♥♠♣♦~ouverture du bal~♦♣♠♥

On disait souvent que les yeux étaient le reflet de l'âme.

Et Megumi avait toujours trouvé cette expression juste. Dès qu'une personne mentait, cela pouvait se voir dans ses yeux. Si cette personne était gentille ou mauvaise, cela se voyait aussi. Si cette personne aimait un autre, on le voyait aisément. Mais personne ne faisait assez attention à cela. Des détails qui coûtent chers. Mais la jeune noble faisait beaucoup attention aux détails. Ils étaient très important, après tout. C'est par des détails que l'on peut différencier des jumeaux parfaits. C'est avec des détails que l'on pouvait rendre une personne innocente dans une histoire judiciaire. C'est avec des détails que l'on réussissait un examen. C'est avec des détails que l'on pouvait prétendre connaître bien une personne. En réalité, les détails, aussi petit qu'ils soient, sont des choses très importantes dans la vie de tout les jours. Megumi l'avait toujours su. Du coup, elle faisait attention à beaucoup de détails. Pas à tous, ce serait bien trop compliqué, et plutôt le travail d'un espion ou d'une personne de l'armée, mais quelques uns qui lui semblait importants. Comme les yeux. Si elle n'avait pas été aussi timide, elle passerait certainement son temps à décrypter les yeux des autres. Ce serait sans doute étrange de parler avec elle, du coup, mais elle s'en ficherait, parce qu'elle ne serait pas timide. Le regard des autres ne lui ferait plus grand chose, elle ne s'intéresserait plus réellement à ce que l'on disait derrière son dos. Ce serait fantastique, non? Et elle pourrait regarder les détails autant qu'elle le voudrait. Mais voilà, elle ne pouvait pas changer, et donc, elle ne pouvait pas regarder tout les détails avec autant d'insistance, ou elle se sentirait très mal. Et probablement que le regard des autres la rendrait folle, à force. Alors elle devait abandonner l'idée d'observer les perles des autres, à moins de vouloir devenir folle. Elle était prévenue, au moins. Et elle doutait qu'elle puisse le faire. Donc, elle se résigna. En fait, elle se résignait depuis longtemps à regarder les pieds des autres en détails, ou la poitrine, au lieu des yeux. Ou regarder ailleurs,d 'ailleurs. C'était exactement cela.
En tout cas, pour Megumi, si ses yeux étaient le reflets de son âme, n'importe qui aurait deviner qu'elle avaient au moins 2 façades entre ses yeux changeant de couleurs. Bien que, la majorité du temps, ils soient verts, ses yeux prenaient parfois une teinte bleue... Ou violette. Et encore plus rarement, gris. Mais heureusement, elle n'avait pas de multiple faculté. Juste une timidité qui, comme toutes les timidités, s'efface au fur et à mesure qu'elle connaissait mieux la personne avec qui elle parlait. C'était tout à fait normal, mais cela avait déjà surpris. Elle devait faire la transition doucement, et pas d'un seul coup...

En face d'elle se tenait Yann Van Kardell. Et elle aurait bien aimer regarder ses yeux. Pas parce qu'elle pensait qu'il était une mauvaise personne ou pour essayer de percer sa personnalité, pas vraiment. Simplement parce que, de ce qu'elle avait rapidement vu, il avait réellement de très beaux yeux. Et pourtant... Elle ne pouvait simplement pas détacher ses yeux du sol et des chaussures du jeune homme. Très étrange passe-temps, il fallait bien l'avouer. Et peut-être même qu'il en penserait de même. Ou peut-être penserait-il qu'elle s'ennuyait? Plus précisément, qu'il l'ennuyait? Elle ne voulait pas qu'il pense ainsi. Sa présence lui était très agréable et il n'était pas une personne ennuyante. Et ne plus, il était particulièrement gentil. Peut-être était-ce de la politesse ou pour s'occuper, ou par pur gentillesse, qu'il était rester avec elle, mais elle s'en fichait. Il n'avait juste pas l'air d'être une mauvaise personne et cela lui plaisait bien. En réalité, cela ne la dérangerait pas le moins du monde de passer la soirée avec lui. Parce qu'elle n'avait rien de particulier à faire de toute manière, qu'elle n'avait personne à voir et qu'elle était trop timide pour aller voir qui que ce soit. A l'origine, elle ne faisait que suivre ses parents dans ce genre d'occasion. Étrange, cette façon d'être perdue dès qu'elle était seule Et pourtant, elle était bien là, pour son plus grand malheur. Et elle ne semblait pas prête de partir.
Ah, et dernière raison pour bien vouloir passer la soirée avec lui- et pas des moindres-: sa présence lui était agréable. Et c'était très important de se sentir bien quand on discutait avec quelqu'un, normalement.

En tout cas, même si elle ne le voyait pas, elle pensait- et savait, d'une certaine manière- que le noble n'arrêtait pas de sourire. C'était soulageant, d'une certaine manière. Et encourageant. On avait, généralement, peu envie d'engager une conversation avec une personne qui fait la tête en permanence... En tout cas, Megumi n'aimait pas cela. C'était bien plus agréable de sourire que de faire la tête... Et cela ne coûtait pas grand chose, juste un petit effort. Et elle avait entendu- elle ne savait pas si c'était ou faux- qu'il fallait moins de muscle pour sourire que pour faire la tête. Alors il n'y avait aucune raison pour elle de faire la tête, après tout.

"Je vais très bien, pour ma part, je suis du même avis que vous, ce bal est magnifique, une vraie réussite. J'espère sincèrement que tout se passera pour le mieux, il serait dommage de gâcher une si belle ambiance."

Irrémédiablement, la voix du garçon apporta un sourire sur le visage de Megumi, de nouveau. En réalité, elle était un peu... Un peu déçu. Enfin, pas vraiment, mais elle se sentait étrange. Employait-il toujours le même ton poli pour parler? Elle se posait la question, après avoir entendu la même intonation dans à peut-près toutes ses phrases. Et c'était un détail qui valait un peu de réflexion. Pas que cela la gênait, mais plutôt qu'elle trouvait cela juste un peu étrange. Mais tout les nobles parlaient comme cela, alors elle ne voyait réellement la différence...

"J'espère que ma présence ne vous ennuie pas? Je ne voudrais pas vous retenir si jamais vous avez déjà des projets de prévus."

Et Megumi marqua la différence après cette phrase là. Au début, elle fut légèrement surprise par ce changement de ton qu'elle avait réussi à saisir, malgré le bruit incessant des rires et des éclats de voix. Et ensuite, elle eu un léger rire. Elle qui avait pensé à la même chose peu avant... Ils formaient décidément une paire bien surprenante! Elle ne rit pas trop longtemps, mais cela fit remonter sa tête. Et quand elle se reprit, se disant que c'était peut-être vexant, elle se trouva de nouveau en train regarder le visage du Van Kardell. Amusant. Elle détourna juste légèrement le regard et dit, d'une voix douce et légèrement embarrassée, qu'elle utilisait assez souvent:

« Excusez moi, ne le prenez pas mal, c'est juste que... Je pensais exactement le contraire il y a à peine quelques minutes... »

Elle s'éclaircit légèrement la gorge, ne pouvant décoller son sourire amusé de son visage à présent. Et elle reprit toujours aussi légèrement:

« Je pense aussi que ce serait extrêmement dommage... Mais je doute que quoi que ce soit puisse gâcher cette belle soirée! Et en ce qui concerne mes projets, elle marqua une petite pause, je n'ai absolument rien de mieux de prévu que regarder tout ce dérouler donc... Votre présence m'est plutôt bénéfique, si je puis-dire! »

Elle continuait d'afficher son sourire amuser. Elle n'arrivait pas à s'en défaire, cette situation la faisait sourire. Son regard dériva un instant du Van Kardell à la foule, avant qu'elle ne reprenne une dernière fois la parole, d'un air légèrement inquiet:

« Mais j'espère de même pour vous. Si vous avez quoi que ce soit à faire, n'hésitez pas! »

Elle mit fin à sa phrase avec un grand sourire chaleureux qui avait la faculté de cacher sa timidité. Wooh... Elle avait beaucoup parler, non?

Sarah était, malgré ce que certains pouvaient en penser pour l'avoir croisé dans ses mauvais jours, quelqu'un de très respectable et qui savait parfaitement se tenir. Quoi de plus normal pour une Noble qui avait passée son enfance à apprendre les bonnes manières et la bonne façon de se tenir à table? Les roturiers pouvaient bien en penser ce qu'ils voulaient, mais la vie des jeunes femmes nées sous le signe de la Noblesse était loin de n'être formée que d'artifices, de paillettes et de rires. L'éducation que la plupart de ces jeunes filles recevaient était dure et très stricte, plus peut-être que celle que les hommes recevaient. Il fallait souffrir pour être belle, et jamais Sarah n'avait trouvé cette expression plus appropriée que pour cette vie. En effet, ce qui faisait la fierté d'une Noble famille était l'intelligence et la force de leur fils et la beauté de leur fille. Et pour que leur fille soit belle, ils faisaient tout et n'importe quoi du moment que les méthodes faisaient leur effet. Avez vous déjà essayé un corset? Sarah en avait porté tous les jours depuis qu'elle était une petite fille, et elle ne souhaitait à personne de devoir en porter un. C'était horriblement douloureux, et l'on peinait à s'y faire. La belle métisse devait avouer que même elle avait parfois encore l'impression d'étouffer sous cet instrument de torture inventé par des mères honteuses de la taille de leur fille. Et encore, Sarah s'estimait chanceuse, elle était née avec un visage tout à fait charmant qui lui avait valu bon nombre de compliments depuis qu'elle avait été en âge d'assister à des bals. Elle n'osait même pas imaginer le traitement que recevaient ces jeunes filles venues au monde avec un visage plus ingrat que la moyenne. Cela ne devait pas être facile d'être la honte de la famille. Elle l'avait elle-même vécue dans un sens différent, et c'était très désagréable, quand vous aviez à force l'impression que toutes les personnes que vous croisiez se retournaient dans votre dos pour rire de vous.

Elle savait bien se tenir, donc. C'était tout à fait vrai, et même lorsqu'elle avait par hasard percuté le majordome vêtu de noir, on ne pouvait pas dire qu'elle s'était mal comportée ou avait fait un faux pas. Pas même lorsqu'elle lui avait demandé de s'excuser. Elle avait été polie, correcte, et n'avait rien dit de déplacé. Elle avait juste demandé des excuses, c'était loin d'être quelque chose d'atrocement malpoli. La jeune femme aux cheveux verts avait peut-être eu un ton de voix plus courroucé qu'à la normale, sa voix n'étant déjà pas très aimable naturellement, et un regard un peu plus méprisant, mais cela s'arrêtait là. Tant qu'elle ne disait ou ne faisait pas quelque chose que le protocole aurait réprimandé, elle était tout à fait correcte et personne n'avait le droit de lui dire quoi que ce soit à ce sujet. Sarah passa machinalement une main dans ses longs cheveux verts, s'assurant par la même occasion que sa coiffure était toujours en place. Elle l'était, et cela la soulagea. Elle ne voulait pas que quoi que ce soit cloche dans sa toilette, elle voulait ressembler à une poupée de porcelaine à laquelle l'on aurait donné la vie pour une soirée. Sûrement certaines jeunes femmes du bas peuple l'aurait qualifiée de superficielle, mais elle s'en moquait bien: Si ces charmantes demoiselles aux chignons trop sommaires pour être apellés de vrais chignons avaient été à sa place, elles auraient agies de la même manière qu'elle.

«Je suis vraiment désolé. Votre robe n'a rien, j'espère? Ce serait vraiment dommage qu'elle soit abimée à cause de mon..., manque d'inattention, Madame.»

Le majordome, car elle pensait que c'en était un, s'était incliné devant elle, avec les mots qu'elle avait espéré trouver dans sa bouche. La demoiselle à la belle robe étira ses fines lèvres en un petit sourire satisfait. Certes, quelqu'un d'un rang aussi inférieur que le sien n'aurait décemment pas pu lui rétorquer quoi que ce soit, cela aurait été une vraie faute de sa part, mais Sarah avait rencontré tellement de personnes originales dans sa vie qu'elle se méfiait des réactions des personnes qu'elle ne connaissait pas. Enfin, ce Démon avait réagit tout à fait comme elle l'avait espéré, il devait donc être quelqu'un de respectueux et obéissant. Cela le fit, la jeune métisse devait l'avouer, légèrement monter dans son estime, même si la race dont-il faisait parti ne parvenait pas à faire disparaître toute cette colère injustifiée qu'elle avait à son égard. En tous les cas, Sarah ne pouvait pas le réprimander plus, cela aurait clairement semblé injuste alors, et elle voulait juste faire bonne impression. Pas le contraire. Elle allait répliquer quelque chose à l'adresse du Fémon aux yeux de sang lorsqu'une voix se fit entendre non loin d'eux, une voix qu'elle aurait réussi à reconnaître entre mille malgré tous les rires qui emplissaient ses oreilles:

Allons Sarah,tu vois bien que cet homme s'excuse.Et puis,il n'as pas réussi a la froisser ta robe,je pense que tu devrais le laisser tranquille après ca.

La jeune femme aux yeux en amande tourna sa tête vers l'homme qui venait de s'approcher d'eux, et si son regard glissa rapidement sur le beau visage de son mari et ses longs cheveux, elle n'aurait pas même eu besoin de le regarder pour le reconnaître. Au ton de voix qu'il avait employé, il lui paraissait évidement à la demi-Elfe qu'il pensait qu'elle allait avoir quelques cinglantes répliques à l'adresse du majordome qui venait de s'excuser. Elle poussa un petit soupir discret, désireuse de ne pas se faire entendre des deux autres à ses côtés. Avait-elle l'air si enervée pour qu'il lui dise ceci? Il semblerait que même avec un sourire, elle ne parvenait pas à avoir l'air aimable. Tant pis, elle allait devoir faire avec, elle n'avait pas vraiment d'autres choix.

"Ah, Luis, fit Sarah en se tournant vers son mari, toujours souriante, je suis désolée, je m'étais perdue. M'as-tu cherchée longtemps? Je m'en voudrais de t'avoir fait te déplacer autant. J'allais pour ma part remercier ce majordome et le laisser reprendre son travail."

Elle se tourna ensuite vers le démon aux yeux rouges, tentant tant bien que mal de supporter ce regard rouge. Comme elle détestait cette couleur d'yeux! Elle lui rapellait la sienne, cette couleur qu'elle avait apprit à détester au fil des années. Les Démons étaient des créatures si...Hum, elle ne devait pas penser à cela maintenant, elle n'en aurait parue que plus irritée.

"Ma robe n'a rien, heureusement, je vous remercie de votre sollicitude."

Elle continuait de sourire, ne voulant plus maintenant paraître impolie. Le son de l'orchestre parvenait jusqu'à ses oreilles, et elle pu voir du coin de l'oeil que plusieurs couples s'étaient réunis afin de pouvoir danser. Enfin, le bal commenceait vraiment.

Subitement, Hannibal aurait voulu s'en aller. Sortir de la salle de Bal et ne pas y revenir avant un très, très long moment. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas les lumières, l'animation, les décorations tout-à-fait splendides, la musique qui commençait à jouer, les convives qui discutaient et riaient de ci de là, les personnes avec qui il parlait présentement..., non, il convenait avec sincérité que ce Bal était réussi. Pour autant, en cet instant précis, il aurait réellement voulu partir. Qu'il pense cela sur un coup de tête, il n'en doutait pas une seconde ; pourtant s'il lui avait été possible de s'éclipser sans que cela n'ai l'air suspect, grossier ou quoi que ce fut d'autre de ce genre là, il l'aurait fait et le savait pertinemment. Maintenant, le jeune homme aux cheveux ondulés ne pouvait que constater dans un soupir que c'était impossible : il était condamné à rester ici, et à y rester jusqu'à la fin. Il allait devoir endurer les danses, les rires, les discussions..., toutes ces choses qui ne le dérangeaient pas d'ordinaire mais qui maintenant et depuis quelques secondes lui semblaient tout bonnement insupportable. C'était tout lui, ça : dès que quelque chose n'allait pas, qu'un minuscule doute non fondé venait s'immiscer dans son esprit, il avait tendance à tour exagérer de manière franchement disproportionnée. Exactement comme un enfant en bas-âge. Ils avaient beau hurler à leurs parents que c'était gravissime, que c'était horrible, que leur vie était finie, personne ne les prenait au sérieux. La perte d'un jouet, d'une poupée ou une dispute avec un ami n'avait rien de si grave, non? Et pourtant ils trouvaient ça pire que grave, à l'époque et sur le moment. Après bien sûr on en riait, on se regardait avec le poids des années qu'on avait pris entre-temps et on trouvait ça adorable et ridicule. Et bien Hannibal, c'était exactement la même chose : comme un enfant crierait qu'une-telle lui a emprunté son jouet et que c'est un crime atroce, qu'elle ne le lui rendra plus jamais, jamais, il avait envie de s'insurger qu'on était en train de lui voler son Dail et qu'on ne le lui rendrait plus jamais, jamais. C'était ridicule bien sûr, et le Noble aux yeux dorés s'en rendait parfaitement compte : elle risquait autant de lui 'voler' Dail que le marchand de melon de la troisième rue. Sans doute qu'ensuite, dans quelques minutes, il trouverait cette idée stupide et infantile. Fausse, bien sûr. Ça ne l'empêchait pas de vouloir s'en aller pour pouvoir se changer les idées tranquillement, mais il essayait de se rassurer comme il le pouvait. Oui, dans quelques minutes il se remettrait à sourire sereinement et ne penserait même plus aux deux dirigeants, perdu dans sa discussion avec les deux personnes à côté de lui. Ça ne devait pas être trop difficile de ne prêter attention qu'à eux, il le faisait bien tout à l'heure. Et pourtant maintenant, plus il y pensait, plus il était persuadé qu'il n'y arriverait jamais. Il n'allait pas arrêter d'enchaîner les quiproquos, de dire des choses qui ne veulent rien dire, de ne pas suivre..., et plus le jeune homme aux cheveux noirs se disait qu'il n'allait pas arriver à suivre cette conversation, plus ça l'agaçait. Et plus il était agacé, moins il arrivait à suivre.

Moralité, il fallait qu'il arrête de penser, et voilà. Problème réglé.

Hannibal se tourna vers la jeune fille aux yeux verts, lui souriant en croyant l'entendre rire. Croyant, parce qu'il n'était même pas sûr que ç'avait été le cas ; mais dans le doute, un sourire n'était jamais désagréable de toute façon. Ou en tout cas il ne voyait pas exactement pourquoi elle aurait détesté le voir sourire, à moins de n'avoir quelque chose de personnel contre lui ; chose qui lui semblait difficile étant donné qu'il venait tout juste de se rencontrer. Et puis elle n'avait pas l'air d'être quelqu'un de méchante et de mesquine, plutôt d'une jeune fille gentille et de naturelle.

« Je dois vous avouer que moi-même, j’ai un léger penchant pour voir de la neige. Il est dommage que l’on ne puisse pas voir les deux. Ce serait trop beau pour être vrai, je suppose… »

Hannibal fit mine de réfléchir un instant, puis acquiesça. Certes, les deux..., mais d'un autre côté, lui-même espérait qu'il n'y aurait que de la neige. La neige était censé éviter le feu d'artifice, alors avoir les deux ne l'aurait en aucun cas arrangé. Elle était censé forcer tout le monde, qui que ce fut, à rester à l'intérieur de la salle de Bal. Dans son champ de vision, plus ou moins. Entouré de la sorte, personne ne pouvait faire quoi que ce soit sortant de l'ordinaire. Et rien qu'à cette idée, il ne put s'empêcher de prier un peu plus fort qu'il se mette à neiger incessamment sous peu.

« Mais…, Je ne pense pas qu’il neigera. J’imagine aussi que c’est cela qu’il faut espérer. »

Hannibal ne put retenir une légère moue déçue, acquiesçant tristement. Oui, il y avait peu de risques pour qu'il neige, il le savait bien. Mais il voulait en voir, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Ce devait sans doute être beau, après tout, de voir des flocons blancs et froids tomber du ciel à la place de cette pluie désagréable et démoralisante. Il ne pensait pas revenir à Moria avant un certain moment, et pas en Hiver, qui plus est ; alors c'était un peu 'le moment ou jamais'. C'était aussi une manière de se donner bonne conscience, quelque part. Il voulait qu'il neige parce que c'était joli et que chez lui, à Oria, il ne neigeait jamais. Il voulait qu'il neige parce qu'il n'en avait jamais vu et qu'ici il pouvait en voir. Il voulait qu'il neige parce qu'ils étaient juste dans la période requise et qu'il ne venait que peu à Moria.

Voilà tout.

Et bien,nous sommes donc trois,je suppose. J'ai également une préférence pour de la neige, mais j'imagine que tout ceux qui n'en ont pas vu ici doivent également le souhaiter. Enfin,comme vous l'avez dit,Yuuki,il faut plutôt espérer qu'il ne neigera pas.

Le Noble aux yeux dorés soupira cette fois-ci, l'air plus résigné bien que toujours aussi déçu. Oui, oui, il savait..., il fallait espérer qu'il ne neige pas. Mais il voulait toujours la voir cette neige. Et il l'aurait, avec ou sans leur aide. A cette pensée il secoua légèrement la tête de gauche à droite, comme tentant par là de remettre ses idées en place. Hannibal détacha un court instant son regard des deux dirigeants, constatant dans le même temps que ses deux 'amis' avaient fait de même. Le Prince de la contrée du soleil venait visiblement d'inviter la Princesse du pays des vents à danser, rien d'étonnant à ce que les regards se tournent vers eux. Hannibal le détourna pour sa part brutalement, comme pour se forcer à penser à autre chose. Ça n'allait pas aider, c'était certain que ça n'allait pas aider s'il n'arrêtait pas de les regarder. Mais qu'y pouvait-il? Il avait l'habitude, même durant ces événements, de pouvoir aller voir 'l'élu de son cœur' comme bon lui semblait, passant aux yeux de tous pour un de ses amis. Il avait toujours été habitué à pouvoir entraîner l'autre plus loin pour discuter, quand il faisait quelque chose qui ne lui plaisait pas ou quand il avait simplement besoin de lui parler ou d'être rassuré. Que là, être à côté de lui, le voir sans pouvoir lui parler, sans pouvoir même l'approcher, c'était agaçant. Il avait l'impression qu'une vitre de glace les séparait, et que quoi qu'il fasse il resterait toujours de l'autre côté. C'était sans doute le prix à payer pour être avec le Prince, et pour aimer les personnes du même sexe que lui plutôt que les femmes ; mais ça ne l'aidait pas à mieux le supporter, c'était clair. Il fallait simplement se concentrer sur autre chose, penser à n'importe quoi d'autre qui n'ait absolument aucun rapport avec eux, et le travail serait joué. Qu'il s'engage dans une conversation jusqu'à en oublier ses problèmes actuels, ne serait-ce que pour quelque minutes. Il se savait jaloux et possessif, mais à son grand damne en être conscient ne l'avait jamais aidé à l'être moins ou à trouver une parade. Il avait l'impression constante que l'autre allait le tromper, allait se moquer de lui, allait faire quoi que ce soit de désagréable..., et pourtant il savait que Dail en était incapable, il voulait le croire. Cette partie de son caractère l'handicapait véritablement, que ce soit pour lui-même ou envers les autres. Le jeune homme aurait aimé ne pas douter de lui, mais c'était plus fort que lui. Même plus une question de confiance, il faisait totalement confiance au jeune homme aux yeux émeraudes. C'était comme ça, avait-il envie de dire ; ça ne changerait jamais, il continuerait à voir le mal partout dès qu'il s'agissait de son couple.

Hannibal se mordit la lèvre inférieur en se rendant compte qu'une fois de plus il n'écoutait pas ce qui se passait autour de lui, et s'apprêtait à répondre quelque chose à Lloyd tandis qu'il se retournait vers eux. S'apprêtait, parce que le seul son qui faillit sortir de sa bouche fut un cri. Depuis quand cet homme aux cheveux clairs et aux yeux rouges pouvait-il bien être là? Il ne savait pas, d'ailleurs il s'était retourné il y avait quelque secondes à peine, et il n'était pas là..., le Noble aux yeux dorés resta un instant de la sorte, coi, à le regarder avec de grands yeux, avant de ne se rendre compte que c'était loin d'être poli. Il tenta donc de retrouver un air à peu près serein, et tenta de calmer les battements de son cœur. C'était incroyable, il fallait vraiment qu'il atterrisse. Il n'était pourtant pas toujours dans la lune..., et là, en quelques minutes, il avait eu l'impression d'assister à une scène hachée, dont on ne lui aurait présenté que certains morceaux. Il écouta l'homme-habillé de façon très spéciale d'ailleurs, maintenant qu'il le regardait de plus près-s'excuser auprès de Yuuki, et jugea qu'il avait du la bousculer. Il avait du la bousculer, et avait jugé bon de s'excuser pour cela. Voilà, donc il ne devait pas être là depuis plus de quelques secondes..., pas de quoi faire une crise cardiaque, il n'était pas apparu en plein milieu de la conversation comme ça, par magie.

«Mlle Kowasma, j'espère sincèrement pour vous que le vieil adage 'jamais deux sans trois' ne s'appliquera pas à vous ce soir..., ajouta Hannibal avec un sourire désolé mais sincère, faisant référence au nombre de fois qu'elle avait bien pu se faire bousculer ce soir. Je vais finir par avoir peur pour vous, si vous vous faites encore heurter.»

L'inconnu-puisqu'il ne le connaissait décidément pas, rien à faire-tendit sa main dans leur direction, et Hannibal la serra sans vraiment se poser de question, ne tenant pas à laisser planer un instant d'indécision, comme il y avait quelques instants. Inconnu..., qui devait venir de Moria, cette fois? Il ne savait pas exactement, il pouvait tout aussi bien venir d'Oria mais cette fois il en doutait. Cet homme avait l'air de ne pas être le genre de personnes qu'on peut oublier, même avec beaucoup de volonté.

"Mon Dieu, il semblerait que ma politesse ai également subit des dégâts. Vous n'êtes pas du beau pays qu'est le Royaume de Moria, n'est-ce pas? En ce cas, je pense que me présenter est la moindre des choses à faire. Je suis Willow Xuan. Je serais ravi de connaître vos noms, si toutefois vous daignez me les donner."

Hannibal eut un léger sourire, toujours quelque peu crispé. Il lui faudrait encore un moment avant de ne réussir à être totalement détendu de nouveau, il le savait. Seulement ça, il ne pouvait pas l'expliquer à qui que ce soit.

«Hannibal Winter, répondit-il sobrement et avec un léger sourire, se focalisant sur ses interlocuteurs. Non, nous ne venons effectivement pas de Moria, mais Oria est aussi un très beau pays, de mon avis. Votre pays est un peu froid, je me verrais mal y vivre plus d'une soirée...»

Le jeune homme aux cheveux ondulés se tourna de nouveau vers Lloyd, tenant tout de même à lui répondre. Il n'avait pas envie qu'il croit qu'il ne veuille pas lui parler, surtout que c'était loin d'être le cas ; il avait l'impression de lui avoir déjà manqué de respect il y avait quelques minutes en ne l'écoutant pas, il ne tenait pas à refaire la même idiotie.

"Eh bien, pour ma part je vais continuer à éspérer que de la neige va tomber, ajouta Hannibal en souriant au jeune homme aux cheveux bruns. Même s'il y a peu de chances pour que cela arrive, j'en conviens..."

Peu de Nobles savaient ce que l'expression 'vivre comme bon nous semble' signifiait. Vivre la vie comme on l'entendait, faire ce qui nous plaisait, sans aucune vraie contrainte, c'était le rêve de bien des Nobles, Yann le savait. Qui n'aurait pas rêvé de cela? Lorsque l'on avait été élevé dans un milieu plutôt stricte dans lequel l'on vous avait habitué à suivre un chemin tout tracé, un programme bien précis pour chaque journée qui passait, il était tout à fait normal de rêver d'évasion et de liberté, d'un monde où les obligations et les responsabilités ne voulaient plus rien dire. Un monde dans lequel vous pourriez dormir toute la journée et regarder le ciel sans que l'on vous reproche votre manque d'activité et de sérieux. Yann n'avait jamais levé la tête vers le ciel qui jetait son bleu voile sur le pays de Lysandre en songeant à ce qu'il pourrait faire à l'extérieur par ce temps superbe. Un livre dans les mains ou une feuille d'équations devant lui, et il avait déjà son emploi du temps de la journée, qui se passait de toute excursion à l'extérieur, que ce soit dans les colorés sentiers qui entouraient la capitale d'Oria où dans les enneigés chemins d'hiver de la ville principale de son pays natal. Le cadet Van Kardell ne voyait guère l'intérêt de s'amuser quand il avait du travail, du travail bien plus important que n'importe quelle broutille qu'il pourrait aller faire au dehors. Il était loin d'être une personne drôle et nonchalante, qui reportait sans cesse ce qu'elle pouvait faire aujourd'hui au lendemain. Être efficace, méthodique et rapide, voilà les mots d'ordre qui ne cessaient de secouer son esprit quand par mégarde celui-ci venait à s'éloigner de ses obligations et rêvasser un peu trop. Quelqu'un comme lui, docile, soumis, travailleur, un parfait fils de Noble en somme, était quelqu'un d'ennuyeux aux yeux du peuple en général, et même aux yeux d'autres Nobles. Quelqu'un qui faisait passer le travail avant la distraction et avec lequel l'on peinait à devenir ami n'était pas quelqu'un d'intéressant, juste ennuyeux. Yann se demandait parfois comment il avait pu en arriver là, à être quelqu'un d'aussi axé sur son devoir et non sur toutes les choses qu'il jugeait futiles et qui composaient la vie en général. Il se souvenait de son père, quand il était petit, étonnamment grand pour ses yeux d'enfants, et de sa mère, petite femme au doux visage et que la vie de Noble semblait ennuyer. Il l'avait souvent trouvé assise près de la fenêtre, ses yeux bleus, pareils aux siens, qui fixaient les arbres s'agitant sous le vent comme si elle avait voulu devenir ce vent et s'éloigner loin de cet endroit. Une prison dorée, qui avaient contenue ses souffrances des années durant, avant de ne tout laisser s'échapper et laisser ce vase se briser à terre en plusieurs morceaux. Sa sœur également, était quelqu'un qui avait été dès toute petite accablée par tous les espoirs que l'on fondait en elle. Espoirs certes moins importants que ceux que l'on avait fondé en lui, mais néanmoins très étouffants. Elle avait l'habitude de descendre l'immense escalier de leur demeure en glissant sur la rampe, des servantes à ses trousses, servantes qu'elle arrivait toujours à semer avec une facilité déconcertante. Parfois, elle l'avait emmené avec elle dans le jardin pour une partie surprise de cache-cache avec le personnel entier de la maison. Il entendait encore son rire éclater dans sa mémoire, et avec du recul, il s'était rendu compte qu'il n'y avait que lors de ces petits moments qu'elle avait eu l'air heureuse et avait rit comme cela. Quand elle s'était enfuie de chez eux à quinze ans pour éviter un mariage forcé avec un homme qu'elle détestait, Yann s'était dit que la vie avait vraiment du être horrible pour elle. Et lui, durant toutes ces années, il ne l'avait pas compris. Sa mère et sa sœur avait détesté cette vie qu'il vivait en ce moment-même, et lui ne trouvait rien à y redire. Était-ce normal? Comment cela se faisait-il qu'il trouve tout cela normal et qu'il ne veuille que rien ne change? Sa famille avait été détruite à cause de cela. N'aurait-il pas du penser le contraire? Il ne savait pas pourquoi il pensait comme cela, mais il réalisait que c'était finalement mieux pour lui. Même s'il avait haït la vie qu'il menait présentement, il n'aurait décemment pas pu en changer. Alors autant qu'il l'apprécie, de cette manière, il n'aurait pas à souffrir le restant de son existence.

Cependant, il ne voulait pas faire les mêmes erreurs que sa famille. Il était de son devoir d'en construire une dans quelques années, et de la faire prospérer du mieux qu'il le pourrait. Il voulait rendre sa femme et ses enfants heureux, quand il en aurait. Il ne supporterait pas qu'ils soient tristes ou se sentent enfermés dans un cocon étroit mais fait d'or qui habriterait pour toujours leurs souffrances et leurs désillusions. Il ne voulait pas de ça, il le refusait, il ne voulait pas que qui que ce soit ai à souffrir, et dans la mesure du possible, il ferait tout pour les rendre heureux. Tout ce qui serait en son pouvoir, il le ferait, et serait prêt à réaliser de grandes choses pour que tout se passe bien. Que ses fils ne viennent jamais le voir pour lui faire part de leur tristesse et que ses filles jamais ne quittent la maison pour échapper à un mariage qui les horrifiaient. Yann formulait uniquement des promesses quand il les jugeait réalisables, et il jugeait tout à fait possible de rendre sa future famille heureuse, il ne voyait pas les choses autrement, de toute façon. Un sourire se fanait trop vite quand le malheur prenait le dessus sur le bonheur, et quelqu'un dont le sourire ne possédait plus d'éclat n'était plus qu'une moitié de personne. En regardant la jeune Megumi sourire, la tête baissée et les joues rouges, mais malgré tout souriante, il ne pu empêcher son propre sourire de s'agrandir. Il avait vraiment eu de la chance, non? Il avait malencontreusement percuté une jeune fille charmante et qui ne semblait pas être faite du même bois que la plupart des ces moqueuses et vaniteuses femmes qui n'attendaient qu'un faux pas de la part de leurs congénères pour ouvrir leur bouche et critiquer, critiquer, encore et encore. Il ne disait pas d'elles qu'elles étaient entièrement mauvaises et pourries de l'intérieur, bien évidemment, leur éducation avait joué en très grande partie dans ce qu'elles étaient aujourd'hui. Mais rencontrer quelqu'un qui semblait sensiblement différent et comme elle l'avait elle-même dit 'étranger à son éducation' était toujours agréable. Il avait cette impression d'avoir rencontré dans un troupeau de canards sauvages un magnifique cygne qui, bien que pouvant paraître horrible pour ceux qui l'entouraient, était en réalité superbe et bien plus intéressant que tous les autres.

« Je vous remercie et vous retourne également votre compliment. J’ai rarement eu l’occasion de parler avec une personne aussi gentille et agréable que vous, et j’en suis bien évidement ravie. Ces bals me sembleraient encore plus amusants et fascinants si il y avait plus de personnes comme vous… »

Megumi avait tourné son regard changeant vers l'orchestre en prononçant ces paroles, et Yann se félicita qu'elle ne le regarde plus, car ses joues avait prises quelques couleurs sous le compliment de la demoiselle. Avait-elle vraiment pensé ce qu'elle avait dit? Si c'était le cas, alors Yann en était réellement touché, peut-être plus qu'il n'aurait du, mais il ne chercha pas vraiment à savoir ce qui avait exacerbé sa joie. C'était peut-être la première fois qu'on le complimentait sur sa gentillesse, et il était ravi que la jeune Megumi le trouve si sympathique, il aurait été assez déçu qu'elle le considère comme quelqu'un d'inintéressant ou ennuyeux. Rectification, plus que déçu, il en aurait été attristé. Il s'appliqua à chasser ce rouge importun de ses joues, ne désirant pas que Megumi le voit ainsi, et ne pu s'empêcher de légèrement sursauter lorsque cette dernière se retourna vers lui, toujours aussi souriante et visiblement satisfaite de la tournure qu'avaient prit les évènements:

« En réalité, je devrais vous remercier de m’avoir bousculé. Si cela n’était pas arrivé, nous ne nous saurions probablement pas adresser la parole, et peut-être même, même pas vu. De ce fait, je n’aurais pas pu passer un aussi agréable moment, et je serais probablement en train de me ressasser quelques pensés en regardant les autres passé un bon moment… Alors, très sincèrement et solennellement, je vous remercie Mr. Van Kardell ! »

Il délogea de son visage cette petite mimique surprise pour la remplacer par un nouveau sourire qui se voulait le plus chaleureux possible. Un mal pour un bien, cette bousculade ne semblait avoir entraînée que de positives conséquences, et il ne pouvait que s'en réjouir. Si jamais Megumi s'était montrée désagréable à cause de sa maladresse, c'est un moment atroce qu'il aurait passé en sa compagnie, un moment durant lequel il se serait très probablement fait enterrer sous des tonnes et des tonnes de réprimandes. Fort heureusement, en guise de réprimandes, c'était de jolis sourires qu'elle lui adressait. Elle avait raison de sourire, elle était très belle quand elle souriait, même si ça, il n'aurait jamais eu le courage de le formuler à haute voix. Du moins, pas pour l'instant. Cela aurait été malheureux qu'elle passe la soirée seule à regarder les autres s'amuser sans pouvoir elle-même profiter de ce bal. Elle méritait, selon le garçon aux yeux bleus, de profiter au maximum de cette fête, comme tous les autres. Il continuait de sourire lorsqu'il lui répondit, laissant son ton formel de côté pour adopter une intonation plus amicale et affectueuse, sans pour autant entrer dans la familiarité:

« Vous n'avez pas à me remercier, je suis moi-même très heureux d'avoir pu vous parler . Et en effet, il aurait été malheureux que vous passiez la soirée à regarder les autres s'amuser sans pouvoir vous-même le faire. Dit-il, faisant écho à ses précédentes pensées, Une jeune fille mérite toujours de rire et sourire lors de ce genre d'évènement. Je pense que vous le méritez particulièrement. »

Il ne voulait pas avoir l'air de la 'différencier des autres' et lui faire comprendre qu'elle était en quelque sorte 'spéciale' à ses yeux, mais il avait tout raté sur ce point, il le pensait. La discrétion ne lui venait jamais quand il en avait besoin, et s'il avait été seul, il se serait cogné la tête contre le mur. Il espéra que Megumi ne trouverait pas ce qu'il avait dit déplacé, et continua, pensant que maintenant qu'il avait commencé, cela ne servait à rien de s'arrêter:

« Mlle. Voluison, je me demandais, avez vous un cavalier? Il fit un petit geste de la main après avoir dit cela, comme pour lui faire comprendre de ne pas prêter trop d'intention à ce qu'il venait de dire, C'est juste une simple curiosité de ma part. Car si vous n'en avez pas, et si bien évidemment vous le voulez bien et le pouvez, j'aurais beaucoup aimé danser avec vous. »

Oui, il aurait bien aimé danser avec la jeune fille au son de la magnifique et fluide musique de l'orchestre, mais si elle avait déjà un cavalier attitré, il était évident que cela ne serait pas possible, tout comme si sa jambe lui faisait trop mal pour qu'elle puisse se prêter aux danses. Cela ne le dérangeait pas non plus de rester discuter ici avec elle, quelle que soit la situation à laquelle aboutirait sa demande, elle lui serait toujours aussi séduisante.