Le sel et l’odeur d’iode d’une mer d’ici invisible sont portés par le vent qui souffle sur cette colline peu fertile. La terre, ingrate, ne laisse aucun espoir à quelque culture : tout juste une herbe sèche s’acharne-t-elle à percer la surface pour affronter l’extérieur. Sa hauteur conséquente, si elle n’influe pas sur la température ambiante, induit une brise plus forte qu’au sol. Deux, trois arbres peinent à fleurir au printemps et étendent leurs énormes racines, s’accrochant à la terre pour survivre, contre tout attente, aux fréquentes tempêtes l’automne venu.

Proche de la frontière hatéienne, la neige la couvre d’un épais manteau blanc à la mauvaise saison. Les montagnes, au loin, semblent autant de pics inaccessibles depuis votre minuscule piédestal. La vue y est superbe néanmoins, et les pluies fréquentes vous permettront sûrement, lors des aubes claires et printanières, d’observer de magnifiques arcs-en-ciel colorer un firmament pastel, tantôt bleu, tantôt rosé.

Un bel endroit verdoyant surplombé d’un petit étang que jouxte un majestueux sol-pleureur et bordé de petites fleurs blanches. Ce bel arbre semble déplorer la solitude qui accable depuis quelques années la colline en dépit de son calme : la proximité relative avec la frontière méridionale découragerait les plus aventureux, bien qu’aucun risque imminent ne prive les environs d’accès.