Cœur de la ville, c'est naturellement vers elle que toutes les artères débouchent : véritable fourmilière, il est rare de la trouver totalement déserte. Les riches et les moins riches s'y rendent sans distinction, quoique s'ignorant pour la plupart avec une étonnante maestria. A proximité, une église; autour, des commerces florissants et de magnifiques bâtiments dans un style plutôt ancien. L'immense statue d'un héros populaire connu de tous, grand conquérant, repose sur le sol pavé souvent couvert de neige et semble monter la garde, veiller sur les passants de son air sévère que le temps lui-même n'arrive à effacer. Les réverbères baignent de leur lumière cette figure digne et imposante à la nuit tombée.

Si Imura possède plus d'une église, celle-ci est sans conteste la plus grande : aussi ancienne que les plus vieilles bâtisses du centre-ville, son clocher se dresse bien haut, marque la mesure à chaque nouvelle heure. De grands vitraux percent ses murs de pierre épaisse, laissant filtrer à l'inhtérieur une lumière spectrale et colorée. L'on ne saurait compter les bancs qui s'alignent, identiques. Une galerie plus haut, face au magnifique autel, garde les nobles de haut de rang de se mélanger à la populace -les Hommes égaux devant Dieu ne l'étant guère que devant Lui. Le dépouillement et la frugalité ne semblent pas être de mise, toutefois le luxe y est bien moins ostentatoire que ce à quoi vous auriez été en droit de vous attendre. Une modeste chapelle jouxte ce gigantesque bâtiment.

Les allées pavées se suivent, bordées de stèles et tapissées de neige. Les fleurs claires, plus difficiles à trouver à Hatès et plus particulièrement aux alentours d'Imura, décorent les tombes proportionnellement à la richesse de feu leur proriétaire. Certaines, majestueuses, abritent en leur sein d'illustres familles de la vieille noblesse du pays, tandis que d'autres se contentent d'un nom gravé dans la pierre. Un monument aux morts se dresse à l'entrée : nombre de mères n'ont pour se recueillir que le nom de leur enfant et la "gratitude éternelle de toutes les âmes de leur fière patrie". Les tombes des soldats, parfois anonymes, occupent la partie est du cimetière. Les familles s'étant manifestées pour organiser elles-mêmes les funérailles en ont évidemment eu le droit, mais c'est au compte de l'Etat que les autres ont été inhumés, dignement quoique sobrement. Pas de fosse commune pour le plus lambda des membres de l'armée tombé au champ de bataille.