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 Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}

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Elizabeth Middleford
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Elizabeth Middleford

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Nom/prénom: Elizabeth Esel Cordelia Middleford
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Dim 5 Fév - 20:29

[AHA presque à la bourre mais pas encore, pfiou...-___-'
Il ait tout noir dans ma chambre mais j'ai la flemme de me lever pour aller allumer. Et y a pas école demain, vive l'hiver, vive la neige, yay...XD
Et oui, il va m'obséder. Tant que je ne pense pas à son brother je l'aime, ce qui est une bonne chose. L'est chou, je peux pas le détester, quoi...>__<
Posté.Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 110805123045455675]



Un instant Lizzie déplora de ne rien avoir à dire sur l’endroit où elle habitait : c’était tellement dommage ! Le problème n’était pas qu’il ne fût pas joli à souhait, bien au contraire, se déclara-t-elle à elle-même avec aplomb. Le château était beau, avec ses tapisseries, ses jardins colorés et ses vieilles pierres, ses tapis et ses reliefs, ses sculptures et ses fenêtres, ses couloirs et ses salons. A la vérité il lui plaisait beaucoup et tout autre maison lui eût sans doute paru fade en comparaison, ne fut-ce que par la taille –car l’imposante bâtisse pouvait difficilement être battue, elle en restait intimement convaincue sans s’être pourtant penchée sur la question, comme d’ordinaire. Mais de son avis, tout le monde devait déjà le connaitre. Point de vue largement erroné s’il en était mais dont elle n’aurait pas démordu sans une bonne démonstration agrémentée d’une pléthore d’exemples irrécusables. Et les manants, alors, l’avaient-ils déjà visité ? Non, mais ils devaient l’avoir aperçu depuis leurs petites masures. Les bourgeois eux aussi avaient pu jeter un œil dessus, car après tout il n’était pas caché, mais bien en vue. Lance ne venait pas de Premaris en revanche, et dès lors il était possible, sinon probable, que le lieu ne lui fut pas familier. La petite Middleford n’y songea pas une seule seconde, perdue par son impression d’avoir tout à fait raison. Pourquoi remettre en cause un fait que nous considérions vrai, sans plus de preuves ? Elle ne faisait guère partie de ces gens à se demander si l’herbe était véritablement verte, ces philosophes et ces scientifiques éminents aux paroles compliquées, incompréhensibles et bonnes à jeter aux oubliettes aussitôt entendues –quand elle se donnait seulement la peine de les entendre, écouter aurait été aller trop loin au vu du peu d’intérêt qu’elle manifestait à l’égard de ce genre de discussions.

Elle partait donc de la considération plus qu’incertaine de n’avoir nul besoin de précision quoi que ce fût sur son lieu de vie, et trouvait dès lors très pertinent de questionner Lance sur le sien. Logique implacable s’il en était selon la gamine qui n’aurait rien de trouvé de mieux, eût-elle réellement cherché. Ce sujet, très loin de l’ennuyer, la passionnait même. Difficile de comprendre comment une enfant portant aussi haut et fort les couleurs de l’égoïsme que les tons pâles du rose pouvait autant s’intéresser à la vie d’autrui et de son entourage de manière si ingénue. Elle ne recherchait pas à retourner la conversation, à parler d’elle encore et encore. La maison de lord Von Sees-Viatsky ne constituait pas pour elle un moyen détourné de tout ramener à elle, et s’il était vrai qu’elle parlait beaucoup, qu’elle parlait toujours, qu’elle parlait tout simplement trop, ce n’était pas tant d’elle que de tout ce qui pouvait lui traverser la tête à l’instant. Un mystère en soi, donc, qu’il aurait été difficile d’élucider mais qui ne faisait de mal à personne. C’était même plutôt une bonne chose ; car sans cela, sa compagnie serait devenue insupportable pour quiconque n’aurait été comme elle ou ne serait pas allé dans son sens. Et ça, ce n’était pas quelque chose qui lui aurait plus, du tout.

Car à présent, s’imaginer vivre sans savoir jamais à quoi ressemblait la maison de ce garçon ne lui semblait pas être envisageable ! Prise d’une curiosité disproportionnée pour un sujet malgré ses convictions quelque peu futile, elle reporta son regard sur Lance au moment où il lui répondit. Un tel honneur avait de quoi être apprécié lorsque la fillette était entourée d’aussi belles choses à regarder !

« Eh bien, ma maison est..., assez grande, oui. Il y a des fleurs bleues, devant. Il y a beaucoup de fenêtres, aussi. Je suis tellement habitué que je ne fais pas vraiment attention aux détails, désolé... Mais elle est jolie, je crois. »

Elizabeth hocha la tête d’un air à la fois joyeux, grave et entendu, comme s’il venait de lui révéler la surprise à laquelle elle aurait droit à son anniversaire. Eh bien ! Elle était donc grande. Grande comme celles qui les entouraient ? Allez, se dit-elle, un peu plus peut-être. Quant aux fleurs, si elle les préférait rose ou rouge, le bleu ne lui déplaisait pas non plus. Cette teinte devait s’accorder au mieux avec le reste du jardin, avec les murs du bâtiment. Oh, peut-être même avec les habitudes vestimentaires de Lance, songea-t-elle stupidement mais avec un grand enthousiasme. De grandes fenêtres permettaient à l’intérieur d’être plus lumineux et donc plus accueillant –c’était important pour une maison d’être accueillante, sans quoi on n’avait pas envie d’y entrer et pourtant, c’était toujours « chez soi » qu’on devait rentrer.

Une petite moue embêtée étira les traits enfantins de son visage. Ne pas faire attention, c’était trop bête ! Alors même qu’elle aurait été en droit d’espérer un compte rendu détaillé, broncha-t-elle sans se rendre compte qu’elle-même aurait été bien en peine de donner une description plus précise du parc. A sa décharge, l’excuse de la taille jouait indubitablement en sa faveur. Elle n’y pensa pas. A vrai dire, Lizzie se contenta d’être déçue une petite seconde avant de laisser tomber ce léger vague à l’âme pour revenir à sa bonne humeur continuelle et contagieuse. Ce n’était pas si grave ! Deux minutes plus tard, elle aurait oublié ce petit inconvénient pour ne garder que le meilleur de leur conversation, voire d’en rien garder du tout que les grandes lignes. Sa mémoire n’avait jamais été particulièrement bonne et restait somme toute très sélective.

« Ça doit être bien d'habiter au château, reprit Lance. Tu dois avoir beaucoup d'amis et de, choses à faire, non ? »

Lizzie tourna à nouveau son visage vers lui –parce qu’évidemment, si avoir obtenu son attention pleine et entière plus de cinq petites secondes était un exploit, le faire plus longtemps n’était qu’une utopie et ses yeux vert avaient sauté sur la première occasion de revenir joyeusement trainer sur les bâtiments alentour– et lui répondit d’un grand sourire. Oh, ça oui alors, elle était toujours occupée ! Le seul problème était bien qu’elle n’y avait pas que des amis… Certaines personnes étaient juste détestables, et les supporter à longueur de temps, à table par exemple, lui mettait les nerfs à vif. Mais l’un dans l’autre, au fond…

« Oui, confirma-t-elle, il y a toujours quelque chose à faire ! Et en plus, au pire je peux toujours sortir. Quand mes amis et mon fiancé sont occupés, tu sais. C’est bête que toi, tu n’y sois pas, on aurait pu se voir plus souvent. »

Sans s’en rendre vraiment compte, la couleur était annoncée. Lizzie était ainsi faite, jamais elle ne se posait les questions essentielles auxquelles toute personne normalement constituée trouvait la réponse en un rien de temps, comme une évidence. Elle, avait décidé qu’elle était amie avec Lance ; or il était évident qu’on ne devenait pas amis le temps d’une promenade seulement, ce qui expliquait qu’elle crut presque « obligé » qu’ils se recroisent après cela.

« Après, tout le monde a des amis, même en ville. Non ? Tu ne t’ennuies pas, quand même, chez toi ? Eh, qu’est-ce que tu fais de tes journées, aussi ? Oh, regarde, lâcha-t-elle soudainement, le bras de son interlocuteur toujours prisonnier en montrant de l'index de sa main libre la façade d’une bâtisse,elle est belle, non ? Les rideaux ont l’air joli ! »
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Lance Vosesviatski
Personne très très effrayante même s'il n'en a pas l'air.XD
Lance Vosesviatski

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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Mar 6 Mar - 20:49

{ET MOI JE LE SUIS. En retard. Mais on commence à avoir l'habitude, hein... En plus demain je vais chez le dentiste, aaaah...! ;A;

Grand-Concombre masqué que nous vénérons, la fille qui a la flemme de se bouger pour allumer la lumière de sa chambre...8'D

Je sais pas si j'ai envie qu'il t'obsède, mais tant que tu lui fais pas de mal ça ira!Sinon je te jure que je ne fais qu'une bouchée de Lizzie. Miam miam.ÒvÓ}



Et elle hochait la tête, et elle souriait... Comme éternellement émerveillée, embêtée l'espace d'une seconde puis à nouveau joyeuse et insouciante. Et Lance, plus perdu qu'autre chose, ne pouvait que la regarder avec stupéfaction. Il ne s'habituerait jamais aux personnes comme Elizabeth, c'était certain. Il avait l'impression qu'elle faisait dix choses à la seconde, que tout pour elle était un potentiel sujet d'extase ou de conversation : elle était pleine de vie, vive et distraite. Tout son contraire, en somme. De fait, il lui semblait inconcevable qu'elle n'ait pas au moins un million d'amis. Lui n'était pas très à l'aise en sa présence, mais c'était simplement une question de caractère – et il aurait parié que le sien n'était pas le plus répandu, heureusement. Bon, elle pouvait aussi taper sur les nerfs, à priori. Et il restait persuadé que les filles étaient particulièrement cruelles entre elles, donc ce ne devait pas être simple tous les jours d'en être une. Mais malgré tout, cette jeune fille ne devait pas être isolée et triste. Lance admettait que l'on puisse rester positif malgré la misère, mais... Être rejeté de tous et rester gentil, avenant et bavard, ça relevait du miracle. Ou peut-être n'était-ce qu'une question de caractère, encore une fois ? C'était bien possible. La petite blonde devait avoir une vision des choses très différentes de la sienne, après tout. Elle ne cessait de passer son regard d'ici à là, d'une maison à une autre, et il avait beau essayer de l'imiter rien n'y faisait. Il ne comprenait pas ce qu'elle voyait de si intéressant sur sa droite ou sur sa gauche : il n'y avait que des demeures, plus ou moins jolies, plus ou moins identiques. Des tas de pierres arrangés pour leur donner meilleure allure. Rien de plus. Il pouvait admirer le travail des architectes, s'étonner du temps qu'il avait fallu pour les construire ou du coût des travaux en question, mais c'était bien tout. La maison en elle-même... Ce n'était qu'une maison. L'une ou l'autre, ça lui était assez égal.


Apparemment, ce n'était pas le cas d'Elizabeth. Il lui semblait que, si elle avait pu, elle serait rentrée dans chaque bâtiment jugé 'joli' pour aller voir de plus près les meubles et les tentures. Ce qui aurait été colossalement gênant, soit dit en passant.

« Oui, il y a toujours quelque chose à faire ! Et en plus, au pire je peux toujours sortir. Quand mes amis et mon fiancé sont occupés, tu sais. C’est bête que toi, tu n’y sois pas, on aurait pu se voir plus souvent. »

Ah... Lance acquiesça maladroitement, plus embêté qu'autre chose. Il ne pensait pas qu'il lui aurait été d'une grande aide s'il avait habité au château – mais il se voyait mal lui dire ça, et puis il ne voulait pas la couper dans son élan. Elle avait l'air si légère et heureuse qu'il lui aurait parut presque criminel de faire baisser son moral. Des amis, un fiancé... Rien de bien étonnant. Elle était peut-être un peu jeune pour les fiançailles, mais il n'était pas sans savoir que certains parents s'arrangeaient entre eux parfois avant même la naissance de leurs enfants. Ces mariages n'avaient rien à voir avec l'amour, ils servaient uniquement à créer des alliances ou à aider financièrement l'un des deux partis. Enfin, si elle passait du temps avec son fiancé elle ne devait pas le détester : tant mieux pour elle. Il s'imaginait mal faire sa vie avec une femme qu'il n'aimait pas, pour sa part. Ses parents n'étaient pas le meilleur exemple en matière de mariage et de tradition... Sans doute qu'en d'autres circonstances, l'idée d'une fiancée imposée ne l'aurait pas choqué le moins du monde.
On a beau dire, la Noblesse était quand même un tout autre monde. Quand il voyait l'attitude de son oncle – qui n'était que Bourgeois – il se demandait comment pouvaient bien être le dessus du panier. A priori, pas comme Elizabeth. En grandissant, les Nobles ne devaient plus avoir grand chose de spontané. Et, vraiment, il disait ça sans penser à mal. Ça n'avait rien d'une insulte, venant de lui.

« Après, tout le monde a des amis, même en ville. Non ? Tu ne t’ennuies pas, quand même, chez toi ? Eh, qu’est-ce que tu fais de tes journées, aussi ? Oh, regarde, elle est belle, non ? Les rideaux ont l’air joli ! »

Le jeune homme cligna des yeux, le regard à présent tourné vers la maison en question. Est-ce qu'elle était belle ? Bonne question. Elle n'avait rien de désagréable, en tout cas, c'était chose sûre. Les rideaux, les rideaux.. Mais comment pouvait-elle passer d'un sujet à l'autre comme ça, sans se soucier de rien ? Il aurait eu terriblement peur de perdre l'autre ou de l'agacer, à agir ainsi. Il esquissa un sourire, pour se donner confiance autant que par politesse, et acquiesça de nouveau. Ça l'occupait, lui donnait quelques secondes de plus pour réfléchir et, qui plus est, c'était suffisamment vague pour qu'elle y comprenne ce qui lui chantait Oui, ils sont jolis, oui elle est belle, oui n'importe quoi.
Enfin. Au point où il en était, autant répondre à voix haute. Il ne pensait pas pouvoir répondre à ses premières questions sans parler un minimum...

« Très belle, oui, répondit-il finalement. J'aime bien la couleur des rideaux. »

Il n'avait même pas regardé s'ils étaient bleus, verts ou jaunes, mais pour l'instant son soucis était plus de réussir à répondre tranquillement et correctement que de vérifier la véracité de ses dires. Parce que maintenant, que faire ? Il ne pouvait qu'atténuer ses propos, il n'avait pas le choix. Seulement si Lance n'avait pas mauvaise mémoire, il craignait tout de même qu'en alignant des mensonges, aussi petits soient-ils, il ne finisse par s'y perdre. Raison pour laquelle, en général, il préférait rester vague. Alors, disons que... Que...

Il fixa le sol une seconde, deux tout au plus avant de ne reprendre la parole.

« Et, je, sûrement, lâcha-t-il un peu précipitamment, incapable de se rappeler s'il y avait matière ou non à dire 'sûrement'. C'est tranquille, chez moi. Je ne sors pas trop... souvent. Mais mes amis me rendent visite, hm, parfois. Sinon, je... lis ? »

Il aurait pu dire 'pitié sortez moi de là' qu'il n'aurait pas arboré une autre expression. En fait d'amis, c'était surtout ses cousins qui venaient le voir ; 'Pas trop souvent' tenait lieu d'euphémisme pour 'uniquement quand je dois' et lire devait être son activité principale, pour ne pas dire quasi-exclusive. Mais honnêtement, il se voyait mal dire ça. Pourquoi, ça, il n'en avait pas la moindre idée : sans doute que ça semblait un peu triste, comme emploi du temps, vu son âge.
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Elizabeth Middleford
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Jeu 15 Mar - 0:23

[Aha, je devrais pas répondre ici. Je devrais pas, mais je sais pas, j'ai répondu aux trucs qui, vraiment, m'inspiraient à fond la caisse, ce week-end. J'aime les autres aussi, hein, mais bon !XD
Et puis, ça m'évite d'être à la bourre, aha. Et que t'en aies envie ou non, il m'obsède. Je lui ferais rien. Pour l'instant.>8D
Posté.Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 110805123045455675]



Ah, pour sûr, il ne parlait pas beaucoup, Lance ! Pourtant, que d’intéressantes choses il devait avoir à lui conter ! Il lui aurait suffi de trouver les bons mots, les tournures les plus appropriées, les termes les plus adroits pour rendre n’importe quel récit, quel qu’il fut, passionnant à souhait. Et même, songea la petite aux lourdes boucles blonde, peut-être bien que des phrases maladroites auraient été assez pour capter son attention versatile. Elle n’était pas un public très difficile, et se serait levée pour applaudir, à peu de choses près, le plus lamentable des discours pour peu que l’orateur eût l’air pénétré de celui qui croit réellement ce qu’il dit. Amatrice d’histoires en tout genre, elle s’imaginait toujours en héroïne de celles qu’elle entendait. A la place de lord Von Sees-Viatsky par exemple, qu’eût-elle pensé de sa petite vie à la campagne ? Non pas que ce mot fut sorti tout brut dans la conversation mais, aussi sûrement que ce qui n’était pas d’or ne brillerait jamais aux yeux de la demoiselle, tout ce qui n’était pas Premaris était d’une rusticité à la fois tout à fait charmante et insoutenable. Pas qu’elle se représentât la maison de son ami comme une demeure champêtre au toit de chaume mais, tout de même, elle ne devait pas ressembler à ce à quoi, elle, était habituée. Akita était une grande ville, soit ; mais Akita n’était pas la plus grande ville de Moria, et Dieu savait que Lizzie était prompte à tomber dans d’affligeants stéréotypes, caricatures un brin ridicules qui n’avaient de points communs avec la réalité que pour elle !

Ah, remarqua-t-elle, enjouée, si Lance ne trouvait pas les bons mots alors c’était à elle, Elizabeth Esel Cordelia Middleford, de trouver les bonnes questions ! Celles qui, sans aucun doute, feraient sortir des lèvres du garçon un flot intarissable de paroles, de longues logorrhées d’un intérêt indéniable pourtant, peut-être sur des choses rose pastel, peut-être sur ceci, sur cela, elle ne savait pas encore. Mais comptait bien trouver, que diable ! Toucher à tous les sujets sans paraître impolie était sa spécialité –ou à tout le moins celle du moment, parmi toutes les « spécialités » que la gamine s’inventait à l’envi selon la situation. Le grand sourire qui étirait ses lèvres s’entêta à rester pendu dessus alors même que Lance répondait, un peu trop laconique au goût de la fillette, qu’il partageait son avis. Eh bien ! Au moins tombaient-ils d’accord, ce qui n’était pas négligeable, commenta-t-elle intérieurement, décidée à ne voir que le bon côté des choses. Ces rideaux avaient une belle couleur de toute façon, et les détester, comment cela aurait-il seulement été envisageable ? Puisqu’ils étaient beaux, ce n’était pas la peine de faire semblant de croire le contraire ! L’égoïsme qui la poussait à prendre ses propres goûts comme absolus en aurait agacé plus d’un, au cœur desquels la subjectivité devait être chère. Elle, n’y songeait pas un instant.

Elizabeth reporta son regard sur son compagnon cependant qu’elle le trainait toujours avec elle, comme pour lui signifier qu’en dépit des apparences, elle l’écoutait :


« Et, je, sûrement. C'est tranquille, chez moi. Je ne sors pas trop... souvent. Mais mes amis me rendent visite, hm, parfois. Sinon, je... lis ? »

Ah ? Tranquille ? Elle aussi, menait un train de vie drôlement tranquille ! Il lui arrivait de rêver à de grandes aventures, de loin en loin, mais alors elle se souvenait de ses beaux projets de mariages, de robe blanche piquetée d’or ou de soie rose peut-être à son pied, un ruban de satin décoré d’un beau liseré autour d’un bouquet de fleurs sans doute pêche ou carmin, de tissus moirés, et remettait ses envies d’excursions palpitantes et dangereuses à plus tard, à une autre vie où elle ne serait pas si occupée à faire de son quotidien la crème des crèmes de ce qui faisait en la matière. Tranquille, ça ne voulait pas forcément dire « nul », même pour Lizzie.

Ne pas sortir en revanche était assez inacceptable, et lui ouvrir de grands yeux étonnés. Ça alors ! Pour elle, qui vivait au château, ce n’était pas grand-chose. Mais pour quelqu’un qui vivait seul, ne pas être constamment entouré, comme cela devait être triste et dépourvu de charme, de chaleur ! La mention de ses amis vint toutefois nuancer l’image qu’elle venait de se faire –triste à en pleurer, seul avec une assiette de ragoût sur un fauteuil au coin d’un âtre où un feu en fin de vie éclairait faiblement la pièce, baignant le pauvre hère solitaire d’une lumière rouge orangé alors que le vent cognait contre le carreau.


La lecture, quant à elle, était un passe-temps appréciable pour un homme. Une jeune fille, lui avait-on dit, n’avait guère besoin de beaucoup lire pour être une femme très heureuse dans son ménage et bonne avec ses enfants. C’était accessoire, si l’on avait du temps à perdre devant soi et que ses travaux de broderie, à cause de la lumière déclinante du soir par exemple, risquaient d’être ruinés si on les continuait à cet instant. Lizzie aimait bien les romans d’amour, mais c’étaient là ses seules et rares lectures. Les garçons, eux, se voyaient imposer des ouvrages sérieux où l’on parlait de politique, d’histoire, de souverains sérieux et de formules compliquées. Cela dit, ça ne semblait pas embêter Lance. Peut-être était-ce dans la constitution des hommes et des femmes ? Peut-être y avait-ils dans le cerveau de ces dernier, quelque chose qui les rendait naturellement plus enclin à apprendre des choses et à s’en divertir ? Ce devait être ça. Lizzie s’estima heureuse d’être née « Lizzie ».

« Oh, vraiment ? Tu devrais jouer aux cartes, plutôt, il y a des jeux auxquels on peut jouer tout seul ! Ou bien, suggéra-t-elle, tu devrais venir très souvent à Premaris voir tes cousins. Tiens, tu sais, au château il y a une belle bibliothèque, très grande ! Je pourrais essayer de t’y emmener, un jour ! »

Elle s’arrêta un moment de parler, occupée à regarder autour d’elle, une fois de plus.

« Oui, reprit-elle, l’air décidé, tu n’auras qu’à me demander, et on pourra aller voir, je suis sûre ! Tu lis quel genre de…, oh ! »

La petite s’arrêta net, autant de marcher que de converser, devant une maison aux fières fenêtres en ogive : un balconnet, prolongeant ce qu’elle supposait être une chambre ou un salon au premier étage, courait par la suite le long de la façade, formant une sorte de porche, avant d’en rejoindre une seconde porte-fenêtre, homologue parfaitement symétrique de la première. Dans le jardin, des rhododendrons, une roseraie. Une allée enfin, rectiligne, jusqu’à une porte précédée de deux petites marches, jouxtées d’une rampe en beau bois peint élégamment sculptée. Pour la deuxième fois de sa vie, Elizabeth tomba littéralement amoureuse.
Trainant tout aussi littéralement Lance derrière elle, elle s’élança, courant presque, à l’assaut de la terre promise, traversa avec une petite exclamation le jardinet, s’avança jusqu’à la porte de la demeure.


« Tu crois qu’il y a quelqu’un ? Oh, dis, Lance, tu crois que c’est ouvert ? Je suis sûre que c’est ouvert ! Ah, l’intérieur doit être au moins aussi joli ! Oh, on entre ? Allez, juste pour voir un petit peu. On entre ? »
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Lance Vosesviatski
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Mar 17 Avr - 17:03

{ Je suis en retard~~ Bouuuuh. Mais je l'ai fait ! Je sais, je sais... Cool

Tu lui feras jamais rien. Si tu tiens à Lizzie, en tout cas. AHAHAHA. 8D }



La surprise qu'il lut dans les yeux d'Elizabeth, grands ouverts, lui fit fermer les siens. Uh, il aurait vraiment dû s'y attendre. Il s'y était attendu, en fait – mais ça ne changeait rien, strictement rien à son malaise. Comment aurait-il pu être détendu quand elle tenait son bras de la sorte, de toute façon ? C'était tout bonnement impossible. Il s'efforça malgré tout de rouvrir ses yeux clos et de ne pas avoir l'air d'un condamné à mort qu'on amène à la potence, autant par respect pour Lizzie que pour son propre confort. Elle lui poserait d'inutile et gênantes questions si elle remarquait à quel point il était stressé. C'était évident. Si un vague sourire un peu crispé pouvait lui éviter ça, hésiter n'était pas en option. Voilà, souris et fais comme si de rien n'était. Bien. Et puis après tout, ne pas sortir souvent et lire n'étaient pas un emploi du temps si horrible... Il pouvait simplement être un garçon sérieux, qui préférait apprendre plutôt que jouer. Ou dont les parents, autoritaires, n'auraient su tolérer qu'il perde son temps en vaines conversations. Il connaissait sa propre vie sur les bout des doigts – rien de plus normal – et, de fait, avait tendance à en oublier que ce n'était pas le cas de ses interlocuteurs. Elizabeth savait uniquement ce qu'il lui avait dit ; sa surprise devait être passagère, rien de bien grave. Il n'avait rien dit de très choquant. Il ne pensait pas. Non. Non ? Pitié, faites que non...


Mais rien de négatif ne semblait vouloir s'imposer sur le visage de la petite blonde et ses inquiétudes, quoi que fondées selon lui, n'eurent rapidement plus de raison d'être.

« Oh, vraiment ? Tu devrais jouer aux cartes, plutôt, il y a des jeux auxquels on peut jouer tout seul ! »

Cette remarque eut le mérite de le distraire un instant, en témoigne son regard curieux. Ah ? Il n'avait jamais vraiment joué aux cartes, mais l'idée n'était pas stupide – et s'il n'existait en réalité pas de jeu auquel il puisse jouer seul, il pouvait toujours réquisitionner Seth pour ça. Oui, il devrait définitivement essayer. Restait à savoir si, dans un de ces trop nombreux tiroirs qu'il n'ouvrait jamais, il pourrait trouver un jeu de carte complet et en bon état.

« Ou bien, tu devrais venir très souvent à Premaris voir tes cousins. Tiens, tu sais, au château il y a une belle bibliothèque, très grande ! Je pourrais essayer de t’y emmener, un jour ! »

Il lui aurait bien répondu que fouiller sa demeure à la recherche de cartes l'occuperait suffisamment pour l'année à venir mais, en plus d'être à priori faux, ça n'aurait pas été très aimable. Il se contenta donc d'ignorer la première partie de sa phrase, soulagé que le centre d'attention sans cesse changeant de la jeune fille lui permette d'ignorer certains points de la conversation sans passer pour le pire des malpolis. La mention d'une bibliothèque lui sembla de toute façon bien plus intéressante que d'interminables après-midi avec ses cousins paternels. Les livres n'avaient tout d'abord été pour lui qu'une manière de penser à autre chose, de s'occuper l'esprit sans sortir ni voir qui que ce soit ; mais avec le temps, il y avait sans le moindre doute pris goût. La bibliothèque du château devait être bien plus grande que celles qu'il avait déjà eu l'occasion de visiter, et les livres qu'elle contenait devait être extrêmement intéressants. Il ne parvenait pas à s'imaginer la taille de la pièce, pas plus que le nombre d'ouvrages qu'elle pouvait contenir. Mais peu importe ! Les habitants du château avaient une grande bibliothèque, quelle chance. Il aurait bien aimé avoir une pièce emplie de milliers de livres, lui aussi.
Perdu dans ses pensées, il n'entendit que d'une oreille sa très charmante proposition.

« Oui, tu n’auras qu’à me demander, et on pourra aller voir, je suis sûre ! Tu lis quel genre de…, oh ! »

Et ouvrit donc de grands yeux quand elle se répéta. O-oh quoi ? Et comment ça, l'y emmener ? Il aurait aimé y aller, oui, ça ne faisait aucun doute, mais... ! Aller dans le château ? Certainement pas, il n'y était pas autorisé – et puis c'était trop grand, il ferait tâche, ne saurait ni où se mettre ni quoi faire, et encore moins quoi dire. Et oh quoi ? Il détestait ce oh. Il détestait le fait qu'elle se soit brusquement arrêtée, aussi. Ça ne lui disait rien qui vaille. Le jeune homme eu beau promener son regard un peu partout autour d'eux, rien n'accrocha ses yeux bleu-verts. Il se décida donc, presque à contrecœur, à observer son accompagnatrice pour voir ce qu'elle regardait si intensément.
Malheureusement pour lui, à peine eut-il baissé les yeux vers Lizzie qu'elle le traînait de nouveau avec elle. Destination ?

Oh, rien qu'une jolie maison.

… Pardon ? Quoi, pardon ? Oh non non non non. Les yeux de Lance s'agrandirent et ce fut presque un miracle qu'il ne plante pas violemment ses talons dans le sol pour empêcher sa nouvelle amie de commettre un acte franchement regrettable. Mais elle était si bien partie qu'il n'eut d'autre choix que de la suivre, presque en mode automatique, sans expression, sans dire un mot, sans faire un bruit. Ils allaient simplement regarder de près et s'en aller. Regarder de près et s'en aller. Encore un peu plus près et ils s'en allaient.

Il n'y croyait pas un seul instant mais, pour l'heure, le déni était la seule défense de son esprit contre la cruelle vérité.

« Tu crois qu’il y a quelqu’un ? »

Non. Non non non.

« Oh, dis, Lance, tu crois que c’est ouvert ? Je suis sûre que c’est ouvert ! »

Il ne put réprimer une grimace, priant de tout cœur pour qu'elle change d'avis et ne leur permette de faire demi-tour. Demi-tour, demi-tour...

« Ah, l’intérieur doit être au moins aussi joli ! »

Non, il est laid. Il est laid et infesté de cafards. Allez, pitié, demi-tour !

« Oh, on entre ? Allez, juste pour voir un petit peu. On entre ? »

Il aurait pu être face à une armée de monstres qu'il n'aurait pas eu l'air plus terrifié. Son visage passa du clair au blanc et il se rendit brutalement compte que, face à l'enthousiasme de la petite blonde, il était complètement désarmé. Il aurait dû se dégager, reculer, lui dire que c'était une mauvaise idée, qu'ils allaient se faire arrêter, jeter en prison et torturer jusqu'à ce que mort s'en suive, qu'il pouvait y avoir un énorme chien là-dedans, que les propriétaires étaient peut-être à l'intérieur ; mais non. Rien. Il n'avait aucune idée de quoi dire pour la dissuader, de quoi faire pour l'empêcher de pousser cette maudite porte – et bien entendu, qu'elle serait ouverte ! Ça aurait été trop simple, qu'elle soit verrouillée.

Les yeux fixement posés sur la porte, craignant visiblement qu'elle ne décide de leur tomber dessus ou de les avaler s'il regardait ailleurs, il secoua doucement sa tête de gauche à droite.

« Non-Je, Lizzie, c'est une propriété privée, rétorqua-t-il d'une voix blanche. C'est, non, on ne peut pas. Quelqu'un pourrait arriver, et puis c'est interdit, et... »

Allez. Croise les doigts.

« Et c'est, sûrement, fermé. C'est fermé, on devrait partir avant que quelqu'un nous voit... »

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Elizabeth Middleford
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Ven 18 Mai - 21:51

[Genre je risque de te faire la morale sur le retard dans les posts, hm.--'
Et tu peux rien faire à Lizzie, sinon elle te fait l'attaque des grands yeux mouillés !XD
C'est le troisième post de mon marathon. Je suis fière, ça fait longtemps que j'ai pas autant posté.=w=
Posté.Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 110805123045455675]


Ce que cette maison pouvait être belle ! Ce qu’elle pouvait avoir fière allure, songea Lizzie, au milieu de ce jardinet planté çà et là de magnifiques fleurs ! D’entre toutes, elle se distinguait, à la fois hautaine et accueillante, dressant sa masse de pierre vers le ciel en un signe de défi. Y en avait-il de plus jolies à l’entour ? Pas qu’Elizabeth en ait vue la moindre –et ses yeux pourtant n’avaient de cesse de remuer, d’aller à la rencontre du plus petit détail offert à leurs caprices. Penser aux conséquences de ses actes n’avait jamais été son fort, et ne pas le faire ne lui avait jamais causé de si graves ennuis : alors pourquoi l’eût-elle fait à présent, quand tout son cœur lui chantait d’aller frapper à cette porte et, faute de réponse sûrement, d’entrer ? Ou de faire connaissance avec les propriétaires d’une pareille habitation ! De quel bon goût ils devaient être pourvus pour arranger avec tant de maestria leur extérieur ! Cette réflexion la conforta dans l’idée que vivre sans avoir jeté un œil à l’intérieur aurait constitué le pire crime dont elle eût pu salir ses blanches mains gantées. Ils ne feraient pas de mal ! Ils ne feraient qu’observer, sans rien toucher ni voler ni casser ni pousser ni bouger ! Si à cet instant précis s’étaient rappelées à son bon souvenir toutes les réprimandes de son impitoyable marâtre concernant ses mauvaises habitudes –telles celle de regarder avec ses mains–, une vague de perplexité l’aurait sûrement submergée. Mais au vu de l’immense forteresse d’enthousiasme qui régnait en maîtresse absolue sur la gamine, elle n’aurait roulé à l’horizon que pour mieux se briser contre la roche.

En d’autres termes, la résistance et les diverses protestations de Lance n’eurent pas l’effet escompté ; forte de son entêtement proverbial, la petite blonde frappait déjà à la porte, quatre coups clairs, comme on le lui avait enseigné, avec le bel heurtoir ouvragé. Savait-on jamais ! Il aurait été au comble de l’impolitesse de s’inviter chez des inconnus sans leur autorisation –si ces derniers étaient présents du moins. Même Elizabeth le savait sans que l’on eût besoin de le formuler clairement. Et au vu de sa conception particulièrement étendue des bonnes manières, ce n’était pas peu dire.


« Non-Je, Lizzie, c'est une propriété privée. C'est, non, on ne peut pas. Quelqu'un pourrait arriver, et puis c'est interdit, et... »

Elizabeth tourna vers son nouvel ami un visage où pouvait se lire une pointe d’agacement en devenir ; cela ne dura pas, et un sourire rassurant vint presque aussitôt retrouver sa place sur des lèvres qui ne semblaient pas avoir d’autre fonction que celle-ci tant elle leur seyait. Une propriété privée, certes. Certes. Mais, tout de même, ils ne comptaient rien y faire de mal ! Des voleurs auraient eu vite fait d’être arrêtés ; mais puisqu’ils étaient innocents, alors ces problèmes ne les concernaient pas. Quel sombre, triste et malheureux individu en aurait voulu à deux enfants d’avoir mis les pieds dans sa maison pour admirer le goût indéniable du logis ? Se pouvait-il que qui que ce soit, d’ailleurs, pût allier tant de grâce dans sa demeure et tant d’étroitesse d’esprit ? Elle ne le pensait pas. Un instant elle se dit qu’un majordome en queue de pie ou qu’une servante en nœuds allait débarquer et leur ouvrir la porte avec tout le naturel et l’amabilité que l’on eût été en droit d’attendre de serviteurs d’une famille respectable. Mais elle se prit bien vite à espérer qu’il n’y eût personne, ainsi ils pourraient vaquer à leur exploration à leur aise, sans être gêné. Eh quoi ! L’histoire de beaux tapis ou de mobilier ancien ne la passionnait guère : tout ce qu’elle voulait, au fond, c’était regarder tout cet étalage de luxe et ces merveilles d’agencement qu’elle ne doutait pas d’y trouver !

« Et c'est, sûrement, fermé. C'est fermé, on devrait partir avant que quelqu'un nous voit... »

Une mine déconfite remplaça derechef le grand sourire. C’était en effet fort possible, mais peu réjouissant. La petite se préparait déjà à parer à cette éventualité, cherchait des yeux une fenêtre laissée ouverte dans un opportun accès de négligence, elle ne savait trop. Une issue, un endroit par où passer. Quant à ce qu’on les voit, elle n’en comprit pas l’inconvénient. Qu’avait-il donc, à se torturer ainsi ? Personne n’allait les réprimander pour si peu, sans doute ! Il ne fallait pas s’en faire. Ils auraient après tout très bien pu être de jeunes maîtres rentrant au logis après une petite promenade. Pas complètement stupide, Lizzie ne se rendait que trop compte que l’on aurait pu leur poser des questions, mais savait tout aussi bien qu’un air naturel évitait, le plus souvent, des pléthores d’ennuis harassants. Personne n’aurait pu, pour une fois, lui donner tort.

« On ne fera rien de mal, juste… Juste regarder, allez quoi, juste deux petites minutes, dit-elle, s’improvisant menteuse éhontée de génie pour l’occasion, puis on ressort. Personne ne fera attention, et puis ce serait tellement dommage de ne pas voir l’intérieur ! »

Elle se retourna vers la porte, attendit encore une seconde, se retourna vers Lance, un sourire victorieux au visage :

« Bon, tu vois, il n’y a personne. »

Prenant cette fois-ci son ami par la main, elle poussa la clenche, et ne put retenir un petit glapissement lorsque la porte pivota sur ses gonds sans un bruit : victoire ! Elle s’engagea dans le vestibule, tirant bon gré mal gré lord Von Sees-Viatsky à sa suite, sans même penser à refermer la porte derrière eux. Pourquoi diable fallait-il que tout ce qui était intéressant fut interdit ? La petite ne songea pas instant qu’elle prenait le problème à l’envers, et se tourna vers Lance. Il ne fallait pas se faire du mouron comme ça dans une si belle demeure !
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Lance Vosesviatski
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Dim 17 Juin - 22:29

{ LIKE A BOOOOOOSS. What a Face }

Ni le sourire rassurant de Lizzie ni la mine déconfit qui suivit ne réussirent à calmer les battements du cœur de Lance. Encore un peu et il s'arrêterait, c'était une certitude. Son cœur allait cesser de battre, s'éteindre. Et lui avec. Incapable de rationaliser et de s'astreindre au calme, son angoisse continua d'aller croissante à mesure que les secondes s'écoulaient. Aucun bruit de l'autre côté de la porte, aucun mouvement de recul de la blonde. Il passa nerveusement ses yeux clairs de l'entrée à Lizzie à la rue derrière eux, prêt à clamer son innocence au moindre regard suspect jeté dans leur direction. Mais rien, rien du tout. Personne ne les dévisagea, aucun chien assoiffé de sang ne se jeta sur eux et personne ne mourut d'une crise cardiaque.
Quoi qu'à ce stade, il n'était pas sûr que ce soit vraiment une bonne nouvelle. Mort, au moins, il aurait été tranquille.
Le jeune homme observa son amie avec anxiété, tentant de déterminer si oui ou non elle était complètement dingue – parce que pour ne serait-ce qu'envisager de rentrer dans une demeure de ce genre sans permission, oui, il fallait être sacrément dérangé selon lui. Ou un peu masochiste. Quoi qu'il en soit, pas bien dans sa tête. Elizabeth avait toujours l'air aussi mignonne et innocente, pourtant. Il dut se faire violence pour ôter toute pensée impliquant la demoiselle et un couteau caché sous une robe de son esprit. Il avait déjà décrété qu'elle devait être gentille et sans arrière pensées, inutile de revenir là-dessus. Malgré tout, si jamais elle s'avérait être dangereuse ou...

Non. Non, tout allait bien se passer. Quelqu'un allait arriver, alerté par les coups frappés à la porte, et ils pourraient faire demi-tour. Ou il pourrait faire demi-tour, en tout cas. Les situations comme celle-ci ne lui convenaient pas. Vraiment pas. Il était fait pour rester chez lui, enfermé à double-tour avec des livres, des bruits familiers et un verre d'eau. L'inconnu le terrifiait. Les conséquences aussi. En cet instant précis, cette porte. Plus tard, les propriétaires. Il n'avait que rarement l'occasion d'être serein, même chez lui.
Il n'aurait jamais dû sortir de chez ses cousins. S'ils se faisaient attraper, ça lui apprendrait à aller errer seul en ville.


« On ne fera rien de mal, juste… Juste regarder, allez quoi, juste deux petites minutes, puis on ressort. Personne ne fera attention, et puis ce serait tellement dommage de ne pas voir l’intérieur ! »

Tellement dommage ? Eh bien, il n'était pas du tout de cet avis ! Lui trouvait plutôt dommage, au contraire, de mourir pour si peu. Ou d'avoir des ennuis pour si peu, en tout cas. Quoi qu'il en soit, il n'avait aucune envie d'entrer là-dedans. Que ce soit deux minutes ou une heure, c'était trop dans tous les cas. Il voulut protéster, la contredire, s'énerver, la supplier, lui dire qu'il ne voulait pas avoir de problèmes, la trainer dans l'autre sens, s'enterrer dans le sol – disparaître. Mais face au regard de Lizzie, tout ce qu'il put faire fut se mordre la langue. Elle était souriante. Elle avait l'air sincèrement insouciante ; et un instant il crut qu'elle ne s'inquiétait réellement pas de ce qui pourrait leur arriver s'ils se faisaient prendre. Un instant, court et fugace, durant lequel il envia sa spontanéité et son manque d'inquiétude.
Avant que ses propres angoisses ne le poussent une fois de plus à douter de sa bonne foi.

« Bon, tu vois, il n’y a personne. »

Vu son sourire, nul doute qu'elle s'en réjouissait. Lui pas. Bien au contraire. Il aurait mille fois préféré que quelqu'un apparaisse dans l'entrée, que ce soit le maître de maison ou un simple serviteur ; ça leur aurait évité bien des ennuis, d'être invités à rentrer. La jeune fille aurait pu regarder à loisir et il aurait pu se détendre un peu. Parce que là, peu importe l'angle sous lequel il regardait la chose, ils n'étaient définitivement pas invités. Ils allaient s'introduire là sans permission, sans se gêner, sans prendre en considération le fait qu'ils étaient sur une propriété privée et que malgré leurs beaux vêtements ils pourraient sans mal être réprimandés pour avoir fait quelque chose d'aussi stupide. Il jeta un bref coup d’œil au sourire d'Elizabeth tandis qu'elle saisissait sa main, trop surpris pour songer à protester, et espéra de tout cœur qu'il serait suffisamment sincère et innocent pour les tirer d'affaire.
Un soupir inquiet s'échappa d'entrer ses lèvres lorsqu'il constata que les lieux n'était pas fermés à clef – quelle imprudence, franchement – et que Lizzie poussa la porte sans plus s'en préoccuper. Il la laisser le traîner à l'intérieur sans résister, trop préoccupé à tenter de calmer les battements affolés de son cœur. Voyant que ce n'était pas la première préoccupation de sa guide, il poussa comme il le put le battant pour ne pas laisser la maison grande ouverte. Il n'aurait plus manqué que quelqu'un d'autre s'y introduise à leur suite... Là, non contents de s'être glissés ici sans en avoir le droit, il seraient aussi responsable de l'entrée de cette autre personne. Qui serait très probablement un voleur sans vergogne ou un cruel assassin. Rien que d'y penser il en eut la chair de poule.
Cela dit, maintenant qu'ils étaient entrés, s'inquiéter ne servirait à rien. Mieux valait la laisser regarder ce qu'elle voulait regarder, en silence et sans rien casser, puis ressortir discrètement avant que qui que ce soit ne rentre. Puisque de son avis, porte ouverte et maison vides ne pouvaient vouloir dire qu'une chose : les habitants des lieux n'étaient pas partis pour longtemps. Et il ne voulait surtout, surtout pas être là quand ils reviendraient.


Lance posa ses yeux clairs dans ceux de Lizzie, anxieux.

« On ferait mieux de ne pas rester longtemps, conseilla-t-il en tentant de conserver une attitude rationnelle et assurée. Quelqu'un pourrait revenir, et... Et tu n'as qu'à regarder un peu et ensuite on sort, d'accord ? »

Pitié, sois d'accord. Allez.
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Dim 15 Juil - 17:25

[Ouais, t'es une bosse. Et moi je suis un bleu. Cool
Posté.Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 110805123045455675]



« N’y touche pas », « Contente-toi de regarder », « laisse-cela tranquille » ; combien de fois n’avait-on pas répété à Lizzie, à bout de patience, de ne regarder qu’avec ses yeux ? Tout ce qui faisait l’objet de son attention encourait, il était vrai, le risque de quitter dans la seconde son joli socle de marbre. Mais, oh, était-ce sa faute, encore une fois ? Toutes ces choses étaient si mignonnes, si majestueuses, si belles ! Sitôt vues, sitôt désirées, la petite blonde gardait néanmoins le sens des réalités : il ne lui appartenait pas de les emmener avec elle et de les entreposer dans une chambre d’ores et déjà bien pleine. Faute de mieux, elle les observait donc minutieusement, bien décidée à en graver les moindres détails dans sa mémoire qui, traîtresse, n’avait de cesse de les oublier, de les rendre flous et gris. Les prendre dans ses mains, les tourner, les retourner, les tapoter, les soupeser faisaient partie de sa routine ; impossible sur ce point précis de l’assagir –comme trop souvent peut-être au goût de son aimable mère. Pourtant Dieu savait que ses grands yeux verts n’avaient rien d’inutile, d’accessoire ou de superflu ! Toujours en mouvement, jusqu’à ce que tel ou tel bibelot, tel ou tel coussin, tel ou tel meuble ou peinture ou moulure ou sculpture retienne, fut-ce un bref instant, l’attention frivole de la demoiselle.

Ce n’était pas une menteuse, Elizabeth Middleford, loin s’en fallait. Elle ne prévoyait jamais rien de concret si ce n’était dans un lointain avenir, ne se battait jamais pour garder à l’esprit les éventuelles conséquences, désastreuses, de ses actes et pensait pouvoir se sortir sans encombres de toutes les situations délicates, au pire avec une injuste punition, au mieux avec un charmant sourire sur son ravissant minois. Voilà tout : alors comment aurait-elle pu mentir ? Elle n’y aurait pas vu de raison valable et aurait eu vite fait de s’empêtrer dans ses propres paroles à l’authenticité douteuse. Lorsqu’elle avançait, pleine de confiance, qu’ils ne feraient que jeter un bref coup d’œil sans rien toucher, elle n’aurait su faire preuve de plus de sérieux et d’honnêteté. Il n’était pas alors dans ses intentions de déroger aux règles qu’ils venaient d’établir. Si nul ne devait ignorer la loi toutefois, l’on pouvait considérer que Lizzie l’oubliait de façon chronique, récurrente, par intervalles. Loin d’être délibérée, cette attitude lui causait plus de soucis qu’elle n’en résolvait, mais lui assurait de toujours passer de bons moments, sans s’inquiéter de rien. Une capacité à braver les interdits sans bien s’en rendre compte qui forçait l’admiration à la longue.


« On ferait mieux de ne pas rester longtemps. Quelqu'un pourrait revenir, et... Et tu n'as qu'à regarder un peu et ensuite on sort, d'accord ? »

Ce garçon adoptait, comme pour contrebalancer l’enthousiasme sans faille de la gamine, une attitude plus calme, composée. Modérée. Mais Lizzie réfléchissait avec son cœur et non sa tête ; seul ce qui l’émouvait était capable de l’atteindre et de modeler son comportement. Les arguments logiques de Lance glissèrent sur sa peau, évoquant la pluie qui glissait sur les carreaux et que l’on voyait sans vraiment s’en occuper. Ils étaient là, étalés devant ses yeux capricieux : elle les entendait, les comprenait, mais ne leur accordait que peu de crédit. Si quelqu’un revenait, ils pourraient tout lui expliquer ! Ou encore se cacher quelque part dans ce salon foisonnant de meubles gracieux et de merveilles ! Le temps viendrait bien qu’ils quittent la pièce et alors, Elizabeth et son petit compagnon pourraient, sans doute, passer par la porte ou faute de cela, une fenêtre. Quel problème y avait-il ? Tout allait bien, pourquoi donc se perdre en de mauvaises conjectures ? Non, non et non !

Elle ne perdit pas son éternel sourire, persuadée qu’au fond son ami serait lui aussi émerveillé par tant de goût et d’élégance. Convaincue qu’ainsi il finirait par mettre de côté toute cette anxiété qui imprégnait son visage, le gardait de pleinement profiter de leur petite escapade en terrain dangereux –ou simplement propriété privée, mais il n’y avait guère de différence pour la petite sang-bleu qui de deux options ne choisissait pas toujours la plus vraisemblable.


« On pourra toujours se cacher, argua-t-elle avec bonne humeur, comme s’il s’était agi là de la plus normale des suggestions. Oh, ce qu’il a l’air confortable ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Elizabeth s’était lancée à l’assaut du salon et sa première victime ne fut autre qu’un beau canapé beige aux moulures en bois foncé, parsemé de coussins moelleux, sur lequel elle ne trouva autre chose à faire que s’assoir un instant, lisser les plis de sa robe rose, pour se relever, dégager un petit coussin, s’assoir à nouveau et en observer un instant les broderies avant de l’agiter sous le nez de son infortuné compagnon, trop près pour qu’il pût franchement distinguer quoi que ce fut.

« Regarde comme c’est beau, ce sont des fleurs brodées dessus ! »
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Lance Vosesviatski
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Mer 15 Aoû - 19:44

{ Je ne pourrais jamais t'expliquer à quel point cette blague est nulle. 8DDDD }

Et pas à un seul instant la jeune fille ne perdit son sourire. Lance la fixait, pourtant, alors il aurait forcément repéré un changement d'expression – mais non. Rien. Elle n'ouvrit pas de grands yeux en se rendant compte qu'ils risquaient d'avoir des ennuis, ne le réprimanda pas pour son manque d'enthousiasme, ne prit pas peur, ne l'ignora pas. Rien de tout ça. Elle continua simplement de sourire, rendant ses questions et ses angoisses presque ridicules tant elles ne semblaient pas l'affecter. Ce qui pour l'orphelin était presque une question de vie ou de mort semblait s'apparenter pour elle à u jeu, tout au plus. A un rien. Une absence de quoi que ce soit. 'Pourquoi s'en faire ?' était ce que son visage semblait lui crier sans relâche. Et lui, mortellement inquiet, ne parvenait pas à concevoir qu'elle puisse être sincèrement sereine. Il l'observait sourire gaiement comme un soldat observerait un compagnon qui, trop insouciant, ne voit pas l'arme en mouvement vers lui. Ni plus ni moins. Ou en tout cas pas moins.
Il aurait aimé l'attraper par les épaules, la secouer et la faire redescendre sur terre une bonne fois pour toute. Malheureusement, la timidité engendrée par son isolement le lui interdisait. Ne pas savoir comment communiquer avec les autres était un véritable problème qu'il allait bien devoir régler un jour. Au moins partiellement. Mais en attendant il était coincé là, debout et tétanisé, incapable de se décider entre la traîner dehors et accepter de regarder les meubles avec elle. Ne rien faire n'était pas une solution. Il le savait pertinemment, oui – mais il était incapable de faire quoi que ce soit d'autre. Il ne pouvait que regarder Lizzie, les yeux emplis d'une inquiétude grandissante, en espérant qu'elle accepterait de ne pas rester longtemps. Aussi improbable cette possibilité soit-elle, il lui dédia toutes ses prières. On ne sait jamais. Ça pouvait marcher.
Et puis il n'avait pas d'autre option sur laquelle se rabattre.


« On pourra toujours se cacher. Oh, ce qu’il a l’air confortable ! »

Se...
Lance secoua bêtement sa tête de gauche à droite pour tenter de chasser la voix qui résonnait dans ses oreilles. La petite blonde était déjà partie s’asseoir sur un canapé beige, sans lui laisser le temps de digérer l'information ou de protester. Se cacher... Comme s'ils allaient se cacher ! Avec sa chance ils se feraient repérer immédiatement, ou bien ils se retrouveraient coincés, ou peut-être seraient-ils obligé de rester silencieux et immobiles pendant plus d'une heure avant de ne pouvoir s'enfuir... Rien qu'à cette idée, il crut que son cœur allait lui permettre de définitivement sortir d'ici. S'ils se dissimulaient et finissaient par être repérés, ils passeraient encore plus pour des voleurs que s'ils avaient simplement eu la bonté de se dénoncer. Il en était persuadé.
Mais même en sachant cela, il se savait incapable d'affronter les propriétaires s'ils rentraient. Bien sûr qu'il se serait caché. Et vite encore.
Il fit un pas incertain vers Elizabeth et son canapé – enfin, le canapé sur lequel elle s'était assise – et laissa une fois de plus ses yeux faire le tour de la pièce. Quelqu'un aurait pu surgir d'un tiroir qu'il n'en aurait pas été plus surpris que ça. Tout pouvait arriver, et c'était d'autant plus vrai que la situation l'angoissait. Plus il s'inquiétait moins il réussissait à réfléchir correctement ; c'était pourtant dans ces moments là qu'il avait le plus besoin d'en être capable. Il aurait aimé trouver des solutions à chacun de ses problèmes avant même d'avoir le temps de paniquer, ménager son cœur et ses muscles crispés. C'était comme une barre de fer enfoncée en travers de son crâne, tout juste bonne à augmenter la pression et à lui faire mal. La panique ne le menait nulle part. Il s'inquiétait pour rien. Il en faisait toujours trop.
Mais il n'y pouvait rien. Même l'insouciance contagieuse de la petite Noble n'aurait su le calmer tout à fait. Il avait peur, rien d'autre. Et contre la peur il ne pouvait strictement rien. Rien du tout. Il ne pouvait pas y faire face, c'était au-dessus de ses forces.
Le coussin agité devant son nez le fit presque bondir sur ses pieds, et malgré ses efforts pour paraître calme il ne put entièrement masquer ses inquiétudes. Ça se voyait dans tout ses gestes, dans sa posture et dans sa voix. S'en rendre compte ne l'aidait pas à être plus serein.


« Regarde comme c’est beau, ce sont des fleurs brodées dessus ! »

Interdit et aveuglé par sa proximité avec l'objet, il fit un pas en arrière plutôt que de le prendre. Il se demanda un bref instant si elle le pensait trop stupide pour reconnaître des fleurs ou si elle aimait juste énoncer des évidences. La logique lui indiquait la deuxième solution, lui aurait pris la première... Aucune des deux, donc. Inutile de se rendre malade.

« Hm oui c'est, joli, les... Fleurs. »

Il conclut sa magnifique tirade par un toussotement gêné. Question éloquence, il se surpassait.

« C'est bien fait en tout cas, se reprit-il avec un sourire un peu forcé. Le canapé aussi est très élégant. Et j'imagine qu'il est confortable. »

Le jeune homme se retint d'ajouter qu'elle ferait mieux de ne rien déranger et de ne pas laisser trace de son passage. A la place, il laissa pour la première fois ses yeux longer le canapé en question. Jusque là il n'avait fait que l'effleurer du regard mais, maintenant qu'il l'observait vraiment, il se rendit compte qu'il était en effet plutôt joli.

« J'aime beaucoup la couleur. »
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Ven 31 Aoû - 15:50

[Tu ne comprends juste pas encore à quel point elle est transcendante.8D
Objectif : crise cardiaque pour Lance.XD]



Lizzie adorait son nouvel ami et était bien décidée à lui faire part de chacune de ses découvertes dans ce lieu inconnu ; parce que, tout de même sans lui elle ne l’aurait pas vu ou n’y aurait pas prêté une si grande attention. L’eût-elle fait qu’elle ne serait pas entrée. Pousser la porte était une chose, le faire sans qu’un tierce fut là pour la refermer derrière elle en était une tout autre. Et qu’aurait-elle fait, seule au milieu de ce beau et grand salon, sans personne à qui parler ? La gamine détestait être seule et s’arrangeait pour, au bas mot, ne l’être jamais, tout simplement. Pourquoi s’échiner à passer au-dessus d’obstacles désagréables quand il était si aisé de les contourner ou de passer en-dessous ? Elle se le demandait bien et aurait été étonnée que qui que ce fut pût lui fournir une réponse décente.

Son objectif principal, en plus de mémoriser chaque coin et recoin de cette grande demeure, était d’arracher un sourire franc, sincère et par-dessus tout détendu à son camarade. Cette mission, négligeable d’apparence, revêtait une chatoyante parure de nécessité aux yeux d’Elizabeth, elle y mettait un point d’honneur. Il y allait de son devoir ! Sans doute aurait-on pu y voir la raison pour laquelle elle agitait, sous les yeux de Lance, ce coussin brodé. La seule mention de fleurs et de soie la ravissait, aussi ne pouvait-elle se représenter quelque sombre individu dont la journée n’aurait pas été singulièrement éclairée par une broderie de ce type. Il y avait de quoi dérider le plus grognon des aigris !

Lance fit un pas en arrière sans que la petite blonde eut la présence d’esprit de reculer l’objet –rester ainsi immobile, un large sourire placardé sur la face, les bras tendus ne devait de son point de vue pas sembler si stupide. Elle guetta sur son visage le moindre signe d’approbation. Echec total : elle n’en décela pas un seul. Sans se démotiver pour autant, elle mit cette défaite sur le dos de ses capacités d’observation quasi-nulles et se réjouit de la pauvre réponse du garçon :

« Hm oui c'est, joli, les... Fleurs. »

Lizzie opina vigoureusement du chef. Ces couleurs, ces jolis pétales, ces tiges fines et ces feuilles transparentes ou opaques, claires ou foncées avaient beaucoup de charme. D’ailleurs elles égayaient magnifiquement sa chambre, réunies en bouquets embaumants dans des vases de fine porcelaine. Ses plus jolies robes en étaient elles aussi garnies, la fillette ne remettait pas en doute le bon-goût dont elles témoignaient. Heureuse d’avoir trouvé un terrain d’entente avec lord Von Sees-Viatsky, elle reposa le coussin à ses côtés et le lissa du dos de la main. De « ne rien toucher » jusqu’à « ne rien déplacer », toutes ces considérations ennuyeuses avaient déserté son esprit, véritable électron libre. Seul son sens de l’esthétique lui souffla de remettre en place cette petite merveille ; s’il allait à la perfection sur ce canapé, il n’aurait fait aussi bon effet nulle part ailleurs, voilà qui était pour elle l’évidence même.

« C'est bien fait en tout cas. Le canapé aussi est très élégant. Et j'imagine qu'il est confortable. »

Middleford manqua de battre des mains en apercevant, enfin, un joli sourire. Les fleurs venaient à bout des plus récalcitrants, commenta-t-elle en silence, elle ne s’était pas trompée ! Ramassant un pli de sa robe vers elle, Elizabeth se décala vers l’accoudoir. Le dossier, les sièges, tout était aussi élégant que confortable, pas moyen de démentir –elle n’en avait de toute manière pas la moindre envie, force était de le reconnaitre. Partagée entre le besoin compulsif de tout explorer et le confort moelleux du canapé, Lizzie peinait à prendre une décision. Se relever ? Rester ? Nous avons bien le temps encore, finit-elle par conclure en oubliant fort à-propos le supposé prompt retour des propriétaires. Rien ne presse. Lorsque Lance ajouta apprécier la couleur, la gamine hocha à nouveau la tête. Seuls, le marron et le noir ne savaient trouver grâce à ses yeux capricieux. Mais les teintes pastelles, les roses, les beiges, les saumons, les coloris vifs, le rouge, le magenta, le pourpre le fuchsia se mariaient avec élégance et répondaient à tous ses caprices. Tapotant du plat de la main la place qu’elle avait dégagée un peu plus tôt, elle invita lord Von Sees-Viatsky à s’y asseoir. Déjà rôdée aux indomptables scrupules de son complice, mais pas cette fois-ci suffisamment oublieuse des bonnes manières pour autant, elle se retint de le tirer par le bras pour l’y installer de force.

« Ça c’est sûr, il est même très confortable ! Tu peux t’asseoir tu sais, tança-t-elle, donneuse de leçon peu convaincante et peu désireuse de l’être, on ne fait rien de mal. Des gens s’assoient sûrement dessus tous les jours, de toute façon ! »

Incapable de rester sage plus longtemps, elle se releva et se remit à explorer la pièce. Elizabeth n’était pas d’un naturel plus maladroit qu’une autre ; simplement ses robes perdaient en praticité ce qu’elles gagnaient en élégance. Lorsqu’elle se tourna pour s’avancer vers une étagère de marbre où reposaient quelques figurines de pierre précieuse –peut-être du cristal, se dit-elle alors– elle heurta un vase qui, dans un fracas clair mais de fort mauvaise augure, alla s’écraser brutalement sur le sol en morceaux épars. La main sur la bouche, son enthousiasme temporairement douché, la petite blonde ouvrit de grands yeux profondément choqué tandis qu’un seul son, bête à en pleurer, trouva le chemin de son cerveau à ses lèvres :

« Oups ? »
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Mar 25 Sep - 14:51

{ Je ne comprendrais jamais. Et il est constamment au bord de l'arrêt cardiaque, donc ça devrait être assez facile. 8DD }

Elizabeth se décala souplement vers l'accoudoir ; Lance, tout à son observation du canapé, n'y prêta qu'une attention modérée. Se concentrer sur un détail l'aidait à faire abstraction du reste – et donc de son angoisse. Ce n'était pas très pratique pour suivre une conversation ou bien encore retrouver son chemin, mais la situation présente n'exigeait heureusement pas tant de lui. Il pouvait énumérer chaque détail du meuble en silence sans risquer de rater une information importante de la part de sa compagne de discussion, ou du moins le croyait-il. Et puis... Ils allaient bientôt sortir, de toute façon, inutile d'entamer une longue et profonde diatribe – que, de toute façon, il se savait incapable de tenir.
Il suffisait de l'entendre parler pour se rendre compte que sa voix avait été bien trop délaissée durant ces dernières années ; faible et mal assurée, l'idée même qu'il puisse crier ou aligner plus de vingt mots sans balbutier semblait défier la vraisemblance. Inutile de dire qu'il n'avait aucune envie de se rendre ridicule ou de s'infliger plus de stress qu'il ne devait déjà en supporter : hors de question donc de se laisser emporter dans un long débat.
Enfin, une discussion enflammée sur les fleurs et les couleurs n'aurait pas été trop difficile à suivre non plus, à priori...

Il n'eut d'autre choix que de décaler son regard vers la demoiselle cela dit quand, toujours aussi insouciante, elle tapota la place près d'elle. Sur le moment, son geste ne trouva aucun écho dans son esprit embrumé par la peur et l'inquiétude. Elle aurait pu claquer des doigts en rythme qu'il n'aurait pas trouvé cela plus cohérent ; il la voyait bien, oui, mais impossible de comprendre. Il resta donc la regarder, ses yeux bleus grands ouverts, sans esquisser le moindre début de mouvement en réponse au sien.
Un peu long à la réaction, jeune homme.

« Ça c’est sûr, il est même très confortable ! Tu peux t’asseoir tu sais, on ne fait rien de mal. Des gens s’assoient sûrement dessus tous les jours, de toute façon ! »

Ah, s'asseoir. La traduction sembla allumer une lumière derrière ses yeux clairs ; de la compréhension, sûrement. Son explication n'était en rien convaincante – évidemment que les propriétaires s'asseyaient dessus, seulement ça ne signifiait pas qu'eux en avaient le droit... – mais il ne lui fallut pas longtemps pour décréter qu'il ne risquait pas grand chose en faisant cela. En tout cas ses jambes, elles, ne demandaient que ça. Ses pauvres muscles tendus par le stress n'étaient pas contre un peu de repos.
Seule la proximité avec Lizzie s'évertuait à le tenir debout ; quand elle se leva pour retourner faire un tour de la pièce, il fit donc quelques pas incertains avant de, avec mille précautions, s’asseoir sur le canapé. Il le jugea aussi confortable qu'il était esthétique. Pour une fois qu'un objet ne s'amusait pas à lui donner de faux-espoirs... Il en aurait presque sourit. Presque parce que cette maison n'était pas la sienne, qu'il devait garder un œil sur la jeune Noble et que le retour des propriétaires refusait de quitter son esprit. C'était une véritable horloge qui battait la mesure dans la tête du métis : quand le compte à rebours serait terminé, ils seraient tout deux dans de sérieux ennuis.
Seulement voilà, il n'avait pas la plus petite idée du temps qu'il leur restait avant que la porte d'entrée ne s'ouvre. Ses doigts glissèrent sur le tissu dans une vaine tentative pour évacuer un peu de cette pression qui risquait de l'étouffer à tout moment. Ils allaient se faire surprendre, c'était presque une certitude. Seth lui aurait dit qu'il voyait juste le mauvais côté des choses, et sûrement n'avait-il pas tort.

Mais pour Lance, plus que de la malchance, c'était quelque chose ou quelqu'un qui s'amusait à faire de sa vie un enfer. Ça, personne ne pouvait le comprendre.

Le bruit clair et inattendu qui résonna dans ses tympans le fit brusquement relever la tête. Et ce qu'il vit, à travers ses yeux vides de réaction, ne fit que confirmer son hypothèse.
Si quelque chose pouvait aller de travers, ça irait de travers. C'était comme ça.

« Oups ? »

Remis de sa surprise en quelques secondes qui lui parurent durer une éternité, Lance ne put retenir une grimace horrifiée. Ses jambes se plièrent presque sans son accord et il rejoint à grandes enjambées rapides le lieu de l'accident. Marmonnant quelqu'incompréhensibles paroles à propos de malédiction et de mauvais œil, il s'accroupit pour juger de l'ampleur des dégâts.
Il essaya de coller l'un contre l'autre deux morceaux plus gros que les autres ; soupira. Inutile d'essayer, il n'arriverait à rien. Ce vase était irréparable. Pour eux et avec les moyens à disposition, en tout cas.

« C'est... Cassé. » L'évidence ne fit que l'abattre un peu plus. « S'ils voient ça, on va avoir encore plus d'ennuis ! Il vaudrait peut-être mieux le... Cacher, et... »

Une nouvelle fois, il tenta d’emboîter les deux morceaux qu'il tenait entre ses mains. Vu l'expression de profonde détresse peinte sur son visage, il aurait tout aussi bien pu avoir tué l'animal de compagnie de la famille.
Son cœur allait peut-être s'arrêter de battre, si son rythme déjà erratique continuait d'accélérer et de décélérer de la sorte. Ses mains tremblaient, et il -

« A-Ah, mince... »

La douleur le fit lâcher les éclats, qui heurtèrent le sol dans un tintement pathétique. La coupure sur son doigt n'était pas exagérément profonde, mais suffisamment pour saigner ; et, c'est bien connu, les mains n'étaient pas la partie la plus insensible du corps humain.
Mais quel imbécile, quel...
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Mar 20 Nov - 1:25

Oui, bien, elle avait cassé quelque chose ; mais il n’y avait pas eu mort d’homme, dieu merci ! Mortifiée plus par la perte d’un si bel ouvrage –qu’il ne lui serait jamais donné d’observer autrement qu’en bris fins, courbures cassées et dessins morcelés– que par l’éventuelle colère des propriétaires, elle ne se laissa pas aller à un désespoir for malséant. Le choc passé, elle cessa de s’interroger sur le pourquoi du comment et, de manière plus générale, coupa cours à tout songe cohérent. Ses grands yeux verts faisaient l’aller-retour entre Lance et le cadavre de ce pauvre vase, métronome irrégulier, incapable de la renseigner sur la conduite à adopter. Ce n’était pas ma faute, commença-t-elle alors à se défendre, ma robe est large, et les objets trop proches les uns des autres pour que je ne m’y heurte sans causer quelque dégât. Piètre plaidoyer s’il en était, mais sa conscience légère s’en contenta. Pas d’autre juge plus intransigeant que celui-ci devant lequel comparaître à l’horizon : parfait, elle s’en lavait les mains sans autre forme de procès.

Quant à ce qu’il convenait de faire, elle s’en remettait à son ami lord Von Sees-Viatsky : pas de domestique à héler pour aller tout jeter dans la corbeille la plus proche, pas de précepteur ni d’homélie harassante avec laquelle ces derniers semblaient si bien aller de pair. Pas de mère enquiquinante pour rappeler à son bon souvenir que son habileté de manche la desservirait à chaque seconde de sa vie –ce qui n’était que pure affabulation de sa part, soutint-elle avec vigueur, alors même qu’une preuve de la justesse de ces mots était étalée en morceaux devant son visage boudeur et ébahi à la fois. Près d’elle, son camarade n’avait pas l’air d’en mener bien plus large, quoique l’évènement eût de toute évidence un caractère bien plus funeste pour lui. Lizzie s’en rendit compte et se sentit coupable de l’inquiéter de la sorte, lui qui devait être si prompt à se faire un sang d’encre pour peu de choses. Elle se mordit la lèvre inférieure, mal à l’aise. Ce n’était pas très bien joué.

« C'est... Cassé. S'ils voient ça, on va avoir encore plus d'ennuis ! Il vaudrait peut-être mieux le... Cacher, et... »

Elizabeth hocha la tête, sans se préoccuper de ce qu’il la voyait ou non. Il suffisait de tout cacher, ou de laisser les choses en plan et de partir, simplement, avant qu’on ne les aperçût. Ainsi personne n’irait les soupçonner et, hors de cause, cette histoire ne leur serait plus qu’un souvenir amusant et exaltant à se raconter, des années plus tard, au coin du feu. Elle s’accroupit à son tour pour participer au puzzle que Lance s’échinait, en vain, à reconstituer : sans modèle ni la moindre certitude qu’il ne manquait aucune pièce, sans colle, sans rien pour faire tenir leur travail debout, autant embrasser le vent ou sculpter de l’eau. Elle ramassa malgré ces quelques considérations deux morceaux et les étudia, calme et penaude, sous tous les angles.

Un cri perçant passa entre ses lèvres qu’une main gantée vint heureusement étouffer lorsqu’elle se tourna vers son ami : il saignait, dieu il saignait ! Ce simple fait retenait toute son attention d’ordinaire volage. La coupure n’avait rien de dramatique. Mais il saignait et c’était suffisant pour que Lizzie s’inquiète, s’affole, s’agite dans tous les sens sans rien tenter de concret –déroger trop à ses habitudes en se montrant réellement utile l’aurait selon toutes apparences tuée.

« Mon dieu, tu saignes, glapit-elle, féroce concurrente dans le domaine de l’énonciation de platitudes. Attends, il faut, euh, il faut rester calme, parce que ce n’est pas grave, et… »

Elle jeta un dernier regard désespéré autour d’elle et, agenouillée près de lui, enveloppa sans réfléchir le doigt meurtri dans un pan de sa robe. Lady Middleford se ravisa, agrippa sans vergogne un morceau de tissus crème –une sorte de napperon–, tira dessus pour s’en emparer sans une once de pitié pour la porcelaine endormie dessus ; celle-ci connut la même fin peu glorieuse que le vase dans un fracas de verre brisé. La gamine l’enroula en un bandage plus que sommaire autour de l’infâme blessure, se releva en trombe et hurla :

« Ne bouge pas, ne bouge pas du tout, tout va bien aller, je vais chercher de l’eau pour… »

Elle se saisit d’un vase, jeta les roses pâles qu’il contenait et vida l’eau sur tout l’avant-bras de Lance. Après l’avoir copieusement arrosé, elle se sentit quelque peu rassérénée et sourit, tendue malgré tout :

« Rincer ! Ça va ? Tu n’as pas trop mal ? Par pitié, dis-moi que tu ne vas pas mourir ! »

Pas une pensée pour le carnage dont ils étaient l’épicentre.
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Lun 10 Déc - 0:26

Si Lance était prompt à s'inquiéter au moindre petit problème, au plus faible changement de vent et à tout les regards un rien trop insistants, au moins avait-il l'esprit pratique. Il ne sautait pas en tous sens ni ne partait se cacher sous la table, quoi que parfois il en eut envie ; ses réactions, hormis lorsque sa terreur prenait le pas sur tout le reste, restaient mesurées et réfléchies. Le jeune homme ne paniqua donc pas en voyant le sang couler le long de son doigt. La peur de voir les propriétaires rentrer restait encore et toujours la plus forte, renvoyant cette coupure au stade de problème presque sans importance. Ce qui ne l'empêcha pas de grimacer, de trembler légèrement – car aussi passagère soit la douleur et bénigne soit la blessure, cela n'en restait pas moins désagréable.
Il allait lui falloir quelque chose pour essuyer avant de n'en mettre partout sur le plancher, maintenant...
Fasciné par le liquide grenat qui perlait de son doigt, il en effaça Lizzie du paysage ; jusqu'à ce qu'elle ne crie, paniquée, et qu'il ne puisse plus guère l'ignorer.
Ça aurait été préférable, pourtant. Sans Elizabeth il n'y avait pas de ruban, pas de rencontre, pas de jolie maison ni de vase cassé : sans elle, il n'y avait ni peur ni angoisse. Mais tout ça, c'était uniquement s'il ne l'avait pas rencontrée. Or on ne revient pas en arrière, jamais.
Alors sans elle, en l'état actuel des choses, il se serait retrouvé seul au beau milieu d'un salon qu'il ne connaissait pas, à paniquer pour des maladresses qu'il n'avait pas commises. Mieux valait donc qu'elle crie ; au moins elle était toujours là, juste à côté de lui. C'était un peu rassurant.
Un peu.

« Mon dieu, tu saignes. Attends, il faut, euh, il faut rester calme, parce que ce n’est pas grave, et… »

Pour ça, il était tout à fait d'accord : rester calme. La panique de la jeune fille, communicative, n'eut aucun mal à se frayer un chemin jusqu'au cœur angoissé de Lance – et dès lors, peu importe l'application qu'il mit à se dire que ce n'était rien de grave, qu'il ne fallait pas s'inquiéter, son pauvre cerveau refusa d'assimiler l'information. Si quelqu'un criait, si son cœur battait de nouveau au rythme de cent chevaux au galop, alors c'était grave.
En réalité, c'était plutôt en train de le devenir.
Yeux grands ouverts, il lâcha un glapissement de protestation quand Lizzie décida de faire de sa robe un bandage : fut soulagé de la voir changer d'avis. Salir une robe pour si peu, c'était tout de même...
Fracas, verre brisé et éclats en tout sens. Tout tomba par terre dans un bruit qui lui parut assourdissant ; le monde aurait pu s'écrouler qu'il n'y aurait pas prêté plus d'attention. Tout, tout était tombé. Tombé. Cassé. Comme le vase, cassé. De si jolies choses, cassées, détruites, réduites à néant.
Dans un esprit, le rouge vira au blanc ; l'inquiétude à l'apathie.
Il était tout simplement incapable d'enregistrer autant de panique d'un seul coup. Alors il resta là, les yeux hagards et la bouche entrouverte, à fixer sans vraiment le voir le tissu que la jeune Noble venait d'enrouler autour de son doigt. Il était incapable de trouver cette attention touchante, de penser son inquiétude sincère – tout ce qu'il voyait, lui, était sa mort qui se rapprochait à grand pas.
Ils. Allaient. Les. Tuer.
Les tuer, les faire pendre, écarteler, affamer. Le pire, dans toute cette spirale d'incompréhension, était qu'il le pensait vraiment.

« Ne bouge pas, ne bouge pas du tout, tout va bien aller, je vais chercher de l’eau pour… »

Blanc, vide, rien. Lance était complètement déconnecté de la réalité, à se perdre dans sa peur panique à des lieues et des lieues de là.
L'eau sur son bras lui fit l'effet d'une gifle. Mais à ce stade, réveillé ou non, il n'était tout simplement plus en mesure de correctement appréhender la situation.

« Rincer ! Ça va ? Tu n’as pas trop mal ? Par pitié, dis-moi que tu ne vas pas mourir ! »

Jusque là toujours accroupi, il se redressa d'un mouvement maladroit. Regarda son doigt, enroulé dans un joli napperon crème ; les débris du vase éparpillés au sol ; la porcelaine, brisée en mille morceaux à coté d'eux ; l'eau répandue sur le parquet, glissant le long de sa manche blanche ; les roses abandonnées au sol, abandonnées comme de vulgaires déchets.
Son calme se fissura, sa tenue s'effondra. Ce n'était même plus une pagaille, c'était un champ de bataille.
Un rire nerveux, impossible à contenir, fit trembler ses lèvres.
Ses nerfs étaient définitivement en train de lâcher. Et Seth n'était même pas là.

« On va mourir, répondit-il d'une voix sérieuse malgré la panique qui l'étranglait. Même si on part avant qu'ils ne reviennent, les propriétaires vont nous retrouver et nous faire exécuter. »

Ce n'était peut-être pas la meilleure réponse étant donné le circonstances mais, tant pis. Il n'était pas en état de penser correctement.

« On va mourir. » Et au ton de sa voix, ça aurait presque pu devenir une prophétie. « On va mourir. Lizzie, on va mourir. »

Sans plus de considération pour l'étiquette et les manières – de toute façon les condamnés ne devaient pas accorder beaucoup d'importance à ce genre de choses, de son avis – il attrapa les épaules de la jeune fille entre ses doigts et la secoua d'avant en arrière, espérant peut-être par ce geste inverser le cours de choses.
Inutile de dire que ça n'eut absolument aucun effet.

« Il faut faire quelque chose, trouver quelque chose. On ne peut pas laisser ça comme ça ! » Il cessa de la secouer et baissa le ton de sa voix, passant en une seconde de la panique à la conspiration pure et simple. « Si on sort, quelqu'un va nous voir. On se fera dénoncer et arrêter pour avoir mis leur demeure dans cet état, et... Il faut trouver une solution, je t'en prie. »

La peur aurait au moins eu le mérite de le rendre plus loquace. Mais puisqu'il était persuadé qu'ils se feraient exécuter de toute façon, ce qu'il disait n'importait plus guère.
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Dim 13 Jan - 16:47

Spoiler:


Aussi sûrement qu’il y avait des limites au plus vaste des océans, il y avait des limites à ce que pouvait endurer la bonne humeur de Lizzie sans faillir ; rentrer dans une merveilleuse bâtisse sans y avoir été invitée, saccager un bibelot ici et là, renverser peut-être une ou deux choses sans gravité, sauver son ami d’une hémorragie atroce, rien ne semblait hors de sa portée. Un subtil mélange de naïveté et de mauvaise foi exhalaient une senteur douceâtre de belle inconscience et de toute évidence, le parfum n’était pas au goût du jeune lord. Il sembla à la gamine qu’il s’échinait à ruiner ses efforts. L’odeur âcre de la fumée lui piquait les yeux. Qui s’arrogeait le droit de brûler l’assurance et le bon-vivant qui lui seyait si bien à elle, Elizabeth Middleford ! Les prédictions de Lance auraient eu de quoi la faire sourire, n’eussent été ces inflexions sérieuses et dramatiques qui les faisaient sembler sortir tout droit d’une tragédie applaudie à la cour et dont la petite, tête en l’air, avait oublié le nom –elle ne tenait pas à s’en rappeler, son esprit comme toujours et pour une fois, comme de dû, occupé ailleurs. Allons bon, était-ce le moment de proférer des menaces de mort ! Voilà qui était criant de mauvais goût. Elizabeth fit la moue, déçue : elle comptait s’amuser.
Lorsque le prétendu mort en sursit serra ses épaules entre ses doigts fins et la secoua, elle ne comprit pas plus. Lorsqu’elle jeta un coup d’œil circulaire autour du carnage dont ils étaient l’épicentre, elle ne comprit pas plus. Lorsqu’elle planta son regard interloqué dans celui, nettement plus embué, de son ami, elle ne comprit pas plus. Souvent sa mère la qualifiait de sotte, et souvent Lizzie la qualifiait de désespérée. Hermétique à la logique autant qu’au pessimisme, son esprit un peu gourd ne se lassait pas de faire tourner en bourrique tout semblant de sens commun. Ils allaient mourir ? Tiens donc ! Et pourquoi auraient-ils seulement été punis ? Elle ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit.

« Il faut faire quelque chose, trouver quelque chose. On ne peut pas laisser ça comme ça ! Si on sort, quelqu'un va nous voir. On se fera dénoncer et arrêter pour avoir mis leur demeure dans cet état, et... Il faut trouver une solution, je t'en prie. »

D’abord perplexes, les traits de son visage s’étirèrent en une expression purement radieuse : c’était donc cela ! La situation s’apparenta pour elle à un jeu et, dès lors, le plus grand sérieux était de mise. La blonde jura s’être aisément dépêtrée de plus inextricables imbroglios que celui-ci et, d’autant qu’elle pût en juger, elle se portait encore comme un charme. Au souvenir des punitions récoltées au cours de sa misérable vie, elle se ravisa et décréta qu’à tout le moins, faute d’autre chose elle était encore bien assez en vie comme cela. Les commissures de ses lèvres retombèrent, ses sourcils se froncèrent et un pli se forma sur son front. Concentrée, elle écouta avec attention les paroles de son camarade. La rue n’était pas excessivement passante, et leurs tenues n’avaient rien d’extravagant –pas à son sens, quoique le rose de sa robe et la qualité des tissus attirât inexorablement l’attention versatile des promeneurs d’un certain genre. Qu’on allât les dénoncer lui parut bien improbable, qu’on croisât leur chemin, bien fortuit. Pourtant elle ne dit rien et agréa d’un mouvement de tête. En véritable chef d’opération, elle trouva une solution.
En tant que noble écervelée, elle fut éminemment stupide.

« Ne t’en fais pas, déclara-t-elle en posant à son tour sa main sur son épaule. Nous n’avons qu’à sortir par une fenêtre, puis dans le jardin, et après, nous n’aurons qu’à passer sous le massif de fleurs jaunes. Il y a bien une petite clôture derrière, mais on pourra bien passer au-dessus. Après, on arrive dans la rue, et alors on s’en va en courant. »

Elle hocha la tête, fière d’elle –et la terre collée à leurs vêtements, l’air suspect de deux gamins courant dans les rues à en perdre haleine, cachés dans un massif de fleurs, ne l’effleura pas seulement. Consciente pourtant de ce qu’elle percevait euphémiquement comme quelques lacunes dans son plan, elle s’appliqua à en trouver un autre.
Tout aussi stupide.

« Pour le cas où ils reviendraient très vite, ou bien si quelque vétille nous pose souci dans l’autre plan, nous pouvons aussi cacher tous ces morceaux sous le tapis, ou sous ce meuble, fit-elle en désignant du doigt une commode, et nous cacher quelque… »

La petite releva brusquement la tête, faisant sauter ses jolies boucles blondes sur ses épaules. Un bruit se fit entendre dans la rue, près de la porte : trois coups secs.

« Oh-oh, chuchota-t-elle, plus excitée que soucieuse. Ce n’est sûrement personne, peut-être un courrier ? Non ? On va ouvrir ? On attend ? On va se cacher ? »

Lizzie s’improvisa femme d’action et attrapa à nouveau la main de son compagnon. Elle tourna la tête par ici, par-là, hésita une seconde entre l’étage et la commode, opta pour la commode –car l’on n’aurait su attendre d’elle une réflexion rondement menée dont les conséquences ne fussent profondément désastreuses. Elle s’y glissa à quatre pattes et fit signe à l’autre de l’y suivre.

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Lance Vosesviatski
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Dim 3 Mar - 1:22

Lance n'entendait rien, si ce n'étaient les battements affolés de son cœur ; ne voyait rien d'autre que les malheurs qui couraient à sa rencontre à toute vitesse. Dès lors que ses mains eurent glissé des épaules de Lizzie, il ne sut plus qu'en faire : décida, à défaut d'une meilleure idée, de les tordre consciencieusement devant lui. Martyriser ses doigts ne lui fit ni bien ni mal – et le sourire de la jeune Noble, aussi éclatant soit-il, n'eut pas plus d'effet sur sa paranoïa. Une fois qu'il était dans cet état, rien ni personne ne pouvait l'en sortir. Il fallait attendre. Décompresser. Le rassurer. Attendre, encore, lui dire d'aller se coucher, peut-être – mais en définitive, pas même Seth n'avait de remède miracle contre ses crises d'angoisses. Tout bougeait, tout lui en voulait, sa vie était en danger, en danger, en danger...
Et, en l'occurrence, les maladresses d'Elizabeth allaient leur coûter la vie.
Incapable de rationaliser, de réfléchir posément et de songer à des moyens de s'en sortir sans plus de casse, le jeune homme commençait de plus en plus à se persuader que les locataires étaient des monstres vouant tout et n'importe qui à la potence. Il porta distraitement une main à sa gorge, déglutit difficilement ; sursauta presque quand, un instant après, des doigts fins vinrent se poser sur son épaule.
Le temps se distendait affreusement, lorsque la panique était au commande.

« Ne t’en fais pas. Nous n’avons qu’à sortir par une fenêtre, puis dans le jardin, et après, nous n’aurons qu’à passer sous le massif de fleurs jaunes. Il y a bien une petite clôture derrière, mais on pourra bien passer au-dessus. Après, on arrive dans la rue, et alors on s’en va en courant. »

Curieusement et contre toute attente, la solution simple de la petite blonde insuffla un peu d'air dans ses poumons ; aussi ridicule soit ce plan, c'en était un malgré tout. C'était une... Sorte de lumière dans l'obscurité de leurs bêtises : mieux que rien. Pas suffisant, mais mieux que rien. Lance se mordit la lèvre tout en l'écoutant parler avec une attention démesuré, quasiment aux abois. Fenêtre, jardin, passer sous... Il eut un sursaut de compassion pour ses beaux vêtements, vite balayé par l'urgence de la situation, et tenta de s'imaginer en train de ramper dans l'herbe pour éviter des propriétaires en colère. L'image lui parut stupide, quelques secondes avant qu'il ne se visualise face aux propriétaires en question. Non non non – il préférait encore... Les fleurs jaunes et les clôtures.

Même si,, malheureusement pour eux, il n'était pas assez stupide pour ne pas se rendre compte que s'enfuir ainsi relevait de l'impossible.

« Pour le cas où ils reviendraient très vite, ou bien si quelque vétille nous pose souci dans l’autre plan, nous pouvons aussi cacher tous ces morceaux sous le tapis, ou sous ce meuble, et nous cacher quelque… »

Lance n'avait peut-être aucune imagination, mais quand il s'agissait de se figurer les mille et une façon dont on pourrait vouloir le réduire en poussière, son cerveau était étonnamment docile. C'était peut-être lié, qui sait ? Une barrière à l'imaginaire pour isoler ces pensées qui menaçaient sans arrêt d'inonder ses réflexions lucides.
Les coups secs frappés à la porte, par exemple, trouvèrent mille échos dans ses pensées torturées. Un représentant des forces de l'ordre, un parent de la jeune fille, le propriétaire, un courrier, un parent des propriétaires, un domestique... Et quelle que soit la proposition retenue, le résultat ne changeait guère : inutile de préciser que Pardon et Compréhension n'en faisaient pas partie.
Mais ce ne serait pas la première fois que Lance serait persuadé que le monde entier faisait partie d'un complot visant à le tuer, après tout.

« Oh-oh. Ce n’est sûrement personne, peut-être un courrier ? Non ? On va ouvrir ? On attend ? On va se cacher ? »

Lance ouvrit la bouche pour dire quelque chose – une plainte, un gémissement inquiet, n'importe quoi – mais la main de Lizzie sur la sienne lui ôta les mots de la bouche. Comme déconnecté du monde réel, rassuré peut-être d'avoir quelqu'un sur qui se reposer, Lance suivit la demoiselle jusqu'à la commode sans mot dire. Ouvrit de grands yeux effarés en la voyant, genoux et paumes des mains au sol, se glisser à l'intérieur du meuble. Un « Mais... » balbutié et à peine compréhensible traversa l barrière de ses lèvres. Les morceaux de porcelaine au sol, l'eau qui coulait encore le long de son bras, le napperon qu'il tenait enroulé autour de son doigt, les coups frappés à la porte...
Tout en se demandant ce qu'il avait pu faire de mal ce jour-là pour mériter pareil châtiment, le jeune homme consentit à se glisser dans le meuble à son tour. S'ils ne faisaient pas de bruit, on ne les verrait sûrement pas : si personne ne rentrait, ce serait encore mieux.

C'est fou ce qu'on peut vite se sentir claustrophobe, là-dedans.

« Et s'ils nous trouvent, que faisons-nous ? »

Son murmure fut aussi bref qu'à peine audible : mais si Elizabeth se montrait aussi discrète que précédemment, oui, la question était des plus pertinentes.
Elle l'était même presque trop.

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Elizabeth Middleford
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MessageSujet: Re: Pink Blues~ {Elizabeth Middleford}   Pink Blues~ {Elizabeth Middleford} - Page 2 Icon_minitime1Dim 7 Avr - 15:23

Tout de même, gronda Lizzie en son for intérieur, il ne fallait rien exagérer. Certes, la situation n’avait pas que de bons côtés ; mais, dotée d’une capacité étonnante à jauger de ces conjectures en dépit des évidences, la gamine n’y décelait pas franchement de danger imminent. Eh bien ? Oui, ils étaient cachés dans un placard, mus de la peur-panique d’être découverts. Mais avaient-ils fait quoi que ce fut de répréhensible ? Dans sa petite tête de linotte, rien ne justifiait que l’on fût puni pour une maladresse. Or personne n’aurait réduit en poussière d’aussi jolis bibelots par autre chose que maladresse. La conclusion à en tirer était on ne pût plus simple : elle et Lance étaient aussi innocents que l’on pouvait l’être. C’était donc par jeu et fierté que l’idée de se dissimuler l’avait envahie. L’urgence du moment n’y était peut-être pas tout à fait étrangère, mais n’en était à ses yeux pas le moteur.
Il fallait à sa décharge reconnaître qu’une partie de cache-cache avec de pareils enjeux était beaucoup plus amusante que n’importe lequel des jeux régulièrement entrepris pour la distraire au palais. Les pièces étaient moins grandes, moins luxueuses, et une fois la petite porte ouverte il n’y avait aucun moyen de les rater –ce qui n’était pas le cas dans les grandes penderies et les forêts de colonnades. La tension qui tirait en véritable forcenée sur ses nerfs lui arracha un grand sourire fébrile tandis que Lance se glissait à sa suite dans le meuble étroit. Vaille que vaille, elle rassembla autour d’elle les plis fuchsia et pastel de sa longue robe qui formait une corolle de tissu tantôt brillant, tantôt rehaussé de dentelles autour de ses genoux. Elle rabattit le battant vers eux tout en prenant garde à le laisser entrebâillé de telle sorte que d’une simple poussée la fuite fût envisageable. S’élancer et partir en hurlant à l’assaut de la porte aurait eu son petit effet, rit Elizabeth. Un rayon de lumière venait caresser son visage depuis le mince interstice et elle se cala contre le mur derrière elle, consciente au moins que les couleurs vives de son accoutrement auraient pu les trahir.

« Et s'ils nous trouvent, que faisons-nous ? »

La petite tourna sa jolie tête bouclée vers son ami et s’arma du plus charmant sourire qu’elle eût en réserve, sortit et étala sous ses yeux une armada d’assurance, un arsenal digne de la plus grande guerre de l’enthousiasme. Comment les aurait-on trouvés ici ? Nul n’aurait rêvé meilleure cachette que la leur, de cela elle ne pouvait douter ! Ni elle ni le jeune lord n’étaient bien grands ; un adulte, dangereux cambrioleur, n’aurait pu se faufiler si aisément dans de si petits endroits. Et le quartier était si sûr ! Un homme étrange aurait eu vite fait d’être repéré. Peut-être la famille avait-elle un chat capable de tout renverser comme elle l’avait fait quelques secondes plus tôt. Ce n’était pas impossible, après tout. La pauvre bête passerait peut-être un sale quart d’heure, mais eux s’en seraient admirablement sortis de leur côté. Confiante dans leur succès en devenir, elle se pencha vers lui, désireuse de faire le moins de bruit possible –et, grand dieu, cela devait vouloir dire qu’un éclair d’intelligence, fugace, avait daigné s’abattre sur la jouvencelle :

« On sort, pardi, lança-t-elle comme s’il s’était agi là de la plus évidente des solutions au monde. On court en hurlant et le temps qu’ils s’en remettent… Nous serons déjà vraiment très loin ! Ils n’auront pas seulement le temps de nous voir. »

Fugace s’il en était, en effet.

« Ou on tente la diplomatie, chuchota-t-elle avec sérieux et entrain. Mais je ne suis pas tout à fait sûre qu’ils nous croient… J’arrive pas à entendre, ça frappe encore ? »

Lizzie approcha son oreille du battant ; sans résultat. D’un coup d’œil, elle interrogea à nouveau son camarade puis reprit :

« Si on doit charger, j’ouvre un passage et tu cours aussi vite que possible. Je te suivrais de près, pas d’inquiétude ! S’ils demandent une rançon, réfléchit-elle à haute voix, mes parents paieront. J’espère que ce ne sont pas de riches criminels. Ou des terroristes. Parce que, tu sais, je vais me marier avec quelqu’un de la famille royale. S’ils voulaient… »
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