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 « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]

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Camille Rosenthal
Camille Rosenthal

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MessageSujet: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Dim 31 Mar - 1:03

Une goulée d’air salin s’engouffra dans les poumons de Camille : il la sentit rouler le long de sa gorge irritée, piquer la chair gercée de ses lèvres roses. Des larmes perlèrent aux coins de ses yeux pâles et blessés qu’il ne pouvait se résoudre à fermer. Tout ici respirait la senteur âcre de l’iode et du varech abandonné sur les plages proches par la marée de la veille, tout sentait bon le calme et l’ennui. Les maisons aux toits inégaux qui se succédaient et exposaient leurs pauvres façades le long de la route avaient le pittoresque du décor d’une vieille toile de maître. Nulle agitation dans les rues ; nul nuage pour assombrir un ciel trop clair pour la saison. Le soleil brillait à son zénith et un zéphyr bienvenu soufflait les remugles du ressac au visage blafard de Rosenthal. Différentes nuances de rouge coloraient ses joues, son nez, l’arcade de ses sourcils, son menton, la peau fragile de ses bras, ses chevilles exposées. Pas plus tard que ce matin-là il s’était évoqué une écrevisse trop cuite pour être servie sur la table du salon, était sorti en trombe et ne s’était pas seulement arrêté saluer sa mère ou les coussins moelleux du sofa sous la large fenêtre en ogive qui laissait jouer des rayons dorés sur le tapis baroque au sol, accompagnés d’un essaim de poussières virevoltantes sans doute un peu fatiguées de ce bal qui n’en finissait guère. L’agitation fiévreuse des grandes villes ne lui manquait pas, rompu au silence brisé ici et là par le bruit d’une chaise raclée contre le sol qui régnait en tyran despotique entre les murs de sa grande demeure à toute heure du jour et de la nuit.
Mais cet endroit, comme tout autre, lui retournait l’estomac. Quelques temps plus tôt, perdu dans les neiges éternelles des prairies hatéiennes, il avait juré par tous les diables que rien ne valait la douce chaleur qui enveloppait le corps d’une chape doucereuse dans le paysage blanc et ocre par-delà la frontière. A présent, il avait ravalé ces quelques mots jetés en pâture à son dépit et attendait sagement que la nuit se lève. Au détail près qu’ils n’étaient que le matin et que le gamin turbulent qu’il était, fut-il plus seul qu’une fleur dans les dunes, ne se tenait jamais tout à fait sage. Il marchait comme de coutume dans les villes qu’il avait le malheur de croiser et scrutait avec attention les venelles, les rues, les fenêtres ici ouvertes et les volets là clos, les visages burinés et les visages gracieux à la recherche un peu fébrile d’un qui peut-être ne lui aurait pas été si inconnu –si antipathique. Rien ne satisfaisait son regard capricieux : cette plante, trop verte ; ce ciel, trop azurin ; cette mer, trop céruléenne ; cette fille, trop laide ; ce garçon, trop grand ; cette maison, trop de stuc ; ce désert, trop plein de sable ; cette plage, couverte de cailloux ; ce cailloux trop brillant, cette fille trop brune cette ruelles trop étroite ce toit trop pentu cette journée trop longue cette semaine trop courte cette voix trop rauque ce chemin trop accidenté ce fruit trop doux cette fleur trop musquée ce parfum trop coloré. Insatisfait, toujours.

Il leva la tête, ses cheveux agités par la main invisible d’une mère soucieuse et aimante. Il ferma les yeux, le nez au ciel, et sourit un instant. La vie était moche, mais ce n’était pas une raison pour ne pas l’aimer. Il l’aimait. Certes mal et certes peu, mais il l’aimait. Debout, en équilibre sur le bord du chemin, il commença à chantonner un air dont il ignorait jusqu’aux paroles et qui lui venait à la bouche sans passer par la tête. Il sauta de marquise en porche, de porche en marche, de marche en devantures, bouscula une dame, ne s’excusa pas, écrasa une paire de pieds, ne fut pas désolé pour un sou, ramassa un morceau de pierre brillant –du quartz ? Il ouvrit un bouton de sa chemise beige, trouva qu’il faisait décidément bon, donna un fier coup de pied dans sa pierre qui partit valser plus loin, vers des horizons autrement intéressantes après avoir côtoyé l’enfer de sa semelle –de simples semelles pour de très simples chaussures. Il avait jeté son chapeau quelque part et ne se souvenait plus très bien où, marchant d’un bon pas vers la plage. Une jetée l’aurait bien amusé, songea-t-il. Quoiqu’il nageât très mal, un plongeon d’une telle hauteur devait tenir du vol d’oiseau. D’une liberté totale et inconditionnelle. Il avait déjà volé bien des fois ! Mais retomber sur terre restait une douloureuse expérience. Tandis que finir dans l’eau !

Il soupira d’aise, se tourna, ramassa un caillou, aperçut un puits. Incapable de rester sage bien plus longtemps, il s’en approcha à pas comptés et, une fois près de lui, se pencha : une hauteur vertigineuse. Un sourire mauvais étira ses lèvres. Il ne risquait pas de plonger ici sans se faire mal, bien entendu, et l’idée n’avait rien de séduisant. Pourtant y balancer un chat ou une grenouille ne l’aurait pas dérangé. Un regard circulaire autour de lui : ni chat ni grenouille. Le blondinet n’avait pas le cœur à courir après de stupides oiseaux qui auraient eu tôt fait de s’envoler à son approche. Il se hissa bon gré mal gré sur la vieille margelle de vieilles pierres grises et moussues, les jambes ballantes, et attendit. L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat, et si ce n’était un chat ce serait un rat, et faute de rat, une grenouille aurait fait l’affaire. En dépit de ses treize printemps révolus, Camille agissait toujours comme un enfant –pur comme un diamant, et le cœur qui allait avec. Il faudra grandir un jour, chantonna-t-il, il faudra bien grandir, pour ne pas mourir. Plus le temps passait, plus le gamin fanait ; mais il ne grandissait pas. Et si ce n'était ni une grenouille ni un chat ?
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Hannes Blanchfield
Hannes Blanchfield

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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Ven 12 Avr - 23:23

Fragile et aussi passager qu'un coup de vent, Hannes mima un soupir. Il lui sembla avoir passé des semaines à fixer la mer.
A observer sans rien faire, la notion du temps finissait par ne plus avoir le moindre sens. Les jours, les heures et même les ans – tout se confondait en une marée continue de réflexions et de sensations sans endroit ni envers, sans but ni importance. Ce qu'il pensait n'intéressait personne ; si tant est qu'il pensât encore. Il pouvait toujours se voir, s'entendre, se sentir exister d'une façon ou d'une autre – et si parfois il s'oubliait au point d'en disparaître jusqu'à pour lui-même, ce n'étaient que des absences ponctuelles. Il suffisait d'une présence, d'un détail pour le réveiller et le pousser à aller ailleurs : comme un courant d'air, Hannes s'engouffrait par la moindre porte ouverte. La mer en était une. Sa famille en était une autre. Ce n'étaient que deux choses parmi tant d'autre qui appelaient régulièrement sa présence, une poignée de sel dispersé au gré des caprices du temps. Parfois il se postait auprès d'une maison, parfois il errait à des kilomètres de chez lui. Parfois, une personne en particulier attirait à son attention. C'était tellement aléatoire, tellement inexplicable que jamais le jeune homme n'avait pris le temps de rationaliser la chose ; dans son état, c'eut été risible quoi qu'il en soit. Il se contentait d'aller là où il voulait aller, d'être là où il devait être.
Ce qui n'empêchait pas le temps de se faire long.
Le regard dans le vague, l'esprit comme vide, il continua de fixer l'étendue d'eau qui s'écrasait sur la plage en contrebas. Il lui semblait bien que c'était son endroit « par défaut », son point d'ancrage. Ici, près du fleuve ou du puits, chez lui – tout cela n'avait guère d'importance. Le monde était si vaste ; il regretta de ne pas avoir eu le temps de l'explorer. La capitale était le plus loin qu'on lui ait jamais laissé l'occasion d'observer. Était-ce étonnant qu'il ne cesse de vouloir revenir ici ? Aussi tangible qu'un rayon de soleil, il écarta les bras. Son monde se résumait à cela. Un village, la mer et des souvenirs qui dansaient parfois devant ses yeux à la manière de spectres. Rien de plus, rien de moins.
Condamné à voir les murs s'effriter, les rides se creuser, les ponts s'écrouler ; le cycle de la vie se poursuivait sans lui. Depuis le temps, il avait cessé de chercher une sortie. Peut-être ne méritait-il tout simplement pas le repos éternel. Peut-être que les autres dans son cas étaient également de cet avis. Peut-être que oui, peut-être que non ; sa réflexion fut interrompue par un aller simple pour le puits. Toujours cette même histoire de porte ouverte. Un garçon s'était assis sur le rebord.
S'ils avaient su, les vivants, qu'il suffisait de mourir pour passer sans gêne d'un endroit à un autre... Cynique, il s’imagina que le taux de suicide aurait augmenté. Le pire étant qu'il avait probablement raison, songea-t-il en jaugeant l'inconnu de loin. Ils étaient tous si pressés. Les petits villages  restaient à l'abri de l'agitation des grandes villes, mais partout les choses tendaient à s'accélérer. Que ce soit un mal ou un bien, il n'aurait su en juger.
Il avait vu trop de personnes mourir, trop de Royaumes se faire la guerre pour encore avoir un sens de la justice fiable. Le sien était rouillé, malade, serti d'amertume. Hannes se demandait parfois s'il n'aurait pas mieux fait d'arrêter de penser.
Plus facile à dire qu'à faire. Paume des mains appuyées sur le puits, posté derrière cet inconnu dont il n'aurait su déterminer les intentions, l'ectoplasme eut l'impression de poser les pieds au sol. Être vu n'était pas une sensation désagréable, loin de là ; ses yeux magenta sondèrent le fond du puits.

« Tu ne devrais pas t’asseoir là. »

En plus d'être un esprit particulièrement aimable prévenant gentiment des accidents – après tout il risquait de tomber, s'il s'asseyait là-dessus – Hannes était extrêmement prêteur : quand on touchait à ses affaires, il faisait la grimace plutôt deux fois qu'une. Et quoi qu'il souriait d'un air tranquille, mieux valait se méfier de l'eau qui dort.
Même si à priori, quand bien même il en aurait rêvé, il n'aurait pas réussi à pousser ce gamin dans le puits. Ce n'était pas aussi simple que ça.
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Camille Rosenthal
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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Sam 20 Avr - 17:42

Un bruit soudain et Camille tourna la tête à s’en démettre l’épaule. A son plus grand dam, ce n’était pas un chat. Un chat gentil, pas farouche, noir ou blanc ou même roux, maigre sur ses pattes rachitiques ou plus gras qu’un diplomate porté sur la bonne chair, il s’en fichait pas mal. Fichue Providence. Un marmot emmailloté dans son petit ballot blanc aurait fait l’affaire –c’était son envie du moment, sa si belle obsession sous ce soleil ardent mais agréable sur son front, qui donnait à ses cheveux l’éclat froid de l’or blanc plus qu’il n’évoquait celui du blé. Les sourcils froncés, il scruta la place qui étalait son étendue vide et grossière derrière lui, par-dessus le trou béant du puits. Rien. Personne. Pas âme qui vive. Reprenant appui sur les paumes de ses mains, il se réinstalla plus confortablement et savoura le contact glacé et humide de la pierre moussue sur sa peau. Il y a tout de même de belles choses parfois, se prit-il à songer, des choses calmes pour vous apaiser. Il sourit, vit un chat passer en feulant et, le temps qu’il songeât à descendre pour lui donner la chasse, une drôle de voix retentit dans son dos. Ses omoplates semblèrent grincer des dents alors qu’il leur infligeait une énième torsion, décidé à gratifier son interlocuteur d’un regard aussi noir que le ciel était bleu ; mais la mer céruléenne, l’azur au-dessus de sa tête rappelaient trop leur couleur pour que ses efforts payassent vraiment.
Il put le distinguer du coin de l’œil et du coin de l’œil seulement, conscient que s’agiter, ainsi perché sur la margelle glissante, n’aurait rien eu de brillant. Il n’y avait que ce type pour le regarder, et force était de reconnaître qu’il n’avait pas l’air de se soucier beaucoup de ce qu’il pouvait faire. Le gamin lui trouva une tête sympathique, avec des cheveux clairs et des yeux comme il n’en voyait pas souvent. Je ne l’aime pas beaucoup, affirma alors Rosenthal avec conviction et sans mentir.

Piqué au vif, mais pénétré de l’indolence des lieux, Camille ne réagit ni aussi vite ni aussi férocement ni aussi insolemment ni aussi dédaigneusement qu’il ne l’aurait voulu. Les lèvres pincées, les sourcils froncés, un pli assez laid tordait sa bouche et dessinait une colère à grand renfort de contrariété sur son joli visage, le plissait, le barrait ici et là plus que de raison. Il ne le lâcha pas du regard, se tourna jusqu’à ce que ses jambes se balançassent de l’autre côté, dans le vide près de la poulie qui surmontait les ténèbres et la grisaille du puits. Peu d’égards pour ses pieds lorsqu’il se releva, au risque de basculer en avant :

« Je fais ce que je veux, dit-il, buté. Et je veux m’asseoir là. Je ne vois pas pourquoi ça serait interdit. »

Il n’avait pas cherché bien loin non plus.

« On ne t’a jamais appris à ne pas parler aux étrangers, toi ? Faut pourtant être sage, tu crois pas ? »
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Hannes Blanchfield
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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Lun 29 Avr - 6:43

Un mouvement de nuque et le garçon, quitte à se faire mal, tentait d'apercevoir l'élément étranger qui venait de s'insinuer dans son si paisible paysage. Hannes songea qu'il devait bien l'avoir entendu ; de là à dire s'il pouvait le distinguer, le voir ou seulement l'imaginer, impossible à dire. Son champ d'apparition était aussi large que la margelle lui semblait étroite : verra, verra pas, c'était quitte ou double. Il ne pouvait que faire un effort, désirer être vu et poser les pieds au sol en espérant, si ce n'était de tout son cœur, du moins d'une partie de son être qu'il deviendrait un tant soit peu tangible aux yeux de son interlocuteur. Verra, verra pas, verra ? Le dé roulait sur le plateau inégal, se heurtant par endroit à des aspérités qu'il ne pouvait sentir qu'en les frôlant du bout des doigts. Le dé roulait, le plateau tanguait et les morts, les vivants attendaient le résultat sans broncher : c'était ce que la majorité appelait, communément, le Destin ou les actions Divines. En ce moment-même, ces facteurs inconnus étaient la seule chose sur laquelle il puisse se reposer. Faire pencher la balance, s'accrocher à la structure et tenter d'influencer l'ensemble – pourquoi s'ennuyer ? Si ce n'était pas ce garçon aujourd'hui, c'en serait un autre le lendemain, dans dix ans, dans cent ans peut-être.
La vie de cet inconnu n'était rien de plus qu'un grain de sable. Alors leur potentielle conversation...
Mais ça, c'était à lui d'en décider. Il accorderait à ce jeune homme l'attention qu'il désirerait lui offrir. Alors ? Verra, verra pas ?

Verra.

D'un mouvement dans lequel il ne perçut que peu de douceur et de gentillesse – était-il agacé ? – le petit blond pivota, abandonnant ses jambes au vide du puits. Ses yeux magenta toujours rivés vers le fond, Hannes ne daigna pas immédiatement faire dévier son regard pour croiser le sien. C'était ici qu'il avait failli mourir, il y avait bien longtemps de cela : cet endroit avait un sens, un poids. Parfois, le vent ramenait jusqu'à lui des échos de fausses batailles et de cris paniqués ; parfois, il avait l'impression de s'endormir et de se réveiller la tête à l'envers – en criant « ne me lâche pas, Mavinn, ne me lâche pas ». Ce n'était pas très agréable.

« Je fais ce que je veux. Et je veux m’asseoir là. Je ne vois pas pourquoi ça serait interdit. »

Ce garçon non plus ne l'était pas. C'est mon puits, c'est chez moi ; mais il ne l'interrompit pas. Au lieu de ça, il fit glisser doucement la paume de sa main droite le long du rebord. Il s'imaginait les sensations aussi sûrement que ce garçon devait sentir ses paupières se clore ou sa peau frémir sous ce beau soleil : il existait, lui aussi.
Seulement personne n'était là pour le lui dire. C'était un peu triste.

« On ne t’a jamais appris à ne pas parler aux étrangers, toi ? Faut pourtant être sage, tu crois pas ? »

Un sourire indéchiffrable éclaira les traits du jeune homme. Être sage, hein ? Ses yeux clairs se posèrent sur la silhouette frêle de son interlocuteur, trop ternes ou peut-être trop vivants ; être un gentil garçon était effectivement important. Ne pas causer de soucis à ses parents. Ne pas faire du mal aux autres.
Mais celui-là... Hm.

« Qui ne devrait pas parler à qui, dis moi ? » Son sourire se figea sur un agacement aussi léger qu'il fut nettement perceptible. « Il serait préférable que de nous deux, tu sois celui qui t'inquiètes des étrangers. Tu ne voudrais pas te perdre ici. »

Ce n'était pas une question. Il n'aimait pas que des étrangers viennent donner des coup de pieds dans des pierres qui peut-être avaient été écrasées par ses propres chaussures des années auparavant, qu'ils jugent nauséabonde l'odeur reconnaissable entre toute de cette mer qu'il aimait tant.
Surtout, il ne voulait pas qu'un damoiseau inconscient se brise la nuque au fond de ce puits. Ça aurait été trop bête, vraiment. Cette pauvre poulie ne voulait plus voir d'accidents. Il le lui avait promis, comme l'on rassure un vieil ami.

« J'ai failli tomber dans ce puits, il y a bien longtemps, ajouta-t-il en tendant son bras gauche dans la gueule béante qui les séparait. Les enfants qui y grimpent causent bien du soucis à leurs parents. »

Ses paupières se fermèrent à demi, si bien que son visage semblait celui de quelqu'un qui hésite entre se réveiller ou se rendormir.

« Sais-tu ce qu'il y a de pire qu'une mère s'inquiétant pour son enfant ? »


Dernière édition par Hannes Blanchfield le Jeu 13 Mar - 18:40, édité 1 fois
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Camille Rosenthal
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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Mer 1 Mai - 17:35

Trop tranquille ; trop blond ? Trop maussade ? Trop plat ; trop moralisateur ? Les secondes empiétaient les unes sur les autres et pourtant, Camille ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce qui l’agaçait tant chez son vis-à-vis. Vrai qu’il n’aimait pas grand-monde, vrai qu’une sentence ne mettait pas longtemps à tomber, vrai qu’on ne peut rien contre ce que nous dit le cœur et vrai surtout pour ce gamin au visage dur debout sur la margelle. Il n’y avait rien qu’il sût mieux au monde, rien qu’il comprît avec plus d’aisance et rien surtout qu’il acceptât avec tant de complaisance. Il détestait les explications. Il fallait toujours en donner et force était de reconnaître qu’elles étaient trop souvent ennuyeuses et ne changeaient rien du tout à quoi que ce fut. Aurait-il éprouvé plus de sympathie à l’égard de ce pauvre paysan ? Probablement pas, aurait conclu Rosenthal avec le même fatalisme que les prédicateurs de fin du monde, mais beaucoup moins de gravité. Ce n’était pas si mal, de ne pas aimer les gens.
L’autre braqua enfin son regard sur lui. Camille le soutint d’un air de défi puis tourna la tête ; un peu plus loin le long de cette rue il devait y avoir de la pierre, après la pierre du sable et après le sable, la mer, des algues et du sel qui piquait les yeux et séchait les lèvres. Les sourcils froncés, ses pupilles revinrent à nouveau sur le garçon. Combien de temps comptait-il rester là, à gâcher le paysage ? Pas que cette suite de maisons et de cailloux plût tant que ça à Rosenthal –les draperies ne lui seyaient pas plus que la poussière de l’endroit. Cet idiot-ci devait être particulièrement idiot, songea-t-il avec un claquement de langue. Se perdre, lui ? A la bonne heure ! Ce village était bien petit en comparaison des rues rectilignes d’Imura qu’il avait visitée une ou deux fois, sans parler des pentes et des côtes de Premaris. A qui croyait-il s’adresser de cette manière ? Pour quel genre d’imbécile le prenait-il ? Qu’est-ce qu’il raconte, de toute façon, protesta silencieusement le sale gamin, je parle à qui je veux quand je veux où je veux et si je veux. D’’autant que ce type n’avait pas l’air si dangereux.

Détestable sans doute. Peut-être, il ne le connaissait pas –et qui ne l’était pas dans le fond. Les étrangers dans des lieux comme celui-là ne l’étaient pas pour longtemps et n’en avaient strictement rien à faire. Rien du tout. Camille ne savait pas se défendre mais n’avait peur de rien parce qu’il ne s’inquiétait pas de grand-chose lui non plus. Pas de lui, et moins encore des autres. Son interlocuteur tendit le bras et Camille espéra du fond du cœur qu’une créature issue des profondeurs les plus noires de cette terre le lui dévorerait. Aucun poisson maléfique n’exauça son souhait et il reprit la parole :

« J'ai failli tomber dans ce puits, il y a bien longtemps. Les enfants qui y grimpent causent bien du soucis à leurs parents. »

Camille baissa la tête ; le soleil blessait ses yeux et il n’avait jamais eu vraiment le vertige, pas même depuis le haut du toit. Ici, il n’apercevait pas le fond, simplement une eau noire et des parois humides. Quel âge avait-il ? Le petit gardait le bras du garçon en vue, il le scrutait du coin de l’œil sans chercher à savoir pourquoi. Il parle bien pour un plouc, siffla Rosenthal, mais rien de folichon. Il s’asseyait où il voulait et faisait ce qui lui chantait quand bon lui semblait de le faire, car si Camille ne s’inquiétait pas de lui et encore moins des autres, ses parents appartenaient à une catégorie à part. Ils faisaient partie de ces gens dont le sort, faute de l’indifférer, le réjouissait presque s’il était mauvais. Il jubilait lorsque sa mère cassait un vase et se coupait, quand il passait des heures dehors et revenait couvert de bleus et qu’elle pleurait parce qu’elle avait eu « si peur ».
En revanche grimper sur un puits, il ne voyait pas le mal. Il ne pensait pas pouvoir tomber. Il se pensait plus fort que tout le monde.

« Sais-tu ce qu'il y a de pire qu'une mère s'inquiétant pour son enfant ? »

Camille balança un pied dans le vide, la main posée sur la pierre, intrigué. C’était un jeu de devinettes ? J’ai jamais été bon à ça, se plaint-il vaguement avant d’agiter la tête de droite à gauche. Il ne voyait pas. Non pas que cette perspective lui causât tant d’effroi qu’il ne sût plus que dire ; mais il y avait tellement de choses ! Objectivement la guerre –les mères s’inquiétaient-elles lors des guerres ? Il y avait un petit-déjeuner mal préparé, les allergies, les maladies, les amoureux qui se séparaient et un bon millier de choses beaucoup plus graves qui lui traversèrent l’esprit en bruyante cavalcade.

« Faut vraiment être bête pour tomber, même si t’étais tout petit, cracha-t-il. Je sais pas, un tas de trucs ? »

Camille s’accroupit et posa ses coudes sur ses genoux, son visage sur ses mains.

« Tu dis des choses bizarres, et tes devinettes sont nulles. »
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Hannes Blanchfield
Hannes Blanchfield

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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Lun 13 Mai - 20:51

En suspend dans l'air comme un écho voué à se répéter sans fin, Hannes aurait pu retenir son souffle si seulement on ne le lui avait pas volé. Noyé, étranglé, poignardé ? Ce garçon ne se rendait pas compte à quel point cet unique fil écarlate le maintenant en vie était fin, fragile, traître. L’insouciance état une chose étrange, presque magique quand on la regardait de son point de vue. Un petit grain de sable ; un flocon de neige dont le destin était de fondre, de s'engouffrer dans le cœur et d'asphyxier les poumons. C'était un très, très joli poison. Presque autant que la simplicité avec laquelle ils parlaient autour de ce puits. Supposer que tout ne tenait qu'à ce minuscule fil prêt à rompre rendait la vie aussi drôle qu'un spectacle de marionnette. Qui va tomber, quand, comment, pourquoi ? Le marionnettiste ne devait pas beaucoup tenir à ses créations.
Le garçon balançait sa jambe dans le vide, pas plus idiot qu'un autre et complètement stupide pourtant : son sourire ne le quitta pas. C'était important de bien présenter, d'avoir l'air avenant. Son sourire était important. La lueur intriguée qui animait ces deux jolis yeux bleus, réconfortante pour qui aimait tant être regardé, ne s'éteignit pas quand un mouvement de tête négatif vint offrir les prémices d'une réponse à sa question. Non ; eh bien. Non. Il aurait dû, mais non – il aurait vraiment dû. Quand on décide de s’asseoir au bord du gouffre, d'être maladroit ou de voler ses voisins, on devrait toujours connaître les risques, s'attendre à des représailles d'une part ou d'une autre. Quand on agit correctement, également. « Je ne savais pas que ça finirait comme ça » était si facile, si tentant. Si insupportablement aberrant et ridicule. Tu as mis ta main trop près du feu ; on rira et ce sera bien fait, bien fait, bien fait.
Hannes cligna des yeux. Qu'y a-t-il de pire qu'une mère s’inquiétant pour son enfant, alors ? Il aurait été tenté de dire rien. Il s'insupportait lui-même, parfois. Souvent.

« Faut vraiment être bête pour tomber, même si t’étais tout petit. Je sais pas, un tas de trucs ? »

Effectivement, soupira-t-il en silence. Il fallait être très bête, très imprudent ; à partir de là, le moindre facteur externe pouvait faire pencher irrémédiablement la balance. Quelqu'un qui vient vous tirer les pieds, l'aboiement d'un chien qui rompt le silence et vous fait perdre l'équilibre : la pluie traîtresse qui rend les pierres glissantes, le manque de sommeil qui, un instant, laisse votre corps à l'abandon et le fait basculer dans un oubli noir et humide. Tomber dans un puits n'était pas exactement une mort glorieuse.
« Un tas de trucs » aurait pu, ce jour-là, faire tomber ce garçon dans les eaux qui patientaient sous eux. Hannes pouvait voir les possibilités comme autant de ciseaux décidant au dernier moment de dévier leur route. Joli petit fil.

« Tu dis des choses bizarres, et tes devinettes sont nulles. »

Un rire clair s'échappa de sa gorge. Il aurait aimé lui dire qu'il n'avait pas l'habitude de parler, tant ses silences étaient longs et vides de sens ; mais sans doute aurait-il pris cela pour une autre devinette, un jeu de mot ou d'esprit sans grand intérêt pour quelqu'un de son âge. Il n'aurait pas eu tout à fait tort non plus. Après tant d'années emmuré entre deux mondes, il avait dû perdre le sens des réalités et des conversations simples. Ce qui pour les vivants n'était qu'une formalité relevait de l'exceptionnel dans son existence : parler n'était pas sa norme.
D'un mouvement suffisamment lent pour ne pas effrayer son vis-à-vis, le jeune homme releva le bras et le ramena près de lui, accoudé à la margelle. Ce n'était pas le moment de lui faire peur ; il n'avait aucune envie qu'il se brise le cou. Pour l'instant.

« Un enfant qui donne à sa mère des raisons de s'inquiéter. »

Dos droit, paumes des mains appuyées sur le rebord, il mordilla pensivement sa lèvre. Ses mauvaises manies le poursuivaient jusque dans sa mort. Mère aurait été ravie.

« Si tu n'as pas envie qu'on t'insultes, tu gagnerais à être aimable. » Il pausa un bref instant. « Soit tu n'as pas peur de tomber, soit tu es persuadé que tu ne tomberas pas. L'un comme l'autre... »

Sont stupides. Il resta coi, les yeux rivés sur le garçon.

« Tu n'es pas beaucoup moins fragile qu'un chat, tu sais. »


Dernière édition par Hannes Blanchfield le Jeu 13 Mar - 18:48, édité 1 fois
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Camille Rosenthal
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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Lun 27 Mai - 0:53

Camille soupira de dépit ou de dédain et fit la moue : voilà ce qui finissait par arriver lorsque l’on se risquait à tout miser sur la chute ! Cette devinette ne lui plaisait décidément pas, de sa formulation alambiquée à sa réponse incompréhensible. Eh quoi ? Une mère ? Du souci ? Un sale garnement qui ne faisait que des conneries parce que l’envie l’en prenait de temps en temps ? Il chercha une seconde le caractère horrible et exceptionnel que semblait devoir revêtir la chose aux yeux de son vis-à-vis, en vain. « C’est rien du tout », objectait sans cesse la voix de la raison –à moins que ce ne fut la sienne propre qu’il prît pour elle. Elle était sacrément geignarde et lui tapait sur le système, en tout cas. Autant que celle, douceâtre, de ce type aux sales blagues. Elles avaient un ton moralisateur qui ne lui revenait pas. Je suis très aimable, se rabroua-t-il. Très, très aimable. Et très honnête. Assez pour ne pas rire de ses devinettes stupides s’il les trouvait nulles, assez pour reconnaître ne pas avoir la réponse, assez pour l’envoyer paître s’il tenait à le faire descendre de la margelle, glissante il en convenait, de ce trou noir et humide et profond et probablement plein d’eau qui n’aurait pas manqué de le tremper jusqu’aux os –

Qu’il aille se faire voir, cet enfoiré, grogna le blond. Il suivit du regard chacun de ses mouvements, amples et lents. L’espace d’une seconde, il crut qu’il allait attraper sa jambe, son bras, le tirer et le faire tomber dans le gouffre avec un sourire amusé. Un pincement au cœur lui arracha une grimace. Rosenthal vacilla un moment et se raccrocha à la pierre :

« Soit tu n'as pas peur de tomber, soit tu es persuadé que tu ne tomberas pas. L'un comme l'autre... »

Le petit haussa les épaules, passa rapidement sa langue sur ses lèvres sèches et parut hésiter un instant. Pourquoi serait-il tombé ? Agile ou presque, il faisait attention, ses semelles ne ripaient pas contre la mousse, il était sûr de lui. Un vol de quelques mètres n’avait jamais tué personne ou, à défaut de pouvoir l’affirmer avec un aplomb plus rassurant, lui n’en était jamais mort. Preuve en était qu’il se tenait là, devant cet abruti fini, à discuter bien tranquillement. L’un comme l’autre quoi ? Quoi, se demanda-t-il. Il fait quoi, c’est quoi l’un comme l’autre ? Pourquoi il finissait pas ses phrases ?

C’est quoi, son problème ?

« Tu n'es pas beaucoup moins fragile qu'un chat, tu sais. »

Un frisson courut le long de son échine et fit se dresser les poils de ses bras. Le blond ne se souvenait jamais de ce qu’il racontait lors d’une conversation. Les mots dévalaient sa gorge et glissaient sur sa langue sans laisser de trace. Sitôt dits, sitôt relégués aux oubliettes. Avait-il mentionné un chat ? Il y avait pensé, encore et encore, tant et si bien que ça n’aurait pas été si étonnant que ça qu’il l’eût fait mais –mais il ne pensait pas l’avoir fait, pourtant. Le sale gamin incrédule pensa à une coïncidence. Le chat serait-il mort s’il l’avait pris à bras le corps et jeté dans le puits ? Un petit corps gonflé qui aurait empesté l’eau de tout le village, ça leur aurait fait les pieds.

Lui n’en serait pas mort. Il aurait grimpé, se serait agrippé à la paroi au prix peut-être de quelques ongles. Camille ouvrit la bouche, se ravisa et ne dit rien, l’air pensif. Une fois n’était pas coutume. Plus fragile qu’un chat, vraiment ? A peine moins ! Il ne demandait qu’à le voir.

« Pourquoi un chat ? », questionna-t-il de but-en-blanc.

L’essentiel posé, il secoua la tête et posa un pied sur le sol, puis l’autre, à contrecœur, avant d’imiter la posture de l’autre et de s’accouder à la pierre, boudeur.

« Descendu, content ? Arrête de me regarder. Tu veux faire le concours de qui fixera l’autre le plus longtemps ? Je suis imbattable. T’aurais aucune chance, Monsieur-Bizarre. »

Yeux bizarres et drôle de tête, récita-t-il avec une méchanceté puérile. Camille baissa les yeux, mais les releva bien vite :

« T’as une autre blague ? Tu peux te rattraper. Tiens, devine à quoi je pense. »

Camille sourit pour lui-même. Il jouait souvent à ce jeu avec Silvian.
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Hannes Blanchfield
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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Sam 8 Juin - 5:39

Pas beaucoup moins fragile qu'un chat, non. Ses yeux magenta, véritables puits sans fonds vers l'autre monde, fixèrent la nuque du garçon un court instant. Combien de force cela aurait-il demandé ? Le poids de genoux contre la poitrine, l'assurance de quelques années en plus et l'étau meurtrier de doigts serrés autour d'un cou si fin – combien de force, alors, combien de temps pour venir à bout d'une silhouette si chétive ? Presque rien. Une poignée de minutes. Un peu de chance. De la colère. Ou de la tristesse. S'il s'était rendu compte à quel point ce corps lui était nécessaire et précieux, peut-être en aurait-il pris plus grand soin.  Peut-être. Regarder ces parents quitter leurs enfants des yeux sans s'en préoccuper, observer des imbéciles courir à perdre haleine sur les falaises, voir des colosses tanguer dangereusement sans se soucier de leurs pieds d'argiles, tout ces détails et ces frayeurs étaient autant de choses qui mettaient les nerfs de l'apparition à vif. Ce garçon aurait du faire attention à lui. Vraiment. Ce corps était un véritable don de Dieu, oui ?
Lui n'en avait plus. Voir les autres malmener quelque chose qu'il désirait tant, poings serrés sur l'inconsistance de son être, l'emplissait d'une colère sourde et muette. Le monde était si injuste. Si profondément injuste.
A la question de son vis-à-vis, pas moins justifiée qu'elle était pertinente, Hannes répondit par un sourire mélancolique et un haussement d'épaule songeur. Pourquoi un chat, hein ? Ça aurait pu être une souris, un furet, n'importe quel petit animal dont la présence ici aurait été souhaitée, possible. Lui n'en savait rien ; pourquoi cette pauvre bête plutôt qu'une autre ? Ce n'était pas à lui qu'il fallait poser la question – mais encore eut-il fallu qu'il y ait quelqu'un d'autre qu'eux pour y répondre. Pauvre chat.
Chaque centimètre qui rapprochait toujours un plus le petit blond du sol apaisa petit à petit la tension qui faisait vibrer les iris du jeune homme. Il avait assisté à bien assez de drames pour ne plus en savoir tracer une ligne correcte entre le bien et le mal, le tragique et le comique : mais un enfant qui tombe, un enfant dont les parents s'inquiètent, ce n'était jamais, jamais, jamais – jamais drôle. Jamais. Il n'aurait pas su en rire, pas plus qu'il n'aurait su en pleurer, seulement quelque part au fond de lui des éclats douloureux se seraient réveillés pour venir se planter droit dans son âme. Il le savait. C'était toujours pareil.
Les enfants ne faisaient jamais rien comme il fallait. Ensuite, tout le monde pleurait. Il suffisait d'un geste maladroit, d'une enfant apeurée, d'une mère qui veut sauver sa fille et déjà les flammes s'empressaient de dévorer ce qui restait d'amour en vous. Les cris ne cesseraient jamais vraiment, ensuite ; il se demanda s'il le savait. Probablement que non.

« Descendu, content ? » Il acquiesça ; du bout des lèvre, traça un 'merci' silencieux. « Arrête de me regarder. Tu veux faire le concours de qui fixera l’autre le plus longtemps ? Je suis imbattable. T’aurais aucune chance, Monsieur-Bizarre. »

Vraiment ? Le sourire d'Hannes s'élargit. Il était amusant, en fait. Irresponsable et dangereux pour lui-même, mais amusant – détail de taille pour lui qui s'ennuyait tellement, tellement. Sa vie semblait plus amusante que l'absence dans laquelle il évoluait. Il aurait aimé être à sa place. C'était un sentiment fréquent qui l'assaillait chaque fois qu'il avait l'occasion de converser avec un vivant : des frissons de jalousie, de répulsion. Des envies brutales de les pousser dans un puits, de les punir pour ses propres erreurs en les précipitant dans le vide ; un besoin tout naturel de briser la solitude qui l'entourait.
En les tuant tous. Ça aurait été d'un morbide, n'est-ce pas ? Grand bien leur en fasse, la colère était chez lui aussi passagère que la joie.

« T’as une autre blague ? Tu peux te rattraper. Tiens, devine à quoi je pense. »

Son sourire fanait déjà.
Le ranimant d'un simple mouvement des lèvres, il traça d'un geste distrait des arabesques sur la margelle, du bout de l'index. Monsieur-Bizarre n'avait pas de blague ; juste des courants d'air. Quelle malchance pour ce garçon.

« Comment pourrais-je savoir ? Je ne suis pas devin, assura-t-il avec un amusement nettement perceptible. Simplement... »

Son regard ne se détacha pas à un seul instant de la silhouette du garçon. A qui fixera l'autre le plus longtemps, il n'aurait jamais pu perdre. Même une fois disparu en lignes troubles, ses yeux auraient pu continuer de suivre ses moindres faits et gestes, ses soupirs et ses petites colères. C'était lui le numéro un. Il gagnait toujours à ce jeu-là. Personne ne voulait être hanté par qui que ce soit, cependant.
Quelle drôle d'idée. Sa présence était pourtant si charmante.

« … un tant soit peu perspicace, pourvu que le sujet ne soit pas trop complexe. Pourquoi es-tu seul ? »


Dernière édition par Hannes Blanchfield le Jeu 13 Mar - 18:52, édité 1 fois
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Camille Rosenthal
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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Jeu 13 Juin - 23:22

Pour un peu, Camille eût presque cru l’autre type vraiment inquiet et sincèrement soulagé lorsque ses pieds, avec une lenteur délibérée pleine d’une prudence qui lui était peu coutumière, avaient touché le sol, soulevant dans leur atterrissage un minuscule nuage de poussière aussitôt emporté par une gentille brise. Un corps dans l’eau, ça schlingue sérieusement, commenta-t-il pour lui-même dans toute son élégance. On n’allait pas non plus creuser des puits partout sous prétexte qu’un macchabée  s’amusait à gonfler dedans comme un ballon ; on n’allait pas non plus se laisser mourir de soif. Eh quoi, il eût fallu le repêcher, alerter tout le monde, rameuter un bonhomme, une perche et ç’aurait été bien embêtant –ceci, affirma le blond drapé d’un aplomb qui ne souffrait pas la moindre remise en question, explique cela. C’était plutôt morbide, mais loin d’être effrayant –d’autant moins que ses jambes ne gondolaient plus à quelques centimètres, ridicules, du vide.

Son petit manège sembla en tout cas arracher un sourire à son vis-à-vis, ce dont Rosenthal ne sut exactement s’il devait s’en admonester ou s’en féliciter chaudement. Le crétin se fichait peut-être de lui ; l’abruti était peut-être juste content ; qu’en savait-il, lui, et qu’est-ce qu’il s’en fichait ! Pas ses affaires, au fond, en vertu de quoi il ne fit rien du tout. Son expression demeura inchangée alors que celle du garçon de l’autre côté des murets moussus prenait une teinte moins chaude. Il était le meilleur à ce jeu-là, pas de doute. Imbattable, invaincu. Et même lorsque l’autre se lassait de le fixer sans rien faire ni rien dire, lui continuait parfois à regarder à leur insu par l’interstice des rideaux. Un sourire goguenard dégoulinant sur ses lèvres, il fixa ses pensées vagabondes sur un mot particulier. Un jeu ne se jouait tout de même pas sans règles : ce serait alors « lézard » ce jour-là. Il pensait très fort à un lézard.

« Comment pourrais-je savoir ? Je ne suis pas devin. Simplement... »

Les yeux plissés, nettement agacé, Camille posa son menton sur ses mains, accoudé à la margelle. Les rayons du soleil doraient sa peau et, Grâce à dieu, parvenaient à grand renfort de chaleur doucereuse à améliorer son humeur. Et le chat, alors, grogna-t-il dans sa barbe. Si c’était pas un coup de devin, c’était quoi ? De la chance ? Quelle explication pourrie. Suspendu aux paroles de son interlocuteur, il ne saisit pas même l’opportunité de l’interrompre sur laquelle, il s’en ferait la remarque plus tard, il eût dû sauter. Le fin mot de l’histoire l’intéressait ; si ce n’était pas exceptionnel, la curiosité ne figurait pas pour autant parmi ses admirables qualités.

« … un tant soit peu perspicace, pourvu que le sujet ne soit pas trop complexe. Pourquoi es-tu seul ? »

Grimace à nouveau, moue derechef. Le gamin fixa les motifs tracés sur la pierre, invisibles, par l’index de l’autre. Une seconde, il chercha à se souvenir du sens exact de ce mot : « perspicace ». Puis il laissa filer, conscient qu’au final rien de plus qu’un sens vague et global ne lui reviendrait, conscient aussi que poser la question ne l’eût pas emmené bien loin ou que la réponse n’eût rien eu de passionnant. Il ouvrit la bouche, prêt à rétorquer dieu seul savait ce que sa langue venimeuse lui eût inspiré comme parole ; mais aucun son n’en sortit. Où les gens allaient-ils pêcher tous leurs « pourquoi » ? Pourquoi ceci, cela, et encore ci, ça, et ça, et lui s’en fichait, il s’en fichait tellement qu’à chaque fois un soupir excédé ne manquait pas de fendre l’air.

Il mordit consciencieusement l’intérieur de sa joue droite. Les questions les plus simplement formulées n’étaient pas automatiquement celles dont la réponse était la plus évidente. Cet imbécile eût pu lui demander la couleur du ciel ou des nuages, ç’aurait été plus sympa.

« Parce que, lâcha-t-il de but en blanc. Je… J’aime bien. »

J’aime bien être tout seul, je n’ai pas d’amis, je vis bien sans. Personne pour lui voler la vedette, personne pour s’accaparer tout son temps, lui casser les pieds, la tête, les oreilles, les rotules. Il y avait tout un tas de jeux auxquels on ne pensait jamais à deux. Il avait le temps de penser, de perdre du temps, d’aller où bon lui semblait –il le pensait sincèrement, sans se poser de questions. Camille savait qu’il était plutôt solitaire, il savait aussi qu’il ne risquait pas de se promener en bord de mer avec sa mère comme il l’avait déjà entendue le lui demander, mais il n’était pas malheureux. Loin s’en fallait. Juste tout seul, en bon globetrotteur.

« Et t’es pas là, peut-être ? Je suis pas tout seul, du coup. On joue à un truc ? »
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Hannes Blanchfield
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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Jeu 27 Juin - 4:25

L'agacement du vivant traversa le mort sans le toucher ; il n'en sourit que plus encore. Ce garçon pouvait se sentir frustré, floué, énervé, pouvait se dire qu'il lui avait menti, que son silence cachait quelque chose, peu importe : tout cela n'avait pas la moindre importance. L'honnêteté était un luxe qu'il ne pouvait se permettre, ou du moins pas toujours – pas quand il en aurait eu besoin. Tant mieux, tant pis. Il fallait exister malgré tout, sans rien espérer de plus. Ignorer les questions qui lui lacéraient les côtes. Comment aurait-il réagit, s'il lui avait avoué que son corps pourrissait dans un cimetière ? Qu'aurait-il dit, quelle expression la surprise ou l'incrédulité aurait-elle peinte sur son visage ? Aurait-il eu peur ? L'aurait-il cru ? Aurait-il pensé qu'il se moquait de lui, aurait-il cherché à vérifier ses dires ? Hannes n'en avait pas la moindre idée. Son jeu de devinettes rencontrait ses limite de cruelle façon à chaque nouvel embranchement. Ce qui n'était pas fait était impossible à deviner. Il s'en serait mordu les doigts.
S'il avait pu se blesser en le faisant, il l'aurait fait.
Sa main, légère et comme autonome, s'appliqua à dessiner sans relâche prénoms et visages sur la pierre familière du puits. Des yeux, il détailla la silhouette fragile du garçon : et plutôt que des mots, ce fut un agréable silence qui s'échappa d'entre ses lèvres. Du vide. De l'air. Il l'observa, curieux, oublieux du monde extérieur ; pour l'instant, son univers se résumait à cette personne. Ce genre de raccourcis l'aidait à se concentrer. Il y avait trop de facteurs, trop de possibilités, trop d'imprévus qui dansaient en périphérie de son être – tant et si bien que les écouter aurait rendu toute discussion impossible. Il devait rester concentré s'il ne voulait pas être emporté par un courant d'air.

« Parce que. Je… J’aime bien. »

Son premier réflexe, yeux écarquillés, fut de se demander « comment ? ». Comment pouvait-il affirmer une telle chose, comment pouvait-il aimer et supporter la solitude ? De son vivant, il n'avait cessé de conserver chaque compliment comme l'on cueillerait une fleur, persuadé que ce bouquet d'éloges parviendrait à effacer l'absence qui lui perçait le cœur. Des amis qui n'en sont pas, peu importe tant qu'il y en a – des rires, des éloges, des regards. Surtout des regards. A présent qu'il était mort, sa solitude avait pris des dimensions beaucoup plus tangibles ; voir son visage se refléter dans les yeux de quelqu'un d'autre était la seule preuve qu'il parvenait à avoir de sa propre existence. Souvent, l'eau refusait de dessiner ses traits. Les miroirs refusaient d'admettre sa présence.
Alors parfois, il se demandait s'il existait vraiment. Personne ne venait répondre à ces questions-là.

« Et t’es pas là, peut-être ? Je suis pas tout seul, du coup. On joue à un truc ? »

Il y eut comme un relent amer, une vague de gris et de vert dans ces paroles lancées le plus simplement du monde. Un instant, déstabilisé, il ne sut que répondre. Il aurait aimé lui dire qu'ils étaient tout les deux seuls, que c'était drôle à en pleurer et que la vie ne réservait pas que des bonnes surprises ; ne le fit pas. Sourit, indécis – cessa de dessiner, trembla un bref instant. Se reprit. Il n'y avait rien de mal à jouer, rien de mauvais dans le fait de faire semblant. C'était même plutôt agréable, non ? Jouer au roi, jouer au vivant... Ses aspirations avaient changé mais pas leur ridicule. Il avait toujours aimé viser bien trop haut.
Dos droit, un sourire ni rassurant ni inquiétant aux lèvres, il frappa ses mains l'une contre l'autre.
Elles se heurtèrent sans un bruit.

« Excellente idée ! s'exclama-t-il avec une bonne humeur nouvelle. A quoi voudrais-tu jouer, alors ? Quels jeux connais-tu ? »

Dans un sourire parfaitement innocent, Hannes croisa ses mains derrière son dos.

« Ils ne doivent pas impliquer d'animaux jetés à la baille, ajouta-t-il pensivement. Je ne veux pas non plus y mêler d'autres personnes. Ça te va ? »

Peu le voyaient ; encore moins s'il ne leur prêtait pas attention. Si une tierce personne s'approchait pour demander à cet étranger ce qu'il faisait là seul, l'apparition savait parfaitement que le prochain battement de cil l'aurait chassé de son champ de vision.
Ce n'était pas le genre de jeu auquel il aimait jouer. Loin de là.


Dernière édition par Hannes Blanchfield le Jeu 13 Mar - 18:53, édité 1 fois
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Camille Rosenthal
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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Dim 7 Juil - 15:12

Camille adorait jouer ; comme un enfant de dix ans, comme un gamin de cinq ou de huit, et dieu ce qu’il pouvait se contrefoutre que de telles distractions ne fussent pas de son âge. Le temps était bien vieux comme le monde, et personne ne lui reprochait de toujours jouer à chat. L’idée ne lui semblait pas mauvaise et, aussi peu observateur qu’il fût, il remarqua l’expression changeante de l’autre garçon. Sourcils froncés, nez plissé, le menton négligemment appuyé sur les paumes de ses mains, il riva sur lui un regard interrogateur. Celui-là, nota alors Rosenthal, il doit avoir un petit problème avec les jeux. Qu’un mistral ou une charmante brise troublât l’eau dormante, il n’en avait rien à faire. Ce qui le préoccupait plus sérieusement n’était ni si beau ni si altruiste : s’il l’envoyait paître, alors ? Plus il parlait, moins il pensait. Une balance ridicule dont il ne pouvait se départir –mais s’il l’envoyait paître, donc ? Maintenant qu’il se taisait et que ce type ne jouait plus les sibylles, il avait bien le temps d’y réfléchir.

Il déglutit péniblement et se redressa avant de longuement s’étirer. Comme un chat, eût-il pu remarquer non sans une certaine ironie. Les mains un instant tendues vers le ciel et son soleil doucereux, il tâcha de n’y plus penser. Ne vois pas ça comme une faveur que je te demande ; je peux aussi bien jouer tout seul. Y avait-il vérité plus concrète en ce bas monde ? Jouer seul ou à deux, ce n’était pas la même chose. Cela dit une tarte à  la pomme et à la cerise non plus, et elles se valaient au sens, raffiné s’il en était, du palais de Rosenthal. Sans doute parce que les explications lui paraissaient toujours si dérisoires, il se contenta d’apprécier la légèreté soudaine de son estomac et sa gorge, dégagée et prête à lancer quelque réplique, aimable ou cinglante. S’il tapait dans ses mains, s’il se réjouissait, ce n’était pas pour tourner les talons en jouant au plus malin. Déjà, Camille élaborait un plan : rien de compliqué, les règles n’avaient jamais été son fort. Au premier qui attrape un chat, sourit-il, pourra le faire tomber dans le puits.

« Excellente idée ! A quoi voudrais-tu jouer, alors ? Quels jeux connais-tu ? »

Une bonne humeur communicative allait et venait entre les deux garçons. Elle passait, allègre, au-dessus des flots noirs du puits. Camille gratta de l’ongle de son index la mousse qui avait poussé dans l’interstice frais entre les pierres et s’accorda une brève seconde de réflexion. Il connaissait bon nombre de jeux, mais aucun ne s’imposait à lui avec suffisamment de force pour chasser les autres. Il y avait le loup, les osselets, cache-cache, il y avait le roi, la guerre, il y avait ci, ça. Tenir les deux rôles à la fois n’avait rien d’amusant, il l’avait largement éprouvé. Buté, il resta sur son idée première : un machin poilu à quatre pattes hantait ces rues et il entendait bien mettre la main dessus. Du moins jusqu’au moment fatidique où Monsieur Les Devinettes se décida à jouer les trouble-fête :

« Ils ne doivent pas impliquer d'animaux jetés à la baille. Je ne veux pas non plus y mêler d'autres personnes. Ça te va ? »

De sa tête baissée au pli désapprobateur de ses lèvres, tout son être hurlait à plein poumons la même réponse : non. Elle tenait en trois lettres ridicules, coups de couteau malheureux qui tuèrent en un instant sa gaieté. D’autres personnes, il le concédait de mauvaise grâce, mais il y avait des limites à ce qu’il pouvait accepter, fût-ce à contrecœur. Il tenait à son projet et d’un seul coup, tous les autres lui semblaient soit injustes, soit trop ternes : l’autre devait connaître toutes les bonnes cachettes, lui n’en voyait aucune. Il était plus grand, courait sûrement plus vite. Il devait emprunter chaque jour foultitude de raccourcis dont Rosenthal ne soupçonnait pas seulement l’existence. Il n’avait pas le plus petit début de chance de l’emporter, et la défaite avait toujours cet arrière-goût amer ; bon sang, jura le blond, c’est pas son goût dégueulasse qui va la sauver.

Parti dans une piquante diatribe, Camille comprit ce qui ne lui plaisait pas chez ce type : ses façons de parler trop polies et son sourire mesquin, tout ce qui devait justement plaire à tout le monde –mais jamais à lui, jamais de la vie, ponctua le gosse avec humeur. Enervé, il donna un violent coup de pied dans un caillou, dont le crime consistait vraisemblablement à être posé là comme un parfait imbécile, décidé à faire passer le message.

« Ça me va pas, répondit-il, pour le moins laconique. Mais bon. »

Incapable de pardonner, infichu de renoncer à son jeu, Camille se retrouvait devant un dilemme cornélien : on ne jouait pas avec ses ennemis et on ne détestait pas ses amis. La vie était mal faite en un sens. Sa bouche s’ouvrit et articula le début d’un « pourquoi » vexé qu’il laissa retomber, fade, le long de son œsophage. Il s’en fichait, de pourquoi. L’important était que c’était, point final.

« Tu connais toutes les meilleures cachettes, alors que moi je suis carrément jamais venu ici. C’est pas du jeu, se plaignit Camille d’une voix de fausset. On peut jouer à chat, et celui qui perd a un gage. Pas le droit d’aller dans les maisons. On n’attrape pas facilement Camille le Magnifique ! »

Comment diable perdait-on à chat ?
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Hannes Blanchfield
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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Mar 16 Juil - 2:45

Égoïste et égocentrique, Hannes voulait être, fut-ce pour quelques minutes seulement, le centre du monde de son interlocuteur. Que ce garçon rit de lui, le haïsse ou le maudisse : qu'il le fasse exister, puisque quoi qu'il arrive il l'oublierait l'instant suivant. Ce n'était pas tant espérer. Il ne demandait pas la lune. Tout ce qu'il voulait, c'était un peu d'attention. Des yeux posés sur lui. S'il voulait jouer, ils joueraient ; parler était déjà un jeu en soi, alors qu'importe. Percevoir un sentiment quelconque dirigé à son égard le rendait plus heureux que n'importe quel vivant. Jouer, c'était exister. Parler, c'était exister. Ça laissait des traces, des souvenirs, des poussières qui ne s'en allaient qu'à force de temps et d'oubli ; alors que passer sa main à travers un mur, ça ne laissait rien. Sourire à un inconnu non plus. S'il était le seul à se rendre compte de sa présence, c'était autant ne pas être là. S'il était seul derrière sa vitre teintée, il ne voulait pas être là. Il ne voulait pas.
Amusé par l'expression que sa précision avait peinte sur le visage de l'étranger, le spectre savoura à sa juste valeur ce qu'il considérait comme une victoire. Il ne jetterait pas d'animaux à la baille : en plus d'être cruel envers une bête sans défense, ce geste aurait certainement causé de la peine à l'enfant de la famille à laquelle il appartenait. Ces personnes lui étaient toutes familières, d'une certaine façon. Aussi sûr que la mer était son royaume, ce village était le sien ; jamais il n'aurait laissé qui que ce soit le défigurer sans entrer dans une colère sourde. Et puis, pauvre chat. Il n'avait rien demandé à personne. Ce n'était pas le rôle des morts que d'emporter les vivants dans leurs tombes, êtres humains ou non. S'il ne pouvait pas gagner, où était l'intérêt ?

En un sens, Hannes savait pertinemment qu'il avait perdu d'avance. A ne même pas être certain de pouvoir le toucher sans le traverser, comment espérer l’attraper ? Sa fierté lui était devenue si accessoire.

« Ça me va pas. Mais bon. »

Sa remarque ne le surprit pas. Dans un bref haussement d'épaule, tout sourire, le jeune homme sentit le vent déplacer des mèches de cheveux qui ne poussaient plus depuis longtemps. Ce n'était pas comme s'il lui laissait le choix ; eut-il refusé ses conditions – mais il ne le ferait pas – le spectre se serait contenté de tourner les talons. Ne pas être rattrapé l'aurait peiné. Vraiment, il n'y tenait pas. Si ce garçon jouait par gagner, il n'avait rien à craindre de sa part : il n'avait jamais été le meilleur pour retrouver les silhouettes cachées dans les recoins ou courir après des enfants plus vifs que lui. Les rares fois où il avait couru après son frère, ils avaient fini par se rouler dans la poussière et perdre de vue qu'ils devaient s'élancer l'un après l'autre, et pas se tirer les cheveux ou se mordre le bras. Enfants stupides.
D'un regard indécis, il regarda les lignes troubles de ses mains. Que n'aurait-il pas donné pour sentir du tissu ou de la peau sous ses doigts...

« On peut jouer à chat, et celui qui perd a un gage. Pas le droit d’aller dans les maisons. On n’attrape pas facilement Camille le Magnifique ! »

Camille le Magnifique, hein ? Son sourire se courba sur une ligne mélancolique. Ses cheveux étaient trop blonds, son arrogance presque étouffante ; les sentiments contraires qui se bousculaient dans l'esprit du jeune homme auraient pu faire autant de miracles que de morts. La réflexion logique était à portée de main, juste là – et en tendant les doigts, peut-être aurait-il approché de ces pensées concrètes qui traversaient sans cesse les yeux des vivants.
Si seulement il avait fait plus attention, il aurait encore eu les doigts nécessaire pour appuyer sur cette foutue clenche.

« Eh bien. Ce sera Camille le Magnifique contre Sa Majesté Hannes, dans ce cas. »

Son rire sonna étrangement creux dans le vide de l'endroit. Il n'avait ni écho ni portée ; existait par et pour lui-même, sans se préoccuper de la géographie ou du temps.

« C'est parfait ; jouons à chat. Je vais essayer de t’attraper. Fais attention à ne pas trébucher, d'accord ? »

Fausses préoccupation. Qu'il aurait aimé serrer ses doigts sur le bras de ce petit chat : le jeu en valait la chandelle. L'enjeu, plus encore que ça. Les gages ne l'effrayaient pas.

« On peut même inverser – je te cours après, mais c'est toi le chat. »

Son sourire se fit plus distant. Mains levées devant lui, il baissa ses doigts un à un.

« Si tu ne cours pas assez vite, je te jette à l'eau. »

Il y avait dans son ton enjoué un sérieux que son sourire innocent n'aurait su dissiper. Dépêche toi ; je cours un peu plus vite que toi.


Dernière édition par Hannes Blanchfield le Jeu 13 Mar - 18:57, édité 1 fois
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Camille Rosenthal
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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Mer 17 Juil - 2:37

Le gamin hocha vigoureusement la tête : Camille le Magnifique, n’était-ce pas un nom de conquérant ? Pas un nom de roi, tranquillement installé sur son trône depuis des décennies à lisser sa barbe piquée de fleurs et gratter mille contrats du bout d’une plume usée ; mais un nom de guerrier victorieux. Grand. Grandiose peut-être même, craint certainement, respecté de tous ses pairs. Il aimait cette idée, quoiqu’une épée n’eût à son côté guère distribué autant de menaces que sa langue trop bien pendue. De son côté, Sa Majesté Hannes régnait en maître doucereux de sa molle poigne de fer. N’avait-il pas imposé les règles à son compagnon de jeu ? Ne lui avait-il pas laissé le choix ? N’arborait-il pas un sourire serein ? Rosenthal l’ignorait sciemment, certain qu’il valait mieux pour lui se donner cette peine. Pas envie d’y réfléchir. C’était lui, le plus fort, lui qui exigeait des concessions et lui qui, pétri de bonté, voulait ben ficher la paix à ces foutus animaux. Ici, on eût eut du mal à désigner le gentil, à reconnaître le méchant. Pas de structure assez manichéenne, déplorait le petit qui, comme toujours, était son propre public. C’était navrant.

Camille se promit de lui faire ravaler son sale petit ricanement ; il ne lui revenait décidément pas. Rien de personnel qu’il fallût vor là-dedans, argua-t-il quand bien même c’était tout le contraire. Le gosse mal élevé tira la langue et gratifia son vis-à-vis d’un amen froncement de sourcil. Au temps pour sa sollicitude à la con. Maladroit ou juste imprudent, il ne manquait pas une occasion de faire communion avec le sol rêche, rugueux, tantôt froid tantôt chaud, sale et couvert d’une poussière qui n’avait rien à faire là de toute façon. C’était presque criminel de s’inquiéter pour lui, pas de doute. Ou en tout cas c’est complètement stupide, je te promets, compléta Camille. Prêt à s’élancer à l’assaut de la grande rue –qui à défaut d’être réellement grande faisait à tout le moins figure de rue principale–, le petit pila et s’arrêta net :

« On peut même inverser – je te cours après, mais c'est toi le chat. »

Zut, cracha une voix pleine de dépit dans son cœur, je suis tombé sur un maboul. Ou un imbécile. Qui ne connaissait pas les règles de ce jeu ? D’une simplicité monstrueuse, d’une notoriété proverbiale, une pierre, une base sur laquelle se fondaient tous les autres jeux –vraiment ! Tout le monde portait dans ses souvenirs ses rudiments. Or, le chat ne se faisait guère courser ; le chat ne fuyait pas ; le chat cherchait à se débarrasser d’un rôle qui le condamnait à poursuivre ses camarades ad vitam aeternam mais il ne craignait rien. Et qui était-il, lui, pour poursuivre un chat ? Non, non et non, il ne fallait pas tout bouleverser non plus. C’était comme ça. Comme c’était.

Intrigué, Rosenthal observa chaque doigt s’abaisser lentement. Un problème ? L’autre n’avait pas arrêté de sourire, ni lui de lui retourner une grimace peu avenante et franchement inquisitrice.

« Si tu ne cours pas assez vite, je te jette à l'eau. »

Les muscles de son visages se figèrent un instant. Pas d’animaux balancés à l’eau, hein ? Ne trébuche pas, allons-donc. Ecarte-toi si tu ne veux pas tomber. Ce crétin se réservait le droit de faire passer un humain par-dessus le bord ? Pas qu’il y vît un réel problème au-delà de la plaisanterie de mauvais goût. Lui, n’aimait pas que les choses ne fussent pas claires. Il fallait savoir ce qu’il en était, à quoi s’en tenir. Pas grand-chose, mais c’était tout de même important.

« Qu’est-ce que tu racontes, trucm… Hannes, hein ? C’est n’importe quoi, résuma-t-il brillamment, les poings sur les hanches et vexé d’être, pour une fois, le plus déstabilisé du lot. Si t’as le droit de le faire alors j’ai le droit aussi, Ta Majesté. »

Perplexe, il décida d’éclaircir la situation qu’il ne comprenait pas bien :

« Donc c’est qui le chat ? Au final, hein ? C’était encore une devinette à deux balles ? Ma parole, t’es vraiment accro. »

Peut-être eût-il eu mieux fait de se mettre à courir. Ou partir tout bêtement, tourner les talons et traîner ce fichu spleen ailleurs. Mais il se fichait toujours de lui avec son sourire. Rosenthal était maladroit –ou juste imprudent oui, vraiment. Il n’en était pas encore mort.
D’un pas vers la droite, il contourna le puits et s’approcha de l’autre garçon qu’il n’eût pas effleuré en tendant le bras, bien que cela se jouât à peu de choses près. Distance de sécurité. Périmètre invisible vital. Il comptait sur de bons réflexes qu’il se connaissait.

« Hannes-Hannes-Hannes, t’as un nom de fille dis-donc ! T’essaies de me faire peur ? Pas de chance, j’ai peur de rien ! Ni des monstres, ni de ma mère, ni de la neige, ni des fantômes, ni du noir et ni des puits et même pas de toi ! »

Un pas en arrière, deux, trois, sans se retourner, à peine précipités en un écho discret le long de la rue vers la marée.
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Hannes Blanchfield
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MessageSujet: Re: « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥]   « L’idée passagère tourna à l’idée fixe : il lui fallait un chat. » [Mon loulou, viens voir tata...8D♥] Icon_minitime1Mer 24 Juil - 6:38

Je suis roi ; ses doigts s'arrêtèrent sur un joli six. Être souverain impliquait de porter dignement ses responsabilités, entre autres tâches ingrates – et en roi exemplaire, Hannes comptait bien rester à l'écoute de ses sujets. Faire de son mieux pour leur faciliter la vie. Les rendre heureux, dans la mesure du possible. Il ferait de ce Royaume le plus beau qui eut jamais été. Ce puits, décida-t-il en penchant doucement sa tête sur la gauche, serait son trône. Ce village serait bien entendu le château, la mer son jardin : l'air en serait les parois et sa voix seule figure d'autorité. Alors, dans ce jeu de faux-semblants créé juste pour deux, Camille le Magnifique devrait assumer tout les autres rôles qu'un monarque ne pouvait se permettre d'endosser. Il serait le page et le commandant des armées, le condamné et la princesse à délivrer : le fautif et le bourreau, le chat et l'enfant s'amusant à lui tirer la queue. Lui, assis bien droit sur son trône de pierres et de souvenirs, se contenterait de le regarder s'agiter sans mot dire. L'un comptait, l'autre courait. Impossible d'inverser les rôles. Sa couronne commençait à lui peser. Qu'il parte, qu'il reste – et quelle importance au fond ? Son Royaume chimérique ne tenait debout que par le bon vouloir de ce garçon. L'ironie de l'affaire la rendait profondément détestable. Mais qu'il détruise son monde, allez ! Qu'il reste là, triche, change les règles du jeu ; qu'il aille clamer pouvoir se passer de son souverain, si seulement il l'osait. L'un ne vivait pas sans l'autre, et inversement. Alors, oui.
Qu'il le dévisage et nie son existence. Qu'il essaie seulement.

S'il voulait vivre et être heureux, peut-être était-ce le bon moment. Le Destin avait sa manière bien à lui de faire les choses, et en bon monarque Hannes aimait à ce que les annonces les plus importantes soient affichées en temps et en heure. Celle-ci, s'il avait pu lui imposer des mots et une forme de vérité, aurait été première sur sa liste de nouvelles à transmettre. Camille, Camille... A trop attendre l'on finissait par en mourir, non ? Ou peut-être était-ce à trop se presser... Ah, il n'en avait pas la moindre idée. Sans doute que tout dépendait du sujet. Lui étant le sien. L'unique sujet de son faux Royaume. Si ce n'était pas triste.
Les sujets et les rois, en tout cas, n'avaient pas les même droits. Cette vérité était simple à admettre. Cependant, parce qu'il était juste et de bonne humeur, le spectre décida de simplement abaisser un nouveau doigt. Cinq,Votre Magnificence ; et nous n'aimerions vraiment pas que le chat tombe à l'eau.

Un petit chat au pelage clair, tout trempé et dépossédé de ses grands airs.

« Donc c’est qui le chat ? Au final, hein ? C’était encore une devinette à deux balles ? Ma parole, t’es vraiment accro. »

Quatre.
Ses deux mains se baissèrent pour venir s'appuyer à la margelle quand, plus imprudent que le plus imprudent des enfants, son seul et unique sujet décida de se rapprocher à pas comptés. Il gardait ses chiffres en mémoire ; le trois n'était pas loin. Allez savoir ce qui pouvait passer par la tête d'un vivant – ces choses-là étaient tellement complexes et incompréhensibles, c'en était déroutant. D'un mouvement preste, peut-être, le jeune homme aurait pu attraper son jeune ami sans avoir à faire le moindre effort. De son vivant, il aurait saisit l'occasion pour se jeter sur lui en riant.
Ses doigts restèrent fermés sur le vide, posés dans l'air juste au-dessus de la pierre. Quel piètre conquérant.

« Hannes-Hannes-Hannes, t’as un nom de fille dis-donc ! T’essaies de me faire peur ? Pas de chance, j’ai peur de rien ! Ni des monstres, ni de ma mère, ni de la neige, ni des fantômes, ni du noir et ni des puits et même pas de toi ! »

Dans un rire étouffé, le concerné déplia ses derniers doigts. C'était amusant, tiens : il avait répété la même chose deux fois. Peut-être même trois.
Enfin.
Doucement, sans se presser, il contourna le puits. Quelle terreur il était ; terrifiant, vraiment. S'il marchait, il pourrait même penser à revoir le visage de ce garçon un jour. Lui qui avait toujours détesté l'inactivité avait rapidement appris que, ici et dans ces conditions, courir était un mécanisme qui lui était quasiment hors de portée. Un fantôme, courir ? Et pour quoi faire au juste ? Son corps ne le lui accordait que les rares fois où il en venait à oublier qui il était.
Dans un battement de cil, cet infime instant ou plus rien ni personne ne vous regarde, sa présence s'évanouit en lignes troubles.

« Camille-Camille-Camille... Dis moi, qui de nous deux a un nom de fille ? »

Ses paroles se diluèrent dans un rire amusé quelque part en arrière du garçon – peut-être derrière un mur, peut-être caché dans un coin ? Qui sait. Ça n'avait pas grande importance.

« … Oh. »

Contrarié et mélancolique, Hannes se matérialisa près d'un perron. Derrière lui, toujours.

« Si tu tombes à la mer, je ne pourrai pas te rattraper. »

Pas même lui tendre une main secourable. Rien, rien du tout. S'il avait encore eu un cœur, il se serait serré sur une indescriptible douleur. Il n'avait jamais réussi à sauver qui que ce soit. Pas même ses propres sœurs. Son existence n'avait pas le moindre sens. Roi de quoi, roi de qui ?
Comme tu as de la chance, Camille.

« Détestable. »

Son murmure se perdit sur ses lèvres pincées et, de nouveau, il ne laissa de lui que les échos d'une voix désincarnée.

Quitte à ne pas pouvoir l'attraper, au moins pouvait-il prendre de l'avance.


Hors-RP:


Dernière édition par Hannes Blanchfield le Jeu 13 Mar - 19:01, édité 1 fois
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Camille Rosenthal
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Camille affecta un calme placide que seule trahissait le léger tressaillement qui agitait les commissures de ses lèvres. Il ne fallait pas s’énerver. Les provocations le laisseraient de marbre –croix de bois, croix de fer. Si je mens, compléta-t-il entre ses dents serrées, je vais en enfer. De toute évidence, il était bon pour y faire un tour. Lui relancer au visage ses propres mots, voilà qui n’était pas franchement imaginatif, mais retors, juste, pernicieux, mesquin comme un imbécile pareil se devait de l’être. Ses prunelles restèrent un instant fixées sur la silhouette joliment découpée dans l’arrière-plan-toile-de-maître-ratée. La réponse eût dû fuser, claire et nette : c’est toi qui a un nom de fille, andouille. Le gamin aux couleurs passées était prêt à le lui dire et répliquer coup pour coup avec toute la verve des petits esprits persuadés d’avoir raison. Avoir le dernier mot devint à l’instant même la plus grande priorité de Rosenthal ; que ce dernier mot fût intelligent ne figurait nulle part sur la liste de ses caprices. Éventuellement, oui, c’eût été une excellente idée. Idée qu’il n’allait pas se compliquer la vie à avoir.

La réponse eût été cinglante si, en un battement de cil, sa cible ne s’était pas envolée à tire d’aile, laissant derrière elle, où qu’elle fut, un enfant insolent à chercher ses mots. Eh merde, lui revinrent-ils aussitôt, pas des plus gracieux mais bien présents. L’autre se fichait de lui. Perturbé, il ne releva pas et tourna la tête à droite, à gauche ; rien de rien. Un soupir excédé oublia de trancher l’air devant lui mais le cœur y était : n’avait-il pas dit qu’il ne voulait pas d’une partie de cache-cache dans un coin aussi pipé ? Presque sûr que si, Camille fronça les sourcils, pivota sur ses talons, là d’où semblait venir le son agaçant de la voix de son camarade de jeu. S’ils jouaient à chat ensemble, la possibilité de se retrouver bon perdant heurta de plein fouet l’égo du Magnifique. Ce type était foutrement rapide dans son genre, discret par-dessus le marché. Cerise sur le gâteau, vraiment. Eh, il était supposé l’attraper ? Ingénieux, le petit jura de trouver un moyen de passer outre ses défenses, si bien érigées fussent-elle, et de renverser ce roi qui se croyait tout permis.

« Si tu tombes à la mer, je ne pourrai pas te rattraper. »

Un sourire revint illuminer le visage de Camille pour mieux cacher la lueur d’incompréhension qui brillait là. Eh quoi ? Il était agile comme un chat et, bon, peut-être pas si intelligent ; et peut-être que, oui, il lui arrivait de temps en temps, mais de temps en temps, de tomber à la renverse ou de passer par-dessus une rambarde trop basse. Mais jamais il n’était tombé à l’eau. Pour sûr, il n’était pas du genre à se noyer, quoique sa nage se limitât à agiter les bras et écarter le plus d’eau possible de son chemin qui lui-même se résumait à une ligne droite vers la berge. Ou plus vraisemblablement une course effrénée vers la surface contre une armée de bulles légères. Il n’avait pas besoin d’aide parce qu’il s’en sortait parfaitement tout seul. Il refusait qu’on lui niât cette qualité. Et il doutait de toute façon que ce sale type eût voulu lui tendre la main le cas échéant. Lui ne l’aurait peut-être pas fait. Ou peut-être bien que si, s’interrompit-il. Pour finir la partie. Ou en commencer une autre.
La voix doucereuse du garçon retentit et s’évanouit dans l’air, encore une fois. Camille répéta sa petite rotation, sans succès. Où était-il encore passé ? Il espéra sincèrement qu’au moins un d’eux s’amusait, et décréta qu’en tout cas ce n’était pas lui. La lèvre inférieure relevée en une moue clairement contrariée, il serra les poings et tapa du pied sur le sol. Prends-ça, fichu pavé, grogna-t-il pour lui-même. On ne le battait pas, on ne se moquait pas de lui, et on ne racontait pas n’importe quoi juste pour lui taper sur les nerfs et ensuite, pouf, disparaître comme on était venu. Le blond songea qu’être seul avait des avantages : il ne s’énervait pas souvent contre lui-même. Il était assez supportable quand il n’était pas trop enquiquinant, trop rouspéteur et trop bougon ou négatif. Il était okay. Réglo.

Hannes, c’était une autre affaire. Et elle ne se terminerait pas comme ça, pas sous son commandement. C’était détestable, ils tombaient d’accord.

« Haaaannes, brailla-t-il plus qu’il n’appela. C’est pas juste, de faire ça ! D’abord tu te fiches de moi, ensuite tu te planques alors qu’on avait dit pas de cache-cache ! »

Intrigué, bougon, énervé et passablement perturbé, Camille fit quelques pas le long de la rue.

« Hannes ? Roi de pacotille. Si c’est ça, je m’en vais, bluffa-t-il à demi. Pour de vrai. T’es pas drôle. »

Malgré cette assertion qui sonnait si vrai, il n’avait pas envie de partir. C’était nul, de s’en aller. Nul.

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