tout revenait irrémédiablement à l'alcool, n'est ce pas? Ah...Quelle triste situation que la sienne...

Tiens, pourquoi était-elle si grande? Elle se le demandait bien. Savez-vous combien être aussi grande pouvait l'embêter, actuellement? Parce qu'elle voyait tout ce qui tournait de trop haut. Et cela lui donnait un mal au cœur horrible. Elle soufrait, elle soufrait beaucoup. C'était douloureux de boire. Elle ne l'avait encore jamais remarqué. Ou plutôt, elle l'avait déjà oublié. C'était un désavantage de l'alcool, sans doute. Tout oublié et vouloir recommencer quand même. Parce qu'au fond, lorsque l'on buvait seul, c'était pour oublier, non pas pour faire une grande fête. Ce serait totalement stupide, non? En tout cas, c'était illogique. Et être illogique à ce point là, c'était être plus que fou. Ou saoul d'avance, probablement.
Si Kim aurait pu entendre correctement ce qu'elle avait dit au garçon qui était rentrée, si elle aurait pu l'entendre en étant sobre, probablement qu'elle se serait frappée la tête contre une table. Tellement, tellement, tellement stupide! Elle n'avait pas le souvenir d'avoir eu le désespoir pour dire ce genre de chose. Excepté gamine, comme toutes les jeunes enfants, qui rêvaient du Prince charmant... Mais ensuite, il fallait bien se faire une réponse. L'homme parfait n'existait pas. La femme parfaite non plus. Tout le monde avait ses propres défauts, après. Et la femme qui dit être parfaite et semble parfaite ne l'est pas. C'est une menteuse, tout simplement. Et Kim n'aimait pas les menteuses... Bye bye ~.

«Lawrence. Je n'ai pas la prétention d'être un Prince ou un Ange, désolé.»

Law... Law-... Mince, elle n'arrivait pas à sortir ce nom. Il en semblait pas très compliqué pourtant. Alors pourquoi? Quoi qu'il en soit, elle avait tellement bloqué sur la première partie de sa phrase qu'elle n'avait presque pas entendu la deuxième. Pas la prétention de... Ah, elle avait compris. Mais pourquoi utiliser de tels mots aujourd'hui? Elle ne comprenait réellement pas les gens. Il était tout de même plus de 3 heures du matin, et il y avait encore des gens qui utilisaient de tels mots, tout de même... En fait, elle ne voyait même pas clairement le visage de ce Law-quelque chose, alors si elle devait chercher à comprendre des phrases compliqués, elle n'allait pas y arriver...
Elle s'appuyait très fortement sur la table, pour ne pas écraser l'épaule du garçon. Cela aurait été dommage de lui faire mal. Il semblait gentil, après tout... Et dans son camp, c'était quelque chose d'indéniable. Malgré le fait qu'elle était saoul, elle avait toujours cette idée en tête. C'était un automatisme de détecter ce genre de chose. Ou elle serait probablement déjà morte.

«Vous sauver? Vous vous sentez en danger? A part tomber par terre, contre un coin de table ou vous couper avec la bouteille, vous ne risquez pas grand chose ici... »

Oui, elle se sentait en danger. Elle était en danger, actuellement. Oui, elle risquait effectivement de se faire mal dans cette cuisine. Mais elle risquait beaucoup plus gros. Elle risquait de perdre sa tête à force. Elle risquait de perdre son efficacité. Elle risquait de se faire tuer. A tout instant, et elle le savait bien, elle risquait de laisser sa vie. A cet instant même, même lorsque le bleu posa son pouce sur son visage pour enlever du mieux qu'il pouvait quelque chose qu'elle avait sur les joues- des larmes, sans doute-, elle se sentit en danger. Cela la fit même légèrement frissonner. Elle aurait du en avoir l'habitude, des contacts physiques. Mais cela la surprenait toujours autant, lorsqu'elle ne les prévoyait pas, qu'elle ne les faisait pas.

« Et je suis rentré par la porte, là..., je serais bien passé par la fenêtre, mais comme je ne sais pas voler je me suis dit que ce n'était pas une bonne idée.»

Par la porte, réellement? Oh... Surprenant. C'était impossible, pour elle, il ne pouvait pas être passé par la porte. Personne n'était passé par la porte à part elle. Donc, c'était impossible. Cependant, il lui semblait tout aussi clair qu'il n'était absolument pas passer par la fenêtre non plus. Il ne pouvait pas voler, comme il l'avait dit. Il n'était pas un ange, donc non. Et elle ne voyait pas d'aile. La fenêtre n'était pas non plus ouverte. Il était apparu alors? Elle ne voulait tout simplement pas croire qu'il était arrivé par la porte. C'était la seule chose qui semblait belle et bien réelle à ces yeux, à laquelle elle s'accrocherait pendant un moment. C'était son dilemme du soir. Croire ce garçon ou croire ce qu'elle pensait elle même. Croire le rationnel ou croire l'irrationnel. Cruel dilemme dans un monde ou la magie et le réel cohabitait, n'est-ce pas? Kim ne pu que lâcher un petit soupir. Un très léger soupir de découragement avant d'entendre de nouveau la voix de Law' – elle avait décidé de le nomme comme ça, faute de trouver la fin de ce prénom- qui résonna dans son crâne.

«Et qu'est-ce que vous faites là, Mademoiselle...?»

Ce qu'elle faisait là? Oh... La grande blonde éclata soudainement de rire. Elle ne savait pas ce qui était amusant, elle avait juste eu envie de rire, au lieu de pleurer. C'était un rire sans rien derrière, aucune joie, aucun vrai sourire. C'était juste un rire pour rire. Elle lâcha subitement l'épaule du garçon aux cheveux bleus et fit un grand demi tour, en tournoyant gracieusement, malgré l'alcool. Néanmoins, elle du rapidement se rattraper sur le plan de travail sous peine de se casser la figure. Effectivement, la cuisine comportait beaucoup de danger insoupçonnés. Et d'une certaine manière, n'importe qu'elle partie du monde devenait un parcours du combattant pour une personne saoule.
Une fois rattrapé et revenue fermement sur ses deux longues jambes, Kim pu entreprendre de faire autre chose. Comme de s'assoir sur la table, au final. Mais cela lui sembla plus compliqué que prévu. Tandis qu'elle entreprenait de se hisser sur la table, elle répondit, d'une voix quelque peu absente, une fois son grand rire tristement vide parti.

« Ce que je fais ici... Et bien, et bien! Je prends le thé, bien entendu! »

Elle ria de nouveau, ses larmes continuant de lui gâcher la vu. C'était étrange, trop étrange pour être décrit, ce sentiment qu'elle avait. Elle se sentait mal et bien, elle était triste et heureuse, elle avait froid et chaud... Honnêtement, elle était perdue entre l'envie de dire qu'elle aimait cela et l'envie de dire qu'elle haïssait cela. Que c'était étrange.
Finalement, abandonnant l'idée de remonter sur son perchoir, elle trouva une idée encore plus intéressante. Kim se baissa, en se tenant fermement à la table pour ne pas basculer. Elle agrippa une bouteille pleine dès qu'elle la trouva et se redressa vivement. Un peu trop vivement puisque sa tête se mit brusquement à tourner et elle eu des vertiges. Elle vacilla très légèrement, posant la bouteille sur la table et une main sur sa tête. Woh, woh, du calme... Elle se reprit néanmoins très vite, trop vite même, redressant la tête aussi vivement qu'elle s'était relevée, faisait voltiger une bonne partie de sa longue chevelure blonde. Avec un grand sourire qui ne collait pas avec son visage ou ne ressemblait même pas à une expression d'émotion, elle dit glorieusement:

« Vous-voulez du thé, vous aussi? Il y a beaucoup de thé ici... »

Elle savait pertinemment que ce n'était pas du thé. Et il le savait aussi. C'était juste amusant de prétendre qu'une vache était un cheval. Elle ne savait pas ce que le jeune homme allait bien pouvoir répondre. Etait-il au moins majeur? A vu d'œil, oui, certainement. Mais en vu du nouveau de sa vu brouillé, actuellement, elle ne pouvait rien affirmé, cela aurait été bien trop fou.
L'hospitalité, même lorsqu'elle n'était pas chez elle-pas réellement, disons-, lui semblait très importante. Elle le démontrait à présent, en proposant à boire au garçon. Elle lui aurait bien proposé de s'assoir, mais comme elle ne pouvait elle-même pas s'assoir, elle ne le fit pas. Bon, elle devait trouver quelque chose d'autre à dire. Elle n'aimait pas du tout le silence ce soir. Cela la faisait pleurer. D'ailleurs, l'eau coulait encore sur ses joues. Elle tenta de les essuyez d'un revers de main, mais il lui sembla qu'elle laissa un peu de sang sur sa joue au final. C'était catastrophique, après tout. Et finalement, elle trouva quelque chose à dire. Kim ne savait pas si elle allait réellement être très clair, mais tant qu'à faire...

« Enchantée Monsieur Law'... Je peux vous appelez Law', n'est ce pas? Moi c'est Kim. C'est beau, Law-... Law-... »

Et mince, son nom... Elle n'avait toujours pas trouver la fin. C'était ennuyeux. Et elle n'aimait pas ce qui était ennuyeux. Malheureusement, elle n'y pouvait rien, actuellement...

Et la jeune femme n'y pourrait rien avant un moment, sans doute...

Il y avait des jours, comme ça...

Ou plutôt des nuits, en l'occurrence. D'ailleurs, Dieu qu'il devait être tard! Lawrence n'imaginait même pas la tête qu'il allait bien pouvoir faire en se réveillant, le lendemain matin. Ou dans quelques heures, plus précisément. S'il avait été Comte ou il-ne-savait-trop-quoi, sans doute aurait-il pu dormir un peu plus sans s'en trouver inquiéter, mais le fait était qu'il n'était qu'un simple soldat ; et, de fait, il avait des horaires assez précises. Il chercha à se remémorer son emploi du temps du lendemain, et ne put réprimer une petite grimace en se souvenant qu'il avait promis à quelqu'un de s'entrainer avec lui. Ça, pour sûr, ça n'allait pas être brillant..., il avait tout intérêt à trouver un moment pour récupérer quelques heures de sommeil durant la journée, sinon ça allait encore être le branle-bas de combat pour rester éveillé. Or un soldat est plus efficace éveillé, c'était une certitude. Ça pouvait même être dangereux d'être à moitié endormi, dans certains cas. Enfin..., le jeune homme aux yeux bleu violacés avait beau se dire ça, ça ne le poussait pas réellement à se dépêcher et à retourner dormir. Parce qu'après tout, c'était bien parce qu'il n'arrivait pas à trouver le sommeil qu'il était sorti en premier lieu ; s'il retournait dans sa chambre maintenant il y avait de grands risques pour qu'il ne l'y trouve pas plus que quand il en était sorti. Moralité, mieux valait accomplir sa bonne action de la soirée, et se plaindre de sa fatigue quand il la ressentirait, le moment voulu. Et puis même si'l l'avait voulu, il se voyait mal abandonner cette jeune fille là et repartir comme si de rien n'était, faisant comme s'il n'avait rien vu de tout cela. Plus pratique certes, mais vraiment pas charitable. D'autant plus que s'il l'avait laissée là, elle aurait bien été capable de se recouper, ou de se faire plus mal qu'elle ne s'en était déjà fait-volontairement ou pas. Qu'elle recommence à boire n'était pas une bonne idée non plus, dans son état. Et elle aurait tout aussi bien pu tomber, ou Dieu seul savait ce qui aurait pu lui arriver encore. En tout cas de son point de vue, il n'avait pas vraiment le choix de rester avec elle ou pas. Remarque, avec un peu de chance, peut-être s'endormirait-elle bientôt. Il en doutait fortement, mais ça ne l'empêchait pas de formuler les hypothèses qui lui plaisaient, non? Et puis dans le pire cas de figure possible il trouverait bien un endroit plus..., approprié où elle pourrait dormir. Ça devait bien exister, dans ce maudit château ; il n'était pas si grand pour rien, après tout. Enfin..., le jeune soldat espérait tout de même qu'elle pourrait retrouver le chemin de ses appartements, où qu'ils soient.

Lawrence ne put retenir un léger tressautement en entendant la jeune fille aux longs cheveux blonds se mettre à rire avant de ne le lâcher brusquement pour faire un magnifique demi-tour sur elle-même. Uuuh..., complètement partie, la demoiselle. Il resta un moment à la regarder de la sorte, l'air perplexe. Et d'abord, c'était quoi, ce rire? Non pas qu'il n'aimait pas entendre les gens rire, en général il adorait écouter d'autres personnes manifester leur joie d'une manière ou d'une autre. Non, c'était juste son rire qui lui avait paru étrange, pour le coup. Un rire..., oui, étrange. Il ne voyait pas très bien quel autre mot utiliser, pour le coup. Dérangeant, aussi? Peut-être, oui. Étrange et dérangeant. Dans le fond, ça devait sûrement venir du fait qu'il n'avait pas eu l'impression qu'il y ait de la joie derrière ce rire, justement. Il chassa ces idées d'un petit geste de la tête, avant de ne froncer très légèrement les sourcils. Eh..., maintenant qu'il la regardait mieux, il lui semblait qu'il l'avait peut-être déjà vue, finalement. Mais où? Et qui c'était? Deux grandes questions auxquelles il aurait franchement adoré trouver des réponses, pour l'heure. De un parce que ça le renseignerait sur son grade et sa fonction, et de deux parce que ça arrêterait de l'agacer à ce point. Avoir quelque chose sur le bout de la langue sans pouvoir le dire était énervant, tellement frustrant! Et là il savait qu'il savait mais n'arrivait pas à s'en rappeler assez clairement pour pouvoir le dire. Bon, il fallait dire que s'il l'avait croisée ou même seulement vue ce n'était sûrement pas dans ce genre de contexte, et ça n'aidait pas. Parce que la jeune fille qu'il avait en face de lui était saoule-et essayait visiblement de se hisser sur la table à présent, d'ailleurs-et que celle dont il essayait de se souvenir ne l'était pas, pour sûr. Quel dilemme..., impossible de mettre un nom sur cette personne. Ni une fonction. Ni même un lieu ou bien des connaissances. Rien, en fait. C'était l'air qu'elle arborait, aussi..., il ne l'aidait vraiment pas, il devait bien l'avouer. S'imaginer une saoule sobre était au moins aussi compliqué que le contraire.

«Ce que je fais ici... Et bien, et bien! Je prends le thé, bien entendu!»

Et elle se remit à rire. Oh..., le thé? Le thé. Bien sûr, le thé. Il doutait fort que le thé se boive maintenant à la bouteille et qu'il fasse ce genre d'effet à qui en boive, mais pourquoi pas. Si elle voulait boire du thé, qu'elle boive du thé ; ça ne changeait pas grand chose de toute façon. Elle aurait pu dire qu'elle buvait du sang, ça ne l'aurait pas plus inquiété que cela. Quoi qu'à la réflexion..., si, ça l'aurait légèrement inquiété. Mais là, elle parlait juste de thé. Il savait très bien que c'était de l'alcool qu'elle avait bu, et non pas un arôme hallucinogène ou hilarant de thé, mais il se voyait mal lui expliquer cela à cette heure-ci, vu son état. En tout cas elle avait l'air bien en forme, pour quelqu'un qui n'avait pas du dormir depuis de très, très longues heures. En d'autres circonstances ça l'aurait sans doute amusé, mais là il aurait préféré au contraire qu'elle tombe de fatigue et ne veuille s'installer sur la table pour y dormir quelque temps. Oh, quoique non, à la réflexion non ; si par malheur elle s'était endormie, elle n'aurait jamais pu lui montrer le chemin de ses appartements. Alors Lawrence aurait préféré qu'elle..., soit fatiguée, mais pas endormir. Voilà un compromis qui lui aurait paru valable, dans les grandes lignes. En tout cas c'est ce qu'il ne put s'empêcher de se dire en regardant la jeune fille aux yeux bleus s'agripper à la table et se baisser, pour ramasser une bouteille. Pendant quelques secondes il resta la regarder, interdit, se demandant si elle comptait se remettre à boire son 'thé'. Il en était hors de question, ça c'était une certitude ; il ne savait pas à combien de gouttes elle était du coma éthylique , mais elle n'en était pas assez loin à son goût, ça c'était certain. Et pourtant, elle se remit à sourire ; comme quoi elle n'était pas la plus perdue des deux, dans un certain sens.

«Vous-voulez du thé, vous aussi? Il y a beaucoup de thé ici...»

Le jeune homme aux cheveux bleus pencha très légèrement sa tête sur le côté, l'air de se demander si c'était bien à lui qu'elle s'adressait. Du thé? S'il voulait du thé? Il secoua sa tête de gauche à droite, avant de ne prendre un air désolé.

«C'est gentil, mais je crois que ça ira...»

Certainement que ça irai ; il n'avait pas encore assez soif pour se mettre à boire ce que contenait cette bouteille. Et puis ce n'était pas le moment d'organiser une soirée boisson et de raconter à n'importe qui sa vie et ses problèmes. D'ailleurs il valait mieux qu'il reste parfaitement sobre, c'était mieux comme ça. C'était même évident, il n'y avait pas de question à se poser. Il s'était déjà fait des remarques par rapport à la tête de déterré qu'il risquait de faire le lendemain, ce n'était pas pour empirer les choses avec de l'alcool-quel qu'il soit. Sinon à ce rythme là, on aurait pu lui hurler dans les oreilles qu'il n'aurait pas bougé le petit doigt, au moment fatidique de se réveiller. Or qu'il le veuille ou non, il devrait se lever ; autant s'épargner des difficultés supplémentaire. Surtout que c'était déjà compliqué de gérer quelqu'un qui avait trop bu quand on était totalement clair, alors quand on ne l'était plus tout-à-fait ça pouvait vite se transformer en mission impossible. Et, brusquement, il eut une sorte de flash. Une Antarr! Non, il lui semblait qu'il était possible qu'éventuellement sans trop s'avancer avec un peu de chance et en la regardant avec plus d'attention sans réellement en être sûr pour autant et bien sûr avec tout les doutes qui se devaient de rester avec cette supposition plus qu'hasardeuse qu'il avançait dans le secret de son esprit visiblement tordu pour penser des choses pareilles, c'était possiblement une des Antarr qui vivait au château. Mais..., d'un autre côté, à la regarder comme ça, il venait à en douter. Il confondait peut-être, mais il lui semblait bien que l'un d'eux était une jeune fille blonde, jolie..., hmn. Il y avait plusieurs filles blondes et de son point de vue jolies, au château. Pas tant que ça, mais il y en avait. Alors oui, il était possible qu'il se méprenne. Ce n'était rien qu'une supposition, après tout. Et si c'en était vraiment une...

«Enchantée Monsieur Law'... Je peux vous appelez Law', n'est ce pas? Moi c'est Kim. C'est beau, Law-... Law-...»

…, non, impossible. Lawrence chassa cette idée saugrenue de son esprit d'un revers de main, décidant de ne plus s'en soucier. Ça aurait expliqué ce qui lui paraissait étrange chez elle, mais c'était ridicule. Une Antarr, ça pouvait être saoul, au moins? Il n'en savait strictement rien, mais ça lui paraissait trop étrange pour être possible. Pour un peu il aurait rit d'être aussi méfiant : quelqu'un qui boit dans les cuisines à cette heure-ci peut-être tout-à-fait normale, il n'avait pas besoin de se faire peur pour rien. Il se concentra de nouveau sur la dénommée Kim-puisque visiblement c'était son nom-et fit de grands gestes avec ses mains, l'air de dire que ce n'était pas grave.

«-rence. Lawrence. Mais vous pouvez m'appeler Law' si vous préférez, ce n'est vraiment pas grave. Tout mes amis m'appellent comme ça de toute façon, répondit-il avec un sourire, cherchant ce qu'il allait bien pouvoir faire ensuite. Mais, Kim, ce n'est vraiment pas l'heure de boire du..., thé.»

Thé. Ça valait ce que ça valait, mais il ne pourrait plus regarder une tasse de thé sans penser à de l'alcool durant les jours qui allaient suivre, à présent. Enfin, il n'en buvait pas vraiment d'habitude mais c'était sûr que cette histoire n'allait pas faire augmenter sa consommation de jus de plantes écrabouillées. Il jeta un bref coup d'œil aux morceaux de verre au sol, et se dit dans un soupir qu'il allait falloir ramasser tout ça. Et avant cela, ranger les bouteilles vides, aussi. Il n'avait pas envie que quelqu'un croit qu'il s'était passé Dieu seul savait quoi ici. Ou en tout cas il ne voulait pas y être mêlé, merci bien. Il n'avait rien fait de mal, pour une fois...

«Il va falloir nettoyer tout ça avant d'aller dormir, dit-il dans un soupir. Et puis justement, vous devriez aller dormir ; vous n'avez pas l'air bien, vous devriez vous reposer. Et moi aussi, d'ailleurs. A moins...»

Il croisa les bras, et regarda Kim de nouveau. Elle n'avait pas l'air fine, comme ça..., il regarda autour de lui, et finit par trouver ce qu'il cherchait. Le soldat attrapa un tissu blanc, et s'approcha quelques peu de son interlocutrice, le lui tendant.

«Pour votre visage. A moins, donc, que vous ne vouliez absolument rester ici à..., à rester là.»

Kim haïssait le thé, quel qu’il soit. Oh que oui, elle détestait cette chose.

Y avait-il réellement besoin d’une raison pour haïr quelque chose ou quelqu’un ? Elle ne savait pas. En réalité, elle pouvait dire qu’elle le haïssait, mais elle ne savait même plus ce que cela pouvait bien signifier, haïr. Enfin, non, elle en savait la définition, mais elle ne pouvait pas en ressentir ne serait-ce que l’échantillon de ce sentiment. Mais par principe, par respect de qui elle était avant de ne plus ressentir cela, elle savait qu’elle haïssait le thé, qu’elle ne pouvait pas en boire, que ce serait contraire à elle-même. Et il ne manquerait plus que cela, qu’elle se contredise d’elle-même ! Ce serait réellement incroyable et fou, n’est-ce pas ?... Quoi que au point ou elle pouvait bien en être, ce n’était pas un peu plus de folie qui pourrait encore l’affecter ou la tuer. Il y a un seuil ou l’on se dit que tout ce qui peut arriver ne pourra jamais être pire, alors on se fiche de tout. C’est tout à fait rationnel, tout le monde devrait le savoir. Tiens, elle pensait quelque chose de normal, de rationnel… Ca, c’était surprenant et tout à fait inhabituel, pour sûr. Et ça n’avait pourtant pas grand-chose plaisant. Non, ça lui faisait juste comme… Comme plaisir, ‘chaud au cœur’, comme certaines stupides personnes le dirait. D’ailleurs, c’était curieux comme le cœur, un simple organe qui nous permet de vivre, était mis autant en avance dans ce qu’on appel « l’amour » et d’autres choses de ce genre, par une représentation graphique encore plus stupide d’ailleurs. Parfois, les personnes normales étaient encore plus timbrées que des personnes comme elle, que l’on regarde pourtant de travers. Pourtant, elle ne se sentait pas si différente, elle était totalement normal, même plus que la plupart des gens. Elle vivait très bien, sans ses sentiments… Regardez, elle venait juste de dire un mensonge et tout allait bien. Elle venait juste de se mentir et rien ne clochait, elle s’en fichait. Et alors ? De toute manière, elle n’y pouvait absolument rien, alors autant s’en servir comme d’un atout. Pas mal de personnes l’avait compris d’ailleurs. Comme le souverain du château de lequel elle et même Law’ se trouvait. Celui-ci avait trouvé la parade en l’engageant elle, un Antarr à travailler pour lui. Et elle avait acceptée. Bah… Il la sortait de cette prison de glace et en échange, elle travaillait un peu, sans éprouver aucune chose de ses actes en vivant tranquillement. Pas mal de personnes auraient dit oui, elle en était certaine, même si elle faisait des infidélités terribles à son pays d’origine… Ca aussi, elle s’en fichait en réalité. Elle n’était pas prête de retourner là-bas. Elle était partie délibérément de son plein gré de ce pays, après avoir fait pas mal de… De ménage, oui. C’était de là-bas que venait sa superbe haine contre cette bouillie de plante. Mauvais souvenirs d’enfance… Mauvais frères, mauvais parents, mauvaise famille tout court. Kim ne pouvait pas en dire beaucoup plus, c’était le juste résumé de son enfance. Un ou deux bons ami( e)s, et c’était probablement tout ce qu’elle avait senti de bien dans sa jeunesse. Certes, elle n’avait manqué de rien, à coup sûr, cela aurait été triste de manquer de quoi que ce soit en étant noble, sincèrement… S’aurait été un gâchis pas croyable, non ? Avec toute la population qui piaille à coter, elle n’avait même pas besoin de poser la question, puisqu’elle avait la réponse directement servie sur un plateau en or, avec un jolie parchemin et une magnifique écriture… La jeune femme n’avait pas besoin d’aller chercher plus loin, après tout, elle ne voulait pas gaspiller de son précieux temps à chercher une réponse qui se déroulait juste sous son nez. Elle n’était pas folle à ce point, elle avait toute sa tête lorsque c’était pour choisir la facilité. Après tout, pourquoi faire compliquer lorsque l’on peut faire simple ? Certaines personnes n’ont pas du voir cela de cet œil là lorsqu’ils ont créé la hiérarchie et tout le bazar qu’est la politique. Et encore moins ceux qui se mettent à inventer des choses dont absolument personne n’à le besoin et qui ne serviront probablement strictement à rien dans la vie simple de tout les jours. Acheter quelque chose pour une utilisation ? Mais personne ne gaspillerait son argent pour cela ! A part quelques nobles frivoles qui ne faisaient que d’acheter des choses dont ils n’auraient, d’aucune façon, réellement besoin, elle voyait très mal un paysan acheter cela… C’était stupide et stupidement existant.

Pourtant, à ce moment précis, elle ne se souciait pas du tout de ce qui était stupide. Elle était bien trop partie pour penser quoi que ce soit aussi clairement. Tout s’embrouillait, elle ne comprenait pas ce qu’il pouvait bien arriver. C’était à peine si elle se souvenait de la couleur de ses cheveux, qu’elle voyait pourtant perpétuellement à cause de sa coiffure totalement déstructurée du jour. Non, elle était persuadée qu’elle était brune, comme quelques années auparavant. Etrange, et pourtant, elle en était sûre et certaine, comme ce n’était pas permis ! Ce coloris ne lui manquait pas, non. Kim avait tourné toute la page, elle ne pouvait pas lui manquer. Oui, elle ne pouvait littéralement pas. Rien ne lui manquait, elle ne ressentait rien, c’était le plus grand vide au fond d’elle. Elle était juste une poupée blonde aux yeux vides remplie de souvenirs que l’on avait mis en elle, que l’on avait créé avec elle. Triste vérité ? Qu’est-ce qui était triste ? Elle ne comprenait pas. Et elle comprenait encore moins ce soir là, ou elle n’était déjà plus nette depuis quelques bouteilles. D’ailleurs, la quantité d’alcool que la poupée blonde avait ingurgité était impressionnante. Le coma éthylique ? Il viendrait, certainement si elle continuait. Mais dans l’état ou elle était, c’était la seule chose qu’elle souhaitait, s’endormir, même en se sentait mal. Qu’était-il arrivé aujourd’hui ? Rien. Rien de particulier n’avait pu la troubler à ce point. Triste bilan, comme la vérité l’était. Etait-elle à un point ou faire les choses sans réfléchir devenait une habitude ? Certainement. La jeune femme ne voyait pas d’autres réponses que celle là, curieusement. Alors elle était donc perdue dans sa vie ? Ah… Oui, c’était cela.
Elle reporta subtilement son attention sur le garçon aux cheveux bleus. Il était un peu plus grand qu’elle d’ailleurs. Et il avait refusé son thé. Dommage, il était bon… Même si elle savait pertinemment que ce n’était pas du thé, comme elle l’avait déjà dit. C’était amusant comme elle avait utilisé le nom d’une boisson qu’elle détestait au dépourvu d’un nom qu’elle adorait. C’était ainsi, être saoul. Mais pourquoi avait-il refusé son thé ? Etait-il stupide ? Quand quelqu’un vous offre un verre, prenez-le, enfin ! Kim rechigna, mais n’en dit rien, se contentant de faire osciller son regard de la bouteille sur laquelle elle s’appuyait à partir de la table jusqu’à Law’. Son nom complet ne souhaitait visiblement pas ressortir de sa bouche. Il faudrait des noms à trois lettres, comme le sien. Ou un raccourci, même. Enfin, elle avait trouvé celui de ce garçon, comme cela… Non, parce que Law-…

«-rence. Lawrence. Mais vous pouvez m'appeler Law' si vous préférez, ce n'est vraiment pas grave. Tout mes amis m'appellent comme ça de toute façon. Mais, Kim, ce n'est vraiment pas l'heure de boire du..., thé.»

Amis ? Que voulait dire ce mot déjà ? Encore un truc d’humains qu’elle ne comprenait qu’à moitié. Quoi qu’il en soit, elle avait l’autorisation de l’appeler Law’. Heureusement d’ailleurs, sinon elle aurait du l’appeler par groupes de mots, ce qui aurait été étrange. Quoi que, même sans son autorisation, elle n’aurait pas eu d’autres choix. Il lui avait répéter son nom, oui, mais elle ne l’avait pas chopé au passage. Oups… Tant pis. Une heure ? Il y avait une heure pour boire du… Du ‘thé’ ? On ne l’avait pas prévenu, elle avait du rater cet épisode. Kim se contenta de lui adresser un grand sourire qui ne voulait pas dire grand-chose. Qui ne voulait rien dire du tout en fait. Mais bon, il paraissait que c’était plus agréable de parler avec quelqu’un de souriant. Et il souriait aussi, alors elle souriait, elle n’était pas compliqué. De toute façon, ca ne changeait pas grand-chose qu’elle sourit ou pas, elle s’en fichait. Ce n’était pas comme si elle devait offrir sa vie en souriant une fois, cela se saurait. En fait, elle était juste docile, elle obéissait à ce qu’on lui demandait, sans rien dire. Une poupée. On la manier sans qu’elle ne rechigne, sans qu’elle ne bouge pour cela. Surtout parce qu’elle était saoule, certes. Mais dans la vie normale, on ne pouvait pas dire qu’elle s’appartenait réellement non plus… Mais elle était vide, elle s’en fichait complètement. Sa vie n’était pas grand-chose, elle respirait pour respirer. En revanche, elle était certaine que certaines personnes seraient mécontentes si elle s’amusait à mettre sa vie en jeu pour rien. Dommage, cela l’amusait énormément. La vie n’avait pas grand-chose d’aussi excitant d’ailleurs.
Son regard bleu avait divagué plus loin, on ne sait où, alors que le garçon aux cheveux bleus, dont elle ne connaissait pas la fonction et dont elle se fichait allait reprendre la parole. Elle n’avait pas bougé, ses jambes tremblaient juste. En réalité, elle devait ressembler à un jeune poulain sur ses jambes trop longues, sauf qu’elle s’appuyait sur tout ce qui trainait. Etrange comparaison encore, mais pas autant que si elle avait parlé d’escargot…

«Il va falloir nettoyer tout ça avant d'aller dormir. Et puis justement, vous devriez aller dormir ; vous n'avez pas l'air bien, vous devriez vous reposer. Et moi aussi, d'ailleurs. A moins...»

Et il soupirait. Nettoyer ? Oh, non, ça, ce sera rapide… Kim avait une technique infaillible pour cela. Bon, pas totalement appropriée, mais ca ne lui faisait rien de l’utiliser. Et c’était rapide. Et il lui disait aussi qu’il serait temps d’aller dormir. Non, elle allait parfaitement bien, elle ne voulait pas dormir maintenant. Elle se sentait bien et mal à la fois, et cela lui arrivait rarement. D’habitude, elle se sentait… Elle ne sentait rien du tout. Elle ne voulait pas retrouver cette sensation tout de suite, elle voulait profiter de sa situation actuelle. Elle ne lui avait demandé de venir la voir, il pouvait aller dormir, cela ne la gênait absolument pas. Elle, elle finirait tranquillement sa soirée, assise par terre, une bouteille en main… Bon, elle n’était pas sûre de pouvoir repartir avant le petit matin. Ah, oui, voila donc le gros problème de cette nuit exposé à elle : comment allait-elle repartir ? La blonde cligna des yeux quelques instants et les posa sur Law’, qui recommençait à parler, après avoir fait un mouvement qu’elle avait à peine vu, et lui tendant à présent un morceau de tissu blanc, s’approchant un tout petit peu. Par reflexe, elle eu un léger mouvement de recul, d’ailleurs.

«Pour votre visage. A moins, donc, que vous ne vouliez absolument rester ici à..., à rester là.»

Elle continua de cligner des yeux un instant en regardant le tissu et décida de le prendre finalement, se disant qu’elle n’avait rien à craindre de ce tissu. Il était gentil, tout de même… Ou il avait pitié, elle n’arrivait pas à décider de quelle réponse était la plus juste, et cela la frustra très légèrement. Si il avait pitié d’elle, alors elle n’aimait pas cela. Il n’y avait aucune raison pour que quelqu’un aille pitié d’elle. Elle eu une moue qui résuma son hésitation et son mécontentement… Et se remit à sourire juste après. Elle voulait rester ici, parce qu’elle aimait bien. Mais ce n’était pas amusant. Elle voulait s’amuser, alors elle devait faire autre chose. La pauvre… Il n’avait absolument rien fait, mais elle aurait adoré le faire tourner en bourrique. Et elle allait certainement se concentrer à le faire… Si elle le pouvait. Kim eu à nouveau ce rire désagréable qu’elle avait eu peu auparavant. Elle passa le tissu sur ses joues, ayant conscience que cela ne servait pas vraiment à grand-chose, puisque les larmes roulaient encore et encore. Cependant, c’était serviable pour son doigt d’où le sang rouge perlait encore. Le sang. C’était une chose intéressante, n’est-ce pas ? Le faire couler en était une autre. Que ce soit le sien ou celui d’un autre, c’était toujours amusant, non ? Elle replanta son regard bleu sur le garçon, lui adressant un grand sourire qui ressemblait vaguement à son rire. De toute manière, tout était vague. Elle répondit soudainement, sans prévenir d’une voix chantante, lâchant soudainement la bouteille pour faire un grand geste de son bras, arrivant à tenir finalement sur ses jambes.

« Une heure, une heure… Y-a-t-il besoin d’une heure ? Je ne comprends pas. Je bois du thé quand je veux, il n’y a personne pour le décider à ma place, si ? »

Son sourire était quelque peu hypocrite, mais cela ne se voyait qu’à peine. Elle ne savait pas comment sourire de toute manière. Ce dont elle était certaine c’était qu’elle devait faire tourner la petite souris dans sa roue, pour s’amuser. Et pourtant, ce n’était pas clair. Elle ne savait pas quoi faire, elle était comme paniquée. Ah… C’était ça, d’être saoule. De toute manière, elle aurait probablement oublié le lendemain. Sa lucidité semblait revenir, parfois, et repartir aussi rapidement. Kim s’accouda au plan de travail, comme elle le pu, posant ses pupilles bleus sur le jeune homme de nouveau, sa main avec le tissus sur sa taille. L’eau roulait moins sur ses joues, elle ne les sentait plus, ses yeux redevenaient plus ou moins clairs, bien que tout tournait. Et puis, elle reprit de nouveau, d’une voix ferme et calme, un peu trop calme, contrastant avec son ton chantonnant de quelques secondes auparavant.

« Je ne veux pas dormir, je vais bien. Je pense que vous êtes trop tendus. Il n’y a aucun problème, tout baigne ! Pourquoi ne pas rester un peu ici ? J’aime bien être ici, il y a une bonne odeur... Elle jeta un regard aux bouteilles et aux morceaux de verres au sol, avant de continuer, avec son grand sourire. Ah, ne vous en faites pas, Law’ ! Ce qui traine est mon affaire ! »

Kim eut encore une fois un rire sans joie, avant de vaciller légèrement après s’être redressé brusquement. Elle retrouva son équilibre en s’accrochant de nouveau au garçon aux cheveux bleus. Il était bien pratique, finalement. La jeune blonde planta ses yeux vides dans les iris violettes de Law’. Tiens, c’était la première fois qu’elle remarquait qu’il avait des yeux aussi étranges. C’était rare, des yeux violets, et beau aussi, quoi qu’elle s’en fichait profondément en réalité. Elle ne quitta pas son sourire et rajouta, à voix un peu plus basse, mais tout aussi chantonnante que la première fois.

« Oh, et si tu es sage, je te montrerais même mon secret pour débarrasser tout cela ! »

Le fait qu’elle l’aille tutoyé était totalement à part, mais elle n’avait même pas fait attention à cela. Autant qu’elle ne savait pas pourquoi elle lui disait cela… Tant pis. De toute manière, elle n’avait jamais compté lui faire fermer les yeux ou quelque chose de si enfantin pendant son nettoyage rapide. Enfin, encore fallait-il qu’elle y arrive, à nettoyer, ce jour là. Kim lâcha de nouveau de garçon aux cheveux bleus et tournoya de nouveau. Trop rapidement, trop brusquement. Sa jambe la lâcha soudainement et elle tomba au sol, sans avoir le temps d’accrocher quoi que ce soit. Hop, elle se retrouvait de nouveau assise par terre, les fesses douloureuses. Ouch… Elle était tellement surprise qu’elle ne pu que cligner de ses grands yeux ébahis, sans rien dire. Le tissu qu’elle avait desserré atterrit sur elle, sans qu’elle ne rechigne. Autant le dire, elle en était sur le c*l.

C’était ça, être ivre. On découvrait plein de dangers insoupçonnés un peu partout…

Lawrence était un jeune homme presque équilibré, selon lui.

Bon, pas forcément le plus mature ou le plus fiable de tous, mais il n'empêchait qu'il se considérait comme quelqu'un d'assez équilibré. Il ne se sentait pas le besoin terrible d'aller sans arrêt taper sur plus faible que lui, il ne passait pas ses journées à accrocher des seaux au-dessus des portes, ne s'entrainait pas jusqu'à ce que mort s'en suive et n'étudiait pas à s'en exploser le cerveau. En somme, le garçon trouvait qu'il n'était pas trop quelque chose, et qu'en cela il était un adolescent tout à fait dans la moyenne, dans la norme en quelque sorte. Même si, il le concédait, il pouvait être un peu..., lourd, parfois. Oui, d'accord, il voulait bien admettre qu'il était assez agaçant quand il s'y mettait, et même sans le faire exprès parfois. Mais ça, il n'y pouvait strictement rien : c'était dans sa nature, dans son caractère, dans ce que vous vouliez mais c'était là. Il ne tenait pas particulièrement à se causer des traumatisme en se forçant à être calme et responsable à chaque seconde de sa vie, ça aurait été trop difficile et trop stupide, surtout pour si peu. Certains avaient un petit côté despote , d'autres un petit côté victime, d'autres un petit côté imbécile, d'autres un petit côté feignant, et bien lui était un véritable gamin par moments et il ne s'en portait pas plus mal. Il ne voyait vraiment pas le mal qu'il y avait à rire de choses stupides ou à faire des choses stupides, de temps à autre, pour marquer le coup. Ou parce qu'il trouvait ça amusant, tout simplement. Il aurait la vie pour être sérieux et ennuyeux, il ne s'en faisait pas pour ça ; or l'enfance et l'adolescence passaient vite, si vite..., il en voulait pour preuve qu'à peine s'en était-il rendu compte qu'il était déjà censé être un adulte responsable, gagnant sa vie par lui-même, se faisant des amis et faisant des rencontres et même allant fonder une famille. Autant de choses barbantes et ennuyeuses qu'il n'avait réellement aucune envie de faire pour l'instant. Non, il préférait profiter tant qu'il le pouvait encore, et pour le reste il verrait bien une fois qu'il y serait. Il était soldat, de toute façon : il ne pensait pas que l'espérance de vie des soldats était aussi élevée que celle des autres, en tout état de cause. Alors s'il devait mourir jeune, autant qu'il n'ait aucun regret ; ce qui signifiait faire tout ce qu'il voulait faire quand il voulait le faire. Et oui, il avait eu cette brillante révélation après ses premiers mois en tant que petit nouveau dans l'armée-il fallait dire que ça avait radicalement changé du climat de chez lui, pour sûr. Être soldat était un beau métier selon lui, mais c'était difficile. Il fallait s'entraîner, être prêt à donner sa vie pour son pays, si besoin était : et, mine de rien, ce n'était pas si simple. Difficile de dire ce qui pouvait pousser quelqu'un à devenir soldat, hormis si on ne savait que se battre et rien d'autre ; après tout c'était un métier qui comportaient de gros risques de mort à la clé. Pour Lawrence ça ne tenait qu'à son père, qui avait lui-même été soldat : c'était vraiment la seule raison, excepté son très fort sentiment concernant son pays. S'il n'avait pas travaillé dans l'armée, il ne savait pas trop ce qu'il aurait aimé faire. Peut-être aller un peu n'importe où, là où ça lui aurait plu. Ou jouer du violon : à part se battre, c'était la seule chose pour laquelle il était sûr d'être doué. Et, au final, il lui semblait bien qu'il passait sa vie à essayer de faire comme son père. Triste, non? Mais il comptait bien rester là où il était, maintenant qu'il y était. Il s'était habitué à ce climat, à ces horaires et à ces règles, et ça lui plaisait assez, finalement. Et puis il fallait bien faire quelque chose de sa vie! Même s'il était tentant de penser qu'on pouvait vivre sans rien faire, aller de ville en ville et faire ce qui nous plaisait, c'était impossible. Et si Lawrence était parfois plus puérile que la moyenne, il n'en restait pas moins qu'il savait prendre ses responsabilités quand il devait les prendre. Subvenir à ses besoins en faisait parti, et vivre sur un nuage n'était malheureusement plus possible arrivé à son âge. Non, il aimait bien l'idée qu'il servait à quelque chose, de toute façon. Même si c'était ramener de pauvres petites brebis blondes égarées au bercail. D'ailleurs, il ne savait toujours pas quel bercail. Quel dilemme, n'est-il pas? Il avait le choix de l'aider ou pas, le choix de lui parler ou pas, de l'écouter ou pas..., de lui faire du mal ou pas, aussi. Il poussa un imperceptible soupir, observant la jeune fille devant lui. Elle était complètement partie, et honnêtement il n'aurait pas été tranquille de la savoir là, seule, dans cet état. Non pas que le château était un nid de pervers et de tordus en tout genre, mais tout de même : elle était jolie, plus vraiment consciente de grand chose, et complètement seule. Un homme restait un homme, et il en était qui auraient été loin de n'avoir que de nobles intentions à son égard, il en aurait mis sa main à couper. Et même si elle savait se défendre-ce qui était possible, voir probable-il n'était pas certain qu'elle aurait été en mesure d'empêcher qui que ce soit de faire quoi que ce soit en cet instant. Encore aurait-il fallu qu'elle se rende compte de ce qui se passait, en premier lieu...

La jeune fille avait finalement pris le tissu et, après une légère moue elle se remit à sourire. Oh, pour sûr elle était souriante. Il n'était pas bien sûr de préférer cela à une autre chose cela étant..., c'était assez dérangeant, dans le fond, comme sourire. Même en surface, d'ailleurs. Ce n'était pas qu'il n'était pas joli, ce n'était vraiment pas le problème ; disons plutôt qu'il était étrange. Il n'y avait strictement aucun autre mot, aucune autre formulation qui venait à l'esprit du jeune soldat. C'était étrange, voilà. Un brin dérangeant aussi, peut-être. Lawrence se remit à sourire de même, légèrement crispé cependant. Il ne savait pas comment réagir au juste, et plus il se demandait quelle attitude adopter plus il s'embrouillait-autant dire que ce n'était pas très efficace, au final. Il n'avait jamais été quelqu'un pouvant rester concentrer sur la même chose très longtemps, et ses pensées finissaient souvent par s'emmêler, jusqu'à ce qu'il se demande pourquoi il pensait à sa mère~~-XD~~, par exemple, alors qu'à la base sa question était à des kilomètres de sa vie de famille. Il imaginait qu'on ne pouvait pas suivre de formation pour exactement tous les types de situation, et que dans ces moments là il fallait agir 'comme il le sentait' : pourtant, il était loin d'être sûr que la manière dont il réagissait naturellement lui était la plus appropriée. Quel casse-tête, sérieusement...

« Une heure, une heure… Y-a-t-il besoin d’une heure ? Je ne comprends pas. Je bois du thé quand je veux, il n’y a personne pour le décider à ma place, si ? »

Lawrence fut pour répliquer que passé minuit, ce n'était plus l'heure de boire quoi que ce soit, mais étant donné qu'il doutait fortement qu'elle approuve ou même intègre l'idée, il décida de se taire. Elle avait séché ses larmes, mais il semblait qu'elle n'arrive pas vraiment à les contenir ; d'ailleurs si elle pleurait, elle ne semblait pas triste pour autant. Elle n'était pas non plus en train de hoqueter ou de sangloter, non : pas du tout. La jeune fille aux cheveux blonds ne faisait que pleurer, rien que pleurer. Ça semblait s'être un peu calmé cependant-ce qui était rassurant quelque part, il n'aurait pas aimé qu'elle se vide de toute l'eau que contenait son corps pour une si petite coupure. Ah, les coupures aux doigts..., ça saignait, ça saignait, et ça faisait terriblement mal pour pas grand chose. C'était comme ça : parfois de toutes, toutes petites choses pouvaient faire un mal fou.

« Je ne veux pas dormir, je vais bien. Je pense que vous êtes trop tendus. Il n’y a aucun problème, tout baigne ! Pourquoi ne pas rester un peu ici ? J’aime bien être ici, il y a une bonne odeur... Ah, ne vous en faites pas, Law’ ! Ce qui traine est mon affaire ! »

Elle avait parlé d'une voix plus posée-plus calme aussi peut-être, il n'aurait su clairement la décrire-et s'était mise à rire. Ce que son rire pouvait être perturbant, honnêtement..., un vrai rire de comédien. Comme si quelqu'un avait rit, mais sans aucune joie. Sans être heureuse en aucune façon. Et comment ça, il était tendu? Tendu, lui? Il n'était pas tendu! Ce n'était pas parce que son sourire restait un peu crispé et qu'il ne se sentait pas particulièrement à l'aise qu'il était tendu. Non, loin de là, même. Le jeune homme aux cheveux bleus n'était juste pas très sûr de la marche à suivre, puisqu'elle ne semblait pas décidée à aller dormir gentiment. Il ne pouvait pas tout de même pas l'assommer, ça ne se faisait pas..., et la convaincre semblait être difficile. Alors il allait devoir rester, tout simplement. Il était fatigué, ce qui n'avait strictement rien d'anormal étant donné l'heure ; tant qu'il tenait debout, ce n'était pas problématique outre-mesure cela étant. Lawrence ne put s'empêcher d'esquisser un léger mouvement vers elle lorsque la demoiselle vacilla légèrement, pour finalement se rattraper en l'accrochant, une nouvelle fois. Elle allait finir par tomber, si elle continuait à tourner, se redresser, chanceler de la sorte. Il n'aurait plus manqué qu'elle se fasse mal, ça aurait été le pompon. Il cligna un instant des yeux, la regardant sans rien dire, pour finalement détourner son regard, souriant toujours. Elle aussi souriait, remarquez. Même si elle n'avait pas vraiment arrêté de sourire depuis qu'il était entré : sans doute que boire devait la rendre heureuse, allez savoir.

« Oh, et si tu es sage, je te montrerais même mon secret pour débarrasser tout cela ! »

Lawrence fut légèrement surpris lorsqu'elle passa au tutoiement, mais ne formalisa pas ; venant de quelqu'un qui avait littéralement descendu plusieurs bouteilles d'alcool, rien ne devait être vraiment étonnant. En revanche, il le fut nettement plus lorsqu'elle le lâcha de nouveau et qu'elle tenta de..., tournoyer. Avant de n'assez lamentablement-disons les choses comme elles sont-tomber sur le sol dur des cuisines. Et, comme pour faire une touche finale de très bon goût, le tissu qu'il lui avait donné retomba sur elle, doucement, en silence. Ah, elle avait l'air fine, maintenant..., Lawrence retint un rire en voyant son air halluciné, se disant que si elle continuait il n'aurait pas besoin de l'assommer pour la forcer à se tenir tranquille, elle allait le faire toute seule.

«Faites attention à vous, dit-il en arquant les sourcils, tendant sa main dans sa direction-même s'il n'était pas sûr qu'elle la prendrait. Vous allez vous faire mal, à tourner et tout comme ça...»

Il pencha sa tête à droite, puis à gauche, l'air de réfléchir, puis ajouta :

«Rester ici? Eh..., le temps de nettoyer, certainement! Ensuite, on verra, finit-il dans un demi-soupir, regardant les restes de bouteille au sol. Oui, oui, on verra. Il est tard, quand même... Et je ne suis pas tendu, je suis totalement dé-tendu. Vous par contre, vous l'êtes trop...»

Oui, parfaitement, il se justifiait. On ne pouvait pas dire que ce n'était pas vrai, d'un autre côté : il était tard, très tard. Il ne savait pas ce qu'elle faisait dans ce château, mais si elle devait se lever tôt elle allait avoir une-de-ces-têtes-il-aurait-vraiment-tout-donné-pour-voir-ça-parce-qu'honnêtement-les-tête-de-lendemain-de-soirées-alcoolisées-c'était-quand-même-quelque-chose, pour sûr. Lui aussi, remarque, mais il avait l'avantage très net de ne rien avoir avalé d'alcoolisé passé une heure du matin, ce dont il était particulièrement fier-même si dans le fond, ça devait être normal, c'était plutôt du contraire dont on n'aurait pas du être fier..., enfin, qu'importe.

Lawrence garda sa main tendue vers la jeune femme, attendant qu'elle la prenne ou ne se relève d'elle-même, et lui sourit.

«Her, je demande carrément à voir comment vous allez ranger! Mais si vous n'arrêtez pas de faire n'importe quoi, vous risquez de vous tuer avant ça, et ce serait vraiment embêtant.»

Ah, quel beau jour aujourd’hui, honnêtement…

Un grand ciel bleu, un beau soleil même pour la saison, un air un peu frais, mais c’était convenable. A la différence près qu’on était quand même le soir maintenant. Ah, oui, tiens, le ciel était plutôt noir, ce devait être cela. Dommage, c’était un beau jour… Quoi qu’elle n’en sache rien, elle n’était pas sortie du château. Bien, hier avait du être un beau jour… Hier se résumait au aujourd’hui qu’elle venait de dire à présent… Oh, et puis flûte ! Il ne faisait pas trop mauvais en ce moment, point ! Elle ne tenait pas inonder sa tête de pensés météorologique, sincèrement ! Kim n’était pas Miss météo, elle l’aurait su [Par Miss météo, elle entendait un fille très jolie au service de certaines personnes pour leur dire le temps qu’il faisait et ferait, grâce à on-ne-sait-quelle pratique…]. A moins que Miss météo soit une dangereuse criminelle aussi évadée d’une prison pour les pires… Mais non, elle ne pensait pas, définitivement pas. Dommage, elle était convaincue qu’elle aurait été sublime dans un rôle important, où tout le monde la connaitrait… Elle aurait fait une… Une bonne reine. Une épouse de roi, hein, parce qu’être reine et tout devoir gérer, ça devait être franchement chiant, elle n’était pas fait pour la paperasse et les contraintes ! Elle était belle, épargnez-lui cela ! Ah, dieu que c’était pratique d’avoir un jolie petit minois… C’était bien, non, d’avoir tout le monde à ses pieds ? Pour cela, Kim admirait Melfia, parce qu’on pouvait dire que la Reine de Sal’ahe était la plus femme de Lysandre, et de loin en plus ! Kim n’aurait jamais osé remettre cela en question, parce qu’en plus d’être diaboliquement belle, elle était la plus puissante, que ce soit des femmes et des hommes, des personnes habitant Lysandre. De quoi donner froid dans le dos à n’importe qui, hein ? Kim trouvait cela très bien, elle adorait cela. Comme cela, les machos pouvaient aller se rhabiller… AH ! Non, en fait, ils devaient rester, elle n’aurait plus grand-chose à faire de sa vie sinon, malheureusement. Dire que son occupation reposait sur les machos, c’était très amusant, et assez vrai. Elle aimait la vérité, parce que c’était bien, c’était sympathique. Et en plus, c’était beaucoup plus rapide pour décider qui doit mourir et qui ne le doit pas. Quoi que parfois, elle ne se posait même pas la question, et elle n’était certainement pas la seule. Les Antarrs étaient tous ainsi, ou presque. En tout cas, même si ce fut bref, les fois où elle a vu d’autres Antarrs, ils lui ressemblaient absolument tous, à croire qu’on les avait façonné de la même manière ! Pour cela, Kim n’avait pas vraiment ce qu’avait fait le Kara-Xanthe sur eux, de simples personnes bien différentes à l’origine. Bien qu’elle n’aille pas vraiment changer elle-même-il ne lui semblait pas avoir été si différente que cela-, elle en avait vu qui étaient parti dans le côté « dark » en moins de temps qu’il ne le fallait ! A la vitesse de la lumière, ouais… Enfin, peu importe, Kim aaaadorait sa nouvelle puissance, elle en était totalement fan. Enfin, adorer, c’était un peu fort, ce n’était pas comme si elle pouvait réellement éprouver quoi que ce soit à ce propos, mais disons qu’elle penchait vers la satisfaction. Voila, c’était bien ainsi. Après, le fait de ne pas éprouver d’émotion, elle n’aurait pas pu dire si c’était bien ou pas. Mais elle trouvait cela bien… La plupart du temps. Parfois, elle n’aimait pas du tout cela, et tombait dans une sorte de dépression, comme ce soir. Elle ne savait pas pourquoi, mais cela la prenait, souvent après qu’elle aille fait un tour en ville, ou ce genre de choses… Peut-être était-ce à cause de tout ces gens pleins d’émotions autour d’elle, alors qu’elle en était privée ? Honnêtement, elle ne savait pas. Et encore plus honnêtement… Elle le savait encore moins à présent. Mais elle était bien. Enfin, mieux. Un peu plus à l’aise. Bref, c’était plus agréable qu’avant, même si cela tournait, terriblement même. C’était un beau monde qu’elle voyait maintenant, il n’était pas aussi rouge qu’avant, il était bien plus coloré, mais bien plus flou aussi. Elle aimait ce flou, parce qu’elle ne voyait pas les détails, du coup, elle ne se cassait pas la tête en voulant se compliquer la vie, alors qu’elle l’aurait fait si elle voyait plus clair. C’était bien. C’était une vraiment jolie vision… Tout comme la vision du sang. Mais en plus agréable encore, peut-être. Umh… En regardant le sang qui s’écoulait le long de son doigt, elle n’arriva même pas à se décider. Pourtant, c’était très simple à l’origine. Elle trouvait cette couleur… Très jolie. Comme ses yeux avant, et quand elle utilisait la magie à présent, aussi rouges ! D’ailleurs, c’était une chose étrange qu’elle aille changer ainsi de couleur d’yeux. Elle s’était toujours posé la question là-dessus, sans jamais obtenir la réponse pour autant. Enfin, du coup, on ne voyait pas que c’était un démon, et encore moins à cause de la couleur de ses longs cheveux. Oh, parlons-en de ces cheveux ! Elle pouvait dire merci à ses frères de ce côté-là, qui ont décolorés ses cheveux à vie à cause de cette petite blague ! Elle qui avait juré de les tuer… C’était chose faite, et elle était très satisfaite d’elle-même. Ah, ah, ah… Elle était géniale, fabuleuse, belle, courageuse, puissante… Et bourrée. Mais c’était autre chose, et quelque chose de moins glorieux, beaucoup moins glorieux. F*ck, elle pouvait bien prendre un peu de repos de sa magnificence !... Depuis quand était-elle devenu aussi orgueilleuse et vantarde ? Bonne question, probablement jamais, c’était certainement l’alcool. Certes, elle n’allait pas dire qu’elle était nulle et moche, mais se jeter des fleurs, à part pour s’en servir de provocation, ce n’était pas vraiment dans son caractère. Ah, ah ! Kim était une jeune femme modeste, enfin, il ne fallait pas penser le contraire ! D’ailleurs, elle ne savait pas du tout ce qui aurait pu leur faire croire ceci…

Ah, mais les gens pensaient ce qu’ils voulaient, ce n’était pas comme si cela l’affectait vraiment… En fait, si, cela l’affectait, avant. Mais maintenant, que voulez-vous réellement que cela lui fasse ? Elle était tellement insensible à présent, étant Antarr ! Quelle excuse arrangeante et désagréablement vraie, non ? C’était redoutable, et c’était devenu l’une de ses réponses favorites. Dès qu’on lui posait une question sur son caractère, sur ses habitudes, sur sa manière d’être, sur elle tout court… Elle répondait toujours par cela ! C’était très amusant, et cela l’était encore plus lorsque les gens qui ne le savaient pas l’apprenaient et prenait leur meilleure expression de surprise ! Youhou, une magnifique tête de poison… Enfin, Kim préférait le poisson dans son assiette, ils feraient mieux de faire attention. Her, mais elle n’était pas cannibale ! Pas encore, du moins… Qui sait ce qu’il pourrait arriver dans l’avenir, hum ? Peut-être qu’elle allait se trouver un intérêt grandissant dans cette pratique quelque peu… Barbare ? Très honnêtement, cela ne l’étonnerait pas plus que cela, parce qu’elle ne se connaissait plus. Non, mais si ! Franchement, une telle transformation en peut-être cinq ans, ça faisait vraiment, vraiment peur, même à elle. Enfin, si elle pouvait avoir peur, elle aurait très certainement peur d’elle-même, rien qu’au premier coup d’œil ! Bon, ok, elle n’avait rien de très effrayant lorsqu’on la voyait comme cela, et elle en faisait très souvent l’expérience. Elle n’avait pas l’air du tout différent de n’importe quel humain, ou humaine du moins, parce qu’elle se comportait relativement normalement. Il était vrai que par rapport à pas mal d’autres Antarr, elle était très normale ! Tiens, elle devait probablement se répété maintenant, mais ce n’était pas si grave, elle s’en fichait, réellement. Le plus important était qu’elle aurait probablement peur d’elle-même si elle pouvait se voir… face à face, avec son état normal –celui dans lequel elle aurait du être si elle n’avait pas… Péter une durite. La toute première chose qui l’aurait choquée, au premier abord, et bien, il s’agissait de ses cheveux. Blonds. Platines. Limite blancs, parfois. Il faut dire qu’étant bel et bien brune au début, il y avait eu beaucoup, beaucoup de changement de ce côté, bien que cela n’avait pas été intentionnel du tout ! Et puis, après, il y avait les yeux bleus, mais elle n’y pouvait pas grand-chose non plus, elle n’avait aucune explication de ce côté-là, mais trouvait cela curieux. Sans plus, ce n’était pas très intéressant. Enfin, si, cela l’était, mais elle n’était plus à cela près. Mais le plus choquant –c’était possible, plus choquant- ce n’était pas le physique. C’était surtout après avoir échangés quelques mots avec elle et regarder un peu sa façon d’être… Ah, oui, pour sûr, on en était trèèèès loin de la jeune noble élégante et timide, toujours sur la réserve, pas très respecté et silencieuse, douce et gentille… Un trait de caractère qu’elle aurait gardé ? Oui, elle était toujours sur la réserve, cela n’avait absolument pas changé, et n’était probablement pas près de changer de si tôt… Mais maintenant, elle était fière, arrogante, lucide, vive, provocatrice, respecté, bruyante, brusque – il fallait bien l’avouer, elle n’était pas la reine de la douceur-, comédienne, toujours à chercher la petite bête, contradictoire, et tout plein d’autres choses. Enfin, pas mal de ces choses prenaient un bon coup à présent qu’elle était ivre. Comme sa fierté, parce que se retrouver les fesses par terre dans une cuisine avec le doigt ensanglanté, un air ahuri sur le visage et saoul, wahou… La lucidité, la fierté, le respect, l’arrogance, la réserve… Bah oui, c’était dur à garder.

Oh, mais encore, si elle avait été seule, ça n’aurait pas été très dérangeant, mais elle ne l’était pas. Il y avait ce bonhomme bleu là… Law-… Lawrie ? Non, ce n’était pas ça. Tant pis, il avait dit que Law’ allait bien. Bref, il y avait Law’. Elle l’aimait bien, mais il était trop terre à terre et l’ennuyait un peu, parce qu’il ne voulait pas faire ce qu’elle, elle voulait faire. Mais ses ordres auraient dû être indiscutables ! Non, non, non, ça n’allait pas aller ! Elle allait… Elle allait… Bah, elle ne savait pas trop ce qu’elle allait faire, mais elle le ferait, c’était certain ! En attendant, elle restait littéralement figée sur son sort, alors que le morceau de tissus atterrissait sur ses cuisses, l’air de rien. Mon dieu. Qu’elle impolitesse, ce sol alors ! Il n’avait pas idée de se dérober ainsi sous ses pieds, non mais ! Elle allait lui apprendre à lui aussi, oui, oui, oui ! Il verrait, il verrait ! Ah, elle était mécontente. Contre un peu tout. Mais elle était surtout surprise que tout cela lui arrive, à elle, comme ça… Elle n’avait rien fait de mal, à part tuer quelques incompétents ou personnes ennuyantes ! Honnêtement, elle doutait qu’ils manquent à quelqu’un, elle rendait service. Voila, service ! Nan, elle était gentille finalement, vraiment gentille. Donc, elle ne comprenait pas le prétexte de son séjour sur cette île froide, non, non, non… Bon, elle devrait y réfléchir, mais une autre fois…

«Faites attention à vous. Vous allez vous faire mal, à tourner et tout comme ça...»

Awh, Law’… Il était bien là lui, et il lui signalait très gentiment son existence en lui parlant et en lui tendant la main… Qu’est-ce que les gens ne feraient pas pour qu’on les remarque, hein ? Quoi qu’il en soit, face à ce geste, Kim se sentit comme… Comme frustré. On ne pouvait pas dire qu’elle l’était, parce que ce n’était pas réellement possible, mais c’était tout comme. Parce qu’elle se sentait inférieure maintenant. La jeune blonde n’avait jamais aimé qu’on lui tende la main en la regardant de haut. Oh, elle n’avait jamais refusé qu’on lui tende la main lorsqu’elle était debout- bien que cela n’arrivait plus très fréquemment-, mais lorsqu’elle était assise, ainsi rabaissée… Elle avait l’impression qu’on avait pitié d’elle, et ce n’était pas bien. Ah, mais Law’ ne pensait pas comme cela, hein… Parce qu’il était gentil, alors elle l’aimait bien, voila. Et puis, s’il la décevait, elle serait obligée de lui exprimer son mécontentement, et les gens n’aimaient pas vraiment cela. Ah. Il continuait de parler. Parce qu’il parlait beaucoup aussi, le bonhomme bleu, c’était amusant, on aurait dit un pantin… Avec la parole. Il parlait et bougeait beaucoup. Comme elle. Mais elle, elle était une jolie poupée. Parce qu’elle était une fille, et les filles étaient plus dignes que les hommes, et plus jolies, et plus douces, et plus mieux… Voila. Parfait.

«Rester ici? Eh..., le temps de nettoyer, certainement! Ensuite, on verra. Oui, oui, on verra. Il est tard, quand même... Et je ne suis pas tendu, je suis totalement dé-tendu. Vous par contre, vous l'êtes trop...»

Ah, non, elle n’aimait pas cette idée. Il n’était pas tard, c’était le matin, il était tôt, justement. Les gens se trompaient souvent, très souvent, mais Kim savait. Elle savait tout, hein ! Non, non, en fait, elle ne savait pas tout, mais elle savait, et c’était bien. Le regard bleu de la jeune femme passa de la main au visage de Law’, en silence. Bon, il était dé-tendu, elle le croyait, elle voulait bien le croire. Il n’avait juste pas compris pour l’heure, mais ce n’était pas grave, elle le comprenait, c’était dur pour les gens normaux de comprendre cela, elle le pardonnait. Mais elle n’était pas tendue ! Pas du tout… A moins qu’il voulait dire qu’elle était trop dé-tendue ? Peut-être, oui, c’était probable, mais elle ne pensait pas. Et elle ne savait pas. C’était frustrant, mais elle ferait avec. Non, non, non, elle ne lui poserait pas la question, na !

«Her, je demande carrément à voir comment vous allez ranger! Mais si vous n'arrêtez pas de faire n'importe quoi, vous risquez de vous tuer avant ça, et ce serait vraiment embêtant.»

Kim cligna des yeux gentiment quelques instants avant d’afficher un grand sourire en étirant ses lèvres pâles. Si elle avait eu un doute, maintenant, elle l’aimait bien de nouveau. Elle le trouvait très intéressant en fait ! Enfin, il n’aurait peut-être pas fallut qu’elle le trouve ainsi, parce qu’elle devenait souvent assez insupportable dès qu’elle trouvait quelqu’un d’intéressant. Sbam. Pas de sa faute, pas de la leur, c’était la faute à… Oui, non. Bref. Kim pensait elle aussi que ce serait très embêtant si elle mourrait, mais au fond, cela ne lui faisait pas grand-chose non plus. Les gens pensaient juste que ce serait embêtant parce qu’elle était utile et forte, mais honnêtement, ils ne pensaient pas beaucoup plus loin. Ce n’était pas comme si cela l’inquiétait vraiment, elle s’en fichait un peu, parce que c’était cela qu’elle voulait donner comme impression. Elle voulait laisser son empreinte, marquer un peu les esprits, mais c’était tout, et c’était aussi tout ce dont elle était capable. Oh que oui, elle s’en fichait… mais peut-être moins qu’elle ne le disait au fond, mais elle n’allait pas aller creuser plus profond pour voir cela, et personne n’irait le faire non plus, alors c’était parfaitement bien tant qu’on ne grattait pas. Comme la surface d’un gratin, c’était dur et le mou à l’intérieur, elle ne voulait pas qu’il existe, c’était congelé, voila… Comme ça, on ne pouvait pas la manger sans se casser au moins une dent ! Enfin, voila, c’était ainsi.

Maintenant, elle devait penser à se… Se relever. Pour cela, elle voyait la belle main de son nouvel ami tendu devant elle, comme si elle l’appelait. Si, si, c’était bien cela, elle l’appelait, elle criait son nom et appelait sa petite main aussi ! C’était une torture, une véritable torture. Kim agita sa tête, comme pour essayer de se réveiller un peu et repris le morceau de tissus de sur ses cuisses, lentement, comme si elle mesurait chacun de ses gestes. Elle était redevenue calme, relativement calme. Cela n’allait pas durer, elle reprenait juste un peu ses esprits et rassemblait ses pensés, afin d’y voir un peu plus clair. C’était un passage très rapide chez elle, lorsqu’elle avait bu, alors cela passerait, vite, comme elle l’avait dit. Et cela passa vraiment vite justement, parce que l’instant d’après, elle retournait son visage vers Law’, levant les yeux vers son visage, avec un nouveau grand sourire qui semblait totalement faux. Il n’était pas faux, mais juste totalement dénué d’émotions, ce n’était absolument pas de sa faute. La jeune femme se contenta d’abord de rétorquer bien gentiment, avec une voix joyeuse et vive.

« Ah, Law’, que tu es gentil ! Tu devrais faire plus attention à toi, hein… Moi je vais bien, je vais toujours bien, tu vois ! »

Sur ce, elle éclata de nouveau d’un rire sans fond, perdant d’un seul coup tout le contrôle qu’elle avait pu avoir quelques instants auparavant. Tant pis, elle repartait, elle n’était plus à cela près maintenant. Et Law’ était quelqu’un de bien et de gentil, alors tout allait bien. Et il était dé-tendu… Ah, mais il devait boire un peu quand même ! C’était bon, ce genre de thé ! Ah, ah !

« Na, Law’, je ne vais pas mourir, je ne peux pas mourir comme ça, je suis trop résistante ! Bon, parce que tu es gentil, on va nettoyer, parce que tu le veux, alors je suis d’accord ! »

Kim quitta son sourire un moment pour regarder de nouveau la main de Lawrence. Elle ne savait réellement pas comment interprété ce geste au final, et elle n’aimait pas non plus cela. La blonde arqua ses sourcils, perplexe, avant de décider qu’être par terre n’était pas la meilleur option qu’elle avait, alors… Et en plus, elle n’était même pas sûre d’arrivé à se lever seule, parce que le sol semblait étrangement glissant sous ses chaussures à talons-oui, les talons n’aidaient pas vraiment non plus, elle devait bien l’avouer. Elle soupira, fit une chose étrange avec ses lèvres –une sorte de cul de poule- et finalement, posa sa fine main dans celle du bonhomme bleu. Une interprétation ? Elle n’en avait pas au final, elle s’en fichait. Ce n’était pas si important que cela, surtout après avoir autant bu. Elle se hissa sur ses deux jambes, non sans difficultés, même avec l’aide du garçon. Une fois sur ses deux talons, elle oscilla de nouveau légèrement et serra la main de Law’ un peu plus fort du coup. Dommage pour lui, elle ne l’avait pas lâché !
Quand elle fut sûre que tout allait de nouveau bien, elle relâcha son otage vivement, posant brusquement ses yeux bleus sur lui, une idée aillant soudainement fait son apparition dans sa tête. Plop, comme cela, exactement ! Kim reprit son grand sourire, d’un seul coup aussi, et posa une main sur son épaule, une autre sur le plan de travail, tranquillement. Finalement, elle fit, d’une voix mi-sérieuse, mi- amusée, mais aussi fière, parce qu’elle trouvait visiblement son idée très bonne.

« Dis, Law… Si je nettoie, tu bois un peu avec moi ? C’est un deal, ok ? Dis, dis, dis ?! »

Kim était réellement très fière d’elle et de son idée, qu’elle trouvait brillante, du coup, elle se comportait comme une gamine… Et bien voila, parfait.

La jeune femme aimait bien Law’, réellement, il était très amusant comme bonhomme bleu !

C'était relativement rare, dans l'ensemble.

Oui, il était relativement rare que Lawrence Dylhan ne sache pas quoi faire. Parce que c'était un garçon plein de vie et d'idées, toujours prêt à tester de nouvelles choses et à sortir les autres du pétrin. De fait, il ne se trouvait que très peu devant des situations qui le laissaient perplexe, sans la moindre idée de quoi faire. Parce que clairement, si l'on avait besoin d'aide, le soldat aux cheveux bleus n'était pas en reste sur les façons dont l'autre pouvait se sortir de là, et il avait en général une bonne trentaine de scénarios à proposer, qu'ils soient loufoques ou très sérieux-encore fallait-il distinguer les deux, chez lui. Même lorsqu'il se retrouvait devant quelque chose d'inédit, face à une situation à laquelle il n'avait jamais été confrontée par le passé, il finissait toujours par trouver une solution. Ce n'était pas forcément la meilleur, pas forcément la bonne, mais c'en était une néanmoins. C'était pour cela, entre autre, qu'il ne s'inquiétait qu'à moitié concernant cette jeune fille et ces jolies bouteilles. Il finirait bien par trouver comment faire, tout viendrait à point nommé et il n'aurait plus à s'en faire. C'était certes simpliste comme manière de penser et il était fort probable que dans les minutes qui suivent il ne trouve pas plus comment résoudre le problème, mais se casser la tête n'aurait pas servi à grand chose non plus, en plus d'être désagréable. Or le jeune homme n'était pas partisan des choses inutiles, et plus particulièrement des efforts inutiles. Il aimait savoir que ce qu'il faisait servait à quelque chose et qu'il ne le faisait pas pour rien, comme tout le monde. Et il devait bien avouer qu'en pl;us de cela, il avait de la peine à planifier les choses. Il ne l'avait jamais fait, et les quelques fois où il avait essayé de se dire à l'avance ce qu'il ferait plus tard il avait fini par faire autre chose. Son humeur et ses envies pouvaient très bien changer en l'espace de quelques heures, et puis il n'avait jamais vu l'intérêt d'un emploi du temps. Le seul qu'il suivait, par obligation, était celui carré que lui imposait l'armée d'Hatès. Mais son temps libre, lui, s'organisait de manière tout à fait anarchique. Il préférait vivre au jour le jour, ce qui, selon lui, était des plus judicieux pour un soldat : qui sait de quoi demain sera fait, n'est-ce pas? Et bien aussi ridicule que cela puisse paraître, il aurait pu chercher des heures durant comment ramener calmement cette demoiselle dans ses appartements dont il ne connaissait pas la direction qu'il n'aurait pas eu la moindre idée. Pire, ça lui aurait donné la migraine et il se serait braqué, ne trouvant absolument plus rien, s'énervant et commençant à paniquer. Il se serait mis à penser à ce qui arriverait si, ce qu'il devrait faire si, et il ne s'en serait plus sorti. Le soldat aux yeux presque violets préférait donc agir à sa façon, même si ce n'était pas le meilleur moyen de trouver une solution : ne pas en chercher. Voilà. Il n'en cherchait pas, ne planifiait strictement rien, arrêtait de se casser la tête avec ça et voyait ce qui se passait. De toute façon c'était ce qu'il y avait de mieux à faire en ces circonstances, et il ne pouvait guère faire grand chose de plus. Alors il attendrait et verrait comment les choses évoluaient, comment tout cela se passait et peut-être verrait-il une porte de sortie à un moment ou à un autre. En attendant il était bel et bien bloqué, il ne pouvait faire autrement que de rester avec cette jeune fille aux cheveux blonds. Enfin, techniquement parlant, il aurait pu sortir et la laisser là, en espérant qu'elle ne se souviendrait pas de lui et que par conséquent, qui qu'elle soit, il n'aurait pas de problèmes. Oui, c'était une option envisageable, mais il n'y avait même pas songé un instant. Parce que comme il l'avait déjà dit, elle était complètement saoule, dans un autre monde, à regarder avec un air profondément intelligent ce qui se trouvait autour d'elle. De plus, il ne savait pas si elle savait se défendre, et il savait encore moins si elle saurait se défendre dans son état. Et, de vécu, il savait que les seules personnes qui se promenaient dans les couloirs si tard étaient les soldats qui faisaient un tour de garde et les personnes qui n'avaient pas le droit d'être là. A savoir les amants ou amantes qui revenaient dans leurs appartements respectifs, les voleurs ou les somnambules-mais eux, ils n'étaient pas vraiment dangereux, généralement. Il ne voulait pas dire que les habitants du château étaient étranges et peu fréquentable, très loin de là, mais on ne savait jamais. Mieux valait ne pas tenter le diable. Or s'il était parfois légèrement irresponsable, que son courage avait, comme celui de tout le monde, de saines limites, et qu'il n'était pas un modèle d'intelligence et de réflexion, et bien c'était tout de même quelqu'un de bien, qui prenait à cœur son rôle de soldat. Pour toutes ces raisons, la laisser ici était hors de question. Même s'il était légèrement fatigué, pour l'heure, et qu'il aurait préféré être en train de dormir. Il n'avait pas qu'à sortir marcher en premier lieu, sûrement.

Lawrence gardait sa main tendue vers la jeune fille, se demandant brièvement si elle comptait la prendre. Hm hm. Non pas que ça l'aurait blessé qu'elle ne le fasse pas, simplement qu'il avait peur qu'en essayant de se relever d'elle-même, elle..., et bien, elle tombe de nouveau. Le sol semblait l'attirer comme un aimant, c'en aurait presque été drôle en d'autres circonstances. Bon, en l'occurrence il se doutait bien que c'était l'alcool qui la rendait maladroite et pataude-enfin, elle pouvait l'être d'ordinaire mais ça ne devait pas arranger son cas, de toute façon-mais ça ne rendait pas la chose moins dangereuse. Et si elle s'était cognée contre l'angle de la table et s'était assommée? Ça aurait été loin d'être drôle,n pour sûr, et il n'aurait pas rit bien longtemps. Parce que pour trouver l'infirmerie qui se trouvait dans le château..., il devait bien avouer ne jamais avoir eu un sens de l'orientation très poussé, et même s'il allait souvent là-bas il n'arrivait jamais à se retrouver seul. Ce château était trop grand, ce n'était pas de s faute tout de même! Enfin, elle n'était tombée que sur le sol, et elle ne semblait pas avoir quoi que ce soit de cassé ; tout allait pour le mieux. Ou presque. Mais il n'y avait rien de grave, c'était l'important. Le jeune homme haussa un sourcil, souriant légèrement en réponse à celui que son interlocutrice venait de lui adresser. Un sourire qui, une fois de plus, lui laissa une franchement étrange impression de..., de vide. Voilà, de vide. Son sourire était vide, et ça avait quelque chose de franchement dérangeant. Il n'aurait trop su comment l'expliquer clairement, mais c'était l'idée principale : son sourire était vide. Il lui manquait quelque chose sur lequel il n'arrivait pas à mettre le doigt, et ça l'embêtait vraiment. Quand quelqu'un lui souriait, ça ne lui faisait pas cette étrange impression. Même si c'était un faux sourire, même si la personne en face de lui était triste comme la pierre et qu'elle tentait de lui sourire, ça ne donnait pas la même chose. Là, c'était vraiment..., vide. Un peu comme s'il avait tiré sur ses lèvres pour leur donner la forme d'un sourire, mais qu'elle n'en avait nullement eu envie, qu'elle dormait, qu'elle n'en pensait strictement rien. L'idée qu'elle pouvait être une des Antarrs qui logeait au château lui revint en tête, mais il la chassa de nouveau brutalement. Elle était saoule, voilà tout. Il n'y avait pas à chercher plus loin. Et puis il n'avait jamais été près d'une de ces personnes, il ne pouvait pas savoir l'effet que ça pouvait bien faire. Il continua de lui sourire, chantonnant une vieille chanson qu'un de ses amis lui avait appris dans sa tête.

« Ah, Law’, que tu es gentil ! Tu devrais faire plus attention à toi, hein… Moi je vais bien, je vais toujours bien, tu vois ! »

Son sourire s'élargit sensiblement, et il haussa les épaules, sans cesser de lui tendre la main. Il était patient et en bonne santé, ce n'était pas garder son bras tendu qui allait le tuer. Gentil? Bien entendu, qu'il était gentil, il en était même plutôt fier d'ailleurs. Pas gentil à l'extrême, pas trop généreux ni trop naïf, juste ce qu'il fallait. Enfin, selon lui en tout cas. Mais il n'avait nullement besoin de faire attention à lui, personne ne risquait de lui faire de mal-et il ne se faisait pas tant que ça de mal lui-même, bien qu'il avouait avoir une propension hallucinante à s'attirer des ennuis, même sans le vouloir. En tout cas, elle allait peut-être toujours bien d'habitude, mais là elle n'allait pas bien, il était fortement désolé de devoir le lui apprendre. Il ne sursauta pas quand elle se mit brusquement à rire, après avoir parlé, mais ce ne fut pas loin pour autant. Sérieusement, elle avait un de ces rire, aussi..., hm. Ça ne voulait strictement rien dire, il avait des amis qui avaient des rires absolument pitoyables, littéralement, et ils vivaient très bien pour autant. Il ne perdit pas son sourire, l'écoutant sagement rire. Au moins, elle était de bonne humeur. Il ne savait pas bien ce qu'il aurait fait si son interlocuteur avait été au bord du suicide, menaçant de se couper les veines avec un des morceaux de verre qui étaient étalés par terre ou voulant se jeter par la fenêtre dès qu'il aurait eu le dos tourné. Non.., au moins celle-ci était heureuse de vivre. Ou elle en donnait l'impression, tout du moins. Même si pour boire autant d'alcool, seul, elle ne devait pas se sentir si bien que cela.

« Na, Law’, je ne vais pas mourir, je ne peux pas mourir comme ça, je suis trop résistante ! Bon, parce que tu es gentil, on va nettoyer, parce que tu le veux, alors je suis d’accord ! »

Résistante? Oh, ça il voulait bien la croire, elle résistait très bien à l'alcool. A part cela, il n'aurait pu dire quoi que ce soit, ne la connaissant pas. Peut-être était-elle une guerrière aguerrie, voilà. En tout cas, elle n'avait pas l'allure ni l'attitude d'une servante. Honnêtement, on avait beau dire, suivant les classes sociales on agissait vraiment différemment. Et cette demoiselle, là, n'agissait pas vraiment comme une Noble, mais était loin d'avoir l'attitude d'une servante. Et puis quelle servante aurait été boire dans les cuisines passé minuit? Elle se serait faite remercier, c'était évident. Mais si elle n'était pas membre du personnel, alors elle devait bien avoir quelque chose à faire ici. Donc Noble ou une fonction importante quelconque, sûrement. Bah, ce n'était pas l'important, de toute façon. La dénommée Kim posa ses yeux bleus sur sa main, qui attendait toujours sagement de servir ou de revenir le long du corps de Lawrence. Peut-être hésitait-elle? Il n'avait pas envie d'essayer de s'immiscer dans l'esprit d'une jeune fille saoule, vraiment, et donc arrêta là ses tentatives vaines de la comprendre. Elle regardait sa main, voilà ce dont il était sûr, qui était indubitable. Et encore. Peut-être fixait-elle le vide, et avait-elle choisi ce vide là, celui qui était devant sa main tendue. Il secoua légèrement sa tête de gauche à droite, et retrouva le sourire quand elle fit une drôle de grimace avant de ne mettre sa main dans la sienne. Il la serra entre ses doigts, tirant sur son bras pour l'aider à se relever-sans qu'aucun d'eux ne tombe, évidemment. Elle avait des mains toutes fines, petites, une peau douce et pâle ; des mains de filles, qui lui avaient toujours parues trop fragiles pour même être serrées. Quand elle fut debout, Lawrence relâcha légèrement ses doigts, cherchant à savoir si elle s'était stabilisée ou non. Comme elle continuait de serrer sa main, il jugea que ce n'était pas le cas et attendit qu'elle ait l'air stable et qu'elle retire vivement sa main pour lui-même la laisser retomber sur son côté. La jeune fille posa une main sur son épaule, l'autre sur la sorte de plan de travail-ce qui n'était pas une mauvaise idée, si ça lui permettait de garder l'équilibre. Restait à espérer qu'elle ne chute plus, à présent.

« Dis, Law… Si je nettoie, tu bois un peu avec moi ? C’est un deal, ok ? Dis, dis, dis ?! »

Oooooooh. Mince. Il aurait dû la voir venir, celle-là, mais curieusement il n'avait même pas pensé un instant qu'elle puisse remettre cette idée de vouloir lui faire boire du 'thé'. Il inspira profondément, haussant les sourcils, embêté. Boire pour qu'elle nettoie? Quelle mauvaise idée, mauvaise idée. Il pouvait presque voir les mots clignoter devant lui, lui criant de dire non, fermement, méchamment s'il le fallait. Mais sérieusement, il ne savait pas comment elle aurait réagi. Et puis, ce n'était pas si grave, pour l'instant. Tout allait bien, il gérait. Voilà, il gérait la situation. Enfin, il essayait.

«Ahun..., dit-il en regardant autour de lui, croisant les bras. Je n'ai pas le droit de boire, vous savez? Si on me prend à boire avec vous à cette heure-ci, je vais avoir..., genre, de gros problèmes.»

Il leva les yeux au ciel, puis se remit à sourire. Oui, il n'imaginait même pas ce que les autres se seraient eux-même imaginé. Il sentait que ça n'allait pas finir exactement comme prévu, sans savoir pourquoi. Elle n'aurait pas pu s'endormir, tiens? Là, sur le champ, hop. S'allonger et tomber dans les bras de Morphée. Ça aurait été bien plus simple.

«Bon. Je veux bien, mais dans ce cas vous vous tenez tranquille, et après vous irez vous reposer. Et quand je dis un peu, ça veut dire un peu, hein? De toute façon, il faut tout ranger d'abord. Ce sera déjà une bonne chose de faite. Okay, Kim?»

Kim n’était pas une personne gentille, c’était une chose certaine.

Elle pouvait donner l’impression de l’être et joué à l’être, cela ne faisait pas d’elle une personne gentille, tout comme un sosie parfait. Un sosie parfait pouvait ressembler à une personne, parlé comme elle, même bouger comme elle, ce n’était toujours qu’une copie, aussi triste que cela pouvait sembler. Cependant, Kim n’était pas triste de ne pas être gentille, loin de là. De toute manière, elle ne le pourrait décemment pas l’être, et ce n’était pas faute de le vouloir – bien que si, en réalité, la bonne volonté était aussi en faute puisque Kim n’avait aucune envie d’être triste. Peu importe, l’important était donc qu’elle n’était pas gentille. Ce n’était pas qu’elle trouvait cela ridicule, de vouloir être gentil, ce n’était juste pas dans sa nature, peu importe combien elle y pensait. Son caractère n’était pas celui d’une gentille et innocente petite fille, et toute once de gentillesse était balayée par une vague de sang. Et non, cela ne lui déplaisait pas, puisqu’elle pouvait tout aussi la jouée, cette gentillesse. Et puis, elle, elle n’en avait pas besoin, de cette gentillesse futile, ce n’était pas quelque chose dont l’on pouvait se vanter, selon elle. En revanche, il y avait des tas de personnes gentilles, comme Law’. Law’ était un gentil garçon, patient et en quelque sorte amusant. Kim aimait bien Law’, du mieux qu’elle le pouvait. Le garçon aux cheveux bleus n’était pas vraiment intéressant parce qu’elle croisait souvent des personnes comme lui, gentilles et patientes, mais il avait quelque chose qui faisait qu’elle ne pouvait pas directement ressentir un certain mépris pour lui comme cela arrivait si souvent avec les personnes gentilles. Non, Law’ était différent, mais Kim n’avait aucune idée de pourquoi il l’était. Peut-être était-ce tout simplement dû à son état d’ébriété qui lui faisait voir tout en rose ? Cela devait en jouer une partie. Si cela se trouvait, en temps normal, Kim l’aurait tout de suite classé dans sa catégorie de ‘crétins’, comme elle les appelait. Elle n’en était pourtant pas si certaine, puisque le garçon lui paraissait tout de même plutôt intéressant naturellement, sans lui trouver d’autres attraits particuliers. Il n’était certes, en tout cas pas à plaindre physique, puisque bien qu’elle ait vu de plus beaux hommes, il ne faisait absolument pas partit des plus laids qu’elle avait vu. Il se regardait, et ce que l’on voyait était plutôt plaisant. Il était plus grand qu’elle, c’était déjà un bon atout. Et il l’était alors qu’elle avait des talons, c’était encore mieux, sans pour autant être trop grand, puisqu’elle pensait qu’il ne dépassait pas le mètre soixante-di… Non, quatre-vingt, pas soixante-dix, que racontait-elle ? En tout cas, il était plus grand qu’elle – de peu- en talon, et c’était déjà pas mal. En fait, elle était pratiquement à la même hauteur que lui… Mais elle s’en fichait, il était plus grand pour elle aujourd’hui, et c’était suffisant. De toute manière, Kim doutait de même le revoir un jour, et si elle le revoyait, elle ne se souviendrait sans plus clairement de lui.

Enfin, cela restait encore à prouver, puisque jusqu’à là, à chaque fois qu’elle avait bu, personne n’était entré et lui avait gentiment tapé la discute, c’était une grande première pour elle. Du moins, de ce qu’elle se souvenait. Après, il était sûr qu’elle pouvait aussi ne pas se souvenir de la personne autant qu’elle ne se souvenait pas de sa soirée. Aaah… C’était probable aussi, elle ne s’était jamais posé la question. Décidément, le bleu soulevait des questions maintenant existentielles pour elle… Vous allez me dire, de toute manière, cuite comme elle est, tout sera existentiel, et je vous répondrais que c’est tout à fait juste. Actuellement, la question de savoir si ses cheveux pousseraient vraiment plus vite si elle les coupait à la pleine lune lui semblait existentielle. D’ailleurs, était-ce vrai ? Pas que cela lui couterait beaucoup de se couper les pointes à la pleine lune, mais cela semblait tellement stupide… Et Kim n’avait pas besoin de faire quelque chose de stupide et surtout de tester ce genre de choses. Car si Kim n’était pas quelqu’un qui refusait tous types de tests, ceux qui lui semblaient stupides étaient directement exclus… Elle et ses cheveux avaient déjà assez donné dans les expériences, et elle ne voulait pas qu’ils deviennent une quelconque couleur comme le rose bonbon, le blond lui allait parfaitement pour l’instant, merci beaucoup !

«Ahun...Je n'ai pas le droit de boire, vous savez? Si on me prend à boire avec vous à cette heure-ci, je vais avoir..., genre, de gros problèmes.»

Ah, oui, il était là lui. Pas qu’elle l’avait oublié, mais elle avait tendance à ne plus se focuser lorsqu’elle buvait, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, c’était plutôt normal. Elle avait beau être une Antarr et avoir besoin de boire beaucoup pour finalement être saoul, elle restait une personne, et elle avait des drôles d’attitudes en étant saoul. Comme l’attitude de penser à tout et n’importe quoi sans se focuser sur l’important et le matériel. Et hors, l’important, et le matériel en même temps, c’était Law’. Elle devait faire plus attention, si elle ‘l’oubliait’ encore, cela pouvait devenir plutôt gênant, à ne pas en douter.
Ce n’est qu’après avoir finalement remarqué qu’il avait croisé les bras qu’elle analysa un peu ses paroles. Il n’avait pas le droit de boire ? Quoi pouvait bien lui interdire cela ? Ce n’était pas juste et normal, enfin ! Non, non, quelque chose n’allait pas. Kim pouvait, alors il pouvait, peu importe les problèmes. Et puis, si quelqu’un n’était pas d’accord, cela suffisait qu’elle soit elle pour que les autres soit d’accords. Pas qu’elle soit toute puissante, elle n’avait jamais dit cela, mais elle avait sa petite influence tout de même. On ne s’évadait pas d’une Prison de dangereux criminels en claquant des doigts, tout autant qu’on n’y rentrait pas pour avoir volé le sac d’une noble, oh que non. Kim était plutôt fière d’être considérée comme l’une des plus dangereuses criminelles de Lysandre, honnêtement. C’était une situation plaisante, bien que peu enviée. Après, cela dépendait des personnes. Peu importe, le problème n’était pas là, et c’est la voix de Law’ qui la rappela de nouveau à la réalité, la faisant cligné de yeux par la même occasion. Il avait un sourire sur les lèvres aussi, alors elle crut bon de sourire aussi. Smile~.

«Bon. Je veux bien, mais dans ce cas vous vous tenez tranquille, et après vous irez vous reposer. Et quand je dis un peu, ça veut dire un peu, hein? De toute façon, il faut tout ranger d'abord. Ce sera déjà une bonne chose de faite. Okay, Kim?»

Oh ? L’arrangement semblait bon. Il ne semblait pas trop difficile à réaliser non plus. Cela aurait presque pu lui plaire, si quelque chose ne la dérangeait pas autant dans son idée. Oui, elle n’était pas du tout d’accord finalement, cet arrangement était mauvais, et elle fit transparaitre son mécontentement avec un mouvement vif de droite à gauche de la tête et une moue qui se voulait dubitative sur son beau visage. Non, définitivement, cela ne lui convenait pas, elle était contre. Et personne n’allait à l’encontre de Kim, non, non, non.
Elle ôta sa main de l’épaule du garçon et la passa dans ses longs cheveux pâles, le fixant de ses grands yeux bleus, un air tout sauf satisfait sur le visage. Elle laissa sa main derrière son cou, reposant sur ses longs cheveux. Elle réfléchit un instant et décida de reprendre ses répliques dans l’ordre afin d’y répondre d’une manière claire et conscit, du moins, autant qu’elle le pouvait dans cet état.

« Vous avez le droit de boire. Personne ne peut vous interdire de boire, enfin, Law’ ! Ce n’est pas juste. Si quelqu’un vous reproche quoi que ce soit, il faut juste me le dire, d’accord Law’ ? Non, ce n’est vraiment pas juste, on ne le peut pas. »

Elle hocha la tête, l’ombre d’un sourire convaincu sur les lèvres. Oui, voilà. Si quelqu’un lui causait des problèmes à cause de cela, elle irait le voir personnellement, et elle lui ferait regretter sa décision, c’était une bonne chose. Et si le sang devait couler, qu’il coule !... Oh, quoi que si ce fût quelqu’un de haut placé dans le château, Dahrenn pourrait possiblement lui en vouloir… Nah, comme si cela la préoccupait. Juste un peu de sang, histoire que cette personne comprenne qu’interdire de boire à quelqu’un, et surtout en sa présence, n’était pas normal. Et si c’était Dahrenn lui-même… Elle trouverait bien une solution, mais elle le trouvait bien rabat-joie maintenant. Tss.
Elle perdit son sourire soudainement et continua d’une voix plus sûre et bien que toujours douce et amusée, elle avait un air plus sérieux et même menaçant.

« Non, je ne suis pas d’accord avec ce plan. Qui me dit qu’une fois que nous aurions ranger, vous allez boire ? Il serait triste que j’ai à vous forcer de boire, même si ce n’est qu’un peu… Je suis d’accord si vous ne voulez pas boire beaucoup, Law’. Mais buvez avant que l’on ne range~. »

Voilà, maintenant, ce plan lui allait mieux. L’ombre disparut de son visage et un nouveau sourire vide reprit sa place sur ses lèvres fines alors qu’elle reposait sa petite main sur l’épaule de Law’.

Maintenant, ils pouvaient être amis !

[Voila, le troisième RP! En fait, ça en fait même cinq si tu comptes Yuuki et Meg'!
Je mérite mes 2 carambars, hein? Et c'était dur... Mais done! XD]

{I'm late, I'm late, ohooooo~XD

C'est la faute à Lawrence si je suis en retard, il a qu'à pas être lui.Et t'en fais pas, Ayu, tu auras tes carambars~ Enfin je sais pas quand, mais voilà.8DD}

Ranger, boire un peu si vraiment elle insistait, l'aider à retrouver le chemin de sa chambre, de ses appartements, bref, de son lit. Voilà le plan salutaire auquel il fallait se tenir. Non pas qu'il n'ait pas envie de boire, juste que... Quoi que si, en fait. Il n'avait pas envie de boire – et c'était suffisamment marquant pour être noté. D'habitude, Lawrence n'était pas du genre à refuser de s'amuser ou de boire un peu (ou pas mal) d'alcool ; seulement là, la situation était vaguement différente. Vu l'heure, il n'était pas sûr que son estomac fasse la fête à l'idée d'ingurgiter quoi que ce soit, et encore moins quoi que ce soit d'alcoolisé. Qui plus est, l'alcool n'avait jamais fait bon ménage avec les situations de crise. Bon, ce n'était pas vraiment une situation de crise, d'accord. En fait, cette situation n'avait même absolument rien de dramatique. Seulement s'il voulait réussir à la ramener à bon port sans soucis ou sans piquer du nez, mieux valait rester parfaitement sobre. Sobre, donc pas d'alcool. Allez expliquer ça à quelqu'un qui a bu quelques verres de trop, hein. Utiliser des arguments logiques n'était pas son fort, et si ça ne marchait que moyennement sur des personnes bien éveillées et claires dans leur tête, il doutait franchement que ça marche sur une jeune femme carrément perdue dans son monde. Il n'était pas évident que pour elle, un et un fassent deux. Si ce n'était qu'un petite verre, ça ne devrait pas poser trop de problèmes, mais... Le risque était qu'elle insiste pour qu'il boive encore, ensuite. Ils n'auraient vraiment pas l'air malins, s'ils étaient deux imbéciles à rire dans les cuisines à une heure improbable. Pire : s'ils s'endormaient là. Parce que, vraiment, il ne saurait pas comment expliquer la situation de manière claire et efficace le lendemain. Urgh. Non, boire n'était pas une bonne idée, de toute façon. S'il réussissait à lui faire accepter de ranger d'abord, il pourrait peut-être éviter de passer par la case 'buvons très chers amis'. Avec un peu de chance. Au moins aurait-il réussi à se prouver qu'il n'était pas totalement dénué de sens des responsabilités, ce soir-là. Dommage que la seule personne qui puisse en témoigner soit trop saoul pour témoigner de quoi que ce soit.

Oh oh. La blonde n'avait pas l'air aux anges. Si ça pouvait être à cause d'une pensée quelconque et non pas de ce qu'il venait de dire, ça l'aurait tout de même drôlement arrangé. Mais quand on s'appelle Lawrence et qu'on a rarement de chance dans la vie – ou qu'on provoque la malchance, au choix – on ne peut pas raisonnablement espérer ce genre de choses. Noooon, pensez vous. Évidemment, qu'elle allait protester : il le sentait venir, il jurait qu'il pouvait le sentir venir. Il la regarda distraitement passer sa main dans ses cheveux, son sourire imprimé sur ses lèvres. S'il avait l'air avenant et aimable, à priori elle ne risquait pas de s'énerver contre lui. Il n'aurait plus manqué que ça, vraiment. Enfin, qu'elle fonde en larmes n'aurait pas été mieux. Son sourire n'avait certes pas été de très bon augure jusque là, mais au moins elle se tenait à peu près tranquille.

« Vous avez le droit de boire. Personne ne peut vous interdire de boire, enfin, Law’ ! Ce n’est pas juste. Si quelqu’un vous reproche quoi que ce soit, il faut juste me le dire, d’accord Law’ ? Non, ce n’est vraiment pas juste, on ne le peut pas. »

Ça non, ce n'était pas juste. Il n'aurait pas pu être plus d'accord avec elle qu'en cet instant, et il ressentit même un grand élan de sympathie envers elle à ces quelques mots. Hm, non, non. Voilà que son sens des responsabilités partait à tire d'aile. C'était une règle logique, hyper logique, on ne peut plus logique. Les soldats se devaient d'être sobres et en forme, sinon ils n'auraient plus servi à grand chose – à part à faire joli (et encore) ou à chanter (plus ou moins bien) et ce n'était pas leur fonction première. Ni secondaire, ni tertiaire, ni rien du tout. Ils devaient se battre, et se battre avec plusieurs grammes d'alcool dans le sang n'avait jamais fait gagner aucune armée. Cela dit, il garda en tête que s'il avait des problèmes parce que la situation lui aurait, comment dire, échappé, il pourrait dire que c'était elle qui lui avait donné l'autorisation, pour ne pas dire forcé, de boire. Ça ne marcherait pas et ça n'arrangerait à priori pas son cas, mais euhm... C'était gentil de sa part. Il ne pensait pas qu'elle ait une quelconque influence sur ses supérieurs, malheureusement. Ça aurait été pratique, cela dit. Très pratique. Tous les haut-gradés étaient des rabat-joie sans la moindre once d'humour. Quelle misère.

Le sourire de Kim disparut soudainement et, par réflexe, celui de Lawrence suivit le mouvement, laissant à un air interrogateur le soin de s'occuper de la suite des évènements.

« Non, je ne suis pas d’accord avec ce plan. Qui me dit qu’une fois que nous aurions ranger, vous allez boire ? Il serait triste que j’ai à vous forcer de boire, même si ce n’est qu’un peu… Je suis d’accord si vous ne voulez pas boire beaucoup, Law’. Mais buvez avant que l’on ne range~. »

Évidemment. Dès ses premiers mots, il fut clair qu'ils allaient avoir un léger problème. Divergence d'opinion, comme on dit. Il aurait bien rétorqué une dizaine de choses plus ou moins pertinentes – comme leur inefficacité probable à ranger après avoir bu, ou une allergie quelconque à l'alcool, ou même pointer du doigt un point au hasard derrière elle en criant qu'il y avait un oiseau rouge en train de s'envoler avec un sachet de thé dans le bec – mais ne put qu'esquisser un sourire maladroit et ennuyé. Il y avait dans sa voix une sorte de..., d'autorité plutôt inquiétante qui le poussa à garder le silence et à ne pas lui couper la parole. Au moins, elle était d'accord pour qu'il ne boive 'pas beaucoup'. Restait à espérer que leur sens des mesures soit à peu près similaire. Et que l'alcool ne soit pas trop fort. Ce dont il n'était pas sûr, vu les bouteilles vides qu'il avait eu l'occasion d'apercevoir.

Le jeune homme poussa un bref soupir, qui signifiait ni plus ni moins que 'tout cela est fort embêtant, très chère'. Ou 'je sens que je vais grave avoir de graves ennuis', plutôt.

« Un peu ça veut dire..., 'un peu', hein? » Il jeta un coup d'œil aux morceaux de verre, soucieux. « Parce que sinon, on ne va pas pouvoir nettoyer correctement. Et je dois vous ramener dans votre chambre, en plus. Vous avez une chambre ici, au moins? »

On ne sait jamais. L'heure était aux questions existentielles, de toute façon. Parce que genre de questions, mieux vaut les poser à jeun. Déjà qu'il n'était pas sûr qu'elle se souvienne de l'emplacement de la chambre en question... Inutile d'en rajouter.

« Et puis vous avez peut-être déjà tout bu, ajouta-t-il avec un bref rire. En tout cas, après, on range. Je n'aimerais pas que quelqu'un se blesse en marchant sur le verre. »

[J'attends mes carambars! Je suis en retard aussi, hein... XD]

Kim ne comprenait pas vraiment ce que l'on pouvait lui reprocher.

Non, vraiment, elle ne le voyait pas, elle était absolument adorable et elle faisait ce qu'on lui demandait, ou à peu près. Elle avait toujours été ainsi, depuis qu'elle était toute petite, et pourtant, on lui reprochait toujours quelque chose. Il lui manquait toujours quelque chose, selon les gens, toujours, en permanence, jamais elle n'avait été au top, jamais. On lui avait rarement dit que c'était bien ce qu'elle faisait, on ne faisait que de lui demander pourquoi elle faisait-ci, comment elle faisait pour ne pas arriver à faire cela... C'est quelque chose de très énervant, vous savez, de se faire toujours critiquer pour des choses que l'on pensait avoir bien fait. Kim n'aimait pas cela. Elle détestait cela, elle haïssait cela. Mais qui aimait cela ? Même eux n'auraient pas aimé qu'elle leur face des reproches. La plupart n'ont pas aimés qu'elle le fasse. « Ne fait pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'autrui te fasse », c'est ce que le dicton dit, s'ils n'appréciaient pas, ils n'auraient pas du le lui faire.
Ses frères n'avaient jamais appréciés ses vengeances, alors pourquoi devaient-ils toujours l'embêter ? N'avaient-ils pas alors compris la première fois qu'elle n'appréciait pas leurs petits jeux comme eux haïssaient les siens ? Ce n'étaient que de la pourriture, tous pourris jusqu'à la moelle, elle avait bien fait de les éliminer. Elle ne regrettait rien, rien de ce qu'elle avait fait. D'une certaine manière, elle ne le pouvait pas, et même si elle le pouvait, elle n'avait pas une once de remord en elle. Ils l'avaient poignardés à de si nombreuses reprises alors qu'elle essayait juste d'être un peu plus parfaites pour eux tous, sa famille, son entourage, et même des gens qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Elle en avait eu marre d'être la petite fille gentille sans défense qui se laissait abattre par des commentaires stupides, et elle avait bien fait. N'était-elle pas formidable maintenant ? Personne ne pouvait réellement lui ordonner quoi que ce soit – sauf exceptions- et elle pouvait faire ce qu'elle voulait, quand elle voulait, parce qu'on ne pouvait pas la juger. Non, non, c'est interdit de juger Kim Shanraon, personne n'avait le droit de le faire, ou elle aurait à faire face à elle. Personne ne veut faire face à Kim non plus, plus personne qui connaît son nom et de sain ne le veut. Au moins, elle avait la paix. Mais Kim est intelligente, elle sait, elle sait qu'elle ne peut pas faire absolument TOUT ce qu'elle veut, parce que le fun est finit, si elle le fait. Oh, non, Kim doit faire attention à ce qu'elle fait un peu, un minimum, elle n'a pas le droit de tuer tout le monde parce que ça lui fait plaisir, pensez-vous. Kim n'a pas le 'droit' de tuer les gens du château d'Hatès, apparemment, parce que Dahrenn ne serait pas très heureux, et Kim est loyale et respectueuse à celui qui l'avait aidée – bien qu'il avait des fins personnelles notables. Oh, Kim s'en serait sortie, seule, elle était douée, elle était jolie. Elle pouvait gagner sa vie en séduisant puis tuant, sans jamais se faire attraper, mais la situation est plus compliquée que cela, et Kim savait qu'elle n'aurait pas pu vivre longtemps ainsi, sans protecteur. On trouve toujours plus fort que soit, que l'on raconte. Dahrenn était plus fort qu'elle, il avait plus d'influences, tant qu'elle ne le contrariait pas, elle pouvait bien vivre en s'amusant assez. Non, elle pensait avoir trouvé un compromis très intelligent et utile avec le dirigeant d'Hatès. Elle l'aidait, il l'aidait, et c'était aussi bien ainsi, tout en se tenant à une distance respectable l'un de l'autre.
Kim savait, elle savait que personne ne voulait vraiment rester proche d'elle, parce qu'elle n'était pas saine, pas aussi saine que les autres, encore moins saine que ce dirigeant, mais plus saine que son ancienne Reine. Les gens la craignaient, et c'était bien, c'était parfait. Kim ne se sentait pas seule, elle était toujours occupée, toujours. Et puis, elle ne pouvait pas se sentir seule, c'était impossible, tout simplement, et tant mieux, elle n'aimait pas ce genre de sentiments.

AH ! Mais tout le monde n'est pas pourris, ou crétin, non, il y a aussi des gens un peu mieux ! Des gens que Kim apprécia, et des gens avait qui elle pouvait rester en permanence avec sans avoir envie de leur trancher la gorge ! Oui, il y avait toujours des gens comme cela, des gens un peu comme elle, ou au contraire, très différents d'elle. Il y en avait eu avant, il y en avait maintenant, et il y en aurait toujours.
Law', Law' était comme cela, elle ne voulait pas l'étriper, elle voulait bien passer plus de temps avec lui, pour preuve, elle voulait boire avec lui ! Ah, il ne se rendait certainement pas compte de l'honneur qu'elle lui faisait ! Pour l'instant, pour l'instant elle l'appréciait, mais tout pouvait changer. Tout changeait, un jour, elle espérait pour Law' que ce changement ne s'opérerait pas tout de suite, dans la minute, parce qu'elle était comme cela, Kim...
Le bleu soupira, attirant de nouveau l'attention de la jeune blonde. Un soupire certainement plein de sens qu'elle ne prit pas vraiment le temps d’interpréter, parce qu'elle s'occupait déjà à regarder ses yeux bleus. Il avait l'air... inquiet, et peut-être un peu embêter. Ah, il ne savait probablement plus quoi faire d'elle. Cela apporta un nouveau grand sourire à ses lèvres. Pas qu'elle appréciait particulièrement mettre ce jeune homme dans l'embarras, mais il avait des mimiques qui l'intéressaient, qu'elle trouvait amusantes, fascinantes. Il était si lisible~ .

« Un peu ça veut dire..., 'un peu', hein? Parce que sinon, on ne va pas pouvoir nettoyer correctement. Et je dois vous ramener dans votre chambre, en plus. Vous avez une chambre ici, au moins? »

Awh, qu'il était chou. Non, vraiment, elle trouvait. Il s’inquiétait sans cesse. Il ne devrait pas, rien ne lui arriverait, tant qu'il était avec elle. En fait, si, le plus grand danger qu'il pourrait rencontrer ici, ce serait elle, ce soir, mais elle n'était pas dangereuse, pas pour lui. Elle ne pouvait s'arrêter de sourire à présent – plus parce qu'il lui semblait qu'elle sourirait dans ces cas là. Non, définitivement, elle ne pourrait pas faire de mal à quelqu'un d'aussi distrayant que lui.

« Et puis vous avez peut-être déjà tout bu. En tout cas, après, on range. Je n'aimerais pas que quelqu'un se blesse en marchant sur le verre. »

Il rit et quand il le fit, Kim rit aussi. Enfin, rit, vous comprenez, ce son sans vraiment rien derrière, juste un rappel de ses sentiments. Pendant un instant, Kim se demanda si cela sonnait vraiment faux, si Law' ne trouvait pas cela franchement dérangeant, voir même effrayant. Et puis elle se demanda si elle déjà autant rit avant d'être une Antarr. Étrange, sûrement, mais Kim était bien plus 'joyeuse' depuis qu'elle avait été touchée par le Kara-Xanthe, et c'était évident. Elle était toujours si triste, avant, si banale à en mourir... Sa vie était tellement mieux à présent qu'elle avait la force qui lui était nécessaire.
Elle passa une main dans ses longs cheveux et perdit son sourire de nouveau, parce qu'elle ne faisait plus attention à son expression, se concentrant momentanément sur ses longs cheveux pâles. Umh... Law' était plutôt méfiant, quand à la quantité, et il avait bien raison. Un sourire malin s'esquissa de nouveau sur ses lèvres fines. Un peu, pour Kim, c'était beaucoup, certainement, pour quelqu'un comme lui, « normal ».

« Ah, Law', Law', Law'~. Bien entendu, un peu veut dire un peu ! Où as-tu la tête ? Et je t'ai déjà dit de ne pas t'en faire, pour le nettoyage. Je suis là~. » Elle regarda autour d'elle un moment et se dit qu'elle aurait bien vite fait de tout balayer. « Bien entendu que j'ai une chambre ici ! Ou n'en ais-je pas ?~. »

Elle rit de nouveau, et si elle n'avait pas été aussi instable, elle aurait refait un tour sur elle-même. Mais ce n'était pas prudent, non, non. Elle ne voulait pas risquer une nouvelle chute, ce serait dommage, et Law' finirait par croire qu'elle en faisait exprès. Quelle idée !

« Ne t'en fais pas Law', tout ira bien ! Relax ! Regarde autour de toi ! » Pour illustrer ses paroles, elle fit un mouvement circulaire autour de la pièce, un grand sourire vide peint sur ses lèvres. « Ne penses-tu pas qu'un si grand endroit aurait de quoi faire prendre le thé à tout un régiment ? »

Elle rit de nouveau et doucement, lui tapota la joue de sa main fine et froide, en signe 'affectueux', pris dans sa folie joyeuse. Bien entendu, bien entendu, tout serait rangé, tout propre, et elle retournerait gentiment dans sa chambre.

Kim est une gentille fille, après tout.

{ Lalala je poste~ Et tu auras ce carambar. Je sais juste pas quand. Mais fut-ce dans plusieurs décennie, dus-je aller quérir le dernier de tous les carambars, qu'importe! rien ni personne ne m'empêchera de le donner! Cool

}

Lawrence écouta Kim rire, partagé entre la perplexité et l'amusement. L'entendre rire était agréable, rassurant même – mieux valait qu'elle soit joyeuse plutôt qu'autre chose ; mais d'un autre côté, ce rire froid le mettait mal à l'aise. Il sonnait étrangement creux. Vide. Elle avait l'air plutôt heureuse et le tout mis ensemble, sourire, rire et bonne humeur, donnait une réelle impression de joie. Mais séparément... Il n'aurait su dire ce qui clochait, vraiment. Il n'en avait pas la moindre idée. Cette jeune femme avait l'air gentille malgré tout, et il se pouvait que ce soit juste l'alcool qui l'ait un peu déréglée : il devait s'en faire pour rien. Il garda cette idée en tête tandis qu'elle passait une main dans ses longs cheveux blonds, discrètement, distraitement. C'était un de ces gestes tout bête qu'il avait toujours trouvé particulièrement élégant. Cette manière que les filles avaient de dégager leurs cheveux de leurs vêtements, d'épousseter leur jupe, sans s'en rendre compte, sans y prêter une once d'attention. Le soldat peinait à comprendre ce qu'on pouvait trouver attirant chez une femme, mais il n'aurait jamais remis leur beauté en question. Kim avait de longs cheveux blonds, de jolis yeux bleus, le visage fin. Et elle était aussi complètement saoul. Si ce n'était pas un mauvais mélange, il ne savait pas ce que c'était. Bon, toutes les personnes qui arpentaient ce château n'avaient pas de mauvaises intention, mais dire qu'il n'y en avait aucune aurait été une plus grosse exagération encore. Mais qu'est-ce qui lui avait pris de s'installer ici et de se mettre à boire, au juste ? Il aurait mis sa main à couper que ce n'était pas une bonne raison – si tant est qu'il puisse y en avoir une. Trop boire, c'est mal.

Même si, venant de lui, ça n'avait rien de franchement convaincant.

« Ah, Law', Law', Law'~. Bien entendu, un peu veut dire un peu ! Où as-tu la tête ? Et je t'ai déjà dit de ne pas t'en faire, pour le nettoyage. Je suis là~ »

Et son sourire lui disait de s'en faire, justement. Il esquissa une moue sceptique. Ce n'était pas tellement le rangement qui l'inquiétait (il pourrait bien ranger ça tout seul si elle décidait de ne rien faire) mais plutôt cette histoire de quantité. Lawrence n'avait rien d'un enfant, il pouvait dire non ou décider pour lui-même. Cela dit, il ne tenait pas à mettre le pied dans un engrenage dont il n'était pas sûr de pouvoir s'extirper ensuite. Commencer à boire, c'était définitivement risquer d'entrer dans son jeu, si jeu il y avait. Enfin. Il n'avait pas le choix, si ? S'il voulait qu'elle fasse une concession, il allait devoir en faire une aussi.

« Bien entendu que j'ai une chambre ici ! Ou n'en ais-je pas ?~ »

Eeeeeh. Le visage du jeune homme passa du scepticisme à une inquiétude justifiée. Ce n'était pas lui qui risquait de répondre à cette question ! Enfin il avait une chambre, oui, mais ce n'était pas ça qu'il voulait savoir. Retrouver le chemin de son lit, merci, il devrait pouvoir gérer. Retrouver celui d'une inconnue, par contre, c'était une toute autre paire de manche. Celles de Kim, en l'occurrence, et il doutait qu'elles soient à sa taille. Son rire acheva de semer le doute dans l'esprit du pauvre garçon : il n'était définitivement plus sûr de rien. Elle pouvait être dingue, saine d'esprit, habiter au château, s'y être introduite, être riche ou tout le contraire... Plus rien ne l'aurait étonné venant d'elle. Et son rire, toujours son drôle de rire vide de sens. Était-ce si drôle que ça de ne pas savoir où elle allait dormir ? Aha, aha. Ils allaient bien rire quand ils devraient sortir d'ici. Mon Dieu, ils allaient même hurler de rire. Sans ironie aucune. S'il avait un peu bu, sachant qu'il était fatigué et à jeun, il rirait sûrement. Parce qu'après un verre ou deux, être perdu dans des couloirs devient drôle. Après un peu plus qu'un verre ou deux, errer à la recherche d'une pièce devait être la chose la plus amusante au monde.

Pour sa part, il comptait éviter d'en arriver là.

« Ne t'en fais pas Law', tout ira bien ! Relax ! Regarde autour de toi ! » En personne bien élevée, il suivit le mouvement de bras de Kim et observa attentivement la pièce. « Ne penses-tu pas qu'un si grand endroit aurait de quoi faire prendre le thé à tout un régiment ? »

Il ne pourrait définitivement plus regarder de thé en face. Enfin. Ce n'était sûrement pas le plus grand drame de la soirée, aussi décida-t-il de ne pas en faire une psychose. Il la laissa tapoter sa joue, un sourire mitigé accroché aux lèvres. De quoi faire prendre le thé à tout un régiment, hein... Difficile d'acquiescer, impossible de nier. Il y avait de la place, ici, et certaines boissons ou aliments devaient être entreposés ici ; du thé pour un régiment, entre autre. Enfin du thé, de l'alcool, peu importe ce qu'elle entendait par là au final – il y en avait. Et c'était plus ennuyeux qu'autre chose, pour une fois.

« Eh, oui, c'est bien ce qui m'inquiète... répondit-il dans un bref soupir. Qu'il y en ait pour tout un régiment. Votre chambre aussi, d'ailleurs. Mais on verra ça après, hein ! »

Pas qu'il ait vraiment d'autre solution. Il ne comptait pas l'attacher et la torturer jusqu'à ce qu'elle lui dise où la ramener... Autant la laisser là, s'il voulait lui faire du mal. Imaginant qu'elle serait plus loquace et coopérative une fois qu'il aurait bût, il relégua ses autres préoccupations au second plan. C'était ça le deal, après tout : il acceptait de boire et, en échange, elle rangeait. Ensuite il pourrait gentiment la raccompagner jusqu'à un endroit plus propice à la sieste et tout le monde serait content. Sauf peut-être les cuisiner à qui il manquerait des bouteilles, mais il y avait toujours quelqu'un pour grogner. Comme si c'était dramatique, un truc en moins ici ou là !

Enfin si, ça l'était. Il fallait qu'il reste responsable et digne de confiance, là.

« Et donc je bois... » Ses yeux bleu violacés passèrent des bouteilles vides aux morceaux de verre, par terre, pour finalement remonter jusqu'à la jeune femme. « … Hm, quoi ? Vous savez ce que vous avez bu, au moins ? »

Rien n'était moins sûr. Non pas que boire un alcool fort lui déplairait, pas du tout. Enfin si, un peu. Et puis il y avait une sacré marge entre alcools, alcools forts et alcools très forts. Et vu tout ce qu'elle semblait avoir bu, ils ne devaient pas avoir le même point de vue sur la chose.

[Très bien. J'attends. Je l'aurais, un jour, je l'aurais... 8D
En attendant, Kim fouette Law'. Mais ce n'est qu'un détail. J'espère n'avoir fait aucune incohérence, comme d'hab... XD]

Que lui manquait-il, dans sa vie ?

Rien, probablement, elle se contentait parfaitement de ce qu’elle possédait. En réalité, elle n’avait plus vraiment d’envies – à part celle de tranché de gorges- alors franchement, là, elle ne saurait dire si quelque chose lui manquait. Elle était plutôt pas mal, là, avec de l’alcool et une personne avec qui jouer tranquillement, sans aucune violence… C’était rare, qu’elle n’aille pas envie de faire usage de violence. Elle ne savait pas trop comment, mais la seule envie qui lui venait souvent, c’était de faire du mal, et c’était un peu dérangeant, pour être honnête. C’était comme si c’était la seule chose qui avait survécu de son statut d’humaine à Antarr. La violence, le sang, l’alcool… C’était à peu près tout ce qui la faisait réagir. Cela ne lui manquait pas, de ressentir d’autres choses, c’était aussi bien comme cela, mais parfois, c’était lourd à porter, alors ce soir, elle était particulièrement guillerette. Enfin, ce matin, parce qu’elle doutait qu’on ne soit que le soir à cet instant précis. Le temps, le temps passe vite, trop vite, ou trop lentement, souvent. Mais là, le temps passe vite, quand on boit, et qu’on s’amuse, ça passe toujours vite ! Saloperie de temps. Il ne fait jamais ce que l’on veut. Elle lui trancherait la gorge, si c’était quelque chose de palpable, vraiment. On n’a pas idée d’ennuyer les gens comme ça, c’est très mal élevé, de toujours contredire les gens. On appelle ça l’esprit de contraction, elle appelait ça un suicide. Réellement, rien que d’y penser… Non, elle ne devait pas penser à des choses frustrantes, elle ne voulait pas faire de mal à Law’. Law’ est gentil, pas frustrant, par irritant. Il était souriant et inquiet, en permanence !
C’est bien, d’être un peu perplexe tout le temps, il faut toujours rester sur ses gardes, tout peut arriver à n’importe quel moment, ce n’était pas quelque chose qu’elle nierait. C’était une qualité admirable que d’être toujours conscient de ce qu’il se passe autour sans pour autant se déconcentrer et s’isoler. Kim avait toujours eu du mal à ne pas se concentrer que sur une chose, il lui avait fallu beaucoup de temps pour qu’elle puisse rester à l’affut de tout bruit ou mouvement étrange autour d’elle, tout en gardant une conversation normal. Tout va si vite, qu’une erreur, et hop, la mort assurée ! Mais elle était encore en vie, alors elle ne devait pas être trop mauvaise tout de même, à présent. Elle sourit de nouveau gentiment à Law’, laissant retomber doucement sa main le long de son corps, ne le quittant toujours pas du regard, peu gênée de le regarder directement, de yeux bleus à yeux violets.

« Eh, oui, c'est bien ce qui m'inquiète... Qu'il y en ait pour tout un régiment. Votre chambre aussi, d'ailleurs. Mais on verra ça après, hein ! »

Oh, il avait soupiré. Law’ avait soupiré. Mais encore une fois, elle ne s’y attarda pas. Lui non plus, ne s’attardait pas sur les détails tels que sa chambre, ou de la quantité d’alcool dans la pièce. Les détails font perdre de son précieux temps qui va trop vite, alors elle laissait cela de côté. Il y avait trop de détails dans la vie, et trop peu de temps. D’habitude, elle était plutôt du genre perfectionniste, mais là, elle ne se sentait pas d’humeur, cela gâcherait tout, vraiment tout. On verra après pour les détails, il faut déjà passer au principal, c’est-à-dire, boire ! Oui, cela rendait Kim très joyeuse d’avoir un compagnon pour boire, c’était toujours mieux à deux. Kim n’avait jamais vraiment aimée être seule non plus, alors elle avait fait le bon choix, en l’invitant – bien qu’il soit venu de lui-même. D’ailleurs, que faisait-il dans le coin à cette heure ? Ah, ce n’est qu’un détail, mais elle était un peu curieuse maintenant. Mais elle devait penser à l’essentiel. Law’ était là, et il allait boire, voilà. Les détails, pour après, après. Elle hocha la tête légèrement, avant de reporter sa pleine attention sur son ‘compagnon’ alors qu’il parlait de nouveau.

« Et donc je bois … Hm, quoi ? Vous savez ce que vous avez bu, au moins ? »

Ses yeux avaient fait un tour des bouteilles vides au verre au sol. Ah, mais c’était une bonne question cela ! Enfin une question qui lui plaisait. Un grand sourire vint illuminer son pale visage immédiatement après qu’il ait finit de parler. Elle lui en aurait presque frotté les cheveux avec beaucoup d’affection – ce n’était pas le contact avec les personnes qui la dérangeait vraiment ! Mais elle se retint et garda sa joie pour elle-même, se redressant, de nouveau droite sur ses deux jambes qui semblaient avoir retrouvé de l’aplomb de sa joie. Là, il parlait de bonnes choses, elle n’avait plus du tout envie de lui faire un quelconque mal, plus aucune envie du tout, et c’était bien, pour lui. Kim enroula une de ses longues mèches de cheveux qui trainait sur son épaule autour de l’un de ses doigts de sa main libre et eu un instant de réflexion, pensive, un pâle sourire toujours sur ses lèvres roses. Elle ne savait pas vraiment à quoi elle réfléchissait, la réponse était toute trouvée, mais elle avait eu envie de se poser, un instant, avant de dire avec force, presque en s’exclamant :

« Ah ! Oui, oui ! Je sais ce que tu bois, et ce que j’ai bu, ne t’en fais pas, Law’~. Tu devrais cessé de t’inquiéter, tout n’est que détails ! »

Elle se pencha soudainement en avant, très brusquement, perdant presque l’équilibre et manquant également de frapper sa tête sur le torse du garçon, ou même sur le comptoir, scrutant le placard encore ouvert, à la recherche de la boisson miracle. Elle trouva rapidement une autre bouteille foncée et retrouva un grand sourire, alors qu’elle la saisissait vivement. La tête lui tournait un peu, alors elle resta ainsi quelques secondes, avant de se redresser tout aussi vivement, projetant ses cheveux blonds – qui durent probablement fouetter le bleu, mais ce n’était qu’un détail- en arrière. Sans perdre de temps, elle brandit la bouteille devant elle. Celle-ci entra vivement en contact avec le torse du garçon, mais ce n’était aussi qu’un détail. Son grand sourire gamin sur ses lèvres indiquait probablement son état d’excitation actuel. Elle était très, très contente, et le fit savoir dans sa voix, alors qu’elle reprenait la parole, sur un ton beaucoup plus vivace et amusé qu’avant.

« Tiens, Law’ ! C’est ce thé là que je bois, et que tu bois ! »