Let's play a game.XD-TERMINE

Pourquoi était-il venu ici en plein milieu de la nuit? C'était la quéstion en apparence banale qui taraudait le jeune homme depuis quelques minutes déjà. Pourtant, de son avis, elle 'navait aucun interêt particulier. Parce qu'au fond, même s'il y répondait, ça ne changerait rien au fait qu'il était là maintenant. Est-ce que le temps se rembobinerait pour autant? Certainement pas. C'est pour ça qu'il était justement en train de se dire qu'il ferait mieux de reporter son attention sur autre chose ; mais, à l'évidence, çàa ne marchait pas fort. Il était venu parce qu'il n'arrivait pas à dormir, et qu'en errant près des chambres il avait craint de ne reveiller quelques irrascibles personnes. Pourquoi était-il entré précisément dans la pièce où se trouvait le jeune dirigeant d'Oria? Là en revanche, il n'aurait su apporter de réponses satisfaisantes. C'était le hasard, à l'évidence, qui avait fait qu'il avait poussé la porte du seul endroit où il n'aurait pas été seul. Et puis, comme il s'en était déjà fait la remarque auparavant, même avec la meilleure des réponses envisageables il n'aurait pas pu changer le cours du temps. Alors plutôt que de se perdre en conjéctures, mieux valait recentrer l'intégralité de son attention sur Dail, qui était tout de même le problème principal. Il gagnerait plus à chercher comment le raisonner plutôt qu'à inventer une machine à remonter le temps.

"Comme je le disais, tu es vraiment très beau, tu sais.^^"

...,finalement, mieux valait se reconcentrer sur le précédent sujet...

Les compliments ne génaient jamais Hannibal, en principe. Pourtant il dut se faire violence pour ne pas paraître enore plus géné qu'il ne l'était déjà-si tant est que son expréssion puisse traduire encore plus d'embarras que présentement. ca devait sans doute être du à la situation, en fait. S'il avait été totalement à l'aise et parfaitement en forme et d'humeur joyeuse, il aurait même sans doute répondu à ce sourire et à ce petit rire par une phrase sortie d'on ne sait où. Le brun ne doutait pas du bien fondé du compliment, mais en ce moment un rien l'aurait géné, de toute façon.
Il réspira profondément, et se remit à la recherche d'une solution pour convaincre le jeune homme aux grands yeux émeraude d'aller se reposer. Enfin, jusqu'à ce que le principal intéréssé n'arrive à sa hauteur, et ne s'asseye sur la table contre laquelle il était adossé. A l'évidence le blond devait commencer à fatiguer, mais Hannibal doutait que ça l'aide en quoi que ce fut ; il semblait encore avoir de bonnes ressources qui ne demandaient su'à être exploitées. Sans doute que sa cheville aussi ne devait pas être totalement indolore, mais le jeune Noble n'avait même rienr emarqué dans sa démarche qui pouvait confirmer ou infirmer cette thèse. L'alcool devait endormir ses nerfs, donc la douleur devait lui sembler beaucoup moins violente que s'il avait été parfaitement sobre. Et comme il avait l'impréssion d'être en pleine forme, de ne pas avoir si mal que ça et de se sentir euphorique à proprement parler, il ne devait sans doute voir aucun intérêt à aller dormir. Et ça, ça n'allait pas arranger du tout les affaires du jeune homme.

"Pourquoi tu me déteeeeeeeste?"

Dail Shan'haron s'était retourné vers son interlocuteur du moment-à savoir lejeune Winter-et lui avait parlé sur un ton que le brun aurait eu bien du mal à qualifier. Peut-être un peu triste, quelque part. Mais bon, Hannibal n'avait jamais dit qu'il le détestait non plus ; c'était purement de la libre-interprétation. Seulement se dire ça non plus n'aiderait pas le jeune homme à le lui faire comprendre, et il commençait à se demander s'il existait une seule bonne façon de lui faire intégrer cette idée. Ce n'était certes pas gagné d'avance, mais peut-être qu'à force de le répéter, et à force de persuasion...

"Je ne vous déteste pas, répéta-t-il pour la énième fois. Vraiment, je ne vous déteste pas, le problème est ailleurs."

Hannibal soupira à son tour, tout en se demandant ce qu'il pourrait bien dire pour le lui faire comprendre, et pour qu'il accèpte aussi d'aller se reposer. Ca allait être magnifique, le lendemain matin...
Il détourna son regard vers le jeune homme aux beaux iris clairs-sans le regarder pour autant-et se demanda ce qui avait pu le pousser à boire. Même chose que précédemment, il avait bu et le fait d'en connaître la raison ne le rendrait pas sobre d'un seul coup, mais ça l'intriguait. Pour autant il n'irait pas lui demander. Il ya avit fort à parier qu'il ne daigne pas lui répondre, voir qu'il ne s'en souvienne momentanément plus. Enfin bon, il fallait toujours qu'il trouve quelque chose à dire...

"Très serieusement...,vous devriez vous reposer.Pas que je veuille me débarasser de vous, loin de moi cette idée au contraire, mais...,même si vous avez l'impréssion d'aller le mieux du monde, ce n'est pas le cas."

Il hésita un instant, puis reprit.

"Comment je pourrais vous persuader d'aller vous reposer, hm?"

"Je ne vous déteste pas. Vraiment, je ne vous déteste pas, le problème est ailleurs."

Dail s'amusait à balancer ses jambes dans le vide en chantonnant une comptine, les yeux fermés, lorsqu'Hannibal répondit à sa récurrente interrogation. Il venait de lui répondre qu'il ne le détestait pas du tout, et que le problème était ailleurs. Ailleurs, cela voulait sans doute dire que c'était parcequ'il était saoul. Et ça, le jeune dirigeant d'Oria ne le comprenait pas du tout. Avait-il l'air d'aller mal? Il se sentait réellement bien, sans doute bien meilleur que n'importe quand dans sa vie depuis la mort de son frère. Pour une fois depuis cet événement, il ne pensait plus à tout cela, à tous ces malheurs qui s'accumulaient dans le pays de Lysandre et dans sa propre vie. Il ne pensait plus qu'à des choses totalement inutiles; Pourquoi les éléphants ne volent-ils pas? Pourquoi les tartes à la pomme ne parlent-elles pas? Pourquoi les fontaines ne crachaient-elle pas de l'or?

Alors vraiment, Dail ne voyait pas trop en quoi le fait qu'il était "saoul" pouvait bien déranger le beau jeune homme à ses côtés. Pour une fois qu'il n'était plus torturé par d'horribles pensées, qu'il n'avait plus à réfléchir à tous ces problèmes qui régnaient sur son royaume, tout ce qu'Hannibal voulait faire, c'était le rammener à la réalité? Il fallait vraiment être cruel pour vouloir une telle chose...Voulait-il qu'il soit de nouveau triste? Il devait vraiment le haïr, malgré tout ce qu'il pouvait bien dire...

"Très serieusement...,vous devriez vous reposer.Pas que je veuille me débarasser de vous, loin de moi cette idée au contraire, mais...,même si vous avez l'impréssion d'aller le mieux du monde, ce n'est pas le cas."

Le jeune homme aux cheveux d'or arrêta de balancer ses jambes dans le vide suite à la phrase d'Hannibal, et avaait réouvert ses grands yeux.Il n'avait plus envie de jouer, maintenant, pas avec quelqu'un d'aussi méchant, et qui, en plus, ne semblait avoir aucune affection d'une quelconque sorte pour lui. De toutes manières, l'homme aux cheveux ondulés lui avait bien fait comprendre que jouer avec lui ne l'intéréssait pas le moins du monde, alors s'acharner ne servait à rien. S'il ne voulait pas jouer, alors qu'il ne joue pas. Cela vexait Dail, mais puisqu'il se fichait de lui, voir le détestait, il devait plus s'en réjouir qu'autre chose. Le rendre triste devait le rendre, lui, heureux...

"Comment je pourrais vous persuader d'aller vous reposer, hm?"

Le regard vert de Dail se baissa jusqu'au sol, en dessous de lui. Pourquoi diable irait-il se reposer? Pourquoi n'avait-il que ce mot à la bouche depuis qu'il était entré dans cette maudite pièce? Il se sentait très bien, et ce n'était pas du tout une illusion. Si cela n'avait été qu'une illusion, il l'aurait su, tout de même, le jeune homme aux yeux ambrés parlait tout de même de ce que lui ressentait, et ça, il le savait mieux que quiconque. Et en ce moment précis, il se sentait maintenant plus triste qu'autre chose. C'était malin, il avait réussit à lui enlever cette euphorie qui l'avait gagnée depuis quelques heures. Lui qui s'était sentit si bien, il avait fallut que cet homme entre et le rammène à une réalité qu'il aurait préférée oublier, même si ce n'était que pour ce soir là.

Une larme roula doucement sur la joue du jeune prince blond alors que, son regard toujours baissé, il dit à Hannibal, d'une voix où la curiosité et la joie avaient totalement disparues:

'Non, non, je ne veux pas m'endormir pour me réveiller dans ce cauchemar...Pourquoi tu veux ça? Tu veux que je sois triste, encore? Tu me déteste, c'est impossible autrement, sinon, tu me laisserais oublier..."

Le jeune homme aux yeux de la couleur de l'émeraude rammena ses jambes contre sa poitrine, enfouissant son visage dans ses bras, ses épaules secouées de silencieux sanglots. Voilà qu'il se mettait à pleurer, maintenant, c'était vraiment la totale...

"Pars, maintenant, va-t-en..."murmura-t-il à Hannibal, d'une voix bercée de pleurs et de tristesse.

[HS : Ouais, j'ai que ça à foutre de te répondre à cette heure-ci, au cas où tu te demanderais...XDD]

Hannibal poussa un léger soupir, et reporta son regard devant lui. Les tapisseries étaient nettes et symétriques, et en même temps empreintes de fantaisisques arabesques ; c'était un peu ça qu'il aurait aimé savoir faire. A la fois être droit, calme et serieux, et en même temps rire et plaisanter. Mais chez lui il n'y avait que rarement de demies-mesures. Soit c'était tout l'un, et il était d'une joie et d'une alégresse bien souvent terriblement contagieuse, soit il était profondément serieux et plongé dans des reflexions d'un tout autre ordre. Parce qu'au fond, il n'avait jamais réussi à faire des mélanges qui donne au final un effet satisfaisant. Ca sonnait faux, ça sonnait si faux que personne ne s'y serait laissé prendre. Non, Hannibal ne pouvait pas sourire s'il était triste, pleurer s'il était heureux, se plaindre s'il n'en voyait pas l'utilité, rire s'il était angoissé, ne pas s'inquiéter s'il était mort de peur. C'était purement et simplement impossible, tout comme il était impossible pour un aveugle de peindre un tableau qui ai une quelconque signification pour lui. Et là en l'occurence, il était à la fois soucieux et embarassé, et ça devait se ressentir à des milliers de lieues à la ronde. Pourtant le Prince allait plus ou moins bien, et Dieu soit loué il n'avait rien fait de particulièrement répréhensible, ni n'avait eu àse plaindre de comportement répréhensible. Parce qu'au fond dans son état il était tout particulièrement vulnérable, et il aurait très bien pun tomber sur quelqu'un de beaucoup plus mal intentionné que le brun. Lui ne lui ferait rien, et il pouvait s'en éstimer heureux. Jamais, Ô grand Jamais, Hannibal n'aurait fait de mal à Dail, aussi bien physiquement que moralement, intentionnellemment qu'involontairement. Plutôt mourir.

Et là, il le sentait bien, c'était précisément ce qu'il était en train de faire. Oh, bien sûr, ses réactions et ses ressentis étaient érronés du fait de l'alcool, mais ça n'y changeait décidément rien. Le fait était là, étendu devant ses yeux, et il pouvait bien se dire tout ce qu'il voulait pour se rendre moins coupable, pour apaiser sa conscience ; Le jeune blond aux grands yeux verts était triste. Il n'avait pas besoin de se retourner, pas besoin de l'écouter ou de l'observer attentivement pour le savoir. L'atmosphère autour d'eux semblait bien plus pesante déjà, et le jeune Noble avait cette impréssion dérangeante, voilà tout. Il ne savait réellement pas quoi dire, quoi faire pour lui faire comprendre ce qui lui paraissait évident, et c'était terriblement frustrant. Qui plus est il ne savait plus réellement si ce qu'il faisait était bien, ou si au contraire il aurait mieux fait de le laisser s'amuser comme bon lui semblait. C'était trop confus, ça en devait limite insoutenable. Il aurait aimé pouvoir éclaircir tout ça, lui expliquer tout et n'importe quoi, lui faire voir qu'il n'avait pas de mauvaises intentions, simplement qu'il y avait un problème de dialogue et de compréhension entre eux, en ce moment précis. Qu'ils n'étaient pas tout à fait branchés sur la même longueur d'onde, peut-être. C'aurait sans doute été plus simple si lui aussi avait été saoûl, finalement. Au moins il n'aurait pas eu se poser toutes ces fichues quéstions, et sans doute même que ce que pouvait bien penser ou ressentir le jeune homme assis à ses cotés lui aurait parut totalement superflus. Seulement il était tout ce qu'il y avait de plus sobre, et ce que ressentait Dail Shan'haron le touchait au plus haut point.

'Non, non, je ne veux pas m'endormir pour me réveiller dans ce cauchemar...Pourquoi tu veux ça? Tu veux que je sois triste, encore? Tu me déteste, c'est impossible autrement, sinon, tu me laisserais oublier..."

Hannibal garda son regard fermement planté devant lui, fixant à présent les reliefs du sol. Peut-être pour ne pas avoir à regarder l'air qu'il devinait triste de son interlocuteur, peut-être pour ne pas avoir à se sentir plus coupable encore qu'il ne l'était déjà, sans réelle raison pourtant. Un cauchemar...,sans doute faisait-il référence à la vie réelle. Pas celle où il ne pensait qu'à jouer, pas plus celle où il faisait ce que bon lui semblait sans se soucier de rien, avec sur le visage une expréssion sereine et amusée. Celle où il avait sur ses épaules des montagnes de résponsabilité, et où il devait toujours être quelqu'un sur qui on pouvait compter, avec une image à conserver. Une image plus ou moins serieuse, une image plus ou moins adulte, une image plus ou moins responsable et paisible. Mais au fond, Hannibal ne pouvait même pas s'imaginer ce que ça pouvait bien faire, d'être ce genre de personne. Lui ne pensait vraiment qu'à s'amuser, à faire ce que bon lui semblait où à vaquer à de plus ou moins intéréssantes occupations. Bien sûr il n'avait pas tout à fait le champ libre, et avait des limites à réspécter, mais lui n'aurait jamais pu devenir quelqu'un de son acabit. Il en aurait été incapable, purement et simplement. Ca avait toujours été quelque chose qu'il avait admiré, chez le jeune blond. Mais de là à se demander si ça lui plaisait, si ça l'indifférait, ou si au contraire parfois même il en souffrait...
Hanniibal serra vaguement ses poings, appuyés contre la large table de bois. Il le détestait. S'il continuait de le répeter d'un air aussi convaincu, le brun allait finir par l'admettre comme une vérité absolue. Mais il ne le détestait pas au contraire, loin de lui cette idée ; c'était le contraire, vraimlent, l'exact opposé de ce sentiment qui pouvait qualifier ce qu'il pouvait bien ressentir au juste. Alors pourquoi il n'arrivait qu'à lui faire croire qu'il le haïssait, qu'il ne voulait que son malheur, que le voir pleurer? Ce n'était pas tout à fait normal, pas tout à fait le but escompté non plus. Il fallait croire qu'il était plus doué pour fuir que pour affronter ses résponsabilité, après tout.

"Pars, maintenant, va-t-en..."

La voix du blond était empreinte de tristesse, et Hannibal devina sans peine qu'il devait s'être mis à pleurer. Pour la première fois depuis quelques minutes il risqua un regard dans sa diréction, et vit qu'en effet, le jeune Prince sanglotait. Cette phrase, cette stupide phrase forma comme une sorte d'étau autour du coeur du brun, qui se resserait à mesure que les secondes s'écoulaient, terriblement longues, terriblements lourdes et pesantes. C'était tout simplement horrible qu'il puisse en venir à lui dire une chose pareille, aux yeux d'Hannibal. Il ne voulait pas, même saoul, qu'il veuille le voir partir. S'il avait fait quelque chose de mal, soit : il le réparerait. S'il avait dit quelque chose qui l'avait bléssé, soit : il le retirerait. Mais qu'il lui demande de s'en aller, non. Il ne voulait pas, il ne pouvait pas le laisser lui en vouloir, peu importait qu'il soit en tort ou non, ça lui était égal. Hannibal aurait dit n'importe quoi pour qu'il cesse de pleurer. Ca lui faisait presque aussi mal que si chacune de ses larmes avait été des gouttes d'acides qui auraient progréssivement fait de petits trous dans son coeur. C'était insupportable. Réellement insupportable.
Il se releva, et se planta devant le jeune homme qui, jambes repliées et la tête enfouie dans ses bras, sembait vraiment croire qu'Hannibal faisait tout pour le rendre triste. Ses grands yeux dorés cherchèrent un instant les siens d'un si beau vert émeraude, mais il y renonça bien vite. Alors il se contenta de poser ses mains sur ses épaules, et de les présser gentiment. Il n'osait pas faire quoi que ce soit d'autre, de peur de n'être repoussé. Ca, en l'état actuel de chose, il ne l'aurait pas sopporté.

"S'il vous plaît...,commença-t-il d'une voix à l'intonation clairement triste à son tour.S'il vous plaît, ne me demandez pas de partir. Je ne veux pas que vous croyez que je vous déteste, je ne veux pas non plus que vous restiez triste..."

Il hésita, cherchant ses mots. C'est dans ces moments là qu'il aurait aimé être un talentueux orateur. Pour pouvoirt rouver les bonnes phrases, les bons mots, ceux qui auraient su stopper ses larmes. A défaut de ça, il se contenterait des siens. Ils seraient peut-être plus maladroit, ils seraient peut-être moins appropriés et moins délicats, mais ils n'en seraient certainement pas moins sincères. Et il éspérait que ça, même saoul, il s'en rendrait compte.

"Excusez moi si ce que je vous ai dit vous a bléssé...,excusez moi aussi si je vous ai paru désagréable, ou peut-être un peu rabat-joie. Ce n'était pas pour vous rendre triste, je voulais juste...,vous aider. C'était sans doute mal dit, c'était sans doute mal exprimé, mais je voulais juste vous aider. Parce que vous comptez beaucoup pour moi, quoi que vous en pensiez sur le moment..."

Il marqua une pause, puis poursuivit.

"Je ne vous obligerais pas à me croire, je vous obligerais pas non plus à aller vous reposer si réellement vous n'en avez pas envie. Mais je ne pourrais pas supporter que vous soyez triste par ma faute...,Alors s'il vous plaît, vraiment, ne pleurez pas. S'il vous plaît."

Dail ne faisait guère plus attention à ce qui pouvais bien se passer autour de lui, à présent. Tout cela lui importait peu, une attaque sur son royaume aurait ou avoir lieu qu'il n'aurait pas même bougé de là où il était, peut-être même ne s'en serait-il pas rendu compte. La tête entre ses bras, le jeune garçons aux cheveux d'or pleurait en silence, sans pouvoir s'arrêter. Lui qui était si joyeux il y avait quelques minutes, voilà qu'il était à présent tellement triste qu'il s'en mettait à pleurer. Ce radical changement d'attitude était pour le moins déconcertant, mais il devenait tout de suite moins étrange lorsque l'on savait que Dail avait quelque peu abusé sur la boisson avant cela. Jamais, sobre, le jeune garçon ne se serait laissé aller à pleurer devant quelqu'un, ou même à dire ce qu'il avait dit sur cette réalité qu'il aurait voulu fuir. Mais n'étant pas sobre, il n'avait même pas songer à s'empêcher de pleurer pour garder ne serait-ce qu'un minimum de contenance. Non, vraiment, ce soir là, il laissait libre cour à ses sentiments, sans essayer de les dissimuler d'une quelconque manière. Peut-être est ce que cela allait être bénéfique, au final, rien n'était sûr. Ce qui était sûr, d'un autre côté, c'était que cela allait sans doute être pénible pour celui qui se trouvait à ses côtés, si ça pouvait l'être évidemment plus que ça ne l'avait déjà été. Il ne savait pas comment Dail pouvait réagir, quelles paroles allaient le faire sauter de joie, ou au contraire, le faire fondre en larmes...

Cette situation devait être, pour Hannibal, très frustrante, il fallait bien le reconnaître.

"S'il vous plaît...,S'il vous plaît, ne me demandez pas de partir. Je ne veux pas que vous croyez que je vous déteste, je ne veux pas non plus que vous restiez triste..."

Dail sentit que l'on exercait une légère pression sur ses épaules, et devina sans avoir besoin de relever sa tête qu'Hannibal avait du poser ses mains dessus. Dail n'osa pas relever sa tête, il n'en avait pas la moindre envie. Il ne voulait pas affrronter le regard doré de son compagnon. Sa tête commenceait à lui faire mal à présent, comme si quelqu'un venait de lui asséner sur l'instant un violent coup de massue sur le crâne. La douleur, insignifiante au début, devenait, au fil des minutes, de plus en plus insupportable, insoutenable. Et pourtant, Dail persistait à se soustraire de la vue d'Hannibal, la tête toujours cachée dans ses bras, continuant de pleurer. Il se sentait tellement triste et vulnérable, à présent, plus qu'il ne s'était jamais sentit en l'espace de trois longues années. Peut-être était-ce car, durant tous ces longs jours, il avait interdit à ses sentiments de prendre le dessus sur sa raison. Même lorsqu'il se retrouvait seul, jamais il n'avait osé verser de larmes, de peur qu'il ne puisse à l'avenir plus les retenirent, et qu'elle continues de couler malgré tous ses efforts. Et pleurer, il n'en avait pas envie, parcequ'il devait être un exemple de force pour tout le monde. S'il craquait, que se passerait-il? Non, il fallait qu'il soit fort, et qu'il ne pleure pas, surtout pas...

Mais l'alcool entrait de nouveau en compte. Dans cet état, il ne pouvait s'empêcher de pleurer, ce qui expliquait pourquoi ces larmes salées continuaient de rouler sur ses joues rougies. Il était incapable de contrôler le moindre de ses sentiments. Incapable.

"Excusez moi si ce que je vous ai dit vous a bléssé...,excusez moi aussi si je vous ai paru désagréable, ou peut-être un peu rabat-joie. Ce n'était pas pour vous rendre triste, je voulais juste...,vous aider. C'était sans doute mal dit, c'était sans doute mal exprimé, mais je voulais juste vous aider. Parce que vous comptez beaucoup pour moi, quoi que vous en pensiez sur le moment..."

Dail n'eu de nouveau aucune réaction notable. Il ne repoussait toujours pas Hannibal, et l'on aurait pu se demander s'il se rendait toujours compte qu'il était en face de lui. Maintenant que l'homme aux cheveux bouclés s'était tu, un long silence avait de nouveau emplit la pièce, que seul le bruit des sanglots de Dail brisait de façons irrégulière. L'horloge murale ne produisait plus son habituel tic-tac, peut-être s'était-elle éteinte quelques minutes auparavant, ou à l'instant. Mais après tout, quelle différence...

"Je ne vous obligerais pas à me croire, je vous obligerais pas non plus à aller vous reposer si réellement vous n'en avez pas envie. Mais je ne pourrais pas supporter que vous soyez triste par ma faute...,Alors s'il vous plaît, vraiment, ne pleurez pas. S'il vous plaît."

Le détestait-il réellement ou pas? Voilà la question qui venait de s'imiscer dans l'esprit du jeune blond après qu'il ai entendu celui en face de lui parler avec une telle tristesse dans la voix. Même saoul, il s'en était rendu compte, alors...le doute commenceait à percer, dans l'esprit de celui qui était quelques secondes plus tôt sûr que cette même personne le détestait bel et bien. Le détestait-il? Ou était-ce, comme il se plaisait à lui dire depuis le début, tout le contraire? Il n'arrivait pas à savoir, sa tête...lui faisait vraiment trop mal, et ses pensées s'embrouillaient dans sa tête, l'empêchant de correctement réfléchir à ce problème, ainsi qu'à sa réponse.

Dans un lent mouvement de tête, le jeune dirigeant d'Oria releva son visage ruisselant de larmes vers son interlocuteur, tentant en vain de réprimer quelques larmes, qui glissèrent le long de ses joues, comme tant d'autres avant elles. Il scruta le fin et inquièt visage d'Hannibal de ses grands yeux verts l'espace d'une minute à peine, avant de les fermer, et lui répondre, la voix hésitante:

"Je, je ne sais plus...Je n'arrive pas à arrêter...Mais, ce n'est pas ta faute, en fait, c'est la mienne..."

Les yeux de Dail se réouvrirent soudain en grand, comme s'il s'était, juste sur le moment, rapellé de quelque chose d'important, et particulièrement effrayant, à en juger par l'air paniqué qui avait modifié les traits de son pâle visage.

"Ne t'en vas pas! s'exclama-t-il soudain,d'une voix terrifiée, agrippant un des bras d'Hannibal d'une de ses mains. Ne pars pas...Ne me laisse pas tout seul..."

Décidement, Dail avait un bel esprit de contradiction ce jour là, et il y avait de quoi être perdu, dans ses directives totalement confuses et contradictoires...

Il était tard. Pourtant, malgré ce fait avéré, la température à l'exterieur devait être aussi clémente que lors d'une douce journée de printemps. En journée, et tout particulièrement lorsque, comme à présent, ils étaient en été, l'air était empreint d'une lourde chaleur. Hannibal s'était habitué à ce climat chaud et sec, et il lui était difficile de s'imaginer vivant dans un royaume aussi froid que celui d'Hatès, dans un endroit aussi exposé aux vents que celui de la jeune Amy, ou dans des Terres aussi humides que celles de la jolie et cruelle Melfia. A Oria il faisait chaud, constamment. En contrepartie le jeune homme n'avait jamais vu-d'aussi loin qu'il se souvienne-de neige. La pluie, le vent, certes ; ils n'étaient pas totalement et profondément immunisés contre ce genre de phénomènes. Mais la neige, ce n'était que des images, une vague idée évanescente qu'il s'en faisait. C'était comme ça ; on fait des choix, et en les faisant on renonce à d'autres choses. Hannibal n'avait jamais choisit d'habiter ici, mais il avait choisi d'y rester. Finalement, ça revenait au même. Et puis de toute façon, tout ce qu'il aimait, de près ou de loin, se trouvait à Oria.

Il regarda Dail, tout en se disant que jamais il ne l'avait vu dans cet état. L'avait-il même jamais vu pleurer, en fait? Il ne s'en souvenait pas. Evidemment, le jeune homme aux cheveux ondulés se doutait bien qu'il n'était pas le mieux placé pour pouvoir observer le Prince dans des moments de faiblesse pareilles, mais quelque chose lui faisait dire que même s'il avait eut un travail qui l'aurait amené à se trouver plus près de lui, il n'aurait pas plus observé ce genre de comportement. Il devait sans doute s'interdire des débordements de ce type, et ce quelles que soient les circonstances. C'aurait aussi pu être une sorte de fierté personnelle, mais le brun en doutait. Plus il le regardait avec ses grands iris dorés, plus il en doutait.

Hannibal observason interlocuteur relever lentement la tête vers lui, sans pour autant arréter de pleurer. De loin ou de près, sans doute était-il toujours aussi important à ses yeux. Mais sans doute aussi que de lui parler, de le voir dans cet état, ça le rendait plus coupable qu'autre chose, au final. C'était tout de même un peu sa faute, quelque part, si son visage était noyé de larmes. Alors peut-être que oui, il aurait mieux fait de ne pas venir. Mais partir, ça restait hors de quéstion. Il ne pouvait pas le laisser là, c'était inenvisageable. Clairement.

"Je, je ne sais plus...Je n'arrive pas à arrêter...Mais, ce n'est pas ta faute, en fait, c'est la mienne..."

Hannibal planta son regard clair dans celui émeraude du blond, tout en se demandant comment il pourrait faire césser ses larmes. A priori il n'y avait pas grand chose à faire, ou tout du moins pas grand chose qu'il puisse faire ; car, comme il venait brillamment de le dire, c'était à lui de s'arréter de lui-même. Hannibal ne savait pas, dans son état, ce qu'il pouvait bien penser ; peut-être que s'il avait su ça ne l'aurait pas plus aidé, mais ça il n'en était pas persuadé. Parce qu'au fond, Hannibal aurait adoré être doué de clairvoyance, pour pouvoir savoir ce que chacun pouvait bien penser de lui. C'est facile, d'être gentil et de sourire ; mais combien pensaient des choses peu avouables dnas son dos? Il s'en fichait, en principe. Tout dépendant du moment, tout dépendait de la personne, tout dépendait de son humeur...

Hannibal regarda le jeune homme aux cheveux blonds, étonné selon toute vraisemblance de son air soudain éffrayé et de sa préssion soudaine sur son bras. Difficile de prévoir ses réactions, difficile aussi de savoir sur le moment ce qu'il pensait. Il ne le savait qu'après coup, au final.

"Ne t'en vas pas! Ne pars pas...Ne me laisse pas tout seul..."

Bien. Il devait s'en aller, puis finalement rester. Et Hannibal, au milieu de tout ça, commençait à sentir venir le mal de crâne. Il 'navait rien bu pourtant, mais à force de réfléchir, de chercher des solutions, d'éssayer de le comprendre, d'éssayer de lui faire comprendre...

Il ésquissa un léger sourire, sans lacher les épaules de Dail Shan'haron.

"Je ne comptais pas partir, ni vous laisser seul, répondit-il doucement. Au contraire, c'était même hors de quéstion..."

Hannibal jeta un bref regard à la main de son jeune interlocuteur, agrippée à son bras. En tout cas, Hannibal n'allait pas boire de nouveau avant un moment, ça c'était certain. Même si de ce qu'il en savait, il n'avait jamais ce genre de réaction, même saoul. Il ne se souvenait généralement pas de grand chose, de toute façon....

Restait à éspérer que Dail ne se souvienne absolument de rien, quoi...

"Mais je ne peux pas plus rester là à vous regarder pleurer de la sorte. A moins que vous ne teniez à passer la nuit ici dans cet état, évidemment. Je suis de plus persuadé que vous devez commencer à ressentir les effets de l'alcool."

Hannibal se ravisa, tout en se disant que les effets, ils étaient en plein éssort, au contraire. C'était les effets "après coup" qu'il devait commencer à ressentir. Maux de tête, dissipation des effets anésthésiant...,et ce 'n'était pas forcément une bonne chose. Au fond, le jeune Noble pouvait s'éstimer heureux qu'il ait tout d'abord été joyeux, et pas suicidaire.

"Alors ne vous en faites pas, je ne vous laisserais pas seul, de toute façon. Enfin, jusq'à ce que vous alliez dormir, tout du moins."

"Je ne comptais pas partir, ni vous laisser seul. Au contraire, c'était même hors de quéstion..."

L'emprise qu'exerçait la main de Dail sur le bras d'Hannibal se relâcha, juste après que le jeune homme aux cheveux ondulés ai prononcé cette phrase. L'air effrayé, voir térrifié qui avait l'espace d'un instant assombri ses yeux verts était repartit, mais les larmes ne s'arrêtaient pourtant pas pour autant de couler. Un pids semblait s'être enlevé de son coeur, le rendant moins lourd, mais n'enlevant tout de même pas tout ce malheur qui le comprimait. C'était pourquoi de nouvelles perles salées continuaient malgré tout de se frayer un chemin sur les joues déjà innondées de Dail. Ce dernier avait beau vouloir cesser de pleurer, faire tout ce qui était en son pouvoir sur l'instant pour les stopper, elles ne voulaient pas lui obéir et continuaient de tomber, inlassablement et douloureusement, témoins physique de sa peine mentale. Il voulait vraiment s'arrêter de pleurer, pourtant, il voulait arrêter de pleurer ainsi...Alors pourquoi n'arrivait-il pas à se calmer et faire cesser ses sanglots? Il ne comprenait pas pourquoi il avait si peu de contrôle sur lui même, ce soir-là, la réponse qui aurait parut évidente à n'importe qui ne lui semblait pas le moins du monde clair et limpide. Il ne comprenait plus rien, et cela le destabilisait encore plus. Il était incapable de bien analyser ce qu'il ressentait, et aurait été tout aussi incapable de dire quels sentiments avaient été érronés ou tout simplement crées par l'alcool. Cette peine et cette peur qu'il ressentait, étaient-elles réelles, ou bien étaient-elle juste fictive, des réactions montées de toutes pièces par l'abus de la boisson?

Ah, c'était horrible, il n'en savait absolument rien...

Doucement, sa main glissa du bras de son compagnon aux yeux d'or. Dail baissa la tête, et couvrit son fin visage pâle de ses deux mains, tentant une nouvelle fois de réprimer ses pleurs, toujours sans aucun succès. Ses épaules étaient toujours secouées par de lourds sanglots, qui ne voulaient toujours pas se calmer. Ils avaient même plutôt tendance à augmenter, plus les minutes passaient, atrocement lentes, alors que même le cliquetis de l'horloge avait cessé de les accompagner. Il n'arrivait réellement pas à s'arrêter, et plus il essayait, plus il pleurait. C'était vraiment étrange, c'était comme si les larmes coulaient d'elles même, négligeant ses ordres, et agissant de leur propre chef. C'était proprement impossible, mais c'était pourtant l'impression que le jeune blond avait depuis quelques minutes déjà. Depuis combien de temps n'avait-il pas pleurer ainsi? Cette question lui était venue à l'esprit sans raisons précises. Il y avait longtemps, sûrement depuis la mort d'Erwann. Ah, peut-être y avait-il plus longtemps encore, sous l'effet de l'alcool, sa mémoire lui faisait cruellement défaut. Il ne pouvait même plus se reposer sur ses propres souvenirs, sur sa propre mémoire...C'était vraiment affligeant. Il se trouvait sur le moment réellement affligeant. Se laisser aller ainsi, boire...Cela lui ressemblait tellement peu...

Mais n'était-il pas également affligeant, à sourire, et cacher ses réels sentiments pour toujours paraître convenable aux yeux de tous? Alors oui, dans ce cas, il était vraiment affligeant à tout point de vue...

Tout ça donnait à Dail un affreux mal de tête, et sa tête le lançait plus au fur et à mesure que les pleurs augmentaient. Il se sentait tellement mal, aussi bien physiquement que mentalement, c'en était insupportable...Entre deux pleurs, il entendit Hannibal lui parler, lui dire qu'il ne comptait pas le laisser seul ici, qu'il ne l'aurait de toutes manières jamais fait. Ces paroles, le jeune prince aurait du les trouver gentille. Mais sur l'instant, il ne savait pas trop ce qu'il devait en penser. Lui disait-il cela parceque son état le préoccupait vraiment, ou bien disait-il ceci par pure pitié? Que ce soit l'un ou l'autre, le résultat serait de toutes manières le même. Mais pour Dail, s'il restait là juste par pitié, alors, il pouvait tout aussi bien partir, malgré tout ce qu'il avait pu ou pourrait dire. Il n'avait besoin de la pitié de personne, il ne voulait pas inspirer de la pitié à qui que ce soit.

Il était le prince, il devait seulement inspirer le respect, pas autre chose, non, pas autre chose...

Il aurait bien voulu le lui faire comprendre, mais il en était incapable. Il n'était pas en mesure de parler. Il pouvait juste pleurer, et ses paroles se noyaient dans ses larmes de plus en plus nombreuses. Décidement, ce n'était pas son jour, ce soir-là, il aurait mieux fait de s'abstenir de boire cette bouteille. Il avait clairement sous estimé ses réactions et les effets de l'alcool...

Comme il devait faire peine à voir, à sangloter comme un enfants qui se serait fait mal, et à avoir peur de se retrouver seul, comme un enfant qui veut absolument que la lumière de sa chambre soit allumée, pour ne pas être plongé dans l'obscurité...

L'atmosphère était lourde. Réellement pesante, comme si soudain un marteau s'était abattu sur la pièce, les écrasant impitoyablement. Hannibal n'avait même pas eu le temps, réellement, de comprendre pourquoi soudain tout avait si mal tourné. Au début, le jeune prince était pourtant de fort bonne humeur-voir de trop bonne humeur, même-alors pourquoi maintenant peinait-il à retenir ses larmes? Hannibal avait du mal à s'y retrouver, entre ces réactions toutes pour le moins excéssives. Il craignait que la moindre de ses paroles ne soient mal interprétées, et péchait donc par son silence soudain. Que pouvait-il dire, au fond, pour remonter le moral de ce jeune homme qui à l'évidence n'avait aucune conscience de quoi que ce soit? Il était saoûl, et quoi qu'il pouvait bien en penser, non, il n'allait pas bien. Le Dail Shan'haron sobre que tout le monde connaissait-ou pensait connaître, il ne pouvait pas s'avancer là-dessus-n'aurait jamais eut des réactions pareilles. Il ne serait peut-être même pas descendu à une heure pareille, et n'aurait certainement pas eu les mots et les gestes qu'il avait eu. C'était juste les effets de l'alcool, c'était la boisson à laquelle il était sans doute peu habitué qui l'avait mis dans cet état là. Tout ce qu'il allait tirer de cette magnifique expérience personelle, et ça il l'aurait parié, c'était un sacré mal de tête. Un sacré mal de tête, et sans doute une profonde gêne à son égard. La première était autant inévitable que la deuxième, mais cette dernière impliquait aussi Hannibal. Il n'y pouvait rien, c'était un peu tard pour songer à l'empécher de l'éviter par la suite-ce qui, le conaissant un minimum, était la solution qu'il allait sans doute choisir. Ce serait plus simple de ne pas le croiser que de risquer d'avoir à s'expliquer de quelque manière que ce soit, de toute façon ; si le brun avait été à la place de son interlocuteur, il n'aurait pas spécialement tenu à discuter avec lui après une soirée aussi spéciale non plus.

Enfin, il n'en était pas là. Pour l'instant, le mieux qu'il pouvait faire était de l'aider à césser de pleurer, d'une quelconque manière.

Il posa ses yeux dorés sur le blond Prince, qui venait de lâcher son bras pour lui préférer son propre visage, le couvrant entièrement. C'était un spéctacle relativement navrant que ce dirigeant, censé avoir un comportement adulte malgré le fait qu'il sortait à peine de l'adolescence, retourné à l'âge d'un enfant complètement perdu. Il semblait chercher à comprendre, chercher à retrouver ses ésprits, à sortir de ce brouillard dans lequel l'alcool l'avait plongé. Hannibal avait déjà été maintes fois dans cet état, mais il n'en gardait que peu de souvenir. Il l'avait principalement été durant son adolescence, et l'était moins souvent maintenant qu'il était considéré comme un adulte. Malgré tout, malgré le fait qu'il aurait pu éprouver de la pitié ou que savait-il encore envers ce jeune homme aux grands yeux verts cachés derrière ses mains, il n'y parvenait pas. C'aurait peut-être été plus simple, peut-être qu'il avait juste besoin d'être secoué. Peut-être qu'en s'énervant contre lui ça aurait eu un effet positif, mais ça il ne le saurait jamais. Parce que malgré tout, il n'arrivait qu'à être à la fois triste et attendri par son air triste et déséspéré, perdu. En soit, il ne se serait de toute façon jamais permis d'hausser la voix sur le Prince. Personne-ou presque-ne se serait permis de faire ceci. C'était quelqu'un jouissant du titre le plus important qui soit dans son royaume, et qui était même considéré dans les autres royaumes autour d'eux comme quelqu'un qui comptait. Enfin, il n'était pas dit que Melfia Hider et Dahrenn Bellanca lui accorde une véritable importance, mais bon. Le fait était qu'ils devaient bien le connaître, et en cela il était quelqu'un d'important. Seulement Hannibal n'aurait pas plus pu se montrer désobligeant envers le dirigeant d'Oria qu'envers Dail Shan'haron en lui même. C'était comme ça, c'était stupide mais c'était comme ça.

Le jeune brun reposa ses iris clairs sur son interlocuteur, cherchant toujours quoi dire. Il avait toujours été quelqu'un de relativement locace, mais au final dès qu'il s'agissait de dire quoi que ce soit d'un tant soit peu intélligent il n'y avait plus personne. Quand il fallait parler de tout et de rien sur un ton c'était bien plus facile ; et le fait qu'il soit saoûl, finalement, ça ne facilitait rien du tout. Parce que même si les souvenirs de cette soirée seraient sans doute bien plus nets pour le brun que pour le blond, il n'en demeurait pas moins qu'il n'oublierait pas tout par magie. Et si lui avait l'excuse d'avoir abusé de la boisson, lui n'en aurait aucune à fournir sur le pourquoi du comment de ses actes. Il était profondément sobre, donc...

"Vous n'arrivez pas à arréter de pleurer, hein?"

Hannibal sourit doucement, tout en cherchant activement ce qui pourrait bien faire césser ce flot incéssant de larmes. A priori, si personne n'avait été réveillé par les cris précédents du plus jeune, aucun risque que ses sanglots étouffés n'alerte qui que ce soit. Cela étant il ne fallait pas oublier que si quelqu'un arrivait, ça allait encore être à lui de s'expliquer. Dail serait incapable de dire quoi que ce soit, en l'état actuel des choses, et ce serait à lui de trouver quelque chose de très convaincant à dire. Que faisait-il en pleine nuit avec le Prince, en pleurs, dans la salle à manger? Evidemment, dis comme ça, ça paraissait tout de suite plus compliqué à expliquer...
De toute façon, se torturer l'ésprit pour des choses qu'à priori il ne serait pas obligé de dire ne servait dans l'absolu pas à grand chose. Mieux valait qu'il se concentre sur le sujet précédemment abordé dans son ésprit relativement confus, à savoir :

Comment faire pour que ses si beaux yeux cèssent de laisser filtrer des perles salines de la sorte?

Il poussa un petit soupir et saisit ses poignets, de façon à pouvoir les écarter de son visage.

"Vous devriez éssayer de vous concentrer sur quelque chose qui vous rende heureux si vous voulez mon avis, dit-il, sans se départir de son sourire discret mais néanmoins chaleureux. Concentrez vous sur quelqu'un que vous aimez bien, quelque chose auquel vous tenez, ou même un moment de votre vie qui pourrait vous faire césser d'être triste. Peu importe quoi, pensez juste à quelque chose de joyeux, ou même d'amusant ou de plaisant..."

Il n'arrivait vraiment pas à s'arrêter de pleurer. Les larmes coulaient d'elles même, et il n'y pouvait strictement rien. Quoiqu'il faisait, plus il essayait de retenir ses larmes, plus elles continuaient de couler, de plus en plus nombreuses et douloureuses à chaque fois. Et il n'y pouvait rien, il se sentait tellement mal et inutile, il n'avait aucun contrôle sur son propre corps et ses propres émotions...Et ce mal de tête qui ne cessait d'augmenter au fur et à mesure que le temps passait le faisait atrocement souffrir, à un tel point qu'aligner correctement ses pensées était pour lui totalement impossible sur le moment.

"Vous n'arrivez pas à arréter de pleurer, hein?"

Le jeune homme aux cheveux ondulés avait recommencé à parler. Dail aurait bien voulu lui répondre, mais les larmes empêchaient toutes paroles cohérentes de sortir de sa bouche tremblante. Il n'osait même plus enlever ses mains de son visage, à présent. Il ne voulait pas avoir a supporter le regard qu'Hannibal posait sur lui, de peur d'y lire quelque chose qui aurait pu le blésser ou le rendre triste. D'un autre côté, il aurait très bien compris qu'à cet instant précis, il ne lui inspire que de la pitié, ou tout autre sentiment aussi dépréciatif que ce dernier...Les effets euphoriques de l'alcool s'étaient tout à fait dissipés à présent, et Dail commenceait à recouvrer tous ses sensations, pour son plus grand malheur. Sa cheville le faisait au moins aussi souffrir que sa tête, et se mélaient parmis les chaudes larmes de tristesse des larmes de douleur. Sur le moment, il aurait bien voulu disparaître, tellement il se trouvait stupide de ne pouvoir s'arrêter de pleurer et tellement il se sentait triste. Et pourtant, il avait beau s'ordonner mentalement d'arrêter de pleurer, les larmes continuaient de rouler sur ses joues, et lui de se sentir mal. C'était une sensation vraiment horrible, et il ne pouvait rien faire pour ne serait-ce que l'atténuer un peu. Peut-être que si sa tristesse s'amoindrissait, les larmes cesseraient de rouler de manière aussi anarchique sur ses joues rougies...

Le jeune garçon aux yeux de la couleur de l'émeraude sursauta légèrement lorsqu'il sentit qu'on atrappait avec délicatesse ses poignets pour doucement les écarter de son visage, qu'il s'était si bien appliqué à cacher. Il pensa un moment à résister et ôter ses poignets de l'emprise du jeune homme en face de lui, mais y renonça finalement bien vite. Ca n'aurait servit à rien, et de toutes manières, il n'avait plus vraiment la force de le faire. Il se contenta juste d'obstinément garder la tête baissée, afin que son interlocuteur ne puisse voir son visage ravagé par les larmes.

"Vous devriez éssayer de vous concentrer sur quelque chose qui vous rende heureux si vous voulez mon avis. Concentrez vous sur quelqu'un que vous aimez bien, quelque chose auquel vous tenez, ou même un moment de votre vie qui pourrait vous faire césser d'être triste. Peu importe quoi, pensez juste à quelque chose de joyeux, ou même d'amusant ou de plaisant..."

Dail ne pouvait voir le visage d'Hannibal, ni le sourire qui éclairait doucement son fin visage, mais il pouvait le deviner au ton de sa voix, qui, pour sa plus grande surprise, n'avait aucune intonation moqueuse, de ce qu'il avait entendu. Elle était juste douce et légère, comme presque à chaque fois qu'il lui adressait la parole. Penser à quelque chose de joyeux...? Ah, Dail, dans ses nombreuses tentatives pour arrêter ce flot de larmes qui se refusait d'arrêter de couler, n'y avait pas pensé un seul instant. Pourtant, pour quelqu'un de sobre, penser à quelque chose de joyeux lorsque l'on était en proie à une extrème tristesse ou mélancolie était l'évidence même. Les moments heureux de la vie d'une personne qui pleure, lorsque cette dite personne y repense, ses larmes s'arrêtent forcément de couler, pour un temps au moins. Et même si ce n'est que pour une minutes, deux minutes, cinq minutes...Pendant ce court laps de temps, la tristesse avait tout le temps de s'atténuer ou de s'envoler...

Mais contrairement à ce que l'on aurait pu penser, songer à quelque chose de joyeux ne fut pas ce que le jeune dirigeant de l'Est fit. Oh, il aurait pu, car des moments joyeux ou plaisant, il en avait eu, dans sa vie, de nombreux même. Mais quelque chose, une interrogation, vint s'imiscer dans son esprit embrumé mais encore en état de fonctionner juste à ce moment là. L'histoire du labyrinthe lui revint en mémoire, et Dail compara d'un façon bien involontaire l'attitude d'Hannibal à ce moment là et l'attitude qu'il adoptait en ce moment même. Elles étaient vraiment similaires, et Dail se rendit compte avec une certaine surprise qu'il avait toujours agis de la même manière avec lui, qu'il soit saoul ou sobre. Toujours poli correct, jamais méchant ou impatient, et pourtant, Dieu sait qu'il y avait eu de quoi perdre patience dans le labyrinthe, tellement le jeune prince s'était entêté à marcher sans aide. N'importe qui aurait pu le laisser là, le laisser se débrouiller seul, puisqu'il avait eu l'air tellement convaincut qu'il pouvait le faire. Pareil, dans cette salle à manger ou régnait de nouveau un silence pesant; N'importe qui aurait pu le laisser pleurer là, le laisser se débrouiller avec ses pleurs, sans lui apporter la moindre aide...Alors pourquoi est-ce que ce dernier était-il aussi gentil avec lui, quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvaient?

"Pourquoi..Pourquoi est-tu toujours aussi gentil avec moi...?" lui demanda-t-il finalement en relevant son visage vers Hannibal, avec un regard à la fois triste et étonné, laissant glisser le long de sa joue une dernière larme salée.

Sur le coup, il s'était arrêté de pleurer et trembler comme un enfant appeuré...

Hannibal avait beau se sentir vaguement fatigué, il restait nénamoins extrèmemenbt lucide et capable de réfléchir calmement et sans s'énerver. Il fallait dire que de toute façon, pour que le jeune Noble ne s'énerve réellement contre quelqu'un ou à cause d'une situation, il fallait que ladite personne ou ladite situation soit particulièrement agaçante. Et là, malgré le fait que l'heure soit tardive et que le jeune homme en face de lui soit très peu coopératif, il n'y avait selon lui pas lieu de s'énerver. C'était une situation certes assez déroutante, mais il se devait de garder tout son calme et sa partimonie pour l'analyser avec pertinence. Il savait très bien que si le Prince ne voulait réellement pas aller se reposer, il aurait tout le mal du monde à l'y obliger ; et puis au final ça n'apporterait rien de bon. A moins de l'assomer ou de lui faire avaler deux trois pilules de somnifère, il ne pourrait pas plus le forcer à fermer les yeux et à cuver son alcool gentiment, sans faire de dégat. Alors la seule solution valable était éjà de le faire arréter de pleurer, et ensuite de le ramener à des intentions plus valables, dans lesquelles "aller se reposer" figurait en tête de liste. Hannibal ne savait pas exactement depuis combien de temps il avat commencé à boire lorsqu'il avait fait irruption dans la Salle A Manger, mais à priori il devait déjà commencer à retomber doucement sur terre, laissant les douces fragrances de l'alcool pour les odeurs plus banales de la vie quotidienne. Et puis s'il commençait à émerger-même sporadiquement-alors il devrait commencer à ressentir son corps, et plus particulièrement sa cheville. Le jeune brun doutait fort que la cheville du dirigeant d'Oria n'ait déjà entièrement guérie, et donc elle devait le lancer terriblement. Enfin, il n'avait pas non plus à se promener la nuit pour aller se saouler non plus, pour ce qu'il en savait. La seule chose qui faisait qu'Hannibal ne se faisait pas la moindre remarque sur ce fait était qu'il ne connaissait pas les raisons qui avaient poussé le jeune blond aux grands yeux verts à aller boire, ce soir là. Il savait de façon presque sûre que ce n'était pas dans ses habitudes, et le "je voulais voir ce que ça faisait..." lui paraissait peu approprié. Mais maintenant ce n'était de toute façon plus la peine de se poser ce genre de quéstions existentielles. Il fallait simplement qu'il fasse césser son flot continuel de larmes, et qu'il réussisse aussi à lui faire prendre conscience du fait que malgré les signaux confus que devaient lui envoyer son corps et son ésprit, oui il était fatigué et mal, et non il ne pouvaient pas rester là toute la nuit à déblatérer sur tout et n'importe quoi, à jouer, à pleurer où à rire de manière assez étrange.

Le brun posa ses grands yeux dorés sur son interlocuteur, qui persistait pour le moment à garder la tête baissée. Comme il ne disait mot, il était difficile pour lui de savoir s'il cherchait à se remmémorer quoi que ce soit, s'il se sentait subitement mal ou s'il l'avait même écouté. Il devrait attendre qu'il lui réponde pour ça, de toute manière. Alors en attendant il se contenta de l'observer doucement, cherchant à deviner ce qui pouvait bien se passer derrière le miroir de ses grands yeux clairs. D'aussi loin qu'il se souvenait, jamais il n'avait eu l'impréssion que le dirigeant d'Oria, Dail Shan'haron, était quelqu'un enclin à se laisser aller de la sorte. Mais après tout, qui était-il pour juger? Il ne le connaissait pas assez pour pour pouvoir prétendre savoir ce qui était chez lui habituel ou pas, pour dire ce qu'il aimait et ce qui le répugnait, pour réussir à deviner ce qui pouvait bien se passer dans sa tête. Et pourtant, loin de le décourager, le fait de ne pas savoir tant de chose que ça sur lui, finalement, le motivait. Rien de ce qu'il pouvait faire ne semblait assez mauvais ou dégradant pour pouvoir le faire redescendre dans son éstime, et quoi qu'il fasse, jamais il ne descendrait de ce staut privilégié. Hannibal aimait chez Dail ses qualités autant que ses défauts ; il ne trouvait pas que sa maladresse apparente était agaçante, au contraire il la trouvait adorable. Le peu de fois où il avait été amené à lui parler où à même lui adrésser très vaguement la parole, tout ce qu'il avait pu dire de bien l'avait fait parcourir quelques échellons de plus dans son éstime, et tout ce qu'il avait pu faire de plus mal l'avaient juste rendu un peu plus humain à ses yeux. Dail Shan'haron était Dail Shan'haron, et Hannibal l'aimait ainsi.

"Pourquoi..Pourquoi est-tu toujours aussi gentil avec moi...?"

Hannibal fixa son interlocuteur, surpris, fixant son visage à présent tournés vers lui comme s'il cherchait à comprendre. A l'évidence, quoi qu'il lui intimerait de faire le blond Prince déciderait de s'adonner à autre chose. Il ne lui semblait pas que se poser ce genre de quéstions existentielles le rendrait moins triste, mais à dire vrai ça pouvait au moins l'occuper. Et puis tant que cela restait d'innocentes quéstions comme celle-là, ça n'avait rien de franchement dérangeant.

"Ah...,très bonne quéstion, répondit Hannibal avec un petit rire géné. J'aurais le plus grand mal à ne pas l'être envers vous, vous êtes quelqu'un de très gentil aussi. Et puis c'est comme ça, je tiens à vous donc j'imagine que c'est normal..."

Le brun fit un léger mouvement de tête, tout en se demandant s'il aurait pu redire la même chose à un Dail sobre. Sans doute que oui, mais pas avec le même ton, et peut-être aussi avec une voix décidément plus hésitante. Il était très extraverti, et n'avait aucun problème avec ce qu'il était ou ce qu'il ressentait ; cela étant, il lui arrivait de se retrouver relativement embarassé lorsqu'il s'agissait de les évoquer clairement avec la personne qui en était le principal intéréssé. Même alors qu'il était saoul il hésitait régulièrement à dire ceci ou cela. Peut-être même encore plus parce qu'il était saoul ; la moindre phrase mal interprétée pouvait faire tourner la situation au drame complet.

"Je tiens à vous, oui...,ce doit être ça."

Hannibal le regarda, hésitant, coincé soudain entre son coeur qui lui disait de faire quelque chose de stupide et sa raison qui lui intimait de juste attendre que le jeune homme n'acquiesce sobrement. Finalement, il fallait juste qu'il se sente moins triste, et puis s'il pouvait joindre l'utile à l'agréable...,Hannibal s'était de toute façon fait à l'idée que le lendemain et les jours qui allaient suivre, le jeune homme aux grands yeux verts allait l'éviter royalement. C'était évident, il le savait pertinnement à présent. Parce qu'il allait être embarassé, et que sans doute que de ne pas croiser le seul témoin de ladite soirée l'aiderait peut-être. Alors, puisque dans tout les cas il l'éviterait, et que de toute façon se serait peut-être la seule et unique fois qu'il aurait l'occasion de le faire, ça ne paraissait pas si stupide. Il l'avait repoussé quelques minutes auparavant, donc il pouvait paraître quelque peu indécis, mais bon.

Le brun poussa un bref soupir presque inaudible, et envoya valser la raison dans un coin de sa tête. Advienne que pourra...

Hannibal redréssa sa tête, et après avoir laché les poignets de son interlocuteur il posa ses lèvres sur les siennes.

"Ah...,très bonne quéstion. J'aurais le plus grand mal à ne pas l'être envers vous, vous êtes quelqu'un de très gentil aussi. Et puis c'est comme ça, je tiens à vous donc j'imagine que c'est normal..."

Les yeux clairs de Dail s'agrandirent sous l'effet d'une surprise apparente, fixant toujours Hannibal de leur curieuse lueur. Le brun aux cheveux ondulés avait eu un léger mouvement de tête, et Dail se demanda vaguement à quoi avait bien put être dû ce dit mouvement. Vaguement, oui, car en réalité, ce n'était pas bien ce qui l'intéréssait le plus dans la situation présente. L'interrogation fut partie aussi vite qu'elle était arrivée dans son esprit, et en l'espace de quelques secondes à peine, le jeune seigneur d'Oria ne se souvenait même plus l'avoir songé. Heureusement, elle n'avait rien de vraiment importante, et par conséquent, l'oublier ne pourrait pas être négatif au jeune homme. Peut-être celui lui éviterait-il d'inutiles réflexions, en y pensant bien.

Hannibal semblait réfléchir, et lorsqu'il lui réadressa la parole de sa voix légèrement hésitante, ce fut pour lui répéter que cela devait-être ça. Dail avait toujours ses yeux émeraude dirigés vers le fin visage de son interlocuteur, et pourtant, le regard hésitant que ce dernier lui lança en le regardant lui échappa totalement. S'il avait été sobre, sûrement aurait-il remarqué que dans les yeux dorés du noble aux cheveux sombres naissait une pointe d'hésitation, très certainement pour quelque chose qu'il allait s'apprêter à dire ou faire. Mais l'esprit encore embrumé par le liquide qu'il avait prit, il n'avait pas saisit cette nuance dans sa façon de le regarder.

Dail n'avait rien compris du tout, aussi fut-il assez surpris lorsqu'Hannibal se pencha soudainement vers lui, posant avec délicatesse ses lèvres sur les siennes. Ses yeux exprimèrent une surprise encore plus grande, et il en oublia même sur le coup de fermer les yeux. La pression que le jeune homme en face de lui avait exercé sur ses poignets jusqu'à maintenant s'était à présent dissipé, pour au final complêtement s'évanouir. Le baiser ne dura guère longtemps, mais assez pour parvenir à troubler encore plus Dail dans les pensées qu'il s'était appliqué à correctement, ou presque, réassembler. D'un petit mouvement de tête, Dail recula son visage de celui d'Hannibal. Le jeune homme aux cheveux dorés n'avait pas eu là un geste de répulsion, mais plutôt un geste de surprise, ou même de peur, comme un réflexe, comme si quelqu'un l'avait avec brusquerie tiré en arrière juste à ce moment là.
Le visage pâle de Dail conserva cette étrange expression sur ses fins traits quelques instants encore, alors qu'il fixait de nouveau Hannibal de ses grands yeux. Le prince de la contrée du soleil semblait chercher à déterminer quelque chose en détaillant de la sorte l'agréable faciès de son compagnon Ou bien pensait-il à tout autre chose, et s'apprêtait-il à demander autre chose, sans aucun rapport avec ce qui venait de se produire? Nul n'aurait sut le dire, L'alcool rendait ses réactions proprement imprévisibles pour le commun des mortels, et sûrement en particulier pour Hannibal, qui allait à coup sûr s'inquièter de la prochaine réaction de Dail, toujours assis sur la grande table de bois de la salle à manger du château.

Oui, Dail aurait très bien pu changer de sujet. Oui, il aurait pu poser une autre question, se remettre à pleurer, à rire, et tellement d'autres choses encore...Seulement, ce dernier ne fit rien de tout cela; Il ferma à demi ses yeux d'où les larmes avaient depuis peu cessés de couler, tendit doucement ses bras, qui vinrent de nouveau s'enrouler autour du cou d'Hannibal. Mais à la différence de sa dernière étreinte, il ne tenta rien à l'égard de l'homme aux cheveux noirs, se contentant de poser sa tête sur son épaule, fermant complêtement ses deux jolis yeux d'où ne coulerait probablement plus de tristes larmes salées de la soirée.

Dail avait mal à la tête, sa cheville le faisait souffrir encore plus, mais étrangement, il se sentait bien. Près d'Hannibal, sérré tout contre lui ainsi, il se sentait bien. Sa douleur ne disparaissait bien évidemment pas pour autant, mais elle était comme atténuer...C'était étrange, mais il n'allait pas s'en plaindre...

"Oh, alors, tu m'aimes." fit Dail dans un petit soupir satisfait, ne réouvrant pas on regard d'émeraude pour parler, et sans lâcher Hannibal.

Dail n'aurait voulu sur le moment ne plus jamais le lâcher, mais il se rendait bien compte que cela allait encore rendre son interlocuteur en colère, s'il continuait d'ainsi le serrer dans ses bras. Et il ne voulait pas non plus qu'il se fâche contre lui, ou soit gêné de nouveau par la faute de ses actions dont il avait mal mesuré l'ampleur. Alors il finit tout de même par se détacher du beau jeune homme, lui offrant un petit sourire lorsqu'ils se trouvèrent de nouveau face à face.

"Moi aussi, je t'aime..."ajouta-t-il peut après, toujours avec un petit sourire.

N'importe qui aurait pu penser que le jeune homme aux cheveux blonds aurait dit ça à n'importe qui serait passé dans la salle à manger cette nuit là, mais c'était totalement faux. S'il disait cela maintenant à Hannibal, c'était que d'une certaine manière, il le pensait vraiment. Ses sentiments comme ses pensées n'étaient pas forcément bien interprêtées par ce dernier en personne, mais elles étaient interpretées avec un minimum de logique. Et s'il lui disait ça, c'était qu'il le pensait. De quelle manière il pouvait bien l'aimer, ça, par contre, même lui l'ignorait. Mais ce genre de question, il ne s'en préoccupait pas pour l'instant , il aurait tout le temps de considérer et reconsidérer ses actions et paroles en temps voulu, quand il serait sobre et tout à fait maître de ses pensées...

Hors, comme il ne l'était pas présentement, cela n'avait que peut d'importance pour lui, le sens de ses paroles...

Le geste qu'avait eu Hannibal ne cachait pas quoi que ce soit d'autre. C'était venu comme ça, sans arrière-pensées, et à dire vrai il n'était pas apte à le regrétter pour l'instant. Oh, bien sûr il, aurait certainement du : le prince d'Oria était saoul, et l'embrasser dans ces conditions n'était pas la meilleure idée qu'il ait eu. C'était même plutôt une mauvaise idée, en fait. Le jeune brun aurait mieux fait de camper sur ses positions, de le regarder sans mot dire en attendant qu'il arrète de pleurer. Et quand il avait arrété de pleurer, il aurait du faire revenir le sommeil bien mérité sur le tapis. Peut-être qu'à force de le rappeler sans cesse, encore et encore, son interlocuteur aurait fini par se fatiguer et aurait accépter de regagner sa chambre. Oui, c'était peut-être là l'attitude qu'il aurait du adopter. Surtout qu'il l'avait repoussé clairement quand le blond avait dit avoir envie de "jouer" ; là il venait juste d'adopter un comportement contradictoire. C'était idiot, et il le savait pertinement.
C'est pour ça, très certainement, qu'il ne fut ni surpris, ni déçu, ni embarassé, ni quoi que ce soit de ce genre quand le jeune dirigeant de la contrée d'Oria eut un léger mouvement de recul. Ce n'était sans doute pas contre lui-ou peut-être que si, mais penser cela ne l'avancerait pas à grand chose-et c'était évident qu'il allait réagir ainsi. Hannibal ne s'attendait pas à autre chose, mais peut-être que ces brefs contact lui suffisaient amplement, au final. Le croiser, lui parler ; il s'était toujours dit que c'était là tout ce qu'il pourrait bien éspérer avoir comme sortes de "contact". Parce que c'était le Prince, parce que lui n'était qu'un Noble, et pour des milliards d'autres raisons qu'il avait déjà énuméré dans le secret de son ésprit. Pourtant, il ne pouvait pas s'empécher de l'aimer. Cétait un peu comme quelque chose qui était présent mais sur lequel il n'avait aucun pouvoir. Il ne pouvait pas altérer ce sentiment, pas plus que l'ignorer ; il l'aimait, et puis c'était tout. Rien au monde ne pouvait le rendre plus heureux que quelques minutes à simplement discuter avec le jeune homme aux grands yeux verts. Alors qu'il soit confus bien que sobre, c'était tout à fait normal étant donné la situation. Dail Shan'haron était assis sur la table, en face de lui, plus ou moins complètement saoul. Si ça ce n'était pas une situation qui sortait de l'ordinaire, alors il ne vivrait sans doute pas grand chose de fort étrange dans sa vie...

Dire quoi que ce soit dans ces conditions, évidemment, n'était pas conseillé. Il ne voyait de toute façon pas très bien quoi répondre à ce silence, et n'arrivait même pas à savoir ce que le jeune homme pouvait bien penser de la situation. Il n'en avait aucune idée, et mieux encore il ne savait même pas si ses pensées étaient cohérentes ou bien encore si elles étaient en rapport direct avec son geste. Etant saoul il ne devait pas arriver à aligner de manière très logique ses idées, et de fait tenter de deviner sur quoi elles portaient en devenait impossible. Purement et simplement. Et ça, Hannibal le savait pertinemment. Il regardait de biais ce visage où se peignait une expréssion étrange, et n'arrivait pas à savoir ce qu'il allait dire ou faire, ce qu'il se disait ou ce qu'il pouvait bien penser de lui. Est-ce qu'il allait s'énerver, est-ce qu'il allait être triste, est-ce qu'il allait rire, est-ce qu'il allait divaguer sur quelque chose qui n'avait rien à voir : il n'en avait strictement aucune idée. Ses pensées à lui étaient emplies de peut-être, de points d'intérrogations et de quéstions qui resteraient très certainement sans réponses pour le moment et pour longtemps encore. Il en avait presque oublié le lendemain, et tout ce qui se passerait très certainement par la suite. Il verrait en temps voulu ; c'est à dire quand le jeune homme aux grands iris clair se réveillerait, ayant chassé de son ésprit toutes les vapeures d'alcool, laissant simplement des scènes brumeuses et des gestes que très certainement il n'oublierait pas.

Le jeune brun ne put retenir une exprésison surprise lorsqu'il sentit les bras de Dail enlacer sa nuque, et que sa tête ne vienne trouver place sur son épaule. Non, vraiment, il n'avait depuis un moment aucun moyen de savoir ce qu'il pensait ou ce qu'il comptait faire.

"Oh, alors, tu m'aimes."

Le jeune Winter ouvrit la bouche comme pour parler, mais ne dit rien. C'était une interprétation de la situation comme une autre, et qui avait l'avantage troublant de relativement bien résumer les choses. Ca avait tout de même quelque chose d'étrange, d'entendre quelqu'un dire ça. Pas obligatoirement dans le mauvais sens bien entendu, mais cela restait étrange tout de même. D'abord parce qu'il ne le lui avait jamais dit clairement-c'était un peu de la libre-interprétation en sommes-et puis ensuite parce que...,parce qu'il ne savait pas trop. Hannibal s'était plus ou moins résigné à ne jamais exister aux yeux du blond Prince ; alors oui, même s'il était saoul ça restait étrange.

Le brun resta coi, ne trouvant de nouveau plus rien à dire. Et dire qu'il était quelqu'un de tellement locace à l'accoutumée, le voilà qui n'arrivait même plus à dire quoi que ce soit. Le problème n'était même pas que les mots s'arrétaient à la barrière de ses lèvres. C'était tout simplement qu'ils ne parvenaient pas à s'assembler entre eux pour trouver un sens dans son ésprit.

Et dire que des deux, ce n'était même pas lui qui était saoul...

Le jeune Noble sentit son interlocuteur le lacher, et se remit face à lui dans un petit sourire. Il aurait aimé réussir à se montrer ferme, à ne rien laisser paraître, à lui dire de retourner dans son chambre sur un ton ne souffrant d'aucune discussion. Il aurait aussi aimé être quelqu'un d'autre, qui aurait réussi à le forcer à s'expliquer le lendemain. Mais ça, même alors qu'il se sentait un peu perdu, il savait qu'il aurait du mal à l'y obliger. Il ne lui devrait pas d'explications d'ailleurs, lui demander pourquoi il était saoul aurait été complètement déplacé. Simplement lui dire qu'il n'avait pas envie qu'il l'évite à cause de ça. Parce que très clairement, si c'était ça, il ne s'en remettrait pas.

"Moi aussi, je t'aime..."

Hannibal garda son regard fixé sur le jeune Shan'haron, tentant de déterminer ce qu'il voulait dire par là. Il y avait tellement de façon différentes d'aimer quelqu'un, alors si en plus il était saoul il fallait bien élargir encore plus ce domaine. Alors était-ce quelque chose de sincère, ou bien était-ce entièrement du à l'alcool? Ou bien encore était-ce un sentiment que l'alcool amplifiait, ou bien modifiait? Il ne le saurait sans doute pas en lui demandant, donc il s'en abstient. Même si il doutait vaguement que les sentiments du blond soient de la même nature que les siens. C'était bizarre, mais c'était comme ça.

"Ah...,je ne pas redire grand chose à ça, répondit-il dans un léger sourire."

Hannibal poussa un petit soupir, et décida de ne pas s'éterniser sur le sujet. Ce n'était pas une bonne idée de partir là-dessus de nouveau, parce qu'il allait s'y perdre. Il était saoul, sa cheville et sa tête devaient lui faire la guerre, et ils devaient tous aller se reposer. C'était comme ça, il n'avait pas le choix..., et puis il ne devait pas oublier ce premier fait. Il avait sans doute du dire et faire des choses qu'il ne pensait pas, et comme il n'était pas apte à faire le tri il devait considérer toutes ses paroles comme étant érronée, faussées par l'alcool. Ca avait beau le rendre à moitié triste, il n'y pouvait pas grand chose. Et puis il y avait toujours une petite partie de lui qui continuerait d'éspérer bêtement.

"Est-ce que vous voulez vous reposer, maintenant? (Il fit un léger mouvement de tête, et reprit le fil de ses idées.)C'est juste une quéstion, n'est-ce pas. Si vous n'avez toujours pas envie, je comprendrais."

"Ah...,je ne pas redire grand chose à ça."

Hannibal lui avait répondu avec un léger sourire, et Dail n'aurait sû dire à ce moment là quels sentiments pouvaient bien se cacher derrière ce sourire. Comment se sentait-il? Triste, heureux, déçu...? Il ne pouvait pas savoir, et cela provoquait une légère impression de frustration chez le jeune homme aux cheveux dorés. Lui qui avait toujours si bien réussit à deviner les sentiments de ceux à qui il parlait, ne pas savoir ce que son interlocuteur pouvait bien ressentir le dérangeait au plus haut point. Et même savoir, bien que ce soit très vague, que l'alcool en était responsable ne lui ôtait pas cette désagréable impression. Mais entre le jeune homme aux cheveux ondulés qui s'était remit à parler, et sa tête ainsi que sa cheville qui le faisaient atrocement souffrir, Dail eu tôt fait d'oublier ce sentiment. Afin de bien comprendre et interprêter à peu près correctement ce que lui disait Hannibal, il avait besoin de toute sa concentration. Et rassembler tous ses esprits pour l'écouter, ce n'était pas aussi facile que ça en avait l'air, en particulier quand notre esprit était embrumé par l'alcool, empêchant tout alignement correct des pensées...

"Est-ce que vous voulez vous reposer, maintenant? C'est juste une quéstion, n'est-ce pas. Si vous n'avez toujours pas envie, je comprendrais."

Dail releva le regard vert qu'il avait un instant détourné vers celui doré d'Hannibal, la même expression surprise qu'il avait eu quelques minutes auparavant refaisant son chemin sur ses traits fins et pâles. Aller dormir, maintenant? Cette option n'était pas venue à l'esprit du jeune garçon depuis qu'il avait bu le premier verre d'alcool de cette mouvementée soirée. Et quand le garçon aux cheveux sombres lui avait gentiment demandé à plusieurs reprises de regagner son lit, que ce serait mieux pour lui en l'état des choses, il lui avait apposé un refus net et catégorique, préférant continuer de "jouer" avec lui plutôt que dormir. Mais maintenant, Dail voyait les choses sous un tout autre angle. Ce changement d'opinion venait sans aucun doute du fait qu'à présent, l'effet anésthésiant de l'alcool s'estompait d'une manière assez flagrante, et que sa cheville le faisait atrocement souffrir. A forcer ainsi sur sa cheville bléssée, il avait à tous les coups réussit à la tordre de nouveau, et il ne fallait pas être devin pour deviner qu'il ne pourrait maintenant plus marcher sans l'aide de quelqu'un pour le soutenir. Avec en plus sa tête qui le lançait horriblement, marcher seul sans se casser la figure et droit, cela lui aurait été complêtement impossible. Hannibal allait donc se voir dans l'obligation de le raccompagner jusqu'à sa chambre, s'il comptait voir ce dernier dormir. A moins que, bien sûr, le jeune noble ne trouve plus judicieux de le laisser dormir sur la grande table de la salle à manger. Mais ça, il en doutait tout de même fort: Hannibal lui avait dit qu'il tenait à lui, alors Dail savait qu'il ne l'aurait jamais laissé ici seul. Même dans ses pensées rendues confuses par l'abus de la boisson alcoolisée, il était en mesure de s'en rendre compte.

Il pouvait compter sur lui.

"Ah...commencea-t-il, avec une petit grimace, qui reflétait tout à fait la douleur qu'il ressentait à cet instant précis, Je crois que ce serait une bonne idée...?

Ses yeux d'émeraude toujours plantés dans ceux de son compagnon, la main de Dail vint de nouveau saisir le bras de ce dernier. Mais cette fois, elle n'exerça sur le bras pas une préssion forte et douloureuse, mais douce, à l'image de l'enfant qui serre le bras de sa mère lorsqu'il est inquièt. Et c'était un peu la même chose pour Dail, dans le cas présent: Il était perdu, et se ratrappait à l'unique personne sur qui il pouvait compter à l'instant. Cela devait être assez perturbant pour Hannibal, mais le prince n'y pouvait strictement rien. S'il ne l'aidait pas, il se perdrait définitivement. Et ça, il ne le voulait pas...

Soudainement, la pression exercée sur le bras se fit plus forte, et le regard de Dail s'agrandit encore en une expression de curiosité et d'interrogation. Il pencha sa tête blonde sur le côté, et demanda à Hannibal, sur un ton interrogatif mais on ne pouvait plus sérieux:

"Dis...Est-ce que tu pourrais me réembrasser?"

Oui, prévoir ce qu'allait pouvoir dire ou faire Dail était devenu totalement impossible. On ne pouvait même pas se fier à l'air que le jeune blond arborait, tant ses paroles pouvaient être en totale contradiction avec son expression. Et ce qu'il venait de demander au noble en était un parfait exemple. Qui se serait douté qu'il aurait pu demander une chose pareille avec un faciès aussi sérieux? N'importe qui aurait été plus enclin à penser qu'il allait demander à ce qu'il l'aide à descendre de cette table...Mais il n'en était rien, au final...

Il en voulait plus. C'était ce que c'était dit Dail quand ses lèvres et celles du jeune homme en face de lui s'étaient séparées pour la troisième fois de la soirée. Un simple baiser comme cela ne lui suffisait pas, ou en tout cas, ne lui suffisait plus, à présent. Ce baiser, plutôt que le satisfaire, lui avait laissé une terrible impression de manque et de frustration. Et c'est cette frustration que l'on pouvait lire dans les beaux yeux émeraudes du jeune homme blond, alors qu'il regardait Hannibal avec une petite expréssion déçue. Lorsqu'il avait parlé de "jouer", il y avait quelques minutes à peine, il n'avait pas pensé à un jeu particulier, même si le geste qu'il avait eu envers le noble aux cheveux ondulés aurait pu ammener à penser le contraire. Jamais Dail n'avait eu d'intentions étranges envers Hannibal, du moins, jusqu'à maintenant. Le baiser qu'il lui avait donné avait réveillé en lui des sentiments et sensations jusque là endormis, et c'étaient ces sentiments qu'il n'avait jusque là jamais éprouvé qui ammenait cet étrange impréssion de manque qu'il ressentait à ce moment précis. Il en voulait plus, il voulait qu'il lui en donne plus, plus que ce qu'il lui avait donné jusqu'à présent. Il ne voulait pas juste être dans ses bras ou sentir ses lèvres sur les siennes. Il ne savait pas exactement ce qu'il désirait de plus, ce qu'il attendait d'Hannibal, mais ce qui était sûr, c'était qu'il ne voulait pas se contenter de ça seulement. Il ne se contenterait pas de ça.

La main qui serrait la manche d'Hannibal déssera la pression qu'elle exerçait, et la main de Dail remonta lentement le long de ce dernier, jusqu'à ce qu'elle vienne se positionner sur la joue du jeune noble. Dail le fixait toujours de ses grands yeux verts, avec cette même expression qui lui était apparue depuis que leur lèvres s'étaient séparées.

"Non."

Ce simple mot avait été prononcé d'une voix sèche et sévère. On pouvait tout de suite entendre, à l'intonation de sa voix d'habitude si douce, que le jeune homme était à la fois frustré et troublé. A vrai dire, Dail ne savait pas du tout ce qu'il lui arrivait. Il ne s'était jamais sentit ainsi, et même s'il savait d'une manière rendue trouble par l'alcool que ce sentiment était provoqué par la présence de son compagnon au cheveux sombres, le fait qu'il ne savait pas exactement pourquoi il se sentait comme ça l'énervait légèrement. Il n'arrivait pas non plus à poser un nom sur cette émotion qu'il ressentait, et cela ne faisait qu'augmenter sa présente frustration. Malgré ceci, le jeune prince aux cheveux d'or captura le visage de son interlocuteur entre ses mains, le regardant toujours, mais avec un petit sourire cette fois-ci. Il approcha son visage fin tout près de celui d'Hannibal, jusqu'à se retrouver à quelques centimètres du sien, le contemplant toujours dans un sourire, son regard vert plongé dans celui doré d'Hannibal. Il resta ainsi l'espace de quelques secondes, laissant ensuite ses bras s'enlacer une nouvelle fois autour du cou du brun, enfouissant sa tête blonde dans le cou du jeune homme.

"Pourquoi ne te laisses tu pas faire?"dit-il d'une voix ni trop forte ni trop basse, juste assez forte pour qu'Hannibal puisse l'entendre, mais juste assez basse pour qu'une autre personne éventuelle qui se serait tenue dans la pièce ne puisse en saisir le sens. Pas que Dail songeait que quelqu'un d'autre puisse se tenir en même temps qu'eux dans la grande salle à manger du château royal. Non, au contraire, il était même sûr qu'il n'y avait personne qui marchait dans le grand couloir menant à la pièce où l'on servait les repas.

Pour lui, il n'y avait aucun risque qu'une quelconque personne ne les surprenne ici, aussi près l'un de l'autre. Alors pourquoi s'en faire? Il était libre de suivre ce que son corps lui disait de faire. Son esprit était bien trop confus et embrumé pour lui intimer un ordre contraire qui l'aurait stoppé, Dail n'était donc pas tout à fait apte à se rendre compte de la portée de ses actes, à court ou long terme. Il n'était pas en mesure de s'arrêter. Et l'homme devant lui ne serait probablement pas non plus en mesure de l'arrêter, malheureusement.

"Distrait moi, lui murmura-t-il à l'oreille au bout d'un moment de silence, d'une voix faussement douce, si tu ne veux pas que ce soit moi qui te distraye..."

Un drôle de préssentiment. Sans raison valable, sans facteur quelconque, c'était bel et bien un étrange préssentiment qui s'était imiscé dans l'esprit du brun. Sans doute n'avait-il aucune raison de s'en faire de la sorte ; techniquement, son interlocuteur avait accépté d'aller se reposer. Techniquement. Peut-être était-ce le fait que cette phrase ne pouvait marcher sans ce fichu mot qui lui laissait un étrange goût de déjà-vu. Le jeune blond affichait un drôle d'air, et même si le jeune Noble n'était en aucun cas en mesure de mettre un mot sur ceci, il n'en restait pas moins capable de comprendre que quelque chose ne collait pas. De toute façon, depuis qu'il avait franchi la porte de la salle à manger rien ne collait réellement. Les pièces du puzzle semblaient légèrement tordues, et c'était ce légèrement qui faisait qu'elles n'arrivaient pas à s'emboiter. Et jamais Hannibal ne pourrait tenter même de s'imaginer ce que pouvait bien donner le motif final sans réussir à assembler les morceaux. Il n'y avait bien que Dail, en face de lui, qui en connaissait les motifs. Encore que, rien n'était moins sûr ; saoul, il devait plus agir par instinct et par envies passagères qu'autre chose. C'était même plus que probable. Pourtant, Hannibal aurait donné à peu près n'importe quoi pour réussir à lire dans ses pensées, et à en sortir l'essentiel de ce qu'il pouvait bien s'imaginer, penser de la situation présente.

Le brun ne fit pas un geste ou ne dit même un mot lorsqu'il sentit la main de son interlocuteur remonter le long de son bras, jusqu'à se positionner sur son visage. Il n'en dit pas plus lorsqu'il lui répondit Non, le plus simplement du monde. Evidemment, ce devait être plus compliqué que ça. Le jeune homme commençait en fait à serieusement douter de pouvoir convaincre le blond Prince d'Oria de regagner ses appartements, et donc par là même de regagner lui-même sa chambre. Si quelques minutes auparavant il avait réellement senti le poid du sommeil, il semblait pourtant s'être de nouveau volatilisé, comme lorsqu'il avait joué avec ses nerfs quand il le cherchait en vain. A dire vrai, il n'aurait su dire si l'insolitude de la situation n'y était pas pour quelque chose. Sans doute que si, après tout. Il avait beau fixer Dail, plongeant ses yeux clairs dans les siens si verts, il n'y trouvait aucune sorte de réponse. Rien qui pouvait l'aider à prévoir ses réactions ou la portée de ses paroles, en tout cas.
Lorsque le blond captura son visage entre ses doigts fins et ne laissa qu'une infime distance entre eux deux, le jeune Noble ne put retenir un léger frisson. Il ne s'était jamais imaginé un jour parler de quoi que ce soit de terriblement intéréssant avec Dail Shan'haron, ni même peut-être lui parler tout court. Après avoir parlé avec lui, il ne s'était pas plus imaginé quoi que ce soit. Ca venait clairement du fait de son rang, et sans doute du fait aussi qu'il n'avait tout simplement jamais pensé que le blond puisse de quelques manières que ce soit pouvoir être un jour attiré par lui, ne serait-ce que dans le cadre d'un échange verbal. Alors oui, il était troublé, et oui, il détéstait ce moment autant qu'il l'adorait. Être près de Dail, il n'en demandait pas plus. Alors l'embrasser, ou ne serait-ce que l'enlacer brièvement, c'était presque inimaginable. Sans doute que sobre il n'aurait jamais eu le moindre de ses gestes, mais le fait qu'il était saoul ne faisait finalement que géner un peu plus Hannibal. C'était une question d'il ne savait trop quoi, mais ça le bloquait. Si la situation n'avait pas été ce qu'elle était, sans doute qu'il aurait eu beaucoup moins de scrupules. Mais elle était telle qu'elle était.

"Pourquoi ne te laisses tu pas faire?"

Hannibal fit une petite moue, et tenta de répondre tout d'abord à lui-même à cette question. Oui, pourquoi ne se laissait-il pas faire, en fait? Le brun était pourtant attiré, de quelque manière que ce soit, par son interlocuteur ; et ça, ça ne l'aidait pas franchement. Si au moins il n'avait pas eu à réfléchir, mais il ne pouvait pas s'en empécher. Et ça commençait serieusement à l'énerver, d'ailleurs. Soit il réfléchissait complètement et le repoussait carémment, soit il arrétait de penser pendant un certain temps, auquel cas il se montrait clairement récéptif à ses marques d'afféctions. Il n'allait pas pouvoir faire dans la demi-mesure tout le temps, ça allait vite devenir compliqué...,et en même temps, faire la part des choses lui semblait profondément impossible. Ce jeune homme blond accroché à son cou avait beau être séduisant, il était aussi le Prince, le dirigeant de la contrée Orientale d'Oria. Et ce jeune homme qui l'enlaçait avait beau être le Prince d'Oria, il n'en restait pas moins quelqu'un de terriblement séduisant. Choisir l'un ou l'autre lui semblait assez compliqué, en l'état actuel des choses.

"Distrait moi, si tu ne veux pas que ce soit moi qui te distraye..."

Hannibal resta coi, se demandant pendant un petit moment ce qu'il pouvait bien entendre par là. Si on lui avait dit qu'un jour il entendrait ça de la bouche de Dail Shan'haron, sans doute serait-il parti d'un rire franc mais léger qui lui était si particulier, en faisant bien comprendre à son interlocuteur qu'à trop boire il finirait par s'y noyer. Enfin, là la phrase venait bien du blond accroché à lui, et il doutait fort que ce soit des paroles en l'air. Cette proximité avec beau lui être très agréable, il ne doutait pas un instant que la situation lui échappait totalement. Pourtant il était sobre, et même profondément sobre ; seulement le fait d'être si proche de Dail agissait-il peut-être un peu comme un anésthésiant, quelque part. Et là, il aurait préféré une bonne décharge éléctrique, histoire de le réveiller complètement et de le forcer à se détacher de lui.

Parce qu'il voulait qu'il aille se reposer, non?

"Je ne vois pas bien ce que vous entendez par là, répondit-il avant de se détacher doucement du jeune homme aux grands yeux émeraudes. Vous distraire?"

Hannibal eut un petit soupir, tentant de faire le tri dans sa tête pour parvenir à distinguer ce qu'il fallait faire de ce qu'il aurait peut-être préféré faire. S'il commençait à tout mélanger, il n'allait plus s'en sortir. Et là c'était précisément ce qu'il était en train de faire, tout mélanger : d'où le soupir. Enfin, il verrait bien de toute façon, si la situation commençait à devenir trop glissante.

Le Noble eut un petit sourire, et posa ses mains sur la table, ne tenant pas particulièrement à remettre de la distance entre eux mais ne voulant pas la laisser trop inexistante non plus. Il aimait biên être près de lui, mais détestait avoir l'impréssion de faire quelque chose de mal. Alors là, il tentait tant bien que mal de rester près de lui sans pour autant faire quoi que ce soit de répréhensible.

"Il y a plein de façon de distraire quelqu'un, dit-il doucement en passant sa main dans les cheveux de son interlocuteur."