Steal a Book,or not? {TERMINE}

Jayden Sied n'avait jamais été du genre à mâcher ses mots. Quand il disait quelque chose, il était très rare qu'il ne le pense pas. C'était d'ailleurs quelque chose que bien des gens lui reprochaient : d'être trop direct, d'être parfois un peu 'brutal' dans ses propos. Le fait était qu'en effet, il y allait rarement par quatre chemins. Non pas qu'il ne réfléchissait jamais à ce qu'il disait et laissait les mots sortir comme ils lui venaient ; même en passant deux heures à se poser la question de quoi dire ce serait la même chose qui finirait inévitablement par passer la barrière de ses lèvres. Le jeune homme ne haïssait pas le mensonge en lui-même, c'était plutôt qu'il n'avait jamais été très doué dans cet art un peu particulier. Et puis il devait bien avouer que les fois où il croyait quelque chose qui devait s'avérer n'être qu'un mensonge, ça l'énervait. Ça l'agaçait. En bref, il n'aimait pas ça. De toute façon, de son point de vue d'adolescent, rien n'était jamais vu à sa juste valeur. Mentez et on ne vous croyait plus jamais. Dites la vérité et on finissait toujours par vous le reprocher. Il avait la désagréable impression que quoi qu'il fasse, ce n'était jamais assez bien de toute façon. Et de cette impression résultait une constante frustration qu'il passait inévitablement sur son entourage. Ses parents en particulier pouvaient en témoigner, puisqu'il était parfois insupportable à leur égard. A dix-sept ans, il y avait de bonnes chances pour qu'il se calme dans un ou deux ans. Ce n'était pas quelque chose de sûr non plus, cela étant. Qui plus est, le jeune homme aux cheveux roux ne sentait pas le besoin de changer, comme il est il se trouvait bien. Pas parfait, loin de là, très loin de là. Mais s'il n'était pas parfait, personne ne l'était ; alors peu importait, il s'en moquait. Ne pouvant pas se démarquer de par une aptitude particulière ou un don quelconque, Jayden se débrouillait pour qu'on le remarque autrement. Que ce soit en bien ou en mal, d'ailleurs ; il se fichait bien de ce que pensait la grosse majorité des personnes qui se permettaient de le juger. Et puis c'était toujours comme ça, de toute façon. Parce qu'il s'habillait de manière assez spéciale et que son apparence en elle-même pouvait avoir l'air assez atypique, on le cataloguait et l'étiquetait avant même qu'il n'ait ouvert la bouche. Très certainement que ce n'était pas ça qui allait l'aider à s'améliorer d'une manière ou d'une autre, loin de là. L'image qu'il donnait de lui collait assez à la réalité, de son point de vue. Pas pour autant que c'était un délinquant, tout de même..., il n'était pas quelqu'un de sympathique par excellence, mais il ne passait pas ses journées à frapper l'inconnu X ou Y qui passait par là.

Le jeune homme mordilla légèrement sa lèvre, jouant avec l'anneau qui la perçait. Il n'y avait pas beaucoup de monde, dans la bibliothèque. Mais n'étant pas familier avec les lieux, il n'aurait su dire si c'était le cas toute la journée, seulement une partie, ou bien si c'était même rare. Poser la question ne lui aurait pas plus servi à grand chose, et il devait bien avouer que ce genre d'informations lui passaient toujours au-dessus de la tête. Il retenait ce qui était important, ou tout du moins ce qui semblait important, qui en avait à ses yeux. Comme par exemple les deux personnes présentes tout comme lui ici même. Il ne pouvait pas ignorer ceux à qui il parlait,c 'aurait été un peu compliqué ; de plus il n'en avait aucune envie. Il n'était pas du genre à éviter les confrontations ou les discussions, et ce avec qui que ce soit. Surtout s'il les avait cherché, il n'était pas lunatique à ce point. Pour lui c'eût été un acte lâche en soit que de partir de quelque situation que ce soit qu'il aurait engendré. Il assumait ce qu'il faisait jusqu'au bout, on ne pouvait pas lui enlever ça. De plus, cette situation ne le dérangeait guère plus qu'une autre, pour l'instant. C'était même assez divertissant quand il y réfléchissait bien. Cependant, n'importe qui aurait pu dire en peu de temps que le jeune homme aux yeux bruns n'aimait pas son bien plus petit congénère. Avait-il une raison particulière..., même lui n'aurait su le dire. Il avait sans doute eu le malheur de ne pas être au bon endroit au bon moment, alors il ne l'aimait pas. Et c'était peut-être stupide et triste à dire, mais à partir du moment où il avait apposé son jugement sur quelque chose ou quelqu'un, il changeait rarement d'avis. Très rarement.

"Ah... Mais, alors, si... Si vous venez de la capitale, vous ne devriez pas être ici, non...? Je veux dire, vous savez que je devrais vous dire de regagner la sortie immédiatement...? "

Jayden posa ses yeux foncés sur la jeune fille qui venait de prendre la parole, ses bras toujours croisés. Hm, certes..., il n'avait rien à faire là. Quant-au fait qu'elle devrait le regagner à la sortie, il le savait pertinemment. Oui, et puis quand il rentrait dans le château c'était principalement dans le but de s'en faire sortir, la plupart du temps. C'était peut-être assez difficile à comprendre pour certains, mais ça passait le temps. Le jeune homme aux cheveux en bataille savait qu'à chaque fois qu'il réussissait à passer cette porte c'était comme s'il enclenchait un chronomètre. Le plus longtemps il tenait, le plus il pouvait s'estimer heureux. C'était une sorte de concours avec lui-même pour savoir combien de temps il pouvait tenir sans se faire attraper par la sécurité, qui devait peut-être le chercher s'ils l'avaient remarqué. Oui, ce serait tant mieux si c'était le cas, même. Mais bon, pour l'instant personne à l'horizon, ou tout du moins n'en avait-il pas l'impression. Si jamais elle avait décidé de prévenir quelqu'un il s'en serait sûrement moqué, après tout il n'aurait pas pu y faire grand chose.

"Ah, mais vous êtes perdu, suis-je bête... Hm, si je puis me permettre, vous risquez d'avoir quelques légers soucis avec la sécurité, vous ne croyez pas? "

Jayden ne put retenir un léger sourire en entendant cela. Évidemment, qu'il allait en avoir. C'était un citoyen Lambda, qui donc par définition n'avait pas sa place au château à moins d'y travailler d'une quelconque façon. Or il ne comptait pas enfiler un uniforme et nettoyer ou ranger quoi que ce soit, c'était totalement et profondément hors de question. Donc oui..., encore une fois, c'était comme une course chronométrée où le but du jeu était de tenir le plus longtemps possible.

«Oui, je suis perdu, répéta-t-il sans cesser de sourire. Et ce n'est pas un problème ; moi et la sécurité, on s'entend bien.»

Jayden se mit à tapoter sur son bras avec ses doigts, et détourna doucement son regard vers l'autre garçon. Il n'avait pas été des plus 'raffiné' et aimable avec lui, et pour être honnête c'était le cadet de ses soucis. Il avait été clair, et s'il avait dut le refaire il l'aurait refait sans l'ombre d'une hésitation. Il ne l'aimait pas, voilà. Fin de l'histoire. Et quand il n'appréciait pas une personne, il ne se privait pas pour le lui faire savoir. Ça n'avait aucune sorte d'intérêt d'être hypocrite, qui plus est dans ce genre de cas. Au moins, il saurait à quoi s'en tenir.

Honnête,peut être,mais voyez vous,je ne me fie jamais vraiment a ma première impression. Peu importe,en tout cas,vous au moins vous êtes honnête….Mais si je puis également me permettre....comment diable avez-vous procédé pour vous perdre dans le château,depuis la capitale ?J’ai un peu de mal a imaginer cela…C’est tout.

Jayden resta coi un moment, assimilant ce qu'il lui avait dit morceau par morceau. Les premières impressions..., le jeune homme aux cheveux roux pour sa part marchait beaucoup à ça. On montrait de nous ce qu'on voulait bien en montrer, alors on ne pouvait s'en prendre qu'à nous même si on avait l'air de quelque chose que l'on n'était en réalité pas. L'apparence jouait, mais ça se voyait immédiatement quand quelqu'un était timide ou extraverti. Alors ça jouait aussi, bien entendu. Enfin. Ce n'est pas cette partie de la phrase qui l'interloqua le plus, mais plutôt la deuxième. Se perdre dans le château, depuis la capitale? Il haussa de nouveau un sourcil, restant silencieux l'espace de quelque secondes, regardant toujours Jing. Le regard qu'il lui lançait détaillaient clairement son visage, à la recherche d'une quelconque trace d'ironie. De quelque chose qui montrerait qu'il se fichait de lui, tout du moins ; il aurait trouvé ça moins drôle certes, mais au moins il n'aurait pas plongé délibérément dans son estime à peine rencontré. Il ne lui semblait pourtant pas avoir été si incompréhensible. Donc ce devait être ce garçon qui était idiot. Profondément, même...

«Ah je vois, carrément, t'es serieux..., dit-il avec un petit rire à la fois amusé et moqueur. Laisse moi t'expliquer plus clairement. J'habite dans la capitale tu vois, dans une maison..., et je me suis perdu dans le château. Pas de la capitale au château, je ne suis pas idiot au point de confondre ma très modeste demeure avec cette splendide structure.»

Jayden releva un de ses bras, appuyant son coude sur son autre bras, toujours serré contre sa taille. Après quoi il leva sa paume vers le ciel, l'air fataliste. Il avait insisté sur le modèste demeure et splendide structure de manière assez évidente, sans pour autant avoir l'air foncièrement désagréable cette fois.

«Hun, je suis rentré dans le château, et de là je me suis perdu. Parce que c'est assez grand, mine de rien, et que je n'habite pas là. Mais la capitale, je la connais par cœur.., c'est assez clair comme ça, ou...?»

Parfois on détestait quelqu'un sans raison. Ça arrivait même plus que souvent, à vrai dire ; quelque chose nous déplait dans ce qu'on voit de cette personne et on la range dans telle ou telle catégorie en quelques secondes seulement. Alors que pourtant, il y avait sans doute beaucoup de choses très bien chez cette personne, beaucoup de bons côtés qu'on ne peut pas déceler bien sûr au premier coup d'œil. C'est pour ça qu'il est vivement déconseillé de juger aux apparences, de coller une étiquette sur quelqu'un alors qu'on ne lui a pas assez parlé pour pouvoir être sûr de ce que l'on avançait. Ainsi on peut prétendre réellement connaître une personne après..., des mois, des années à la côtoyer? Il y a toujours des choses que l'on ignore, mais une semaine peut suffire à se faire une idée concrète d'un individu lambda, en général. Oui, parler et discuter pour éviter tout malentendu, tout quiproquo, toute information mal passée, mal envoyée, mal reçue, toute erreur de jugement. Mais d'un point de vue extrêmement controversé et déprécié, Jayden ne voyait pas l'intérêt. Certes, on n'est pas responsable de notre apparence et de notre allure physique en général, mais ce n'est pas là-dessus que quelqu'un va s'arrêter. Il est laid, il est beau..., oui, mais peu de gens ne parlent qu'aux personnes qui leur paraissent agréable à regarder, tout de même. De rares cas. Or tout le reste ou presque est du fait de soit-même. Les vêtements que l'on met nous plaisent, et ils reflètent la personnalité bien souvent. La coiffure de même, la façon de parler, la façon de se déplacer..., alors Jayden n'approfondissait guère les confrontations qu'il pouvait bien avoir au quotidien quand quelqu'un ne lui semblait pas intéressant. Est-ce qu'il passait à côté de personnes sympathiques et dont il aurait pu se faire des amis? Peut-être. A dire vrai, ça ne le préoccupait absolument pas, de se faire un tas d'amis tous plus gentils les uns que les autres. Rien ne l'intéressait vraiment en ce moment, mais ça plus particulièrement ne l'intéressait pas. Enfin ; Jayden et les relations humaines, il aurait pu écrire un livre entier là-dessus. Peut-être même plusieurs.
Le fait était donc qu'il avait vu ce Jing, qu'il lui avait brièvement adressé la parole, qu'il l'avait détaillé vaguement et que déjà, après ce si court laps de temps, il aurait pu dire avec une grimace de dédain qu'il ne l'aimait pas. C'était comme ça. De plus, il lui avait paru stupide, et ça n'avait pas été pour arranger son opinion déjà toute faite de lui. Le jeune homme aux cheveux roux ne pensait pas qu'il fut réellement stupide-bien qu'il ne fut pas un expert dans l'interprétation des gestes et tout ce qui allait avec, loin de là. Il pensait même qu'il pouvait être plus intelligent que lui, ça ne l'aurait pas étonné en fait. Le villageois n'avait jamais eu la prétention d'être l'être le plus intelligent sur cette terre, mais il ne se croyait pas stupide pour autant. Faute d'une grande éducation, poussée et sérieuse, il était certain qu'il partait avec un désavantage pour ce qui était de la culture et de tout ce qui pouvait bien tourner autour de ce sujet. Travailler avec application dans des postes importants comme celui de général ou de stratège par exemple ne l'intéressait pas. Être serviteur ou s'occuper des personnes plus haut placées que lui, plutôt mourir. Attention, il n'avait rien contre ces personnes ; simplement il se demandait comment on pouvait-comme les deux personnes en face de lui-consacrer sa vie à aider des personnes qui n'en avaient rien à faire de vous et vous traitaient comme des ustensiles. C'était honorable comme travail, il l'admettait volontiers. Mais comme il ne se considérait pas et ne s'était jamais considéré comme quelqu'un d'honorable...

Il glissa doucement son regard de l'homme en orange à la jeune fille aux cheveux argentés. En fait-et ce n'était pas très dur à comprendre-il aurait eu de nombreuses raisons d'être mal à l'aise. De un parce qu'il lui semblait clair que ce Jing l'appréciait au moins autant que lui l'appréciait-ce qu'il comprenait parfaitement-et de deux parce qu'il lui semblait être coincé dans une conversation de sourds, et paradoxalement de sourds entendant pourtant très bien. Ce n'était pas une critique, simplement une constatation. La moitié des choses que ses interlocuteurs disaient semblaient être simplement de la politesse, de phrases toutes simples auxquelles Jayden ne prêtait pas particulièrement attention. Et dans le même temps, le jeune homme aux cheveux roux avait cette désagréable impression, sur laquelle il ne réussissait pas à placer quelque chose de concret. Comme si..., on l'épiait, finalement. Et pour être honnête, ce n'était pas des plus agréable. Pour autant il restait étonnamment détendu, surtout pour un villageois qui n'avait rien à faire dans le château. Pas du genre à s'en faire pour si peu, dans tout les cas. Si on le retrouvait on le retrouverait, sinon on ne le retrouverait pas. Voilà tout. Il aviserait le moment venu, mais pour l'instant il se moquait bien de savoir si on allait venir le chercher ou pas. De plus, pour être franc il n'avait absolument rien de mieux à faire que de braver quelques petits interdits, pour l'heure. Et puis parler avec quelqu'un qu'on apprécie ou quelqu'un que l'on n'aime pas peut parfois se révéler aussi amusant, dans le fond. On ne pouvait pas nier le fait que discourir de quelque chose avec quelqu'un qui ne partageait pas votre point de vue était plus distrayant que de le faire avec quelqu'un qui ne ferait jamais que vous approuver sans cesse. Un peu de rebondissement, Jayden n'était pas contre. Après tout il cherchait bien souvent les conflits, alors ce n'était pas pour chercher à en éviter d'autres sous un prétexte quelconque. Surtout qu'au moins, il occupait utilement sa journée au château, ce qui n'était pas un mal. Bien sûr il devait quelque peu déranger les deux jeunes gens ici présents si ceux-ci voulaient retourner travailler, mais si ça avait été le cas ils n'auraient eu qu'à le dire, techniquement. Techniquement, parce que rien ne disait que le jeune homme aurait eu envie de laisser la conversation où elle en était ; pour autant s'ils en avaient vraiment montré l'envie, il n'aurait pas pu les empêcher de partir.

Mais ils n'avaient rien dit de tel, donc...

"C'est même on ne peut plus clair, je crois... J'aurais difficilement fais mieux. Mais, si ce léger malentendu est dissipé... Pourriez vous m'éclairer sur un autre sujet? A vrai dire, je ne comprends pas vraiment..., Je ne comprends pas la raison de votre présence ici, au château, si vous savez que vous allez devoir sortir... "

Jayden reposa son regard-qui s'était de nouveau posé sur Jing-sur Marielle lorsqu'elle posa sa question. Il n'y avait de son point de vue eu de léger malentendu que pour l'autre, mais il se fichait bien de ce genre de détails portant sur la nuance des phrases. Quant-à sa question..., prévisible finalement, même s'il n'aurait pas parié qu'elle allait la poser. Qu'est-ce qu'il faisait là puisqu'il savait pertinemment qu'il allait devoir partir sous peu? Il est vrai que ça aurait échappé à n'importe qui ne pensant pas de la même manière que Jayden : à savoir faire ce qui lui plait, sans raison valable. La vie est trop courte, et bien lui la remplissait à sa manière, avec des choses qu'il trouvait amusantes, sans utilités particulière pour autant. Or rentrer dans le château alors qu'il n'y avait pas accès..., hmmm, c'était comme sauter une barrière, finalement. Toute règle est faite pour être brisée, et selon ce principe il aurait trouvé amusant de briser le trois-quart des règles établies pour le bien-être de la vie en communauté. Tant que cela ne pouvait porter atteinte à sa vie ou à sa liberté à long terme, il se moquait des conséquences. Qu'on lui fasse la morale, le représailles, le menace ou même le frappe dans l'absolu, ça n'avait jamais le moindre semblant d'effet positif sur lui. C'était un peu comme un défi, une sorte de jeu stupide entre adolescents. Oui, ce devait être difficile à saisir pour quelqu'un passant la majorité de son temps au château, pour quelqu'un de sage ou de timide, ou même pour quelqu'un issu de la haute société ou de la bourgeoisie. Mais quand on habitait dans la capitale, que l'on n'avait pas d'argent pour faire de grandes études, pas de don à mettre à profit et qu'on traversait ce qui pouvait s'apparenter à une crise adolescente, ce genre de choses prenait tout son sens. Tout dépendait du milieu de vie et du caractère, des fréquentations du sujet. Mais Jayden lui-même l'aurait dit ; il était loin d'être un modèle, très loin. Mais il était comme ça, et il ne comptait pas changer pour les autres à priori, ou alors pour des personnes bien particulières sur des points particuliers.

«Hmm..., Très bonne question, dit-il en haussant les épaules, l'air de réfléchir à une réponse correcte à donner. Je sais pas, j'ai pas forcément de raisons. Par esprit de contradiction, peut-être...»

Jayden passa sa main droite dans ses cheveux-pas dans l'espoir de les remettre en place bien sûr, c'eut été sacrilège-et tapa légèrement du pied sur le sol. Est-ce que ça pouvait paraître complètement stupide, ça? Sans doute. N'importe qui aurait été pensé qu'il n'y avait qu'un crétin fini pour s'introduire quelque part sans motif alors qu'il risquait d'en être 'viré' manu militari. Enfin, il se moquait bien de ce que les autres pouvaient penser. C'était à eux de faire le tri dans ce qu'il disait, de voir ce qu'ils en pensaient et de se faire leur propre idée. Pas à lui.

«Ou peut-être parce que je n'ai pas le droit de le faire, justement, dit-il avec un sourire sarcastique. Mais je pense que vous devriez travailler, donc je ne suis pas le seul en tort. Et me faire virer du château, je m'en fiche puisque j'en sortirais de toute façon. Vous ce serait plus grave par contre, hun? Donc, bon...»

La peur. C'était un sentiment que possédait tout être vivant, que ce soit un Humain, un Elfe, un Démon ou même un animal. Tout le monde avait peur de quelque chose, que cette crainte soit rationnelle ou non. Certains petits enfants avaient peur du noir, d'autres personnes avaient peur de mourir. D'autres encore avaient peur de décevoir quelqu'un, d'arriver en retard à leur travail, de se casser quelque chose, oui, ce poivait être absoluement tout et n'importe quoi, et c'était bien ça qui était drôle. Quelqu'un dont la terreur a inflitré l'esprit peut réagir de manière très étrange, à vrai dire. Il pouvait soudainement céder à la panique et faire n'importe quoi, ruiner tout ce qu'il avait commencé, et n'avoir plus que ses yeux pour pleurer par la suite. Ce genre de comportement était à éviter à tout prix, évidemment. La panique n'apporte jamais rien de bon, juste de l'empressement, des regrets et de la casse. Il y avait également ceux qui sautaient sur la moindre occasion, le moindre début de solution qui se profilerait à l'horizon, et accpteraient un peu n'importe quel marché, mettrait leur vie dans les mains d'un parfait inconnu si cela pouvait les sortir du pétrrin dans lequel ils ne manqueraient pas de s'être fourrés. Autant dire tout de suite que cela aussi, c'était à éviter si on avait un minimum d'intelligence. Le chantage, aussi, l'un des moyens de pression favoris de la pseudo servante. On insinuait la peur dans le coeur des gens en les menaçant de révéler quelque chose sur eux qu'ils se seraient jusqu'ici appliqués à cacher, et on pouvait led forcer à faire à peu près tout ce qu'on voulait, tant que cela ne dépassait pas les limites du "physiquement possible". Exposé ainsi, on pourrait certes croire que non, elle n'apporte strictement rien de bon, et que la bannir de son coeur était une bien meilleure idée. Sans y réfléchir plus, c'est ce qu'on concluerait sans l'ombre d'un doute mais, il suffisiait de s'y pencher ne serait-ce que quelques secondes pour comprendre qu'on aurait tort.

Marielle, elle, savait qu'avoir peur lui était nécéssaire. Elle vivait avec la constante crainte de se faire découvir, que l'une de ses aroles mène quelqu'un à savoir qui elle était ou avoir des doutes à son sujet, et pourtant, ele ne tentait même pas de l'atténuer. Parce qu'ainsi, elle redoublait de prudence, ne relâchait pas sa garde si facilement, et diminuait grandement les risques qu'un malheur ne lui arrive. Elle était sûre de ses compétences et connaissait ses propres limites -elle ne s'amusait pas à les repousser tant que ce n'était pas indispensable, ce qui se comprenait aisément- mais pas celles des autres. Et on était jamais à l'abris d'une personne particulièrement méfiante et intelligente, après tout. Il suffisait d'une fois pour tout gâcher, la demoiselle Aelan ne le savait que trop bien pour comettre ce genre de faute basique, et qui pourtant étaient les plus dangereuses. Pour preuve, Jing n'avait pas dû faire attention et être trop sûr de lui; résultat, il avait exprmié le fond de sa pensée sans y mettre de réelle forme, et s'était royalement trompé, passant par conséquent pour un parfait idiot. S'il avait guetté l'erreur de compréhension, tourné et retourné la phrase dans sa tête avant d'y répondre, alors jamais cela ne lu serait arrivé. Cette fois ci, ce n'était que pour un problème mineur, dans une conversation tout aussi désuette avec des gens dont il ne savait pas grand chose, et à qui il ne devait pas accorder une immense importance, mais la prochaine fois, ce pourrait s'avérer être un peu plus grave que cela. L'espionne n'avait pas d'exemple sous la main, et ne se donna pas la peine d'en rechercher un. C'était comme ça, dans les joutes verbales: ce n'était pas le premier à surpasser l'autre qui gagnait, ni même en le contraignant à abandonner. Non, pour gagner, il suffisait d'attendre que l'autre comette une erreur.

Et la première à le faire, ce ne pouvait pas être elle, n'est-ce pas? Elle n'en comettait jamais... Ou tout du moins, elle se plaisait à le penser.

Son regard allait de l'un à l'autre des deux hommes, sans qu'elle ne prononce le moindre mot en plus. Si quelqu'un poussait encore une fois les grandes portes de la bibliothèque du chpateau royal, alors elle pourrait toujours prétexter avoir été dérangée au beau milieu de son travail par cette personne, qui était entrée ici et qu'elle n'avait pas reconnue, et à qui elle avait poliment demandé de regagner la sortie, qu'il avait refusé d'optenpérer. Des deux, ce serait elle qu'ils croiraient, de toute façon. Surtout si Jing appuyait ses dires, chose dont elle ne doutait pas une seule seconde. Après tout, ce serait dans son intéret comme le sien, non? Pour elle qui agissait toujours par cette même logique, justement "l'intérêt", ce serait on ne pouvait plus normal qu'il le fasse. Ce serait dommage pour Jayden mais il savait bien qu'il finirait par sortir, alors ce ne serait pas si grave que ça. Et puis, depuis quand se souciait-elle de créer des ennuis aux autres, au juste? C'était un de ses passe temps favoris, justement, elle n'allait pas s'arrêter en si bon chemin. En revanche, les autres avaient plutôt, selon elle, le devoir de ne pas lui en créer. Elle en avait d'ores et déjà bien assez comme ça pour qu'ils lui en rajoute, merci...

Reportant son attention sur le grand rouquin, elle fronça légèrement les sourcils en entendant sa réponse:

«Hmm..., Très bonne question. Je sais pas, j'ai pas forcément de raisons. Par esprit de contradiction, peut-être...»

Dans le genre "mauvaise réponse tout à fait insatisfaisante", on ne faisait pas beaucoup mieux. Que ce soit une bonne question, elle n'en doutait pas, puisque c'était elle qui l'avait posée. Cette conversation n'était pas aussi byzantine que celles qu'elle pouvait avoir avec des personnes bien plus haut placées qu'elle ou des nobles, alors elle pouvait poser les questions qu'elle désirait, du moment qu'elle y mettait les formes attendues. Alors, le début de sa réponse ne la gênait pas, dans la mesure où, pour elle, cela allait de soit. Non, ce qui lui avait causé ce léger désarroi, ce fut la suite. Sans raison, hein? Ne pas avoir de raisons de faire quelque chose mais le faire quand même, autrement dit, le faire pour rien, c'était quelque chose qu'elle ne comprenait pas et qu'elle ne comprendrait à priori jamais. Les actions d'une personnes se devaient d'être guidées par un but, qu'il soit évident ou non, utile ou non, important ou non. C'était comme ça que les choses devaient se passer, et pas autrement. Alors, ceux qui faisaient exception à la règle, ce n'était même pas la peine de préciser que cela ne l'arrangeait pas. C'était d'ailleurs le cas de toutes les exceptions en général, qui lui posaient problème puisuqu'elle ne pouvait du coup pas toujours se comporter avec eux comme avec tout le monde autrement. C'était ennuyant, pas dans la mesure où elle s'ennuyait, mais plutôt dans celle ou elle ne savait jamais que dire dans ces moments là.

Dieu, ce qu'elle pouvait détester être prise au dépourvu, même ne serait-ce que l'espace de quelques secondes... Quant à l'esprit de contradiction, elle préférait ne même pas en parler. C'était tout sauf une bonne justification, il fallait bien l'avouer. Marielle aurait préféré qu'il lui dise "je viens ici parce que je n'ai rien d'autre à faire", ou encore "parce que je trouvais le château joli", voir même jusqu'à "pour embêter mon monde", mais pas... Esprit de contradiction. Si elle s'était écoutée, la jeune fille aux courts cheveux pâle lui aurait froidement rétorqué de trouver autre chose à dire illico presto avant qu'elle ne s'énerve pour de bon, mais cela n'aurait rien donné, à vue d'oeil. Pour sortir une réponse pareille, il ne devait pas en avoir beaucoup d'autres sous le coude, et puis, il n'avait pas non plus l'air de lui raconter n'importe quoi. Une fois de plus, s'il avait voulu le faire, il se serait mieux débrouillé que ça. Elle allait lui répondre, au moment où il éleva la voix pour une seconde fois et, elle l'espérait, dans le but certain de donner un autre élément de réponse.

«Ou peut-être parce que je n'ai pas le droit de le faire, justement. Mais je pense que vous devriez travailler, donc je ne suis pas le seul en tort. Et me faire virer du château, je m'en fiche puisque j'en sortirais de toute façon. Vous ce serait plus grave par contre, hun? Donc, bon...»

Allons bon, maintenant, c'était justement parce que c'était interdit qu'il le faisait. Ce n'était certes pas non plus la réponse favorite de Marielle mais elle pouvait faire avec, c'était déjà ça. Dès qu'une chose était proscrite, on avait envie de la réaliser, le plus souvent juste pour voir ce que ça ferait, en partant du principe que si c'était interdit, il devait bien y avoir une raison. Il suffisait qu'il y ai marqué "ne pas avaler" sur quelque chose pour qu'un etit enfant ai envie de le faire, même si l'idée ne l'aurait pas même frôlé si l'inscription n'avait pas existé. Les lois existaient pour petre bafouées et bravées, du point de vue de certains. Ce n'était pas tout à fait le sien mais elle pouvait le comprendre, d'un certain côté. Par exemple, si quelqu'un lui disait expressément de ne pas venir à tel ou tel endroit à une heure précise un jour, il pouvait être quasiment sûr qu'elle y serait, ou qu'elle trouverait un moyen de savoir pourquoi elle ne pouvait pas y aller. La curiosité est peut-être un vilain défaut, comme on dit, mais on ne peut surtout rien faire contre elle, bien qu'elle nous amène dans d'inextricables situations. Suivant les circonstances, les moyens poiur parvenir à l'assouvir différaient mais le plus courant restait d'aller se renseigner par se sois-même. Alors oui, cette explication, bien que n'étant pas ce qu'il y avait de mieux au monde, elle pouvait s'en contenter.

Ou tout du moins, elle était toujours meilleure que le fait de ne pas avoir la moindre raison.

Lorsqu'il aborda le point du travail, elle n'eut pas le moindre sursaut. Evidemment, qu'ils auraient dû être en train de travailler. Mais pourquoui ne le faisaient-ils pas, au juste? Eh bien, tout bonnement parce qu'un inconnu venait de débarquer dans la pièce, les interrompant ainsi dans leurs occupations diverses et variées. C'était une bien belle excuse et, s'ils ne travaillaent pas vraiment les quelques minutes avant qu'il n'arrive, personne ne le savait et pourrait l'affirmer. Alors, ils n'étaient pas réellement en tort, à partir du moment où personne n'était au courant qu'ils avaient fait une petite pose dans les occupations quotidiennes. Par contre, elle n'avait pas du tout apprécié la teneur de ce petit discours en elle même. Tourné ainsi, cela sonnait un peu comme des menaces, pas vrai? Et personne, non, personne, n'était en droit de la menacer. Elle qui ne faisait jamais rien de mal, comment aurait-on pu, au juste?

Elle ne se laisserait pas intimider. Son visage, quand à lui, avait repris son habituel sourire. Les bras croisés, elle jeta un petit regard à Jing qui, sur le moment, était dans le même bateau qu'elle. Lorsqu'elle éleva la voix, néanmoins, elle s'appliqua à la rendre tout ce qu'il y avait de plus gentille et angélique, malgré le contenu lourd de sous-entendus de ses paroles:

"Allons, nous venons tout juste de cesser de travailler, et ce juste parce qu'un inconnu n'ayant rien à faire au château vient d'entrer dans la bibliothèque au moment où nous avions décidé de vérifier le rangement des livres, déclara-t-elle. Nous ne manquerions pas de le faire savoir aux gardes s'ils venaient à se donner la peine de nous poser la moindre question. "

Traduction, c'était lui qui restait en tort, et non eux. S'il les avait vus avant cela et savait donc qu'ils n'étaient absolument pas en train de se répartir le travail lors de son arrivée, cela ne changerait rien puisque selon toute apparence, il serait serait peu vraisemblable qu'il le dise. Un sourire mielleux sur les lèvres, elle jeta un nouveau regard en coin à l'autre servant. Tant qu'ils accordaient correctement leurs violons, tout irait parfaitement bien. Et puis, ils ne se feraient pas réprimander pour une si petite pause. Pour être tout à fait honnête il s'agissait là, une fois de plus, plus d'une question d'honneur et d'amour propre qu'autre chose.

Mal a l’aise,c’était un êtat que jing avait rarement eu la chance d’eprouver.Il ne s’etait jamais réellement trouvé dans une situation qui le placerait logiquement dans le moule du malaise habituel,et savait pertinemment que cela avait très peu de chances de lui arriver,etant donné son comportement prudent et menteur en général.Mais le jeune homme ne s’attendait pas a ce que,d’un seul coup,cette innocente conversation durant laquelle il tentait de voir au dela de la Marielle qu’il voyait physiquement,venait de se pointer un nouveau personnage,et Jing en avait la certitude,a présent,ce type ne l’aimait pas.Jing n’avait rien fait,il n’avait que posé des question,il ne s’était que demandé comment et pourquoi cet homme roux a l’air si menacant s’était retrouvé dans la bibliothéque du château de Oria,il n’avait rien fait de vraiment compromettant,ou de vraiment dangereux.Et pourtant,pour une raison que Jing ne parvenait pas a identifier,il n’appréciait pas cette personne,et c’était visiblement réciproque.A vrai dire,il sentait comme un danger potentiel en provenance de ce Jayden,un danger peut être pas imminent,mais un danger quand même.Il ignorait toutefois en quoi ce type pouvait se reveler dangereux ou quoi que ce soit d’autre de très compromettant….Visiblement,c’était juste un habitant de la capitale qui avait décidé de venir ici,pourquoi,ca restait a voir,mais Marielle venant de lui poser la question,on n’en était pas encore loin,de la réponse a cette question.En fait,la seule chose qui triturait encore l’esprit de Jing et qui le mettait mal a l’aise,c’était le fait qu’il ne pouvait vraiment pas dire grand-chose.Marielle lui coupait souvent l’herbe sous le pied,et il était evident qu’il n’allait pas lui parler a elle,dans l’optique de totalement ignorer cet element perturbateur qui le gênait plus qu’autre chose dans l’immédiat.Ce type,honnêtement,ne faisait rien de bien « utile ».Aux yeux de Jing,il n’était pas là pour leur agrementer la vie,ou pour les laisser en paix,il venait ici pour les ennuyer.Il ne savait pas ce que Marielle en pensait,peut être appréciait t-elle cet homme,néanmoins,Jing,lui,savait que ce type,il ne l’appréciait pas.Jayden ne faisait que mettre le voleur-serviteur et la fille qu’il aimait dans une position plutôt inconfortable,puisque si quelqu’un arrivait,certes,Marielle et Jing auraient put clamer a l’innocence et dire qu’ils avaient cessé de travailler a cause de lui,dailleurs,Jing sentait bien que c’était dans l’idée de la jeune servante aux cheveux gris.


Il n’était pas absolument certain que c’était ce qu’elle pensait,néanmoins il pouvait affirmer que Marielle avait forcement songé a cette eventualité,c’était evident.Après tout,il y’avait déjà deux personnes qui étaient entrées dans cette piéce,qui était pourtant censée être vide a cette heure de la journée.Il était tout a fait naturel que elle,comme lui,voire jayden,ai pensé a une nouvelle entrée fracassante de tel ou telle personne.Et dans ce cas la,Jing avait immédiatement songé a sa réplique.Et il était certain que Marielle avait songé a ce genre de plan elle aussi.De par le visage qu’elle affichait,toutefois,on ne pouvait rien apercevoir de particulier,comme Jing trouvait cela fascinant.Elle continuait d’avoir ce faciés angélique et pur,qui faisait autant son charme que son mystére.Jing trouvait réellement Marielle fascinante a regarder,dans le sens ou son expression faciale n’était jamais réellement sincére,il en aurait mit sa main au feu.C’était trop….Trop parfait.Après,bien sûr,il y’avait des personnes qui réagissaient ainsi sans avoir rien derriére la tête,ni mensonge ni secret,mais ca,Jing savait qu’il serait extrêmement décu si ca avait été le cas de la jeune Aelan.Il esperait de tout cœur qu’elle était bien plus profonde qu’elle ne le laissait paraître,et justement,c’était cela qui le séduisait.Il avait bien deviné qu’elle était bien plus futée qu’on ne pouvait le deviner en premier lieu,et trouvait egalement qu’elle était une très jolie fille….Alors oui,Jing aurait été décu si elle avait été aussi fade que l’image qu’elle cherchait visiblement a donner d’elle.Mais il ne desesperait pas.Un jour,il verrait,peut être…En attendant,il était la,coincé avec la fille qu’il aimait,et un homme qu’il n’aimait pas,même si il l’avait rencontré seulement quelques minutes plus tôt.Et pour dire la vérité,il n’avait pas la moindre idée de comment tirer son épingle du jeu,ou pouvoir chasser Jayden,pour pouvoir enfin retourner a sa paix tranquille qu’il avait encore il y’a quelques minutes,avant que Jayden ne rentre dans la salle les questionner,comme si c’était eux qui etaient en tort et lui le maître des lieux.Jing,après avoir rangé le plateau,se retourna vers Marielle,qui l’avait regardé un bref instant.Il lui fit un sourire,puis verifia que le plateau était correctement placé et rangé,avant de reculer un peu,et finalement,de se retourner pour de nouveau faire face a Jayden,aux cotés de la servante en tenue bleue.


«Hmm..., Très bonne question. Je sais pas, j'ai pas forcément de raisons. Par esprit de contradiction, peut-être...»

Le jeune voleur faillit lui eclater de rire au nez.Alors si c’était pour ca qu’il était venu,autant repartir tout de suite.En fait,Jing ne le croyait pas une seule seconde.Comment diable pouvait t-on venir au château simplement par exprit de contradiction ?Comment diable pouvait t-on prendre le risque de se faire remarquer par les gardes,de se faire frapper,peut être,voire de se faire mettre en prison pour une durée indeterminée dans le pire des cas,juste par….Esprit de contradiction ?Jing croisa les bras en regardant Jayden,l’air franchement sceptique.Comment pouvait t-on être aussi….Soit Jing avait mal compris ce que l’homme roux voulait dire,soit l’homme roux en question avait le quotient intellectuel d’une huitre.Qui serait assez fou pour risquer tout cela,sans une bonne raison ?Comme lui,par exemple,après tout,il était plus ou moins dans le même cas que Jayden.Il était au château de facon illégale,et ne tenait pas a se faire remarquer,sauf que lui,il conservait profil bas et ne disait jamais rien de compromettant a personne.Enfin,sauf a Marielle,peut être,mais elle,c’était l’exception,unique dans le château,voire dans tout le pays.Enfin bref,tout ca pour dire que Jing ne croyait pas un seul mot de cette explication,et visiblement,Marielle non plus.Soit il avait autre chose en tête,soit c’était un crétin fini,il n’y avait pas d’autres explications.


«Ou peut-être parce que je n'ai pas le droit de le faire, justement. Mais je pense que vous devriez travailler, donc je ne suis pas le seul en tort. Et me faire virer du château, je m'en fiche puisque j'en sortirais de toute façon. Vous ce serait plus grave par contre, hun? Donc, bon...»

Ce coup ci,Jing decroisa ses bras,et les laissa tomber de chaque coté de son corps,l’air un peu perplexe,puis il remonta son bras droit pour le poser sur sa hanche.Alors en fait,il faisait ca parce que c’est interdit,maintenant ?En somme toute,Jing avait toujours parfaitement raison.Soit ce type avait une toute autre raison d’être la,auquel cas il fallait immadiatement le denoncer,soit ce type était d’une puérilité extrême et donc,n’était pas quelqu’un de bien dangereux,par rapport a d’autres personnes plus futées ou intelligentes…..Par contre,un second point le contrariait beaucoup plus.C’était eux qui allait avoir des ennuis ?A cette pensée Jing ecquarquilla les yeux,et cligna des paupiéres trois fois d’affilée.Alors il pensait vraiment qu’ils le laisseraient s’en tirer comme ca ?Il était evident qu’ils devaient travailler,mais cela n’était pas quelque chose de très précis,pour commencer.Après tout,Jing était bel et bien venu faire son travail,ici.Et en corollaire,il avait prévu de derober ou non,un livre plus ou moins précieux.Marielle aussi,était en train de travailler.Il avaient fait une petite pause,de quelques instants,pendant laquelle ils avaient fait vague connaissance,mais cela restait dans le domaine du permis,jusqu'à preuve du contraire.Travailler pour un serviteur n’était pas forcément courir et faire preuve sans arrêt du plus grand zéle.Jing de plus,trouvait evident le fait qu’ils ne travaillaient plus,pour la simple et bonne raison qu’un individu tout ce qu’il y’a de plus louche venait de les interrompre.Et jamais,au grand jamais,Jing n’irais dire a qui que ce soit qu’il ne travaillait pas vraiment avant son intervention.Et quand il tourna la tête vers Marielle,il sut qu’elle non plus,ne se montrerait pas aussi stupide.


"Allons, nous venons tout juste de cesser de travailler, et ce juste parce qu'un inconnu n'ayant rien à faire au château vient d'entrer dans la bibliothèque au moment où nous avions décidé de vérifier le rangement des livres, déclara-t-elle. Nous ne manquerions pas de le faire savoir aux gardes s'ils venaient à se donner la peine de nous poser la moindre question.

Elle avait dit cela avec un sourire angélique et des maniéres presques suréxagérées.Jing la regarda,un peu fasciné pendant une demi seconde,avant de tourner la tête vers Jayden,hocha simplement sa propre tête de haut en bas legerement pour dire qu’il était evident qu’il ferait la même chose.Elle lui ôtait les mots de la bouche,comme a chaque fois,dailleurs.

Par ailleurs,nous aimerions bien continuer notre travail,si cela ne vous dérange pas,bien sûr….Mais comprenez que,tant que vous êtes dans les parages….

Il avait dit cela en penchant la tête sur le coté,avec un sourire bien poli et complement hyppocrite.Le genre de sourire qu’il reservait pour enerver ses interlocuteurs.En soi,il venait carrément de lui dire de les laisser tranquille.Après tout,ce type n’était pas poli avec eux,il était temps de lui montrer que la patience avait quelques limites.

Idiot.

Ce mot, Jayden l'avait souvent entendu ; à vrai dire il se serait bien amusé à faire des bâtonnets sur un carnet à chaque fois qu'on le traitait d'idiot, si ça n'avait tenu qu'à lui et qu'il en avait eu la patience et le temps. Il n'était pas rare en effet qu'on lui dise qu'il était stupide, que ce soit sur un coup de tête parce que ce qu'il avait fait vous avait déplu, en constatant quelque chose qu'il venait de faire et qui vous laissait perplexe, ou quand il ne trouvait rien à dire face à une question ou une affirmation quelconque. Et Jayden le disait lui-même volontiers, qu'il était complètement stupide. Ça aussi, il aurait pu le compter : le nombre de fois où il avait trouvé bon de répondre qu'il était idiot, de toute façon, plutôt que d'avoir à fournir une vraie explication. En fait, peut-être qu'à force de se l'entendre dire, il ne voyait même plus le problème. Il était idiot? Bah, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire, dans le fond? Ne pas réussir à résoudre tel ou tel problème mathématique, il s'en fichait. Ne pas connaître autant de vocabulaire qu'un autre, il s'en fichait. Ne pas être capable de deviner précisément si quelqu'un mentait en se basant sur ses gestes, son regard ou ce qu'il disait, il s'en fichait. Est-ce qu'il avait besoin d'être un génie, doué d'une intelligence hors norme dans tout ou quelques domaines pour être heureux? Non, pas qu'il sache. Et qui plus est, il n'avait jamais été du genre à dire ou penser qu'il était mieux que les autres. Seulement dans les faits, s'il n'était pas mieux qu'un autre, au moins n'était-il pas pire. C'était peut-être ça, en fait, qui l'énervait. Que quelqu'un qui était au final exactement comme lui ne se permette d'émettre un jugement sur sa personne-et son intelligence de même. Il n'avait jamais prétendu être un génie, non? Donc il ne voyait pas l'intérêt qu'on lui dise qu'il ne l'était pas, puisqu'il le savait déjà. C'était aussi la raison pour laquelle il trouvait beaucoup plus amusant de trouver les défauts de ceux qui proclamaient n'en avoir aucun, plutôt que de s'acharner sur quelqu'un qui se trouvait déjà pire que nul en tout. Mais-et il le disait volontiers-aller chercher les ennuis avec les personnes qu'il jugeait surestimées, il adorait cela. Bien sûr, qu'on aille l'embêter lui, ça ne lui plaisait pas le moins du monde. Mais dans le fond, ce n'était pas toujours un peu comme ça? 'Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais'. Entre avoir de grandes idées et faire de grandes choses, il y avait tout un monde. Et si ce monde avait été empli de personnes sachant penser mais sans aucune sachant appliquer, ça aurait été comme un magnifique bal d'hypocrites et de beaux-parleurs. Tout le monde s'inquiétait pour son voisin quand sa femme était très malade. On pouvait même aller prendre de ses nouvelles, demander comment tout se passait et s'ils avaient besoin de quelque chose. Pour certains, ça pouvait aller jusqu'à aller à son enterrement, pour le soutenir. Mais si vous aviez quelque chose qui de votre point de vue était important à faire ce jour là, tout ce qu'il aurait eu aurait été un sourire désolé et quelques fleurs achetées 'vite fait'. Il existait des gens compatissant, bien sûr ; mais de là à laisser ses intérêts de côté, sûrement pas.

Alors Jayden voulait bien que quelqu'un de clairement plus intelligent que lui lui dise qu'il était idiot, ou ait l'air de le penser. Que quelqu'un d'aussi idiot que lui ou tout au moins de pas plus intelligent le lui dise, non.

Or là, c'était précisément l'impression qu'il avait, durant quelques secondes isolées. De passer pour un idiot. Principalement lorsqu'il avait dit qu'il n'avait finalement pas beaucoup de raisons d'être venu ici. Ce n'était pas quelque chose de sûr, ce n'était pas comme s'il avait reçu un message implicite d'un des deux autres protagonistes de la scène lui faisant penser qu'il était stupide, ce n'était pas ça. Juste une impression assez confuse qui ne lui plaisait que très moyennement. Il ne voyait pas bien en quoi le fait qu'il trouve ça divertissant de passer outre deux ou trois interdits ne fasse de lui un profond imbécile. Allons bon, est-ce que lui trouvait ça idiot d'être serviteur? Peut-être que oui, peut-être que non. A ses yeux tout du moins, vouloir servir les autres-même si c'était par obligation-était au moins aussi stupide que de rentrer quelque part où vous n'aviez pas le droit d'entrer. Alors si lui était 'un peu diminué' à leurs yeux parce qu'il n'avait pas le droit d'être ici et y était quand même sans vrai raison, aux siens eux l'était dans ce cas tout autant. De toute façon, en cherchant bien trouver des défauts chez qui que ce soit, même un inconnu, était très facile. C'était plutôt reconnaître leur qualités qui était plus difficile. Or Jayden admettait volontiers que plus que de la stupidité, c'était bien souvent le besoin d'un travail et d'argent pour vivre qui motivait les serviteurs. Il fallait une certaine patience, une application sans faille et de la motivation pour pouvoir passer derrière toutes les personnes qui habitaient au château. Est-ce qu'il dirait ce genre de choses? Non, sûrement pas. Jamais. Il voulait bien reconnaître les qualités des autres dans sa tête, mais de là à le faire savoir aux autres, il y avait un énorme fossé. Qui plus est, il y avait des milliers de moments en une minute pour démonter quelqu'un et lui faire savoir ce qu'on pensait de mal de lui. Les moments où il était propice de faire des compliments étaient toujours tellement plus rare, malheureusement...

"Allons, nous venons tout juste de cesser de travailler, et ce juste parce qu'un inconnu n'ayant rien à faire au château vient d'entrer dans la bibliothèque au moment où nous avions décidé de vérifier le rangement des livres. Nous ne manquerions pas de le faire savoir aux gardes s'ils venaient à se donner la peine de nous poser la moindre question. "

Jayden n'eut pas à analyser la phrase. Il n'eut pas non plus à se poser la question de savoir comment il devait l'interpréter. C'était tellement limpide et clair que ça lui arracha même un léger sourire en coin, qui vint ponctuer son air naturellement moqueur. Pourquoi ces quelques phrases le firent sourire? Pas parce qu'elles étaient drôle, c'est entendu. Après tout, elle venait clairement de dire que si un garde ou qui que ce soit représentant la sécurité venait à passer dans les parages elle lui dirait tout simplement que si ils ne travaillaient pas, c'était parce que lui-même était venu les perturber dans leur tentative de travailler correctement. Concrètement, il y avait un peu de ça ; et puis c'était la solution la plus réaliste qui soit, autant pour quelqu'un d'extérieur que pour n'importe qui qui se serait tenu dans la bibliothèque quand il était entré. Oui, bien sûr. Le jeune homme aux cheveux roux en bataille savait aussi pertinemment que quoi qu'ils auraient dit et tant qu'ils se mettaient d'accord, n'importe qui les aurait cru eux plutôt que lui. Même en supposant que eux mentent et que lui dise la vérité, ça n'y aurait rien changé. Ils n'avaient certes aucun rang social, tout comme lui, mais ça ne changeait rien au fait que personne ne l'aurait cru. De un, ils travaillaient là et lui n'avait rien à faire ici. De deux, il avait l'air de toute façon beaucoup moins respectable qu'eux et il le savait. Cela étant et une fois encore, ça lui était profondément égal. Parce que de toute façon il devrait sortir, et que le moyen ou la raison pour laquelle il sortirait n'aurait absolument aucune importance, au final. Il aurait peu apprécié bien sûr qu'on ne le croit pas s'il disait la vérité, mais il n'en était pas là de toute façon. Le fait était que, s'il en avait eu envie, il aurait pu hausser les épaules, mettre un pied en dehors de la pièce et se mettre à crier qu'il y avait ici deux personnes qui faisaient quoi que ce soit qui était totalement interdit. Il aurait pu dire qu'ils complotaient, il aurait pu dire qu'ils volaient, il aurait pu dire qu'ils avaient à peu près quoi que ce soit, finalement. Dans ce cas de figure, il y aurait eu toutes les chances pour que quelqu'un ne vienne, alerté par le bruit. ET il était tout aussi probable qu'on ne le mette dehors sans prêter beaucoup de crédit à ce qu'il aurait dit. Mais-et ça il en était plus que certain-ça aurait eu son effet. Allez, il aurait suffit qu'il y mette suffisamment de conviction et d'agacement en voyant qu'on ne le croyait pas alors que 'ce qu'il disait était tout à fait vrai'. Certes on ne l'aurait peut-être pas cru, mais s'ils avaient réellement quoi que ce soit à se reprocher-et même si ce n'était pas le cas-ça aurait été bien suffisant pour leur attirer des ennuis. Parce que tout au moins il aurait attiré l'attention sur eux, et ils auraient du faire beaucoup plus attention à ce qu'ils faisaient, dans tout les cas.

Mais ça, Jayden ne le saurait sans doute jamais ; et ce pour la simple et bonne raison que leur attirer des ennuis, il n'y tenait pas particulièrement pour l'instant. S'il avait été seul avec Jing, il n'en aurait peut-être pas été aussi sûr. Peu-être, peut-être...

Par ailleurs,nous aimerions bien continuer notre travail,si cela ne vous dérange pas,bien sûr….Mais comprenez que,tant que vous êtes dans les parages….

Le sourire narquois qu'il avait disparu progressivement tandis que son visage se tourna vers ce sacré Jing, justement. Là, c'était trop clair. Aux yeux de Jayden, il venait simplement de lui dire 'Barres toi en vitesse.' Et ça, ça ne lui plaisait absolument pas. Pour peu qu'il ait été déjà sensiblement énervé, la situation aurait clairement pu mal tourner en cet seconde précise. Seulement-et heureusement pour le jeune homme à la veste orange-il ne tenait pas à devoir se faire comprendre plus explicitement pour l'instant. Pour l'instant, encore une fois. Rien ne disait que ça ne finirait pas par arriver s'il continuait, on n'était sûr de rien-et c'était d'autant plus vrai quand on parlait de l'impulsif jeune homme aux yeux bruns. Alors il se contenta de se remettre à sourire, un sourire nettement crispé et pas du tout heureux. Ce garçon ne connaissait pas Jayden, et la réciproque était tout aussi vraie ; toutefois il allait vite comprendre qu'avec lui, ce n'était sûrement pas en lui disant ce genre de phrases courtoisement tournées, avec un sourire absolument détestable au visage, qu'il allait arriver à quoi que ce soit. S'il y avait bien une chose que Jayden détestait, c'était l'hypocrisie. Et pourtant, il en était entouré. De gens qui étaient hypocrites, qui mentaient. C'était peut-être pour ça qu'il avait parfois autant de mal avec les autres ; parce qu'il ne pouvait pas s'empêcher quelque part de se dire qu'on pouvait tout à fait lui mentir. Là il ne lui mentait pas cependant, c'était clair. Mais tout ce qu'il allait gagner à lui dire de s'en aller, c'était de retarder encore plus le moment où il allait partir. Parce qu'il avait une fierté à fleur de pot, et que quoi qu'on lui ordonne de faire il y avait peu de risques qu'il le fasse, même s'il vous aimait bien. Il fallait vraiment qu'il tienne à vous ou que vous soyez très proche de lui, pour réussir à lui demander de faire quelque chose qui ne lui plaisait pas-et encore. Alors s'il ne vous aimait pas...

C'était totalement impossible.

«Tant que je suis dans les parages...?répéta-t-il en haussant un sourcil, faisant mine de ne pas comprendre. Excuse moi, mais je ne pense pas pouvoir comprendre si tu n'utilises pas des mots simples et à ma portée, tu comprends..., Et ça me dérange, précisément. C'est bête, hein?»

Jayden reprit la mine sombre et peu sympathique qu'il avait la plupart du temps quand il ne se moquait pas de quelqu'un, et avança vers les rayons, donnant un coup d'épaule dans le serviteur au passage.

«Et je ne suis pas complètement idiot, lança-t-il à l'adresse de Marielle d'une voix neutre, sans se retourner pour autant, alors qu'il observait la tranche des livres devant lui. Je me doute bien que vous n'iriez pas dire quoi que ce soit pouvant vous porter préjudice, et que ma parole ne vaudrait pas grand chose. Je ne comptais pas aller dire quoi que ce soit contre vous, de toute façon... (Il eut un petit ricanement, et se retourna un instant vers eux, désignant Jing du menton.) Mais je me doute bien qu'il comptait ranger les livres avec son plateau. C'est bien connu, qu'on range les livres avec un plateau..., il aurait au moins pu aller le ramasser avant d'entrer ici, je doute que ce soit sa place. A moins qu'il ne comptait les entasser dessus...?»

Il aurait pu s'adresser dirèctement à lui, mais tant qu'à être impoli autant l'être complètement. Il s'empara d'un livre au hasard, s'approcha d'une table et en tira une chaise, avant de ne s'assoir dessus. Sur la table, bien sûr. La chaise, c'était uniquement pour ses pieds.

«Si ça ne vous dérange pas, je crois que je vais rester encore un peu, déclara-t-il le plus serieusement du monde en ouvrant son livre. Si vous voulez ranger les livres vous pouvez, hmm..., je ne voudrais pas vous empêcher de travailler.»

[Hs: mon post aurait du être plus long que ça, mais je l'ai effacé une fois en entier au début, et une fois à moitié à la toute fin, alors FUCK, je vous emmerde s'il est moins long que prévu!>_______<
Et j'emm*rde forumactif aussi...T___T]

Une ridicule pièce de théâtre très mal orchestrée, voilà ce à quoi lui faisait penser l'actuelle situation. Pas même une de celle qui se laissait regarder, sans plus, sans qu'on ai forcément envie de la revoir, mais plutôt une de celles que vous cherchez à tout prix à éviter, autant à en être acteur que spectateur, d'ailleurs. Parce que, à regarder, cela devait être des plus ennuyeux, plat, sans surprises et respectait toutes les convenances, à un tel point que l'on aurait à coup sûr presque pu dire ce qu'il se passerait par la suite, quelles seraient les paroles échangées et quels gestes seraient accomplis. Oui, prévisible et ennuyeux pour qui regardait, mais d'autant plus difficile à jouer pour qui parlait. Car pour Marielle, l'improvisation n'était pas du tout, mais alors du tout une bonne idée. D'un autre côté, s'arrêter de parler brusquement, mettre trop de temps à répondre à des questions n'étant pas sensées en soulever d'autres aurait pu paraitre un brin suspect, il fallait bien l'avouer. Elle-même n'aurait pas été dupe à un jeu d'un aussi bas niveau, le dernier des imbéciles ne l'aurait probalement pas été plus. Parler sans savoir ce qu'on allait dire, avancer sans se préoccuper de ce qui pourrait bien arriver si on faisait telle chose comme ci et pas comme ça, ce n'était pas elle, tout simplement. Certaines personnes ne juraient que par ce mode de pensée, c'était vrai, et ce n'était pas obligatoirement celles qui réussissaient le moins dans la vie, même en matière de position sociale. Juste que ce n'était pas celles qui y arrivaient le mieux non plus. Certes, elles prétendaient parfois en retour être bien plus heureuses, ne pas avoir tant de souci, de se dire qu'à chaque jour suffit sa peine. Se lever chaque matin sans prendre garde à ce qui s'était produit la veille, ni ce qui se produirait le lendemain, vivre "au jour le jour", comme on disait. Ce devait avoir ses bons comme ses mauvais côtés, à chaque situation ses avantages et inconvénients. Seulement, c'était pour la jeune fille un fait avéré, il n'était pas si rare que ce genre de personnes ne vivent malheureusement pas très vieux.

Or, pour quiconque craignait un tant sois peu la mort, le but était de vivre longtemps, pas systématiquement d'aimer sa vie... C'était un peu son cas, quelque part, dans une moindre mesure bien entendu. On ne pouvait pas dire que cela ne lui aurait pas plu de cracher à la tête des hautes sphères de ce pays, en particulier à celle de ce Prince incapable qui le dirigeait, qu'elle était une espionne, qu'elle n'avait rien à faire ici mais que durant tout ce temps ils n'y avaient vu que du feu, que la place qu'ils prendraient dans l'histoire serait sans doute quasiment égale à celle de leur intelligence, autrement dit presque nulle. Oui, ça l'aurait enchantée, cela allait sans le dire. Pour autant elle ne le ferait jamais, cependant. Elle n'arrivait pas bien à déterminer le mode de pensée des deux jeunes hommes devant elle. Que penseraient-ils d'une telle attitude? Avaient-ils le moindre soupçon sur elle, une impression, quelle qu'elle soit? Trouveraient-ils ça répugnant, idiot, ou malin? Prendraient-ils cela pour de la traîtrise ou un acte des plus courageux? S'en ficheraient-ils tout bêtement ou leur accorderaient-ils ne serait-ce qu'une petite importance? La jeune fille avait ses idées, c'était un fait, mais aucun moyen de les confirmer ou, au pire, les infirmer, preuve incontestable et incontestée qu'elle ne les connaissait pas bien, voir même pas du tout. En règle générale, elle n'avait pas besoin de ça, et ses suppositions s'avéraient être exact. Mais on n'éait pas à l'abri d'une exception, n'était-il pas? Prudence est mère de sûreté. Un bien beau dicton, quand on y repensait, elle félicitait celui qui l'avait inventé.

"Par ailleurs, nous aimerions bien continuer notre travail, si cela ne vous dérange pas,bien sûr… Mais comprenez que, tant que vous êtes dans les parages… "

Nouvelle information à conserver: Jing et la subtilité, une grande histoire d'amour... Autant elle aimait que tout soit parfait et, dans la mesure du possible, tout en sous-entendu, de la manière la plus casuistique que permis, autant lui était très loin des arguties, c'était un fait... Si elle n'avait pas d'ores et déjà été en train de sourire, cela lui aurait arraché un autre sourire. Jayden ne devait pas être bête, ou tout du moins elle le pensait. Mieux vaut surestimer quelque peu les autres, parfois, que de les penser plus bas que terre pour qu'ils vous retombent dessus par la suite, pas si nuls que cela après plus mûre réflexion...

Cela ne la dérangeait pas qu'il parle pour elle, utilisant le "nous" au lieu de "je", dans la mesure où elle l'avait elle-même fait quelques instants à peine plus tôt, et qu'elle pensait de même... Une fois de plus, dans une certaine mesure seulement. Il lui semblait très clair que le rouquin avait explicitement tenté de... De quoi, au juste? Il avait proféré des paroles pas si douces que ça qui avaient sonné aux oreilles de la servante comme des menaces, chose qu'elle n'avait que très moyennement apprécié, pour parler par euphémisme. Elle acceptait un bon nombre de choses, les ordres par exemples, elle ne les rechignait pas. Mais se retrouver dans une position où elle n'aurait pas l'avantage, ça, non. D'où le goût amer laissé par les "menaces", qui indiquaient relativement nettement que c'était ce dans quoi elle se retrouvait. Enfin, du moment qu'il ne disait rien, ce n'était pas si grave, objectivement. Le seul problème était bien sûr qu'elle avait présentement toutes les peines du monde à rester objective, justement. Le tout était de ne pas raconter n'importe quoi, maintenant. Quand on ne sait pas quoi dire, mieux vaut se taire et attendre, point final. Sortir tout ce qui nous passe par l'esprit, n'importe quoi pourvu qu'on dise quelque chose, c'était... La dernière des dernières choses figurant sur sa liste des dernières choses à faire. Qu'importait que ça puisse être tentant, ce n'était pas ses affaires.

Quoi que, dans le cas présent, si, mais elle se débrouillerait. On finissait toujours par trouver un moyen, il suffisait de chercher un peu.

«Tant que je suis dans les parages... Excuse moi, mais je ne pense pas pouvoir comprendre si tu n'utilises pas des mots simples et à ma portée, tu comprends..., Et ça me dérange, précisément. C'est bête, hein?»

Très bien. De toute évidence, ils n'étaient pas sortis de l'auberge, s'ils partaient comme ça. Que ces deux là cessent de se lancer gentilles paroles, sourires magnifiquement hypocrites et sarcasmes dessus, c'était pour l'instant aussi impossible que d'apprendre le tir à l'arc à un cailloux, il fallait être un peu réaliste. Ces paroles ne s'adressaient en tout cas pas à elle... Il avait parfaitement compris, c'était certain. Tant qu'à jouer un jeu, sans doute avait-il décidé de le jouer jusqu'au bout. C'était un choix comme un autre, dans l'absolu. Pas forcément celui sur lequel elle-même aurait jeté son dévolu, pas forcément mauvais non plus pour autant. Cela pouvait devenir intéressant, s'ils continuaient sur ce terrain là. Après tout, il leur suffirait d'un pas pour glisser et dévaler cette pente glissante... Rien que cette simple perspective fit naitre un léger rire, qu'elle réussit heureusement à étouffer sans encombres avant qu'il ne se fasse entendre. En revanche, il venait d'exposer tout aussi clairement que l'avait fait le serviteur uen poignée de secondes à peine plus tôt qu'il ne comptait pas partir. En toute honnêteté, le contraire l'eut étonnée. L'explication à cela? C'était on ne pouvait plus simple, comme raisonnement, et à la portée de n'importe qui, même l'idiot du village. A savoir, elle aurait compris qu'il tourne les talons, désintéressé de cette conversation, et aille attendre de se faire repérer dans un endroit autrement plus intéressant. Et comme il semblait agir de manière contraire à ce que elle, elle pouvait bien penser, elle était partie du principe qu'il resterait. Comme quoi, les idées les plus basiques, ridicules et infondées n'étaient pas toujours fausses... Elle laissa échapper un très léger soupire, se demandant comment tout cela allait tourner. Du moment qu'il ne lui arrivait rien du tout, à elle...

"Et je ne suis pas complètement idiot. Je me doute bien que vous n'iriez pas dire quoi que ce soit pouvant vous porter préjudice, et que ma parole ne vaudrait pas grand chose. Je ne comptais pas aller dire quoi que ce soit contre vous, de toute façon... "

Si elle avait été imperceptiblement tendue quelques secondes auparavant, elle était maintenant plus détendue. Il avait compris la situation et, si ça n'avait pas été le cas, elle aurait certes tourné largement en leur faveur, ce n'était pas pour autant que la demoiselle aux cheveux pâle aurait apprécié. Moins elle causait de grabuge, mieux elle se portait. Étant donné les récents évènements (elle entendait par là les quelques "rencontres" qu'elle avait malencontreusement eues avec le Prince aux cheveux blonds.) il y aurait fort à parier qu'elle mettrait un moment à se faire oublier. Ce moment viendrait, bien entendu, elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas le genre de visage qui marque, qui reste indéfiniment gravé dans la mémoire des autres. Plutôt même de ceux auxquels on ne fait pas très attention sur le moment, et qu'on oublie un laps de temps assez limité plus tard, même si justement, elle ne pouvait en avoir la véritable preuve. C'était axiomatique, en quelque sorte, et elle ne s'en plaignait pas. Mais durant le temps jusqu'à ce que cela arrive, elle ne devait plus seulement faire profil bas, mais être totalement invisible. Alors, automatiquement, savoir que Jayden ne lui créerait pas d'ennuis supplémentaires était une source d'inquiétude en moins. Il ne l'avait pas regardée en parlant, néanmoins, et elle n'aimait pas tellement ça. On lisait beaucoup de choses dans les yeux. Et là, sans le vouloir, il coupait cours à tout ça... Quelle poisse.

"Mais je me doute bien qu'il comptait ranger les livres avec son plateau. C'est bien connu, qu'on range les livres avec un plateau..., il aurait au moins pu aller le ramasser avant d'entrer ici, je doute que ce soit sa place. A moins qu'il ne comptait les entasser dessus...?"

La demoiselle Aelan ouvrit la bouche, puis la ferma, sans qu'aucun son ne sorte pour autant. Ouille. C'était mal parti... Pour Jing. Pas pour elle. Certes, c'était un peu de sa faute, dans la mesure où c'était elle qui avait dit qu'ils voulaient ranger les livres. Mais il était vrai que ce n'était tout simplement pas elle qui tenait un plateau, pas vrai? Au pire, on penserait qu'elle ne savait pas pourquoi il l'avait, et qu'elle n'avait pas jugé nécessaire de demander. Au mieux, on ne penserait rien du tout. Histoire de laver sa conscience du moindre soupçon de culpabilité, si on prenais pour acquis, évidemment, qu'elle en possédait encore une et que tous ces mensonges et coups bas à répétition ne l'avait pas tout simplement tuée, elle se disait que s'il cherchait une solution pour se "racheter" de l'incompréhension qu'il avait eue quelques minutes avant cela, ce serait l'occasion parfaite pour lui. Il aurait été déplacé de sa part de la lui voler... S'il était capable de trouver une explication convaincante, alors il le ferait. S'il ne l'était pas, cela voudrait dire qu'elle l'avait vraiment mal jugé au moment même de leur rencontre, et qu'il était réellement... Aussi normal qu'il semblait l'être. Autant pour elle, dans ce cas. Elle n'allait pas non plus s'en plaindre...

Elle tourna donc vaguement la tête de droit à gauche, poussant un nouveau soupire, mais faisant cette fois-ci en sorte de se faire entendre des deux autres personnes présentes dans la pièce. Elle se demandait tout de même s'ils allaient finir par se disputer. Aucun faits concret ne lui permettait de l'affirmer mais elle n'eut pas été si surprise que cela si c'était à cela que la situation aboutissait.

Jayden s'avança vers une table, attrapa un livre, avant de ne s'assoir dessus, les pieds négligemment posés sur une chaise. Elle hésita d'abord à le corriger pour son manque total de manières, sachant pertinemment que, de toute façon, il y avait fort peu de chances pour qu'il l'écoute, même si elle le lui signalait. Et parler pour ne rien dire n'avait vraiment jamais été son fort... Il aurait été crédible de le lui dire, bien sûr, mais il l'était tout autant de ne rien faire. Encore, si elle avait mesuré un mètre quatre-vingt-dix pour cent dix kilos, mais le fait était qu'elle n'atteignait pas même le mètre soixante-dix, et n'avait pas une voix particulièrement apte à donner des ordres qui sonnent comme tels, et auxquels on se sente obligé d'obéir, aussi préféra-t-elle économiser sa salive et son précieux temps. Tant pis. Et puis, il finirait bien par bouger, non? Avançant quelque peu, Marielle nota que l'ouvrage qu'avait pris le jeune homme devait être un livre d'histoire ou, tout du moins, les autres livres figurant sur cette partie de l'étagère l'étaient, ce qui l'avait amenée à cette conclusion. Certains titres, noms de personnes, dont elle ne connaissait pas ne serait-ce que le nom, d'autre dont elle avait tout juste entendu parler, et enfin ceux connus de toutes et de tous.

« Tiens, vous vous intéressez à l'histoire? » Demanda-t-elle, sur le ton de la conversation, comme s'il eut été tout à fait naturel et habituel qu'ils se tiennent tous trois ici.

Prenant un tabouret -pas l'une de ces grandes échelles, bien sûr, il était plus beaucoup plus petit, au moins dix fois moins grand...- et grimpa dessus, soufflant sur les livres d'une étagère un peu plus haute, soulevant au passage un léger nuage de poussière. Elle retint un éternuement. Il jouait la carte du culot, parfait. En soit, cela ne lui posait pas de réel problème.

Il fallait au moins recconaître une chose a ce nouvel intrus dans la bibliothéque ,mais ca n’était pas pour autant quelque chose de très mélioratif.En fait,c’était carrément préjudiciable sur une certaine pensée,mais d’après son rapide profil psychologique que Jing avait put dresser a son sujet ( c'est-à-dire que il avait affaire la a un jeune délinquant d’un naturel rebelle,insouciant et carrément antipathique ) il pouvait affirmer sans le moindre doute que si les deux serviteurs insisteraient pour qu’il s’en aillent,avec des propos parfaitements clairs ( cela allait de soi,n’importe quel imbécile aurait compris la précédente allusion de Jing) et bien par pur esprit de contradiction,Jayden resterait la,planté face a eux,voire même capable de leur faire un geste obscéne,enfin,ca c’était la caricature que le jeune bandit s’était dréssé dans son esprit.Mis a part cela,Jayden semblait parfaitement correspondre avec l’image qu’il donnait de lui,et celle dont il ne voulait visiblement pas se défaire.Tout simplement enervant pour les autres.Apparemment,Jayden était le type de personnages a se réjouir du malheur des autres et a se complaire dans le noble art qui consistait a enerver les personnes de son entourage quel qu’il soit,tout simplement pour se satisfaire personellement.Si ce genre de mentalité pouvait en choquer plus d’un,ce ne fut curieusement pas le cas pour le jeune Jing.A vrai dire,lui-même était d’une mentalité similaire a celle du rouquin en face de lui,et il adorait ennuyer les autres personnes avec ses petits tours et manigances dont il avait le secret.Dans un sens,il comprenait Jayden,mais le probléme ne venait pas de la.En effet,si Jing comprenait le jeune homme tout autant que n’importe quel autre personnage doué de la mentalité « je fais ch*er le monde et ca me plaît » cela ne signifiait pas pour autant qu’il l’appréciait.En fait,il ne faisait que l’agacer encore plus,parce que de un,c’était le but de Jayden,agacer les autres,et de deux,parce qu’il s’y prenait d’une maniére qui ne faisait que le rendre encore plus ridicule a ses yeux.Pour Jing,il était necessaire de preserver une sorte d’image,quelque chose de non-péjoratif pour soi même.En somme,il fallait rabrouer sans pour autant jouer a l’imbécile,et donc par conséquent,passer pour un de ces imbéciles.Ce qui amena donc Jing a penser que Jayden était tout simplement de cette catégorie de gens qui se complaisaient dans le jeu traditionel du plus idiot entre les deux.Oh,il pouvait si il voulait,hein.Jing n’avait jamais été très interessé par un jeu stupide ou le but était de moins comprendre le plus possible ce qui se passait autour de lui.Il n’avait jamais gagné a ce genre de compétition.Mais c’était plutôt un point positif de ne jamais gagner au jeu du plus idiot,non ?


Tout du moins c’est ce qu’il pensait,il n’y avait aucun avantage a faire semblant de ne pas comprendre,ou a ne pas comprendre du tout.En l’occurrence,Jayden faisait semblant,c’était évident,mais ca ne voulait pas dire pour autant qu’il s’agissait la d’un personnage un tant soit peu futé ou ne serait-ce que rusé.En fait,pour Jing,tout cela prouvait plutôt qu’il n’avait absolument rien trouvé de mieux a dire que des inepties,et ca,c’était plus le signe d’un manque crucial de neurones qu’autre chose.Enfin,tout ca,c’était ce que pensait le voleur,mais il était évident que les deux autres personnages ici présents n’etaient pas vraiment du même avis que lui.Pour Jing,c’était très clair dans l’immédiat.Marielle Aelan,jeune fille dont Jing avait eu la mauvaise ou bonne idée de s’eprendre,était dans la même piéce que lui,et il était parvenu a engager la conversation avec elle.Tout se passait plutôt bien en fait,jusqu'à l’arrivé de cet homme,jayden,qui semblait n’être la que pour mettre Jing dans un êtat de nerfs assez conséquent.En fait,il avait même réussi.Et Jing avait a présent deux objectifs pour la journée,et tout deux se dérouleraient dans cette piéce qu’était la bibliothéque.Il laissa plus ou moins tomber son projet de dérober un livre précieux.Après tout,il pouvait bien se permettre de faire une croix dessus,ca n’était qu’un simple bonus pour subsister.A présent,les seuls deux buts qu’il avait,c’était : tout d’abord de briller aux yeux de la servante en bleu,chose qui,il s’en doutait,serait loin d’être aisée,puisque Marielle n’était pas le genre de fille sotte qu’on pouvait berner avec deux feux d’artifices ( mais de toutes evidences,c’était un peu pour cela qu’elle l’attirait autant ) et son second objectif,rembarrer ce délinquant et le renvoyer la ou il ne devrait pas être,puisque sa place était visiblement derriére des barreaux,mais au moins loin de lui.Il était clair que Jing ne pourrait pas supporter ce jeune homme très longtemps.Enfin,facon de parler,bien sur.Le jeune voleur serait resté avec lui pendant des semaines,si il le voulait,il suffisait de tenir le coup.Et de se dire que la fin en vaudrait la peine,après tout.

«Tant que je suis dans les parages... Excuse moi, mais je ne pense pas pouvoir comprendre si tu n'utilises pas des mots simples et à ma portée, tu comprends..., Et ça me dérange, précisément. C'est bête, hein?»

Tient,qu’est ce qu’il pensait a l’instant ?Exactement ce qui venait de se passer.Jayden n’avait donc rien trouver de mieux a faire que de jouer a l’imbécile fini et de dire des paroles sans réel sens,juste pour tenter de placer Jing sur les nerfs.Le probléme c’est qu’a l’instant ou il avait prononcé ces paroles,Jing eu un leger sourire.Il était evident,tellement evident qu’un individu comme ce rouquin aurait toujours répondu d’une maniére plus ou moins semblable.Même si Jing ne connaissait cet homme que depuis peu de temps,et honnêtement ca n’était pas pour lui déplaire, il savait pertinemment comment la majorité des personnes réagissaient a ce genre de réplique.Pour la simple et bonne raison qu’il avait tenté l’experience des centaines de miliers de fois,et qu’a chaque fois,les petits malins comme Jayden répondaient de la même facon.Et les plus futés,eux,se contentaient généralement de répondre d’une maniére plus fluide,jouant sur le langage pour rester malgré le flagrant avertissement. En attendant,Jing conserva donc un petit sourire,avant de croiser les bras,et de regarder jayden,l’air a la fois navré,et faisant mine de s’excuser.

Oh,excusez moi,j’aurais dut me doûter que vous n’etiez pas suffisamment…. Evolué pour comprendre ce que je voulais vous dire.Comme vous dîtes « c’est bête,hein ».Il est vrai que j’aurais dut employer un langage plus a votre portée.

Il avait encore dit cela en souriant,et une fois de plus,le sous-entendu était très clair.Jayden était trop bête pour comprendre.Bien sûr,ca n’était pas vrai,il n’empêche que n’importe qui aurait percu la semi-insulte a peine voilée derriére cette petite tirade de mots. Enfin,si Jayden répondait une nouvelle fois qu’il ne comprenait rien,le doute était a présent permis,il était possible qu’il soit réellement un imbécile handicapé mentalement.Toutefois,Jing en doutait.Le ton sur lequel le roux avait parlé était sans équivoque,il avait simplement dit cela pour rester et jouer encore un peu a celui qui gonfle son monde.Oh,il ne dérangeait pas vraiment Jing,finalement.Peut être qu’il arriverait même a le distraire encore un peu,en fait.

"Mais je me doute bien qu'il comptait ranger les livres avec son plateau. C'est bien connu, qu'on range les livres avec un plateau..., il aurait au moins pu aller le ramasser avant d'entrer ici, je doute que ce soit sa place. A moins qu'il ne comptait les entasser dessus...?"

Sur le coup,Jing eu un petit air légérement perturbé,c’était vrai.Après tout,Jayden venait de lui faire ce qu’il apellait « un coup bas ».Il venait de tirer parti des paroles de Marielle pour s’en servir contre Jing.Effectivement,c’était la jeune servante qui avait dit qu’elle rangerait les ouvrages de papier,et c’était Jing qui avait tenu le plateau.Le probléme c’était que Jayden,encore une fois,n’avait visiblement pas observé la situation dans son ensemble.Parce que oui,en admettant que Jing désirait ranger les livres ( même si son véritable objectif était d’en choper un ) il avait quand même posé le plateau sur une table,près de lui.Comment aurait t-il fait,sinon,pour croiser les bras ?A l’heure actuelle,Jing ne portait aucunement un plateau.Ce dernier était posé sur la table derriére le jeune bandit,et ce dernier ne l’avait touché pour la derniére fois que pour y replacer une cuillére.Mais il avait bel et bien posé le plateau.Et ce dans l’optique de pouvoir ranger les livres,reprendre son plateau,et repartir.Il avait parfaitement le droit d’emporter cet objet ou il voulait,non ?

Oh,certes,je comprends qu’avec votre mentalité,on puisse penser qu’on range les livres avec cet ustensile,mais voyez vous,il est très complexe de se servir d’un plateau quand celui-ci est posé a coté de soi.Et spécialement pour replacer des livres dans le bon ordre.En fait,je comptait venir ici,poser mon plateau,ranger les livres dans l’ordre correct,et repartir avec mon ustensile de travail,qui est,comme vous l’avez si bien deviné,un plateau.

Il eu une légére révérence,a nouveau avec son sourire totalement hyppocrite.Il savait que de toutes maniéres,il avait raison,sur ce coup la.Il n’était venu que pour ranger les livres,eventuellement en emporter un sous sa cape.Pas du tout pour servir le thé,il n’avait amené cet ustensile que parce qu’il en portait un en quasi permanence,comme la plupart des serviteurs du château,en fait.Et ranger les livres n’incluant pas de quitter la bibliothéque,le plateau une fois posé,n’était plus un probléme.Donc,le raisonnement de Jing n’avait visiblement pas de failles.Enfin,ca c’était son approche personnelle,il se pouvait ensuite que Jayden trouve un quelconque trou dans cette petite argumentation…Mais très honnêtement,Jing en doutait.

Après que le rouquin ai avancé vers le jeune homme en trenchcoat ,il tenta visiblement de bousculer Jing.Certes,il tenta,mais Jing n’était pas quelqu’un que l’on bousculait facilement.Se deplacer dans une foule,eviter les contacts,c’était quelque chose qu’on se devait de maitriser a la perfection dans son métier,voila pourquoi,il laissa son épaule glisser en même temps que celle de Jayden,se placa donc légérement de profil pour laisser passer le jeune homme aux cheveux roux,sans le moindre dommage.Il n’eu aucune mimique,ni sourire de victoire,cette fois ci.C’était pour lui tout a fait normal de réussir a esquiver une agression aussi flagrante.Une fois que le jeune rouquin ai prit ses aises et se soit installé sur la table,se servant d’une chaise comme repose pied,Jing eu un petit soupir.Marielle,de son coté,visiblement plus détendue,s’interessa a la couverture de l’ouvrage que Jayden semblait compulser.Dommage pour le bandit,Jayden tenait son livre a l’endroit,et donc,il n’était pas un benêt total.Mais bon,il suffit de la réplique de Marielle pour le remettre sur les chapeaux de roue.

« Tiens, vous vous intéressez à l'histoire? »

Après quoi elle monta sur un tabouret pour y souffler de la poussiére qui s’était entassée sur un livre.Jing haussa les épaules,ne jugeant pas utile de répondre a quoi que ce soit,ni de tenter une nouvelle fois de virer cet intrus.Il se contenta donc de décalé son précieux plateau de jayden,de maniére a ce que ce dernier ne tente pas de le casser involontairement.Si il le faisait désormais,cela serait volontaire,après cette action.Puis,Jing regarda Marielle sur son tabouret,avant de lui-même saisir un escabot,plus grand que le tabouret de la jeune fille,mais pas autant qu’une de ces echelles,avant d’inspecter assez minutieusement le rayon des livres auquel Jayden venait de soustraire un membre.En effet,la plupart traitaient sur l’histoire.Le jeune voleur passa sa main dessus,constatant de la poussiére en pagaille,avant d’epoussetter les ouvrages avec le dos de sa main.Il commencait a ranger les livres,comme convenu.Tout en cherchant celui qu’il pourrait emporter avec lui.

Jayden était agacé. Tout simplement. Agacé parce qu'il détestait ne pas pleinement maitriser une situation. Autant dire que là, ce n'était absolument pas le cas, d'où son énervement palpable. Il fallait dire que Jayden n'était ni n'avait jamais été quelqu'un enclin à la patience, ni quelqu'un qui passait trois heures à chercher ce qu'il allait dire. Est-ce qu'être spontané était synonyme d'être stupide? Il ne voyait pas en quoi, mais peut-être que pour certains c'était le cas. Le jeune homme aux cheveux roux trouvait presque cela triste, d'être obligé de s'adapter, de changer de personnalité. Ne pas être soi-même de temps en temps, quand vous parliez à quelqu'un de haut placé ou à qui vous deviez du respect, il comprenait parfaitement. Simplement..., il y avait de ces personnes qui, à force de changer de comportement à tout va, pour plaire à tout le monde, n'étaient plus personne. Aussi simple que ça. Comme la plupart des personnes qui naissaient sur cette planète, ils étaient invisible. Dans une masse, c'était quelque chose d'obligatoire, qu'il y en ait qu'on ne remarque pas. Des inconnus qui passent, et que vous oubliez aussitôt. Des personnes qui ont ce qui pourrait être assimilé à des amis, mais des amis qui ne s'intéressent pas vraiment à eux, avec lesquels on discute de temps en temps, de choses légères. Des personnes qui sont polies, et qui ne disent pas vraiment ce qu'elles pensent de peur que ça ne dérange quelqu'un. Pour être honnête, il trouvait ça vraiment triste. Et Jayden Sied avait bien trop peur d'être totalement seul, dans le fond, qu'il refusait obstinément d'être banal et commun. A agir comme bon lui semblait et à faire des choses qui parfois ne plaisaient pas il s'attirait bien sûr des remarques désobligeantes, et il avait beau dire qu'il s'en fichait personne n'aimait ça. Mais au moins, même si c'était en mal, il savait qu'on ne l'oubliait pas, et c'était déjà beaucoup à ses yeux. Il n'appréciait que peu de personnes, mais ses amis pouvaient au moins autant compter sur lui que lui sur eux, et en soit c'était déjà bien assez comme ça. Quelques vrais amis, ou une montagne de connaissance? Être 'quelqu'un de bien' ou être soi-même? Être pris pour un idiot ou se croire supérieur?

Jayden n'avait pas besoin de plus de trois secondes pour choisir, tant le choix lui paraissait évident.

Seulement si l'adolescent aux yeux bruns acceptait qu'on le prenne pour un idiot, il détestait qu'on se moque de lui. Ça pouvait paraître étrange, oui, mais c'était deux choses tout à fait différente dans son esprit. Qu'on ait l'air de penser qu'il était stupide, il en faisait son affaire. Ce ne serait jamais la première fois de toute façon. Qu'on se moque ouvertement de lui ou qu'on fasse des rapprochements, des allusions, il aimait déjà beaucoup moins. Mais s'il y avait bien une chose qu'il détestait entre toute, c'était qu'on se croit supérieur à lui. Qu'on pense et qu'on dise de manière plus ou moins explicite qu'on valait mieux que lui, ça lui donnait tout simplement la nausée. Autrement dit, tant que vous ne souriez pas hypocritement en disant qu'il était stupide, les chances que vous l'énerviez trop étaient assez minces, sommes toute. Il voulait d'ailleurs bien croire que ses réactions n'étaient pas toujours les bonnes, qu'il ne réfléchissait bien souvent pas assez, et que s'il le faisait ça lui éviterait bien des remarques ou des déboires. Mais en plus d'avoir un caractère entier, le jeune homme se refusait à être hypocrite ou à dire des choses qu'il ne pensait pas. Or aussi sûrement qu'un mensonge par omission reste un mensonge, ne pas dire ce qu'on pensait était aussi hypocrite que de dire des choses que l'on ne pensait pas. C 'était pour ça qu'en général quand le jeune homme aux cheveux roux vous disait quelque chose, il le pensait. Tout simplement. Si vous l'entendiez dire que vous étiez stupide, il le pensait. Aussi simple que ça ; et sortir de la catégorie dans laquelle il vous avait mis était une chose assez difficile en soit, même quand on le voulait. Alors quand on ne le voulait pas, autant dire que c'était mission impossible.

Et c'était bien pour ça qu'il se doutait que la situation n'allait pas s'arranger. Ce qui était loin de lui déplaire, d'un certain côté.

Oh,excusez moi,j’aurais dut me douter que vous n'étiez pas suffisamment…. Évolué pour comprendre ce que je voulais vous dire. Comme vous dîtes « c’est bête, hein ».Il est vrai que j’aurais du employer un langage plus a votre portée.

Jayden haussa un sourcil, regardant sans réel intérêt le garçon qui venait de lui répondre. Hun hun. Voilà qu'il s'y mettait. Étrange, il aurait pensé que ce garçon avait un peu plus de patience et de maitrise sur lui pour ne pas renvoyer ce qu'il disait. Il fallait croire qu'il était encore plus idiot que ce qu'il pensait à la base-donc qu'il était complètement irrécupérable. Jayden Sied détestait qu'on l'insulte. C'était quelque chose de compréhensible et de presque viscérale, chez lui ; si vous l'insultiez, il allait vous renvoyer l'ascenseur, c'était prévisible. Seulement il savait aussi-on lui avait bien souvent répété-que le moins idiot des deux était celui qui arrêtait le premier. En somme, ne pas répondre aux provocations de quelqu'un est plus intelligent que le contraire. C'était bien pour ça que le jeune homme aux yeux bruns aurait pensé qu'il attendrait encore un peu, avant de ne lui lancer des répliques dans lesquelles les insultes étaient à peine dissimulées avec un air hypocrite tout à fait détestable. Et très honnêtement, Jayden se demanda en quoi ce type en orange pouvait se penser supérieur à lui, puisque c'était très clairement le cas, alors qu'il faisait la même chose que lui dans une moindre mesure. L'adolescent ne répondit cependant pas à cette très légère insulte, à laquelle il ne fit presque pas attention, finalement. Non, il se contenta d'un sourire amusé et mutin, trouvant la réplique de ce Jing plus révélatrice sur lui-même que ce qu'il pouvait bien croire. Bien, bien. S'il voulait jouer à ça c'était lui qui voulait. Simplement dans ce cas, il avait perdu d'avance. S'aventurer sur un terrain que l'adversaire maitrisait bien mieux que vous était assez stupide-aussi stupide que de chercher querelle à quelqu'un qui n'attendait que ça. Or celui sur lequel s'aventurait ce serviteur, Jayden le connaissait par cœur.

Oh,certes,je comprends qu’avec votre mentalité,on puisse penser qu’on range les livres avec cet ustensile, mais voyez vous,il est très complexe de se servir d’un plateau quand celui-ci est posé a coté de soi. Et spécialement pour replacer des livres dans le bon ordre. En fait,je comptait venir ici, poser mon plateau, ranger les livres dans l’ordre correct, et repartir avec mon ustensile de travail, qui est, comme vous l’avez si bien deviné, un plateau.

Sourire toujours, mais bien plus éloquent. Là, il n'avait que très moyennement apprécié et si ça n'avait tenu qu'à lui il aurait grandement apprécié de pouvoir lui asséner un coup sur la tête avec son plateau, justement. Au moins il aurait arrêté de débiter son monceau d'idiotie, ça aurait fait le plus grand bien à tout le monde. A lui, en tout cas. Jayden avait beau ne pas faire parti du château, il savait pertinemment ce que devait faire un serviteur, et ce qu'il faisait dans une bibliothèque lui paraissait encore plus évident. Seulement pour faire court, il n'y avait qu'un imbécile complet qui irait se promener partout en trimbalant un plateau. De ce qu'il en avait vu, les serviteurs et tout ce qui allait avec n'en avaient que quand ils servaient, ou qu'ils s'occupaient du service à table. Or là, y avait-il un quelconque repas? Y avait-il quelqu'un a servir dans une bibliothèque? Non. Voilà la réponse évidente que tout le monde aurait dit. Non, il n'avait aucune raison de traîner ce maudit plateau partout avec lui, ou en tout cas pas dans une bibliothèque. D'où la précédente remarque de Jayden, n'est-ce pas ; il était complètement ridicule d'en emmener un ici. L'espace d'un moment Jayden resta à regarder ce qu'il aurait qualifié 'd'espèce rare de crétin' avec un regard qui en disait très long, avant de n'avoir un nouveau sourire. Et autant dire que le sourire en question reflétait très bien toute l'amitié qu'il éprouvait déjà pour Jing.

«Attend, je vais t'apprendre quelque chose qui va t'épater, dit-il en croisant les bras, l'air visiblement amusé. La mentalité, c'est la façon de penser de quelqu'un, son comportement moral. Rien à avoir avec ce que tu disais, le génie. Mais c'est vrai que c'est très logique de dire qu'à cause de mon caractère je comprend pas, n'est-il pas? Quant-à ton 'ustensile de travail', je te ferais remarquer qu'il n'y a que toi qui te trimballe avec un plateau dans une bibliothèque. Au cas où tu n'aurais pas remarqué Marielle n'en a pas par exemple. Et d'ailleurs maintenant que j'y pense, aucun des serviteur que j'ai croisé n'avait un plateau sur lui. C'est bizarre, tu trouves pas?»

Parce qu'au moins, Jayden ne disait pas des phrases qui ne voulaient rien dire. Avec son niveau intellectuel, là ça aurait voulu dire quelque chose. Avec sa mentalité, ce qu'il avait dit n'avait strictement aucun sens. C'était comme dire qu'à cause de son caractère, il était normal qu'il croit qu'on rangeait les livres avec un plateau. Et en aucune façon ça ne voulait dire quoi que ce soit...

«Oh, mais je conçois qu'avec ta 'mentalité' tu ne comprennes pas ce que je viens de dire», ajouta-t-il avec un sourire au moins aussi hypocrite que celui qu'avait arboré Jing peu auparavant.

Jayden détestait qu'on s'en prenne à lui, mais à plus forte raison qu'on ne le fasse pas correctement. Tant qu'à l'insulter qu'il dise des choses qui aient un sens. Jayden reporta son regard sur son livre, toujours énervé. Le fait était qu'en comparaison avec ce qu'il aurait dit en temps normal, il était on ne peut plus poli et courtois, ce qui pouvait expliquer en parti le fait qu'il se sente toujours énervé. Comme il l'avait déjà dit, que quelqu'un qui ne savait même pas correctement utiliser sa langue natale l'insulte, c'était proprement insupportable. Et après c'était lui qui n'avait pas d'éducation? Tchh.

« Tiens, vous vous intéressez à l'histoire? »

Jayden leva les yeux de son livre et dirigea son regard foncé vers Marielle, qui venait de prendre la parole. Du peu qu'il avait lu du livre qu'il avait attrapé, cet ouvrage traitait en effet de l'histoire. Celle d'Oria, pour être précis. Ça valait ce que ça valait, Jayden avait toujours aimé lire de toute façon. Que ce soit des romans ou des œuvres un peu plus difficiles comme celles traitant sur l'histoire de ce royaume ou d'autres, d'ailleurs. Ça avait toujours eu quelque chose de fascinant, de lire des livres. Ce n'était parfois que des histoires inventées de toute pièces, mais ça avait toujours une dimension assez extraordinaire. Les personnes qui écrivaient ce genre de choses devaient être dotées de beaucoup de patience et de temps ; Jayden avait du temps, mais absolument aucune patience. Alors à défaut, il lisait. Ses parents avaient d'ailleurs une assez grande collection de livres, même s'ils n'étaient pas d'une valeur très élevée. Des écritures étaient des écritures, et ce n'était pas parce qu'un livre valait plus cher qu'un autre qu'il était moins intéressant, après tout.

«Hmmn, répondit-il en se remettant à lire-plus en diagonal qu'autre chose, comme il faisait attention à ce que faisait les deux serviteurs en même temps. Ça vaut ce que ça vaut..., c'est pas la période de l'Histoire qui m'intéresse le plus, mais on va dire que ça fera l'affaire.»

Jayden haussa un sourcil, puis referma finalement son livre, avant de ne se détourner vers la jeune fille aux cheveux argentés plus franchement, ignorant complètement le garçon à la veste orange.

«Tiens, tu n'en aurais pas un un peu plus récent dans les parages par hasard? S'il te plaît, bien sûr», ajouta-t-il dans un élan de politesse, en posant son livre sur la table, à côté de lui.

Les disputes étaient en général les choses les plus ennuyeuses, bruyantes et dénuées d'intérêt qui soit, du point de vue de Marielle. On pouvait toujours les éviter, en cherchant un peu, si on le voulait. Il existait toujours une solution qui satisferait les deux partis également, toujours. Du moins, c'était le cas quand, par exemple, l'accrochage avait lieu à cause d'un objet convoité. Là, ça avait un sens, il y avait un véritable motif à cette querelle. Mais lorsqu'on se battait pour le simple plaisir de se battre, c'était une autre paire de manches, il fallait bien l'avouer. Parce que cette personne vous avait énervée, ou qu'elle avait eu une parole malheureuse, vous aviez envie de lui faire au moins autant de mal et, pourtant, si quelqu'un vous demandais ce que vous y gagneriez, il n'y aurait tout simplement rien à répondre. Parce que justement, vous n'y gagneriez rien, à part peut-être le fait de vous sentir mieux, et encore. Dans ce cas de figure là, il n'y avait pas moyen de résoudre le problème sans plus de heurt, et là, seulement là, cela prenait une tournure plus intéressante. Voir jusqu'où ils seraient capables d'aller pour leur propre satisfaction, ce qu'ils pourraient bien dire à l'autre. On aura beau répéter que la colère nous fait dire des choses qu'on ne pense pas, la jeune fille n'y croirait jamais. Au fond, on disait juste tout ce qui nous passait par l'esprit, sans restriction aucune, sans barrières. On ne pensait pas à mentir quand la fureur s'emparait de nous, de fait, on disait la vérité, absolument toute la vérité. Tout ce qu'on pensait de son interlocuteur, tout ce qu'on savait de lui, tout ce qu'on lui reprochait sans oser le lui dire. On pouvait se cacher sous de belles excuses par la suite, mais qu'est-ce que cela changeait, dans les faits? Rien du tout. Nos pensées restaient inchangées, on les gardait juste pour soit. Et en l'occurrence, la demoiselle Aelan aurait bien aimé que ses deux "amis" se fâchent réellement. Leurs sous-entendus et insultes à peine dissimulées ne servaient pas à grand chose, à part à éviter que le ton monte trop vite. Trop vite, oui, car tôt ou tard, ils finiraient bien par faire tomber ce ridicule masque transparent, au travers duquel on voyait sans aucun problème. Ils ne s'aimaient pas? Parfait, qu'ils se le disent. Ce serait l'occasion ou jamais d'apprendre des choses sur eux, non? Et même si les probabilités pour que cela lui serve plus tard étaient infimes, elles existaient tout de même.

Elle-même ne tombait pas dans ce travers, bien entendu. Se mettre à insulter ouvertement les autres ne lui apporterait rien, objectivement. Tant qu'à faire, elle préférait leur faire du mal sans qu'on sache que ce soit elle, discrètement, sans même qu'on remarque son mécontentement sur le moment. Ainsi, on écartait tout risque d'envie de vengeance, ou quoi que ce soit dans le même genre. Elle était au dessus de ça, non? Les gens de ce monde étaient parfois si idiots, comparés à elle. Agir sans réfléchir revenait presque automatiquement à avoir tort, ou à recevoir quelque punition plus tard. Elle n'avait pas mis bien longtemps à le comprendre, et évitait depuis lors de se comporter de la sorte. Quand on casse un vase, la première réaction est de partir, en espérant que personne ne l'a vu ou ne vous soupçonne. Mais la meilleure était de loin d'aller chercher quelqu'un et de dire que le vase était cassé, au contraire. Parce que le chat l'a renversé, ou bien sans que vous sachiez pourquoi, peu importe. Mais il faudrait être complètement bête pour aller dénoncer son propre fait... Enfin, le recoller était la dernière des choses à faire: cela se verrait forcément, et on saurait immédiatement que c'est de votre faute. Certes, ce n'était pas tout ce qu'il y avait de plus honnête, mais au moins elle arrivait à ses fins. Rire quand il fallait, pleurer quand il fallait, tomber quand il fallait, pas obligatoirement quand on en avait envie, mais juste quand c'était nécessaire, était une bien meilleure option que de passer pour l'idiot du village, dont tout le monde se moque. Elle refusait de passer pour la dernière des abruties, et se laissait guider par cette petite voix appelée ''bon sens''.

Or, dans la présente situation, son bon sens lui disait d'attendre patiemment plutôt que de mettre le feu aux poudres comme elle l'aurait souhaité. Leur petite joute verbale commençait à peine, après tout.

"Oh, excusez moi, j’aurais dut me douter que vous n'étiez pas suffisamment… Évolué pour comprendre ce que je voulais vous dire. Comme vous dîtes « c’est bête, hein ». Il est vrai que j’aurais du employer un langage plus à votre portée."

Quand elle parlait de "faire tomber le masque", cette phrase était exactement ce qu'elle entendait par là. Elle ne savait peut-être pas bien pourquoi ils se détestaient, mais les faits étaient là, exposés aux yeux de tous: ils ne s'appréciaient pas le moins du monde et comptaient bien se le faire mutuellement savoir. Elle ravala un sourire, et se concentra à nouveau sur ces fichus livres, ne souhaitant pas franchement qu'ils se rendent compte de quoi que ce soit. Rester à les écouter sans rien faire aurait été stupide, dans la mesure elle n'aurait pas pu s'empêcher, à un moment ou un autre, d'intervenir. La force de quelqu'un résidait dans sa connaissances de ses propres limites, ses réussites et ses défaites s'enchaînaient à cause ou grâce à cela. Celui qui croit qu'il sera capable de tout finit par échouer, et celui qui ne se croit capable de rien n'entreprend rien alors qu'il pourrait sûrement mener quelque projet à bien. Se surestimer était mauvais, mais le contraire l'était tout autant. L'idéal était de se connaître assez pour ne pas se tromper trop souvent, et Marielle savait pertinemment qu'elle aurait finit ou par entrer dans cette dispute, ou par prendre le parti de l'un ou de l'autre pour elle ne savait trop quelles raisons, mais qu'elle aurait trouvées sur le moment. Alors, elle rangeait les livres, ce qu'elle était de toute façon supposée faire à la base. Elle était curieuse de savoir ce qu'allait rétorquer Jayden à cette phrase, ou s'il allait tout simplement rester là, silencieux, et l'ignorer dans les règles de l'art. L'un dans l'autre, les eux réactions se valaient. Généralement, il était extrêmement désagréable d'être ignoré, d'avoir l'impression de ne pas être entendu, que vos mots n'atteignent pas les oreilles de leur destinataire. Même elle, cela l'énervait passablement, bien qu'elle sache que l'autre la comprenne à merveille et qu'il fasse juste... Semblant, il n'en était pas moins que cela restait frustrant. La plupart du temps, on se contentait de "laisser tomber" et on n'insistait pas plus, attendant que cette dite personne soit plus réceptive.

Ou bien on persévérait, et cherchait à obtenir une réponse coûte que coûte, ce que fit Jing.

"Oh, certes, je comprends qu’avec votre mentalité, on puisse penser qu’on range les livres avec cet ustensile, mais voyez vous, il est très complexe de se servir d’un plateau quand celui-ci est posé a coté de soi. Et spécialement pour replacer des livres dans le bon ordre. En fait, je comptais venir ici, poser mon plateau, ranger les livres dans l’ordre correct, et repartir avec mon ustensile de travail, qui est, comme vous l’avez si bien deviné, un plateau."

Dès lors que Jayden avait lancé le sujet du plateau, Marielle avait su que Jing était dans une mauvaise posture. Bien entendu, mauvaise posture ne signifie pas erreur irréparable, et un simple faux pas comme celui-ci pouvait être facilement réparé. Néanmoins, profiter de l'occasion pour insulter l'autre n'était pas, ou tout du moins elle le pensait, une si bonne idée que ça. Plus la réponse était claire, nette et courte, moins on pouvait en tirer d'éléments, et moins on risquait d'être contredit. Qu'importe que l'autre ait une bonne répartie ou non, à partir du moment où il n'y avait rien de plus à ajouter, il se retrouverait dans l'incapacité de formuler quelque critique que ce soit. De son côté, sa réponse aurait sans l'ombre d'un doute ressemblé à "j'ai oublié de le ranger en venant ici, je ne compte pas m'en servir", ou quelque chose du même style. Bref, précis, concis. Et qu'y aurait-il eut à rétorquer à ça? Rien du tout, ou rien de pertinent en tout cas. Or, on ne pouvait pas dire la même chose de la réponse du jeune homme... Les gens trop bavards ne faisaient jamais de bons menteurs, c'était un fait. Et puis, il n'expliquait pas pourquoi il était dans la bibliothèque avec cet instrument de travail, mais juste ce qu'il comptait en faire, quand bien même la question ne portait pas sur ce sujet en particulier. Non seulement il en disait trop, mais comme si ce n'était pas suffisant, il ne disait pas ce qu'il fallait... Pour sûr, il était quelque peu maladroit dans ses paroles, présentement, elle ne pouvait pas le nier. Mais, comme elle l'avait songé un peu plus tôt, ce n'était pas elle qui était en faute, pour ainsi dire. Chacun ses problèmes, n'est-ce pas? L'espionne en avait déjà assez avec les siens, elle n'allait pas non plus endosser ceux des autres, alors qu'ils ne la concernaient en rien. A lui de se débrouiller, s'il y arrivait, tant mieux, le cas échéant, tant pis.

Il n'était pas certain que le villageois note les quelques anicroches de la phrase, qui plus était. Il pouvait toujours passer à côté sans même s'en rendre compte, ça ne l'aurait pas tant surprise.

«Attend, je vais t'apprendre quelque chose qui va t'épater. La mentalité, c'est la façon de penser de quelqu'un, son comportement moral. Rien à avoir avec ce que tu disais, le génie. Mais c'est vrai que c'est très logique de dire qu'à cause de mon caractère je comprend pas, n'est-il pas? Quant-à ton 'ustensile de travail', je te ferais remarquer qu'il n'y a que toi qui te trimballe avec un plateau dans une bibliothèque. Au cas où tu n'aurais pas remarqué Marielle n'en a pas par exemple. Et d'ailleurs maintenant que j'y pense, aucun des serviteur que j'ai croisé n'avait un plateau sur lui. C'est bizarre, tu trouves pas?»

La mentalité, en effet, n'avait rien à voir avec la capacité de quelqu'un à comprendre les choses. Elle, par exemple, savait à merveille avoir une mentalité quelque peu douteuse, que bien peu de personnes approuveraient, et pour cause. Néanmoins, on ne pouvait pas dire qu'elle ne comprenait rien, loin de là. A l'inverse, une personne avec un très fort sens de la justice, le cœur sur la main, n'hésitant pas une seule seconde à se sacrifier pour ses amis ou même de parfaits inconnus pouvait ne pas comprendre les paroles de son interlocuteur. Mais personne n'aurait rien eu à redire sur sa mentalité. Marielle en conclut donc qu'il s'agissait là d'un banal amalgame entre deux mots, ce qui trahissait d'une mauvaise connaissance du vocabulaire qu'il utilisait. Et le faisait passer pour un idiot. Utiliser un tel langage n'était pas répréhensible, dans la mesure où vous l'employiez correctement -ou que vous étiez certain que les autres autour de vous n'en connaitraient pas la définition non plus et seraient trop gênés pour demander, bien que celle-ci reste tout de même légèrement risquée, savait-on jamais, s'il en demandaient la signification-, ce qui n'avait pas été franchement le cas pour le jeune homme à la veste orange. Il s'était trompé, et le rouquin l'avait noté, ne manquant pas cette magnifique occasion de lui faire remarquer que non, il ne lui était pas supérieur, et qu'il en voulait pour preuve qu'il avait un meilleur vocabulaire que lui. Voilà qui ferait sans l'ombre d'un doute réagir Jing, de l'avis de Marielle, bien qu'elle ne put jurer de rien.

Autre petit détail qui confortait Marielle dans son hypothèse était l'appellation qu'il lui avait donnée: le génie. Il se moquait ouvertement de lui, encore une fois. Le serviteur avait tant bien que mal tenté de remonter la pente qu'il avait brutalement descendue en interprétant très mal les mots du villageois une poignée de minutes plus tôt, mais le résultat était qu'il n'avait que s'enfoncer encore et encore, sans avoir besoin de l'aide de personne. En un sens, elle l'admirait: c'était la première fois qu'elle rencontrait quelqu'un qui mette autant de volonté et d'acharnement à raconter n'importe quoi, et le fasse avec autant de conviction, vraiment. Plus sérieusement, elle l'aimait bien. Dorénavant, elle saurait qu'elle n'avait pas d'inquiétudes à avoir à son sujet. S'il lui avait tout d'abord posé des questions auxquelles elle avait dû répondre par d'habiles mensonges tout en restant le plus proche possible de la vérité, il ne risquait pas d'en déduire quoi que ce soit. Ou rien qui ne soit pas de profondes âneries. Quand à l'autre, Jayden, elle ne s'en souciait pas plus: il n'avait pas le droit d'être là, et même s'il rentrait à nouveau dans un futur plus ou moins lointain, il ne tomberait probablement pas sur elle.

Enfin, la deuxième partie de sa réplique l'attaquait sur sa plus récente réponse, celle-là même où elle avait trouvé pas mal de failles, et qui ne répondait qu'à moitié à la question posée plus tôt. Dans cette bibliothèque, ils n'étaient que trois, dont deux serviteurs. La jeune fille aux yeux perle aurait tout aussi bien pu être celle en tort, et Jing avoir raison d'avoir un plateau sur lui. Avec seulement deux exemples dont on savait que l'un se trompait, on ne pouvait par utiliser la règle du ''tu agis différemment donc tu te trompes'', puisqu'il n'y avait aucune autre personne avec laquelle comparer. Donc en résumé oui, cela aurait pu, mais il suffisait de faire preuve d'un tant sois peu de sens critique pour savoir que ce n'était pas le cas. Un plateau, des livres, il n'y avait pas grande corrélation entre ces objets, il fallait bien le reconnaître. En plus de ça, si on y ajoutait le fait qu'il ait croisé d'autres personnes qu'eux dans le château, et qu'elles n'aient pas avec elles cet instrument en permanence, alors il n'y avait plus de place pour l'hésitation: sa justification pleine de trous n'avait pas convaincu, c'était le cas de le dire. La réplique de Jayden n'était pas parfaite non plus, et laissait de grandes possibilités de réponses à Jing; celle qu'elle avait citée un peu plus tôt, qu'il comptait retourner aux cuisines, ce style de réponses fonctionnerait à coup sûr. Ou du moins elle le pensait, il n'était pas exclu qu'on trouve quelque chose à y redire. Mais au moins elle aurait répondu. De même, ignorer la première partie de sa phrase aurait été s'avouer vaincu, mais continuer sur cette voie l'aurait fait passer pour quelqu'un de borné, n'acceptant pas ses erreurs. Mais il pouvait toujours avouer son erreur et l'insulter en corollaire, non? Après ces paroles échangées, qui si elles n'étaient pas forcément très nombreuses n'en étaient pas moins intéressantes, cela ne l'aurait pas abasourdie qu'il agisse de la sorte. Par contre, cela l'aurait réellement étonnée qu'il le fasse correctement.

«Hmmn. Ça vaut ce que ça vaut..., c'est pas la période de l'Histoire qui m'intéresse le plus, mais on va dire que ça fera l'affaire.»

L'espionne tourna la tête vers celui qui avait prononcé ces mots, laissant l'espace d'un instant au moins l'ombre d'un sourire un peu plus vrai flotter sur son visage. Il devait aimer la lecture, alors. Elle, de son côté, n'avait jamais vraiment aimé lire, ou rêver de quelque manière que ce soit. A quoi bon penser à des choses qui n'ont absolument aucune chance d'arriver? Que gagnerait-elle à vivre dans ses chimères, à part des déceptions et de vaines attentes? Cela ne l'amusait pas de s'imaginer qu'un jour, elle ferait ci ou ça, et irait à tel ou tel endroit, rencontrerait telle ou telle personne, tomberait amoureuse, rien de tout cela ne l'intéressait. Enfant déjà, elle n'était pas d'un naturel à jour avec des amies et faire comme si elles étaient de grandes nobles vivant de toutes aussi grandes et belles aventures. Comme tout le monde, elle avait des rêves, bien entendu. Mais elle les avait laissés au repos quelque part dans son esprit, et avait fini par les oublier. Elle n'en voulait pas, n'en avait pas besoin. Pour aller de l'avant, ils étaient inutiles. Et il en allait de même pour les livres, en quelque sorte: on lisait ce qui arrivait à ce héros, on voulait être à sa place. Les rebondissements incessants de la vie de ce personnage, fictif ou pas, atténuaient la monotonie de la notre, elle le voyait ainsi. Les seuls ouvrages qu'elle avait été obligée de lire étaient ceux de l'école, à l'époque où elle y allait encore, mais elle ne s'était jamais surprise depuis lors à ouvrir un livre ''pour le plaisir''. Uniquement lorsque c'était nécessaire, autrement dit rarement. Elle connaissait l'histoire, pas dans les moindres détails mais elle la connaissait, sans pour autant vouloir en savoir plus à ce sujet. Surtout sur l'histoire d'un pays qui n'était pas le sien. Peut-être que plus tard, lorsqu'Hatès aurait pris cette terre agonisante qu'était Oria, elle trouverait un certain amusement à relire le passage de l'histoire relatant la fin de ce pays, mais c'était tout. Alors, que quelqu'un aime lire, cela lui paraissait quelque peu... Étrange, oui.

«Tiens, tu n'en aurais pas un un peu plus récent dans les parages par hasard? S'il te plaît, bien sûr»,

Sortant de ses pensées, elle regarda ceux qui s'étendaient devant elle et se mordit la lèvre inférieure. D'un point de vue tout à fait objectif, elle n'avait pas à lui obéir, puisqu'il ne faisait pas partie de ces grands de la noblesse. Mais personne n'irait le lui reprocher et puis, tant que personne n'entrait dans la pièce, il n'y avait pas de mal. Le s'il te plait, elle ne l'entendait généralement que des autres serviteurs, dans la mesure où ils devaient obéir aux autres personnes du château, que cela leur plaise ou non, rendant cette simple formule de politesse inutile. Qu'importait les exactions de certains, ils se devaient d'obéir. Heureusement pour elle qu'elle n'avait pas de réel problème en ce qui concernait les ordres...

Marielle regarda les étagères du dessus, endroit où, de toute évidence, des ouvrages un peu plus récents se trouvaient. Elle avait beau être sur un tabouret, elle restait légèrement trop petite pour les attraper, et lança un regard d'excuse aux deux jeunes hommes, tout en haussant les épaules. Elle n'était pas bête, et savait bien que ce n'était pas en se mettant sur la pointe des pieds qu'elle comblerait les quelques centimètres à peine qu'il lui faisaient de temps à autre cruellement défaut, mais qu'elle ne prendrait à coup sûr jamais. Être petite avait ses avantages, mais aussi ses mauvais côtés.

« Il y en a sûrement, mais je crois que je suis un peu trop petite pour les attraper... »

[Woopa Loo...♪♫]

Oh, Jayden était quelqu'un qui avait toujours su s'adapter. Plus ou moins facilement, mais il se faisait à beaucoup de situations sans aucun rapport les unes avec les autres.

Et c'était précisément ce qu'il était en train de faire, en ce moment même. S'adapter. Évidemment ça n'avait rien d'évident ni de voyant, et après tout ce n'était pas le but de la manœuvre, au contraire. Tout être vivant doté d'une conscience et d'un esprit développé risquait d'être décontenancé à un moment ou à un autre, plus ou moins suivant le cadre dans lequel il évoluait. Il y avait des moments par exemples où les choses nous échappaient, où on assistait à une scène plus qu'on y participait. Présence extérieure tentant de comprendre ce qui se passait, personne se tenant là sans bouger, sans mot dire. Seulement en restant ainsi prostré et en attendant que les choses viennent à nous, rien de bon ne peut arriver. Ou tout du moins Jayden en était-il persuadé. Il fallait savoir s'adapter pour survivre, ça avait toujours été comme ça de tout temps et parmi toutes les races. Ceux qui restaient ancrés au sol et qui ne voulaient pas bouger, pas changer de façon de penser, c'étaient ceux qui mouraient le plus vite. Or le jeune homme aux cheveux roux avait toujours été quelqu'un avec un caractère assez affirmé, refusant de se laisser marcher sur les pieds ; se laisser aller de la sorte, ce n'était pas son truc. Non, alors il s'adaptait, comme tout le monde. Pour l'instant et à moindre mesure c'était à la situation dans laquelle il était qu'il tentait de coller. Il était dans une bibliothèque à laquelle il n'était pas censé avoir accès, avec deux serviteurs qui pour l'instant n'avaient pas décidé d'aller dénoncer sa présence aux autorités compétentes-même s'il était clair que ça titillait le garçon à l'horrible veste orange. Des trois, il était le seul dont la situation pouvait réellement chavirer d'un moment à l'autre. Ça, il le savait déjà. Pour l'instant il cherchait donc à cerner ce type qu'il n'appréciait guère-et réciproquement-et à trouver d'autres qualificatifs pour le décrire que 'Sombre crétin' et 'arriéré profond', ce qui n'était pas une mince affaire en soit quand il regardait le spécimen auquel il avait affaire selon lui. Parce que très honnêtement, il n'y avait que cela qui lui venait. Il y avait beaucoup de personnes dans cette ville qui pouvaient se vanter d'avoir attiré l'antipathie de Jayden Sied ; pour autant, il ne les trouvait pas toutes stupides. Il détestait des personnes qui parfois avaient des qualité flagrante, ou assez flagrantes en tout cas pour que même l'adolescent les admette et les reconnaissent. Mais lui, il lui faisait juste..., profondément pitié? Oui, voilà. Il lui faisait pitié. L'abattre aurait sans doute été un acte de générosité inestimable pour lui-même et le reste du monde, mais le garçon aux yeux bruns n'avait rien d'un meurtrier. Il n'avait pas même l'étoffe de quelqu'un qui battrait quelqu'un d'autre, malgré les possibles apparences. Non, faire peur, embêter les personnes un peu introverties ou timides qui passaient, chercher querelle, oui. Mais ça n'allait que rarement plus loin et jamais pour rien. Allons, il avait un minimum de manières et de savoir-vivre, tout de même.

C'était sans doute la seule chose qui le retenait de jeter son livre sur cet idiot, d'ailleurs.

D'après la seule nature des paroles que lui avait adressé le garçon avant qu'il n'aille s'assoir sur cette table, il pouvait dire qu'il n'avait rien d'intéressant. Il s'était attendu à ce qu'il l'ignore, pas à ce qu'il lui réponde. Ah, il l'avait sur-estimé. Jayden ne jouait pas de rôle, quand il agissait : il faisait ce qu'il avait envie de faire, tout ce qu'il faisait c'était lui-ou presque en tout les cas. Alors que l'attitude de celui-ci faisait plutôt penser à celle d'un pantin désarticulé et franchement pittoresque et ridicule. Si ce Jing disait quelque chose à Jayden, celui-ci répondrait toujours la même chose. Pour être clair, ça aurait toujours le même effet sur lui, voilà tout. Alors qu'à l'observer en coin de la sorte, l'adolescent aux cheveux en bataille avait la désagréable et dérangeante impression qu'il avait de brusques poussées de conscience et qu'il agissait selon. Qu'il se disait d'un seul coup qu'il serait plus judicieux de faire ceci ou cela et qu'il mette aussitôt en application. Comme un Schizophrène, ou un pantin désarticulé, donc. Un coup il était poli et courtois, d'une politesse presque agaçante, un coup il devenait clairement méchant et piquant dans ses paroles, et le voilà qui se mettait à l'ignorer. Complètement illogique, mais ce n'était pas son problème. Après tout, s'il l'ignorait c'était tant mieux ; que pouvait-il espérer de plus? Il n'entendait plus sa voix s'adresser à lui et il lui faisait le plaisir de considérer qu'il ne méritait pas d'être regardé. Donc dans les faits, il marchait à fond dans le jeux du roux. Il courait, même, mais il ne comptait pas s'en plaindre. Certes il n'y avait aucun plaisir à tirer d'une victoire aussi simple, mais il n'avait pas pour habitude de cracher sur ce qui était facile pour autant. Le but était qu'il lui fiche la paix : but atteint sans difficulté, voilà qui était réglé. Maintenant il pouvait se concentrer sur autre chose que ce guignol ennuyeux qui ne servait à rien d'autre à ses yeux qu'à rester là à ne rien faire-avec son plateau, bien sûr. Ne surtout pas oublier cet ustensile dont apparemment il ne se séparait jamais, ce serait criminel. Et qui sait s'il pourrait s'énerver, n'est-ce pas?

Jayden tapota doucement ses doigts contre la couverture du livre qu'il avait refermé, restant regarder la jeune fille aux cheveux clairs en attendant de savoir si elle comptait accéder à sa requête, l'ignorer ou refuser-poliment, sans doute. Il n'avait rien d'un Noble ni même de quelqu'un d'important, elle n'était pas du tout obligée de ne serait-ce que prêter attention à sa question. Il ne savait pas exactement ce qu'elle comptait faire, mais de toute façon il verrait bien à ses réactions ou paroles, suivant ce qu'elle allait faire. Ça n'aurait pas grande importance si elle refusait, ce n'était pas le genre de choses qui allaient l'énerver ne serait-ce qu'un minimum. Non, il se serait simplement levé et serait parti chercher lui-même. Voilà tout, ça n'avait rien de sorcier au final. Seulement il n'eut pas à se poser la question beaucoup plus longtemps puisqu'après avoir regardé les étagères un peu plus hautes elle se détourna vers eux et leur lança un regard visiblement quelque peu ennuyé. Et à vrai dire, avant même qu'elle ne dise quoi que ce soit le problème parut assez évident à Jayden. D'après le regard qu'elle avait lancé aux étagères du dessus, ce qu'il venait de demander devait s'y trouver. Et il suffisait d'un coup d'œil global pour deviner que juchée sur ce tabouret, elle n'attendrait pas ces livres. Trop petite, à l'évidence. Elle devait faire quoi..., un mètre soixante, un peu plus?

Un peu moins que ce Jing à la veste atroce, sans doute. Puisque lui même était assez..., modèle réduit. Surtout pour un garçon. Loin tout les deux du mètre quatre-vingt deux de Jayden, en tout cas.

« Il y en a sûrement, mais je crois que je suis un peu trop petite pour les attraper... »

«Tu 'crois'? Personellement, vu d'ici je dirais que j'en suis sûr.»

Ahun. Comme il s'en était fait la remarque, c'était bien la taille qui posait problème. Oh, il ne semblait pas manquer grand chose à Marielle, mais le fait était que ces centimètres restaient problématiques : elle n'allait pas les inventer. Peut-être qu'elle devrait troquer le tabouret contre quelque chose de plus haut, hm? En se disant cela, Jayden eut un soupir et repoussa légèrement le livre qu'il tenait sur la table où il était assis. Non, ça aurait été stupide. A ce rythme là, autant qu'il aille chercher lui-même ce qu'il avait demandé. Ça ne servait à rien de faire faire des efforts inutiles à la jeune fille si elle ne l'atteignait pas, ça aurait été proprement ridicule, oui. Lui faisait facilement vingt centimètres de plus, il pouvait atteindre cette étagère sans que cela lui demande plus d'effort que ça. Rester là à les regarder faire-à la regarder faire-aurait été plus qu'impoli, bien que ce ne soit pas ça qui le dérange vraiment. Ça ne lui aurait coûté que quelques efforts de se lever et d'aller chercher un livre au hasard, d'autant plus que ce n'était pas là l'objectif premier qu'il s'était fixé en entrant dans la bibliothèque. C'était une occupation comme une autre en soit, et il se voyait mal rester à les fixer avec un air idiot. Non, donc lire était la meilleur idée qu'il ait eu et il comptait bien appliquer tout de même. Au moins comme ça il aurait quelque chose d'intéressant et de constructif entre les mains ; il ne pourrait pas dire qu'il a perdu sa journée à ne rien faire. Il ne savait pas exactement dans combien de temps les gardes devant qui il était passé le retrouveraient, mais il n'avait pas vraiment le temps de se poser des questions pareilles. Pas qu'il ait grand chose d'autre à faire que ne rien faire-justement- au château, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'il tenait à sortir. Dehors ou dedans, il ne ferait rien de plus : donc tant qu'à faire autant rester ici, ça ne pouvait qu'évoluer de manière plus intéressante, n'est-il pas?

Marielle?Si vous voulez...Ou si tu veux,je peux t'apporter un support un peu plus haut...

En entendant cela Jayden se réveilla pour ainsi dire, et fit une légère grimace. Le garçon à l'atroce veste vive était descendu de son perchoir et s'était rapproché de la jeune servante aux cheveux argentés, désignant une sorte d'échelle. Non non non ; comme l'avait dit Jayden dans le secret de son esprit, ça ne servait à rien. Il lui avait demandé de l'aide parce qu'elle était plus près des étagères que lui, mais là ça revenait strictement au même qu'il y aille par lui-même. Ce serait même chercher des complications que la laisser y aller, qu'elle prenne un autre support et qu'elle ne se fatigue pour rien. Il poussa un bref soupir et donna un léger coup dans la chaise qui supportait ses pieds de façon à pouvoir se redresser sans risquer de la faire tomber. Après quoi il s'appuya sur la table et en descendit, avant de n'épousseter très brièvement sa chemise. Un bref coup d'œil derrière lui lui confirma que personne n'arrivait pour l'instant-et fort heureusement-et il se dirigea vers les deux autres adolescent eux même plantés près de la bibliothèque, de l'étagère d'où il avait prit le livre encore posé sur la table qu'il avait délaissé au profit du sol.

«C'est bon, pas la peine, répondit Jayden d'un ton monocorde, l'air ni content ni franchement agacé pour autant, je vais un prendre un tout seul..., à ce stade là, hein.»

Jayden ne se préoccupa pas franchement de savoir si Marielle ou Jing voulait répliquer quelque chose-de toute façon il n'y avait pas grand chose à répondre à ce qu'il avait dit-et arriva tout à fait à leur hauteur, juste à côté d'eux. Pour autant, il ne cessa pas d'ignorer le garçon : si lui faisait comme si son existence n'était qu'une illusion déplaisante, et bien il ferait de même. Sa vue l'insupportait alors qu'ils avaient à peine passés quelques minutes ensemble, alors moins il le voyait mieux il se portait, aucun doute là-dessus. Jayden avait beau être grand, au niveau du sol l'étagère qu'avait essayé d'atteindre la servante aux yeux clairs était bien trop haute pour lui. Il haussa brièvement un sourcil, ne voyant pas là un problème quelconque à l'évidence. Il posa sa main sur une étagère, et après un bref «A-ttention», en prenant garde de ne pas faire tomber la jeune fille il prit appui sur le coin de son tabouret le temps d'observer brièvement les couvertures qui s'offraient à sa vue et de s'emparer d'un livre. Après quoi, quelques secondes après seulement, il en sauta souplement et se redirigea vers ce qu'il aurait appelé 'Sa table' d'une démarche nonchalante.

«C'était pas bien compliqué, fit Jayden en se réinstallant sur sa table, tirant la chaise qu'il avait écarté précédemment pour y remettre ses pieds, juste une question de taille, hm. Je ne voudrais pas que vous dérangiez tout par ma faute, vraiment..., un si bel endroit...»

Le ton était faussement désolé, et Jayden avait clairement parlé de manière à montrer qu'il se moquait quelque peu de ses interlocuteurs. Pour autant, il finit par lever le nez de son livre, l'air plus serieux.

«Oh, mais ne le prenez pas mal surtout, ajouta-t-il comme s'il avait soudain peur que sa phrase ne soit mal comprise, regardant volontairement tour à tour Jing et Marielle. Je veux dire, moins d'un mètre soixante dix, c'est bien pour une fille.»

L'ignorer ne signifiait pas en devenir gentil ou mou pour autant. Et puis la remarque ne visait personne en particulier, après tout. C'était un fait parmi tant d'autres.