I hope you are not Hannibal Winter.~♥ {Hannibal, et qui veut}

Oui, si on lui avait demandé, Kevin aurait répondu qu'il se rendait fort bien compte du ridicule de sa situation. Pire encore, il savait bien que si quelqu'un le reconnaissait, il allait passer un pire que sale quart d'heure. Il se sentait comme un enfant qui, la main dans la boite à biscuits, entend sa mère arriver, et sait bien qu'il va être prit en flagrant délit de vol, quoi qu'il fasse. Sa situation présente n'avait beau rien à voir avec un vol de biscuits, elle s'y apparentait de manière troublante de par le sentiment qui étreignait son cœur en cet instant même. Et puis, c'était également une sorte de caprice d'enfant, que d'être revenu ici sans permission. Son père et sa mère lui auraient sans le moindre doute envoyé sous peu une lettre l'autorisant à revenir, que ce soit de manière définitive ou temporaire, afin qu'il puisse ne serait-ce que parler avec sa sœur et le fiancé de cette dernière. Fiancé. Iris. Ah ah ah...Il avait eu un mal fou à considérer sérieusement ces deux mots qui, mis à la suite l'un de l'autre, sonnaient comme un glas à ses oreilles. Ses parents avaient, dans leur lettre, semblés parfaitement satisfaits de cette union, et il n'en avait été que plus scandalisé, même s'il n'y avait pas vraiment de raison à ça. Si ses parents avaient fiancés Iris, ce n'était certainement pas à une espèce de fou dangereux qui risquait de lui ôter sa pureté avant le mariage, il le concevait bien. Cet homme devait être beau et charmant, parfait pour sa petite sœur, qui avait toujours eu une vision particulièrement idéalisée du mariage. Et pourtant, tout ça ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout. Et le fait qu'ils aient osés (notez l'exagération), osés la fiancer alors qu'il était encore en train d'étudier si loin de sa ville natale lui donnait la désagréable impression qu'ils le narguaient de loin, histoire de lui rappeler de manière plutôt cruelle qu'il était trop loin pour y faire quoi que ce soit et que la vie de sa sœur ne le regardait plus en aucun point. Et c'était totalement faux bien entendu: Hartur et Kelly Hylliane faisaient partis de cette catégorie de gens foncièrement honnêtes et qui, bien que riches, gardaient des principes. S'ils avaient fiancés Iris, ce n'était nullement dans le but de 'narguer' leur fils aîné, comme ce dernier le disait si bien, mais parce qu'ils pensaient sans aucun doute avoir offert par cette union à leur fille unique un beau futur. Si Kevin se sentait trahi, c'était qu'il exagérait grandement la situation, à un point que ses actes perdaient tout bon sens et toute cohérence, et que sans même prendre la peine de faire quelques affaires, prétextant à son académie un petit voyage il ne savait plus trop où (sa mémoire allait lui jouer des tours un jour), il avait prit une diligence jusqu'à Eloria, splendide capitale du Royaume du soleil.

Et présentement, il se trouvait dans le château du Prince Dail, accoutré comme le plus gauche des espions, caché dans un couloir qu'il savait fort peu emprunté en journée. Il avait l'avantage d'avoir grandit dans cet endroit, les couloirs n'avaient aucun secret pour lui, et il connaissait les moindre recoins de cette imposante bâtisse aux murs dorés. Maintenant, il se rendait compte que ses parties de cache-cache avec les autres enfants de son âge dans son enfance ne lui avaient pas servies à rien. Tournant la tête de gauche à droite, s'assurant qu'aucun pas ne se faisait entendre sur le sol dallé, il se permit de relâcher pour quelque secondes sa vigilance. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'était plus revenu ici! Rien ne semblait avoir trop changé pour autant, et il reconnaissait en ces lieux l'endroit où il avait passé son enfance et une bonne partie de son adolescence. Une chose qu'il avait oublié cependant et dont il s'était très vite rappelé à l'approche d'Eloria, c'était la chaleur écrasante qui régnait sur la capitale et ses environs. Eh oui, Kevin venait de se souvenir que le désert n'était pas très loin d'ici, et que l'air subissait son étouffante influence. Il s'y était néanmoins raidement réhabitué, et avait à présent l'impression de ne jamais avoir quitté cette ville. Il savait que ses parents l'avaient envoyé dans cette académie, loin de chez lui, autant en guise de punition que dans l'optique de lui donner la meilleure éducation possible, mais tout de même...Il aurait préféré rester ici. Lorwän était une ville bien agréable en beaucoup de points, mais sa préférence allait tout de même à sa ville natale. Enfin, cela ne changeait rien au fait qu'il n'était pas sensé être ici, et que si son père ou sa mère le trouvait, surtout son père, le ton allait vite monter. Le jeune homme aux cheveux bruns n'avait pas envie de se disputer avec eux, il ne voulait pas leur causer de soucis, ou perdre leur confiance, tout simplement, une fois avait été bien suffisante. Alors pourquoi être venu ici, jusqu'au château, affublé d'une cape noire qui recouvrait son visage? Si un serviteur le voyait, il allait avoir la garde à ses trousses. Il avait peut-être eu de la chance jusqu'ici de ne se faire voir de personne, mais il n'allait pas pouvoir indéfiniment éviter les occupants de ce bel endroit, ça allait de soi.

Alors, il lui fallait un endroit où se cacher. Mais où? Alors que Kevin réfléchissait à l'idée d'aller se cacher dans les appartements d'un de ses amis d'enfance, dont il pensait qu'il ne dirait rien à ses parents, des pas résonnèrent dans le couloir, et il se figea, les yeux grands ouverts. S'il n'avait pas été bien élevée, il aurait lâché un juron, histoire de marquer le coup, et sa malchance qui revenait frapper à la porte. Que faire? A entendre les pas qui se rapprochaient, il pensait qu'ils appartenaient à un homme, ce n'étaient pas le bruit que faisaient les talons d'une demoiselle sur le sol. Et puis l'individu ne devait pas être si petit que ça, alors...Un homme. Un Noble, peut-être? En tous les cas, il ne fallait absolument pas qu'il le voit, ni qu'il le dénonce, c'était le plus important. Ôtant de sa tête sa capuche, il enleva en vitesse sa cape, la posant sur son bras, tentant d'avoir l'air serein à présent qu'il était décemment accoutré. Il n'avait plus l'air d'un espion, mais son visage était à découvert, il fallait seulement espérer que cet homme ne le connaisse pas. Alors il pourrait passer à côté de lui sans avoir à s'inquiéter et...Oh! Non, il avait une meilleure idée. Il allait s'assurer du silence de cet homme, et en plus s'assurer qu'il allait l'aider. Sinon il le tuait. Dans une telle situation, Kevin avait des pensées somme toute extrêmes, et ne pensait plus vraiment comme le commun des mortels. Il fallait l'excuser s'il se prenait à présent pour le héros d'un conte épique s'introduisant dans le château de son pire ennemi...

Debout devant une porte qu'il pensait mener à l'endroit où les serviteurs déposaient le linge propre en attendant de s'en servir, il attendit patiemment que l'homme (car c'était bien un homme, aucun doute là-dessus) ne passe devant lui, avant de soudainement lui saisir le bras, ouvrant la porte dans le même mouvement, et de le précipiter dans la pièce sans plus de cérémonie. Après quoi il y entra lui-même, la refermant bien derrière lui. Personne n'avait vu ce qui s'était passé, il était tranquille. Et maintenant...

« Je vous conseille de ne pas crier, sinon votre sort pourrait être bien pire... » fit-il en se retournant vers l'homme qu'il avait enfermé, la mine mortellement sérieuse.

On avait apprit à Kevin dès son plus jeune âge à bien se tenir, mais il lui semblait avoir oublié sur le coup que l'on n'enfermait pas des gens dans des pièces vides uniquement car on ne voulait pas qu'on nous reconnaisse et avait besoin d'aide. Il est vrai que ce n'était pas la meilleure façon de quémander de l'aide, mais qu'importe, se dit Kevin: Ce qui est fait est fait, on a pas à revenir dessus.

{Hannibal fait le deuil de son célibat, aha.X'DDDD

Célibat officiel, j'entend, il est avec Dail hein! Et Kevin est un méchant horrible qui veut faire peur à mon Hanni'. Ca va faire mal....8D}

Aux yeux d'Hannibal, il n'y avait rien de pire que les fiançailles. C'était la pire chose qui avait été inventée dans ce monde, aucun doute là-dessus. Tandis que ses chaussures tapaient régulièrement contre le sol, produisant un bruit qu'il jugea rassurant, ses sourcils se froncèrent sensiblement. Hm, quoi qu'à la réflexion, non : c'était la deuxième chose la plus horrible, après le mariage. Pire que se fiancer, il y avait donc se marier, mais c'était bien tout. Ce qui faisait de sa situation la deuxième en terme d'atrocité. Ah, quoi que! A bien y réfléchir devoir faire un enfant-donc avec une femme, bien entendu-était la pire chose imaginable sur cette Terre. Oui, il pensait survivre au mariage, avec difficulté certes, mais il survivrait, mais pas à ça. Non, ça, c'était l'abomination ultime, la pire chose qu'on pouvait demander à un homme. Ou à lui, en tout cas. Même si le forcer à se lever tôt le matin ou lui faire avaler en souriant des choses immondes était assez horrible de même... Enfin, il fallait bien faire un choix, il ne pouvait décemment pas ériger une liste sans numéros! Et puis entre passer une heure à discuter de choses qu'il détestait en acquiesçant bêtement ou faire un enfant, son choix était déjà tout trouvé. Sur le moment, il aurait préféré mourir que d'avoir un enfant. Ce qui plaçait donc, après mûre réflexion, les fiançailles en troisièmes position. Pour un peu, il aurait envisagé le suicide. C'était fou, ça, tout de même : à son âge, il savait pertinemment qu'il n'allait pas tarder à se retrouver avec une demoiselle à son bras, c'était évident et inéluctable. Eh bien, pourtant, quand il l'avait appris, la crise cardiaque n'était pas passée loin. Quand il avait su qu'il allait se fiancer, bien sûr, pas en voyant ladite fiancée..., il n'en était pas encore à critiquer le choix de ses bien-aimés parents. C'était vrai, après tout : à la place d'Iris Hillyane, il aurait pu se retrouver fiancé avec une jeune femme insupportable, avec qui il aurait passé le plus clair de son temps à se disputer. Au moins, elle était jolie. D'un point de vue strictement esthétique, bien sûr. De toute façon, il ne pensait pas que son père aurait choisi un laideron, la réputation de sa famille et une éventuelle descendance passait avant ses problèmes avec son fils unique. Éventuelle, hm... Il lui avait semblé, aux sous-entendus transparents de ses parents et a l'attitude de sa jeune fiancée, que, s'il n'avait pas d'enfants, il allait se faire fusiller sur le champ. Comme s'il y pouvait quelque chose, franchement! Rien que l'idée le révulsait. Ça allait être amusant, vraiment. Et encore, pour l'instant il était le seul à savoir que pour qu'ils aient un enfant, il allait falloir un miracle. Personne ne pouvait lui en vouloir de ne pas trouver comment aborder la chose avec Iris, honnêtement...

Le jeune homme aux yeux dorés s'arrêta à l'angle d'un couloir, et se demanda avec la plus grande des perplexité où il était au juste. Ces couloirs se ressemblaient tous, c'était absolument incroyable. Heureusement qu'avec l'habitude, on se faisait à tout. Il n'empêchait que, il en était persuadé, des panneaux indicatifs n'auraient pas été de trop. Et sans doute que de nombreux serviteurs ou jeunes Nobles n'auraient pas été contre cette idée. Il doutait en revanche que leur Prince soit d'accord avec lui, pour d'obscures raisons... Il n'empêchait que ça aurait été drôlement pratique, il maintenait. Il haussa les épaules, et fit de même avec ses sourcils en se rendant compte du calme qui régnait par ici. Tiens? D'habitude, il y avait plus d'agitation que cela dans les couloirs qu'il empruntait. Il fit un effort de mémoire, et réussit à replacer ce croisement sur la carte imaginaire du château qui était imprimée dans son esprit. Oh, eh bien, il y avait simplement peu de passage par ici. Rassuré par cette évidente constatation, il reprit son chemin sans plus se soucier du silence. Ce jour-là, il n'avait guère envie de faire grand chose, de toute façon. Résultat, il marchait. Vraiment constructif, comme activité. Officiellement, il se rendait il ne savait trop où, mais il s'y rendait. Depuis de longues minutes, mais il y allait. Personne ne lui avait demandé de marcher à toute vitesse, pour ce qu'il en savait ; on ne lui en voudrait pas d'avoir erré quelques temps dans les couloirs. Et puis personne ne l'attendait, de mémoire. A moins qu'il ne devait vraiment se rendre quelque part à la base et n'ait oublié son objectif premier...? Ça ne l'aurait pas étonné, tiens. S'ils avaient voulu qu'il reste attentif et retienne tout comme il fallait, ils n'avaient pas qu'à le fiancer, voilà tout. Le rapport entre son étourderie et sa fiancée n'était pas évident, mais il était sûr qu'il aurait pu se débrouiller pour les relier, en cherchant bien et en faisant preuve d'une mauvaise foi quant-à-elle évidente. Le pire dans tout cela était sans doute qu'il ne détestait même pas la jeune Elfe aux cheveux foncés : elle n'avait rien de particulièrement détestable, et à moins de n'avoir changé radicalement en se levant ce jour-là, elle était même assez gentille. Simplement, c'était sa fiancée. Dans un sens, elle non plus n'avait pas de chance : si elle voyait en lui le Prince Charmant, elle allait forcément être déçue à un moment ou à un autre.

Il était donc en train de songer à l'inutilité de s'être levé ce matin-là, puisqu'il n'avait rien à faire et ne comptait par ailleurs pas remédier à cela, quand quelqu'un attrapa son bras et le poussa dans une pièce. Il l'avait bien vu pourtant, ce jeune homme, mais il n'y avait prêté qu'une vague attention au moment où il passait devant lui. Il avait l'air..., normal, et il n'avait aucune raison à ce moment-là de s'inquiéter pour sa vie. Jusqu'à ce qu'il n'attrape son bras et ne le pousse dans cette maudite pièce, donc, lui arrachant une exclamation surprise. Passé la surprise, et en voyant la porte se refermer derrière le sombre personnage qui en voulait, évidemment, à sa vie, vint la peur. Et toutes les pensées incohérentes qui peuvent se bousculer dans un cerveau en quelques secondes seulement. De un, il était trop jeune pour mourir, de deux, il ne tenait pas à mourir, et puis il n'avait pas fait tout ce qu'il tenait à faire, et il ne tenait pas plus à être blessé et il n'avait aucune raison de mourir, il n'y était pas préparé, et il ne voulait pas plus se faire enlever, parce que si on l'enlevait, ses parents n'auraient jamais tenus à payer une rançon, ils auraient brûlés la lettre et l'auraient laissé mourir, ces sales...

« Je vous conseille de ne pas crier, sinon votre sort pourrait être bien pire... »

Hannibal recula d'un pas, et regarda autour de lui pour tenter de chercher une sortie de secours. Bien sûr, il y avait des sorties de secours dans ce genre d'endroits, c'était bien connu. A défaut de trouver quoi que ce soit de concluant il se retourna vers son agresseur, se maudissant de ne pas mieux savoir se défendre. Il jurait que s'il s'en sortait, il allait aller se plaindre à Dail quant-à la sécurité. S'il s'en sortait, évidemment, ce qui selon lui était tout sauf certain.

«Ne pas crier? Vous êtes amusant, vous! Rétorqua-t-il en faisant de son mieux pour ne pas, justement, crier. Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous n'avez aucunement le droit de me..., séquestrer de la sorte!»

Ni de me tuer, manqua-t-il d'ajouter en croisant les bras, veillant à garder une distance raisonnable entre eux. S'il lui faisait du mal, de toute façon, il n'irait pas bien loin ; un tueur ne pouvait décemment pas entrer et sortir du château sans se faire arrêter! D'ailleurs, comment avait-il pu entrer? Se disant cela, son regard se porta à nouveau sur sa tenue, et son allure générale. Son langage, aussi. Il ne s'était pas méfié de lui parce qu'il n'avait pas l'air d'un dangereux criminel, c'était bien là le problème. Il avait l'air d'un Noble comme un autre, finalement. C'était encore plus sournois et cruel, si c'était le cas! Se faire agresser par un détraqué ou un assassin, il comprenait, mais se faire tuer par un autre Noble, c'était tout bonnement horrible.

«Qui êtes vous, au juste? Et que me voulez-vous?»

Kevin se rendait bien compte que ce qu'il faisait était stupide. Que prendre de la sorte un Noble en otage n'était pas la meilleure manière de passer inaperçu, que si quelqu'un l'apprenait, il allait copieusement se faire disputer, ou pire encore. Plus que si son père l'avait remarqué en train de tranquillement se promener dans les couloirs du château alors qu'il n'en avait pas le droit, c'était certain. Mais, songea-t-il en posant son regard brun dans celui doré de l'homme qu'il venait de séquestrer, il lui était à présent difficile de faire comme si rien ne s'était passé. S'il le relâchait, même en se confondant en excuses, il était fort probable que cet homme le dénonce aux gardes comme étant un dangereux assassin, ou que savait-il encore. Et à partir de là, impossible de rester dans le château à moins de se faire arrêter et vivre la plus humiliante des expériences de sa vie! Non...Ce Noble aux cheveux foncés allait l'aider à ne pas se faire repérer, qu'il le veuille ou non. Il fallait que Kevin trouve Iris sans croiser aucune de ses connaissances, et tout irait bien à partir de là. Sa soeur ne le dénoncerait pas, il la connaissait, alors à moins qu'elle n'ai subitement changé de caractère depuis la dernière qu'elle lui avait écrit...Tout devrait bien se passer. Arriver jusqu'à Iris était donc l'objectif principal du jeune homme aux cheveux bruns; Il allait falloir qu'il l'explique à son interlocuteur, histoire qu'il cesse de penser, comme son visage et son expression le criaient, qu'il était un assassin l'ayant attiré jusqu'ici pour mettre un terme à sa vie.

C'est vrai, c'était vexant, comme comparaison. Kevin n'avait rien d'un vulgaire et lâche assassin, il était un Noble cultivé et respecté de la Cour des Shan'haron; Jamais il n'aurait attenté à la vie de qui que ce soit, il avait son honneur et sa fierté. Et même si parfois, il se laissait à penser qu'une ou deux personnes de moins sur terre ne pourrait faire que le plus grand bien à tout le monde, il se retenait de mettre à exécution les plans machiavéliques que son cerveau lui ordonnait. Ne pensant pas du toit que quiconque aurait entendu cela aurait pu être effrayé, Kevin laissa un sourire fleurir sur ses lèvres, plutôt satisfait. Pour lui, ça signifiait qu'il savait se maîtriser, et c'était très bien.

«Ne pas crier? Vous êtes amusant, vous! Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous n'avez aucunement le droit de me..., séquestrer de la sorte!»

Kevin acquiesça doucement, parfaitement conscient qu'il n'en avait nullement le droit. Il fallait que cet homme comprenne qu'il ne s'agissait pas là d'une pulsion agressive et égarée, mais bien d'un geste mûrement réfléchi (ou presque), et qu'il n'avait pas à s'inquiéter, qu'il ne lui ferait aucun mal. Mais comment faire passer toutes ces notions en quelques phrases seulement, et sans le mettre au courant de toute l'histoire derrière son geste? Kevin avait encore un minimum de lucidité; Sa vie privée ne regardait que lui. En aucun cas cet inconnu. Hmmm...

«Qui êtes vous, au juste? Et que me voulez-vous?»

Kevin laissa passer un petit moment de silence, durant lequel il ne cessa de fixer celui qui lui faisait face, tentant de se rappeler s'il l'avait déjà vu par le passé. Il semblait avoir son âge, était humain...Ça n'aurait guère été impossible qu'ils se soient déjà vu auparavant. Mais comme son visage ne lui disait rien sur l'instant, Kevin chassa ses pensées dans un petit geste de la tête. Son nom, peut-être, évoquerait-il chez lui quelque chose, si son allure ne le faisait pas. Il y avait un nombre conséquent de Nobles, mais ayant passé la majeure partie de son existence ici, Kevin les connaissait à peu près tous. De toute manière, lorsqu'on ne cessait de répéter un nom dans les couloirs, c'était en général mauvais signe. Alors si celui de cet homme ne lui était pas familier, c'était plutôt bon signe pour lui. Que sa famille n'avait pas du avoir à vivre de scandales ces derniers temps, du moins.

« Je me nomme Kevin Hillyane, répondit Kevin, sans se départir de sa mine sérieuse pour autant, sans sourire, Et je ne suis en aucun cas un dangereux assassin, alors détendez vous. Je souhaiterais simplement solliciter votre aide, Monsieur...? »

Son aide, c'était tout ce qu'il réclamait, pas sa vie ni quoi que ce soit d'autre. Il fallait qu'il puisse parler à Iris sans que son retour ne soit découvert par ses parents ou un de ses amis. Le jeune homme aux cheveux bruns savait qu'il prenait des risques en faisant cela, mais il n'était ni couard ni hésitant: Une fois qu'il commençait quelque chose, il allait jusqu'au bout. Mais cette détermination, dans ce cas précis, pouvait-elle vraiment être considérée comme un atout?

[Non, Kevin est un amour. Mais présentement, il se pense dans un roman d'action.X'D]

{Ouais bah il va se calmer vite fait. Sinon Hannibal sort son arme hyper puissante et le tuuuuuuuue.8D

Mwahahaha. Mon poste est tout mignon - ou pas XD - mais j'ai comme un sentiment étrange...¬¬}

En voyant l'homme en face de lui acquiescer, Hannibal eut envie de rire. Enfin, l'espace d'une seconde seulement. Le temps pour lui de se rappeler que la situation n'avait rien de drôle, qu'il craignait pour sa vie et qu'il était enfermé avec, évidemment, un dangereux criminel qui comptait l'échanger contre une rançon. Enfin ; au moins cet homme était-il d'accord avec lui, il n'avait aucun droit de le séquestrer de la sorte. Hm. Lui avait-il fait du mal par le passé? Peut-être voulait-il se venger. Ou venger quelqu'un. A cette idée, il ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Ça ne l'aurait pas tellement étonné, qu'on lui en veuille : il n'était pas parfait, et il devait être détesté d'au moins un petit nombre de personnes dans ce château. Mais, tout de même... L'enfermer dans une pièce de la sorte, ce n'était pas une façon adéquate et convenable de se venger! Qu'on répande des rumeurs sur lui, d'accord, mais qu'on l'agresse, là, ça dépassait les bornes. Le jeune homme qui l'avait poussé dans la pièce le dévisagea, et Hannibal trouva rapidement cette insistance gênante. Il cherchait quelque chose, peut-être? Ou il tentait de remettre un nom sur son visage? Hm, non. Ça n'aurait pas eu beaucoup de sens. Pour lui, ce sinistre individu (bien qu'il n'ait pas l'air très sinistre, ce n'était pas l'important) connaissait obligatoirement son nom : pourquoi l'aurait-il enlevé, dans le cas contraire? Mais bien vite, Hannibal songea à la possibilité qu'il ait pu l'enlever au hasard, et qu'il n'en avait donc pas contre lui personnellement, mais simplement contre son argent ou même son statut. Ça se tenait aussi, dans les faits. Peut-être même mieux encore que sa première supposition. Parce que, pour sa part, ce visage ne lui disait rien. Et de fait, il doutait que l'autre le connaisse particulièrement. En général, on connait les personnes qui nous connaissent ; dans le cas contraire, cela aurait voulu dire qu'on l'avait épié. Et il ne préférait pas penser à cette possibilité.

Le pire dans tout ça était sans doute que, maintenant, il allait toujours avoir peur de se faire pousser dans une quelconque pièce s'il marchait seul dans un couloir. Eh bien : dès qu'il verrait quelqu'un seul contre un mur, ou même seul dans un couloir, il changerait de direction. Quitte à passer pour le paranoïaque de service, au moins il ne se ferait pas découper en fines lamelles. Il allait vraiment falloir qu'il parle de la sécurité à quelqu'un, dès lors qu'il avait eu la preuve qu'on pouvait bel et bien le tuer sans vergogne sans que personne n'en soit alerté. Ce qui était, selon lui, d'une gravité sans nom.

« Je me nomme Kevin Hillyane. Et je ne suis en aucun cas un dangereux assassin, alors détendez vous. Je souhaiterais simplement solliciter votre aide, Monsieur...? »

Kevin Hillyane? Oh. Immédiatement, le nom qu'il venait de prononcer fit écho dans l'esprit d'Hannibal, qui ne put retenir un haussement de sourcil surpris. Voilà un nom qui ne lui était pas étranger. Hillyane..., n'était-ce pas précisément le nom de cette chère Iris? Il aurait aimé en douter, mais il avait eu l'occasion de l'entendre trop de fois ces derniers temps pour pouvoir se poser la question. Non, il était vraiment sûr que c'était Iris Hillyane. Et il y avait peu de risque pour qu'il ait mal entendu le nom de cet homme ; d'accord, cette histoire de fiançailles l'avait sérieusement travaillé, mais pas au point qu'il entende le nom de sa fiancé partout. Il détailla un bref instant le dénommé Kevin, cherchant un possible lien de parenté avec la jeune fille aux yeux verts. Ils ne se ressemblaient pas du tout, en tout cas ; un cousin, peut-être? En tout cas cet homme était un humain, impossible d'en douter. Hm, eh bien, peut-être de la famille éloignée... Il ne savait pas trop. Pour le coup, il aurait vraiment tout donné pour avoir prêté plus attention aux conversations qu'il avait pu avoir avec ses parents, la concernée ou même les parents de la concernée à propos de sa famille : ça l'aurait bien aidé, contrairement à ce qu'il avait pu penser au premier abord.

Il toussota légèrement, et tenta d'intégrer l'idée qu'il n'allait pas le tuer sous peu avec quelque couteaux cachés sous ses vêtements. Ce qui, vraiment, allait être très difficile. On ne se défait pas des premières impressions comme ça, surtout quand elles sont aussi particulières. Il fallait dire que se faire agresser de la sorte – parce que oui, c'était une agression – ne lui arrivait pas si souvent que cela. Ça ne lui arrivait même pour ainsi dire jamais, en fait.

«Winter, répondit-il machinalement. Hannibal Winter.»

Une seconde de silence s'écoula, avant qu'il ne soupire doucement. De toute façon, à ce stade-là, ce n'était pas dire ou non son nom qui allait changer quoi que ce soit. Tout du moins le pensait-il, en tout cas. Il restait convaincu qu'il n'avait pas pu agir ainsi sans avoir d'obscures raisons derrière la tête, mais il n'avait pas tellement le choix : crier à l'aide lui aurait sans doute donné envie de l'égorger pour de bon. Restait à savoir ce qu'il entendait par 'solliciter votre aide' ; parce que dit comme ça, ça ne voulait pas dire grand chose. Ça pouvait être n'importe quoi. Un bien un leurre, qui sait? Tout ce dont il était sûr, c'était que s'il voulait sortir tranquillement et en un seul morceau d'ici, il n'avait plus qu'à l'écouter gentiment et à ne pas paniquer. Ça marchait tout le temps, il en était sûr. S'il voulait vraiment uniquement de l'aide, eh bien il l'aiderait et le problème serait réglé. Avec un peu de chance. Et si le service demandé était raisonnable, faisable et..., eh bien, normal. Même si, honnêtement, il ne voyait pas pourquoi, si son but était simplement d'obtenir de l'aide, il l'avait abordé de manière aussi 'cavalière'. Peut-être était-il fou? Merveilleux. Il n'aurait plus manqué que ça.

«Solliciter mon aide? Il y a bien d'autres façons de demander de l'aide à quelqu'un,répondit-il, ses bras croisés serrés contre lui. Qu'attendez vous de moi, exactement?»

«Winter. Hannibal Winter.»

Hannibal Winter, donc. Ce nom trouva un léger écho dans la mémoire de Kevin, qui ne chercha cependant pas à en déterminer l'origine. Si ce nom lui disait quelque chose, c'était que cet Hannibal devait être un Noble, et qu'il avait entendu parler de lui par le passé. Rien d'exceptionnel, rien de vraiment étonnant. Il devait avoir fréquenté la moitié des hommes de son âge au château, et parlé ne serait-ce qu'une seule fois à l'autre moitié. Kevin s'était toujours senti, étant enfant, le besoin impérieux de se faire des amis de tous les garçons de son entourage. Comme si, en négligeant ne serait-ce qu'un seul de ces fils de bonne famille, il attirerait la ruine et la honte sur sa famille. Avec du recul, l'adulte qu'il était devenu comprenait à quel point une telle pensée était ridicule, mais sur un jeune enfant, elle avait fait un fort effet. Et puis, au final, grâce à ce comportement enthousiaste et avenant, il possédait ici beaucoup d'amis, et sa famille n'avait à se plaindre d'aucune mauvaise rumeur. Ou tout du moins, aucune dont-il eu ouïe dire. Détaillant encore un peu le dénommé Hannibal Winter, Kevin finit par poser son regard sur sa droite, en pleine réflexion. Cet homme ne lui disait rien. Peut-être ne lui avait-il parlé qu'une seule fois, et que par conséquent son visage ne lui revenait pas en mémoire. Ou encore, peut-être avait-il beaucoup changé en quelques années, ou peut-être que...Il n'était pas un Noble? Rapidement, il baissa les yeux pour examiner le costume de l'homme, et fronça les sourcils.

Non, c'était un Noble, à n'en point douter. Il était vêtu comme tel, et parlait comme tel. Un espion, peut-être? Cette pensée resta fermement ancrée à l'esprit de Kevin, alors qu'il essayait vainement de s'en débarrasser. Il s'offusquait qu'on le prenne pour un sombre assassin, alors que n'importe qui en une telle situation aurait eu toutes les raisons du monde de le penser, et lui traitait un honnête homme d'espion, tout cela parce qu'il ne lui disait rien, et qu'il était soudain obsédé par l'idée de raccrocher son nom à un visage d'une ancienne connaissance. Kevin, maudissant sa stupidité et sa sénilité précoce, retrouva son calme olympien. Il n'avait pas intérêt à trop poser de questions, s'il ne voulait pas que Winter ne le prenne définitivement pour un assassin ou un quelconque espion à la solde de Bellanca et la froide Hatès. Hannibal Winter, c'était très bien, il s'en contenterait. Il n'avait pas vraiment le choix, de toute façon. C'était ça, ou ouvrir la porte de ses appartements, la bouche en cœur, et subir la punition que son père voudrait bien lui infliger. Et ça...

...Aucun homme sain d'esprit ne l'aurait voulu. Et Dieu savait que sain d'esprit, malgré toute cette mise en scène, Kevin l'était.

«Solliciter mon aide? Il y a bien d'autres façons de demander de l'aide à quelqu'un. Qu'attendez vous de moi, exactement?»

Kevin hocha de nouveau la tête, et chercha ses mots. Comment expliquer sa présente situation sans étaler sa vie privée et avoir l'air idiot? Il pouvait simplement dire qu'il avait besoin de voir sa soeur, mais il ne savait pas si Hannibal voudrait bien le conduire auprès d'elle simplement car il le désirait. Sans compter qu'il ne la connaissait peut-être même pas. Ah, que tout cela était compliqué...Bon, il allait tout de même essayer. Qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas? Le jeune homme aux cheveux bruns avait toujours trouvé cette expression on ne pouvait plus juste, et l'appliquait chaque fois qu'il le pouvait. Posant ses yeux à la teinte rougeâtre sur Hannibal, il garda un air sévère, pensant que sourire pourrait lui faire perdre toute crédibilité. S'il lui inspirait la peur, c'était peut-être mieux. Il accepterait de lui obéir s'il gardait cette image distante et forte.

Ce n'était pas pour rien que, dans tous les romans, les héros étaient des personnes aux regards sévères et au passé sombre. Personnellement, il aurait été tenté de défier un abruti au grand sourire plutôt qu'un homme vêtu de noir qui le regardait de haut. Alors si Hannibal raisonnait de la même manière...

« Voyez-vous, pour certaines raisons, il ne faut pas que l'on me voit ici. Il marqua une légère pause, comme pour laisser à Hannibal le temps d'assimiler clairement ce qu'il venait de dire. J'ai besoin de voir ma soeur, qui habite le château. Je ne sais pas si son nom vous dira quelque chose...Elle se nomme Iris Hillyane. »

Kevin se tu un instant, et jeta un regard à sa droite, l'air passablement irrité. Quand il pensait que ses parents l'avaient fiancée sans l'avoir prévenu au préalable...Ah, il en mourrait de colère! C'était plus fort que lui.

« J'ai besoin de la voir d'urgence. Menez moi à elle. »

L'aîné des Hillyane avait dit cela d'un ton plus grave que précédemment, avec une expression en parfait accord avec sa voix. On eut dit, au ton qu'il employait, que la voir était une question de vie ou de mort. Hannibal rirait bien, s'il apprenait plus tard la raison de tout ce cinéma! Peut-être lui en voudrait-il...Kevin se promit donc de s'excuser auprès de lui dès qu'ils auraient trouvé Iris. C'était la moindre des choses.

[Son arme hyper puissante? Rien que pour voir ça, il se calmera pas!XD]

{Son arme hyper puissante c'est... SES POUMONS AHAHAHAHAHA.

JE SUIS TROP FORTE. Je croyais que j'aurais pas le temps de le finir, mais je l'ai fait! Je l'ai fait! Ouais!8D}

Hannibal resta sans rien dire après s'être présenté, comme dans l'attente de quelque chose. Et pas de quelque chose de plaisante, cela va de soit. Mais rien ne se passa. Évidemment, à bien y penser, c'était logique ; qu'est-ce qui aurait pu se passer? Donner son nom n'avait jamais tué personne. Il l'avait fait des dizaines et des dizaines de fois, et mis à part des sourires ou des remarques sur d'autres personnes de sa famille, il ne lui était jamais rien arrivé de fâcheux. Peut-être était-ce parce que le nom de son interlocuteur lui disait quelque chose, à lui? Là encore, c'était ridicule. D'accord, il était probablement de la famille d'Iris, mais ça ne changeait décidément rien à la situation. Qu'il soit son cousin, son demi-quelque chose ou même un simple homonyme, il l'avait tout de même enfermé dans une pièce sans lui demander son avis, et tout cela dans un but encore inconnu. Une fois qu'il serait en sécurité, il faudrait qu'il ait une sérieuse discussion avec sa fiancée à propos de sa famille. Parce que s'ils étaient tous du genre à pousser de braves gens dans des locaux au hasard pour obtenir de l'aide, il avait tout de même le droit d'en être informé. S'il était amené à côtoyer des cinglés, il voulait au moins pouvoir se préparer. Et il n'imaginait même pas les réunions de famille! Les parents de la jeune femme lui avaient semblé être des personnes civilisées et censées, mais leurs enfants, frères ou sœurs n'étaient pas forcément du même genre qu'eux. D'autant plus que, autant qu'il puisse en juger, l'homme devant lui restait un humain. Or Iris était une elfe. Et aussi insignifiant soit ce détail, ne pas trouver d'explication logique l'agaçait prodigieusement. Un cousin adopté, peut-être? Oh, et puis qu'importe. Ça n'avait aucune importance. Tant qu'ils n'abordaient pas le sujet, il ne comptait pas lui poser la question. S'il devait le savoir, il le saurait tôt ou tard. Et s'il ne devait pas le savoir, eh bien il se complairait très bien dans l'ignorance.

Kevin Hillyane hocha la tête, l'air sévère. D'accord, tout ceci avait un côté très...étrange. Difficile à croire. Si on lui avait dit qu'il vivrait une situation de ce genre un jour, il aurait bien rit! Y être confronté n'était cependant pas drôle, et la seule chose qu'il avait envie de faire était de sortir de cet endroit. Et en seul morceau, si possible. Parce que si cet homme avait décidé de le tailler en pièce, de un il n'aurait pas pu se défendre, de deux personne n'aurait su ce qui lui était arrivé. S'il se faisait cruellement assassiner, il tenait au moins à ce que le coupable soit justement puni! Ainsi il pourrait se moquer de lui, s'il existait un paradis ou un enfer et qu'ils se retrouvaient tout deux là-bas. En tout cas, ce Kevin avait tout intérêt à avoir une bonne raison d'avoir fait tout ce cirque. Il décida avec lui-même que tant que ce n'était pas quelque chose de trop dangereux ou dégradant, il accepterait de lui offrir son aide. Question de survie. S'il avait des raisons de refuser, eh bien... Il aviserait. Il était pour l'heure stressé et espérait que rien ne lui arriverait. Dans des moments comme celui-là, Hannibal était encore plus lâche et égoïste qu'à l'accoutumée. Eut-il fallu sacrifier un autre homme à sa place, il l'aurait fait sans la moindre hésitation. A moins que l'homme en question ne s'appelle Dail Shan'aron, ou peut-être deux ou trois autres noms de personnes auxquelles il tenait particulièrement, son choix n'aurait pas changé. Mais n'en aurait-il pas été de même pour le plus grand nombre? Encore fallait-il l'admettre.

« Voyez-vous, pour certaines raisons, il ne faut pas que l'on me voit ici. J'ai besoin de voir ma sœur, qui habite le château. Je ne sais pas si son nom vous dira quelque chose...Elle se nomme Iris Hillyane. »

Les yeux d'Hannibal s'écarquillèrent sous l'effet de la surprise, sans qu'il s'en rende compte. Sa sœur? Iris Hillyane? Comment se pouvait-il qu'il soit son...? Grâce un effort de mémoire non négligeable, il crut se rappeler d'une histoire de frère, en effet. Adopté, peut-être? Cela n'aurait rien eu d'étonnant, mais tout de même. Quand un couple adoptait un enfant, c'était qu'en général ils ne pouvaient pas ou plus en avoir. Or il lui semblait bien qu'Iris était la digne fille de ses parents, et qu'elle était plus jeune que l'homme en face de lui. Et puis pourquoi aurait-il voulu voir Iris? Qu'avait-il à lui dire qui soit si urgent? D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait, ils n'avaient pas été présentés. Ce qui était plutôt étrange, dans la mesure où il était tout de même le fiancé de sa sœur. Peut-être était-il ailleurs au moment des fiançailles. Là encore, ça n'aurait rien eu de spécialement étonnant. Non, ce qui l'ennuyait, dans l'histoire, était la raison de son empressement. Et aussi le fait qu'il n'ait pas eu l'air de le reconnaître quand il s'était présenté.
Il aurait voulu lui dire que oui, il la connaissait. Qu'il était son fiancé, et qu'il était heureux de le connaître, mais... Il rata le coche, tout simplement. Il ne se voyait plus dire ça maintenant, sans savoir pourquoi. Pourtant, ne pas le dire lui donnait l'impression de vire dans la plus parfaite illégalité, et ce n'était pas un sentiment très agréable.

« J'ai besoin de la voir d'urgence. Menez moi à elle. »

Voilà, bravo. Maintenant, il ne se sentait plus en danger : il se sentait fautif. Il avait l'impression que quelque chose n'allait pas dans cette situation, et ça, c'était pire encore qu'être menacé par une arme blanche. Ce n'était pas mentir, c'était omettre, mais... Pourquoi omettait-il, au juste?

« Et bien, oui, répondit-il finalement, tentant de masquer son trouble par de la désinvolture. Je la connais, en effet. Mais comment comptez vous vous rendre jusqu'à elle sans être vu? Les couloirs sont fréquentés, tout de même. Et ses appartements ne sont pas reclus dans un coin du château. Par ailleurs, je trouve votre insistance à ne pas être vu assez suspecte. »

Remarque, à cette heure-ci elle serait sûrement dans les appartements en question. Ce qui ne le rendait pas moins suspect. S'il était noble, pourquoi vouloir se cacher à tout prix? Il avait le droit d'être ici autant que lui.

Peut-être, pensa Kevin, que ça ne lui aurait pas fait de mal de dédramatiser un peu toute cette situation, qui commençait à prendre des proportions aussi impressionnantes qu'inattendues. Ses parents avaient fiancée Iris, certes. Et après? Est-ce que, objectivement, cela pouvait justifier le fait qu'il soit revenu chez lui soudainement, sans invitation et surtout sans prévenir personne? A ses yeux, il s'agissait là d'un crime passable de la peine capitale -il exagérait à peine, alors son retour, et dans ces conditions, était tout à fait justifié. Mais comme Kevin était un jeune homme intelligent et ordinairement remplit de bon sens, il devinait qu'Hannibal Winter resterait bien plus dubitatif que lui, et il ne l'en blâmerait pas. Ce n'était pas exactement le genre de prétexte qu'il s'attendait à ce qu'il lui donne, sûrement. Lui même, à la place du Noble aux cheveux noirs, aurait trouvé tout ceci assez délirant. Et ça l'était, dans un sens, mais il n'avait guère plus le temps de s'attarder sur les détails. Il était à Oria, dans le château du Prince; Difficile pour lui, dans ces conditions, de changer d'avis, et faire comme si rien ne s'était passé. D'autant plus qu'il avait pris en otage un honnête homme afin qu'il puisse le conduire jusqu'à sa sœur. Ce dernier irait sûrement se plaindre et prévenir la garde, s'il le laissait partir. Toisant toujours son interlocuteur d'un air sévère, il se demanda s'il pourrait avoir de lui un jour une autre image que celle d'un sombre assassin ou d'un potentiel espion. Pas qu'il s'en souciait vraiment, pour l'instant. Mais il allait devoir taire la manière fort peu cavalière dont il l'avait accosté. Il n'aurait plus manqué qu'Iris ou pire, ses parents, le sachent!

Enfin, que ses parents sachent tout court qu'il soit là était déjà une catastrophe, et c'était pour cette raison qu'il l'avait arrêté, d'ailleurs. S'il se baladait de couloirs en couloirs sans prendre garde, Kevin était certain qu'il finirait par tomber sur ses parents ou des amis de ces derniers, ce qui n'était pas vraiment mieux, il devait l'admettre. Alors cet homme, Hannibal Winter, allait lui accorder une faveur, et il n'accepterait aucun refus de sa part.

« Et bien, oui. Je la connais, en effet. Mais comment comptez vous vous rendre jusqu'à elle sans être vu? Les couloirs sont fréquentés, tout de même. Et ses appartements ne sont pas reclus dans un coin du château. Par ailleurs, je trouve votre insistance à ne pas être vu assez suspecte. »

Là était toute la question. Kevin se promit d'y réfléchir intensément dans les secondes qui allaient suivre. Le Noble aux yeux dorés connaissait sa sœur, en tout cas, et c'était déjà ça de pris. Ainsi, s'il la croisait, il la reconnaîtrait forcément. Après, comment se rendre jusqu'à elle sans se faire voir des autres habitants du château... Le visage du jeune homme aux cheveux bruns prit une expression pensive. S'il remettait sa cape et rabattait la capuche sur sa tête, on ne le reconnaîtrait certes pas, mais ce ne serait pas le meilleur moyen de passer inaperçu. On se demanderait qui il était, et s'ils croisaient un garde, il devrait l'enlever, et il en revenait à son point de départ. Il n'avait ni perruque ni déguisement sur lui, et ne pouvait par conséquent pas non plus passer pour quelqu'un d'autre. Kevin eut l'impression de se trouver face à une voie sans issue, et ceci le mit en colère. Il devait voir Iris, il n'en démordait pas. Il devait la voir, lui parler, afin de s'assurer exactement de quoi il en retournait. Dans sa tête, une petite voix chantante le traita d'imbécile. Il se mettait dans de beaux draps pour rien, et se compliquait inutilement la vie. Merci, il le savait bien. Pourquoi n'avoir pas attendu une invitation officielle de la part de ses parents? Pourquoi ne pas leur avoir demandé la permission, tout simplement? Pourquoi être parti sur un coup de tête idiot?

Kevin savait qu'il n'avait pas agit très intelligemment. Mais il savait aussi, comme il l'avait fait remarquer un peu plus tôt, qu'il était trop tard pour faire demi-tour. Alors maintenant qu'il y était, autant y aller jusqu'au bout, et ne pas faire les choses à moitié! Ceci dit, il ne voyait toujours pas comment faire pour prévenir Iris sans se faire repérer. Puis une idée lumineuse -enfin, presque- lui vint à l'esprit. Il hocha la tête, toujours aussi sérieux, puis braqua son regard presque rouge sur Hannibal.

« Je comprends tout à fait que vous me trouviez suspect. Je vous assure cependant que vous n'avez pas à vous inquiéter. Je ne dois pas être vu pour une certaine raison, que j'aurais tout le temps de vous expliquer par la suite. Maintenant... »

Il laissa s'écouler quelques secondes de silence, fixant toujours Hannibal avec attention. Il désigna la porte à l'extérieur du menton, pour appuyer ses prochains propos.

« Vous allez sortir de cette pièce, mais rester devant la porte. Dès que vous verrez un garde ou un serviteur, envoyez le chercher ma sœur sous un quelconque prétexte. Mais gare à vous si vous osez vous enfuir ou dire une parole de travers à la personne que vous arrêterez. (Il fronça les sourcils, faisant de son mieux pour arborer une mine menaçante) Car alors, je saurais vous le faire payer, croyez moi. »

Et ce n'étaient pas des paroles en l'air. Quand Kevin disait, Kevin faisait. C'était une qualité qu'on ne pouvait lui enlever.

[Ah oui, ses poumons...! C'est une arme puissante, en effet!XD]

{Naaah. En fait, son arme ultime c'est : sa beauté incroyable. Il est tellement beau que toutes les filles sont à ses pieds! Il peut se faire une armée, ahahahaha!XDDD

Oh putain. Je viens de me rendre compte à quel point j'aime le Hanni-Dail.♥__♥}

S'enfuir était, pour l'instant, toujours la préoccupation première d'Hannibal. Que l'homme en face de lui soit le frère d'Iris, le Roi en personne ou un simple vagabond, peu importe : il l'avait enfermé dans un placard, et quoi que ça pouvait sembler amusant ça ne l'était pas du tout. Bien que faisant parti de la Noblesse, cet homme pouvait tout à fait être le pire malade mental que ce château ait jamais abrité. Peut-être même ne s'appelait-il pas Kevin Hillyane, en vérité. Peut-être avait-il tué le Kevin en question et volé son identité? Cela aurait expliqué bien des choses – ou en tout cas la cape et son empressement à ne pas être vu. Ferait-il une sorte d'obsession malsaine sur sa fiancée? Ou bien nourrissait-il de sombres desseins à son égard? Merveilleux, vraiment! Il n'était certes pas enchanté de la façon dont la jeune Elfe était entrée dans sa vie, mais il ne souhaitait tout de même pas l'en voir sortir de manière si brutale. Voilà qu'il s'imaginait faire face à un dangereux criminel ayant tué Kevin Hylliane et volé son identité dans le but de faire du mal à Iris. De mieux en mieux. Et le pire dans tout cela était que, malgré l'idiotie de cette présomption, il n'allait plus pouvoir s'ôter cette idée de la tête. S'enfuir, il devait s'enfuir. Aurait-il le temps de se tourner brusquement, d'ouvrir la porte et de partir en courant dans le couloir? Ça paraissait simple et efficace, dit comme ça. Mais... Non, inutile d'essayer. Il n'arriverait jamais à faire tout cela suffisamment rapidement pour être hors de danger. Au contraire, il risquait de donner envie au potentiel meurtrier de le tuer pour avoir désobéi – or il tenait sacrément à la vie. Bon, eh bien il n'avait plus le choix, visiblement. Il allait devoir faire ce qu'il lui dirait et espérer qu'il ne déciderait pas de se débarrasser de lui entre temps. Il n'avait de toute façon jamais prétendu être courageux ; si sa vie était en jeu, il choisissait invariablement les options les plus sûres pour la conserver. Quitte à mettre quelqu'un d'autre en danger. En l'occurrence, sa fiancée. Au moins pourrait-elle confirmer ou infirmer l'identité de cet homme ; s'il était bel et bien son frère, elle devrait le reconnaître sans mal.
Restait à espérer qu'il ne mentait pas, donc. Il n'avait aucune envie de voir sa théorie du tueur-voleur-d'identité-nourissant-de-noirs-desseins-envers-Iris être confirmée, merci bien. Le voir pensif, visiblement en pleine réflexion, calma quelque peu Hannibal. Il n'avait pas l'air d'un tueur, à première vue. Mais là encore, ça ne voulait rien dire. Qu'il sache réfléchir posément et ne lui ait pas mis un couteau sous la gorge ne lui garantissait en rien qu'il soit sain d'esprit. Ça voulait juste dire qu'il n'était pas stupide. Et ça, quelque part, c'était encore plus inquiétant. S'il avait été un peu arriéré, le berner et s'enfuir de cette pièce n'aurait pas semblé si complexe. Voire impossible. Un bref coup d'œil autour de lui lui confirma qu'une issue miraculeuse n'avait pas soudainement apparu durant les dernières secondes.

« Je comprends tout à fait que vous me trouviez suspect. Je vous assure cependant que vous n'avez pas à vous inquiéter. Je ne dois pas être vu pour une certaine raison, que j'aurais tout le temps de vous expliquer par la suite. Maintenant... »

Cette fois, son calme et son pragmatisme inquiétèrent le jeune homme plus que de mesure. Tout ce mystère et ce silence autour de la 'certaine raison' qui le poussait à se cacher devenait sérieusement agaçant – et inquiétant, donc. Iris n'avait pas de problème, au moins? Il lui semblait bien que toute cette histoire était liée à elle d'une façon ou d'une autre, et il se sentait de fait impliqué à son tour dans cette histoire stupide. A moins que ce ne soit lui qui ait des problèmes, et qu'il ait besoin de l'aide de sa sœur pour les résoudre? Quoi qu'il en soit, quelqu'un devait avoir un problème (non, c'est juste lui qui va en avoir. Mais ça, il le sait pas encore). Restait à espérer qu'il ne soit pas trop grave ; il ne portait pas ce garçon dans son cœur, mais il ne l'avait pas encore suffisamment traumatisé pour qu'il en vienne à souhaiter sa mort prochaine. Quoi que. Hm, non, pas encore. S'il continuait de le fixer de la sorte, en revanche, son avis ne tarderait pas à changer. Ennuyé par ce regard posé sur lui, il finit par détourner ses yeux dorés vers le sol.

« Vous allez sortir de cette pièce, mais rester devant la porte. Dès que vous verrez un garde ou un serviteur, envoyez le chercher ma sœur sous un quelconque prétexte. » Oh, parfait ; il n'aurait qu'à sortir bien gentiment, puis partir à grandes enjambées silencieuse dans le couloir, histoire de prévenir la garde. Satisfait de cette idée grandiose, Hannibal hocha vaguement la tête. « Mais gare à vous si vous osez vous enfuir ou dire une parole de travers à la personne que vous arrêterez. Car alors, je saurais vous le faire payer, croyez moi. »

Cette fois, il ne put retenir un soupir agacé. D'accord. Inutile d'essayer, il ne pourrait définitivement pas s'enfuir. Il n'était pas bien sûr de ce qu'il entendait par 'vous le faire payer', mais si cela impliquait quoi que ce soit de désagréable, il préférait aller chercher bien gentiment la sœur en question. Et puis son air menaçant ne lui disait rien qui vaille, honnêtement. Inutile d'insister bêtement.

Hannibal étant Hannibal, il ne put cependant pas s'empêcher de pousser une exclamation outrée.

« Vous voulez que je me tienne devant cette porte, que j'attende l'arrivée d'un garde ou d'un serviteur et que je l'envoie chercher votre sœur? répéta-t-il, incrédule. Et quoi? Si elle accepte de venir à cet endroit précis, je devrais ensuite la pousser dans ce réduit? »

Quelle idée merveilleuse. Et que pourrait-il dire à un garde ou serviteur quelconque pour faire venir la jeune femme dans un banal couloir? Qu'il voulait absolument lui parler ici, et nulle part ailleurs? Qu'il avait besoin de son aide ici même? Qu'il n'avait pas envie de bouger jusqu'à ses appartements et qu'elle devait donc se rendre ici pour lui parler? La dernière option n'aurait pas parue impossible, remarque. Peut-être que se contenter de dire au serviteur qu'il avait quelque chose d'urgent à lui dire suffirait... Avec un peu de chance elle ne poserait pas de questions et arriverait assez rapidement, si elle pensait qu'il s'agissait effectivement de quelque chose d'assez grave.

« Eh bien, cette idée me semble absolument parfaite, répondit-il sur un ton plus sarcastique que ce qu'il aurait souhaité. Grâce à vous c'est moi, qui vais avoir l'air d'un désaxé. »

Maintenant, songea Kevin avec le plus grand sérieux, il allait falloir trouver une vengeance à la hauteur de la trahison si monsieur Winter s'arrangeait pour lui désobéir. Le jeune homme aux cheveux bruns ne se rendait pas compte de la chance qu'il avait eut d'embarquer dans cette histoire farfelue une personne relativement docile; Si jamais il avait poussé dans ce réduit une sale teigne insensible à son air austère et ses froncements de sourcils, il serait en ce moment même entouré de plusieurs gardes, prêt à être jeté dehors ou plus probablement dans les cachots pour avoir 'attenté' à la vie de quelqu'un, à plus forte raison s'il s'agissait d'une Noble personne. Lui-même en était une, mais allez faire comprendre ça à des hommes entrainés à jeter les importuns dehors. Il aurait fallut faire venir ses parents, et il aurait été dans d'immenses ennuis. Cette pensée n'avait pourtant qu'à peine effleuré son esprit, alors qu'il réfléchissait à une menace concrète à formuler en cas de besoin. Hannibal semblait agacé, comme en dénotait son soupir excédé, mais Kevin n'en avait cure. Il pourrait de nouveau vaquer à ses diverses activités une fois qu'il aurait fait venir Iris ici. Ce n'était pas la mer à boire, non ? Il ne lui demandait pas de passer la journée en sa compagnie, mais simplement de faire venir sa sœur en ces lieux, afin qu'il puisse lui parler sans être vu. Par la suite, il pouvait l'éviter jusqu'à la fin de ses jours que ça ne le dérangerait pas plus que ça. Comme ils n'étaient pas partis sur de très bonnes bases, Kevin en convenait, il comprenait que lui et cet homme ne puissent devenir véritablement amis. Lui-même ne le désirait pas tant que ça. Il avait beaucoup d'amis, quelques ennemis, ainsi que de nombreuses connaissances. La troisième catégorie siérait à merveille à Hannibal Winter.

« Vous voulez que je me tienne devant cette porte, que j'attende l'arrivée d'un garde ou d'un serviteur et que je l'envoie chercher votre sœur? Et quoi? Si elle accepte de venir à cet endroit précis, je devrais ensuite la pousser dans ce réduit? »

Exactement, songea Kevin, satisfait. Ce plan était bancale, il en avait conscience, mais il n'arrivait pas à penser à mieux. Il ferait l'affaire. Si Iris le voyait, elle rentrerait sans hésiter dans ce réduit d'elle-même, à priori. Sa présence, en tous les cas, ferait taire son indignation d'être traitée comme la dernière des servantes. Du moins, Kevin l'espérait ardemment. Il avait confiance en sa sœur, et elle avait également confiance en lui; Jamais il ne lui viendrait à l'esprit de le dénoncer auprès de leurs parents s'il la suppliait de ne rien en faire. Après... Il ne connaissait pas ce Hannibal Winter, et s'il songeait à le dénoncer par la suite ou même vaguement mentionner son existence à qui que ce soit, il allait devoir trouver un moyen d'acheter efficacement son silence. Sans le menacer de mort pour autant. C'était embêtant, car il ne voyait aucune autre solution. Hmm... Peut-être pourrait-il le défier en duel (il fallait bien qu'il en arrive là un jour) et miser son silence sur l'issue du duel ? Plan tout aussi bancale que celui qu'il avait imaginé pour voir Iris, mais qui semblait excellent aux yeux du combattant expérimenté qu'était Kevin.

« Eh bien, cette idée me semble absolument parfaite. Grâce à vous c'est moi, qui vais avoir l'air d'un désaxé. »

Eh bien, Hannibal ne semblait définitivement pas enthousiaste à l'idée de faire quérir Iris. Il n'avait pas le choix, pourtant, alors il allait devoir troquer son visage renfrogné contre une expression plus placide. Tout bien réfléchit, peut-être cela presserait-il le serviteur ou le garde si le Noble aux cheveux noirs paraissait paniqué. Si la personne chargée de faire venir Iris en ces lieux lisait une détresse particulière dans la voix d'Hannibal, elle penserait qu'il s'agirait d'une affaire importante voir grave. Quelque chose dont-ils devaient absolument discuter et qui ne pouvait pas attendre une minute de plus. Si Hannibal jouait bien son rôle, il n'y avait aucune raison qu'il ait l'air plus désaxé qu'un autre. Après, si jouer la comédie était un art qui lui échappait tout à fait...

« Ne prenez pas la chose ainsi, voyons, fit Kevin d'un ton qui se voulait aimable, vous pouvez prétendre qu'il s'agit là d'une affaire importante qui ne peut attendre. Dites à cette personne que voir Iris sur le champ est indispensable. Vous n'aurez pas l'air d'un désaxé si vous jouez assez bien la comédie. »

Et sinon, eh bien... Son insistance à la rencontrer en cet endroit précis paraitrait étrange, en effet. D'où la nécessité d'avoir l'air tellement pressé et paniqué que la personne qu'il allait arrêter ne se poserait pas ce genre de questions et filerait sans rien demander de plus.

« Mais vous avez peut-être une autre solution ? » lui demanda-t-il, un demi sourire accroché à ses lèvres. Question purement rhétorique, dans les faits, mais si Winter avait en effet une autre idée, meilleure que la sienne, il l'écouterait attentivement. Tant qu'elle ne nécessitait pas qu'il se fasse voir au grand jour, bien évidemment.

[Diantre! Il est vrai que l'honneur empêcherait Kevin de faire du mal à des femmes. Il serait fichu.XD

Le Hanni-Dail est adorable. Même s'il me fait rire à chaque poste.X'D]

{KEVIN, Y U SO COOL?C___C

J'ai toujours rêvé de parler comme ça, ahahaha. N'empêche qu'Hannibal a trouvé la parade, t'as vu ça? Pour une fois que les filles qui battent des cils à côté de lui peuvent servir à quelque chose...!8D

Hanni-Daaaail euh. Tous les couples me font rire, c'est la dure loi de la vie. We're gonna need Iriiiiis!}

Hannibal, sourcils froncés, visage fermé, attendit avec une certaine appréhension la réponse de son interlocuteur. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur lui ? Il n'était pourtant pas le seul Noble malchanceux à arpenter ces couloirs, tout de même – ça paraissait complètement ridicule. Alors pourquoi lui ? S'il avait fait quoi que ce soir pour mériter ce genre d'ennuis, eh bien il ne s'en souvenait pas. Certes, il avait fait quelques petites choses répréhensibles de ci de là, mais rien de plus ou de moins que ses voisins. Enfin, à peu près. Et puis ce n'était définitivement pas la question. La question, pour l'heure, était de savoir si oui ou non il allait se faire découper en tranches fines pour avoir opposé quelque chose au plan sans faille de Kevin Hillyane. Il ne lui sembla lire aucune colère ou brusque envie de meurtre sur son visage mais ne se détendit pas pour autant. Prudence est mère de sûreté, particulièrement en présence d'un individu potentiellement dangereux. On ne le répéterait jamais assez. Quoi qu'il en soit, à défaut d'avoir essayé de le poignarder ou de lui casser un bras, cet homme avait tout de même réussi à éveiller sa curiosité. Le simple fait qu'il soit le frère d'Iris aurait été suffisant, en vérité. Le jeune homme se sentait d'une façon ou d'une autre lié à sa fiancée – quoi de plus normal ? – et jugeait que dans une moindre mesure, ce qui la concernait pouvait donc aussi le concerner. Être entraîné dans une histoire compliquée et ennuyeuse ne intéressait pas franchement, cela dit... Peut-être pourrait-il s'éclipser et demander ensuite à la jeune femme de quoi il retournait exactement. Rester ici allait finir par le rendre claustrophobe, il pouvait en jurer. Toute cette histoire l'agaçait, il ne voulait en aucun cas y être mêlé et, tout bien réfléchi, abandonner Iris avec un homme à l'identité et aux motifs douteux ne lui paraissait plus si cruel que quelques minutes plus tôt. Encore quelques secondes comme ça et il finirait par perdre toute compassion envers quoi que ce soit tant que ça pouvait lui permettre d'être définitivement hors de danger.
Bon. Il vérifierait quand même qu'elle était encore en vie et pas trop traumatisée un peu plus tard dans la journée, histoire de. Et aussi pour avoir le fin mot de l'histoire. Il avait le droit de savoir pour quelle raison il avait été séquestré de la sorte, tout de même.

« Ne prenez pas la chose ainsi, voyons, vous pouvez prétendre qu'il s'agit là d'une affaire importante qui ne peut attendre. Dites à cette personne que voir Iris sur le champ est indispensable. Vous n'aurez pas l'air d'un désaxé si vous jouez assez bien la comédie. »

Facile à dire ! Il comptait rester cacher à ne rien faire en attendant qu'on fasse tout pour lui. Alors évidemment, de son point de vue, ce plan devait sembler merveilleux. Mais quoi qu'Hannibal n'avait aucun doute en ses talents de comédien, il restait quelque peu sceptique. Cela nécessitait que quelqu'un passe dans ce couloir sous peu, que la personne en question accepte d'aller chercher sa fiancée et que, par-dessus le marché, la fiancée en question soit bien tranquillement dans ses Appartements. Si elle était partie marcher, parler avec des amies ou faire une de ces choses stupides que les filles devaient apprécier, ils n'étaient pas prêt de la voir arriver. Dans un sens, ça l'aurait presque rassuré. Qu'elle soit introuvable. Il aurait fallu trouver autre chose, et peut-être que cet autre chose en question aurait pu jouer en sa faveur. Sait-on jamais.

Mais inutile de rêver. Avec sa chance, la personne qu'il arrêterait tomberait même sur la jolie Elfe en chemin.

« Mais vous avez peut-être une autre solution ? »

Hannibal hésita, chercha, puis ses épaules s'affaissèrent en signe de reddition. D'accord, d'accord. Il allait faire ce qu'il voulait – pour peu qu'il lui fiche la paix ensuite, lui, ça lui convenait. Le jeune homme fit un geste agacé de la main.

« Bien, lâcha-t-il avec une joie non dissimulée. Je vais le faire, peu importe. Mais vous feriez mieux de réfléchir à une solution de rechange parce que si elle est introuvable, je n'irais sûrement pas arpenter le château à sa recherche moi-même. »

Au moins, comme ça, les choses seraient claires. Cet endroit était grand, et Iris n'était pas une statue ; si ce Kevin Hillyane était encore plus malchanceux que lui, il se pouvait qu'elle ait choisi ce moment précis pour se cacher dans un coin. Même si, comme il s'en était déjà fait la remarque, il y avait plus de chances pour qu'elle soit dans ce couloir avant même qu'il ait eu le temps de se remettre de ses émotions. Et là, il... Il quoi ? Lui attraperait galamment le bras, ouvrirait la porte à la volée et la pousserait dans la pièce ? Apparemment c'était sa seule option. Il n'avait pas vraiment le choix. Profiter de ce moment pour s'éclipser lui-même, peut-être...
Hmmmm. Laisser Iris seule avec un potentiel malade n'était pas franchement une bonne idée. Il semblerait que sa peur et sa conscience s'équilibraient de manière étonnante – et comme sa crainte s'était vaguement dissipée, l'idée d'abandonner sa fiancée à son triste sort lui paraissait de nouveau cruel. Rentrer à sa suite, alors ? Au point où il en était, ça ne faisait plus grande différence. Sans compter que 'prévenir la garde' ou 's'enfuir', Kevin avait bien insisté là-dessus, lui attirerait d'inévitables problèmes. Quelle sale journée.

Il fut pour ajouter quelque chose mais abandonna – ou oublia – son idée en cours de route. Il jeta un coup d’œil à son vis-à-vis, inquiet à l'idée qu'il puisse le poignarder quand il lui aurait tourné le dos, et se décida finalement à ouvrir la porte. Sortit du réduit avec le plus de naturel possible (parce que si quelqu'un passe, bonjour la réputation) et constata non sans soulagement qu'il était seul. S'adossa à la porte à présent fermée, songea sérieusement à partir sans demander son reste et finit par abandonner. Aucune envie de savoir en quoi la vengeance de ce charmant individu consisterait.
Sa montre passa de sa poche à ses doigts et il soupira un bon millier de fois avant que, au bout de quelques minutes, une servante ne se décide à emprunter ce fichu couloir. Il l'intercepta quand elle passa à sa hauteur et, apparemment, son ton pressé et son expression préoccupée suffirent à compenser l'incongruité de la demande. La jeune femme s'éloigna à grandes enjambées et Hannibal poussa un nouveau soupir.

Maintenant il ne lui restait plus qu'à attendre Iris, espérer qu'elle allait se dépêcher et la faire entrer vite mais sans trop la brusquer dans la pièce derrière lui. ''Oh, bonjour Iris, oui je voulais te voir, allez rentre là-dedans.'' Il avait fait plus poli, mais tant pis. Elle comprendrait.

[Iris que voilà, pour vous servir !XD
J'opte pour le vouvoiement..., mais, bon, ça fait zarb. On dira que ça leur passera après.XD
Zou les zouzous, gyéhéhéhé... Posté.]

Un léger froncement de sourcils donnait au joli minois de la jeune fille un air préoccupé. Eh bien, que se passait-il donc, pour que l’on envoie quelqu’un la quémander en toute urgence ? Plus Iris cherchait, moins elle trouvait : encore, la demande eût-elle été formulée par ses parents ! Mais, pensez-vous, elle ne l’avait pas été –d’autant qu’elle ne jugeait pas avoir fait quelque bêtise méritant une discussion dans les brefs délais. Curieuse, elle voua aux gémonies tous ces couloirs une bonne centaine de fois, leur longueur ici tout à fait inopportune sursoyant sans cesse son entrevue avec son très cher futur époux. Que lui voulait-il ? Pourquoi ne pas avoir tout simplement attendu de la croiser ? Aussitôt l’elfe chassa cette question idiote de son esprit : sa fainéantise ne lui avait pas échappé, et pour peu qu’il n’eût tout simplement pas eu envie de se lever et de monter à l’étage, le prétexte eût été suffisant pour qu’il lui envoie quelque serviteur lui bien zélé. Elle leva les yeux au ciel à cette remarque, nullement dérangée ou si peu qu’elle n’en fit pas grand cas. Elle en était encore à trouver ses défauts « charmants » faute de les ignorer, trop de perfection l’aurait inquiétée dans la mesure où, après tout, elle-même ne l’était pas tant. Puisqu’il lui fallait s’en accommoder, autant commencer dès à présent, n’était-il pas ? Sans doute cette belle persévérance se verrait-elle bientôt épuisée ; Iris n’y songeait pas un instant. Le point d’interrogation consistait donc en ce qu’il la fasse appeler sans communiquer de raison particulière. La servante, qu’elle ne reconnaissait d’ailleurs pas, n’en menait guère plus large que sa propre personne, ce qui n’était pas pour l’avancer. Oh, peut-être avait-il un problème ? Ce devait être important…, mais lequel ? Quelque chose qui aurait nécessité son intervention à elle, et personne d’autre. Que le personnel n’avait pas besoin de savoir à son sens...

Eh bien non, elle ne voyait honnêtement pas ce dont il pouvait s’agir. Ses talons ce jour-là ne lui faisaient pas gagner tant de hauteur, aussi avançait-elle relativement vite, tout en s’appliquant à ne pas avoir l’air trop pressée. A deux reprises elle avait demandé « où, exactement, elles se rendaient », mais nulle réponse claire n’était venue éclairer sa lanterne. Un salon ? Non. Le parc ? Non. La bibliothèque ? Pas plus. Un couloir, semblait-il, elle n’avait pas retenu tous les détails –qui consistaient majoritairement en des « par-là, vers cet endroit, vous savez », et autres généralités qui ne l’auraient pas plus renseignée que le long silence qu’elle observait maintenant. Qu’est-ce qu’il pouvait bien avoir eu dans la tête pour soudainement avoir besoin d’elle dans un couloir ? La perplexité avait chassé pour un temps tout le reste, mais la curiosité affluait et refluait en vagues irrégulières : marée montante sans doute, car elle gagnait du terrain. Iris lissa un pan de sa robe verte et longue décorée de noir et d’or au modeste décolleté, perdue dans ses pensées. Occupée à un travail de broderie avec une amie lorsqu’on avait fait irruption dans la pièce, elle y avait laissé son ouvrage d’une qualité que sa mère aurait déclarée discutable. En revanche la discussion passionnante dans laquelle elles étaient plongées, elle ne l’avait quittée qu’à regret –cela atténué par ce que son fiancé Hannibal Winter le lui avait demandé, grand sourire à ladite demoiselle qui, s’imaginait Iris, devait être verte de jalousie à l’instant même. A un autre qu’Hannibal, elle aurait fait la remarque qu’elle n’était pas un petit animal domestique et qu’elle était, elle aussi, fort occupée et ne se tenait pas en permanence à sa disposition. Gentiment, certes, mais tout de même. Il avait de la chance d’être lui, elle ne voulait pas se fâcher comme cela. C’aurait été trop bête, cela n’en valait clairement pas le coup.

Iris accéléra l’allure pour rattraper la servante décidément pressée de retourner vaquer à ses occupations. Préférer à sa noble compagnie de la vaisselle ou des chiffons était aussi naturel qu’un troisième œil au milieu du front, mais la sang-bleu ne s’en formalisa pas. Elle ne la connaissait pas et l’étiquette ne seyait qu’aux personnes de haut rang dignes de l’apprendre, remarqua-t-elle sans animosité aucune. Elles tournèrent à droite à un croisement –logique puisque l’autre menait vers un grand escalier et qu’elles n’allaient sûrement pas encore monter ou descendre– et avancèrent encore une brève minute avant que la fille en uniforme ne s’incline et lui indique le tournant de gauche. Parfait, songea la curieuse en rejetant une mèche de cheveux violacés, noués en un chignon natté, derrière son oreille. Un sourire se dessina sur son visage lorsqu’elle avisa son fiancé, adossé au mur. Eh bien ! Il avait l’air bien tranquille pour quelqu’un qui l’avait dérangée de son travail –ou massacre selon certaines mauvaises langues, mais elle savait pourtant se débrouiller ! S’avançant vers lui, elle s’enquit de la situation avec une curiosité non dissimulée :

« Hannibal, vous êtes là ! J’étais justement en train de…, oh, et puis ce n’est pas important, conclut-elle, décidée à lui épargner le sermon sur ce que sa broderie avait été interrompue. Dites-moi plutôt pourquoi vous m’attendiez dans un…, couloir ? »

{Ouaaaaaaais! Iris a rejoint Hannibal et Kevin dans le placard!8DDD

Okay, je sors. Mais avouez que, hein. Et puis le vouvoiement, ça va, on va gérer. Même si ça fait zarb, en effet. Ils auront tout le temps d'approfondir leur relation plus tard, on va dire...|D}

Inutile de dire qu'Hannibal, courageux et fier comme il l'était, pensa plusieurs fois à partir sans demander son reste. Ça ne lui semblait vraiment pas si mal, comme solution... S'il filait prévenir la garde avant qu'Iris n'arrive, il pourrait peut-être faire arrêter son kidnappeur sans courir le moindre risque. Et, finalement, ça n'aurait pas été une idée stupide ; le seul problème était qu'Hannibal n'avait, donc, jamais été extrêmement courageux. Pour peu que l'on menace sa vie, obtempérer lui semblerait toujours plus judicieux que tenter quelque chose d'inconsidéré, essayer de s'en sortir, bref, prendre des initiatives. Il n'aimait pas avoir à réfléchir – or ce genre de situations demandaient bien trop de réflexion. Voilà pourquoi, malgré ses soupirs et son inquiétude, il ne bougea pas de devant la porte. Rester là, attendre... Il n'y avait plus que ça à faire, maintenant. Le jeune homme pensait avoir suffisamment pressé cette servante pour lui donner envie de se dépêcher, mais qui sait ? Il se pouvait qu'elle ne trouve pas sa fiancée. Il se pouvait aussi que la fiancée en question ne daigne pas venir ou que, encore pire, cette idiote de domestique se trompe de nom. Il ne se sentait pas d'humeur à expliquer une nouvelle fois qu'il tenait à voir Iris Hillyane, et non Erin Allyan ou qui que ce soit d'autre. Peut-être aurait-il dû la lui décrire avant de ne l'envoyer en croisade? Elfe, grande, cheveux violets, yeux... Yeux, hm... Il tenta de se remémorer le visage de la jeune fille, sans véritable succès. Verts, non ? Il lui semblait se les rappeler verts – mais c'était aussi la couleur des yeux de Dail, et il craignait de ne simplement confondre. Peu importe, il ne devait pas y avoir mille Elfes aux cheveux violets dans ce château. Quelques-unes, peut-être, mais elles ne pouvaient pas toutes avoir un nom ressemblant à celui de sa future femme. Il pouvait être malchanceux, d'accord, mais il y avait des limites aux coïncidences et aux accidents.
Le jeune homme plongea ses mains gantées dans ses poches, définitivement stressé. Il avait autant envie de la voir arriver que le contraire, et craignait par la même occasion de ne se faire tuer si quelque chose allait de travers. Tout aurait pu être très simple, sa vie aurait pu être simple et tranquille, mais non : il fallait qu'on le fiance avec quelqu'un qui avait le malheur d'avoir un frère complètement malade. On ne lui ferait pas croire que ce garçon était sain d'esprit ; et s'il l'était malgré tout, alors c'était un criminel. Allons, franchement... Quel personne censée – et de Noble naissance, qui plus est – arpenterait les couloirs du château avec une cape sur la tête ? Aucune. Personne. Zéro. Il cachait quelque chose, c'était certain. Restait à espérer qu'il n'avait ni menti sur son identité, ni sur ses intentions. Parce que s'il arrivait quelque chose à Iris par sa faute, il se sentirait coupable pour le restant de ses jours. Cela n'équivaudrait pas à la colère qu'il lui vouerait s'il était blessé à cause d'elle, mais tout de même : il avait une conscience, et jusque là aucune envie de meurtre concernant la jolie Elfe. D'autant plus que si Kevin tuait l'un, il tuerait probablement l'autre. Autant éviter d'en arriver à de telles extrémités.

Plongé dans ses pensées, il ne remarqua pas immédiatement que l'objet de ses pensées venait d’apparaître au bout du couloir. Quand le bruit de ses talons le tira de ses rêveries, elle n'était plus qu'à quelques mètres de lui. Pris de panique, il se décolla un peu brusquement du mur et afficha un sourire qui se voulait détendu. Au moins, il ne pourrait reprocher cela à ses parents : oui, apprendre à faire de jolis sourires en toute circonstances pouvait être pratique. Même si, une fois face à sa fiancée, son sourire lui donna la désagréable impression d'une imminente trahison. Savait-elle qu'il allait la pousser dans la petite pièce, là, juste derrière lui ? Bien sûr que non. Lui, en revanche, si. Et il s'en excusa silencieusement quand elle s'adressa à lui, pas le moins du monde inquiète.
Ah, tiens ; ses yeux étaient bien verts.

« Hannibal, vous êtes là ! J’étais justement en train de…, oh, et puis ce n’est pas important. Dites-moi plutôt pourquoi vous m’attendiez dans un…, couloir ? »

Hannibal se tourna légèrement et passa sa main droite derrière les épaule de la jeune fille, l’obligeant à avancer d'un ou deux pas lui. Juste assez près de la porte pour pouvoir l'atteindre, juste assez loin pour ne pas se la rentrer dans l'épaule quand il l'ouvrirait.

« Oh, eh bien... Rien en particulier, répondit-il tout en se maudissant pour son manque d'imagination. J'ai simplement pensé à vous et ai réalisé que je devais vous voir pour, comment dire... »

'Vous enfermer ici' ? Peu importe, il ne comptait pas converser plus longtemps ; il ouvrit la porte de sa main libre et, avec autant de douceur que possible vu la rapidité de son geste, poussa Iris à l'intérieur. Rentra à son tour, ferma la porte derrière lui. Et pria pour que personne ne soit passé à ce moment-là. Il n'osait même pas imaginer de quoi ça aurait eu l'air – ou disons plutôt qu'il savait très bien de quoi ça aurait eu l'air mais ne voulait pas y penser.
Maintenant qu'Iris était là, le plus dur était fait ; restait à savoir ce que son présumé frère lui voulait.

Kevin était désolé pour Hannibal Winter, d'un certain coté. Il avait eut la malchance d'être le premier à être passé près de lui dans cet immense couloir, et c'était bien là la seule faute qu'il avait commise. Pouvait-on même parler de faute dans son cas ? Chassant les dernières brumes de culpabilité de son esprit, le jeune homme aux cheveux bruns préféra se concentrer sur la situation présente, qui elle requérait toute son attention. Il avait menacé Hannibal et l'avait entrainé dans cette histoire abracadabrante, ça il n'y pouvait plus rien. Ce qui était fait était fait, il était inutile de revenir là-dessus. En revanche, la suite de ce chapitre du livre de sa vie n'était pas encore écrite, et il devait prendre garde à ne faire aucune rature. Déjà, il était arrivé jusqu'ici, ce qui était un petit exploit en soit. S'il avait été vu par une connaissance ou pire, s'il avait croisé son père ou sa mère, son plan d'infiltration serait immédiatement tombé à l'eau, et en plus de cela, il se serait fait copieusement réprimander. Comme un enfant de dix ans que l'on aurait surpris à voler des gâteaux aux cuisines. Or, Kevin était loin d'être encore un enfant que l'on pouvait faire se tenir debout contre un mur durant deux bonnes heures. Il aurait obéit si son père lui avait infligé une telle punition, mais... Enfin, ça aurait été stupide, il était un adulte, à présent. Grand, fort, et surtout responsable; Il voyait les limites à ne pas dépasser et étais sage dans ses choix et ses actions. Un homme dont ses parents pouvaient être fiers, capable de porter le nom de sa famille sans l'entacher !

Et c'était pour cela qu'il était coincé dans un réduit, à se cacher du reste du monde en attendant qu'un Noble qu'il avait menacé lui amène sa jeune sœur. Bravo, Kevin, tout ça était incontestablement très mature, songea-t-il, presque amèrement. Maintenant qu'il était seul et que le silence régnait, que la tension retombait, le jeune homme se rendait mieux compte de la portée de ses actes et ses mots. Pour autant, il ne pensa pas un seul instant à rectifier le tir et sortir pour s'excuser de son idiotie, et aller voir ses parents en espérant qu'ils lui pardonneraient son acte impulsif. Non, il avait commencé, il allait aller jusqu'au bout ! Kevin n'était pas un homme qui faisait les choses à moitié, qu'on se le dise. Les bras croisés, il fixait sans relâche la porte, impatient. Hannibal n'avait pas intérêt à s'être discrètement enfuit, sinon, il ferait de sa vie un enfer. Un enfer. Et il pesait ses mots.

Soudain, des claquements réguliers retentirent sur le carrelage de l'autre côté de la porte, et l'ainé des Hillyane tendit l'oreille. Des voix résonnèrent, et s'il ne pu saisir le sens de la conversation, il reconnut la voix d'Iris, et celle d'Hannibal. Ah, enfin ! Monsieur Winter lui avait donc obéit sans chercher à se défiler. C'était très bien, tout ça, il n'aurait pas à le défier en duel pour le corriger de son impertinence. Restait à savoir comment il allait persuader Iris de rentrer dans ce placard. Il n'oserait tout de même pas l'y pousser sans ménagement ! Kevin songeait à ouvrir discrètement la porte et demander à sa sœur d'entrer quand elle s'ouvrit sur deux silhouettes, qui s'engouffrèrent rapidement dans l'entrée avant qu'elle ne se referme à nouveau. Kevin cligna une ou deux fois des yeux, surpris, avant de laisser son visage se fendre d'un large sourire. Il soupira de soulagement, heureux de voir que sa sœur était là, et sain et sauve. Savait-on jamais... Elle aurait pu être malade, ou un pervers aurait pu l'agresser en chemin ! On était jamais trop prudent. Ou encore, son fiancé aurait pu la battre. Cette pensée lui fit serrer les poings, mais il garda sur son visage un sourire.

« Iris ! Tu n'étais pas occupée, j'espère ? »

Comme si se parler dans un placard, à trois, était la chose le plus naturelle du monde. Comme si sa présence même était normale. Kevin n'avait pas le droit d'être ici, et Iris devait le savoir. Elle allait s'étonner de sa présence, sûrement, mais tout ça passait en second plan. Le grand frère protecteur qu'il était avait une seule et unique priorité, pour l'heure: Rencontrer le fiancé d'Iris et s'assurer qu'il était un homme bien. Si tel n'était pas le cas, il se ferait un plaisir de personnellement s'occuper de son cas. Se tournant vers Hannibal, il lui offrit un sourire d'excuse. Il était désolé de l'avoir effrayé, mais il n'avait pu faire autrement. Se promener dans des couloirs plus fréquentés, à découvert ou avec une capuche sur la tête, était hors de question, il aurait fini par être reconnu. Il espérait tout de même, au fond, qu'il ne le détesterait pas pour ça. Il lui avait donné une mauvaise image de lui, ce n'était l'homme qu'il était au quotidien. Peut-être qu'espérer cela était trop... Mais il espérait quand même. En attendant, Iris était là, et Kevin se sentait flotter. Enfin une bonne nouvelle !

[TRAPPED IN THE CLOSET! AH!>8D]

La curiosité sans bornes qui faisait quelques secondes plus tôt étalage de sa mainmise sur le visage d’Iris dût rendre les armes devant une perplexité grandissante. Oui ? Donc, eh bien quoi, il avait pensé à elle, et devait la voir ? Dans un couloir ? Pour « rien de particulier », disait-il ? Etonnante précision s’il en était, qui acheva de confondre la jeune femme. Si un millier d’idées avaient, en l’espace de cinq minutes, traversé en trombe un esprit saturé, cela ne rendait que plus déconcertant encore le blanc qui y régnait à présent en maître impitoyable. Et de toute évidence indétrônable ; les explications sensées l’en délivrer ne faisaient que la renforcer. Si elle s’était attendue à cela en écoutant cette servante délivrer son message, que ne serait-elle pas venue ! Ou, s’interrompit-elle un bref instant, sans doute que si, quoique la logique du raisonnement d’Hannibal lui échappât dans les règles de l’art. C’était bien beau de la dépêcher, et elle se sentit ridiculement flattée qu’il ait pensé à elle –comme elle se serait sentie flattée d’un compliment sur sa robe ou sa bonne mine qui ne viendrait jamais. Oui, c’était bien beau, mais encore fallait-il que cela servît à quelque chose ! Elle ne se serait pas mise en colère pour si peu, mais aurait songé à remettre en question la santé mentale de cet homme. On ne mandait pas un tierce pour « rien de particulier ». Pas dans un couloir. Pas quand ladite personne était affairée à une broderie à la trame mortellement complexe –que sa tendre mère aurait qualifiée de basique.

Hannibal passa la main derrière ses épaules. Elle n’y prit garde et, une seconde plus tard, se retrouva coincée dans un ridicule réduit sans la moindre idée de ce qu’elle pouvait y faire –sans la moindre idée de quoi que ce fut de cohérent à la vérité. La première qui émergea, rapide, fut telle que l’on eût pu s’y attendre en observant cette scène d’un œil extérieur : le rouge aux joues, sa main manqua de peu d’imprimer une marque incarnate sur la joue de son Prince Charmant quand retentit à ses oreilles une voix qui n’avait rien à faire au fond d’un placard. Au château. Le fil décousu des évènements lui retira momentanément toute envie ou capacité de raisonner : elle se contenta de fixer, yeux écarquillés, bouche bée, ses vis-à-vis d’un air abasourdi plus que soupçonneux.

Elle cligna des yeux : oh, pensa-t-elle alors, ma pauvre maman, je suis désolée mais la broderie n’est vraiment pas faite pour moi ; je m’y suis endormie. Et quel rêve étrange ! Si son fiancé n’avait pas obstrué l’entrée, nul doute que la Belle Endormie aurait poussé la clenche. Parce que cette situation n’avait rien de vraisemblable ! Son frère Kevin ne pouvait pas lui demander si elle était occupée alors que son fiancé venait de l’entrainer dans un placard pour discuter.

Non ?

« Ah, si, enfin non, je…, je brodais, et on m’a dit que… Enfin, Hannibal, vous, enfin je ne comprends pas, c’est… Ah, je, enfin, Kevin ? »

Ses paroles, plus limpides que celle d’un vieux sage grabataire, ne contribuèrent pas à éclaircir à ses yeux la situation qui restait désespérément embrumée. Outre son déroulement plus que suspect, les protagonistes eux-mêmes n’étaient pas cohérents : Kevin, son frère aîné, n’était plus au palais depuis longtemps –et à cette pensée son cœur se serra d’un dépit qu’elle accueillit comme une vieille compagne dont l’absence vous avait inquiété tant que soulagé. Leurs parents ne lui auraient pas dépêché sans lui en faire part, et il n’aurait pas commis une telle bravade à l’autorité paternelle de son plein gré. Un doute à cet instant précis la prit, mais l’incrédulité ne tarda pas à en emporter les vestiges au loin. Qu’était-elle supposée dire ou faire ? Comme elle aurait l’air ridicule si elle s’était assoupie au salon ! Elle serait, ironisa-t-elle, la nouvelle fable du moment.

Mais pour quelqu’un qui rêve, elle tardait à rouvrir ses paupières. Le doute revint. Elle ne comprenait absolument rien à ce qui se passait ici.

« Non, Kevin n’est pas là, donc, c’est… amorça-t-elle sans terminer sa phrase, se tournant vers Hannibal, quelque peu désemparée. Je ne comprends rien ! Qu’est-ce que…, je ne comprends rien ! »

{ Like a hooooo-bo... 8DDD

Allez, maintenant, il faut qu'ils acceptent de sortir du placard... }

Ce ne fut qu'une fois rentré dans le réduit qu'Hannibal se rendit compte qu'il avait retenu son souffle. Il expira doucement, tentant tant bien que mal de rester composé et correct. Les apparences avant tout. Il avait beau être perdu, suspicieux et toujours un peu effrayé par l'homme qui lui faisait face, ce n'était pas une raison pour le laisser paraître. S'il parvenait à paraître sûr de lui, voire un brin exaspéré, il aurait déjà l'air plus convainquant. Il s'appliqua donc, main sur la poignée, adossé contre la porte, à adopter une attitude détachée et indifférente. Il réussit sans trop de mal à donner le change. Maintenant il allait falloir qu'il trouve rapidement un plan de secours, pour le cas où ce dangereux individu n'aurait en fait rien à voir avec le frère d'Iris ; quelque chose comme un plan B. Ou un plan A, dans son cas, puisqu'il n'en avait pas le moindre. Voyons voir. Il était devant la porte, c'était déjà un avantage ; vu la taille de la pièce, cela dit, il aurait du mal à s'enfuir sans risquer de se faire attraper avant même d'avoir pu sortir. Eh bien il... Il allait... Hm...

« Iris ! Tu n'étais pas occupée, j'espère ? »

Attraper un objet et l’assommer avec ? Non. Trop violent.
Il étudia d'un air mitigé le sourire désolé de l'un et l'air perdu de l'autre. Lui-même n'en menait pas large, séquestré dans cet endroit pour des motifs qu'il ne comprenait décidément pas – et qui ne le regardaient à priori pas. Qui plus est, que ce garçon connaisse le nom de la jeune fille ne signifiait en rien qu'ils étaient de la même famille : il se pouvait très bien qu'il soit tout simplement fou. Fou à lier, perdu dans son monde, bon à enfermer. Le jeune homme espérait tout de même que ce n'était pas le cas, autant par commodité que parce qu'il tenait à sa vie. La version où elle le reconnaissait et le serrait dans ses bras serait, à priori, plus agréable à vivre. Mais Iris ne bougea pas. Elle resta fixer son vis-à-vis avec des yeux ronds, clairement déboussolée. Ce qui, soyons clairs, ne rassura pas du tout son pauvre fiancé. Les quelques secondes de silence qui suivirent lui parurent durer une éternité ; éternité durant laquelle il eut cent fois le loisir de s'imaginer la jeune Elfe en train de dire que, non, elle ne le connaissait pas.
Ils seraient dans un sacré pétrin, si c'était bel et bien les mots qu'elle s'apprêtait à dire.

« Ah, si, enfin non, je…, je brodais, et on m’a dit que… Enfin, Hannibal, vous, enfin je ne comprends pas, c’est… Ah, je, enfin, Kevin ? »

Des quelques mots et semblant de phrases qu'elle balbutia, Hannibal retint le plus important : Kevin. Si elle connaissait son prénom – et s'adressait à lui en l'employant – alors ils se connaissaient. Ça ne faisait pas le moindre doute. Un peu rassuré à cette idée, il se décrispa quelque peu et laissa retomber son bras droit, jusque là appuyé sur la poignée, le long de son corps. Il y avait de fortes chances pour que, s'il lui avait dit la vérité quant-à Iris, il ne lui ait pas menti sur le reste non plus ; sa vie n'était donc plus vraiment en danger. Si tant est qu'elle l'ait été à un seul moment de la conversation.
Il adressa tout de même un regard compatissant à la jeune femme, qui semblait autant comprendre la situation que lui. Ce Kevin n'avait vraisemblablement rien à faire là, en témoigne la surprise de sa sœur ou son insistance à ne pas se faire voir. Pourquoi était-il entré en catimini, qui craignait-il de croiser et où aurait-il dû être, ça, il n'en avait pas la moindre idée.
Avec un peu de chance, il éclaircirait bien gentiment la situation pour eux.

« Non, Kevin n’est pas là, donc, c’est… Je ne comprends rien ! Qu’est-ce que…, je ne comprends rien ! »

Les yeux dorés d'Hannibal croisèrent ceux de sa fiancée quand elle se tourna vers lui, et il s'appliqua à lui adresser un sourire aussi rassurant que possible. Bien sûr, qu'il allait éclaircir la situation. C'était le moins qu'il puisse faire après les avoir tour à tour dérobé à leurs activités – pour ne pas dire kidnappés – et terrorisé en les enfermant dans cette pièce. Ils avaient bien mieux à faire que l'aider à jouer les aventuriers. Lui, en tout cas, avait mieux à faire. Comme flâner, par exemple.
Il se reconcentra sur Kevin et, sourcils froncés, tenta tant bien que mal de garder son allure calme et composée. Rester digne.

« Je ne sais pas ce qui se passe, répondit-il avec un vague haussement d'épaules, mais je suis sûr que votre frère va se faire un plaisir de s'expliquer. N'est-ce pas ? »

Il n'aurait pas accepté d'autre alternative. Quoi que... A bien y réfléchir, s'il lui avait demandé de partir, il n'aurait pas protesté longtemps avant de ne pousser la porte. Les dimensions de ce réduit, bien loin de celles de sa chambre, commençaient à le rendre claustrophobes.

» WINTER Hannibal {V.2}
» « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]
» WINTER Sean
» Sweet Day.♥[PV Mélia, et qui veut vient!XD]
» Winter Kills [Matthilde]