KYRIAN Blake {E.C}

Blake Kyrian

Nom: Kyrian {Kire-Yane}

Prénom: Blake, Alexy, Tiephaine

Âge: 22 ans

Description physique: Blake est un jeune homme qui n'a jamais eu à se plaindre de son physique. Là où certaines personnes trouvent mille choses à redire sur la manière dont la nature les a pourvus, Blake a toujours été satisfait autant de son visage que de sa taille, en passant par son corps en général. Rien à signaler, tout lui convient. Même en tant qu'Antarr, il serait étrange que vous l'entendiez faire un commentaire sur sa taille ou sa couleur de cheveux, mais c'est là une toute autre histoire. Ni grand ni petit, le jeune homme se situe dans une moyenne acceptable. Avec son mètre soixante dix-huit, Blake répétait souvent être un homme possédant LA taille, car rien n'est plus désagréable selon lui qu'être plus petit que sa fiancée ou dépasser la foule d'une tête ou deux. Pesant aux dernières nouvelles soixante-huit kilos, il a conservé, même après son départ pour Sal'ahë, une silhouette souple mais malgré tout musclée. D'une constitution fine de nature, Blake fait régulièrement de l'exercice et mange bien pour ne pas maigrir excessivement et se maintenir en forme. Depuis tout petit, il aime les différents sports auquel un villageois peut s'adonner durant sont temps libre, ce qui n'est donc pour lui pas un trop gros problème. Ses cheveux sont blonds et ses yeux sont bleus: Comme sa mère, vous aurait-il dit quelques année auparavant avec une certaine fierté. Coupés courts, quelques mèches tombent pourtant toujours devant ses yeux, d'où le petit réflexe qu'il a de doucement secouer la tête pour les en écarter. Ses yeux sont assez grands, et auparavant accentuaient l'expressivité de son visage. Mais depuis qu'il est Antarr, fixe et froid, tenter d'y apercevoir quelque chose serait peine perdue. Comme si la vie s'était éteinte en lui, ses yeux ne reflètent guère plus rien, sinon un profond vide. Sa peau est d'une teinte tout à fait banale et normale, ni bronzée ni pâle, sauf en Été, où le jeune homme prend des couleurs; Pas de coups de soleil douloureux pour lui, il n'en a jamais eu. Blake n'est définitivement pas désagréable à regarder. Il est plutôt beau, mais beaucoup le sont autant que lui.

Niveau vêtements, Blake est un homme qui aime prendre soin de lui, sans rentrer dans l'excès. Être convenablement peigné et habillé lui plait, et s'il adorait sauter dans les flaques de boue, il faisait toujours attention à mettre des vêtements et des chaussures adaptées aux vadrouilles salissantes en ville. Sa famille n'est pas riche, toutefois, et Blake porte depuis son enfance des vêtements d'une grande simplicité. Il trouve de toute façon les dentelles et les motifs compliqués ridicules; Pourquoi s'encombrer de tout ça quand une chemise et un pantalon suffisent à vous donner l'air civilisé et propre ? Ces goûts là n'ont pas changés une fois qu'il est devenu Antarr. Il porte toujours des vêtements simples auxquels il fait attention, car il n'en a pas énormément. Seule différence notable; La touche de couleur qu'il met sur lui à chaque fois. Que ce soit un bijou ou une ceinture, un chapeau, un ruban, il a tout le temps un accessoire d'une couleur voyante sur lui. Pourquoi ? Il n'en a aucune idée lui-même. Peut-être parce que les Monstres n'aiment pas le rose ou le jaune. Peut-être.

Description mentale: Que dire ? Avant, après, la personnalité de Blake a radicalement changé avec l'apparition de la Kara-Xanthe. Le jeune homme autrefois extraverti et souriant est devenu un automate aux expressions fausses et au caractère si particulier qu'il serait bien vain de vouloir le cerner. Si, malgré tout, on voulait décrire Blake, on pourrait le faire en quelques lignes, le doute dans les mots. Même si une description de sa personnalité ne servira probablement à rien, pour les besoins de certain, elle sera tout de même faite ci-dessous.

Blake, il y a trois ans de cela, était un jeune homme qu'on aurait pu qualifier de normal sans difficulté. Souriant, il aimait à plaisanter sans entrer dans cet excès où quelques uns se complaisent. Le plupart du temps de bonne humeur, il était serviable et énergique, détestant rester en place trop longtemps. Sportif, il aimait à entretenir son corps et sa santé, une des rares habitudes qu'il a gardé après l'irradiation de la Kara-Xanthe. Bien évidemment, il avait ses humeurs, et était parfois en colère. Il n'était pas parfait, ni très généreux ni très tolérant, mais se situait dans un saine moyenne. Rien d'extraordinaire, une gentille personnalité et un joli sourire. Comme tous les Antarrs, malheureusement, il a subit cette altération qui a précédé l'arrivée de la Kara-Xanthe à Sal'ahë, et n'a plus jamais été le même depuis. Lunatique, étrange, il ne sourit plus, ou bien c'est un sourire faux et inquiétant qui ne présage rien de bon. Il se parle à lui-même et ne semble plus posséder la moindre parcelle de logique. Dire ceci serait d'ailleurs faux, car Blake suit une logique qui lui est propre, mais si tordue qu'on serait bien en mal de la distinguer d'actions spontanées et brusques. On pourrait aussi dire que le jeune blond est devenu paranoïaque à l'extrême, sa peur des monstres et des ombres ayant été exacerbée par la pierre couleur d'ambre. Il vérifie sa chambre chaque soir, retourne les matelas, éclaire les coins sombres, vide sa penderie et tout ce qui pourrait être susceptible de cacher un monstre, et cela trois ou quatre fois de suite. Il lui arrive fréquemment de ne pas dormir, et de ne consentir à fermer les yeux que lorsqu'il s'écroule de fatigue, son métabolisme le forçant à se reposer. Très méfiant, il n'attaque pas pour autant les autres sans raison. Au contraire, pour le faire sortir ses couteaux, il faut l'avoir attaqué le premier, ou lui avoir dit quelque chose qui ne lui a réellement pas plu. Et comme il est difficile de savoir ce qui peut lui plaire ou non... Si vous portez un masque imitant l'apparence grotesque d'un monstre, par contre, il vous attaquera directement, persuadé d'être en danger et d'avoir un vrai monstre devant lui.

Il est vrai que Blake est un Antarr plutôt pacifique et calme. Même lorsqu'il est stressé, il se contente de brefs coups d'œil autour de lui, et aucune émotion ne transparait sur son visage aux traits qui semblent figés pour l'éternité. Il n'est pas du tout expressif, mais s'il l'est, mieux vaut courir, c'est un conseil. Du reste, Blake est assez imprévisible, et des interlocuteurs normaux le qualifieraient de fou sans hésitation. Il lui arrive de faire une obsession temporaire sur des objets, voir sur une personne. Dans ces cas-là, cette obsession peut durer longtemps, et ne pas se finir forcément très bien.

Pays: Le royaume de Sal'ahë. Là où sont tous les Antarrs, en fait... Je ne pense pas que ça plairait à qui que ce soit qu'il décide de rentrer à Premaris.

Arme: Un peu tout ce qui lui passe sous la main, j'en ai peur. Il a une nette préférence pour les armes blanches comme les couteaux de cuisine. Il en a une collection impressionnante, d'ailleurs. Si vous lui demandez gentiment, il peut vous les montrer!

Race: Humain. A la base. Grâce à la gentille Kara-Xanthe, cependant, il est devenu Antarr en plus d'être Humain. Antarr-Humain, les amis?

Histoire:

A voir le ventre rond de la mère grossir, la famille avait eu quelques doutes concernant le futur bébé. Il était vrai que la grossesse s'annonçait plus difficile que la première, et que l'enfant semblait faire deux fois la taille de leur premier fils, Ariel. Mais comme Lizbeth était jeune et surtout optimiste, personne n'osait rien dire, et chacun préparait le jour où le nouveau venu pointerait le bout de son nez dans la joie et la bonne humeur. Finalement, le jour J arriva un peu plus tôt que prévu, prenant tout le monde par surprise. Qu'à cela ne tienne, la sage femme fut appelée, et poussa sans ménagement le père et le petit garçon dehors, car la naissance allait être longue et que ce n'était définitivement pas un endroit où des hommes se devaient de trainer en s'inquiétant et gênant le travail. C'est donc assis sur le lit d'Ariel, qui s'était endormi sur ses genoux, qu'Aaron Kyrian apprit que c'étaient deux petites têtes en plus qu'il faudrait nommer au lieu d'une. Du reste, sa femme allait bien, quoi qu'épuisée, assez fière des deux petits corps qu'elle avait tenu à garder serrés contre elle. Ainsi, Blake et Meagan furent accueillis avec un franc étonnement, qui se transforma toutefois bien vite en une vive affection, malgré les doutes de certaines tantes ou amies sur la manière dont-il fallait élever deux jumeaux. Ariel vint les observer dans leur berceau et Lizbeth se mit à tricoter de jolis habits pour les nouveaux venus.

De cette période, bien évidemment, Blake n'a aucun souvenir. S'il l'avait pu, de toute manière, sûrement ne se rappellerait-il que d'un défilé de visages au dessus de lui, de paroles de félicitations répétitives et de la voix de ses parents. Rien de vraiment important, rien qu'il n'ait pas retrouvé plus tard dans sa vie.


S'il y avait bien une chose que Blake Kyrian, cinq ans, détestait cordialement, c'était les légumes. Quels qu'ils soient, qu'importe leur couleur, il les avait en horreur, et aurait préféré manger de la terre plutôt que les carottes qui gisaient intactes dans son assiette. Malheureusement, ses parents ne le voyaient pas de cet œil, et s'acharnaient à lui en servir, prétendant que ça allait le faire devenir grand et fort. Beh. Tout ce que le petit garçon voyait, lui, c'était qu'elles lui donnaient mal au ventre, les infâmes. Tournant sa tête blonde vers sa soeur qui mangeait près de lui, Blake se senti désespérément seul et à court d'idées. Meagan avait pratiquement terminé son plat, et même si les carottes ne lui plaisaient pas non plus, elle les mangeait sans broncher. C'était Meagan tout craché, ça, et même si son courage forçait l'admiration, Blake ne comptait pas l'imiter. Mais que faire pour se débarrasser de ces choses oranges et dégoutantes ? La dernière fois, il avait réussi à les faire tomber sur sa serviette et les y emprisonner dans l'espoir d'aller les jeter plus tard, mais sa mère l'avait remarqué à la dernière seconde, et il avait été puni. Ça ne marcherait probablement plus, il devait donc trouver une autre solution.

Blake jeta de discrets coups d'œil à ses parents, tous deux apparemment fort occupés; Son père discutait de quelque chose avec Ariel, et sa mère s'appliquait à faire manger proprement les deux petits derniers, pari perdu d'avance vu les taches de nourriture qui maculaient la robe de Myah. En somme, personne ne faisait attention à lui et Meagan, et c'était quelque chose que le petit garçon trouvait de plus en plus utile avec le temps. Ils n'étaient plus les benjamins, et n'étaient pas les ainés. Leur mère les trouvait grands en comparaison de Myah et Tanatos, et les laissait souvent se débrouiller seuls, mais ils n'avaient pas la maturité d'Ariel pour qu'on leur demande de surveiller leurs cadets ou s'occuper de ceci ou cela. Ils étaient plutôt tranquilles. Fier de son petit constat, Blake se décida à passer à l'attaque, qui consistait à remettre les carottes qui se trouvaient dans son assiette dans le plat, négligemment posé près de lui. Le stratagème aurait pu marcher, mais c'était sans compter l'autorité paternelle, qui le surveillait du coin de l'œil depuis quelques minutes. Un léger coup de cuillère sur la table de bois fit sursauter le petit garçon, autant que la voix dure de son père qui résonna à ses oreilles avec le son d'un glas:

« Blake, je peux savoir ce que tu fais ? »

Oh, mince.

« Je, euh... Je me ressers... »

Guère crédible, mais c'était tout ce qu'il avait trouvé. Son père fronça les sourcils, et Meagan lui coula un regard inquiet. Sûrement songeait-elle qu'il allait de nouveau être puni, et elle aurait eu raison de penser cela. Quelques minutes plus tard, Blake était face au mur, comme la dernière fois qu'il avait tenté de se débarrasser de ces traitresses oranges, marmonnant tout bas que la vie était bien injuste et cruelle envers un pauvre enfant de cinq ans.

« Quand tu auras fini ta punition, tu reviendras à table manger tes légumes. Ta mère ne prépare pas de la nourriture pour rien. »

S'il l'avait pu, il aurait soupiré. A l'époque, devoir manger des légumes était la pire punition qu'on pouvait lui infliger. Sans doute en aurait-il rit à présent si la providence lui en avait laissé la possibilité. Les peines des enfants paraissent bien futiles pour les adultes qu'ils deviennent quelques années plus tard.




Blake leva les bras en l'air en criant un pseudo cri de guerre, bientôt imité par tous ses coéquipiers, créant un joyeux brouhaha dans la rue trempée par la pluie. Une voisine dérangée passa sa tête par une des fenêtres encastrées dans la pierre, mais son cri fut couvert par celui des enfants. En face d'eux, d'autres enfants croisaient les bras, comme indifférents à l'euphorie qui avait prise leurs adversaires. Blake souriait, et pour une fois s'en fichait de cette maudite dent qui était tombée et lui donnait l'air d'un imbécile. Il s'était fait des bleus partout, s'était écorché les deux genoux et un coude, était trempé, mais ils avaient gagnés. Et la victoire éclipsait toutes ses blessures. Oh, le match avait été serré, et ils avaient été à deux doigts de perdre. Même s'ils jouaient plus calmement, leurs adversaires des beaux quartiers savaient manier le ballon. Et ils étaient, contrairement à eux, bien plus organisés. Les deux camps ne se détestaient pas, mais se plaisaient à se croire mieux que l'autre, selon une règle séculaire établie comme quoi les 'riches' et les 'pauvres' devaient se cracher à la figure. Maintenant que leur rivalité avait été vérifiée sur le terrain -et qu'il y aurait de toute manière une revanche un jour ou l'autre-, Blake devait avouer qu'il les respectait. Ils avaient joués comme des hommes, et pas comme des fils à papa inquiets pour leurs vêtements. En parlant de vêtements, d'ailleurs... Le blondinet baissa les yeux vers sa chemise, maculée de saletés qu'il aurait été en mal de toutes identifier. Sa mère allait le tuer. Mais pour l'instant, il ne s'en préoccupait guère; Il aurait tout le temps de s'inquiéter quand il serait devant la porte de sa maison. Une fois que le cri eut mourut dans les gorges de tous les joueurs, un de ceux d'en face s'approcha de Blake, qui était le plus en avant. Il repoussa des cheveux roux mouillés en arrière, révélant un visage mangé par les taches de rousseurs, aux yeux d'un bleu bizarrement clair. Il n'avait pas l'air fâché, juste résigné, et Blake pensa qu'il devait être un bon joueur pour réagir ainsi face à la défaite.

« Vous avez bien joué, fit-il avec la petite voix aiguë d'un enfant de dix ans, moi et les autres, on retire ce qu'on a dit sur vous. Vous ne savez peut-être pas compter jusqu'à trente, mais vous savez donner de bons coup de pieds. »

Il lui tendit la main, et Blake la prit avec un sourire moqueur.

« On retire aussi ce qu'on a dit sur vous. Vous n'avez aucun sens de l'humour, mais vous êtes bien organisés sur un terrain. »

Le roux lui rendit son sourire, essuyant une goutte de pluie qui dévalait sur sa joue. Derrière eux, les différents joueurs se mêlaient pour pouvoir se remercier, ou échanger des insultes à voix basses quand la défaite leur était restée en travers de la gorge (Oh mon dieu, on se croirait dans Olive et Tom).

« Je m'appelle Constantin. Ajouta-t-il en haussant les épaules. Et toi ?

-Blake.

-Blake ? C'est un drôle de nom.

-Pas plus que Constantin. »

Les deux petits garçons restèrent à rire et bavarder jusqu'à ce qu'ils doivent repartir vers leurs foyers respectifs. Passé la bonne humeur de la victoire, où rien ne pouvait les atteindre, beaucoup des amis de Blake se mirent à se plaindre de leurs vêtements tachés et du fait que leurs parents allaient sûrement les punir. Le petit garçon aux yeux bleus y pensa lui-même, mais en tant que chef, fit semblant de ne pas s'en préoccuper. Il songeait à attendre quelque part que la pluie se calme pour rentrer quand une voix cria son nom, l'arrachant brutalement à ses pensées.

« Blake ! »

Blake se retourna, juste à temps pour voir Meagan arriver, tenant Myah par la main. Elles s'arrêtèrent sous un proche tout près et il les y rejoignit, le sourire aux lèvres. Il s'arrêta bien vite de sourire au regard assassin que lui lança sa plus jeune sœur, alors qu'elle enlevait d'un geste rageur le tissu qu'elle avait mit sur sa tête pour se protéger de la pluie.

« Je te déteste, laissa-t-elle s'échapper sans plus d'explications. Avisant la mine interloquée de son jumeaux, Meagan secoua la tête avec un sourire désolé.

-Elle est fâchée parce que tu avais promis de jouer au jeu de l'oie avec nous aujourd'hui. Du coup, on a du jouer avec Tanatos, mais ils se sont disputés... »

La bouche de Blake dessina un 'O' de surprise. Mince, mince, mince. Il venait de se souvenir, en effet, avoir promit ça à Myah au repas, hier soir. Il était à peu près sûr de s'en être souvenu avant de sortir, mais l'échange de politesses qui avait dégénéré en match entre eux et les 'riches d'en face' lui avait fait oublier sa promesse. Le pire était qu'il n'aurait pas trouvé ça si grave, mais les sourcils froncés de Myah l'incitaient à se mettre à genoux et s'excuser sur le champ. Avec une expression contrite, Blake décida de faire tout son possible pour dérider sa cadette.

« Myah, je suis vraiment désolé, j'avais complètement oublié. C'est qu'on a joué au foot, avec mes amis, et du coup...

-Tu préfères un ballon à ta sœur ! S'écria la petite aux cheveux bleus avec une expression scandalisée, je te déteste vraiment ! Pauvre type ! Les garçons sont vraiment tous nuls ! Ils se battent toujours et s'en fichent de leurs sœurs ! »

Après cette succession de phrases exclamatives, Blake du esquiver un coup de pied destiné à le priver de sa virilité à jamais, et recula avec un cri surpris. Le temps qu'il retrouve l'équilibre, Myah avait déjà entrainé Meagan à sa suite dans la ruelle. Sale bête, songea le garçon, elle était bien loquace pour une gamine d'à peine huit ans ! Pas étonnant qu'elle et Tanatos se prennent tout le temps la tête. Malgré les protestations de sa sœur, Meagan se retourna vers son frère pour lui prodiguer quelques derniers conseils:

« Blake, tu devrais rentrer, maman est inquiète. Après, on pourra soigner tes blessures aux genoux. »

Suite à quoi elle reparti à la suite de Myah, suppliant cette dernière de remettre le foulard sur sa tête. Blake entendit une suite de 'non' vindicatifs avant que le silence ne retombe sur la ruelle. Il en profita pour soupirer profondément. Décidément, la vie de famille, ce n'était pas de tout repos ! Ariel était gentil, Meagan aussi, Tanatos ne disait trop rien alors ça allait, mais Myah... Il fit une courte prière pour demander à Dieu de faire attraper un rhume à sa méchante petite sœur avant de partir sous la pluie. Deux jours plus tard, il se maudit, avalant une soupe, que ce soit lui que le rhume ait attrapé.


Constantin réprima difficilement un petit rire. Blake lui lança un regard ennuyé, avant de se hisser sur le muret auquel son ami s'appuyait. C'était bien la peine qu'il parle de son problème avec lui si c'était pour qu'il s'en moque ! Constantin remarqua la mine vexée de Blake, et il se tu immédiatement.

« Ne fais pas la tête... Je ne me moquais pas de toi. Simplement, c'est assez inhabituel, chez un garçon de quatorze ans.

-Merci, je suis au courant, rétorqua le blond en fronçant les sourcils, grimaçant quand une bourrasque glacée lui souffla au visage, j'y peux rien, en plus. C'est comme ça.

-Peut-être que c'est un peu comme une phobie ? Ma mère a peur des chiens parce que celui de sa famille l'a mordue quand elle était petite. Toi tu as peur de ça, car... Cette histoire t'as choqué.

-Oui, mais les monstres n'existent même pas... »

Blake laissa s'échapper un juron que sa mère aurait sûrement rougit d'entendre de sa bouche. Et encore plus rougit d'apprendre que c'était de celle de son père qu'il l'avait entendu la première fois. Il avait l'impression d'être stupide, à se trimballer cette peur ridicule depuis des années. Certes, il n'insistait plus pour qu'Ariel vérifie dix fois par soir qu'il n'y avait rien sur son lit, mais il avait toujours trop peur pour dormir sans aucune lumière. A quatorze ans, c'était un peu stupide. Si ça venait à se savoir, sa réputation allait être détruite en un souffle de vent. Et ça, il ne pouvait pas se le permettre. Surtout pas maintenant, non.

« Si je savais comment faire pour que ça disparaisse, je te le dirais, mais je n'en sais rien, fit Constantin avec un haussement d'épaule fataliste. Mais je comprends que tu t'en inquiète maintenant. Si Alizée le savait, tu n'aurais plus aucune chance de...

-Lalalalala, je t'entends paaaaaas... cria presque Blake en plaquant ses mains sur ses oreilles comme un enfant. Amusé par cet élan de maturité, Constantin ne pu s'empêcher d'en rajouter. Lorsqu'il ramenait la fille cadette du forgeron sur le tapis, les réactions de Blake et ses expressions étaient toujours très divertissantes à observer.

-En plus, j'ai entendu dire que son père était très sévère envers ses prétendants... Quand Michaël a demandé la main de sa soeur Nora, on dit qu'il l'a poursuivit avec un marteau à travers toute la ville !

-Ce sont que des racontars, grogna Blake en croisant les bras, et puis t'es fou, je compte pas me marier avec elle !

-Pourtant, tu as l'expression du type qui va demander sa main quand tu lui parles, avec le sourire idiot... (Constantin évita habilement le coup de pied qui parti dans sa direction, hilare) Et tout. Tu n'as pas à avoir honte d'être amoureux, Blake ! C'est le court des choses.

-Tu sais où tu vas pouvoir te le mettre, le court des choses ? »

Constantin éclata de rire, laissant Blake ruminer sa colère et ses soucis l'espace d'un instant. Depuis qu'ils s'étaient parlés au match de foot d'il y avait quatre ans pour la première fois, ils étaient devenus amis et se voyaient régulièrement, faisant fi de leur classe sociale respective. Constantin, de toute manière, n'avait jamais aimé la retenue de sa famille 'presque bourgeoise', et les dîners avec les amis, les associés et toutes ces personnes dont ils s'en fichaient ne l'intéressaient pas. Il préférait encore courir dans la boue ou jouer au foot, c'était plus distrayant. Après quelques minutes d'un silence rythmé par les bourrasques qui soufflaient sur la capitale de Moria, le jeune homme aux cheveux roux se décida à reprendre la parole et changer de sujet.

« Ton frère entre dans l'armée cette année, non ? »

Blake posa son regard bleu sur lui, avant de hocher la tête, l'air étrangement égal. S'il ne désapprouvait pas la décision d'Ariel, elle ne lui plaisait pas non plus, raison pour laquelle il avait évité au maximum de croiser son frère ces derniers jours. Dur quand on dort dans la même pièce, mais il n'avait pas envie de lui parler pour lui lancer des méchancetés à la figure. D'aussi loin qu'il pouvait s'en souvenir, Blake avait toujours vu Ariel comme quelqu'un de relativement indépendant et responsable. Il se souvenait d'un petit garçon de huit ans qui aidait son frère de quatre ans à nouer les lacets de ses chaussures, ou d'un jeune homme de quinze ans qui faisait volontiers les courses pour sa mère quand elle était trop occupée. Il fallait dire que si Blake avait Meagan et Myah Tanatos, dans un sens, Ariel n'avait ni frère ni sœur qui soit vraiment de son âge. Alors oui, qu'il parte s'engager dans l'armée à dix-huit ans pour avoir sa propre vie, ce n'était pas étonnant. Il était grand.

« Oui, finit par répondre Kyrian avec un soupir, mes parents ont donnés leur accord, alors ce n'est plus qu'une question de temps. »

Constantin contempla le visage fermé de son ami.

« Il va te manquer ?

-Un peu. Mais ça va, ce n'est pas comme s'il partait à Oria, ou à Akita... Il sera pas très loin. En plus, c'est son choix.

-Ça va faire un peu vide dans votre maison.

-Sans doute. Un peu. Pour l'occasion, on organise une petite réunion de famille. Ma mère arrête pas de cuisiner et Tanatos fait la tête.

-Quelque chose me dit que vous allez bien vous amuser. » Ricana Constantin, ce qui eut le mérite de faire réapparaître un sourire sur le visage de Blake. Oh, oui, ils allaient sûrement bien s'amuser.




Meagan avait l'air inquiète, comme si son frère allait mal prendre la chose et qu'elle allait devoir s'en excuser. Mais Blake restait parfaitement calme. Ce n'était pas comme si sa décision l'étonnait, à vrai dire; Ils étaient jumeaux, et s'il y avait bien un membre de sa famille dont il pensait tout connaître, c'était Meagan. Ils avaient grandis ensemble, il lui avait confié tous ses secrets car il était sûr qu'avec elle, ils étaient en sécurité. C'est pourquoi Blake se contenta de sourire.

« Fais pas cette tête là, on dirait que tu penses que je vais te sauter dessus.

-J'avais peur que tu le prennes mal, expliqua la blonde, scrutant son frère de ses grands yeux verts, c'est une décision importante pour moi, alors...

-Je sais que c'est important. J'ai été bête de réagir comme je l'ai fait pour Ariel. Au final, c'était ce qu'il voulait, je n'avais pas le droit de protester. (Il marqua une petite pause, fit un vague geste de la main) Et puis ça ne m'étonne pas de toi, tu vois ? Ça t'ira très bien, mieux que d'être mariée à t'occuper de tes enfants. »

Meagan sourit, rassérénée. Blake se fit la remarque que son sourire était bien trop beau pour appartenir à un homme. Si quelqu'un devait le posséder à jamais, alors seul Dieu méritait un tel honneur. Sa sœur, ses conseils avisés, sa générosité et sa gentillesse profiteraient à l'église mieux qu'à quiconque d'autre.

« Je suis heureuse que tu le prennes bien, Blake. Ton avis compte beaucoup pour moi.

-Je sais, et c'est pour ça que je ne me permettrais jamais de t'empêcher de faire ce que tu désires. (Il s'appuya contre le dossier de la chaise, la mine faussement désolée) Même si quand tu partiras, je vais me retrouver seul avec Myah et Tanatos. Je vais avoir des tonnes de choses à confesser à cause de ça. »

Cette remarque fit bien rire Meagan, qui ne doutait pas un seul instant que son frère n'hésiterait pas à user de la damnation éternelle de Dieu pour menacer ses deux cadets. Elle tendit une main, qu'elle posa sur celle de Blake.

« Je reviendrais vous voir.

-On passera aussi te voir. Tu ne te débarrasseras pas de nous aussi facilement. »

Meagan s'apprêta à répondre quelque chose, mais une exclamation outrée résonna de la cuisine. Blake haussa les sourcils, avant de faire mine de se lever, soudain pressé. Meagan l'interrogea du regard alors qu'il se dirigeait vers la fenêtre, sans aucun doute dans l'optique de l'ouvrir et de s'en servir comme porte d'entrée.

« Myah a du voir que j'avais mangé tous les gâteaux. Ou alors elle a lu le mot de Tanatos. Ou alors elle vient de s'apercevoir que notre mère est partie sans l'attendre, je ne sais pas. Au cas où, je ne vais pas m'attarder ici, on ne sait jamais! »

Sa sœur jumelle leva les yeux au ciel, dans une tentative ratée pour avoir l'air exaspérée. Elle lui fit un petit signe de la main lorsqu'il enjamba le montant de bois pour le saluer.

« Tu crois que tu auras le courage de venir dîner ce soir ?

-S'il n'y a pas de carottes au menu, sûrement ! »

Souplement, le jeune homme se laissa tomber à terre, sous le regard choqué d'une vieille dame qui portait un bouquet de fleurs et divers sacs de courses. Il lui offrit son plus beau sourire, désireux soudain de faire sa bonne action du mois, pour sa soeur qui allait bientôt entrer dans les ordres:

« Bonjour, Madame Myriam ! Vous voulez que je vous aide à porter vos courses ? »




Constantin suivit du regard Blake alors que le jeune homme se laissait tomber dans un des fauteuils en velours de son salon. Il avait l'air atterré lorsqu'ils s'étaient rencontrés dans la rue, et pensant que son ami couvait quelque chose, il lui avait proposé de venir chez lui, afin d'être épargnés par les vents soufflants de leur beau pays. Le jeune homme aux cheveux roux saisit un biscuit dans un bol aux fines ciselures et croqua dedans, se fichant bien de paraître malpoli en parlant la bouche pleine:

« Qu'est-ce que tu as ? Tu as l'air d'avoir mangé un tas d'aiguilles... Ton rendez-vous avec Alizée s'est mal passé ? »

Blake se tortilla sur son fauteuil, visiblement mal à l'aise. Constantin leva un sourcil interrogateur, et le blond se sentit encore plus mal. Un silence s'installa, durant lequel seul le bruit du vent qui se glissait entre les pierres fut audible, avant que Blake ne lâche, sans prévenir:

« On l'a fait. »

Constantin laissa tomber son biscuit, qui alla rebondir sur la moquette.

« Hein? (Son ton était incrédule, et un aussi un brin amusé) Mais tu ne m'avais pas dit que tu comptais passer à l'étape suivante !

-Je ne voulais pas! Se défendit Blake, presque désespéré, Mais elle était là... Et moi... On...

-Calme toi, calme toi, tu as dix-huit ans, c'est normal... Même si tu aurais tout de même pu me le dire avant. »

Blake laissa s'échapper un murmure incompréhensible que Constantin devina être une suite de malédictions. Il rechercha un instant son biscuit du regard, mais ne le trouva pas et laissa tomber. Il pourrait toujours le ramasser plus tard, en tout cas avant que sa mère ne revienne. Sinon, elle allait le traiter de porc irresponsable, 'comme ton père'. Il préférait ne pas y penser.

« Je voulais simplement discuter, reprit Blake avec une mine soucieuse, puis je lui ai dit que, tant qu'on y était, je pouvais lui montrer mon couteau de cuisine.

-Ton couteau de... (Un franc éclat de rire coupa Constantin dans sa phrase, et seul le regard courroucé de son interlocuteur parvint à le calmer) Franchement, Blake ! Même moi j'aurais pensé que tu me faisais une invitation implicite.

-Sauf que ce n'était pas ça, je parlais du super couteau de cuisine que m'a offert mon oncle pour mon anniversaire. Seulement elle a...

-Et il y a quoi de mal à ça ? C'est plutôt bien, au final, non ?

-Je ne me sentais pas prêt !

-Alors pourquoi tu ne l'as pas repoussée ?

-Je... (Il cligna des yeux avant de secouer la tête, comme vaincu) Je ne sais pas. »

Constantin du réprimer un nouvel éclat de rire, et pour ne pas s'énerver, Blake du se forcer à relativiser. Certes, il avait été surpris du tournant qu'avaient pris les choses, mais ça n'avait pas été si désagréable, au final. Il se sentait simplement un peu perdu, et ne savait pas quoi faire la prochaine fois qu'Alizée et lui se reverraient. Qu'est-ce qu'un couple était censé faire après avoir sauté le pas ? Il n'y avait pas d'attitude particulière à avoir, non ? Il pouvait toujours rire et se parler comme avant ? Ça pouvait paraître stupide de s'inquiéter pour si peu, mais ça le tracassait vraiment. Mais or de question de se montrer hésitant devant Alizée, c'était pourquoi il devait vite trouver une solution. Constantin paru lire dans ses pensées, car il tapota l'accoudoir de son fauteuil, pensif.

« Je ne pense pas que ça change quoi que ce soit entre vous, si ça peut te rassurer. Enfin, à part le fait que maintenant, vous... Tu me comprends. (Il se remit à sourire, et Blake senti immédiatement qu'une énormité allait sortir de sa bouche) Sinon, c'était comment ? »

Le roux se prit un des coussins dans la tête, et Blake arbora son expression la plus digne et hautaine pour ignorer ses éclats de rire et ses remarques. Quand finalement Constantin pu se tenir assis et parler sans craindre qu'un ricanement ou hoquet importun ne vienne l'interrompre, il charria encore un peu son ami, puis sembla se souvenir de quelque chose de très important. Blake le fixa, curieux, alors qu'il se levait pour ramasser le biscuit qu'il avait fait tombé plus tôt et qui était aller se réfugier sous un fauteuil voisin.

« J'ai faillis oublier de te demander, avec tout ça... »

Constantin fit sauter le biscuit dans sa main. Blake le regarda faire, les bras croisés, attendant une suite qui mit quelques secondes à venir.

« Je t'ai déjà parlé de mon oncle, n'est-ce pas ?

-Ton oncle Auguste ? Celui qui habite à Sal'ahë ? Oui, il me semble que tu m'en as déjà parlé. »

Constantin serra le biscuit dans sa main avec un hochement de tête.

« Alors je pense que tu vas aimer ce que je vais te dire. »




« Et c'est pour ça que Constantin aimerait que je vienne avec lui chez son oncle, conclut Blake en écartant les bras pour appuyer son argumentation, Sinon, il va se sentir un peu seul. En plus, je pourrais apprendre des choses intéressantes, là-bas. »

Puis le jeune homme aux cheveux blonds se tu, observant ses parents, son frère et sa soeur, en quête de réactions positives. Il fut plutôt déçu: Son père le détaillait avec scepticisme, sa mère semblait avoir vu un fantôme, Myah fronçait les sourcils, et Tanatos avait l'air tellement détaché qu'il se demanda s'il l'avait seulement écouté. Il songea à exposer de nouveau tous les avantages de ce voyage pour les convaincre, mais se retint à la dernière minute. Ne pas en faire trop était sans doute plus sage. Aaron Kyrian consulta sa femme du regard avant de prendre la parole, faisant se crisper son fils cadet sur sa chaise:

« Ce n'est pas une décision que l'on peut prendre à la légère, Blake, comprend le. Sal'ahë, ce... Ce n'est pas vraiment la porte à côté.

-Mais c'est qu'un détail, intervint Blake, Constantin m'a assuré que le voyage était sûr. Et sérieux, sa mère tiens trop à lui, si c'était faux, elle ne le laisserait pas partir seul !

-C'est bien ça qui m'inquiète. Vous serez seuls pendant le voyage, sans adulte pour vous surveiller...

-Ah non, il y aura son majordome avec nous !

-Sans autre adulte pour vous surveiller qu'un majordome. Ça ne m'a pas l'air très prudent...

-En plus, on ne roule pas vraiment sur l'or, ajouta Tanatos, qui parlait pour la première fois depuis le début de la conversation. Myah, qui avait toujours son mot à dire, se senti obligée d'ajouter sa pierre à l'édifice en appuyant les paroles de son jeune frère.

-Et si tu te fais attaquer et que tu meurs sur la route, on sera obligé de payer ton enterrement. »

Blake ouvrit la bouche pour rétorquer quelque chose, mais Lizbeth, que cette histoire d'enterrement avait sorti de ses réflexions, fut plus rapide que lui.

« Il y a des bandits sur les routes, j'en suis sûre. C'est trop dangereux. Qui sait ce qui pourrait t'arriver...

-Maman, j'ai dix-huit ans, bientôt dix-neuf. A mon âge, Ariel était déjà entré dans l'armée.

-Mais lui il n'est pas allé jusqu'à Sal'ahë pour entrer dans l'armée. »

En fait, Blake préférait quand Tanatos se taisait. C'était bien mieux. Il s'appliqua à le fusiller du regard pendant que son père réfléchissait et échangeait quelques paroles à voix basse avec Lizbeth. Il voulait vraiment aller à Sal'ahë, et pas seulement car c'était un nouveau pays, avec de nouvelles têtes et de nouveaux paysages... Lui qui était incapable de trouver une idée de quoi faire plus tard comme travail serait peut-être inspiré par les conseils de l'oncle de Constantin, que ce dernier ne cessait de glorifier. Apparemment, cet homme était sympathique en plus d'être doué en tout. Blake avait définitivement hâte de le rencontrer !

« Quand est-ce que vous partiriez, exactement ? Lui demanda son père, avec une mine sévère pour contenir l'enthousiasme de Blake, qui voyait déjà cette question comme une lueur d'espoir.

-Dans deux mois. Le temps de tout préparer... Et vous savez, vous n'auriez pas à payer, ils m'emmènent et moi je peux trouver un travail là-bas, j'en suis sûr ! »

Si sa mère avait toujours l'air hésitante, son père un peu moins. Myah et Tanatos haussèrent les épaules dans un bel ensemble, feignant l'indifférence. Ils pouvaient toujours protester ou aller dans le sens de leur frère, leur opinion ne serait à priori pas prit en compte. Sauf s'ils harcelaient leur mère avec ces histoires de bandits et d'enterrement. Mais Blake pensait que ses cadets n'iraient pas été jusque là... Ils pouvaient être insupportables parfois, comme tous les frères et sœurs, mais ils n'étaient pas méchants et ils ne se détestaient pas.

« Nous verrons tout ça, ta mère et moi avons besoin d'en discuter. Finit par décider l'autorité paternelle, et son ton de voix ne laissait pas place à la discussion. Blake approuva d'un signe de tête.

-D'accord. Mais vous y réfléchissez bien, hein ?

-Pauvre Blake, soupira Myah dans une exaspération exagérée, tu as tant que ça envie d'aller voyager dans un pays étranger que tu as oublié quelque chose d'important. »

Blake gratifia sa soeur d'un regard étonné. Il se demandait en effet ce qui avait pu lui passer au dessus de la tête.

« Elle va en penser quoi, Alizée, si son Prince charmant part ailleurs pendant un si long moment ? »

Oh. Le visage du blond se décomposa. Mince.


« Un an. Tu pars à Sal'ahë pour un an.

-Oui. Mes parents se sont mis d'accord, finalement... Ils veulent bien me laisser partir. »

Blake esquissa un sourire, mais le cœur n'y était pas. Devant lui, Alizée se tenait droite, ses yeux dorés perdus dans des songes qu'elle seule connaissait. Il se rendait compte que la prévenir du jour au lendemain de son départ n'était pas la meilleure des solutions... Mais il n'en avait pas d'autre. Ils auraient du en arriver là de toute façon. Qu'il parte dans deux ans ou un mois, quelle était la différence ? Ils ne se verraient pas pendant une année entière, et même plus s'il arrivait un quelconque imprévu. Devoir lui dire au revoir était douloureux, car il l'aimait, mais il ne pouvait pas l'emmener avec lui. Blake n'était pas certain qu'elle aurait accepté d'aller au bout du monde rien que pour lui, en plus.

« Alors, c'est le moment où tu vas me dire que c'était bien, mais que ça ne peut plus durer ? »

Les yeux bleus du jeune homme s'agrandirent d'incrédulité. Il leva par réflexe ses mains devant lui, les agitant comme l'aurait fait un enfant. Comment ! Elle n'avait pas du tout compris ce qu'il voulait dire ! Lui, ce qu'il voulait, c'était...

« Non, pas du tout ! A moins que tu le veuilles... Je ne veux pas te quitter. »

Alizée releva la tête pour le regarde, perplexe. Elle replaça ses cheveux d'un châtains roux derrière son oreille, geste inutile car le vent de cette fraiche soirée vint de nouveau les faire voleter autour de son visage pâle. La jeune femme était petite et mince, mais en cet instant, elle paraissait plus forte et résolue que son ami. Et dire, pensa Blake avec une pointe de honte, que c'était lui l'homme.

« Tu veux que je t'attende pendant un an, sans savoir ce que tu fais, ni si tu as rencontré quelqu'un d'autre ? (ses jolis yeux lancèrent des éclairs) Blake, même pour moi ce serait trop difficile. »

Dit quelque chose, lui asséna sa conscience d'une voix dure. Si tu ne dit rien, tu vas la perdre. A moins, et cette fois le ton était devenu désagréablement ironique, que ton départ ne soit qu'un prétexte pour la quitter.

« Non, si tu... »

Silence.

« Si tu ne peux pas attendre mon retour, alors épouse-moi. »

Nouveau silence, et cette fois-ci, un regard choqué de la part d'Alizée. Blake se rendit vite compte de l'énormité de ses paroles, et recommença à faire de grands gestes, comme si jouer les moulins à vent allait lui donner plus de crédibilité ou de courage:

« Ou plutôt, quand je serais revenu ! Je ferais tout pour trouver un type de travail qui me plaît... Et si j'en trouve un là-bas, j'aurais pu faire des économies. Quand je rentrerais, j'aurais mit de l'argent de côté. Je sais que ma famille est pauvre et que la tienne est plutôt aisée... J'aurais honte de te demander en mariage si je n'ai rien à t'offrir ! »

Blake eut envie de baisser la tête, mais la garda haute, histoire qu'Alizée ne doute pas de ses intentions. Il y avait longtemps pensé, mais n'avait jamais trouvé de moment approprié pour lui faire une telle promesse. Après tout, comme il l'avait dit, sa famille ne possédait pas grand chose. Alizée, elle, était fille de forgeron. Ses deux sœurs s'étaient mariées à des hommes qui seraient un jour de riches marchands, et son frère reprendrait le travail de son père. Lui, qui était-il pour prétendre l'avoir ? La jeune fille porta ses mains à sa bouche, stupéfaite.

« Tu penses vraiment ce que tu dis ? »

Non, je plaisante, faillit rétorquer un Blake stressé. Ce n'était pas le moment de faire de l'humour. Il hocha vivement la tête.

« Bien sûr. Je ne le dirais pas si je ne le pensais pas. »

Un énième silence s'installa. Blake détestait entendre le bruit du vent qui sifflait comme si la fin du monde arrivait, mais il n'osait pas parler de peur de briser le mince fil qui les reliait toujours. Un mot de travers et tout était fini. Et s'il avait été trop loin en proposant une telle chose à Alizée... Ah, rien qu'y penser l'angoissait plus que n'importe quoi d'autre. Une petite main saisit soudain la sienne, avec une poigne étrangement ferme pour des doigts si fins.

« Alors soit. Dans un an, tu reviendras à Moria, et tu me rediras la même chose. Mais ne croit pas que tu pourras te soustraire à cette promesse... Si tu me fais attendre pour rien, je jure que je ferais de ta vie un enfer. »

Un rire nerveux échappa au jeune homme, qui passa sa main libre dans ses cheveux. Il ne doutait pas un seul instant qu'elle parviendrait à lui rendre la vie impossible. C'était dans ses cordes, il était bien placé pour le savoir. Cependant, Blake ne craignait rien; Sa décision était prise. Il trouva tout à coup que quitter Alizée était fort déplaisant. Il pensa aussi à sa famille, et particulièrement à sa mère, qui répugnait à l'idée de le laisser partir si loin. Non, songea-t-il, ça aussi c'est une décision déjà prise, tu ne peux pas revenir en arrière. Ce n'est qu'une malheureuse année, ce n'est pas comme si tu partais pour toute une vie.

« Je te fais confiance là-dessus, répondit-il, soulagé, même si je ne pense pas que tu auras à en arriver là...

-Tant mieux. Ça m'aurait fait mal de devoir écourter ta vie. »

Écourter sa vie ? Eh bien, elle ne plaisantait pas ! Dans l'optique de lui dire au revoir et de pouvoir la laisser rentrer chez elle (il était quand même tard, la nuit était tombée un peu plus tôt et il ne faisait pas confiance à l'obscurité), Blake voulu retirer sa main de la sienne. Il fronça les sourcils, curieux, quand Alizée l'empêcha de se défaire de son étreinte. Le visage de la jeune femme se fendit d'un immense sourire.

« Tu pars dans un mois seulement, je compte bien passer le plus de temps possible avec toi. Et ça commence... Cette nuit !

-Her ? Attends, et ton père ? Alizée, ne me traîne pas comme ça !

-Si on traîne on va rentrer après lui, et là tu pourras t'inquiéter ! »

Avec un rire, les deux silhouettes disparurent dans l'ombre de la rue, ne laissant rien de leur passage derrière elles. A ce moment là, Blake pensa que la chance ne lui avait jamais autant sourit. Il se trompait: Ce n'était que le tout début d'un long cauchemar éveillé. Mais qui aurait pu le savoir ?


« Blake ? Blaaaaake... »

Un coup dans son épaule fit crier d'indignation le blond, qui se retourna pour foudroyer Constantin du regard.

« Ça va pas, non ?!

-Tu ne m'écoutais pas! J'en ai assez de tout répéter, depuis ce matin ! Tu es malade, ou quoi ? »

Malade ? Blake secoua la tête de gauche à droite, tentant pendant ce temps de coller un mot précis à ce drôle de sentiment qui l'avait prit au réveil. Il se sentait comme prit en cage, et son cœur ne cessait de faire des bonds sans aucune raison. Comme s'il était effrayé par quelque chose. Alors que, franchement, des meubles en bois n'avaient rien d'effrayants.

« Je sais pas. Je pense pas. Je me sens juste un peu angoissé.

-Angoissé ? Maintenant que tu le dis, je me sens pas super non plus.

-Vous aussi, les garçons ? Fit Auguste de sa voix forte en se détournant d'une chaise sculptée, C'est comme si une plaque de pierre m'appuyait sur l'estomac. Ce n'est pas très agréable.

-On a peut-être mal digéré le poisson d'hier. » Proposa Constantin avec un haussement d'épaules.

Blake lâcha une ou deux vannes avec Constantin et Auguste à propos de la cuisine de la domestique qui travaillait chez eux, avant de se plonger dans un nouveau mutisme. Il se sentait vraiment bizarre, et ce n'était pas à cause du poisson, il en était persuadé. Il se sentait extrêmement seul malgré le monde qui se pressait dans la rue principale de Kyranarr, comme si tout à coup il était seul au monde . C'était la première fois qu'il ressentait une telle chose, une telle peur morbide... Il attrapa l'épaule de Constantin quand la sensation devint insupportable.

« C'est trop bizarre. » fut tout ce qu'il réussit à sortir. Plus bizarre encore, ce fut l'expression grimaçante qui étira les traits habituellement détendus de son ami aux cheveux roux. Autour d'eux, le bruit des commerces avait diminué, car beaucoup de monde s'était arrêté de parler. Quelques enfants s'étaient même mis à pleurer, sans raison apparente. Un nombre impressionnant de têtes s'étaient tournées dans la même direction, vers là où se trouvait le château de la nouvelle Reine de Sal'ahë. Les yeux scrutaient la rue à la recherche de quelque chose d'invisible, l'anxiété et la peur brillant dans les regards.

« Constantin, tu... » Commença Blake, qui n'eut malheureusement pas le temps de finir sa phrase. Un vent froid lui coupa le souffle, coinçant ses mots dans sa gorge. Puis le noir complet se fit.


La mèche s'alluma dans un crépitement, entourant son abri couleur encre d'un halo de lumière. Deux yeux bleus ternes fixèrent la flamme sans ciller, à la recherche d'une quelconque beauté dans cette chose orange qui se tortillait. Ils n'y trouvèrent rien. Pourtant, le jeune homme savait qu'il avait un jour trouvé son travail magnifique et avait contemplé avec un sourire chaque nouvelle lumière qu'il faisait naître. Où était partie la magie de cet instant ? Il ne la retrouvait pas. Impassible, il abaissa sa perche et se tourna vers la rue sombre qu'il fallait entièrement éclairer. Dans le noir, il y avait peut-être des monstres qui attendaient de le dévorer, il devait faire attention. Il reprit sa marche, remettant en place son chapeau, auquel était attaché un ruban d'un rouge vif. Ça éloignerait les monstres si jamais ils voulaient l'attaquer. Plus loin, les talons d'une Dame claquèrent sur le pavé du trottoir. Il n'y prêta pas attention. Depuis combien de temps était-il ici, déjà ? Devait-il rentrer à Moria bientôt ? Ah, il ne parvenait pas à se rappeler. Il aurait du envoyer une lettre, mais il avait aussi oublié l'adresse. D'ailleurs, il ne l'avait pas finit. Il ne savait pas quoi mettre à la fin. Sans bruit, il glissa jusqu'à la prochaine lumière à allumer.

Sur un bureau dans une chambre dans un manoir de Kyranarr, une lettre à l'encre délavée adressée à la famille Kyrian attendait d'être terminée depuis trois ans déjà.

Rang: Allumeur (de réverbères).~

Code du règlement: ...Il existe encore, celui là?!XD

Autre: Blake est officiellement le plus vieil Antarr du forum. Ça se fête! Aussi, j'aime son prénom. Blake, je suis fan. C'est juste trop beau.

Expression favorite: '... ... ... ... ... ... ... '

Plat préféré: Blake aime énormément les flans au caramel. Et à peu près tous les dessert sucrés... Bien qu'il répondra certainement la viande, si vous lui posez la question.

Plat le moins aimé: Les légumes, quels qu'il soient. Même à 22 ans, il faudrait toujours le forcer pour qu'il finisse une assiette de carottes ou de haricots.

Amis: Avant? Plusieurs personnes de son entourage et de sa famille. Blake n'était guère homme à aimer la solitude et étant sympathique, il se faisait rapidement des amis. A présent, la notion même de l'amitié lui paraît floue et étrange.

Ennemis: Il en avait peu, mais en avait tout de même. Des personnes de son entourage, de même, des personnes sarcastiques ou trop fières. Antarr, les ennemis sont ceux qui ont le malheur de lui déplaire pour une raison X ou Y. Gare à vous.

Famille: Blake possède encore ses parents, Lizbeth et Aaron, qui ont respectivement 47 et 52 ans, ainsi que deux frères et sœurs. Son frère ainé, Ariel (26 ans), s'est engagé dans l'armée, ou du moins y était-il encore lorsque Blake prit la direction de Sal'ahë il y a trois ans de cela. Sa sœur jumelle, Meagan, a très tôt décidé de rentrer dans les ordres, et a joint le geste à la parole. Reste son plus jeune frère et sa plus jeune sœur: Myah (20 ans), qui semble déterminée à rester célibataire et Tanatos (19 ans), récemment engagé comme serviteur au château de Moria. A eux s'ajoutent différents oncles, tantes, cousins et cousines qu'il apprécie plus ou moins.

Couleur préférée: Blake n'a pas vraiment de couleur préférée. Tout dépend de la manière dont il peut les accorder, ou leur support.

Couleur la moins aimée: Là encore, le jeune homme n'en a pas réellement. Peut-être le vert vif, à la rigueur... Que ce soit sur des vêtements ou sur des murs, cette couleur ne passe en général pas très bien.

Sexualité: Hétérosexuel. Les femmes, c'est très bien, et ça lui suffit amplement.

Hobby: Eh bien... Avant, il aimait bien se promener, se rendre dans divers endroits avec ses amis, rire, tout ça... Maintenant, il se parle à lui-même, s'amuse à couper des légumes en tranches fines sans aucune raison, et d'autres choses plus ou moins normales.

Signe du zodiac: ... Je vais aller chercher Nina.u__u

Sait chanter?: Pas mieux qu'un autre. Pas moins bien qu'un autre. Rien d'extraordinaire, mais rien de catastrophique non plus.

Danse favorite: Blake aime bien danser, des danses simples et rythmées. Ne vous attendez pas à ce qu'il sache exécuter des pas compliqués, par contre.

Photogénique?: Les très rares fois où Monsieur a été photographié, il regardait toujours dans une direction opposée à l'objectif. Difficile de savoir, dans ces conditions là.

Allergies: Aucune de connue à ce jour. Mais comme il n'a pas mis son nez dans toutes les variétés de fleurs au monde ou goûté à toutes les saveurs de la cuisine, il se pourrait qu'il en ait une qu'il ignore.

Religion: Croyant et pratiquant. Avec une sœur dans les ordres, il le fallait bien. Et puis Blake a toujours cru en Dieu. Jusqu'ici.

Prénom préféré: Régine pour une fille, et Cyrian pour un garçon.

Sports favoris: A peu près tous. Tous ceux auxquels il a eut l'occasion de jouer, en tout cas. Blake est sportif, et aime se dépenser, maintenant encore.

Aime le thé?: Pas spécialement. En plus, il n'arrive jamais à le préparer.

Aime le café?: Pas spécialement. Idem...

Animal préféré?: Les félins en général. Il aime aussi bien les rongeurs, comme les petites souris blanches.

Plus grande peur: Blake a une peur bleue des monstres. Son père lui avait lu, quand il était petit, une histoire d'horreur et il ne s'est en ai jamais remis. L'histoire n'était pas si horrible, pourtant. Mais pendant longtemps, il a vérifié qu'aucun monstre ne dormait sous son lit ou n'était tapis dans l'obscurité d'un placard. Cette peur, qui avait commencé à disparaître, s'est amplifiée avec la Kara-Xanthe. Blake ne supporte pas le noir mais hait les ombres que projette la lumière sur les murs. Il fouille régulièrement sa chambre, deux voir trois fois d'affilée, persuadé qu'un monstre se cache quelque part, prêt à le dévorer. Il déteste aussi les masques effrayants, grossières imitations, et tenterait de tuer celui qui en porterait un devant lui. Il lui arrive de passer des nuits blanches, et de ne pouvoir s'endormir que lorsque la fatigue l'emporte.

Parfums favoris?: L'odeur d'un gâteau en train de cuire. Il fait souvent des gâteaux, rien que pour sentir cette odeur.

Dépendances?: Pas qu'il sache. Mais, devenu Antarr, il lui arrive de temporairement faire une obsession sur tel ou tel objet.

Mensurations: Ça ne vous sera pas utile pour Rplayer avec lui, je pense!

ANTARRS NEED MORE LOVE. Wouuh!~