Ballade en solitaire...ou presque.[Liiibre.xD]

Magalie continuait de sourire alors que Lloyd avait doucement serré sa main dans la sienne, l'emmenant lentement vers la taverne qu'il avait désigné quelques minutes plus tôt, dans l'optique de réaliser ce que Magalie avait accepté là aussi plus tôt, à savoir, boire et manger quelque chose pour se rafraîchir de la chaleur que le désert de Kahei, voisin de la capitale d'Eloria, amenait en permanence sur la grand ville blanche. Les chaussures de Magalie provoquaient un léger tintement sur le sol pavvé de la petite ruelle dans laquelle ils s'étaient percutés à chacun de ses pas, rythmant leur marche. La jeune fille aux longs cheveux blonds posa son esprit un moment, le laissant dériver, loin de la présente situation. Cette journée était tout sauf anodine, elle devait bien l'avouer: Elle avait percuté un Noble dans une ruelle qu'elle n'empruntait d'habitude jamais, et maintenant, ce jeune homme en provenance du château et tout de rouge vêtu lui proposait un repas en sa compagnie. Certes, ce genre de choses-Ou quelque chose de similaire- n'était jamais arrivée à Magalie, pas une seule fois dans sa vie. Des gens, elle en avait bien percutés, mais c'était à chaque fois l'affaire d'un 'désolée' de la part de la jeune fille et de quelques pas pour s'éloigner de la personne bousculée. C'était ce qu'il se passait, normalement. Mais cette fois avait été différente, car la personne qu'elle avait bousculée était elle aussi différente.

Lloyd n'était réellement pas comme le stéréotype imaginaire qu'elle s'était fait de tout Noble vivant à la Coure du Roi Shan'haron, ou même de tout noble tout court, vivant à n'importe quelle Coure du monde. Car après tout, l'éducation, les réactions des Nobles, toutes ces idées toutes faites qui circulaient sur eux ne devaient pas changer selon les Pays. Peut importait le caractère du souverain actuellement sur le trône, les préjugés seraient les mêmes, car jamais les préjugés ne changeaient de visage, qu'importe où ils résident. Le Roi qui régnait sur le pays dans lequel elle vivait actuellement était sans aucun doute très différent des autres souverains, que ce soit de la Reine de Sal'ahë au 'dirgeant' d'Hatès, en passant par la gouvernante de Moria: Les lois employées dans les Pays, les décisions prises, les Conflits récents ou anciens, tout cela pouvait donner un aperçut du caractère de son souverain. Magalie vivait dans la capitale, mais ne s'était jamais vraiment intéréssée à tout ce qui touchait à la Noblesse, au château qui s'élevait sous les yeux des villageois. Ce n'était pas que cela ne l'intéréssait pas, elle était curieuse de savoir comment pouvait bien vivre un prince, ou même un Noble, voir toutes ces différences avec sa simple vie de villageoise, tout ce qui était mieux, ou moisn bien. Qui ne l'aurait pas voulu, honnêtement? Tous les êtres vivants sans exception désiraient ce qu'ils ne possèdaient pas, et celui qui ne possèdait pas des montagnes d'Or les désiraient plus que celui qui les possèdaient. Un Villageois enviait toujours, même inconsciement, la vie d'un Noble, parcequ'ils sont riches, et que pour eux, c'est forcément mieux. Etre riche, Magalie aurait trouvé cela mieux, évidemment. Mais la jeune fille aux yeux d'azure détestait le château d'Oria rien qu'à la regarder. Elle ne détestait pas les personnes qui s'y trouvaient, c'était juste cette idée de Noblesse qui la révulsait, et encore plus que la Noblesse, la Royauté. Lloyd, ou même un autre Noble, qui qu'il soit, elle ne l'aurait jamais détesté. Même stéréotypé, elle ne détestait pas ces gens qui vivaient au château, c'était juste l'idée qu'elle n'aimait pas. C'était peut-être confus et dure à suivre, mais c'était juste le concepte qu'elle haïssait.

Sa mère lui avait dit depuis qu'elle était toute jeune ce qui s'était vraiment passé, et sa mère avait cette même idée contre la Noblesse et la royauté, ces idées qui amenaient doucement au stéréotype, sans qu'on s'en rende forcément compte. Il n'était donc pas étonant que sa fille, Magalie, pense d'une manière similaire à sa façon de penser. La mère de Magalie lui avait toujours dit que ce stupide titre de Noble, ou de Roi, Prince, Princesse, Reine, corrompait celui qui le portait, le rendait vaniteux et imbu de lui même. Elle lui avait dit comment un Roi faisait tout ce que bon lui semblait, jouait avec les autres comme il l'entendait, se coryait tout permis. Magalie et sa mère n'avaient rien contre les gens du château, juste contre ces titres sans grande signification attribués à eux tous: Ils les faisaient se sentir quelqu'un de mieux que les autres, et donc, forcément détestable et méprisant.

Lloyd n'était décidément pas comme ça, songea Magalie alors qu'ils arrivaient près de l'entrée de la Taverne, dont le Noble en rouge poussa la porte, qui s'ouvrit avec un petit grincement habituel, qui ne dérangeait personne dans les alentours. Lloyd était, au yeux de la jeuen villageoise aux cheveux dorés, quelqu'un de véritable, sympathique, honnête et gentil. Il aurait pu se fondre sans mal dans la masse du peuple, et personne n'aurait pu deviner qu'il s'agissait là d'un Noble. Rire avec les Villageois, danser avec eux, Magalie était certaine que Lloyd ferait ça presque naturellement. Il ne devait pas faire de différence entre les haut gradés et les moins gradés, ou alors, des différences en faveur du peuple dont Magalie faisait-elle même partie. Il avait fait attention à elle, l'avait traitée comme quelqu'un, et ça, cela faisait du bien à la jeune femme aux grands yeux bleus. Les gens du peuple avaient l'impression de n'être rien en comparaison des Nobles, bien qu'ils aient été plus nombreux que ces derniers. Encore et toujours à cause de ces maudits préjugés et de l'attitude désagréable de certains Nobles ou Rois, le peuple se croyait moins bien que toute cette Noblesse. Lloyd ne faisait pas attention aux classes sociales. Magalie aimaiçt ce genre de personne, qui serrait la main de quelqu'un uniquement si cela arrangeait son statut.

Magalie vit Lloyd se décaler légèrement, et lui montrer le seuil de l'auberge avec un petit sourire. Magalie ne connaissait pas toutes ces bonnes manières que l'on apprenait aux riches dès leur naissance, mais elle devinait bien ce que cette phrase et se sourire signifiait. Avec encore un sourire à l'adresse de Lloyd, Magalie passa le seuil la première, et ses oreilles furent assailies par les habituels rires que l'on entendaient dans les Tavernes de la ville. L'ambiance était joyeuse, et la jeune fille se souvenait être allée quelques fois dans ces endroits avec sa mère.

Une fois à l'intérieur, Magalie tourna sa tête blonde vers Lloyd, l'attendant là où elle était. Certes, l'ambiance était joyeuse presque familiale, mais Magalie était toujours aussi timide, et voir tant de monde faisait ressortir cette timidité maladive.

Enfin...Elle souriait toujours, beaucoup trop heureuse de la situation pour faire autrement.

Ce n'était pas la première fois que la jeune Magalie Raindwall rentrait dans une taverne, comme elle avait pu le penser quelques instants plus tôt. Elle se souvenait bien être rentrée parfois dans ce genre d'endroits avec sa mère, pour prendre un repas quelconque ou pour discuter avec des gens, sûrement amis de sa mère, dont-elle ne se rapellait déjà plus le visage. Mais avait-elle déjà vu ces visages, en y réfléchissant bien? Petite fille timide, la jeune Magalie avait toujours été cachée dans les jupes de sa mère, serrant fort le tissus entre ses petites mains lorsque quelqu'un se penchait vers elle pour lui sourire ou lui dire bonjour. C'était une réaction normale de petite, mais au fil des années, sa timidité ne s'était pas arrangée, voir avait empirée, et l'avait laissée avec ce sentiment de peur, de ne pas être à sa place, de se dénigrer quelles que soient les circonstances...Sa mère n'avait rien pu y faire, et depuis 16 ans, c'était ainsi qu'était Magalie. La seule chose qu'elle avait peut-être de bien pour les autres, c'était sa gentillesse et ce déterminisme dont-elle faisait parfois preuve. Oui, elle n'avait jamais osé regarder les autres dans les yeux lorsqu'elle était petite, ils étaient, non, lui semblaient tellement effrayants grands à cette époque...

Même si au final, elle savait que c'était elle qui était trop petite et trop peureuse.

La jeune femme balaya du regard la salle aux murs de bois le temps que Lloyd arrive à ses côtés, ses yeux bleus s'arrêtant sur certaines choses du décor qui lui évoquait quelque chose. Les tables, les rires, les tableaux...Dans chaque endroit comme celui-ci, ils étaient à chaque fois différents, mais si semblable dans le même temps. C'était étrange, quelque chose de différent et pourtant semblable...C'était impossible, non? Ils n'avaient en commun que la fonction, ce à quoi ils servaient, ce pourquoi ils avaient été fabriqués. Ce pourquoi ils avaient été fabriqués...Magalie porta soudainement une main sur sa joue, plus comme s'il s'agissait là d'un réflexe que d'une réaction rationelle. Les objets, tous ces objets présents ici avaient été fabriqués uniquement car on en avait besoin. Jamais ils n'auraient vu le jour s'il n'avait pas eu une utilité prédéfinie à remplir, c'était une évidence. La demoiselle Raindwall n'avait pas pour habitude d'associer les objets à des personnes vivantes, mais elle avait pensé automatiquement à cela, sans vraiment le vouloir, cette pensée avait fait irruption dans son esprit, lui laissant un désagréable goût amer dans la bouche. Les Nobles, ces personnes fantômes pour les citoyens lambdas comme elle auxquels elle avait pensé il y avait peu...N'étaient-ils pas d'une quelque sorte similiaire à ces objets de terre ou de verre? N'avaient-ils pas vu le jour uniquement dans un but précis, et sans ce but, ils ne seraient pas nés, non? Magalie n'était pas sans ignorer comment les choses se passaient dans la Noblesse. Ou en tout cas, l'idée qu'elle s'en faisait n'était pas si floue que cela. Tout le monde le savait, même si c'était des choses que l'on préférait taire dans la basse couche de la société.

Les mariages arrangés.

Un Noble ne pouvait épouser n'importe qui, il fallait qu'il épouse une compagne ou un compagnon du même titre que lui, jamais la mésalliance n'avait été plus mal vue que dans ce milieu huppé et haut en couleur. Un Noble qui épousait un simple citoyen était déshérité et son titre souillé, c'était quelque chose qui était évident aux yeux de la plupart du monde. Mariés à des personnes qu'il n'aimaient pas pour la grande majorité, ils se devaient de faire des enfants dans l'unique but de reprendre la suite de leur famille. Les filles pour les marier à de riches Nobles et gagner ainsi en réputation, les garçons pour mettre en avant la famille...Des enfants crées sans amour, destinés à quelque chose avant même leur naissance. Le coeur de Magalie se serra dans sa poitrine. Ces enfants étaient des humains en apparence, mais de simples objets en vérité. Ils étaient commes les chaises: Crée dans la nécéssité de quelque chose, faient pour un rôle précis, et si jamais ils n'étaient pas en mesure de le remplir, jetés à la poubelle. C'était horrible. Les Souverains, ne leur avaient-on pas donnés naissance juste pour qu'ils reprennent le trône? L'aîné pour reprendre le trône, le deuxième comme substitut éventuel. Magalie ne savait pas si c'était la manière de penser de tous les Nobles, sûrement que non, mais elle trouvait ça atroce. Et les indésirables, les enfants illégitimes comme elle, avaient un sort encore plus déplaisant. Elle était bien placée pour le savoir, non?

Comment pouvait-on jeter des enfants, des adolescents, juste parcequ'ils étaient indésirables ou jugés inutiles...?

Si dans e bas peuple il arrivait parfois ce genre de choses, c'était extrémement plus rare que dans la Noblesse ou même la Bourgeoisie. Et dans un sens, elle s'en félicitait. Après tout, c'était dans ce milieu, qu'elle vivait.

Hum....Peut être serions nous mieux sur....

Magalie sursauta légèrement lorsqu'elle senti une main se poser sur la sienne. Son autre main quitta immédiatement sa joue, alors que sa tête s'était retournée alors vers Lloyd. Il scrutait lui aussi la pièce, à présent, cherchant sûrement un endroit où s'asseoir pour piuvoir boire et parler correctement. Quelques instant plus tard, il sembla avoir fait son choix, car il pointa du doigt l'entrebaillure de la porte qui menait à la terrasse en lui proposant effectivement ce chemin-ci. Lorsqu'il lui avait dit qu'elle avait le choix et qu'elle seule déciderait de l'endroit où ils s'installeraient, elle ne pu réprimer un haussement de sourcils surpris. Elle avait le choix, elle pouvait vraiment décider? Un petit sourire éclaira de nouveau son visage, qui ne disparu même pas lorsque Lloyd lâcha soudainement sa main, gêné très certainement.Elle hocha doucement la tête, souriant à Lloyd alors qu'elle prenait la parole, d'une voix toujours hésitante mais toutefois moins que la première qu'elle lui avait adréssé la parole:

"Je pense que la terrasse est une très bonne idée. J'aimerais...m'installer là, oui."

Un léger rouge se peignit de nouveau sur les joues de la demoiselle, mais rien de vraiment remarquable comparé à ses habituels rougissements. Elle baissa légèrement les yeux, attendant la réponse de l'homme en rouge, bercée par les rires qui résonnaient parfois dans la pièce. Il était Noble lui aussi...avait-il déjà une fiancée, chez lui, au château?

Magalie chassa très vite cette idée de sa tête. Cela ne la regardait pas, après tout. Elle n'aurait même pas du s'en soucier...si?

Magalie avait rêvé de mariages, plusieurs fois, même, principalement lorsqu'elle était enfant. Mais elle se disait, quelle petite fille n'avait pas déjà rêvé d'un grand mariage, d'une grande robe blanche, et d'un mari beau et aimant? Chaque fillette en passait par là, rêveuse, imaginant son futur brillant, merveilleux, et rempli de couleurs toutes plus vives et chatoyantes les unes que les autres. Dans l'esprit des enfants, le futur ne pouvait pas être autrement, c'était inconçevable. Il était comme dans les Contes de fée, l'histoire pouvait commencer mal, mais la fin se finissait toujours bien, et le héros qui avait parfois souffert durant son enfance voyait enfin ses efforts pour parvenir au bonheur récompensés par ce qu'il avait toujours souhaité. Et quel que soit le livre qu'un enfant tenait entre ses mains, c'était toujours le même schéma, avec des variantes, mais forcément plus heureuses que la tournure originale. Les enfants étaient bien innocents et ignorants pour penser que leur vie pourrait se dérouler de la même manière et que la vie vous recompensait forcément des coups durs que vous subissiez. Magalie en avait rêvé, de futur heureux et de mariage, pendant longtemps, mais ses rêves avaient brutalement été jetés à terre, piétinés, détruits sans le moindre remord. Elle ne leur avait rien fait, à ces enfants, pourtant. Elle était dans la même classe qu'eux, mais elle ne leur avait jamais parlé, elle ne les avaient embêtés, rien reproché. Pourtant, cela ne les avait pas empêcher de venir à la récreéatiuon lui tirer les cheveux et déchirer le livre d'images que sa mère lui avait offert pour son anniversaire. Ils s'étaient moqués de ses larmes, et alors qu'elle avait regardé le livre en morceaux à terre, elle s'était rendue compte à huit ans que sa vie ne serait jamais comme celle des contes. Elle était bien une enfant triste, mais elle n'était pas Cendrillon, et il n'y aurait jamais de Prince Charmant pour elle, ni de fin vraiment heureuse. Sa mère était comme elle, elles partageaient les mêmes décéptions et désillusions. La vie était comme ça, et Magalie essayait tout de même de se montrer optimiste, même si ce n'était pas toujours très concluant. Il fallait prendre les choses comme elles étaient, et encaisser, car de toutes manières, on ne pouvait pas vraiment faire autrement.

Magalie préférait encaisser et gérer ses problèmes en silence, les autres avaient déjà assez des leurs pour en plus devoir supporter les siens. Parcequ'elle respectait et comprenait le fait que chacun avait sa vie et que servir de béquilles affaiblissait plus qu'autre chose, elle ne disait rien, se relevant seule et soignant seule ses bléssures. Cela pouvait paraître horrible, mais elle avait toujours fonctionné ainsi, alors pour elle, c'était normal, et rien ne pourrait faire changer cette attitude introvertie qu'avait la jeune fille. Nous un jour, nous pour toujours. On ne pouvait pas changer sa personnalité, à moins d'éffacer les évènements passés qui l'avaient forgée, et comme c'était quelque chose d'impossible...

Regardant devant elle, Magalie sursauta lorsqu'elle vit que Lloyd s'était avancé vers la terrasse, lui tenant la porte afin qu'elle puisse passer sans ennuis. Avec un petit 'merci' timide à son égard, elle passa, fermant à demi ses yeux lorsque l'agréssif soleil de l'après-midi envahi son visage, la faisant grimacer. Il faisait toujours aussi chaud, au dehors, mais une boisson aurait vite fait de les rafraîchir, de son avis. La jeune fille aux couettes blondes trouvait que boire quelque chose de frais un jour d'été était très agréable, et c'est pour cette raison qu'un sourire se dessina sur ses lèvres roses. Si en plus on était en bonne compagnie, alors le plaisir en était double.
Lorsque Lloyd prit une chaise, pour la tourner vers elle, avec une formule de politesse et un sourire charmant, elle sentit, en plus du rouge envahir ses joues, une certaine panique l'envahir. Elle n'était pas très à l'aise avec toutes ces formules de politesse et ces bonnes manières poussées à l'extréme, tout ceci lui donnait une très étrange sensation, elle avait peur de faire une erreur en répondant à Lloyd, où n'importe quoi d'autre, et paraître ridicule, ou pire, offenser le jeune brun. Elle n'en avait pas envie du tout, mais si elle restait là à ne rien faire, elle aurait l'air toute aussi bête. C'est finalement le regard gentil de Lloyd qui la décida à s'asseoir doucement sur la chaise qu'il lui présentait, très doucement, le plus doucement qu'elle pouvait, comme si elle avait eu peur que la chaise ne se brise sous elle. Après ceci, elle tourna sa tête blonde vers Lloyd, esquissant de nouveau un sourire, le plus détendu qu'elle pouvait offrir:

"Merci..."

Toujours aussi timide, mais elle n'y pouvait rien. Elle espérait juste que cela n'allait pas ennuyer Lloyd, à la longue. Elle en aurait été très triste, il était si gentil avec elle...

Magalie n'était pas habituée à être ainsi regardée et accompagnée, et elle se refermait bien involontairement sur elle. Portant sa main à sa bouche lorsque Lloyd parti s'asseoir à son tour, juste en face d'elle, elle se demanda pourquoi ce garçon s'intéréssait à elle. Enfin, elle imaginait qu'il s'intéréssait à elle, pour l'inviter à manger et lui parler de la sorte. On n'invitait pas sans raison les gens à manger, pas même par pure gentillesse, Magalie le savait, elle s'en rendait compte. Les gens qui ne nous intéréssaient pas, on les ignoraient, tout simplement. Si quelqu'un vous adressait la parole dans la rue pour vous demander votre chemin, puis qu'ennsuite il contiuait de vous parler, voulant en savoir plus sur vous, il était très probable que vous l'intéréssiez beaucoup. Dans un sens précis. Magalie rougit de sa propre pensée, ramenant sa main sur son autre main, posées sur ses genoux. Non, il était possible qu'il...Il devait lui parler pour une raison précise. Peut-être connaissait-il sa mère? Mais non, il était Noble, c'était impossible...Elle arrivait à s'embrouiller seule. Il fallait dire qu'elle n'avait vécu ce genre de situation, et s'imaginait dix mille choses à la seconde, dix mille secènes possibles, ce qui n'arrangeait rien à son stresse grandissant. Enfin...Elle verrait bien ce qui se passerait. Ca ne pourrait pas être pire que certaines situations qu'elle avait déjà vécues, de toutes manières, non?

Alors,alors...Magalie.

La dite Magalie sursauta en entendant son nom, redirigeant immédiatement ses deux orbes bleus vers Lloyd. On aurait dit une enfant prise en faute. Magalie essaya du mieux qu'elle le pu de corriger cette impression que son attitude laissait, et esquissa de ce fait un timide sourire qui, elle l'éspérait, jouerait le leurre.Elle n'avait pas envie que Lloyd pense qu'il l'embaraissait, cela aurait été malpoli, car après tout, il avait été très gentil avec elle. C'était bien normal qu'elle lui rende la pareil, de son avis. Et ce n'était pas en affichant la mine et l'attitude d'un enfant effrayé qu'elle allait y arriver. Elle devait se montrer positive et enthousiaste, une jeune fille normale, en compagnie d'un charmant jeune homme. Elle savait qu'elle pouvait le faire, ça ne devait pas être si difficile...Elle le pouvait définitivement!

J'ai vraiment envie d'apprendre a mieux vous connaître,je vous trouve réellement charmante.Cela vous dérangerait t-il de me parler un peu de vous,ou bien....?

Le sourire avait bien vite cédé la place à une mine surprise et rougissante. Il voulait en apprendre plus sur elle? Charmante? Tout ceci avait fait bien vite monter le rouge aux joues de la pauvre Magalie, décidément que trop peu habituée à ce que l'on s'intérésse à elle de la sorte. Serrant ses deux mains sur ses genoux, le regard de la blondinette quitta le visage du Noble en face d'elle alors qu'elle commencea à bagayer un début incohérent de phrase. En plus du fait qu'elle était mortellement gênée, elle ne savait pas du tout quoi dire à Lloyd. Sa vie n'était guère intéréssante, ou en tout cas la partie qu'elle était en mesure de lui raconter. Il n'y avait rien d'intéréssant à tirer du récit de sa vie, une vie banale, comme celle de tant d'autres qu'il aurait pu accoster dans la rue à n'importe quelle heure de la journée. Elle n'avait rien qui la distingua d'une quelconque façon des autres personnes de cette ville, et elle le savait. C'est pourquoi elle ne savait que dire sans avoir l'impression d'être ridicule ou d'ennuyer son brun interlocuteur. Elle entendit Lloyd parler de nouveau pour dire qu'il comprendrait qu'elle ne dise rien, et Magalie secoua vivement sa tête à l'entente de cette phrase. Visiblement, il voulait en savoir plus sur elle, et après tout ce qu'il venait de faire, la moindre des choses était de lui répondre quelque chose qui le satisfasse, et qui soit également vrai, évidemment. Elle n'allait pas s'inventer une vie, non plus...

Alors par quoi pouvait-elle commencer? Elle ne voyait pas, mais...

"Ca ne me dérange pas du tout, fit Magalie, agitant ses deux mains devant elle, tentant de nouveau de sourire, Je...Je ne sais juste pas quoi dire sur moi qui puisse vous intérésser, ma vie n'est pas vraiment intéréssante, alors..."

Après avoir dit cela, elle baissa son regard sur le bois de la table, ayant perdu son sourire, toujours rouge. Oui, qu'est ce qui aurait bien pu l'intérésser dans sa vie? Elle n'était pas intéréssante, pas intéréssante du tout. Mais s'il voulait l'entendre, alors...S'il lui disait précisément ce qu'elle voulait, elle voudrait bien faire un effort alors. Elle avait de toutes façons décidé que Lloyd méritait qu'elle fasse des efforts. C'est pour cela qu'elle redréssa son visage, regardant le Noble de ses deux grands yeux bleus, ayant retrouvé un semblant de sourire. Elle voulait s'excuser, mais ne le fit pas. Cela l'aurait sans doute ennuyé. Elle se contenta donc de lui sourire, attendant sa réaction. Après, elle verrait ce qu'elle ferait.

Magalie n'était vraiment pas à l'aise, mais c'était quelque chose d'habituel chez elle. Parler aux gens n'avait jamais été quelque chose qu'elle était arrivé à faire naturellement et sans aucune difficulté, encore plus lorsque c'était à des personnes qu'elle ne connaissait pas du tout ou très peu. Certaines personnes y parvenaient sans aucun problème, accostant maintes personnes dans la rue ou n'importe où d'autre sans éprouver la moindre gêne ou le moindre malaise. Parfois, en regardant ce genre de personne rire et faire de grands gestes sans avoir peur du ridicule, Magalie ne pouvait s'empêcher d'être envieuse. Cela devait être tellement agréable d'être à l'aise partout et avec n'importe qui! Ne pas avoir peur d'adrésser la parole aux autres, ne pas avoir peur d'être rejeter, sourire comme si de rien n'était quelle que soit la situation...Elle, elle n'y arrivait décidement pas, ne pouvant s'empêcher de baisser la tête et rougir comme maintenant, à la manière d'une enfant prise en faute. Mais elle n'y pouvait rien, elle avait beau faire des efforts pour tenter de changer, rien jamais ne marchait. La jeune blonde pensait qu'elle ne changerait jamais à présent, elle était devenue trop vieille pour changer ces mauvaises habitudes désormais fermement ancrées dans sa personnalité. Elle ne pourrait jamais parler aux autres avec cette facilité déconcertante qu'avaient certains de ses voisins. Le boulanger chez qui elle allait acheter son pain et qui lui parlait toujours si gentiment, ou cette vieille femme assise à sa fenêtre qui lui disait bonjour les rares fois où elle sortait de chez elle pour se promener. Elle ne leur répondait toujours que très brivément en rougissant et s'enfuyant presque. Elle ne se demandait plus pourquoi elle ne se faisait pas d'amis, ce genre d'attitude ne donnait pas envie de chercher à plus lui adrésser la parole. Elle se marginalisait elle-même, d'une certaine manière. Mais elle n'y pouvait rien. Elle s'était demandé si son attitude n'avait pas ennuyé le Noble aux yeux marrons au début, mais elle pensait maintenant que non. Il semblait faire preuve de beaucoup de patience à son égard, pour la rassurer et tenter de la réconforter, et quelqu'un qui ne l'aurait pas aimé ou aurait juste voulu...Enfin, quelqu'un comme cela ne lui aurait jamais offert un sourire si gentil et autant de patience. Elle l'en remerciait. Même si cela ne se voyait pas forcément, cela la rassurait un peu. Oh, pas beaucoup, juste un peu, mais c'était déjà ça. Elle n'aurait pas pu accepter de manger avec lui s'il n'était pas arrivé à la rassurer de cette manière qu'elle avait du mal à cerner. Alors...elle devait faire un effort pour apprécier pleinement ce moment que Lloyd l'avait invité à partager avec lui.

Mais ce ne serait pas facile. Elle s'en rendait compte alors que ses poings restaient sérrés sans qu'elle ne puisse rien y faire. Il n'y avait aucun moyen qu'elle ne se relaxe complètement, c'était impossible. Quoi qu'elle essaye, quoi que le Noble en rouge tente, elle ne pourrait pas parler et agir comme si elle le connaissait depuis toujours. Mais à défaut de cela, elle...Voulait bien essayer d'avoir l'air plus normale qu'elle avait l'air maintenant, à baisser les yeux et rougir comme une demeurée. Enfin, c'était plus facile à dire qu'à faire, cela faisait plusieurs minutes qu'elle se disait mentalement cela, et que rien ne changeait pour autant. Etait-ce si dur de faire cet effort, ne serait-ce que pour quelques minutes au moins? Qu'elle réponde au moins aux questions de Lloyd sans bégayer et hésiter, ce serait déjà ça de gagné. Elle voulait qu'ils aient une conversation normale, ce serait moins pénible pour Lloyd. Il avait été si gentil avec elle, il méritait plus qu'une jeune fille timide et rougissante qui ne trouvait plus ses mots dès que ses yeux croisaient les siens. Avec un petit soupir discret, elle se mordit la lèvre inférieure, réellement determinée à faire des efforts cette fois-ci. Courage, Courage...Elle pouvait le faire, si elle le voulait, elle le pouvait. Mais quand ses mains se posèrent sur les siennes, de nouveau, toutes pensées rationnelles fut bannies de son esprit. Ce contact chaleureux ne dura qu'un court instant, mais ce fut suffisant pour faire prendre de nouvelles couleurs à la jeune Villageoise aux yeux bleus, qui sursauta légèrement, levant légèrement ses mains décontractées à présent. Elle regarda Lloyd, pour presque immédiatement fixer la table, une énième fois. Non, elle ne devait pas faire ceci, mais il l'avait prise au dépourvue, elle n'avait pas pensé qu'il...Qu'il pourrait faire...

Non,pas vraiment,je vous l'assure...Ma vie n'est guére intéréssante,mis a part le fait que contrairement a certains de mes semblables,je passe mon temps a vadrouiller dans les rues plutôt que dans les couloirs du château...Dailleurs,si cela peut me permettre de vous y voir souvent,je m'y attélerais encore plus!

Elle releva des yeux à la lueur surprise vers le jeune homme aux cheveux châtains qui venait de parler. Il jugeait sa vie si inintéréssante que ça? Pourtant, elle devait l'être, les Nobles avaient beaucoup de distractions possibles, de ce qu'elle en savait...Du moins, c'était ce qu'on lui avait toujours dit. Comment pouvait-on s'ennuyer alors qu'on avait de l'argent pour s'acheter ce que l'on voulait? La deuxième partie de la phrase du jeune homme l'avait encore plus fait rougir, et elle du se faire violence pour ne pas détourner son regard. Elle allait faire des efforts, elle se l'était promis, elle n'allait pas flancher maintenant, tout serait perdu sinon, elle n'y parviendrait jamais.

Je n'ai pas non plus tellements d'amis que cela,ni parmis la populace,ni parmis la Noblesse,pas de travail non plus,comme vous vous en doutez,et...je n'ai moi non plus personne dans ma vie,pas de petite amie.

Pas beaucoup d'amis? Elle s'imaginait que vu qu'il sortait dans la rue et s'habillait comme un simple villageois, il ne devait en effet pas être bien vu de ses semblables, qui devaient le snober, plus ou moins. Elle ne pu contenir une petite grimace en entendant Lloyd prononcer ces paroles. C'était horrible, être rejeté du milieu auquel vous apparteniez, quel qu'il soit. Si on ne se sentait pas à l'aise dans l'endroit dans lequel on vivait, ni avec les personnes qui partageaient votre quotidien, on ne pouvait pas se sentir bien dans sa vie. Il n'avait pas même de petite-amie pour l'aider à se sentir moins seul...Sans qu'elle sache pourquoi, cette nouvelle la fit se sentir plus légère. C'était horrible de se réjouir du vide de sa vie amoureuse, non? Elle fit de son mieux pour garder un visage impassible et non souriant, attendant la suite des paroles du Noble, qui avait ouvert la bouche pour la troisième fois:

Si cela vous tente,nous pourrions chacun élargir notre cercle d'amis d'au moins une personne?Je serais ravi de devenir votre ami,Magalie.J'en serais même fier,en fait.

Elle fut encore plus surprise pas ses dernières paroles que par les autres. Il voulait devenir son ami, il en serait même fier? Elle cligna des yeux, afin de les empêcher de s'humidifier davantage. Elle n'allait pas pleurer maintenant, cela aurait été stupide, pleurer juste parceque quelqu'un voulait devenir votre ami...Elle esquissa un petit sourire, sa tête tournée vers Lloyd, elle paraissait réellement radieuse. Elle n'avait pas même besoin de se forcer cette fois-ci, elle était heureuse, vraiment. Mais elle atténuait ses sentiments, ne voulant pas paraître trop enthousiaste, ça aurait pu paraître étrange, aux yeux de Lloyd. Ou même des autres usagers, que deux ou trois personnes viennent la voir en lui demandant s'il lui avait fait du mal car elle pleurait...Elle voulait vraiment éviter qu'une telle chose se produise, elle ne voulait pas que la bonne humeur qui s'était installée ne s'estompe et soit remplacée par une maladroite atmosphère de malaise. Elle continua de lui sourire, alors qu'elle lui répondait, d'une voix plus douce et sûre que de coutume:

"Je vois...Je persiste quand même à croire que votre vie est plus intéréssante que la mienne!(Elle laissa s'échapper un petit rire, avant de ne s'arrêter et de rougir à nouveau) Mais je serais ravie de devenir votre amie, je...J'en serais très heureuse, sincèrement, vous pouvez me croire. Mais vous...Ce ne serait pas bien vu, non?"

Elle avait prononcé la fin de la phrase avec un ton inquièt. Oui, elle ne voulait pas qu'il se fasse plus mal voir à cause d'elle, elle ne le voulait vraiment pas. Elle ne voulait pas lui causer des ennuis, c'était la dernière chose qu'elle souhaitait. Il était si gentil avec elle, elle ne voulait que son bien. Sincèrement.