Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez
 

 « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
Sean Winter
noble
Sean Winter

Messages : 17
Inscrit depuis le : 10/02/2010
Age : 26
Localisation : Dans les couloirs. Je ne préciserais pas où exactement, tu n'as qu'à chercher.^^

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Sean
Arme: Une épée, entre la rapière et le fleuret
fonction: Noble

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Mar 30 Juil - 6:09

Un rayon de soleil solitaire filtrait par le mince interstice entre les deux lourdes tentures d’un bleu terne. Au-delà, celui du ciel rayonnait de sa beauté matinale, à la fois plus claire et plus profond. La silhouette enterrée sous plusieurs épaisseurs de couvertures jeta à cette lumière impromptue un regard noir : de quel droit s’invitait-elle dans sa chambre alors que sa seule compagnie, aussi muette fût-elle, lui arrachait des frissons d’agacement ? Elle n’avait rien à faire là. D’un mouvement rageur, il rabattit le tissu par-dessus sa tête et apprécia, l’espace de quelques trop courtes secondes, la douce pénombre qui l’enveloppa alors avant de le rejeter plus loin. Quiconque eût pénétré dans la pièce eût pourtant noté son cruel manque d’éclairage : la lampe à huile, éteinte. Les bougies, mouchées et tout juste entamées, entourées d’un maigre disque de cire fondue. Le travail remarquable des boiseries leur conférait un air sombre presque noir et contribuait à affirmer cette douce ambiance de fin de soirée qui régnait d’une main de maître sur l’antre de Winter.

Le problème, avait dit sa mère à quelqu’un de moins empressé sur le pas de la porte, était qu’elle s’y était installée depuis plus de deux jours et devait par conséquent déguerpir dans les plus brefs délais. Sa voix avait eu le ton de l’impératif qui ne manquait jamais de faire obéir son fils, au doigt et à l’œil. Pas que ses injonctions eussent eu un bien grand effet cette fois-ci : très vite remplacées par le ton cajoleur de tout bon garde-malade, il n’avait que renforcé le gamin dans son idée de passer le restant de ses jours enfermé ici. Je ne me sens pas très bien, j’ai dû attraper froid, arguait-il à l’occasion. Son discours avait tenu bon face au médecin et il ne faisait plus aucun doute qu’à ne manger qu’une cerise ici et là, il l’était vraiment devenu. Assis sur le bord du lit, son oreiller rembourré de plus de plumes qu’une de ces fichues basse-cours hérita d’une œillade toute aussi peu amène que le reste de la chambre. A trop s’y être appuyé, il était devenu plat et sincèrement, ce n’était plus à moitié aussi confortable.

Gentiment quoique pas de gaieté de cœur, il avait laissé le personnel faire un ménage sommaire dans ses affaires tout en les lorgnant du coin de l’œil, un sourire aimable mais « fatigué, je vous en prie, faites donc votre travail » plaqué sur les lèvres. Sa mère était venue, sans grand résultat ; sa fiancée était venue « qu’est-ce qui ne va pas enfin », mais il se l’imaginait trop heureuse de le voir à l’article de la mort pour apprécier de la voir –c’était faux et sévère, rétorquait le côté de lui qui gardait les pieds sur terre, mais il n’en avait cure. La petite voix, vexée comme de dû, s’était alors tue pour un long moment qui n’en finissait pas. Même dilemme pour son père qui n’avait vu là qu’un coup de froid ou une grippe plus inquiétante, mais rien qu’un bon remède et du repos ne sussent soigner avec un peu de temps et d’attention. Ou de calme, et Sean avait été d’accord et Sean le leur avait fait savoir en peu de mots bien trouvés et pesés. Son oncle était venu –Winter, le plus jeune, l’avait entendu. S’était rangé à l’avis de son père, ce à quoi le malade n’avait rien trouvé à redire. Mais il fallait qu’il sorte un peu, ce n’était pas bon pour sa santé et s’il avait quelque chose sur le cœur (sa mère), rien ne l’empêchait de faire quelque chose pour ne plus y penser (quelqu’un d’autre mais il ne se souvenait plus exactement qui). Ce n’était que lorsqu’il avait été fait mention de son cousin stupide un peu niais, Hannibal, que la belle au bois dormant avait fait la grimace et aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. Diable, s’il était fait la moindre mention de cet imbécile congénital, il ne pouvait qu’espérer que ce n’était pas pour faire le plus vague parallèle qui fût. Aberrant, vraiment.

Et un brin inquiétant.

Sean prit son courage à deux mains et posa ses pieds sur le sol couvert d’un tapis moelleux. Il n’était pas malade mais eût prié de l’être réellement. Sans doute l’avait-il déjà fait et peut-être son souhait avait-il déjà été exaucé. Aide-toi et le ciel t’aidera, récita le brun avec un sourire en coin. Jusqu’ici, il trouvait s’être plutôt bien aidé.

Un coup sec frappé à la porte et il se pinça l’arête du nez : être seul et penser ne devait pas faire partie de ses droits. Il n’associait de toute évidence pas cette idée avec sa voisine loin d’être aussi douce qui de son côté, consistait plus à ressasser de noires pensées propices aux invasions de cafards en long, en large et en travers. Il n’avait pas de problème, il ne se sentait pas très bien. Quel manque de jugeote les poussait alors à…

« Entrez », clama-t-il d’une voix forte mais un peu enrouée.

Il poussa un discret soupir et ajouta pour lui-même, plus bas qu’un murmure :

« Ou allez au diable, qui que cela puisse être. »
Revenir en haut Aller en bas
Hannibal Winter
noble
Hannibal Winter

Messages : 565
Inscrit depuis le : 12/02/2009
Age : 32
Localisation : Dans la chambre de Sean.

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Hannibal.
Arme: Aucune.
fonction: Noble.

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Mer 31 Juil - 16:36

Il n'y avait guère plus qu'un soupçon d'inquiétude et d'agacement dans les yeux d'Hannibal ; masqués sous une épaisse couche de politesse et de lassitude, ils avaient appris à se taire complaisamment. En toute franchise, « je n'ai pas que ça à faire » était la seule et unique réponse qu'il ait eu envie de donner – alors elle lui avait brûlé les lèvres et la langue, vraiment, avant de se laisser ravaler. Seulement il n'avait que ça à faire, si. Du moins pour l'instant. Plus important était qu'il ne parvenait pas à tenir tête bien longtemps à ses parents, eurent-ils été les personnes qu'il haïssait le plus au monde : leur refuser catégoriquement quelque chose, d'autant plus s'ils ne le lui demandaient pas explicitement, était au-dessus de ses forces. Appelez ça de la lâcheté ou de la culpabilité, peu importe ; lui appelait ça un compromis valable pour mener une vie à peu près convenable. La famille Winter n'était pas exactement soudée et proche, certes, mais il restait préférable pour eux de ne pas se déclarer une guerre ouverte. S'ignorer leur convenait bien mieux. Les conflits et secrets honteux, comme chacun le savait, gagnaient à ne pas sortir du cercle privé. Le jeune homme avait donc accepté, content ou non, d'habiller son visage de prévenance et de sollicitude.
Ses pas avaient retenti un moment dans les couloirs avant de ne l'arrêter devant une porte vaguement plus familière que les autres. Lorsqu'il avait frappé, son sourire était aussi parfait qu'un sourire puisse l'être ; ses vêtements noirs et blancs étaient sobres mais élégants, ses chaussures parfaitement cirées, ses cheveux impeccablement coiffés. Être irréprochable relevait pour Hannibal autant du devoir que du loisir, et il s'y appliquait tout particulièrement lorsque les personnes à qui il devait s'adresser n'avaient à priori pas un avis brillant de sa personne. Inutile de leur donner d'autres raisons de le mépriser. En l'occurrence, ni sa tante ni son oncle ne devaient le placer en très haute estime ; mais contrairement à ses parents, qui pouvaient se permettre de le lui faire comprendre de façon plus ou moins explicite lorsqu'il les décevait (« une fois de plus »), eux se contentaient probablement d'en parler dans son dos. Pas qu'il s'en plaigne. Il avait bien assez à faire entre Iris et Dail pour vouloir s'encombrer d'inutiles querelles supplémentaires, et tenter de revenir dans les bonnes grâces des Winter n'était pas un projet auquel il comptait donner suite. Trop de travail pour un résultat trop incertain.
On l’accueillit poliment, il répondit poliment. Rentra par la porte tenue ouverte et, soudain dix fois plus las qu'il ne l'était déjà, dut retenir un soupir. Il ne voyait pas bien à quoi cela pouvait servir. Lui et Sean ne s'entendaient guère, tant à cause de la différence d'âge que de l'avis qu'ils avaient l'un de l'autre : ce n'était certainement pas sa présence qui allait faire aller mieux son pauvre cousin. Il n'en était pas à souhaiter la mort de cette peste, mais tout de même. Il en serait presque venu à croire qu'on lui avait sous-entendu d'aller le voir uniquement pour le rendre lui-même malade. Allez savoir. Il était prêt à croire n'importe quoi.
Ses phalanges heurtèrent le bois. S'il lui disait que lui aussi avait passé des après-midi entiers à se dire souffrant quand il se sentait mal, peut-être bondirait-il sur ses pieds pour effacer toute sorte de ressemblance entre eux. C'était possible, très franchement.

« Entrez. »

A défaut d'être le modèle de qui que ce soit, il servait de repère malgré tout : apparemment, faire quoi que ce soit à son image était pour Sean une insulte gravissime. Quel enfant adorable.
Indifférent, Hannibal poussa la porte et entra dans la pièce. Il y faisait sombre, en partie à cause des rideaux tirés, et la lumière extérieure peinait à rendre les lieux plus vivants ; pensif, le jeune homme referma la porte derrière lui et décida de rester devant. Qu'il soit réellement souffrant ou juste abattu, il ne tenait pas à être à portée de ses mains.

« Il paraît que tu es malade. » Un sourire éclaira son visage à ces mots. « Il paraît aussi que rester enfermé dans le noir ne fait du bien ni au corps, ni au moral. Tes parents s'inquiètent. »

Pas que ça le concerne vraiment, mais s'il mourait dans la semaine son oncle ne s'en remettrait sûrement pas – et donc son père non plus, par voie de fait. Or quand il était triste, son père était dix fois plus strict et facilement énervé.
Et ça, non merci. Qu'il attende au moins ses quinze ans avant de passer l'arme à gauche.
Revenir en haut Aller en bas
Sean Winter
noble
Sean Winter

Messages : 17
Inscrit depuis le : 10/02/2010
Age : 26
Localisation : Dans les couloirs. Je ne préciserais pas où exactement, tu n'as qu'à chercher.^^

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Sean
Arme: Une épée, entre la rapière et le fleuret
fonction: Noble

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Mer 31 Juil - 20:26

Sean ne prit pas seulement la peine de se retourner et gratifia la présence d’un soupir las en guise de salut. Une bonne était déjà passée un peu plus tôt et l’acharnement que la pauvre femme avait mis à traquer le moindre grain de poussière en dépit de l’agacement visible du maître l’avait laissé penser qu’à tout le moins elle n’était pas près de revenir traîner son zèle sur ce tapis. Ce qui ne laissait pas grand-monde et pas grand doute quant au nom à coller sur la silhouette qu’il devina derrière lui au bruit léger de la porte pivotant sur ses gonds parfaitement huilés. Qu’on le taxât de ce qu’on voulait bien, le gamin ne reconnaissait ni le bruit des pas ni la respiration de ses pairs, qu’il eût tout juste entendu s’il avait essayé. Il passa une main au travers de ses boucles brunes un peu affaissées par la thérapie-oreiller qu’il affectionnait tant pour leur redonner un semblant de volume, sans succès.

La voix qui retentit alors ne l’encouragea pas à se retourner. Tranquillement assis sur le bord du matelas, une grimace bien peu élégante vint rehausser son visage tandis qu’une pensée, solitaire et presque cruelle dans sa sincérité, traversa son crâne : pourquoi ? Le défilé de visages inquiets et complaisants avait usé ses nerfs, mais leur sollicitude était restée supportable. Il la comprenait en un sens et ne souhaitait que l’émousser, la calmer dans la mesure du possible. Causer du souci à quiconque n’avait jamais figuré dans la longue liste de ses objectifs –du moins a priori, jaugea-t-il à la lumière de son esprit encore un peu embrumé de somnolence. Mais là, la logique de la démarche lui échappait totalement : son cousin et lui n’étaient pas en bons termes et jusqu’à preuve du contraire ne le vivaient pas si mal. Moins il croisait la route de son aîné, le mieux s’en portaient ses jours. Que sa venue fût spontanée eût été étonnant. Que qui que ce soit l’eût mandaté était aberrant. Cet imbécile heureux ne savait que lui taper sur le système, de façon tout ce qu’il y avait de plus naturelle et instinctive. De sa manière de sourire à sa démarche ou le ton de sa voix, tout y passait et ce jour-là plus encore que les autres.

« Il paraît aussi que rester enfermé dans le noir ne fait du bien ni au corps, ni au moral. Tes parents s'inquiètent. »

Les ressorts grincèrent légèrement lorsqu’il se releva et tourna vers Hannibal un visage qui, par un mystère que Sean avait élevé au rang d’art, parvenait à être à la fois souriant et insultant. Comme si je ne le savais pas déjà, eût-il envie de lui lancer. Ou encore peut-être « qu’est-ce que tu viens faire ici, pauvre abruti ? », si ce n’étaient d’autres « occupe-toi donc de tes affaires » et « mêle-toi de ce qui te regarde ». Il resta malgré tout silencieux une seconde, jeta un regard alentours comme à la recherche d’une possible raison à sa présence ici, croisa les bras, peu disposé à discuter autour d’une tasse de thé. Il était rare qu’une politesse mielleuse ne parvînt pas à sauver la mise. Mais il n’était vraiment pas d’humeur à servir ce genre de paroles.

« C’est ce qu’on dit, oui… Ils s’inquiètent de peu de choses. Je suis un peu malade, argua-t-il sans plus de préambules, j’ai besoin de repos. »

Pas de toi en tout cas, ravala-t-il. Il esquissa un pas vers la gauche et s’appuya au secrétaire, affichant un air désinvolte –autant qu’il le pouvait. Pourquoi avait-il dû venir maintenant ? C’était irritant. Cela ne lui plaisait pas. Peut-être même n’était-ce pas un hasard. Peut-être se doutait-on qu’il n’allait pas aussi mal qu’il le prétendait. Peut-être voyait-on clair dans son jeu –quoique lui-même peinât à distinguer la moindre certitude. Peut-être ceci, peut-être cela. Il ne remarqua pas que ses mains, en plein conflit, semblaient farouchement décidées à se détruire l’une l’autre.

« Pourquoi t… C’est ce qui me vaut l’honneur de ta visite ? se reprit-il finalement. Charmant. »
Revenir en haut Aller en bas
Hannibal Winter
noble
Hannibal Winter

Messages : 565
Inscrit depuis le : 12/02/2009
Age : 32
Localisation : Dans la chambre de Sean.

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Hannibal.
Arme: Aucune.
fonction: Noble.

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Jeu 1 Aoû - 5:03

Hannibal ne s'attendait pas à être bien accueilli et, pour ne pas le dépayser, son cousin eut l'obligeance de lui donner raison. Entre eux, il n'y avait jamais eu ces fausses gentillesses et sourires crispés que l'on servait parfois aux autres en guise de guerre silencieuse : ils n'avaient pas besoin de faire semblant ou de conserver quoi que ce soit puisque, pour commencer, il n'y avait rien. Juste du mépris, à priori, et peut-être une colère justifiée de temps à autre. De l'indifférence, aussi. Hormis ces moments de pur bonheur où le plus jeune l'insultait avec le sourire et qu'il allait accidentellement perdre des chats dans sa chambre pour se venger, ils ne recherchaient guère la présence de l'autre. Cousins et non frères : la différence était majeure. S'ignorer leur était permis.
Peu décontenancé par le manque de chaleur qui fut réservé à son entrée, le jeune homme répondit au sourire de Sean par une expression semblable. Qu'il lui envoie de mauvaises ondes tant qu'il le désirait, lui s'en moquait éperdument ; à la longue, il avait dû finir par y être immunisé. Les malédictions Winter n'avaient plus le moindre effet sur lui, si elles en avaient seulement eu un par le passé – sujet sur lequel il restait raisonnablement sceptique. Quoi qu'il en soit, constata-t-il en détaillant son cousin, le malade réussissait à se lever. S'il marchait encore sur ses deux pieds, c'était qu'il n'était pas sur le point de mourir. Définitivement. Pas la peine de s'inquiéter, donc. Le problème venait sûrement de l'absence de problème, justement. Comprendre était une obsession toute naturelle ; dès qu'ils sauraient ce qui arrivait à leur fils cadet, son oncle et sa tante cesseraient probablement de se faire du mouron.

Connaître le pourquoi du comment était rassurant.

« Je suis un peu malade, j’ai besoin de repos. »

Et d'être seul, compléta-t-il en silence. Inutile de le dire à voix haute.
Ce n'était pourtant pas la meilleure façon de guérir. Lorsqu'il avait été malade, plus jeune – et aussi valables soient ses expériences personnelles – il avait toujours fallu le forcer à rester allongé pour qu'il accepte enfin de se reposer tranquillement : Sean n'était certes pas aussi désobéissant qu'il avait lui-même pu l'être à son âge, mais se complaire dans le noir et la solitude n'était définitivement pas une attitude positive. Cela ressemblait plus, à dire vrai, au comportement de quelqu'un bien décidé à passer le restant de ses jours « triste et malheureux, parce que la vie n'a plus aucun sens », comme toute jeune personne après une forte dispute ou une peine de cœur, par exemple.
Enfin. Pour avoir une peine de cœur il aurait déjà fallu qu'il en ait un, de cœur. Chose dont il se permettait de douter.

« Pourquoi t… C’est ce qui me vaut l’honneur de ta visite ? Charmant. »

Hannibal, qui entre temps s'était avancé et faisait mine d'étudier le bois d'un meuble dont il se moquait éperdument, s'accorda un bref temps de réflexion pour élaborer sa réponse. Ce garçon lui était peut-être insupportable, mais il ne tenait pas à ce qu'on l'accuse de quoi que ce soit si après sa visite son cousin allait plus mal encore. Au jeu du « ma parole contre la tienne », Sean gagnait haut la main. Mieux valait donc éviter de trop l'énerver ou de lui donner un mal de crâne qui, pour sûr, aurait tôt fait de se propager jusqu'à lui.
De là à être gentil et prévenant, il ne pouvait rien promettre. Chacun ses limites.

« Je ne m'inquiète pas pour toi, si c'était la question, répondit-il dans un haussement d'épaule. Seulement je m'ennuyais et, vois-tu, j'adore tenir compagnie aux malades. »

Il accompagna ses souhaits de rétablissement d'un sourire hypocrite. Bienvenue chez les Winter.

« Mais tu sais, si tu es souffrant, tu finiras forcément par aller mieux. Rapidement, je suppose, ajouta le jeune homme en croisant les bras, si tu ne veux pas que tout le monde meurt d'inquiétude. »

A la réflexion, peut-être était-ce en cela que sa présence pouvait aider. S'il avait congédié plus ou moins gentiment quiconque l'appréciait, les vexant au passage, lui ne risquait pas d'être froissé : son cousin lui avait déjà dit bien pire que « laisse moi, tu ne m'aimes pas je ne t'aime pas et je veux être tranquille ». Il ne s'en formalisait plus qu'à demi.

« Si tu es souffrant. »
Revenir en haut Aller en bas
Sean Winter
noble
Sean Winter

Messages : 17
Inscrit depuis le : 10/02/2010
Age : 26
Localisation : Dans les couloirs. Je ne préciserais pas où exactement, tu n'as qu'à chercher.^^

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Sean
Arme: Une épée, entre la rapière et le fleuret
fonction: Noble

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Ven 2 Aoû - 5:29

Il s’ennuyait, singea Sean avec une animosité lassée. Diable s’il ne pouvait aller s’ennuyer ailleurs. Ce n’était pas comme si cette conversation enjouait l’un ou l’autre des protagonistes de cette farce ridicule et hautement mal jouée. Dans le rôle du cousin pétri de sollicitude, Hannibal ne se sentait pas à l’aise. Il en allait de même pour son cadet qui depuis des jours brillait dans son interprétation d’un malade imaginaire. Personne ne lui eût reproché d’être entré et aussitôt sorti, congédié avec une rude politesse par le propriétaire des lieux. Diantre, il paraissait même plus qu’évident que son séjour dans cette pièce n’excéderait pas la minute, alors pourquoi l’y envoyer en premier lieu ? Winter songea que ses parents devaient désespérément quêter une réponse et se trouvaient à court d’idées –y avait-il seulement d’autre possibilité, pour que celle-ci leur eût paru intelligente et bonne pour sa santé malmenée ? Vraiment ? Hannibal ? Sean lui jeta une œillade mauvaise, conscient que son visage exprimait, au-delà de son sourire, toutes les paroles à l’acidité coutumière qu’il ravalait sans cesse. Il suffisait d’attendre que l’un comme l’autre se lassât, sans mascarade ou faux-semblant ; quelques minutes eurent contenté les Mandataires De La Bonne Volonté et de l’Amour familial. Cela fait, sortir en clamant n’avoir rien appris de plus ne serait qu’une platitude de plus avant de repartir vaquer à ses occupations.

Ou s’ennuyer, puisqu’il les décrivait ainsi. Pas que cela fût si étonnant ; le simple fait qu’Hannibal s’adonnât à quelque activité semblait la vider de toute forme d’intérêt. Le brun jeta un regard furtif vers son vis-à-vis ; il ne le lui rendit pas et le gamin s’empressa de regarder ailleurs. Il pouvait avoir raison, il pouvait avoir tort, mais il ne voulait pas de cet homme ici.

« Mais tu sais, si tu es souffrant, tu finiras forcément par aller mieux, statua-t-il tandis que Sean haussait les épaules. Rapidement, je suppose, si tu ne veux pas que tout le monde meurt d'inquiétude. »

Qu’il s’inquiétât du bienêtre de sa merveilleuse famille, voilà qui n’eût pas fait honneur à la réputation que celle-ci lui faisait dans le secret de quatre murs ! Chargé de plus d’ironie qu’il n’en pouvait tenir, le sourire de Sean oscilla mais tint bon sur ses lèvres. Bien entendu, que son état s’améliorerait. Le temps en faisait une affaire rondement menée des jours à l’avance. Pourtant il avouait n’y avoir pas tant pensé. Sortir, et pour quoi faire ? Pour que dire ? Pour s’inquiéter, guetter à chaque couloir, sentir des yeux fantômes le scruter sans raison ? Winter n’était pas lâche, de cela au moins il pensait pouvoir être tout à fait certain. Il avait effectué une retraite stratégique derrière des remparts et une bonne porte et reconnaissait s’être laissé aller au confort relatif de la situation. Il pensait. Ses raisonnements débouchaient immanquablement aux mêmes conclusions et n’avaient rien de productifs, certes.

Enfin, qu’il passât ou non le restant de ses jours au lit ne concernait pas cette courge. Un instant, Sean songea que plus sa présence l’irriterait, plus son interlocuteur tirerait un malin plaisir à la lui imposer. L’importuner devait être un jeu comme un autre et le congédier n’eût pas mené bien loin.

« Si tu es souffrant. »

Ce fut cette fois-ci un regard clairement meurtrier qui se posa sur l’autre. Cette insistance ne lui plaisait que moyennement –fichtre, elle ne lui plaisait même pas du tout, continua Sean sans avoir peur des mots. Ce sont toutefois ceux-là qui lui firent défaut alors qu’il ouvrait la bouche pour ne finalement rien rétorque. Le poisson échoué sur la plage activa ses neurones encore à demi endormis et mordilla discrètement l’intérieur de sa joue.

« Je le suis », affirma-t-il simplement.

Il avait vu plus convaincant, quoique la fatigue dans sa voix jouât en sa faveur. Qu’ils s’inquiètent était embêtant, qu’ils s’énervent était imminent. Sean le devinait. Mais qu’y pouvait-il, s’il se sentait mal ?

« Tu comptes rester jusqu’à rendre crédible un « j’ai essayé de lui parler », j’imagine ? Je n’ai pas besoin d’aide. »

Il laissa retomber la commissure de ses lèvres, bras à nouveau croisés, et déclara :

« Encore moins de celle de… Quelqu’un dans ton genre. Si tu t’ennuies, tu peux toujours t’amuser à nous faire un peu plus honte, au lieu de… De m’importuner. »
Revenir en haut Aller en bas
Hannibal Winter
noble
Hannibal Winter

Messages : 565
Inscrit depuis le : 12/02/2009
Age : 32
Localisation : Dans la chambre de Sean.

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Hannibal.
Arme: Aucune.
fonction: Noble.

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Jeu 8 Aoû - 4:29

Malade ou pas, qu'en savait-il au fond ? C'était à un médecin compétent de répondre à l'affirmation de Sean par un « très bien » complaisant ou un sourire sceptique. Pas à lui. Pourtant, toujours aimable et compréhensif lorsqu'il s'agissait de son cousin, Hannibal n'eut aucun mal à pencher pour la solution qui l'ennuierait à priori le plus. Sourire sceptique, donc. Qu'il soit souffrant ou non lui importait peu ; ceci dit, pour que l'état du cadet Winter soulève quelques murmures et discrets soupirs dans le cercle familial, il devait forcément y avoir quelque chose là-dessous. Et ça, c'était intéressant. Lui n'en savait, bien entendu, pas plus que le dernier des inconnus : on n'allait tout de même pas le mettre au courant de quoi que ce soit dont il puisse être tenté de se servir par la suite. C'aurait été stupide. Alors que ce léger détail mis à part, franchement... Il n'y avait pas plus fiable que lui pour garder un secret. Ou presque. Bon, pas tout à fait – mais il adorait écouter les confidences des autres, à défaut de savoir les garder pour lui.
Sa curiosité lui avait déjà causé bien des ennuis dont il se serait volontiers passé. Aujourd'hui, au moins, il ne risquait pas d'y perdre quoi que ce soit si ce n'était un peu de son temps. S'il découvrait quelque chose, tant mieux ; dans le cas contraire, tant pis. Il n'était pas prêt à jouer les espions et très honnêtement, il n'était pas certain de qui méritait le plus d'être désavantagé dans cette histoire. Entre des adultes méprisants et un cousin insupportable, il y avait matière à réfléchir longuement. Très longuement.

« Tu comptes rester jusqu’à rendre crédible un « j’ai essayé de lui parler », j’imagine ? Je n’ai pas besoin d’aide. »

Bien entendu, qu'il pouvait se débrouiller seul. Personne n'aurait osé en douter. Entendre cet imbécile demander de l'aide – son aide, tant qu'à faire – lui aurait probablement fait perdre l'équilibre sous le choc. Les chiens ne faisaient pas des chats et Sean était bel et bien un chien, aucun doute là-dessus. Charmant et attentif, fidèle et agréable à la discussion... Tout ce qu'on pouvait attendre du parfait jeune homme, résuma-t-il en lui adressant un sourire amer. Que de rudes comparaisons entre eux. Quoi qu'il en soit, plutôt que de lui servir une répartie dégoulinante d'hypocrisie, Hannibal décida de garder le silence. Ses paroles avaient beau sembler blessantes, elles n'étaient pas exactement fausses non plus ; il y avait des limites à la mauvaise foi. Même pour se moquer de lui, il ne lui serait jamais venu à l'idée de le veiller des jours durant en priant pour son rétablissement. Ou du moins pas sérieusement.
Il aurait pu l'en menacer, en revanche. La fin de sa phrase le fit sérieusement considérer l'idée.

Croisant les bras à son tour, Hannibal abandonna son sourire pour jeter à son cousin un regard vaguement ennuyé. Lui parler était fatiguant, devoir le supporter était fatiguant, le voir était fatiguant... Ce fichu gamin lui donnait juste envie de faire demi-tour pour aller prendre quelques heures de repos bien mérité chaque fois qu'il avait le malheur de croiser sa route. Il faillit bien appliquer, d'ailleurs ; le « j'ai essayé de lui parler » devait déjà être crédible, sans doute.
Seulement non.

« Quelqu'un dans mon genre ne t'a pas proposé son aide, répondit-il sans chercher à masquer les intonations vexées de sa voix. Et je ne m'amuse pas à faire honte à ma famille. C'est inné. Toi, en revanche, tu t'amuses admirablement bien à ennuyer ladite famille. »

Un soupir fuit d'entre ses lèvres. Il aurait aimé fumer.

« Je suis à peu près sûr que j'aimais rester enfermé dans ma chambre, moi aussi, quand j'allais mal, récita-t-il sur un ton faussement tragique. Tu vas finir par devenir comme moi, si tu continues... Quel horrible destin. Déshérité avant l'heure. »
Revenir en haut Aller en bas
Sean Winter
noble
Sean Winter

Messages : 17
Inscrit depuis le : 10/02/2010
Age : 26
Localisation : Dans les couloirs. Je ne préciserais pas où exactement, tu n'as qu'à chercher.^^

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Sean
Arme: Une épée, entre la rapière et le fleuret
fonction: Noble

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Jeu 8 Aoû - 6:07

Les yeux levés au plafond, Sean semblait en étudier jusqu’au moindre détail avec une attention soutenue et franchement ostentatoire. Tout plutôt que prêter l’oreille aux médisances d’un homme tel qu’Hannibal, à peine digne d’un regard dans ses meilleurs jours. Il ne lui proposait rien qu’une irritation désagréable, celle que sa seule présence parvenait à occasionner –et il ne parlait pas seulement de l’écouter déblatérer ses âneries sans intérêt. Qu’il ennuyât sa famille, fort bien, ce n’étaient pas ses affaires. Et qu’y pouvait-il ? Etait-ce de sa faute ? Bien entendu que cela ne l’est pas, conclut le noble, quoiqu’il n’y eût peu ou prou aucun raisonnement à conclure. Le talent de son cousin pour se rendre méprisable était aussi indubitable qu’il était grandiose, on le lui reconnaissait. Cet imbécile passait son temps à… A, eh bien, à faire et dire des choses qui lui ressemblaient. Winter crut, l’espace d’un instant particulièrement exquis, que son vis-à-vis allait reculer, appuyer doucement sur la clenche et passer le seuil de la porte qu’il n’oublierait-pas-de-fermer-derrière-lui-merci. Ce ne fut pas le cas.

Et faute de jurer, le gamin laissa les muscles de son visage s’affaisser un peu plus vers une tentante apathie. Que dieu me donne la force de supporter cette gêne s’Il ne peut la faire disparaître pour de bon, pria-t-il sans conviction. Dieu ne l’entendait sûrement pas, pas alors que ces derniers jours il n’avait pas mis un pied dans une église et ne s’était pas confessé. Cette situation avait l’avantage criant de le laisser demander à la Providence tout ce qui lui passait par la tête, toutes les pensées saugrenues qui lui traversaient l’esprit sans crainte d’offense. C’avait un côté pratique que la présence de son cousin faisait ressortir comme le bois sombre de ce meuble mettait en valeur les broderies blanches du napperon qui le rehaussait. Sean continuait à feindre l’indifférence, persuadé qu’à en donner une trop belle imitation elle finirait par venir l’honorer en personne. Il inspira une grande goulée d’air, laissa son regard redescendre vers son interlocuteur :

« Je suis à peu près sûr que j'aimais rester enfermé dans ma chambre, moi aussi, quand j'allais mal. Tu vas finir par devenir comme moi, si tu continues... Quel horrible destin. Déshérité avant l'heure. »

Il était sûr de sa maîtrise de lui. Ce genre d’échanges et de batailles verbales se soldaient toujours par un non-lieu, une paix en pacotille, une retraite raisonnable des deux parties. Ils savaient pertinemment où s’arrêter pour ne pas créer d’esclandre. Réagir calmement, ne pas réagir, leurs possibilités n’étaient pas myriade mais leurs nuances restaient nombreuses, plus encore lorsqu’ils mettaient à leur service une armée de mots aux double-sens évidents. Sean connaissait ce discours, l’avait souvent balayé d’un revers de la main : merci, mais non merci. Cette analogie insultante que venait renforcer la similarité de leurs traits n’avait rien de charmant. Son nom associé à celui de cet abruti, ces « aussi », ces « comme », ces « devenir » en pagaille lui arrachèrent une nouvelle grimace.

Mais Sean était sûr de lui. Une comparaison peu flatteuse, une attaque mesquine de la part d’un homme mesquin, ces paroles n’allaient guère plus loin. Une colère froide sourdait dans son ventre en ces ignobles occasions –tout juste une aigreur d’estomac, vraiment. Il mit sur le compte de la fatigue sa manière de s’insinuer dans ses articulations et de lui faire serrer les poings contre ses cuisses. Ses jointures pâles et le nœud à la base de sa gorge étaient autant de signes qu’il s’appliqua à ignorer. Alors qu’il remuait, interdit et les dents serrées, quelque pensée pour rétorquer une réplique de son cru, son bras se saisit d’un ample geste du bougeoir sculpté de verre posé sur le secrétaire. Sans une seconde de plus, il se fracassa sur le sol :

« Je t’interdis de dire une chose pareille, s’entendit-il crier plus qu’il ne cria, ne me compare pas à toi, espèce de… Si ce n’est notre nom de famille, nous n’avons absolument rien en commun et quoique tu insinues je ne tolérerai pas que… »

La pression soudainement retombée, il baissa le bras, déglutit, baissa la tête, pinça les lèvres, songea à chercher que dire, constata le pauvre objet cassé.

« Que tu tiennes… Ces propos. Va-t’en, s’il-te-plait. Enfin, je... Mince. », finit-il d’une note hésitante et stupide.
Revenir en haut Aller en bas
Hannibal Winter
noble
Hannibal Winter

Messages : 565
Inscrit depuis le : 12/02/2009
Age : 32
Localisation : Dans la chambre de Sean.

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Hannibal.
Arme: Aucune.
fonction: Noble.

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Jeu 15 Aoû - 6:26

Bien sûr, que ce genre de remarque allait faire mouche : Hannibal connaissait assez son cousin pour en être certain. Avoir des points communs avec lui ? Grand Dieu, quelle offense ! Le jeune homme en riait aujourd'hui, jaune ou non, mais ça n'avait pas toujours été le cas. L'indifférence et l'habitude s'étaient fait attendre. Pour être tout-à-fait exact, elles avaient daigné pointer le bout de leur nez le jour où il s'était rendu compte que son cas était classé, indéfendable et définitivement entaché. Inutile de s'acharner puisque ça ne menait nulle part ; il avait arrêté de chercher à se défendre. A partir de là, voir Sean plisser le nez à la moindre comparaison entre eux avait cessé de le vexer. C'était comme ça. Il ne s'attendait pas à ce que ça change de sitôt, si seulement il le souhaitait. Avoir un sujet sur lequel l'ennuyer était bien trop pratique pour qu'il désire plus que modérément le voir disparaître du jour au lendemain. Généralement, aussi stoïque et souriant reste le garçon – tout dépendant de la compagnie qu'ils avaient, comme pour tout – Hannibal parvenait à se réjouir d'avoir gâché sa journée. Que ça se voit ou non, il savait pertinemment que ça l'ennuyait. D'autant plus quand ils avaient tant de similitudes, n'est-ce pas ? Ils étaient tous taillés sur le même modèle, dans sa famille. Manque de chance pour le cadet, ressembler à son père signifiait aussi ressembler au frère jumeau de ce dernier – et, par extension, à son fils. Donc à lui. Quelle merveilleuse nouvelle.
Le visage de Sean lui criait en ce moment-même mille mots d'amour ; c'en était presque gênant. Sa grimace lui alla droit au cœur, sans oublier de décrire une courbe parfaite le long de ses lèvres. Tant d'affection de sa part, il y avait de quoi en perdre ses mots. Si touchant. Bercé par un calme enveloppé d'une douce ironie, Hannibal regarda son vis-à-vis se tendre sans vraiment le voir. Peu attentif aux autres, pas plus observateur qu'il n'était analytique, il s'attendit à ce qu'on lui rétorque un simple claquement de langue énervé, un sourire hypocrite ; une réplique acide, peut-être. Sean était une peste, certes, mais une peste censément malade qui savait se tenir. Avec le temps, il avait appris à connaître ses réactions. Il n'aurait pas pensé pouvoir être surpris.
Comme quoi tout peut arriver.
Un sursaut agita les épaules d'Hannibal lorsque le bougeoir vint violemment heurter le sol. Dans sa surprise, le jeune homme faillit bien reculer d'un ou deux pas. Se tenir le plus loin possible des zones et personnes dangereuses faisait partie intégrante de ses buts dans la vie : s'éloigner de quelqu'un lui voulant du mal, que celui-ci ait dix ou soixante ans, lui paraissait être la seule réaction sensée. Non pas que Sean lui fasse peur, vu sa taille et sa carrure, mais... Sa réaction avait de quoi le laisser perplexe malgré tout. Ce n'était pas un claquement de langue ou un sourire hypocrite, ça ! Il eut tout de même le droit à une réplique acide, histoire de ne pas trop le dépayser, mais ce fut bien le seul cadeau que son cousin lui fit. Pauvre bougeoir. Légèrement perturbé, le noble n'accepta qu'à regret de quitter l'objet des yeux : pour un peu, on aurait pu croire qu'il allait bouger par lui-même pour venir l'égorger.

« Va-t’en, s’il-te-plait. Enfin, je... Mince. »

Mince, oui.
Ses yeux dorés clignèrent par trois fois sur un visage rendu inexpressif par l'étonnement. Il avait l'impression d'avoir assisté à la formation d'une micro-tempête n'ayant duré qu'un très court instant – et dont, fort heureusement, le bougeoir seul avait fait les frais. Le jeune homme se souvenait parfaitement de ce qu'il avait dit,  ainsi que du ton sur lequel il l'avait dit : rien dans ses paroles n'aurait dû l'énerver plus que d'ordinaire. A l'extrême limite, s'il était bel et bien malade – et donc fatigué – peut-être aurait-il été concevable de le voir perdre un peu de sa maîtrise de lui-même. Un peu.

Enfin. Tant qu'on ne lui jetait rien dessus, il pouvait s'en accommoder.

« … Tu es sûr que ça va ? »

Sourcils froncés, il lui lança un regard sceptique. Ce n'était pas comme s'il avait fait quoi que ce soit de mal ces derniers temps ; être comparé à lui n'était pas subitement devenu plus insultant en quelques semaines. Sean devait être très fatigué. Il ne voyait que ça.

« Et puis, si nous n'avons rien en commun, tu n'as aucune raison de te vexer, ajouta-t-il. Personne ne va te déshériter. »
Revenir en haut Aller en bas
Sean Winter
noble
Sean Winter

Messages : 17
Inscrit depuis le : 10/02/2010
Age : 26
Localisation : Dans les couloirs. Je ne préciserais pas où exactement, tu n'as qu'à chercher.^^

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Sean
Arme: Une épée, entre la rapière et le fleuret
fonction: Noble

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Ven 16 Aoû - 3:58

Le calme s’était imposé au garçon aussi vite qu’il avait disparu quelques secondes plus tôt : une sérénité glacée coulait dans ses veines et figeait son visage dans une immobilité de statue, froide et peinte d’or terne au niveau des yeux. La colère avait cela de beau qu’elle dictait à ses hôtes une conduite faite d’évidences certes malavisées mais de la plus simple des simplicités. Elle avait reflué maintenant vers d’autres horizons et le plantait là, pantois, à gérer une barque dont il ne tenait pas à prendre les commandes. Le silence qui suivit parvint à lui faire espérer que son geste était passé inaperçu –ridicule–, ou qu’il n’avait pas plus de réalité qu’une fable. Après tout, il n’avait jamais été question pour lui de jeter un malheureux bibelot au sol. Cela ne lui ressemblait pas. Sans doute ne l’avait-il donc pas fait. Tandis qu’il s’escrimait à vêtir de crédit cette thèse arrangeante, Sean s’appliquait à ne pas poser le regard sur les débris qui jonchaient à présent le tapis. Tous les moyens étaient bons pour rester digne.

En face de lui, Hannibal se tenait un peu en retrait, interdit. Aussi demeuré fût-il, la démesure de la réaction de son jeune cousin avait des proportions titanesques qui n’avaient pas pu échapper à son esprit –lourd et sincèrement lent en toutes choses, ajouta le gamin, enclin à redoubler de virulence pour retrouver un semblant d’équilibre. Sa langue refusait toutefois de se délier et briser le silence qui enveloppait la pièce mal éclairée, ignorant proprement les injonctions pressées de son cerveau en panique –le genre de panique gelée qui vous laissait sans voix face au problème. Il tenta de lancer une réponse à son vis-à-vis, certain de se porter comme un charme malade sur la voie de la guérison. Nulle expression ne lui parut appropriée et, lorsqu’il eut malgré lui arrêté son choix sur l’une d’elle, il ne trouva plus ses mots. Laissa couler sa brève réflexion.

« Et puis, si nous n'avons rien en commun, tu n'as aucune raison de te vexer. Personne ne va te déshériter. »

Un haussement d’épaules de sa part vint ponctuer la remarque de son interlocuteur. Un peu trop de réalisme ou un manque flagrant de combativité le garda de ne pas lui donner raison. C’était vrai ni plus ni moins, tant et si bien qu’en dépit d’un usage intensif, abusif presque, cet argument tenait bon. Il ne vacillait pas, bien campé sur ses deux jambes de logique pure. Sean l’avait utilisé à maintes reprises, séduit par une telle efficacité. Ils n’avaient rien à voir l’un avec l’autre, cela n’allait pas plus loin que cela. Leur comportement démentait leur allure, leurs façons de parler démentaient les traits de leur visage. Winter mettait un point d’honneur à cultiver cette différence, allant jusqu’à gommer ce qui ne lui plaisait pas. Cet argument alors était infaillible.
A tout le moins l’était-il tant qu’ils n’avaient vraiment rien en commun. Cette triste constatation arracha un rictus amer à Sean, qui peinait à retrouver de sa superbe, envolée avec le bougeoir. La Plus petite concession aurait été un aveu rabaissant. Il lui fallait néanmoins trouver la juste mesure. Donner le change pour cet abruti, c’était de la confiture aux cochons. Le jeune garçon ne pensa pas instant que dans cette histoire, c’était lui-même qu’il cherchait plus que tout à abuser. A convaincre.

« Je sais, maugréa-t-il en se rasseyant sur le bord du lit, face à son cousin cette fois. J’imagine que tout cela me tape sur les nerfs, c’est tout. »

Satisfait de son explication, il tourna la tête vers la fine ligne de lumière entre les rideaux, prétexte idéal pour regarder ailleurs, et repris sans faire attention à grand-chose :

« Quand tu as dit que c’était inné, de nous faire honte… C’était vrai ? Je suis sûr que tu le fais exprès », rabâcha-t-il pour se rassurer tout en reconstruisant, pierre à pierre, la façade plâtrée de morgue qu’il aimait porter. Elle couvrait un mur tout aussi arrogant et borné, dans son genre.

Car les gens bien élevés, les gens biens, les gens de bonne famille n’auraient su être mauvais sans le vouloir. Sean ne le voulait pas, il avait des principes, de grandes idées et se réclamait de ces personnes capables de rationaliser. Rien ne se fera indépendamment de moi, tel devait être son credo. Et pour cela, reléguer aux oubliettes son accès de colère était un commencement fort seyant.
Revenir en haut Aller en bas
Hannibal Winter
noble
Hannibal Winter

Messages : 565
Inscrit depuis le : 12/02/2009
Age : 32
Localisation : Dans la chambre de Sean.

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Hannibal.
Arme: Aucune.
fonction: Noble.

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Dim 25 Aoû - 5:36

Les yeux d'Hannibal observaient le visage de son cousin avec une insistance tout juste marquée, cherchant un signe quelconque sans trop savoir quoi au juste. Une raison à sa colère, des traces de fatigue ou d'agacement réprimé, du dégoût... Il savait parfaitement qu'à force de sourire et de contenir sa frustration, beaucoup finissaient par craquer sur un sujet en apparence parfaitement banal ; ce n'était ni rare ni particulièrement étrange. Casser un objet était une façon comme une autre de se calmer – certes pas la meilleure, il en convenait, mais néanmoins compréhensible. Ça l'avait juste surpris. Sean n'avait jamais été, de mémoire, un enfant sujet aux crises de colères fréquentes ; c'était au contraire un garçon plutôt maîtrisé, à priori. Le jeune homme connaissait ceci dit son cadet sans vraiment le connaître pour autant, aussi ne se serait-il pas avancé trop loin sur ce terrain. Il devait ignorer à peu près autant de choses sur Sean que ce dernier en savait sur lui : définitivement trop. Connaître les états d'âme et les réactions spontanées d'une personne nécessitait un minimum d'entente, pour ne pas dire un lien fort. Puisqu'il n'y avait jamais rien eu de tel entre eux, ils ne pouvaient décemment pas prétendre tout savoir de l'autre. Connaître quelques-uns de ses points faibles était largement suffisant, non ?
Dérobant son regard vers un meuble, Hannibal envisagea de battre sagement en retraite. Sa présence n'était clairement pas désirée ; et puis il était resté suffisamment longtemps comme ça, après tout – sans compter que, pour être tout à fait honnête, ni la santé physique de Sean ni son bien-être ne faisait partie de ses préoccupations premières. Ni maintenant, ni avant, ni jamais. Prétendre le contraire aurait été hypocrite de sa part : alors si en plus il lui faisait piquer des crises de nerfs...
Pourtant, il ne bougea pas. Curiosité idiote. S'il disait que c'était juste une histoire de nerfs et de fatigue alors ce devait être le cas, inutile de se prendre la tête. Ce n'était pas lui qui aurait à expliquer pourquoi le bougeoir n'avait pas survécu à sa visite, quoi qu'il en soit. Les problèmes de son cousin n'étaient clairement pas les siens.

« Quand tu as dit que c’était inné, de nous faire honte… C’était vrai ? Je suis sûr que tu le fais exprès. »

De mieux en mieux.
Sean était, aux yeux d'Hannibal, le genre de personne envers qui il était impossible de ressentir de l'empathie plus de quelques secondes. Proposez une main secourable et il vous tordait le poignet, quand il n'en profitait pas pour vous marcher sur le pied au passage. Enfin, sérieusement ; comme s'il avait pu faire exprès de faire honte à qui que ce soit ! C’était très loin d'être agréable, vraiment. C'était juste agaçant. Ennuyant. Blessant, gênant, indésirable – et ce peu importe l'angle sous lequel il le regardait. Ça ne faisait pas de lui quelqu'un de particulier, ça ne le rendait pas plus intelligent qu'un autre non plus : être en tort perpétuel était franchement éreintant, il ne le souhaitait qu'à très peu de personnes dans ce monde. Alors oui, c'était inné. Malheureusement pour lui. Ses parents ne manquaient pas une occasion de lui rappeler qu'en plus d'être déviant, il avait fallut qu'il soit lâche, pas spécialement malin et maladroit dès qu'il s'agissait de manier une arme.
Au moins, songea-t-il dans un long soupir agacé, je suis beau. Personne ne lui ferait croire que ce n'était pas le principal.

« Comment – et surtout pourquoi, ajouta-t-il sur un ton exaspéré, m'amuserais-je à faire honte à qui que ce soit ? C'est vrai que c'est extrêmement drôle d'être rabaissé à longueur de temps. »

Même s'il avait détesté ses parents du plus profond de son cœur, jamais il n'aurait été jusqu'à se mettre lui-même dans l'embarras pour les ennuyer : aussi casse-pieds ait-il été, le jeune homme avait toujours su garder une passion brûlante pour le repos et la facilité. Chose qu'on ne cessait également de lui reprocher, tiens. Comme quoi il n'y pouvait vraiment rien.
Bien entendu, il niait toute mauvaise volonté de sa part. Se croire responsable de son propre malheur l'aurait plongé dans un puits sans fond de détresse et de culpabilité ; il préférait de loin croire en quelque mauvais tours du sort. S'il avait pu être normal, il l'aurait été. C'était tout bonnement impossible.

« Peut-être – il appuya lourdement sur ce mot – que je pourrais faire des efforts sur certains points. Concernant d'autres, poursuivit-il en insistant de nouveau sur ces quelques syllabes, c'est simplement comme ça. Je n'y peux rien. Tout comme tu ne peux rien faire contre ton caractère de peste ; c'est inné, tout ça. On ne s'en débarrasse pas en claquant des doigts. »

Perplexe, il haussa un sourcil en direction de Sean. Ça ne servait à rien d'argumenter, mais c'était plus fort que lui.

« Si je te demandais de cesser sur le champ d'avoir peur des chats, ne va pas me dire que tu en serais capable. »
Revenir en haut Aller en bas
Sean Winter
noble
Sean Winter

Messages : 17
Inscrit depuis le : 10/02/2010
Age : 26
Localisation : Dans les couloirs. Je ne préciserais pas où exactement, tu n'as qu'à chercher.^^

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Sean
Arme: Une épée, entre la rapière et le fleuret
fonction: Noble

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Dim 15 Sep - 20:37

Sean se mordit l’intérieur de la joue, un sourire cousu sur les lèvres. Tu es complètement stupide, mon pauvre, pensa-t-il alors le regard rivé sur son cousin. Les gens stupides n’ont nul besoin de raisons pour agir, ils vont et font au gré de leurs envies passagères, trop heureux qu’il leur reste seulement leurs beaux yeux pour pleurer. Hédonistes ratés, imbéciles dans l’âme, abrutis jusqu’à l’os par leurs caprices ridicules, il ne plaisait pas au gamin de leur ressembler ni d’y être associé de quelque façon que ce fut. Empilant généralisation sur insulte mordante, il cherchait avant tout à se rassurer. La méchanceté n’était pas un mortier pire qu’un autre et, dans cette situation, Sean ne pouvait se montrer trop exigeant. Son cousin était mauvais parce qu’il voulait être mauvais et s’il le voulait, c’était justement parce qu’il était mauvais. Le serpent se mordait la queue, tournait en rond, dessinait des cercles concentriques autour d’un cœur de mauvaise foi mais ne lassait pas le joueur de flûte qui se donnait l’illusion de le maîtriser habilement et enchaînait les fausses notes.

Il acceptait de reconnaître un fond de vérité aux paroles de son interlocuteur. Les meilleurs menteurs savaient en tapisser leurs verbes jusqu’à la dernière virgule –les circonstances demandaient à ce que cet idiot fut promu à ce rang, Winter ne comptait pas rechigner. Si Hannibal s’escrimait à être pour ses parents le pire fils de toute La Création, les siens n’avaient guère de souci à se faire : ses efforts tendaient dans la direction opposée. Il ne voulait rien entendre de ces histoires de courant dans lequel il ne serait pas happé.

« Peut-être que je pourrais faire des efforts sur certains points. Concernant d'autres, c'est simplement comme ça. Je n'y peux rien. Tout comme tu ne peux rien faire contre ton caractère de peste ; c'est inné, tout ça. On ne s'en débarrasse pas en claquant des doigts. »

Le gosse plissa le nez, tout sauf ravi de l’appellation qu’on lui avait si gratuitement attribuée. S’il s’était senti le cœur d’être agréable à cette andouille, ou qu’importe laquelle autre d’ailleurs, il en eût été capable. Il le jurait. Se récriait. Pestait. Ses pupilles rivées au sol, il serra les dents, se cherchant mollement des excuses. La frénésie des jours précédents et surtout des premières heures s’était épuisée après avoir couru en long en large et en travers dans la grande chambre. Un soupir tout à fait agacé se faufila entre ses lèvres : très bien. Très bien.

« Si je te demandais de cesser sur le champ d'avoir peur des chats, ne va pas me dire que tu en serais capable. »

Un frisson désagréable lui parcourut l’échine et Sean, sans s’en rendre seulement compte, esquissa la plus dégoûtée, la plus horrifiée et hautaine à la fois des grimaces. Cette peur-là, il ne craignait pas de l’assumer –et ce tout bonnement parce que la cacher quand tous la pouvaient contempler à l’envi eût été encore plus ridicule. De deux maux, il jetait son dévolu sur le moindre et –sincèrement, des chats ? Ces infâmes bestioles du diable ne parvenaient que par magie à plaire ! Leur regard malsain brillait dans le noir, leurs dents déchiquetaient les proies quand leurs pattes griffues ne jouaient pas avec, leurs miaulements piaillards envahissaient les pièces remplies des vieux débris de tout ce qu’ils avaient pu faire tomber, ils étaient couverts d’un pelage qui ne manquaient pas de le faire éternuer et, par-dessus le marché et bien plus grave encore, le mettaient très mal à l’aise. Cette situation n’avait rien à voir avec eux : les chats étaient des chats, argument de loin suffisant pour justifier son animosité à leur égard. Il déglutit péniblement. Hannibal, comme à son habitude, restait d’une mesquinerie à toute épreuve.

« Cela n’a aucun rapport. Les chats…, cracha-t-il presque. On ne naît pas avec de telles… »

Tares ? Sans doute était-ce le mot qui lui brûlait la langue. On ne naissait pas avec de telles tares. Il voulut le dire et, pourtant, n’en fit rien. Comment naissait-on, alors ? Parfaits ? Cette histoire sans queue ni tête l’exaspérait au point qu’il commençait à la trouver aussi drôle que désespérante. Son humour, lorsqu’il ne jouait pas les Arlésiennes, virait parfois au noir. Il secoua doucement la tête, les articulations percluses de l’ironie de la chose.

« J’ai simplement été surpris, se défendit-il dans l’air et presque pour lui-même, et contrairement à toi, je ne suis pas une espèce de… »

Une nouvelle fois, il perdit ses mots, sans toutefois se fatiguer à leur donner la chasse. D’une main, il saisit la manche d’Hannibal et l’attira vers lui. Cela ne dura que quelques secondes et Sean ne pensa à rien : enfermé dans sa chambre, il avait suffisamment ressassé ses pensées pour qu’elles s’oxydent et perdent de leur brillant. Il avait mal à la tête et n’était sûr de rien. Rien de tout cela ne pouvait continuer indéfiniment, sur ce point au moins son cousin avait raison –il fallait faire quelque chose, n’importe quoi. Et ce fut exactement ce qu’il fit, quoiqu’il ne s’en rendît pas vraiment compte, lorsqu’il embrassa Hannibal. Il fallait faire quelque chose et surtout, il fallait savoir.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Hannibal Winter
noble
Hannibal Winter

Messages : 565
Inscrit depuis le : 12/02/2009
Age : 32
Localisation : Dans la chambre de Sean.

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Hannibal.
Arme: Aucune.
fonction: Noble.

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Sam 5 Oct - 3:12

La grimace de Sean tira une pointe de contentement presque mesquin à son cousin. Cet argument-là, aussi bancal puisse-t-il sembler, serait bien difficile à contrer ; il le savait. L'on pouvait arguer qu'une mésaventure avec ces animaux pouvait être la cause de sa peur panique, mais c'était loin d'être le cas de chaque phobique de ce monde. Et puis qu'importe la raison, au fond ? Que ces travers-là aient une origine extérieure ou non, Hannibal s'en moquait éperdument. Peut-être que quelque chose, durant son enfance, l'avait poussé à ne voir dans les courbes féminines guère plus qu'un art joli à la vue ; peut-être que tout n'était que question d'éducation, quoi que ses parents l'eurent nié avec véhémence. Qui pouvait affirmer quoi que ce soit ? Tout ce qu'il savait, lui, était que la peur de Sean demeurait toute aussi incontrôlable, indésirable et incurable que ses propres penchants. Point. Le jeune homme se raccrocha un peu maladroitement à cette conviction, trop attaché à son statut de victime pour accepter avoir joué un rôle quelconque dans son propre malheur. La vie l'avait fait ainsi, voilà tout. Ce défaut de fabrication lui avait toujours collé à la peau : qu'il lui ait ou non ouvert la fenêtre n'y changeait rien. C'était comme ça. Il était bien trop passif pour chercher à y changer quoi que ce soit.
Ses yeux dorés ne se fatiguèrent pas à chercher la moindre lueur de compréhension ou de remord dans ceux de son cousin. La cause était aussi perdue que désespérée ; l'avait, pour autant qu'il en sache, toujours été. Ce n'était pas une brillante comparaison et un peu d'irritation qui changeraient l'aversion que sa famille portait à ses innombrables défauts – et celui-là en particulier. Étaient-il seulement capable de comprendre ? Probablement pas. C'était tant pis, c'était comme ça. Aucune importance. Sa réputation n'était pas si mauvaise, ses amis savaient le faire rire et surtout, il avait Dail : le reste, par la force des choses, lui était devenu superflu et indésirable. Il ne se serait privé de son ami au nom d'aucune norme qui soit.
Il aurait sans doute été un peu tard pour ça.

« Cela n’a aucun rapport. Les chats... On ne naît pas avec de telles… »

Le silence lui fit aussi mal que l'eut fait le mot en lui-même ; ses sourcils se froncèrent sur un agacement palpable.
Il avait depuis longtemps dépassé le temps qu'on aurait pu lui accorder auprès du malade, à l'évidence – tant et si bien que s'il restait là à se prendre la tête sur des sujets qui n'en valaient pas la peine, il craignait de n'être le plus souffrant des deux en sortant. Contenir sa colère ne menait chez lui qu'à de douloureuses migraines. Sean n'en valait pas la peine. Il se le répéta, incapable de se chercher des excuses. Il n'avait pas besoin de s'inventer un rendez-vous pour soupirer, grommeler, lui souhaiter un bon rétablissement et fermer la porte derrière lui.
Leur affection réciproque devait lui permettre au moins ça.

« J’ai simplement été surpris, et contrairement à toi, je ne suis pas une espèce de… »

C'était fou, cette tendance qu'avait cet enfant à ne pas dire les choses telles qu'elles étaient. Tu es comme ça, je ne suis pas comme ça, les gens comme toi – était-ce si difficile ou humiliant, vraiment, de prononcer un mot ou un autre pour définir ce dont ils parlaient ?
Les gens comme lui, une espèce de, de telles, ça ne voulait rien dire ; et Hannibal avait beau y être habitué...
La main se referma sur sa manche sans qu'il cherche à s'en détacher. Il s'attendit à ressentir une douleur quelconque, sur le bras ou peut-être le pied – songea à tout, surtout à rien, puis laissa l'inquiétude et la logique sombrer dans un profond coma lorsque ses yeux plissés comprirent qu'on ne venait pas d'abattre un talon haineux contre sa chaussure. Son temps de réaction, souvent excessivement long, lui parut plus étiré encore cette fois-ci : il n'eut pas le temps de suivre, tout simplement. Ce fut aussi ridiculement déplacé, simple et efficace qu'un de ces coups de couteau entre les côtes qui vous laissait mort sans même vous avoir tué.
C'était tellement hors-de-propos que, même après avoir appuyé des deux mains sur les épaules de Sean pour l'éloigner de lui, Hannibal fut incapable de dire avec certitude ce qui venait de se passer – si ça c'était réellement passé – ou ce qu'il était censé en penser.

… Parce que, quoi ?

« Que-ce que tu – »

Ses yeux effarés cherchèrent comme des restes de raison sur le visage du garçon. Il n'était pas loin de penser que sa fièvre était nettement plus sérieuse qu'ils n'avaient pu se l'imaginer. Ça, ou il se moquait de lui. Ou... Il n'en savait rien, en fait. Son incompréhension venait de dépasser le stade de l'humainement possible.
Sean aurait pu lui avoir annoncé de but en blanc être une fille qu'il n'aurait pas eu l'air plus profondément perplexe.


Hors-RP:
Revenir en haut Aller en bas
Sean Winter
noble
Sean Winter

Messages : 17
Inscrit depuis le : 10/02/2010
Age : 26
Localisation : Dans les couloirs. Je ne préciserais pas où exactement, tu n'as qu'à chercher.^^

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Sean
Arme: Une épée, entre la rapière et le fleuret
fonction: Noble

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Mer 23 Oct - 18:57

Sean attendait, les bras ballants et le regard fixé sur une poussière invisible qui flottait quelque part dans l’air entre lui et son cousin. La réflexion lui faisait défaut et seule la vague conscience d’avoir commis la plus stupide des bêtises fronçait ses sourcils sombres. Eh bien ? Alors quoi ? Que pouvait-il dire ou faire à présent ? Il lui semblait avoir abattu toutes ses cartes une par une, avoir perdu ses as les uns après les autres, avoir enchaîné les paris perdus et les mains ridicules ; d’abord avec une parcimonie bienvenue et mesurée, puis avec la fébrilité pressée d’un gamin coincé le dos au mur. Pour autant, il n’était pas plus avancé qu’il ne l’avait été quelques jours plus tôt, ni même ces deux dernières heures ou les trois précédentes minutes. Son imagination prolixe, arrivée à court de stratagèmes, agitait dans son esprit un fanion blanc qui colorait le visage du garçon d’une pâleur maladive. Quant à sa raison, fatiguée de lui trouver des excuses, elle le laissait là, bouche bée et bête à en pleurer. Pourquoi avait-il fait une chose pareille ? Il n’en savait rien –sans aucune raison, pour nul motif valable, lui soufflait d’un ton sentencieux sa logique essoufflée et proprement hors d’haleine. C’est ainsi, cela ne sera pas autrement. Rester enfermer ne sied pas à une tête trop pleine, les songes sont périssables –et, qui sait, hallucinogènes.

Winter leva les yeux vers Hannibal, une grimace peinte sur le visage. Son vis-à-vis n’en menait pas plus large. Demander des comptes à Sean, pourtant, eût été tout à fait inutile. Laisser son interlocuteur pendu à ses lèvres attendre une explication qui ne viendrait jamais et tourner les talons avec un sourire condescendant, il y était rompu ; l’idée paraissait d’emblée moins séduisante quand il n’avait nulle part où se retirer et qu’il restait au tomber de rideau aussi ignorant et perplexe que ses spectateurs. Une lueur de défi se fraya malgré tout un chemin à travers le bourbier qui maculait sa tête : les coins de sa bouche tremblaient sans retomber totalement. Il suffisait d’être sûr de soi. Rien d’impossible, rien de seulement compliqué pour un jeune homme aussi fier :

« Je… Enfin, je ne sais pas, j’ai cru… Que tu pourrais, je ne sais pas… »

Pour la clarté pleine de panache, jura-t-il, on pourra toujours repasser. Du pouce et de l’index, il se pinça l’arête du nez et laissa un soupir agacé filer entre ses lèvres. Perdu. La terre, très basse, rappelait Sean à elle –et de la plus cruelle des façons qui fussent. Une pointe de réalisation remontait, brûlante ou peut-être glacée, long de ses veines, véritable piqûre pour réveiller ses nerfs endormis.

Il avait embrassé son cousin. Il avait embrassé son cousin Hannibal, l’être au monde qu’il exécrait peut-être le plus, ou qu’en savait-il, un imbécile qu’il ne se privait pas de juger et, dieu, il venait de commettre une bêtise atroce. Le petit courait après de l’air et tentait de l’étreindre avec force pour le retenir : tout plutôt que la disparition complète de ce flottement brumeux qui l’abrutissait. Parce qu’à la seconde où il n’y en aurait plus trace, il savait très bien que réprimer l’indicible tentation d’écraser sa tête un millier fois sur le parquet serait trop difficile.

La fenêtre que l’on devinait derrière les rideaux fermés, elle aussi, finirait par lui faire de l’œil.

« Ne dis rien à mère », conclut-il pour parer au plus urgent. L’autorité au mépris si évident de sa voix était taillée pour les ordres plus que pour les prières.
Revenir en haut Aller en bas
Hannibal Winter
noble
Hannibal Winter

Messages : 565
Inscrit depuis le : 12/02/2009
Age : 32
Localisation : Dans la chambre de Sean.

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Hannibal.
Arme: Aucune.
fonction: Noble.

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Sam 23 Nov - 3:21

Sourd aux trébuchements maladroits de cette voix qu'il connaissait mieux sans fausses notes, Hannibal n'essaya ni de suivre ni de comprendre. Qu'avait-il voulu demander, au juste ? Qu'est-ce que tu as fait ? C'était complètement absurde. Qu'est-ce que tu croyais faire ? Absurde, absurde, absurde – totalement absurde. Sean n'avait pas pu l'embrasser. Fiévreux ou pas, ça n'avait aucun sens. Il le détestait, détestait ce qu'il était et tout ce que ça pouvait bien impliquer ; alors faire ça, ç'aurait été... Absurde. Ridicule. Impossible. Irréel au dernier degré – et pourtant, marmonnait son cerveau parfaitement réveillé, tu ne l'as pas rêvé. Incapable de décider s'il s'agissait là d'une bonne nouvelle, le jeune homme ne s'en trouva pas plus avancé. Sean l'avait regardé, Sean soupirait, et tout ça avait l'air parfaitement réel sinon crédible : ce n'était certainement pas une hallucination, non. Malgré tout, l'idée refusa de tout à fait s'ancrer derrière son regard encore perplexe. Parce que Sean n'avait pas pu l'embrasser, il n'en démordait pas. C'était. Impossible.
Alors pourquoi l'avait-il fait ?

« Ne dis rien à mère. »

Comme une machine que l'on remet en marche d'un coup de pied hasardeux, Hannibal battit des paupières. Ne dis rien à mère ? Quelle requête sensée. Trop perdu encore pour se perdre en nuances qui n'auraient sûrement fait rire que sa propre personne, il se contenta de passer une main contre son visage. En soit, il pouvait bien se moquer des raisons ayant poussé Sean à faire ce qu'il avait fait ; les conséquences étaient nettement plus intéressantes, pour peu qu'il décide d'en jouer. Il aurait pu le faire chanter, par exemple, ou s'en servir pour le faire taire au besoin. Son cousin aurait certainement agit ainsi à sa place, alors pourquoi pas ? Il y avait toujours le risque que sa tante ne le croit pas, bien sûr. C'aurait même été logique, étant donné la situation : ceci dit, l'intérêt d'un tel mensonge lui aurait sans doute échappé. Alors peut-être que, au moins involontairement, elle aurait retenu ses paroles. Ayez un fruit pourri dans l'arbre et tout le monde veillera à ce que vous restiez de la bonne couleur ; tout pour ne pas que ça se reproduise. Au moindre doute, Sean pourrait avoir des problèmes dont il n'était pas près de se sortir. Ç'aurait été d'une ironie parfaite, non ?
Ça l'aurait fait rire à s'en briser les côtes, lui.

… Enfin. Un soupir ennuyé plus tard, le Noble croisa les bras.

« Soit. Je ne dirai rien. »

Ce n'était pas l'envie qui lui manquait, vraiment : ce n'était qu'une simple question de logique. En admettant qu'on le croit sans broncher, à qui serait la faute ? Inutile d'être un génie pour deviner que cet accident lui retomberait en partie dessus. Enfin, sérieusement – le jour où le petit-fils de Sean déciderait de ne pas aimer les femmes, ce serait encore probablement de sa faute. Ils manquaient de coupables.
En attendant, puisqu'il n'avait aucune envie d'être accusé de quoi que ce soit, mieux valait se taire. L'idée d'être témoin ou complice d'un écart aussi brusque qu'incompréhensible ne lui plaisait guère, mais de deux maux il préféra choisir le moindre.
Pour une fois qu'après réflexion il préférait aider Sean, il y avait de quoi s'en faire.

« Mais tu me devras des explications – sincères, ajouta-t-il entre ses dents. Enfin, tu te rends compte de ce que tu as fait ? Si ça avait été n'importe qui d'autre que moi, tu serais dans de sacrés ennuis ! »

Probablement mis dans le même panier que lui, si on ne le considérait pas délirant à cause de la fièvre.
Remarque, il l'était peut-être vraiment. Délirant.
Revenir en haut Aller en bas
Sean Winter
noble
Sean Winter

Messages : 17
Inscrit depuis le : 10/02/2010
Age : 26
Localisation : Dans les couloirs. Je ne préciserais pas où exactement, tu n'as qu'à chercher.^^

Feuille de personnage
Nom/prénom: Winter Sean
Arme: Une épée, entre la rapière et le fleuret
fonction: Noble

«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1Jeu 26 Déc - 6:34

Sean s’escrimait à inventer des excuses. Mais chacune d’elles semblait vouée à tomber en lambeaux : pourquoi te donner cette peine, susurrait une voix navrée, tu n’emporteras pas cela dans ta tombe, pas avec ce que tu as fait. Une autre, navrante, reprenait ce sermon à tort et à travers jusqu’à en devenir agaçante. S’il avait été à la place d’Hannibal –dieu, il se fût suicidé dans la seconde, par égard pour sa famille et le monde qui devait chaque jour supporter son infâme présence. N’était-ce pas un doux miracle que le soleil se levât chaque matin pour  caresser de ses rayons un visage aussi stupide ? Ce n’était pas pour rien qu’il laissait à l’ombre le fond des océans, peuplés de cabillauds aux yeux globuleux et au regard fixe. Non, vraiment, il se serait tué. Winter refusait de songer à ce que ferait cet abruti au moment de tourner les talons et de pousser les lourds battants de la porte. Il parlera à mère, prophétisa-t-il, il lui parlera et pour peu qu’elle le croit, et Dieu sait qu’elle le croira, je suis fini. Il était fini, en effet. Une petite part en lui ne pouvait se garder de penser que la vérité finissait toujours par revenir à la surface, comme une bulle de champagne ou un cadavre gonflé sur la berge d’une rivière. Garder un secret, c’était une chose.

Faire en sorte que quelque secret dont son honorable cousin avait été témoin le demeurât était une tout autre affaire, en outre autrement plus délicate à mettre en œuvre. Ses idées s’entrechoquaient avec un fracas de mauvais augure qui lui donnait la migraine. Réfléchir, dans de telles circonstances, ne menait guère  qu’à la catastrophe –il venait, après tout, d’embrasser Hannibal. La situation eût difficilement pu prendre pire tournure. Malgré cet ordre lancé sans grande conviction, Sean pouvait se représenter avec une précision terrifiante les événements qui ne manqueraient pas de suivre. Dans son amour du détail, il voyait un homme aux yeux dorés en tous points pareils aux siens se diriger avec un sourire dégoulinant de sincérité hypocrite vers la porte pour aller raconter d’un air nonchalant la dernière bêtise en date. Faire tomber le couperet d’un geste désinvolte du poignet, d’un petit claquement de langue. Il savait qu’il le ferait parce que c’est ce que lui aurait fait. Hors, il semblait que leur destin leur imposait de partager leurs pires défauts.

Il ne dira rien.
Il ne dira rien du tout.

Pardon ? Il ne dira rien, répéta Sean, incrédule. A ses yeux écarquillés s’ajoutèrent un froncement de sourcils, perplexe. Il n’en menait pas plus large que lui, alors à quoi bon lui poser des questions ? Qu’eût-il dû faire, se répandre en remerciements, s’épancher ? Cet imbécile n’était peut-être pas seulement honnête. Incapable de cracher dans la soupe, le gamin se contenta d’un hochement de tête absent. Il n’y entendait certes goutte, mais n’était pas encore suffisamment abruti de silence et de sommeil pour ne pas comprendre que ces quelques mots figuraient une balle dans son camp. C’était une bonne chose. Il y croyait parce qu’il fallait que cela fût vrai, à moins qu’il fallût que cela fût vrai parce qu’il y croyait. Ces nuances ne l’intéressaient pas plus que les tons de roses sur les différents grains d’une framboise.

« Mais tu me devras des explications – sincères. Enfin, tu te rends compte de ce que tu as fait ? Si ça avait été n'importe qui d'autre que moi, tu serais dans de sacrés ennuis ! »

Le sourire cynique par-dessus des dents serrées revint à la charge : ce ton moralisateur l’agaçait –il lui tapait d’autant plus sur les nerfs qu’il était loin d’être hors de propos. C’était vrai, il ne pouvait pas le nier, rien, pas un bête e muet, pas une virgule. Rien. Un autre que lui ? Evidemment, il ne pouvait rien lui dire, pas quand lui-même n’était rien de plus qu’un…

Eh, que quelque chose. Que quelqu’un comme ça. Associé à son propre prénom plus qu’à son nom de famille, il lui arracha un frisson glacé. Non, non, non et non. C’était n’importe quoi. Cela ne prouvait rien. Il n’avait pas seulement le droit d’y penser. D’ailleurs il n’avait rien fait, il voulait simplement savoir, vérifier, et, et…,

Oh, dieu, il l’avait embrassé.

« J’ai… Je ne te dois rien du tout. Enfin, je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai de la fièvre. »

Soupir résigné. Il fixa le sol, décidé à ne pas croiser le regard de son cousin –qu’il en parle à mère et je le tue, jura Sean. Le plus effrayant était qu’en matière d’honnêteté, il n’eût guère pu faire beaucoup mieux.

« Emile. Tu connais mon ami Emile ? Le blond, avec... Des yeux, enfin je ne sais pas, foncés, je ne sais pas si tu le connais. »
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



«  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Empty
MessageSujet: Re: « Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]   «  Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal] Icon_minitime1

Revenir en haut Aller en bas
 
« Il avait aussitôt cessé d’écouter ce qui se disait de l’autre côté de la porte. » [WINTER Hannibal]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant
 Sujets similaires
-
» I hope you are not Hannibal Winter.~♥ {Hannibal, et qui veut}
» WINTER Hannibal {V.2}
» WINTER Sean
» Devinez contre qui je porte plainte...?
» Winter Kills [Matthilde]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: Oria :: Le château de Dail :: les appartements :: appartements des Winter-
Sauter vers: