Grande pièce largement éclairée, le salon est par définition l’un des lieux les plus agréables du château. Une gigantesque cheminée, véritable œuvre d’art, occupe la majeure partie de l’un des murs, tandis que deux autres sont régulièrement percés de fenêtres qui, quoiqu’étroites, laissent voir le parc à l’extérieur. Des tables basses, fauteuils, canapés, causeuses, coussins vous invitent à la flânerie et l’oisiveté. Un lustre, décoré de pierres précieuses bleutées est allumé le soir tombé et baigne la pièce d’une lueur éclipsée par celle du feu dans l’âtre. Le sol lambrissé est couvert d’un tapis.

Peu de couloirs longent la façade du palais et, de fait, le nombre d’entre eux étant percés de fenêtres s’en trouve réduit. Loin d’être dépouillés et sombres pour autant, des lampes murales éclairent votre chemin entre différentes tapisseries. A la lueur chaude des flammes, les personnages semblent dotés de vie. Le plafond, moins haut qu’au rez-de-chaussée, fait face au même sol de pierre couvert d’un tapis épais en son centre sur toute sa longueur.

Soldat ou serviteur, vous n’êtes sûrement que de passage dans cette salle qui semble toujours trop exigüe pour son foisonnant contenu : épées, boucliers, pièces d’armures, lances, rapières, hallebardes y sont entreposées dans un ordre précis, en un bric-à-brac mortel. Huilées aussi souvent que possible, ce soin vous enjoint à éviter quelque maladresse. Un garde posté à l’entrée garantit que vous n’emportiez que le nécessaire. Les armes du roi et des nobles sont conservées dans leurs coffres particuliers, sous clef.

Une vie ne suffirait pas à intégrer tout le savoir qui vous entoure et repose en une multitude d’ouvrages sur de hautes étagères de chêne sombre et poli. Récits d’aventure, romans, mais aussi rapports militaires datés et importants, biographies, essais, journaux de bords de grands explorateurs ; si vous savez chercher, nul doute que vous trouverez ce dont vous avez besoin. A condition de connaitre le langage, parfois étranger, dans lequel ils ont été rédigés. De hauts candélabres à abat jours jouxtent quelques tables, flanquées de fauteuils de soie carmin. D’épais rideaux sont à demis rabattus sur l’unique et large fenêtre. Le fond de la pièce, contenant des livres plus délicats, est séparé du reste par un mur et la porte fermée à clef. L’accès n’est accordé qu’à une poignée de privilégiés.

Grande salle dont les portes aux lourds battants ne s’ouvrent qu’à un public restreint. Une titanesque table en pierre frappée des armoiries d’Hatès occupe une grande partie de l’espace : on pourrait la dire rectangulaire si le côté le plus proche de l’entrée n’était pas arrondi. La prestance du siège destiné à l’occupant du bout de table faisant face aux portes ne laisse que peu de doutes quant à sa fonction ; le gouvernement Bellanca s’y réunit lorsque le besoin s’en fait sentir –parfois les nobles influents, parfois l’Etat-major, rarement les deux.

Répartis sur deux étages, ces appartements respirent la richesse et l’argent. Chaque famille est libre d’arranger son intérieur à sa guise, et à ses propres frais. Ainsi la surcharge de mauvais goût peut être voisine d’une sobriété rare et avare.

Avec les grades viennent les privilèges ; ces appartements, loin des chambres au mobilier spartiate des simples soldats, rappelle le faste de la noblesse –la plupart des officiers en étant issus toutefois, ce n’est que logique. Un peu plus d’austérité fait tout de même meilleure figure. Ces suites ne sont néanmoins pas très grandes. Juste ce qu’il faut pour faire envie à d’éventuels visiteurs moins haut placés.